"Il s'est passé un événement exceptionnel dans la semaine: le front républicain": Bernard Sananès (Elabe) évoque les écarts entre les prévisions des instituts de sondage et le résultat des élections législatives
De grands écarts ont été constatés entre les dernières prévisions des instituts de sondage et les résultats du second tour des élections législatives. Dans leurs ultimes enquêtes, Elabe, Ipsos, Ifop, Harris Interractive donnaient tous le Rassemblement national en tête du scrutin sans majorité absolue. Pourtant, le Nouveau Front populaire et le camp présidentiel ont terminé devant le RN ce dimanche.
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00:00Je suis désolé Bernard, mais vous allez nous dire pourquoi vous et vos amis sondeurs, vous vous êtes trompés en fait.
00:07Même si vous avez vu, je vais être honnête, vous avez vu tout au long de la semaine dernière, le potentiel de victoire du rationnement national baisser.
00:16D'abord, rappelons deux choses. Les sondages, vous l'avez dit vous-même, ne se sont pas trompés, ni aux européennes, ni au premier tour des législatives.
00:21Vous avez même été le plus précis, vous, pour le premier tour.
00:23Les estimations d'hier soir 20h étaient très fiables, puisque dès 20h, nous avons annoncé cette surprise totale.
00:29Mais effectivement, vous avez raison, moi je ne vais pas faire comme parfois le font les responsables politiques, pas tous, pas ceux qui sont là,
00:34de dire mais ce n'est pas vrai, on n'a pas gagné, on n'a pas perdu, etc.
00:37Hier, les sondeurs n'ont pas super performé, mais seulement il y a une explication.
00:41C'est qu'il s'est passé un événement exceptionnel dans la semaine, exceptionnel par sa portée, par son ampleur, qui c'est vrai a dépassé les prévisions, c'est le front républicain.
00:49D'ailleurs, je précise pour être tout à fait honnête qu'en 2022, nous avions connu à l'envers quasiment le même problème.
00:56Puisqu'en 2022, nous ne voyons que 30 à 40 députés RN jusqu'à 50 pour Elabe dans le dernier sondage de vendredi,
01:03et le RN avait fait 89 élus, parce que cette fois-ci, c'était l'inverse, le front républicain avait moins fonctionné que d'habitude.
01:10Et bien hier, ce qui s'est passé, c'est l'inverse.
01:12Alors vous avez raison, on avait capté l'évolution, puisque si on regarde la soirée législative du premier tour,
01:19nous avons terminé avec une projection en siège qui donnait 260 à 290 sièges pour le RN.
01:24Cette estimation, cette projection a baissé entre 200 et 230 sièges, vous l'avez rappelé Olivier, vendredi.
01:30Et effectivement, le mouvement a été plus fort que ce que nous avions mesuré.
01:35– Le front républicain, d'autant plus qu'on connaissait le front républicain lorsqu'on demande à des électeurs de gauche
01:41de voter à droite, notamment en 2002, c'est le cas le plus typique pour faire barrage au RN ou au FN à l'époque,
01:49c'était une grande inconnue, est-ce que l'électorat de droite et du centre allaient se mobiliser, se déplacer,
01:55aller voter pour faire barrage au RN et donc voter à gauche ?
01:58– Oui, ce qui a surpris hier, c'est qu'il est fonctionné, je ne vais pas dire au même niveau,
02:02parce que ce n'est pas tout à fait exact, il a mieux fonctionné de la gauche vers le centre que du centre vers la gauche,
02:07mais il a fonctionné très largement avec des électeurs qui, petit à petit, dans la semaine,
02:11sont rentrés dans l'attitude, dans le choix du front républicain.
02:14Et c'est vrai que ça a considérablement affaibli le RN, d'ailleurs si on est très précis,
02:20quand on regarde ce qui s'est passé par rapport à notre dernier sondage,
02:22ce n'est pas sur le niveau de la gauche qu'il y a l'erreur, le niveau de la gauche est à peu près mesuré,
02:27c'est sur le niveau du RN, et cette baisse du RN profite à Ensemble et à la droite,
02:32c'est donc dans ces duels Ensemble et droite face au RN, où la gauche a massivement joué le front républicain,
02:38que cette inversion tendance s'est accélérée, alors pourquoi elle s'est accélérée ?
02:42Parce qu'il s'est passé depuis dix jours quasiment un blocage de la dynamique qu'a connu le RN depuis les européennes,
02:49il s'est passé des incidents de campagne, il s'est passé des polémiques,
02:52il s'est passé peut-être une mauvaise campagne, ça ce n'est pas à moi d'en juger,
02:57mais c'est vrai qu'on a bien senti depuis dix jours que cette dynamique du RN était stoppée,
03:01et que, j'allais dire, pire pour le RN, la stratégie de dédiabolisation finalement avait connu un terme,
03:08et que la dernière semaine de campagne allait faire revivre au RN cette stratégie et cette conviction
03:14qu'ont visiblement eu beaucoup d'électeurs hier,
03:16que le RN n'était définitivement pas, ou en tout cas pas aujourd'hui, un parti comme un autre.