• il y a 5 mois
Benoît Payan, maire divers gauche de Marseille, était l'invité de BFMTV à la veille de l'élection du président de l'Assemblée nationale. Après plusieurs jours de tractations, le Nouveau Front populaire s’est mis d’accord sur le nom du communiste André Chassaigne pour une candidature unique

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Transcription
00:00On joue votre arrivée en direct sur ce plateau.
00:04On a ce soir le visage, l'incarnation de la candidature unique du nouveau Front populaire.
00:12Ce sera le communiste André Chassaigne.
00:14Il a 74 ans. Il est arrivé sur les bancs de l'Assemblée il y a 22 ans. On l'écoute.
00:20Le choix s'est porté sur ma personne à partir de certains critères.
00:25Peut-être d'ailleurs le critère d'ancienneté, ça a pu être un élément.
00:31Ma connaissance de l'institution, mais d'autres que moi connaissent l'institution parlementaire.
00:38Et avec, je crois, ce que j'avais affirmé, c'est le souci d'assurer une présidence
00:45qui soit une présidence fidèle à ceux qui m'ont désigné,
00:51c'est-à-dire aux quatre groupes du nouveau Front populaire, c'est extrêmement important,
00:56la fidélité à des idées, prendre en compte que notre bloc, si on peut parler de bloc,
01:02est arrivé en tête des élections législatives et qu'à ce titre,
01:06nous avons une légitimité collective pour présider l'Assemblée nationale.
01:12Benoît Payan, est-ce qu'il a le bon profil André Chassaigne pour être le candidat unique du nouveau Front populaire ?
01:17Il a le profil parfait. André Chassaigne, c'est la sagesse incarnée.
01:22C'est aussi un savoir-faire. Il a été maire pendant 27 ans, il a été député pendant 22 ans,
01:28il a présidé un groupe pendant 12 ans, il connaît les rouages de l'Assemblée,
01:33il connaît les codes de l'Assemblée, il connaît parfaitement les institutions de la République
01:37et notamment l'Assemblée nationale. Et dans cette période d'incertitude,
01:40et on le voit bien, on le sent bien, une crise politique s'est déclenchée tout de suite
01:45après les élections européennes et après le résultat des élections législatives.
01:49On voit parfaitement bien qu'on a besoin de stabilité.
01:52Et André Chassaigne est quelqu'un qui incarne cette stabilité, cette force tranquille.
01:57Est-ce que ce sera suffisant pour battre Yael Braun-Pivet, la candidate du camp présidentiel,
02:03ou encore Sébastien Chenu, le candidat du Rassemblement national ?
02:06C'est une question pour laquelle on aura évidemment la réponse demain.
02:08Ce qui est certain, c'est que d'abord c'est une candidature qui va rassembler toute la gauche
02:13et je crois au-delà. Si demain il devait y avoir des tractations, des tractations de couloirs
02:20ou des arrangements, tout cela va se faire devant les Françaises et les Français qui n'en peuvent plus.
02:24Ils veulent de la clarté. On a eu un résultat qui a été ce qu'il a été.
02:28Il se trouve que la gauche est arrivée en tête.
02:30Et je l'ai toujours dit, il faut avoir la victoire modeste, avec beaucoup d'humilité.
02:34Personne n'a gagné de manière franche. Il n'y a pas de majorité absolue dans cet hémicycle.
02:40Par contre, il y a des gens qui ont perdu.
02:42Ce serait quand même incomble que des gens qui ont perdu cette élection se mettent ensemble
02:46pour pouvoir remporter le perchoir.
02:49Mais je crois qu'au moment où on parle...
02:51Vous parlez de qui Benoît Payan ? Soyez plus explicite s'il vous plaît.
02:55Je ne cache pas derrière mon petit doigt, je crois que c'est très clair.
02:59Je ne vois pas comment une alliance de la droite et de la République En Marche
03:04arriverait ou peut arriver devant la candidature d'André Chassaigne.
03:09Mais sauf coup de trafalgar.
03:12Sauf coup de dernière minute avec le Rassemblement National.
03:15Mais je ne peux pas croire, une seule seconde, que le président de la République,
03:19que madame Brown-Pivet, que les républicains qui sont restés sincères
03:24et qui sont restés fidèles à la ligne du général de Gaulle,
03:27acceptent la moindre tractation avec le Rassemblement National.
03:31Et donc, il est normal que le groupe majoritaire, que la force arrivée en tête,
03:35présente une candidature.
03:37Et puis il y a des non-inscrits. Il y a 577 députés.
03:40Ils ne sont pas tous aujourd'hui dans des groupes qui sont des groupes importants.
03:44Il y a des petits, gros. Il y a des non-inscrits.
03:46Donc on va voir, il y a trois tours dans cette élection.
03:48Vous savez qu'il faut faire 286 voix au premier tour pour être élu.
03:53286 voix au second pour être élu.
03:55Et puis ensuite, c'est le premier arrivé qui, au troisième tour, l'emporte.
03:59Dans l'état actuel de la Chambre, je ne vois pas qui est en capacité de faire 286 voix.
04:04Par contre, le résultat au troisième tour est incontestable.
04:07Et j'appelle tout le monde à de l'humilité, à de la simplicité.
04:11Et surtout, on va éviter de jouer avec le feu,
04:15et de jouer notamment avec le Rassemblement National.
04:17Ce qui est intéressant, c'est que vous avez prouvé que vous êtes capable de vous entendre.
04:20Je crois qu'en fait, Emmanuel Macron n'avait pas dans cette affaire-là compris une chose.
04:25C'est qu'il a fait tout son pari politique, à partir du 9 juin au soir,
04:30autour de la désentente, de la mésentente et de l'incapacité de la gauche à se rassembler.
04:35Pourquoi ça prend tant de temps pour le nom du Premier ministre Benoît Pagnan ?
04:39Écoutez, pour l'instant, moi tout ce que je vois, c'est que personne ne s'entend de l'autre côté
04:44sur la question du perchoir, et vous me posez à moi la question du Premier ministre.
04:49Je pense que les choses se font dans l'ordre. Et je vais au bout, si vous le permettez.
04:53Le Président de la République a fait le pari que la gauche serait incapable de se rassembler
04:57en faisant une dissolution, en se disant qu'ils se sont tellement battus qu'ils ne se rassembleront pas.
05:01On l'a fait. Il fait le pari et je trouve qu'il s'est énormément avancé.
05:06Quand le Président de la République nous annonce, en fonction du résultat, au perchoir,
05:11je désignerai un gouvernement issu de la majorité qui aura choisi
05:16le nouveau ou la nouvelle Présidente de l'Assemblée nationale.
05:20C'est un sacré risque qu'il prend. Parce que si André Chassaigne est élu demain,
05:25le Président de la République n'aura pas d'autre choix que d'appeler, et c'est normal dans une démocratie,
05:30le groupe qui est arrivé en tête aux élections législatives,
05:33et le groupe qui a remporté l'élection au perchoir.
05:37Je voudrais entendre mes collègues. Amantine Attalaya.
05:40Je voulais vous demander, à l'inverse, si André Chassaigne demain ne gagne pas,
05:44si la gauche n'emporte pas la présidence de l'Assemblée nationale,
05:46est-ce que vous pensez qu'il faut continuer à discuter d'un non à Matignon,
05:50pour la gauche, où ça clôt le débat et vous n'êtes plus appelé à gouverner,
05:54puisque le centre de gravité de l'Assemblée nationale est ailleurs ?
05:57C'est ce qu'a dit le Président de la République, mais encore une fois,
06:00le Président de la République dit des choses, et jusqu'à preuve du contraire,
06:03il a été plutôt contredit par les Françaises et les Français,
06:06mais moi je ne recule pas devant l'obstacle, ni devant la difficulté.
06:11Et quoi qu'il se passe, demain, et même si j'espère une victoire d'André Chassaigne,
06:17nous aurons quand même à présenter devant les Françaises et les Français
06:21une candidature pour Matignon, et ensuite, charge au Président de la République
06:25de l'appeler à former un gouvernement pour diriger ce pays.
06:29Mais vous aurez à quelle échéance ?
06:31Marine Tondelier disait, si on ne se dépêche pas, on va finir par avoir Laurent Wauquiez.
06:37Elle a raison.
06:38Il y a urgence ?
06:39Elle a raison, je pense qu'il est urgent de discuter.
06:41On a montré qu'on en était capable.
06:43Pardonnez-moi, mais vous n'auriez pas parié, ni les uns ni les autres,
06:47un copec sur le fait qu'on puisse s'entendre déjà sur le perchoir.
06:51Marine Tondelier a raison de dire que maintenant, il faut se dépêcher.
06:56Et j'ai toujours dit pareil.
06:57C'est-à-dire que, certes, c'est compliqué, j'ai surtout raconté,
07:01et je crois surtout qu'on est dans une situation institutionnelle extrêmement complexe,
07:06qui est une situation de blocage.
07:07On ne veut pas le voir, ce n'est pas très à la mode de le dire,
07:10mais je crois que la Ve République est épuisée.
07:12Elle montre aujourd'hui un spectacle, pas uniquement les politiques,
07:16des institutions qui n'arrivent plus à répondre,
07:18parce que la Ve n'est pas faite pour fabriquer du compromis parlementaire.
07:22On voit la difficulté.
07:23Elle n'est pas faite non plus pour faire des contrats de gouvernement.
07:26Les pays qui ont des institutions qui leur permettent de le faire,
07:29nos voisins par exemple, les Allemands, les Italiens, les Espagnols,
07:33qui ont cette tradition de fabriquer un compromis gouvernemental,
07:36un contrat de gouvernement, eux, mettent des mois pour le faire,
07:40alors que c'est inscrit, si j'ose dire, dans les gènes de leur constitution.
07:43Nous qui n'avons rien depuis 1958 pour faire ça,
07:47nous qui n'avons construit aucun parti susceptible de le faire,
07:50nous serions sous injonction d'aller vite.
07:53Là où Marine Tendelier a raison, c'est que c'est le Président de la République
07:57qui va accélérer le tempo, c'est lui qui va vouloir aller vite,
08:01alors qu'il faudrait du temps pour que les choses puissent se construire.
08:04Mais les électeurs aussi ont des attentes.
08:07Mais ils ont raison, et je ne vous dis pas qu'il faut faire le contraire.
08:09Permettez-moi d'aller au bout.
08:10Et je vous l'ai dit, moi, je pense que la méthode du consensus
08:14est majoritaire à gauche.
08:17Moi, j'ai une méthode un peu plus rapide, c'est le vote.
08:20Bon, quand j'ai dit ça, on m'a dit, écoute, tu t'exprimes trop vite
08:23sur cette question-là, parce que le vote, ça peut laisser des traces.
08:27Vous savez, quand on ne sait pas faire,
08:29quand la discussion n'arrive pas à terme en démocratie,
08:33il y a quelque chose qui est très simple, ça s'appelle le vote.
08:36Mais précisément, on va parler du vote à l'Assemblée demain,
08:39du vote sur un éventuel candidat pour le poste de premier ministre,
08:42mais déjà sur le choix d'André Chassaigne.
08:44Je voudrais comprendre comment ça s'est passé,
08:46parce qu'hier soir, on nous a dit, c'est-à-dire que les dirigeants
08:48du Front Populaire ont dit, ça y est, nous avons trouvé notre candidat.
08:51Il est désigné. Qui ? On ne savait pas. Comment ?
08:54On ne savait pas non plus.
08:55Ce matin, quand on écoutait différentes matinales,
08:57certains disaient oui, effectivement, on allait à quelqu'un.
09:00D'autres disaient non, ce n'est pas encore fait.
09:02Et là, ce soir, on nous dit, il a été désigné André Chassaigne.
09:05Pour un camp qui met en avant souvent la démocratie,
09:07la démocratie participative, j'ai une question toute simple.
09:10Qui a désigné André Chassaigne ?
09:13Est-ce que l'ensemble des députés du nouveau Front Populaire ont voté ?
09:16Demain, d'une manière.
09:17Et si oui, pourquoi ne connaît-on pas le résultat ?
09:19Et sinon, qui a décidé et en vertu de quels principes ?
09:22D'une manière absolument simple.
09:25Habituellement, on a l'habitude, notamment dans la Ve République,
09:28d'avoir des votes au canon ou pas de vote du tout.
09:30C'est-à-dire, le chef a parlé, c'est ainsi que ça se passe.
09:33Il m'est arrivé d'ailleurs de lire,
09:35puisque je suis un fidèle lecteur du Figaro,
09:37l'histoire de ce qu'a été la droite dans ce pays
09:40ou de ce qu'elle pourrait devenir ou redevenir.
09:43Elle avait un chef, c'est sa tradition gaulliste,
09:46qui disait, voilà comment ça va se passer.
09:48Et c'est ainsi que ça se passait.
09:49Là, ça ne s'est pas passé tout à fait de la même manière.
09:51Ça s'est passé comment ?
09:52De la manière la plus simple du monde.
09:53C'est-à-dire que chaque président de groupe a été voir ses députés.
09:57Chacun a fait valoir des arguments,
10:00disant voilà, il peut y avoir des candidatures.
10:02Chaque groupe, elles étaient plus ou moins légitimes.
10:04La méthode qui a été choisie a été de dire
10:07qui est le meilleur pour pouvoir l'emporter.
10:10Et il se trouve que c'est André Chassaigne qui s'est imposé.
10:12Mais qui a dit que c'était le meilleur ?
10:14Mais c'est les députés eux-mêmes.
10:15Les députés eux-mêmes, les députés socialistes,
10:19évidemment se sont dit, pourquoi pas Boris ?
10:22Parce que c'est normal, Boris Vallaud, il est notre président de groupe.
10:24Mais en effet, André Chassaigne est quelqu'un
10:27qui peut dignement nous représenter,
10:29qui peut surtout être un excellent président de l'Assemblée nationale.
10:32Est-ce qu'il s'est dit ?
10:34Il y a eu un vote, exactement.
10:36Je ne suis pas député.
10:39Je suis capable de vous répondre.
10:40Mais on nous parle de transparence, de démocratie.
10:42Là, on ne sait pas comment ça s'est vraiment déroulé.
10:44Je comprends que vous vouliez me poser cette question.
10:47Je comprends que la cuisine vous intéresse beaucoup.
10:49Je ne pense pas que les Français ça les intéresse.
10:50Non, ce n'est pas la cuisine, c'est la transparence.
10:52Je vous remercie.
10:54Et d'ailleurs, assistez d'ailleurs auprès de vos interlocuteurs
10:56pour leur demander la même chose.
10:58Encore une fois, de comment ça s'est passé
11:00ou de comment ça ne s'est pas passé,
11:01je pense qu'il n'y a personne qui sort de là en pleurant,
11:03en disant, ça a été terrible.
11:05Vous avez tout le monde qui est content.
11:06Vous avez tous les députés qui sont contents.
11:08Évidemment, il peut y avoir des esprits chagrins
11:10chez les journalistes, chez les commentateurs,
11:12chez les députés.
11:13Non, j'ai compris que vous étiez ravi.
11:14Mais en tout cas, il y a aujourd'hui un candidat
11:17qui est un bon candidat
11:19et qui correspond à ce dont on a besoin.
11:21Il y a, pardonnez-moi, je vais au bout,
11:23une situation qui est dure, qui est compliquée.
11:26André Chassaigne, c'est un rock.
11:28André Chassaigne, il porte avec lui
11:31l'histoire parlementaire de ce pays,
11:33l'histoire de la République.
11:35Il porte avec lui un certain esprit
11:37de cette République.
11:38Et c'est ça qui compte ce soir.
11:40Je voulais terminer en vous faisant réagir
11:42à un chiffre.
11:43Notre sondage est là.
11:4466% des électeurs du Nouveau Front Populaire
11:47qui trouvent que c'est trop long
11:48concernant le Premier ministre.
11:49À ces 66%-là, vous dites quoi ce soir ?
11:53Mais qu'ils ont raison.
11:55Mais au-delà de ça, comment on sort de l'ornière ?
11:57C'est l'idée du vote ?
11:58En politique, ou on se répète,
12:00ou on se contredit.
12:02Je préfère me classer dans la première partie.
12:04Et donc, je pense qu'en effet,
12:06c'est très compliqué puisque ça n'est pas
12:08notre habitude démocratique
12:09et qu'on ne peut pas inventer une histoire
12:11comme ça du jour au lendemain,
12:12mais que dans la situation actuelle,
12:14parce qu'il faut aller vite
12:15et parce que je crois que ce que nous portons
12:17pour les Françaises et les Français
12:19est essentiel.
12:20Il faudra, si nous ne le trouvons pas
12:22dans les jours qui viennent de candidature,
12:24en venir au vote.
12:25Ce n'est pas très grave de voter.
12:27Ça s'appelle la démocratie.
12:28Merci beaucoup.
12:29Merci Benoît Payan d'avoir été en direct avec nous.

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