Gabriel Attal et Gérald Darmanin peuvent-ils encore travailler ensemble ?

  • il y a 3 mois

Chaque jour, Céline Géraud et ses invités font un point complet sur l'actualité.
Retrouvez "Europe 1 13h" sur : http://www.europe1.fr/emissions/europe-1-midi3

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Transcription
00:00Jusqu'à 14h, vous écoutez Céline Géraud et il est l'heure de décrypter l'actualité avec vos deux invités, Céline.
00:09Aujourd'hui, deux journalistes, Charlotte Dornelas, JDD et Vincent Roy.
00:13Bonjour à vous deux, bienvenue à bord.
00:15Merci.
00:15Ravie de vous retrouver pour cette nouvelle séquence, nouveau décryptage.
00:19Alors, on est trois jours après les élections législatives qui ont donc vu la victoire du nouveau Front populaire.
00:24Les tractations se poursuivent toujours pour tenter de trouver un premier ministre et bâtir un nouveau gouvernement.
00:30Mais j'aimerais bien qu'on s'intéresse à deux personnes clés dans cette séquence, Gabriel Attal et Gérald Darmanin.
00:36Ils ont travaillé ensemble, mais finalement, tous les séparent aujourd'hui.
00:39Peuvent-ils encore cohabiter aujourd'hui ensemble ?
00:41La question leur a été posée, en tout cas, elle a été posée à Gérald Darmanin.
00:44C'était ce matin sur Europe 1 SC News.
00:46Laurence Ferrari à 8h10, écoutez.
00:48Il vient de la gauche, je viens de la droite.
00:50Il est élu en Ile-de-France, je suis élu en province.
00:53Voilà, je pense que nous sommes complémentaires.
00:55Et je pense qu'il faut, avec Gabriel Attal, me semble-t-il,
00:58que l'on puisse parler, demain ou après-demain, sur comment on peut aider notre camp politique à aller mieux.
01:04On a très bien travaillé ensemble depuis sept ans.
01:06Il n'y a pas de raison que, désormais, nous soyons en concurrence, me semble-t-il.
01:09Aujourd'hui, la question des hommes n'intéresse peu, c'est la ligne politique.
01:13Incontestablement, nous avons un moment où nous devons dire que nos égos personnels doivent passer après la ligne politique.
01:18Gérald Darmanin, ce matin sur Europe 1.
01:21Est-ce que la cohabitation est possible, désormais, aujourd'hui, selon vous, Vincent Roy ?
01:24Je pense que c'est quand même le mariage de la carpe et du lapin.
01:28Ça doit être très compliqué, quand même.
01:32Parce qu'il vient de la droite, l'autre vient de la gauche.
01:34L'un a dit ni, ni, l'autre a dit oui.
01:36Avec LFI, c'est possible ?
01:37Oui, en même temps, à ses limites.
01:41La preuve, on le voit bien.
01:42Il dit bien, d'ailleurs, il a été très clair.
01:44Il dit, il vient de la gauche, il vient de la droite.
01:46Il est élu en Seine-Saint-Denis, enfin, dans les Hauts-de-France.
01:50Je suis élu de province, lui reste en région parisienne.
01:55Bon, voilà, il explique bien, il explique, à mon avis, très bien les choses.
01:59Non, là, à mon sens, ça ne devient plus trop possible, non.
02:03C'est le statut de fils préféré qui va changer de quand ?
02:08Vous savez, je ne sais pas.
02:11Vous savez, Emmanuel Macron est tellement imprévisible.
02:14Bon, il a quand même réussi à les faire cohabiter un certain temps.
02:18Bon, là, on voit bien que tout ça s'étiole et que chacun...
02:22Tout va dépendre du choix d'Emmanuel Macron.
02:26Va-t-il respecter le vote des Français ?
02:30C'est-à-dire, prendre un premier ministre de gauche ou non ?
02:33C'est, finalement, la vraie question.
02:36Ou va-t-il encore faire une pirouette et s'intéresser de près à Ehlers ?
02:40C'est-à-dire, à la droite macroniste.
02:43Puisqu'il y en a une, quand même, une droite macroniste.
02:45En attendant, oui, cette relation Darmanin-Attal, cette cohabitation...
02:50Oui, si on en croise Gérald Darmanin, Emmanuel Macron a déjà un premier ministre de gauche.
02:53Ça règle beaucoup de problèmes, du coup.
02:56Non, mais sur la cohabitation, honnêtement, moi, je dirais l'inverse de Gérald Darmanin.
03:00Il dit qu'il faut que les égaux s'éteignent devant la ligne politique.
03:03On a vu que sur la ligne politique, ce n'est pas avec Gabriel Attal que Gérald Darmanin a eu le plus maille à partir.
03:09Il y avait des désaccords beaucoup plus forts avec, par exemple, le ministre de la Justice,
03:13qui est quand même toujours embêtant, entre l'intérieur et la Justice, c'est beaucoup plus difficile.
03:16Et qu'il y a probablement une question de place.
03:19Évidemment, Gabriel Attal et Gérald Darmanin, je pense, ont des ambitions qui sont relativement similaires.
03:24Donc, si on met de côté les personnes, je pense que dans les forces politiques telles qu'elles ont été réparties
03:32par le vote des Français après cette dissolution,
03:37Gérald Darmanin et Gabriel Attal ne sont pas les personnes les plus difficiles à faire cohabiter sur la ligne politique,
03:42encore une fois, tant qu'elle est précise.
03:44Après, il y a peut-être aussi des décisions, des paroles qui ont été prises pendant cette campagne éclair
03:52entre les deux tours des législatives, qui, elles, ont un poids un peu nouveau.
03:56Vous le disiez, Gabriel Attal explique qu'il n'y a aucun problème pour les désistements, les accords électoraux,
04:02puisque c'est comme ça que ça s'appelle, jusqu'à LFI.
04:05Et Gérald Darmanin, certes, en profite, mais il en a profité chez lui,
04:11puisque LFI s'est désisté, mais ce n'était pas de son fait à lui, il peut le dire comme ça aujourd'hui.
04:16Et en tout cas, il a dit pendant la campagne que c'était hors de question de le faire jusqu'à LFI
04:21ou de voter éventuellement à LFI.
04:24Mais aujourd'hui, Gérald Darmanin dit « pire », c'est-à-dire que ce matin, dans son interview,
04:29Gérald Darmanin disait qu'il y a dans le nouveau Front populaire,
04:32il ne parlait plus de la France insoumise, mais dans le nouveau Front populaire,
04:35une majorité de députés qui sont du côté de ceux qui jettent des boules de pétanque sur la police.
04:40Je ne sais plus exactement quelle était l'expression, mais c'est ça qu'il voulait dire.
04:43Dans la bouche d'un ministre de l'Intérieur, l'accusation est quand même grave
04:46et elle est beaucoup plus large que simplement la France insoumise.
04:49Alors, à l'intérieur d'un gouvernement qui serait dirigé par Gabriel Attal,
04:53qui, lui, a appelé de ses voeux une alliance jusqu'à LFI,
04:57là, en effet, il y a peut-être des prises de position plus récentes
05:00qui dessinent une fracture entre les deux hommes qui existait moins précédemment,
05:04puisque Gabriel Attal, évidemment, son poids politique reposait,
05:07un, sur l'interdiction de la baïa à l'éducation nationale,
05:10deux, sur la lutte contre les fraudes sociales et fiscales sur le terrain.
05:13Là-dessus, Gérald Darmanin, je pense, n'avait pas de problème majeur.
05:16Donc la question, et moi je l'entends un peu dans la phrase de Gérald Darmanin,
05:20c'est « oublions les personnes, focalisons-nous sur la ligne politique ».
05:23Et après les résultats-là, quelle va être la ligne politique d'Emmanuel Macron ?
05:27C'est peut-être ça, le vrai mystère, en réalité.
05:29– Si tenté qu'il en ait une, parce qu'Emmanuel Macron,
05:34moi, je ne lui sens pas une colonne vertébrale politique très affirmée,
05:38c'est le moins qu'on puisse dire.
05:39– Oui, là, il est un peu en retrait, actuellement, on ne l'entend peut-être pas.
05:42– Oui, on l'a beaucoup entendu, il faut dire qu'à chaque fois,
05:44écoutez, il nous a quand même largement rabattu les oreilles.
05:48D'ailleurs, à chaque fois qu'il parlait, c'était totalement contre-productif.
05:50Voici maintenant qu'il est silencieux, c'est presque mystérieux, non ?
05:54– Oui, sans doute.
05:55Mais ce qui se joue aussi, c'est la présidence du groupe Renaissance à l'Assemblée,
05:59et voilà, ça c'est encore un autre sujet.
06:00C'est aussi quelque chose que visent ces deux hommes,
06:04avec en fond, effectivement, la présidentielle de 2027,
06:07vers laquelle ils se tournent aussi tous les deux.
06:09– Écoutez, ce côté ridicule ne vous aurait pas échappé,
06:12comment voulez-vous la présidence de Renaissance,
06:14alors serait assurée, soit par quelqu'un qui vient de la gauche,
06:17soit par quelqu'un qui vient de la droite ?
06:19J'étais en train de vous parler de colonne vertébrale tout à l'heure.
06:22Bon, là, il n'y en a aucune, alors ce serait en même temps encore une fois ?
06:25Non, ce n'est pas possible.
06:26Ça, je crois que le...
06:30Alors, si on donne la présidence de Renaissance à M. Darmanin, par exemple,
06:34bon, alors là, on aura clairement, on saura très bien qu'on est à droite,
06:38de manière très claire, voilà.
06:40Et je pense que, de toute façon,
06:42Emmanuel Macron va chercher une majorité relative plus importante que le EDFP,
06:48sur sa droite, précisément.
06:50– Mais justement, Emmanuel Macron, selon nos informations,
06:52ne veut pas voir Gabriel Attal prendre la présidence de ce groupe,
06:55et pousserait plutôt celle de Gérald Darmanin,
06:58qui, lui, essaie de faire une ouverture vers la droite.
07:02Il bascule, à nouveau, à droite.
07:03– Voilà, les gens votent, enfin, les Français ont voté à gauche,
07:10et on va se retrouver à gauche.
07:12– Je ne le réduirais pas comme ça, mais le nombre de sièges est indiscutablement à gauche.
07:17– Les Français, en nombre de voix, ont voté pour le Rassemblement national,
07:23le système électoral a fait que ça ne se traduit pas en termes de sièges,
07:29mais voilà, et Emmanuel Macron a, sans doute, la volonté de gouverner à droite.
07:32– Alors, selon nos informations, là aussi,
07:34il souhaiterait que les élections internes soient organisées le plus tard possible,
07:38en espérant, finalement, une baisse de popularité du Premier ministre,
07:41Gabriel Attal, auprès des députés.
07:44– Oui, une usure, il attend que tout cela se suce, s'effiloche.
07:49– Il joue la montre, de toute façon.
07:50– Il joue la montre, clairement, d'ailleurs, il l'a dit souvent,
07:52je suis le maître des horloges, alors là, il est en pleine disposition,
07:55mais il va quand même falloir qu'il aille vite,
07:56parce que cette étape de flottement ne me paraît pas salutaire pour les Français.
08:01– Oui, et puis l'exposition publique de tous les désaccords
08:05au sein de la majorité actuellement,
08:07et des désaccords qui, potentiellement, sont profonds,
08:10le tout dans une France extrêmement fracturée,
08:12qui vient d'élire une assemblée qui est, elle-même, difficile à lire,
08:16puisque, précisément, aucune majorité ne se détache,
08:19ça commence à faire beaucoup.
08:20– Il est très joueur, quand même, ce Président,
08:22après, il a des solutions, ce jeu de temporiser, de jouer la montre.
08:25– Le problème, c'est qu'il est joueur beaucoup plus avec la France
08:28qu'avec sa propre carrière, à la limite,
08:29s'il ne jouait que sa vie à lui, enfin, sa vie politique, j'entends,
08:34pourquoi pas, mais là, il y a une incertitude absolue sur la manière de compter,
08:37et c'est pour ça que je reprenais sur les Français ont voté à gauche,
08:40non, ce n'est pas si simple que ça,
08:42et, en effet, il y a les voix et la manière de les compter,
08:45peut-être qu'Emmanuel Macron, aussi, distille des informations ou fait savoir qu'eux,
08:50parce que, lui, c'est très bien la différence
08:52entre le nombre de sièges et les aspirations profondes,
08:54notamment sur des sujets politiques.
08:56Moi, je pense que, là, tout le monde gagnerait à s'extraire,
08:59non pas seulement des personnes, mais des partis,
09:01pour comprendre qu'il y a des majorités d'idées dans le pays,
09:05je ne vous parle pas entre partis, parce que, si vous décidez,
09:07et ça, c'est le gros problème que va avoir la Macronie, par ailleurs,
09:10quelle que soit la décision qui est prise pour le gouvernement,
09:12c'est que, quand vous décidez que vous allez mettre en place une coalition sur des idées,
09:17en excluant la France Insoumise et le Rassemblement National,
09:21qui ont, non seulement, rassemblé des voix,
09:23mais qui sont des forces motrices de la vie politique, aujourd'hui,
09:26c'est très compliqué, derrière, de se poser en chantre de la vertu démocratique, quand même.

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