Daniel Riolo trouve une raison au jeu très défensif prôné par le sélectionneur de l'équipe de France Didier Deschamps, qui défie l'Espagne mardi (21h sur RMC) en demi-finale de l'Euro 2024.
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00:00Sur le tchat de la chaîne YouTube de Lafter, on a un gachi qui nous dit
00:02« Si l'Angleterre ou la France gagnent l'Euro, c'est la mort du football. »
00:04C'est vrai que c'est un peu les... C'est peut-être la finale qu'on va avoir, mais...
00:07Mais je mets l'Angleterre et Southgate aussi dedans, je ne parle pas que d'Idie et Deschamps,
00:09parce que Southgate, si on regarde bien sur les dernières compétitions...
00:12En termes de perfs objectifs, oui, mais...
00:14C'est quelqu'un qui va souvent dans le dernier carré.
00:17Et juste pour terminer, pour l'honnêteté, parce que moi j'ai une subjectivité foot,
00:22j'aime les entraîneurs qui produisent du beau jeu,
00:24mais je pourrais dire la même chose de Guardiola,
00:26où il a aussi beaucoup d'enfants légitimes ou illégitimes,
00:30et la dérive des entraîneurs qui se prennent pour Guardiola alors qu'ils ne sont pas Guardiola,
00:35ça peut aussi devenir un problème dans le football de club.
00:39Mais je préfère des Guardiola de Wisch,
00:42beaucoup de Guardiola de Wisch, plutôt que des Deschamps de Wisch,
00:46parce que je pense quand même qu'on pourrait avoir un football un peu plus réjouissant.
00:52C'est un peu Hasbin-Wisch maintenant, non ?
00:53On est plutôt sur du DHgate, du Temu, non ?
00:55Je n'ai pas ces références-là en tout cas.
00:57Du pauvre alors, pour ceux qui ne comprennent pas.
00:59Moi je pense que les cas sont assez différents,
01:01sur le fond, tu sais que j'ai le même avis que toi sur le jeu.
01:06Je pense que Southgate, ce n'est pas un choix, c'est juste qu'il est mauvais.
01:09Je ne sais pas quoi faire, il empile les mecs,
01:11je ne sais pas trop comment choisir qui doit jouer avec qui,
01:13parce qu'il a beaucoup d'individualité donc il ne sait pas faire.
01:16Tedesco, ce n'est pas réellement une référence, il a un CV quasi vierge.
01:21Je ne suis pas sûr que son ambition se soit de bétonner, il a voulu faire le malin.
01:24Oui, mais Southgate lui a donné cet exemple en se disant
01:26« c'est comme ça que je vais passer ».
01:27D'accord, il a voulu faire le malin, il s'est planté.
01:30Deschamps, c'est totalement différent,
01:31parce que Deschamps, il l'assume, c'est son jeu,
01:34c'est sa pensée depuis toujours.
01:36Et en fait, je vais faire le petit, non pas de comptoir,
01:41parce que je suis convaincu de ce que je vais dire.
01:44En fait, moi je crois beaucoup aux cicatrices originelles.
01:47Deschamps, c'est Platini qui l'a lancé,
01:49en équipe de France, quand il était tout gamin,
01:52je crois, de mémoire, ça doit être un France-Écosse si je me souviens bien.
01:56Et Platini était assez cassant derrière des chambrages et tout ça.
02:01Et quand il a dit, quelques années plus tard, avant l'Euro 92,
02:06« vous vous rendez compte que dans cette équipe-là,
02:09Louis, c'est notre meneur de jeu »,
02:11alors qu'à notre époque à nous, c'était le 6 qui ramassait les ballons,
02:14c'est dire le niveau de mon équipe.
02:16Tous ne l'ont pas bien pris, et notamment Deschamps,
02:18il y avait également Sosé dans l'équipe, il y avait pas mal de...
02:21Et Deschamps, il n'a jamais supporté cette histoire du porteur d'eau.
02:25Platini le disait, il avait cette expression,
02:27parce qu'à l'époque, ça se disait, dans les années 80,
02:29tu avais le 10 et le porteur d'eau,
02:30le gars qui, à côté, lui ramassait les ballons.
02:32Le besogneux, quoi.
02:33Au contraire d'un Louis, qui a toujours non seulement assumé ça,
02:35mais qui s'est émancipé de ça même,
02:37en devenant un 8, où il a beaucoup progressé.
02:40Et lui, il n'avait pas honte de ce truc-là,
02:43de dire « bah oui, moi, à l'époque de Michel, je bossais pour lui, pour lui ».
02:46Deschamps, il ne supportait pas ça.
02:47Non seulement il l'a vécu avec l'entraîneur qui l'a lancé,
02:50mais il a dû le vivre ensuite toute sa vie avec Zidane.
02:53Où, celui qui a le plus gros palmarès, c'est Deschamps,
02:56mais celui qu'on aime, qui n'a quand même pas un palmarès vierge,
02:59mais celui qu'on aime, c'est Zidane.
03:02Tout le temps, il a vécu avec cette histoire-là.
03:03En gros, le beau, le moche.
03:06Ça, moi, je suis...
03:08Moi, on ne me fera pas croire qu'ils sont fous des critiques.
03:12Que cette histoire de le beau jeu,
03:14si vous n'êtes pas content, au fond de lui, ça le meurtrit.
03:17Parce qu'il pense même que ça peut atténuer son palmarès.
03:21Mais évidemment, il le vit comme une injustice,
03:24il le vit comme une cicatrice.
03:25Moi, j'ai beaucoup d'exemples de défenseurs, de militaires...
03:28Il est sans arrière en train de répondre à ça, Walid, c'est une souffrance.
03:31Sur l'exemple de l'entraîneur, il y a beaucoup de défenseurs besogneux,
03:35des militaires besogneux qui sont passés de joueurs à entraîneurs
03:38et qui, moi, souvent, me disent « moi, je ne veux pas être le joueur que j'étais.
03:42Je veux bien jouer au football. »
03:43Il ne veut pas être entraîneur et il ne veut pas...
03:44Oui, bien sûr.
03:45Et donc, il l'assume totalement ce qu'on dit moche et il le développe même.
03:50Absolument.
03:51Normalement, avec ce raisonnement-là...
03:53Lui, il veut te prouver que c'est comme ça qu'on gage.
03:56Et que les beaux, lui, en fait, c'est la revanche du moche.
03:59Oui, c'est ça.
04:00C'est la revanche du moche.
04:01Il a été lancé par...
04:03Il a eu dans sa vie, à des moments importants,
04:06les deux joueurs que les Français aiment le plus dans l'histoire.
04:08Ma génération platini, la tienne Zidane.
04:11Et lui, il est là, au milieu, c'est le mec qui a le plus gros des palmarès.
04:14Il a été joueur, entraîneur, il gagne tout.
04:16C'est le seul qui est champion du monde joueur, champion de mains.
04:18Et il est moins aimé que les autres.
04:21Évidemment qu'il le vit mal.
04:22C'est un truc, c'est une injustice.
04:25C'est la revanche du moche.
04:26Tu n'as pas vu, quand tu es allé en boîte de nuit,
04:29toi, tu étais le plus réducteur avec les femmes.
04:31Tu devais avoir un copain qui ramassait moins que toi.
04:33Non, j'étais ce deuxième copain.
04:36C'est moi le copain.
04:37Je vais te faire une analogie avec un autre.
04:39Tout à l'heure, tu faisais une analogie avec Ronaldo et le Portugal.
04:42Il y en a un autre qui est exactement dans cette configuration-là.
04:44Et pour qui sa carrière d'entraîneur a été une revanche sur sa carrière
04:46en tant que joueur, qu'il n'a pas eu, mais c'est Mourinho.
04:49Mourinho, tu le dis quand il parle.
04:50Moi, j'étais le fils d'eux.
04:52Je jouais dans des clubs, dans les réserves des clubs où mon père entraînait.
04:55On disait que je n'étais pas bon.
04:56Je vais leur prouver que sans avoir été un grand joueur, on ne peut pas être un grand entraîneur.
04:59Et lui, toute sa vie, ça a été ça.
05:00Mais pourquoi j'ai toujours dit que dans l'histoire de Mourinho,
05:04moi, j'ai adoré cet entraîneur, la première période de sa vie, parce qu'il était novateur.
05:08Mais la bascule qu'il opère, le jour, ça doit être novembre 2010 ou 2011,
05:13le 5-0 contre le Barça, le premier, le marquant, quoi.
05:17Là, il opère une bascule.
05:18Le doigt dans l'œil de Villanova, pour moi, c'est le...
05:21C'est le deuxième, c'est la continuité de l'épisode.
05:24La bascule, elle est là.
05:26Ce qu'il fait avec Porto, c'est magique.
05:28Il va à Chelsea, il arrive à conquérir l'Angleterre.
05:33Il va à l'Inter, qui n'avait plus gagné depuis un, il fait un triplé monumental.
05:36Bon, les gars, vous me respectez, c'est moi le patron.
05:39Et là, je prends un 5-0 par un mec qui n'a pas encore tout gagné
05:42et qui régale la terre entière parce que son équipe joue bien.
05:45Il avait gagné 2009, quand même.
05:46Et vous me mettez...
05:47Mais ce n'était pas assez par rapport à Mourinho.
05:50Et vous me mettez devant lui.
05:51Et aujourd'hui, le génie du foot, c'est Guardiola.
05:54Et Mourinho, il en est peut-être entraîné en Turquie.
05:57Mais pour revenir sur mon...
05:59C'est pour ça que je me bats tout le temps avec cette idée du beau, du moche.
06:02Qu'est-ce que retiennent les gens ? On retient que les vainqueurs, on retient...
06:04C'est du bidon, tout ça.
06:06Les gens, ils ont besoin de vibrer, ils aiment le beau jeu.
06:08Une fois, quand tu gagnes une fois, moche, c'est génial, ça te fait un bon souvenir.
06:12Tu gagnes un derby, un 0 à la 90ème en t'étant déchiré.
06:15OK, ça te fait un bon souvenir.
06:16Mais au final, ma génération, on adore platiner cette équipe-là,
06:20qu'elle ait gagné, qu'elle ait pas gagné.
06:22Mais voilà, mais au bout d'un moment, ce n'est pas ça.
06:24Tu veux qu'il se passe un truc dans ta vie.
06:26Au passage, du gars à 18h à...
06:30Pareil, du gars excellent sur les critiques, notamment de ses commentaires sur France-Portugal.
06:34Elle était excellente, vraiment à écouter.
06:36Mais pour revenir sur la vie tranchée, moi, ce n'est pas forcément Deschamps que je critique.
06:39C'est bon, moi, je me suis fait une raison, je me suis incliné là-dessus.
06:42Moi, c'est surtout même ce qui se passe autour, en fait.
06:44Parce que là, sur le tournoi, on s'ennuie et on a très, très peu de buts,
06:49notamment parce que je pense qu'il y a beaucoup de sélectionneurs qui sont dans cette gamberge-là.
06:52Je vais donner un autre exemple dont j'ai oublié.
06:54Spalletti.
06:55Spalletti, il arrive dans un football de sélection.
06:58Il sort d'une année avec le Napoli extraordinaire.
07:01C'est, moi, l'une des équipes en série A.
07:03Moi, j'ai 30 ans, je n'ai pas connu le grand...
07:06Maradona.
07:06Non, mais je n'ai pas connu les années 90, j'étais beaucoup trop petit.
07:08Mais c'est l'une des équipes qui m'a le plus procuré d'émotions en termes de jeu.
07:12Il arrive après le premier match contre l'Albanie, où il joue plutôt bien.
07:17Il cadenas contre la Croatie, il cadenas contre la Suisse.
07:20Il revient à une espèce de football qui lui est étranger.
07:23Alors moi, je veux bien que l'histoire...
07:24On ne peut pas calquer sur tous les sélectionneurs.
07:26Oui, mais est-ce qu'il a le même matos qu'un Deschamps ?
07:28Non, exactement.
07:29Mais tu sens qu'il y a un retour un petit peu...
07:32Non, en fait, en football de sélection...
07:34Alors, il y a des contre-exemples.
07:35L'Espagne, parce que l'Espagne, c'est naturel.
07:37C'est comme ça, ils sont élevés, ils sont formés comme ça.
07:41Il y a un peu l'Allemagne avec Nagelsmann, parce que c'est un entraîneur qui est comme ça aussi.
07:45Mais je trouve qu'il y a un véritable...
07:48En fait, qui est un Deschamps ?
07:50Ou deux Deschamps ?
07:51À la limite, c'est comme ça.
07:52Opposition deux styles de main, c'est hyper excitant.
07:54L'Espagne contre la France.
07:56Allez, on va voir qui est le plus fort dans deux styles différents.
07:59Mais qu'on ait énormément d'équipes et qu'on soit énormément dans le calcul.
08:02Parce qu'en fait, on se dit finalement que c'est comme ça qu'on va aller très, très loin.
08:07Moi, ça me dérange un peu, en fait.
08:09Et je me dis que si on prend cette tangente-là, ça peut commencer à devenir très, très compliqué.
08:14On rappelle que... Parce que là, on part un peu loin.
08:17Mais R9, il y a dix jours, a dit qu'il préférait regarder du tennis que du football.
08:23Oui, Ronaldo.
08:24Non, mais à un moment donné, il va falloir qu'on se pose les questions aussi.
08:26Si ce type de tournoi là, où on s'ennuie, c'est très bien, on va aller aux Champs-Elysées si on gagne.
08:31Mais qu'à un moment donné, il n'y a pas que des champs.
08:33Mais si on a beaucoup de sélectionneurs qui nous ennuient et qui prennent ce chemin-là,
08:38ça va être très, très compliqué à suivre le football.