Claude Moniquet, spécialiste terrorisme et renseignements, analyse la multiplication des mises en examen d’adolescents dans des affaires de radicalisation : «Plus l’esprit est jeune et plus l’être humain est facile à manipuler».
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00:00Oui, il se multiplie et ça va certainement continuer.
00:03L'implication de mineurs dans des actions terroristes islamistes
00:07s'explique par plusieurs raisons.
00:11D'abord, des acteurs très jeunes qui peuvent avoir 14 à 16 ou 18 ans
00:17n'ont pas été impactés, n'ont pas été entre guillemets déprimés
00:22par la perte territoriale de l'État islamique,
00:25la défaite territoriale de l'État islamique en 2017.
00:28Ils étaient beaucoup trop jeunes.
00:29Donc, ils sont venus à l'islam radical par après
00:32et ils sont arrivés un peu en terrain vierge.
00:36Ils ont découvert quelque chose sans traîner les déceptions du passé.
00:40Deuxièmement, je parle de leur point de vue, bien sûr.
00:43Deuxièmement, ce sont évidemment, plus l'esprit est jeune,
00:46plus l'être humain est facile à manipuler.
00:50Et ça se coupe à ce qu'on a constaté depuis quelques années,
00:54qui est à la fois un phénomène, dans certains cas, de conversion express,
01:00mais également de radicalisation express,
01:02qui peuvent se passer en quelques jours ou en quelques semaines,
01:06là où dans le temps, à l'époque d'Al-Qaïda, il y a 25 ans,
01:09il fallait des années pour qu'un islamiste radical
01:13arrive à sa phase djihadiste.
01:17Et en général, à l'époque, il avait 35 à 40 ans.
01:21Aujourd'hui, effectivement, on a des esprits jeunes
01:24qui n'ont pas connu le passé, qui sont facilement influençables
01:27et qui sont radicalisés en quelques semaines.
01:29Claude, c'est quoi, c'est une nouvelle stratégie de l'État islamiste ?
01:33Là, je rappelle l'âge de ces jeunes, 14, 16, 17 et 20 ans,
01:38trois garçons et une jeune fille.
01:40C'est quoi, c'est une nouvelle stratégie ?
01:43Alors, en tout cas, ce qu'il y a de certain, c'est qu'il y a une propagande de l'État islamique,
01:46entre autres sur TikTok, qui est essentiellement dirigée vers ces jeunes,
01:50qui parlent à ces jeunes dans un langage qu'ils comprennent
01:53et qui peut avoir d'autant plus d'impact sur leur cerveau
01:56que ce cerveau, comme je l'ai déjà répété plusieurs fois sur cette antenne,
01:59est encore en phase de formation, entre autres sur tout ce qui touche le rapport aux autres,
02:03l'affectivité et les émotions quand on est un très jeune adolescent.
02:09Ce qui est intéressant aussi, c'est la présence d'une jeune fille qui a 14 ans,
02:12qui est la plus jeune.
02:13Alors ça non plus, ce n'est pas nouveau.
02:15Je vous rappelle qu'en 2016, on avait eu à Paris un attentat manqué contre Notre-Dame
02:20qui était organisé par quatre femmes djihadistes.
02:23La plus jeune avait 19 ans, elle était donc une très jeune adulte.
02:26C'est elle qui menait le groupe.
02:28Et ces femmes étaient tellement déterminées qu'après l'échec de leur premier attentat,
02:31le 4 septembre, quand on a découvert la voiture piégée,
02:34elles ont quatre jours plus tard tenté d'attaquer des gares
02:37dans un attentat suicide dans la région parisienne.
02:39Le soir même, elles ont été arrêtées
02:41et elles ont blessé les policiers qui les arrêtaient au moment de l'intervention.
02:47Donc on était en phase de jeunes femmes extrêmement décidées
02:50et ça aussi, c'est une caractéristique de la jeunesse et de l'adolescence,
02:54c'est l'absence de freins, l'absence de filtres
02:57et une facilité à sombrer très très vite,
03:03à passer très très vite dans une violence extrême.