Céline Géraud, accompagnée de la rédaction d’Europe 1, propose chaque midi un point complet sur l’actualité suivi de débats entre invités et auditeurs.
Retrouvez "Europe 1 13h" sur : http://www.europe1.fr/emissions/europe-1-midi3
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00:00Donc quand on parle de décadence et tout ça, dans un navire, dans un bateau, il n'y a toujours pas de pilote, les amis.
00:06On a un premier ministre certes, mais on n'a pas d'équipier.
00:08Michel Barnier qui pourrait annoncer un gouvernement d'ici dimanche, encore que rien n'est moins sûr,
00:13parce qu'il y a des premières frictions qui ont éclaté entre l'Elysée et Matignon, c'est tendu.
00:18Il y a le Rassemblement National qui met la pression, les LR aussi, les macronistes, on est dans un joyeux...
00:24Une auberge espagnole.
00:26Une joyeuse auberge espagnole et on a du mal à voir cette shortlist émarger.
00:30Ils consultent encore aujourd'hui, Fabien Roussel, Cécile Kuckerman et André Chassaigne sont reçus à Matignon cet après-midi.
00:37Ils sont les seules personnalités politiques de gauche à avoir accepté de rencontrer Michel Barnier.
00:41Oui, alors j'aurais un commentaire un peu provocateur, c'est que finalement, la France continue de fonctionner.
00:48Est-ce qu'on a vraiment besoin d'un gouvernement ?
00:51Ça montre bien qu'on arrive quand même à vivre sans ça.
00:55En avance, il y a quand même plein de choses qui sont bloquées.
00:57Il y a des projets de loi qui sont bloqués, il y a un budget qui n'est pas fait.
01:01Blague à part, oui, c'est assez préoccupant.
01:04En fait, c'est difficile de savoir si c'est parce que Michel Barnier recherche vraiment du consensus
01:09et que pour la première fois, il prend son temps, il fait à sa façon, on n'est pas habitué à ça.
01:15Donc ça, c'est la première option.
01:17La seconde option, c'est que c'est plus négatif.
01:20Il est bloqué, il n'arrive pas à trouver ses candidats.
01:25Et puis surtout, il manque peut-être de candidats vraiment intéressés.
01:29Parce qu'on a aussi l'impression que plus personne n'a envie d'être ministre aujourd'hui.
01:33En se disant, c'est un poste, c'est un CDD.
01:35C'est ça.
01:36C'est ultra court, Jean-Michel Salvatore.
01:38Il y a cette sensation aussi.
01:40C'est vrai que c'est vraiment des CDD.
01:43Mais moi, ce qui me frappe le plus, c'est le début de mésentente entre Macron et Barnier.
01:51Parce que pendant 10 jours, on a dit que ce n'était pas une cohabitation.
01:55Vous avez raison, la notion du temps, 10 jours, c'est l'éternité.
01:59Mais on a dit pendant plusieurs jours que ce n'était pas une cohabitation.
02:02C'est une coexistence exigeante.
02:05En fait, pas du tout.
02:06C'est une cohabitation.
02:07On voit bien d'abord qu'entre Macron et Barnier, il n'y a pas une confiance illimitée.
02:13Et on le voit d'ailleurs sur l'épisode européen où Macron a nommé un de ses copains à ses journées,
02:22sans trop demander son avis à Barnier.
02:24Donc d'un côté, on voit bien qu'il n'y a pas une confiance mutuelle très forte.
02:28Et puis on voit bien aussi qu'il y a un vrai désaccord politique.
02:31C'est-à-dire que Barnier, lui, évidemment, il est issu d'un petit parti qui ne pèse plus grand-chose avec 47 députés.
02:39Mais il considère quand même que le centre de gravité de la vie politique française, c'est à droite.
02:43Et donc, il veut plutôt gouverner à droite avec quelques signaux à droite assez appuyés
02:49en matière d'immigration et de bonne gestion.
02:51Et puis Macron, lui, il voudrait plutôt continuer à faire ce qu'il faisait avant.
02:55C'est-à-dire, en même temps, avec à la fois de la droite et de la gauche.
02:58Et finalement, si ça traîne, c'est parce qu'il n'arrive pas à se mettre d'accord.
03:02Allez, on reste ensemble, on va continuer à parler de ce gouvernement qui peine à se former.
03:06On entendra, tiens, Marie-Hélène Thauraval, l'invité de Sonia Mabrouk ce matin,
03:10qui revient sur la pression exercée par le Rassemblement national.
03:13On en parle avec vous, à tout de suite.
03:15Bon début d'après-midi avec Céline Giraud de 13h à 14h sur Europe 1.
03:1813h, 14h.
03:20Europe 1, 13h.
03:2113h45 sur Europe 1. Bienvenue, vous écoutez Céline Giraud.
03:24Et avec vous, Céline, pour décrypter l'actualité aujourd'hui,
03:26la journaliste essayiste Laëtitia Strauss-Bonnard
03:29et le communicant et chroniqueur politique Jean-Michel Savatar.
03:32Et Michel Barnier pourra-t-il tenir sa promesse, celle d'un gouvernement d'ici dimanche ?
03:37Pas sûr, pas si simple.
03:38Il est sous pression, le premier ministre de sa famille politique,
03:41les LR, des macronistes, qui voudraient en limiter le poids,
03:44et sous la surveillance du Rassemblement national.
03:47On va écouter Marie-Hélène Thauraval, maire d'Hiver droite de Romand-sur-Isère.
03:50Elle est-elle invitée ce matin sur Europe 1,
03:52ses news de Sonia Mabrouk ?
03:54Aujourd'hui, il suffit de regarder la répartition de l'Assemblée nationale.
03:58La femme la plus puissante de France, j'ose le dire, est Marine Le Pen.
04:01Elle n'a jamais eu autant de pouvoir d'influence.
04:04Elle représente 11 millions d'électeurs.
04:07Et finalement, son niveau d'influence lui a été donné par les manœuvres politiques
04:12qui ont été opérées entre le premier et le second tour.
04:15Cette forme de front républicain, c'est ce qui lui a donné,
04:18et c'est ce qui lui donne aussi ce niveau d'influence et de pouvoir aujourd'hui.
04:23Marie-Hélène Thauraval, la maire de Romand-sur-Isère,
04:26sur le rôle que pourrait tenir le Rassemblement national dans ce futur gouvernement ?
04:30Ce qui est très intéressant dans ce qui vient d'être dit,
04:32c'est que l'argument serait que Marine Le Pen a gagné plus de pouvoir
04:38grâce au front républicain.
04:40Alors que le but immédiat du front républicain, c'est de lui en enlever.
04:44C'est d'enlever du pouvoir et de l'influence au Rassemblement national.
04:46Et je pense que cette analyse est vraie.
04:48C'est-à-dire qu'en faisant front, on crée un autre front.
04:52Et cet autre front, Rassemblement national, bien sûr, prospère.
04:55C'est quasiment comme une contre-partie, une contre-culture
04:59qu'ils peuvent mettre en avant auprès de leurs électeurs en disant
05:01« Regardez, tout le monde est contre nous alors que vous êtes la vraie France.
05:04Nous, nous pouvons continuer à faire ce que nous avons fait jusque-là,
05:08c'est-à-dire travailler de notre côté et gagner des voix dans toute la société. »
05:13Donc c'est vrai que son pouvoir est très important
05:16et il est d'autant plus frappant qu'il s'exerce dans le silence.
05:20C'est-à-dire qu'on ne les entend pas beaucoup.
05:22Ils sont très discrets, effectivement.
05:23C'est aussi une de leurs marques de fabrique ces derniers mois.
05:26Oui, c'est-à-dire qu'on redécouvre l'évidence.
05:30C'est-à-dire qu'en France, aujourd'hui, le premier parti politique de France,
05:34que ça plaise ou non, c'est le Rassemblement national.
05:37On oublie que le Rassemblement national a gagné les élections européennes.
05:41On oublie que le Rassemblement national, avec Ciotti, a 145 députés.
05:49C'est-à-dire que finalement, ils sont devant tout le monde.
05:51Alors, on a essayé de les invisibiliser pendant toute une séquence,
05:56parce qu'évidemment, on considérait que le Rassemblement national n'était pas fréquentable.
06:02Mais c'est vrai que quand on compare avec la France insoumise, il y a véritablement match.
06:06Et là, on découvre tout d'un coup que parce qu'ils sont extrêmement puissants,
06:09parce que c'est le premier parti de France, ils ont un droit de veto évident sur le gouvernement de Barnier.
06:15Barnier, s'il veut rester, il faut qu'il fasse attention
06:18et il faut qu'il compte sur la neutralité bienveillante de Marine Le Pen.
06:22Pas sur le soutien, mais sur sa neutralité bienveillante.
06:25Et le jour où Marine Le Pen dira « j'en ai marre, il faut que tout ça se termine »,
06:30il y aura une motion de censure et le gouvernement de Barnier tombera.
06:34Marine Le Pen a déjà donné le calendrier.
06:37Elle a dit que ce gouvernement-ci devrait durer un an et qu'ensuite ça suffirait.