• il y a 5 mois
Les négociations semblent stoppées au sein du Nouveau Front Populaire pour arrêter le choix d'un nom pour être Premier ministre. La France Insoumise accuse le Parti socialiste de blocage et "ne participera plus à aucune négociation sur la formation d'un gouvernement tant qu'une candidature unique à la présidence de l'Assemblée nationale ne sera pas acquise et que le vote n'aura pas eu lieu" a annoncé la formation politique dans un communiqué. De leur côté, François Ruffin et les anciens insoumis "frondeurs" ne siégeront pas sur le ban avec le groupe mélenchoniste, mais avec le groupe des écologistes. François Ruffin est l'invité de RTL Matin.
Regardez L'invité de RTL avec Stéphane Carpentier du 16 juillet 2024.

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Transcription
00:007h45 en ce mardi matin, merci à vous tous d'être là, c'est donc François Ruffin qui est l'invité de RTL Matin, député de la Somme, ex-Insoumis, bonjour à vous !
00:12Bonjour !
00:12L'un des frondeurs avec Alexis Corbière ou encore Clémentine Autain, vous êtes officiellement depuis hier soir exclu de la France Insoumise, pour avoir dénoncé un manque de démocratie en interne chez LFI,
00:22est-ce que c'est pas trop douloureux quand même d'être officiellement mis à la porte d'un mouvement auquel vous étiez plutôt attaché ?
00:27D'abord je suis parti tout seul, j'ai dit que je ne siégerais plus dans le groupe La France Insoumise, parce que j'avais des désaccords profonds et qui sont connus avec Jean-Luc Mélenchon,
00:35donc voilà, je suis heureux que les Verts m'aient accueilli à bras ouverts et accordé l'asile politique, moi compte tenu de mon histoire et de mon territoire,
00:43j'ai aussi beaucoup de sympathie pour le parti communiste mais la porte est restée fermée, et de toute façon je me sens appartenir à la gauche, je m'en embrasse toute la famille,
00:51dès ma campagne de 2017 j'avais avec moi les insoumis, les communistes et les écologistes, et j'appartiens à la gauche même quand je ne suis pas fier de ce qu'elle fait.
00:59Vous disiez il y a quelque temps il fallait que je coupe la corde, le lien avec Jean-Luc Mélenchon pour pouvoir respirer, vous respirez mieux aujourd'hui ?
01:06C'est pas pour moi pour pouvoir respirer, c'est pour pouvoir respirer politiquement, c'est-à-dire que je l'ai dit, je ne vais pas y revenir,
01:12mais dans la campagne et dans ma campagne ça a été un obstacle au vote que la figure de Jean-Luc Mélenchon et que l'étiquette La France Insoumise,
01:20parce que ce qui est fait depuis deux ans ne contribue pas à parler à toute la France et contribue davantage à la cliver, à la séparer entre quartier populaire auquel je suis attaché
01:29et campagne populaire à qui on doit continuer de parler.
01:32Donc le député que vous êtes, comme les autres fameux purgés, vous allez siéger à l'Assemblée Nationale avec le groupe écologiste, ça c'est validé ?
01:39Oui, oui, tout à fait, ça a été validé hier par le groupe vert.
01:43C'est pas un choix faute de mieux ?
01:45Je le dis, j'avais de la sympathie pour les communistes et j'en ai toujours, je me sens appartenir à la grande famille de la gauche et je serai donc la apparente écologiste,
01:54je les remercie de m'accueillir et je voterai comme j'ai toujours voté, vous le savez, avec liberté, en mon âme et conscience, en toute indépendance.
02:01Vous êtes vert, vous êtes écolo ?
02:02Je suis rouge et vert, je suis écologiste et social.
02:06Je sais que pour faire France ensemble, il faut que les gens puissent vivre de leur travail, bien en vivre et pas seulement en survivre,
02:12que là, on a la grande question sociale à résoudre et qu'on doit se projeter et se projeter, ça veut dire que pour objectif de transformer le pays,
02:20si on veut répondre aux défis climatiques, ça veut dire quoi ?
02:23Ça veut dire qu'il faut transformer notre énergie, notre industrie, nos déplacements, nos logements, notre culture, notre agriculture
02:29et que pour faire ça, il faut du travail, beaucoup de travail, donc la priorité, les moyens, c'est un travail qui soit respecté,
02:35que les Français, tous les habitants de notre pays puissent vivre de leur travail et non pas en survivre et dans quel but ?
02:40Dans le but de transformer notre pays et qu'on soit fiers de faire France ensemble.
02:45Vous avez répété plusieurs fois depuis tout à l'heure, j'appartiens à la grande famille de la gauche, mais pardon, la grande famille de la gauche en ce moment, c'est compliqué depuis neuf jours, non ?
02:52Oui, il y a beaucoup de bruit de vaisselle et surtout, moi je croisais hier un jeune à Paris qui me disait, j'ai tracté pendant un mois pour la gauche et déjà je le regrette.
03:00Et donc voilà, on a des dirigeants de gauche...
03:02Qu'est-ce que vous lui avez dit ?
03:03Je lui ai dit, je le comprenais, que par contre, comme je viens à votre radio, je me suis dédouané, je dis que je n'ai rien à voir avec tout ça.
03:08Moi, on ne me consulte pas, pas plus que toi.
03:10Et que maintenant, il faut qu'il y ait une proposition de premier ministre.
03:14Imaginons, en 1936, au Front Populaire, en un mois, ils avaient fait les congés payés pour les ouvriers et ils voyaient la mer.
03:21Et bien là, aujourd'hui, on n'est pas fichu de se mettre d'accord sur un non pour Matignon.
03:25Enfin, c'est une honte.
03:26Et donc, qui fasse ça, Chifoumi ? Qui fasse ça, la courte paille ? Ou en démocratie, il y a une autre méthode ?
03:31On ne joue pas à Chifoumi, quand même, pour le poste d'un premier ministre.
03:34Vous savez, en démocratie, une autre méthode, normalement, c'est le vote.
03:36Et donc, on pourrait simplement, puisqu'ils n'arrivent pas à se mettre d'accord dans le cartel des partis,
03:40ils pourraient faire que, simplement, les députés Nouveau Front Populaire se réunissent,
03:44comme au moment de la Révolution Française, le tiers état l'a fait dans la salle du jeu de pommes,
03:48et que là, ils n'en sortent pas par la force des baïonnettes, mais, simplement, en ayant voté, en ayant réfléchi ensemble,
03:55en s'étant mis d'accord sur un non pour Matignon.
03:58Parce que, pendant ce temps-là, ça donne raison, évidemment, à Emmanuel Macron,
04:02qui peut se dire, franchement, s'ils ne sont pas capables de se donner un nom de premier ministre,
04:07comment ils vont gouverner le pays ?
04:09Je le dis, vous savez, avec gravité, parce que, dès ma réélection, je dis,
04:14attention, ce n'est pas une victoire, c'est un répit, c'est un sursis que nous avons.
04:18Et si le répit, le sursis, il n'est pas mis à profit pour montrer aux gens
04:23qu'on peut changer un peu leur vie en mieux,
04:25mais qu'au contraire, on se réfugie derrière des portes closes pour des tractations, des négociations,
04:30des trucs ridicules, on ne fait que enteriner le découragement,
04:34enteriner le ressentiment, aujourd'hui, dans le cœur des gens.
04:37Alors, il y en a qui sont d'accord, quand même, à gauche, un petit peu.
04:39Le PS, les écologistes, les économistes, qui ont accouché d'un non, hier soir.
04:43Ils proposent Laurence Tubiana au poste de premier ministre,
04:46c'est une universitaire, une économiste très écolo,
04:49elle est présidente de la Convention citoyenne pour le climat.
04:51Ça peut passer, ça, c'est un bon choix ?
04:53Écoutez, c'est une femme de qualité, qui est très compétente.
04:56Maintenant, on sait déjà que ça va bloquer.
04:58Donc, il faut changer de méthode.
04:59C'est-à-dire ?
05:00On sait que les Insoumis sont contre, ils ont dit qu'ils sortaient des négociations,
05:03que maintenant, il fallait se concentrer sur la présidence de l'Assemblée, etc.
05:07Donc, maintenant, il ne s'agit pas seulement de proposer un non,
05:09et puis le suivant, et puis que ça rebloque pendant trois jours,
05:12et qu'on soit dans un sketch, mais qu'en vérité, cette comédie est une tragédie.
05:16Je le redis, parce que ce qui se passe, c'est qu'en vérité,
05:18le Rassemblement National n'est plus à une marge du pouvoir,
05:20il est à une demi-marge du pouvoir.
05:22Donc, le temps qu'on a là, on doit l'utiliser pour les gens.
05:25Vous savez, dans ma campagne, j'ai vu et entendu plein de choses,
05:28mais par exemple, quand je me retrouve devant des soignantes, à la clinique, à Abile,
05:32et qu'ils me disent, ben voilà, ça fait trois ans qu'on ne part plus en vacances,
05:35qu'on, d'habitude, on louait un petit truc dans le Languedoc,
05:37et maintenant, c'est fini, parce qu'on est sous l'eau,
05:39et même pour payer la piscine à nos enfants, ça devient compliqué.
05:42Voilà les questions que la gauche doit résoudre.
05:44Aujourd'hui, c'est un Français sur deux qui dit qu'il part moins, moins longtemps en vacances.
05:49Donc, voilà ce qu'on devrait avoir sur la table,
05:51plutôt que de se pouiller, comme on l'a fait pendant les six mois d'élections européennes.
05:55Pendant les six mois d'élections européennes, la gauche n'a pas arrêté de se chamailler, se déchirer.
05:59On devrait dire, ce que je lançais, je disais, soyez unis, arrêtez vos conneries.
06:03On pourrait redire la même chose aujourd'hui et dire, voilà, il faut arrêter maintenant.
06:06– François Ruffin, pour répondre aux besoins des Français, il faut un Premier ministre.
06:09Laurence Tubiana, vous nous dites, ce matin sur RTL, que c'est déjà foutu.
06:12– Ben, c'est pas moi, enfin, je vous le dis.
06:14– Vous pensez directement que les Insoumis sont ravagnés.
06:16– On le sait, on le sait, vous voyez, on ne va pas recommencer.
06:18– Parce qu'elles sont trop proches de Macron, c'est ça ?
06:20– Parce que vous avez déjà vu que les Insoumis ont publié un communiqué pour dire qu'on ne veut pas d'elles,
06:25tout comme hier, c'était les socialistes qui avaient lancé un communiqué sur Huguet de Bélaud.
06:29Il faut qu'on arrête. – Ça veut dire qu'on ne va pas y arriver, en fait.
06:31– Il faut qu'on arrête ce sketch, je le dis.
06:33Changement de méthode, on fait comme en 1789,
06:36quand les députés du tiers État s'étaient réunis à la salle du jeu de pommes,
06:39et on permet aux gens de voter.
06:40C'est incroyable, on a des partis, et des partis de gauche,
06:43mais qui au fond sont allergiques au vote,
06:45qui refusent même le vote de leurs députés.
06:47On pourrait se dire, voilà, on les rassemble, on se rassemble,
06:50et qu'on nous laisse nous mettre d'accord.
06:52Parce qu'en plus, ça va nous retomber dessus.
06:54Les gens vont se dire, mais on les a élus, et ils ne sont pas fichus de faire ça.
06:57– Tout ça pour désigner le nouveau Front populaire, le fameux soir du deuxième tour,
07:00le verdict des urnes, donc ils vont être déçus, là, à l'arrivée,
07:02ils vont dire ça ne sert à rien.
07:03– Mais c'est ce que je vous disais, y compris des gens qui ont milité pour ça.
07:06Donc il faut que, vite, on retrouve le chemin de la raison,
07:09et qu'on ait un non pour Matignon,
07:10mais surtout, moi je viens avec des propositions sur le fond.
07:13Il faut qu'il y ait un accord, au moins minimal,
07:16sur le fait qu'on doit relever les impôts sur…
07:19– Mais ça on ne peut pas le faire tant qu'on n'a pas de gouvernement.
07:21– Mais oui, mais ça, néanmoins, il faut qu'on ait des discussions sur le fond,
07:25sur qu'est-ce que c'est les mesures,
07:27sur lesquelles le gouvernement doit agir en priorité, très vite,
07:30relever les salaires pour que les gens puissent vivre de leur travail,
07:33faire que l'école redevienne un pilier de la République.
07:36On entend le nombre de postes vides qu'il va y avoir pour la rentrée.
07:40Normalement, on devrait être en train de préparer les vacances,
07:43finir un coup de pouce aux Français pour leurs vacances cet été,
07:46et aider à préparer la rentrée scolaire des enfants et des parents pour septembre.
07:50Voilà à quoi on devrait être au travail.
07:52– Il y a la petite embouille politicienne, comme d'habitude.
07:54Est-ce que ça sera un échec pour vous que la gauche ne soit pas à Matignon ?
07:57– Ça sera un échec pour moi si on n'arrive pas à changer un peu la vie des Français en mieux.
08:01– Et pourquoi vous n'êtes pas candidat, vous ?
08:04– Pourquoi vous n'êtes pas candidat, vous ?
08:06– Parce qu'on ne se présente pas comme ça, de soi-même, en disant
08:09« Regardez, je suis grand, c'est moi qui dois y aller ».
08:11Ce n'est pas ça le sujet, ce n'est pas comme ça que ça peut fonctionner.
08:14Et le sujet, ce n'est pas un nom. Maintenant, on change de méthode.
08:17– Pardon, vous n'êtes pas un peu vexé qu'on ne pense pas à vous ?
08:20– Pas du tout. Franchement, je ne suis pas du tout vexé.
08:22Ce n'est pas du tout le sujet. Je ne suis pas du tout là-dedans.
08:24Moi, je suis dans me demander comment je peux...
08:27Vous savez, je suis réélu de justesse, dans ma circonscription,
08:31dans des terres ouvrières, populaires, où j'ai bien senti le désespoir qui gagne, d'accord ?
08:36Le ressentiment qui monte, le découragement qui est là.
08:39Et c'est à ça qu'il s'agit de répondre.
08:41Et je le redis, c'est une dernière chance pour la France.
08:45Donc, soit on s'en saisit, on s'en saisit ensemble,
08:48et je dirais sur les bancs largement de l'Assemblée,
08:52et on prend conscience de la gravité du moment
08:55et de notre responsabilité pour le pays,
08:57soit, demain, l'histoire, elle se fera sans nous.
09:00— Je vous sens inquiet, quand même.
09:01— Je le suis très inquiet. Je suis très inquiet pour mon pays.
09:04Je suis très inquiet pour des Français qui sont...
09:07J'ai senti qu'ils étaient au bord d'une forme d'étouffement.
09:10Donc, voilà, il s'agit, là, de desserrer cette corde-là aussi.
09:13— Merci, François Ruffin, d'avoir été en direct ce matin sur RTL.
09:16Entretien, évidemment, que vous pouvez retrouver sur Les Ondes, sur RTL,
09:19et puis sur rtl.fr, avec...

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