• il y a 4 mois
Porté notamment par l’enthousiasme de la jeunesse – et un geste d’escrimeur intact – de son dernier porteur, Claude Gamot, le passage de la flamme olympique dans l’Aube s’est conclu par l’allumage du chaudron sous les vivats de la foule. Reportage : Mattéo Clochard & Clément Battelier

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Transcription
00:00Est-ce que vous pouvez déjà nous préciser quelles émotions vous avez ressenties
00:03quand vous avez fait votre geste en plus d'escrime un peu ?
00:06Ah oui, oui, oui. Alors ça, j'avais mijoté ça depuis un moment.
00:11Je trouvais un peu conventionnel l'allumage du chaudron.
00:17Je me suis dit il faut que je trouve quelque chose d'un peu original.
00:20Et c'est pourquoi j'ai fait le geste d'une action d'escrime pour allumer le fameux chaudron.
00:25Et je pense que ça a été pas mal perçu.
00:28J'avais peur que ça ne plaise pas trop au comité de la flamme.
00:34Mais non, ils ont été très satisfaits.
00:38On voit d'ailleurs que vous avez toujours le geste.
00:41Oui, oui. C'est comme le vélo, l'escrime.
00:44Ce n'est pas tout à fait comme le vélo parce que je serais bien incapable
00:48de faire un match d'escrime maintenant.
00:51C'est finalement un sport assez violent.
00:54Et il faut avoir tous ces moyens physiques.
00:58Par exemple, une action d'escrime, une attaque, c'est un départ de 100 mètres.
01:04Et dans un match, on en fait 25.
01:07Donc, c'était plus. Je suis incapable maintenant de faire quoi que ce soit d'escrime.
01:13C'est pourquoi, d'ailleurs, je me suis mis au golf.
01:15Et deux fois par semaine, je joue toujours au golf.
01:19On vous a vu énormément profiter, c'est à dire du début,
01:23avant de voir arriver la flamme et puis pendant.
01:25Oui, contact avec les gens, le sourire.
01:28C'était évident.
01:30Et c'était évident. J'ai pris beaucoup de plaisir, en effet.
01:33Et j'ai ressenti de la part du public un retour.
01:37C'est ça qui m'a vraiment, vraiment passionné.
01:41L'échange avec les enfants, vous avez raison, qui était aussi parce que
01:45j'ai une grande famille, j'ai sept petits-enfants et huit arrière-petits-enfants.
01:51Parce que j'ai 91 ans. Laissez clair, vous le savez,
01:53parce que vous avez fait une grande page là-dessus.
01:57Oui, ce que je voulais dire, c'est que le public troyen,
02:01je disais ça aux gens de la chaîne nationale.
02:06Le public troyen est très réactif, enthousiaste.
02:10Je le savais, mais je l'avais constaté même la semaine dernière avec le Tour de France.
02:17Mais alors là, j'ai été subjugué par ça.
02:21On sentait une ferveur, une amitié des gens.
02:24Tout le monde était heureux. Et moi le premier, bien sûr.
02:28C'est allumé le chaudron comme ça, vous étiez préparé.
02:33Mais sans trop savoir aussi ce que ça allait être.
02:36C'était pas tout à fait une surprise parce que vous savez qu'on peut voir
02:41la flamme de A jusqu'à Z tous les jours.
02:43Alors quand j'ai su que je devais allumer le chaudron,
02:46bien sûr, j'ai regardé la flamme dans les autres localités.
02:51Hier à Auxerre, par exemple.
02:53Non, hier, c'était Dijon, je crois. C'était Dijon, avant-hier à Auxerre.
02:56Donc j'avais regardé. Je n'ai pas été surpris.
02:59Mais même en sachant ce qui va se passer,
03:03au moment où on approche le flambeau de la flamme,
03:09c'est un moment d'émotion, une grande émotion.
03:12Vous avez fait les Jeux Olympiques il y a plus de 60 ans, en 56 et en 60.
03:16D'être accueilli ici comme une rockstar, qu'est-ce que ça vous fait ?
03:21Oui, alors bon, certes, il n'y a pas beaucoup d'aubois
03:24qui ont fait deux Jeux Olympiques, c'est certain.
03:27Mais j'ai été surpris de cette ferveur.
03:31Et vous avez posé une bonne question parce que c'est vrai,
03:34je ne suis pas spécialement une vedette super champion.
03:39Mais je crois que c'est surtout, comme je le disais, mon investissement
03:42où je suis connu par tous les sportifs.
03:46Peut-être un peu moins maintenant parce que, vous savez, on oublie vite.
03:51Mais vraiment, je me suis investi.
03:53Tout est mesuré, tout est organisé au cordeau.
03:57Et je trouve formidable que ce comité de la flamme
04:00et le comité d'organisation des Jeux, le fameux COJO,
04:04ait pu soulever autant de monde en France avec ce parcours de la flamme.
04:10Bon, je ne suis pas tout seul. On est 11 000, je crois,
04:1410 ou 11 000, je ne sais plus.
04:16Mais on a vraiment ce parcours de la flamme
04:20qui a motivé toute la population, je crois.
04:24Est-ce que vous pouvez nous raconter quand on vous contacte,
04:26non seulement pour porter la flamme, mais en plus qu'on vous dit
04:29dans l'aube, il y a 113 personnes qui vont la porter
04:30et vous serez le dernier à allumer le chaudron.
04:32Quel sentiment vous avez eu quand vous avez su ça ?
04:35Ça, c'est énorme, ça. Déjà, quand j'ai appris,
04:38j'ai appris dans un premier temps que j'allais porter la flamme.
04:42Bon, pas trop étonné parce que, comme je vous l'ai dit,
04:47de Jeux olympiques en France, dans l'aube, il n'y en a pas beaucoup.
04:54Mais quand j'ai appris que j'allais allumer le chaudron,
04:57que j'allais être le dernier, que j'allais être sous les projecteurs,
05:01alors là, ça a été une émotion énorme.
05:04Et j'ai même téléphoné à la ville pour dire, dites-moi, c'est bien vrai ?
05:11Est-ce que vous avez conscience que vous avez vécu un trouble
05:13qu'on ne vivra pas déjà avant peut-être un siècle ?
05:17En ce qui me concerne, si vous pouviez me promettre
05:20de vivre encore ça dans un siècle, je vous dirais, je suis partant.
05:25Je vous dis, j'ai 91 ans et en toute sérénité,
05:30je dis toujours que mon espérance de vie, elle se compte sur les doigts d'une main.
05:36Mais ça ne m'affole pas parce que pour l'instant, je suis en bonne santé
05:41et j'en profite au maximum.
05:44Là, pour répondre à votre question,
05:47j'ai vraiment goûté ce plaisir pendant toute la journée
05:52parce que j'ai commencé à le suivre à la téné dès le matin.
05:59Super, merci beaucoup Monsieur, c'était un plaisir.

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