ÉDITO - Le "large rassemblement" souhaité par Emmanuel Macron peut-il fonctionner?

  • il y a 3 mois
Trois jours après la défaite de son camp aux législatives, Emmanuel Macron prend sa plume. Le président de la République s'adresse aux Français, ce mercredi 10 juillet, dans une lettre publiée dans la presse quotidienne régionale. Dans ce courrier, il revient sur les enseignements du scrutin, à l'issue duquel aucune majorité n'a émergé à l'Assemblée nationale.

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Transcription
00:00Emmanuel Macron a donc fini par sortir du silence trois jours après le second tour des élections législatives avec cette lettre aux Français
00:07publiée dans la presse régionale et dans laquelle il appelle donc à bâtir un large rassemblement.
00:13Bon, question simple, est-ce que ça peut marcher ?
00:15Ça promet d'être compliqué, voire très compliqué, d'abord à cause des règles du jeu, j'ai envie de dire, et surtout qu'il est fixe.
00:23Emmanuel Macron se pose aujourd'hui en arbitre, au-dessus du lot, mais tout le monde sait qu'en fait
00:27il reste autour de la table et qu'il continue à jouer.
00:30Ensuite, les règles elles-mêmes que fixe le président ne sont pas des plus claires.
00:34Quel est le périmètre de ce large rassemblement ? Il devra se faire autour de valeurs républicaines, dit le président,
00:39de l'état de droit, d'une orientation européenne,
00:41de la défense de l'indépendance française.
00:44C'est flou, il ne dit pas qui en est, qui n'en est pas, mais tout le monde a compris que selon lui, ni le Rassemblement National,
00:49ni la France insoumise ne peuvent en être. Or, les propres électeurs du camp présidentiel ont parfois voté, je le rappelle, pour des candidats
00:56insoumis au nom des désistements dans l'entre-deux-tours.
00:59Et pour le dire autrement, en fait, face à ce chaos politique qu'il a lui-même provoqué,
01:04alors que rien ne l'y obligeait, il n'est pas le mieux placé Emmanuel Macron pour dire comment les choses doivent se passer, et surtout il n'est
01:09pas le mieux placé pour dire au Parlement
01:11quoi faire aujourd'hui. S'il veut que ça marche, il doit plutôt se tenir à l'écart.
01:14On sait à quoi pourrait ressembler ce rassemblement ? C'est la seconde difficulté, à quoi ça ressemble et pour quoi faire.
01:21Alors il y a des termes qu'on entend.
01:22Coalition. C'est quoi une coalition ? Ça implique d'abord un accord programmatique entre des partis, de la solidarité
01:29gouvernementale, une répartition des rôles et des postes. Il y en a eu par le passé. Vous vous souvenez, Lionel Jospin,
01:35il était à la tête de ce qu'on appelait une majorité plurielle. Il y avait des socialistes, des chevennementistes, des communistes, des écologistes.
01:41Voilà, c'était ça, une coalition. Tiens, majorité plurielle. Emmanuel Macron, dans sa lettre, parle justement de
01:47cette majorité plurielle, mais on sait que ça sera très compliqué. La seconde hypothèse, c'est un pacte législatif.
01:51Alors là, l'expression, elle est de Laurent Wauquiez. En gros, on se met d'accord sur quelques grandes lois,
01:56par exemple le budget et pour le reste, la loi de programmation militaire, enfin des choses comme ça
02:03fondamentales. Et pour le reste, chacun reprend son indépendance,
02:06compliqué aussi à jeu, parce que du coup, il n'y a pas forcément de solidarité
02:09gouvernementale. Puis il y a une troisième option qu'on entend aussi, texte par texte, un peu au fil de l'eau. Vous savez, François Hollande avait dit
02:14qu'il va falloir aller chercher des majorités texte par texte.
02:17Mais c'est un peu ce qu'ont fait les macronistes, au fond,
02:20depuis 2022. Mais ça ne résout rien au fait qu'il faut que ce rassemblement, s'il veut exister, soit majoritaire à l'Assemblée, s'il souhaite pouvoir
02:28gouverner et légiférer. Donc majoritaire, ça veut dire rassembler quand même beaucoup de monde.
02:32Du coup, ça pose forcément la question de la composition de ce rassemblement. Avec qui ? On va jusqu'où ?
02:37C'est la troisième difficulté. On a dit les règles du jeu, pourquoi faire ? Avec qui, maintenant ?
02:41C'est très compliqué, surtout quand on lance des anathèmes et on entend « ah ben non, on veut pas être avec la droite », « ah ben non, on veut
02:46pas être avec les écologistes ». Les seuls, en fait, qui ont intérêt, c'est le camp présidentiel. Mais eux aussi sont divisés. Entre eux, est-ce qu'il faut aller chercher
02:54des sociodémocrates, comme le proposent les députés en essence, ou comme le dit Gérald Darmanin ? Non, non, non, il faut fonctionner qu'avec la droite.
02:59Si on prend la gauche, maintenant, elle n'y a aujourd'hui aucun intérêt. Elle avait le sentiment d'avoir gagné
03:04dimanche soir. On la priverait de sa victoire. On sait que Jean-Luc Mélenchon, de toute façon, ne marcherait pas là-dedans. Les socialistes, eux-mêmes,
03:10ils n'oseront pas prendre le risque d'aller discuter et travailler avec la droite à le centre, alors que, justement, on ne les a pas laissés
03:17essayer, d'une certaine façon, de gouverner. Il faut bien comprendre qu'il y a une bataille de leadership à gauche.
03:22Les socialistes, bon, ce n'est pas le moment pour eux d'aller, comme disait Jean-Luc Mélenchon,
03:26revêtir le ou la chasuble, Adeline, de la traîtrise, la chasuble de la traîtrise à vie,
03:33comme l'avait dit le diseur d'insoumis. La droite, elle, est dans une situation un peu différente.
03:37Est-ce que c'est l'occasion pour elle de passer de
03:40parti croupion, ce qu'elle est devenu, à faiseur de roi ? Ça peut en faire réfléchir plus d'un.
03:45Mais il y a d'autres, comme Laurent Wauquiez, par exemple, qui voit aussi le piège parce qu'il sait qu'une vaste coalition qui rassemble tous
03:51les partis de gouvernement, j'en parlais tout à l'heure, dans un consensus qui sera forcément un peu mou, c'est
03:56offrir la seule alternance possible, aller aux extrêmes, et notamment au rassemblement national.
04:02Et quatrième difficulté, la plus grande peut-être, qui pourrait diriger ce rassemblement ? C'est la question à 1000 euros, 10 000 euros, 100 000 euros,
04:09alors est-ce que ça serait une personnalité
04:11très politique pour faire fonctionner cet attelage, mais sans ambitions personnelles ? Allez donc la trouver.
04:18Est-ce que ça serait un haut fonctionnaire, un peu un profil de Jean Castex, qui se chargerait
04:23de faire tourner la machine ? En fait, ce qui pollue, évidemment, ce rassemblement, c'est l'échéance présidentielle de
04:302027, parce que la situation imposerait que tout le monde aujourd'hui se demande ce qui est bon pour le pays
04:35aujourd'hui, je le disais, mais chacun pense évidemment à ce qui est bon pour lui pour le coup d'après.

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