• il y a 5 mois
Hélène, surnommée “l’ange gardien des sans-abris”, aide depuis 15 ans les personnes à la rue. L’aide-soignante a commencé par leur préparer des sandwichs, avant de s’investir bien davantage, jusqu’à vivre dans la rue 3 jours pour comprendre leurs difficultés. Hélène a même reçu l’ordre national du Mérite, décerné par le président de la République.

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Transcription
00:00Il y avait un bol avec de l'eau pour les chiens.
00:02J'étais prête à boire dedans tellement que j'avais soif.
00:05Même pour une bouteille d'eau, je ne demandais pas d'argent,
00:06mais je demandais de l'eau et on me refusait.
00:16On m'a appris chez moi qu'il faut toujours tendre la main.
00:19Un jour, je vais sur l'île, je vois plein de sans-abri.
00:21Je me suis dit, ça serait bien qu'on leur prépare des sandwichs
00:24la prochaine fois qu'on vient.
00:25Il neigeait, il faisait froid, donc ils étaient tous dans la gare.
00:29Et là, j'ai commencé à distribuer des boissons, des chocolats.
00:32Je me suis dit, la prochaine fois, on reviendra,
00:34on fera dans la rue, on leur explique et tout.
00:36Donc après, ça a commencé comme ça avec des collègues
00:39et ça fait 15 ans maintenant.
00:48Je me suis dit, il ne faut pas que je m'arrête
00:49à une distribution alimentaire,
00:51il faut vraiment que je me mette dans leur peau pour mieux les comprendre.
00:54Je pars sans argent, sans rien, au même titre qu'eux, comme une expulsée.
00:58Comme je suis séparée, j'ai profité que mes enfants étaient partis
01:00chez leur papa, donc je ne leur ai pas dit pour ne pas leur faire peur
01:03parce qu'ils sont jeunes.
01:04Je me sens seule.
01:05Je marche énormément et là, j'observe le regard des gens.
01:09En fait, on est invisible.
01:11Personne ne nous regarde, ils sont tous sur une terrasse
01:13en train de boire un verre et nous, on est là, on attend.
01:17La première nuit, je me dis que je vais dormir rue Solferino
01:21parce qu'il y a la pharmacie qui est ouverte jour et nuit.
01:24Je me dis, je vais dormir là et je serai peut-être en sécurité.
01:26Et pas du tout.
01:27Il y a plusieurs barres, il y a de la violence.
01:31J'ai peur, on m'embête.
01:33On veut prendre mon sac alors qu'il n'y a rien dedans.
01:35Il n'y a que quelques vêtements.
01:36Donc là, je me lève et je continue à marcher toute la nuit.
01:39Peu, je m'éloigne parce que je me dis que je ne suis pas en sécurité
01:41sur l'île en tant que femme et je ne connais pas d'endroit pour me cacher.
01:46Pour moi, c'était important de faire ça parce que c'était les aider.
01:49Si je ne fais pas cette expérience-là, si je ne monte pas sur les réseaux,
01:53il n'y a rien qui va changer pour eux.
01:55Les gens, ils continueront à passer et les ignorer.
02:01La personne, elle vivait sur un parking, un supermarché.
02:04En indiscrétion, ça fait combien de temps que vous êtes ici ?
02:06Il me dit, ça fait deux ans.
02:08Alors là, j'ai eu le choc.
02:09Je me dis, en deux ans, il n'y a personne qui vous aide.
02:12Dans sa voiture, je vois une machine.
02:14Comme je suis aide-soignante, je connais cette machine.
02:16C'est pour l'apnée du sommeil.
02:17Je vois qu'elle est branchée à l'allume-cigare.
02:19Je dis, comment vous faites fonctionner votre machine dans votre voiture ?
02:22Donc il me dit, quand j'ai un peu d'argent, je prends de l'essence
02:24et je démarre le moteur.
02:25Et je ne l'allume pas tout le temps
02:27parce que je n'ai pas toujours les moyens de l'allumer.
02:29Après, il m'explique qu'il avait un cancer du sein.
02:32Il a fait une dépression due à la maladie, la perte de l'emploi.
02:35Il n'a plus su payer ses factures.
02:36Il était seul.
02:37Là, on a créé une cagnotte.
02:39On a surtrouvé un logement
02:41puisque après, l'AMDBH s'est mise en place.
02:43Il avait le droit à une pension et tout ça.
02:45Aujourd'hui, il y est encore, donc tout va très bien pour lui.
02:48C'est le président de la République qui nomme des personnes
02:52pour avoir une reconnaissance.
02:54Je sais que le président m'a envoyé un courrier pour me nommer.
02:57Quand j'appelle, on m'explique comme quoi.
02:59Je suis nommée chevalier de l'Ordre national numérique.
03:02Est-ce que j'accepte ?
03:03Donc là, je dis non.
03:05Il y a tellement d'associations qui oeuvrent
03:07et tellement de personnes qui oeuvrent dans l'ombre.
03:09Pourquoi moi, avec réflexion, j'ai accepté ?
03:12Et comme je dis, ce n'est pas que ma médaille,
03:13c'est la médaille aussi de tous les gens.
03:15Sans eux, cette médaille, je ne l'aurais pas eue.
03:17C'est la médaille de tous.
03:20Faire le premier pas, je comprends que c'est compliqué.
03:22On a un peu peur de leur comportement,
03:24de comment ils vont réagir.
03:25Mais en fin de compte, c'est des personnes comme vous et moi.
03:28On est une famille, on est des amis, c'est mes amis de la rue.
03:31Je ne les lâcherai pas, je ne les laisserai pas tomber.
03:33Je me dis qu'on est tous capables de tendre la main.
03:45Sous-titrage Société Radio-Canada

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