• il y a 4 mois

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00:00C'est une maison couleur ocre au pied de la colline sur laquelle trône la mairie de
00:25la ville.
00:26Depuis longtemps, on en a fermé les portes, clos les volets.
00:32Cette maison est restée debout parce qu'elle doit raconter l'histoire.
00:39Mais laquelle au juste ? Celle de l'homme auteur presque déjà éculé dans les médias
00:47ou celle de l'œuvre, Fils de Prélat, le roman d'une vie ?
00:52Il a écrit ça ici à Obala, je ne savais pas qu'il avait d'autres projets, mais je l'ai quand même vu écrire le livre.
00:59Et dans ce livre, il a mis le nom de tous ses frères.
01:02Fils de Prélat, d'abord je l'ai écrit quand j'étais en classe de terminale, donc je ne pourrais jamais imaginer que j'allais avoir ce parcours.
01:15La maison couleur ocre à Obala est le berceau du roman.
01:21Le roman, lui, est le récit d'une vie.
01:29Les Frères d'Armes, ici ceux qui ont connu Armand-Claude avant la lumière des projecteurs cathodiques,
01:36avant que ne sonnent les trompettes de la renommée, ont un détail révélateur sur le premier titre imaginé par l'auteur.
01:46Il avait appelé ça « Les abattus d'Abama-Claude ». Il est venu me donner ça à Quadli aussi.
01:54Cette histoire a un début, pour lequel elle nous fait voyager, prendre la route.
02:02Je sais qu'on est partis comme si on se rendait en Balmaïo.
02:07Et puis, la grosse indication sur la droite.
02:11Quelques paquets de minutes plus loin, nous tombons sur ce patriarche petit, homonyme de l'autre, confident aussi.
02:22C'est ici qu'Armand-Claude Abanda a ses racines.
02:26C'est vrai que la naissance d'Armand, la grossesse de la maman d'Armand, qui est ma grande soeur, a été prise comme un scandale dans la famille.
02:41Parce que ma soeur, elle était jeune.
02:44Elle suscitait beaucoup d'espoir, parce qu'elle est une élève brillante.
02:50Et lorsqu'il a été su qu'elle était enceinte, ça a été une désolation, une grosse déception chez mon père.
03:03Quand il est né, j'étais élève au lycée technique commercial de Garçon.
03:07Je faisais la comptabilité à Yaoundé.
03:10Voilà donc que je conçois, et je n'ai pas pu terminer l'année.
03:17Certains de mes camarades m'ont demandé de ne pas perdre l'année, de sacrifier l'enfant.
03:26J'ai vu que ce n'était pas bien.
03:29Bon, je suis parti de l'internat trouver mon père au village. Il était très fâché.
03:34Ce départ dans la vie n'est pas l'entame idéale.
03:39Le petit Armand va rapidement développer ce que certains parmi les parents prendront pour de l'espièglerie.
03:48Il ne file pas doux, comme tous les enfants de son âge.
03:52Il obéit lentement, pour peu qu'il ne comprenne pas pourquoi il doit le faire.
03:58Cela lui vaudra quelques punitions.
04:00La chicotte, ça vous forme un petit don.
04:05Ça forge aussi du caractère, chez ceux appelés à briller.
04:12L'appel de l'école va être entendu, puis accepté.
04:18Le parcours est toutefois assez perturbé.
04:22Armand-Claude est un enfant des voyages et affectation des parents.
04:28Il est l'enfant qu'on se passe et se repasse.
04:33Maman, trop jeune et mère déjà, doit s'autonomiser.
04:38Pour elle, c'est l'exil en Konsamba, sans son fils,
04:44qui va ainsi connaître misères et grandeurs d'un élève interne de l'école primaire.
04:50Ça se passe à Ongvan.
04:52C'est vrai qu'Armand a habité à plusieurs endroits,
04:59du fait que sa mère s'est marrée.
05:05Et tous ces passages,
05:10tous ces passages,
05:13tous ces passages,
05:17et tous ces passages
05:23ont marqué l'enfant,
05:26parce que la vie n'a pas été très très facile.
05:31Ce qui fait qu'à un moment, sa mère l'a enlevé
05:35et allait le mettre dans un internat à Ongvan.
05:39Ses camarades d'internat sont connus,
05:42qui rapportent que l'un des passe-temps favoris du jeune homme,
05:46c'est de singer les anciens.
05:48Il peut se le permettre.
05:50Les notes scolaires sont bonnes.
05:54Outre les déménagements réguliers
05:57et les changements d'établissements subséquents,
06:00c'est un cursus lisse, sans accroc,
06:03si ce n'est les dispositions déjà décelées au leadership
06:07et à ne pas toujours marcher dans les clous.
06:11Armand-Claude n'aime pas faire les choses comme tout le monde.
06:17Ce projet curieux pour un étudiant en première D,
06:21donc un scientifique,
06:23que d'écrire un roman.
06:25Nous sommes deux scientifiques.
06:27Comment un scientifique écrire un livre ?
06:29Puisque les livres, c'est pour les littéraires.
06:41Fils de Préla est né dans cette ville d'Obala.
06:45Il a germé dans l'esprit fertile d'un adolescent
06:48qui n'avait pas que ça à faire.
06:51L'élève Armand-Claude Abanda, de première D, au lycée de la ville,
06:55est un touche-à-tout.
06:58A Dieu ne plaise,
07:00c'est avec un certain bonheur
07:02qu'il choisit ses chances d'étudier.
07:04C'est ce qu'il veut.
07:06C'est ce qu'il veut.
07:08C'est ce qu'il veut.
07:10Il les challenge et les accomplit.
07:14Au lycée d'Obala,
07:1623 promotions plus tard,
07:18les traces demeurent.
07:22Au lycée d'Obala,
07:24j'ai mené
07:27un projet
07:29de mise en place d'une pépinière
07:31de 40 000 plants de cacao
07:33pendant que j'étais présent à la coopérative.
07:36J'ai mené d'autres projets,
07:38culture,
07:41un certain nombre d'actions
07:43agro-pastorales
07:45qui nous ont
07:47donné la prétention
07:49qu'on pouvait peut-être gagner
07:51le prix national de travail manuel.
07:53Effectivement, nous avons
07:55monté le dossier
07:57au lycée d'Obala,
07:59évidemment sous la conduite de feu
08:01du professeur Enam Eloundou.
08:03Et nous avons remporté
08:05le prix national de travail manuel cette année-là.
08:07C'était en 1989.
08:08Nous avons remporté
08:10pour ce prix la somme
08:12de 500 000 francs CFA.
08:14Et pour réaliser quelque chose
08:16qui devait
08:18assurer
08:20une certaine pérennité,
08:22nous avons pensé
08:24à réaliser
08:26un terrain de basketball.
08:28J'ai eu d'ailleurs le plaisir
08:30aujourd'hui de visiter
08:32ce terrain qui est encore là.
08:34Les panneaux sont là,
08:36le béton, tout ce qui avait été fait
08:38à l'époque.
08:40Je suis fier
08:42d'avoir réalisé
08:44un tel ouvrage étant élève.
08:46Une grande fierté de savoir
08:48que M. Amankou Dabanda
08:50a été élève ici
08:52et son passage jusqu'à ce jour
08:54a laissé des traces.
08:56Vous savez, il a été présent
08:58à la coopérative ici.
09:00Il a été un élève
09:02de classe de terminale.
09:04Mais pour Obala,
09:06tout au moins pour cette première partie
09:08est un moment qui nous intéresse.
09:10Tout ce que je lui ai dit,
09:12c'est que bon,
09:14si j'étais à ta place,
09:16je ne m'étais pas à Bamako
09:18parce que très vite,
09:20on devait savoir que c'est toi.
09:22Tout ce que je lui ai dit,
09:24l'histoire est pathétique.
09:26Ça donne des larmes aux yeux, Claude.
09:28J'avais, il faut le dire sincèrement,
09:30écrit « Fils de prélat »
09:32dans l'optique de raconter
09:34l'histoire d'un enfant
09:36qui cherche son père.
09:38C'était également mon géniteur
09:40et qui était mon géniteur.
09:42Et bon,
09:44mais je rassure vous,
09:46ce géniteur n'est pas un prélat.
09:48Le manuscrit est rédigé.
09:50Les études n'en payent aucun prix.
09:53Le jeune homme est multitâche.
09:57À Obala,
09:59il a laissé le terrain de basket
10:01et la pépinière de cacahuiller.
10:03Au collège Vogue,
10:05une autre étape charnière va se jouer.
10:08Un autre tournant décisif.
10:10Le privilège du neveu d'un encadreur.
10:15Lorsque je passais en terminale,
10:18il m'avait accordé
10:22l'organisation des cours de vacances
10:25au collège Vogue.
10:27Et mon neveu,
10:29étant admis au concours d'entrée en sixième,
10:32je lui ai offert une place
10:34pour les cours de vacances.
10:36Il m'a confié plus tard
10:38et il a pris le goût des mathématiques.
10:42Armand Clodabanda
10:44n'a pas tout de suite rallié les rangs
10:46et la profession
10:48qu'il a fait star
10:50trente ans plus tard.
10:52Les chemins tortueux de la vie
10:54ont conduit ses pas ailleurs.
10:57La maison voisine tout compte fait.
11:01L'enseignement secondaire au collège Stency.
11:04C'est toujours Obala
11:06où nous revenons cette mi-journée.
11:09Les cours sont en cours.
11:12Ici,
11:14c'est toujours un plaisir
11:16d'accueillir le collègue d'hier.
11:18Très heureux de revenir au collège.
11:20Dans mon ancien collège,
11:22j'ai enseigné pendant quatre ans.
11:24Vraiment, ça fait beaucoup d'émotion
11:26de revenir ici.
11:28Le collège Stency
11:30revêt aussi un caractère particulier pour moi
11:32parce que c'est là où j'ai eu
11:34le premier emploi de ma vie
11:36dont j'ai été recruté
11:38pour ça de mathématiques.
11:40Et il faut dire que pendant
11:42quatre années de ma vie,
11:44j'y suis resté.
11:46J'ai de très bons souvenirs
11:48de ce beau collège confessionnel également
11:50qui, à l'époque, n'avait que des élèves
11:52de sexe féminin.
11:54Et je pense qu'aujourd'hui,
11:56je suis bien content de voir
11:58que le collège est devenu mixte.
12:00Il y a des garçons et des filles.
12:02J'aime bien enseigner.
12:04Lorsque j'étais au collège Stency,
12:06j'étais fier
12:08des 54.000 francs par mois
12:10que j'ai gagnés.
12:12J'étais heureux parce que
12:14l'environnement était paisible.
12:16Les sœurs nous encadraient bien.
12:19Elles nous donnaient à manger
12:21de temps en temps.
12:23M. Armand-Claude Abbanda
12:25arrive au collège Stency
12:27en 1989,
12:29recruté par
12:31Sœur Denise Cornaton,
12:33française,
12:35et travaille jusqu'en 1993.
12:37Avec Sœur Antoinette Ongene,
12:39camerounaise,
12:41comme enseignante de mathématiques,
12:43c'est un très bon souvenir.
12:45Les photos que nous avons ici
12:47constituent les traces qu'il a laissées.
12:49Et non seulement les photos,
12:51nous avons aussi beaucoup de souvenirs
12:53de sa personne,
12:55des témoignages de ses collègues
12:57qui sont encore là dans la maison.
12:59M. Armand-Claude Abbanda
13:01était mon professeur de mathématiques
13:03en 6e C.
13:04Vous voyez la deuxième salle.
13:06Il nous a marqués
13:08parce que quand on arrivait au collège,
13:10on nous appelait les Bleus
13:12et puis on avait peur
13:14des mathématiques.
13:16Mais lui, il a su nous donner
13:18l'amour des maths.
13:20M. Armand-Claude arrive
13:22un an après moi.
13:24Il est enseignant de mathématiques,
13:27très ambitieux,
13:29très travailleur,
13:31très jovial,
13:32nous avons passé
13:34une bonne collaboration
13:36pendant les quatre ans
13:38qu'il a fait avec nous.
13:40Il nous laisse en 1993
13:42quand il réussit
13:44au concours de l'IAI.
13:46Les visites chez ses employeurs
13:48d'antan
13:50sont toujours un moment chaleureux.
13:56Armand-Claude
13:58n'hésite pas alors
14:00à repartir dans ses salles
14:02de classe
14:04où il professait les maths.
14:06Ce vieux bâtiment que vous voyez là,
14:08c'était à l'époque l'unique bâtiment
14:10de l'établissement.
14:12Beaucoup de très grandes dames
14:14de ce pays ont étudié
14:16dans ces salles de classe.
14:18Je suis toujours très fier
14:20quand certaines de ces grandes dames
14:22me rencontrent.
14:24Bonjour monsieur,
14:26je suis votre élève,
14:28vous m'avez enseigné
14:30en troisième,
14:32vous êtes là.
14:34Oui, oui, je suis là.
14:36Nous avons la sixième A,
14:38nous entrerons en sixième B.
14:49Bonjour les enfants.
14:51Bonjour monsieur.
14:54Comment ça va?
14:56Ça va bien monsieur.
14:58Asseyez-vous.
15:02Oh là là,
15:04vous allez me faire pleurer.
15:06Pourquoi?
15:08Mais parce que j'ai beaucoup d'émotion.
15:11J'ai enseigné dans cette classe
15:13il y a beaucoup d'années aujourd'hui.
15:15C'est ici où j'ai eu
15:17mon premier contrat de travail.
15:19C'est là où j'ai eu mon premier boulot.
15:21Dans ma vie, c'est ici que j'ai commencé.
15:24Quatre ans, c'est le temps passé
15:26à tenir la craie ici.
15:28A feuilleter les pages jaunes
15:30du Cameroun Tribune aussi.
15:32À l'affût d'un concours lancé.
15:35Et cela va arriver,
15:37à force d'y croire.
15:39C'est le concours
15:41de l'Institut Africain d'Informatique,
15:43IAI.
15:45Je suis parti
15:47parce que d'abord j'avais été reçu
15:49au concours de l'école de gestion
15:51de l'Université catholique.
15:53Après un mois de cours,
15:55j'ai eu le concours de l'IAI,
15:57Libreville,
15:59où,
16:01après un concours très sélectif
16:03avec des milliers de candidats,
16:05nous étions quatre par pays.
16:07Quatre par pays simplement
16:09à être reçus.
16:11Il y avait moi,
16:13il y avait Ginkem,
16:15Oumar Oumamad,
16:17qui est à l'ABEAC aujourd'hui,
16:19et Tienche,
16:21qui doit être en France.
16:23Il se trouve que quand on passe
16:25le concours de l'IAI Gabon,
16:26je l'accompagne à l'aéroport
16:29et il doit embarquer pour Libreville.
16:31Ils étaient deux,
16:33un de ses camarades et lui,
16:35et
16:37ils ont trouvé que
16:39les enregistrements étaient terminés.
16:43C'était pour lui
16:45et s'il ratait cette occasion,
16:47déjà le billet,
16:49je ne sais pas s'il était récupérable, etc.
16:51Donc il a fallu que
16:53j'aille voir le chef d'escale
16:54de Air Gabon
16:56pour négocier.
17:00Le vol étant déjà fermé,
17:03heureusement pour lui,
17:05il nous a accordé cette opportunité
17:07d'embarquer les deux.
17:11Les routes mènent au pays,
17:13les pays au continent.
17:16La route de l'IAI
17:18est aussi celle de l'exil
17:20à Libreville.
17:21Il suffit de passer le pont,
17:23comme dit la chanson.
17:26L'histoire ne dit pas
17:28comment s'est déroulée la scolarité,
17:30juste ce fait d'armes.
17:32Il y a eu arrêt de cours
17:34parce qu'il y avait six mois
17:36d'arrêt de salaire.
17:38Comme ça commençait à durer,
17:40j'ai tout fait
17:42pour convaincre
17:44la direction générale.
17:46C'est donc à ma job
17:48à qui je propose
17:49de me laisser partir au Cameroun
17:51pour aller tenter
17:53de débloquer quelque chose.
17:55J'ai essayé de tout faire
17:57pour qu'on me donne l'accès
17:59à rencontrer le Premier ministre
18:01en tant que représentant
18:03des étudiants de l'IAI à Libreville.
18:05Ça n'a pas été possible
18:07et j'ai décidé d'aller
18:09à la résidence du Premier ministre.
18:11J'étais assis sur un papin
18:13et je me suis levé
18:15et j'ai fait des grands signes
18:17de la main.
18:19Je lui ai dit simplement
18:21que c'est très grave à Libreville.
18:23Monsieur le Premier ministre m'a reçu.
18:25C'était le Premier ministre
18:27Simon Achidiachou,
18:29à qui j'ai expliqué
18:31les difficultés que nous avions là-bas.
18:33Il a tout de suite appelé
18:35le ministre des Finances de l'époque.
18:37C'était monsieur Antoine Thimi
18:39à qui il a demandé
18:41de me recevoir le lendemain.
18:43Lorsque j'appelle par une cabine téléphonique,
18:45j'entends des cris,
18:47des cris de joie.
18:49Je me dis qu'il y a 25 millions
18:51qui viennent d'être débloqués
18:53par le Cameroun pour l'IAI,
18:55au profit de l'IAI.
18:57Quand j'arrive à Libreville,
18:59je suis accueilli en héros
19:01par tout le personnel de l'IAI,
19:03les étudiants.
19:05Armand Clodabanda,
19:07sorti de l'IAI,
19:09va travailler un moment au Gabon.
19:11Patron du tout nouveau
19:13pool informatique
19:15de l'hôtel intercontinental
19:17de Libreville.
19:19Comme homme d'appareil,
19:21mais c'est faire fi
19:23de ce qui est l'ADN chez lui.
19:26Chaque étape franchie
19:28donne de la suite aux idées.
19:31Il va se dire
19:33que l'IAI, sa maison formatrice,
19:35mérite un destin plus grand.
19:39Il a déjà réussi
19:41à ramener le Cameroun
19:43dans l'ogiron des contributeurs financiers
19:45au fonctionnement de l'école.
19:49Pourquoi pas une résidence
19:51IAI carrément au Cameroun ?
19:53Je me suis dit que
19:55pour que je puisse travailler au Cameroun,
19:57il faut que je démissionne
19:59d'intercontinental pour aller travailler à l'IAI,
20:01dont le Cameroun est un pays membre.
20:03C'est comme ça que je suis allé à l'IAI,
20:05j'ai démissionné d'intercontinental.
20:07Le docteur Brahim Adama Falma,
20:09qui était directeur,
20:11m'a recruté.
20:13Quelques temps après,
20:15en fouillant un peu la paperasse,
20:17je me suis rendu compte
20:19qu'en 11 à 4 l'année,
20:21l'ancienne personne de Jamena,
20:23en son article 9,
20:25prévoyait déjà
20:27que des représentations pouvaient être créées.
20:29C'est à ce moment-là que je suis allé voir
20:31Brahim Adama Falma,
20:33je lui ai dit que c'est possible
20:35de créer un Cameroun.
20:37Il a dit qu'il fallait avoir l'accord
20:39de notre ambassadeur,
20:41Jean Kwentunga,
20:43qui est actuellement ambassadeur au Sénégal.
20:45Il nous a soutenus,
20:47nous avons écrit.
20:49Nous sommes très au accord.
20:51C'était le début d'une nouvelle aventure.
20:53Du livre de ces soirées-là,
20:55on ne parle pas.
20:57Abanda rentre au Cameroun
20:59à la cloche de bois.
21:02L'histoire des hommes célèbres
21:04comporte souvent des épisodes
21:06légendaires.
21:08Pour Raymond-Claude Abanda,
21:10c'est ce retour au Cameroun
21:12avec 3500 francs
21:14en tout,
21:16en poche,
21:17en capital
21:19et intérêts réunis.
21:21Quelle anecdote !
21:23Quelle image !
21:25Nous étions à l'université de Yaoundé.
21:27A l'époque, c'était la seule université
21:29qu'il y avait au Cameroun.
21:31Mais lui, il avait disparu comme ça.
21:33Nous, on continuait nos études,
21:35on a eu la licence.
21:37C'est quand j'étais en licence
21:39ou en maîtrise,
21:41qu'on nous dit qu'Abanda est venu du Gabon
21:44avec une école qu'il a installée
21:45là-bas, au Kradat.
21:48Je suis arrivé au Cameroun
21:50à l'aéroport de Semalen avec ma famille
21:52avec 3500 francs CFA.
21:54Et par la suite,
21:56j'ai dû louer à crédit
21:58un studio au Kradat
22:00pour démarrer l'IAI.
22:02Il y avait eu un certain nombre de réunions
22:05et beaucoup de gens pensaient
22:07parmi lesquels moi,
22:09que l'IAI
22:11était
22:13mieux à Douala
22:16qui est le centre des affaires.
22:20Et lui, il estimait que c'était Aoundi.
22:23Et aujourd'hui, on peut constater
22:25qu'il a eu raison.
22:29La suite de l'aventure
22:31est une synergie de bonnes actions
22:33par des personnes
22:35pas nécessairement connectées à la base.
22:38L'IAI doit et va vivre
22:41à chaque petite main
22:43sa contribution.
22:45La Chine est le seul pays
22:47où on a lancé une opération d'envergure
22:50qui fait qu'aujourd'hui,
22:52on a 600 000 personnes formées à l'informatique.
22:54Alors, ce ne sont pas tous
22:56des ingénieurs techniques
22:58ou des ingénieurs d'études
23:00en informatique,
23:02mais ce sont des gens qui ont reçu
23:04au moins 40 heures de formation en informatique.
23:06C'est-à-dire, pour lesquels
23:08il n'y a plus d'appréhension
23:10quand les nouvelles technologies arrivent,
23:12quand la numérisation arrive,
23:13c'est la révolution
23:15que Armand a initiée dans ce pays.
23:17Quand l'UNESCO décide
23:19de venir installer une chaire
23:21de l'UNESCO à l'IAI Cameroun
23:23dirigée par Armand Clodabanda,
23:25bien sûr que c'est inspirant.
23:27La créativité est toujours inspirante.
23:29Cela a été difficile.
23:31Nous avons pu squatter
23:33les locaux du Granat
23:35pendant plusieurs mois,
23:37à peu près 6 à 7 mois.
23:39J'ai pu avoir un bureau à crédit,
23:41un deuxième bureau à crédit.
23:43Je n'avais pas le choix.
23:45D'autant plus que le Granat,
23:47le centre régional de l'administration du travail,
23:49qui nous abritait,
23:51avait un statut diplomatique
23:53exactement comme l'IAI.
23:55Cela tombait très bien.
23:57Après, on est partis de là.
23:59Après que le ministre Roger Mélingui
24:01soit venu nous soutenir,
24:03parce que les gens nous prêtaient
24:05des intentions de femmes,
24:07on n'y croyait pas beaucoup.
24:09C'est quand le ministre Roger Mélingui est arrivé
24:11et a dit ce qu'il fallait,
24:13qu'il s'est rendu compte
24:15que j'étais représentant
24:17un résident de l'Institut africain de l'informatique.
24:21Nous avons loué un appartement
24:27du côté de Kaafu-Jamo.
24:29Ensuite, nous avons eu
24:31une concession plus grande
24:33du côté de Dragage.
24:35C'est là que m'est venue l'idée
24:37de souhaiter au chef de l'État
24:39de demander le don d'un campus.
24:41Le chef de l'État avait marqué
24:43un très haut accord.
24:45Le campus a été construit
24:47sur une surface de 5 hectares.
24:49Aujourd'hui, l'IAI est vraiment
24:52majestueusement installé
24:56sur la belle colline de Goulanga.
24:58Les étudiants en sont tous très fiers.
25:00Dans ma réflexion de PCA de l'IAI,
25:05je suis plutôt arrivé à des conclusions
25:07de fermeture de l'établissement inter-État
25:09qui ne va pas si mal que ça,
25:15mais qui ne va pas bien
25:17parce que cet établissement
25:19qui regroupe 11 États
25:21continue de former
25:23300 ingénieurs informatiques par an,
25:25ce qui est très largement insuffisant.
25:29Au même moment,
25:31en 2007-2008,
25:33l'Inde compte 1 500 écoles
25:35d'ingénieurs informatiques.
25:37La seule Inde.
25:39C'est une orientation de fermeture
25:41de l'établissement
25:43quand je découvre à Yaoundé
25:45l'opération 100 000 femmes
25:47qui change tout.
25:49Voilà une nouvelle approche
25:52qui dit qu'il faut populariser,
25:56diffuser les TIC dans les populations
26:00et tous azimuts.
26:02Ça change ma réflexion,
26:05ça change les conclusions
26:07auxquelles je suis arrivé,
26:09c'est-à-dire à nouveau exposer
26:11au président de la République,
26:13Omar Bongo Ndimba,
26:15qui avait déjà reçu le projet
26:17d'éventuelle fermeture de l'IAI
26:21et qui nous dit
26:23si vous pensez que,
26:25justement, avec cette opération
26:27complémentaire qui complète
26:29les enseignements traditionnels
26:31et institutionnels de l'IAI,
26:33cet établissement a encore
26:35une vie devant lui,
26:37faites-le et c'est ce que nous avons fait
26:39dans nos relations avec Armand.
26:50Les années IAI
26:52sont celles de la résurrection
26:54de fils de prélats.
26:56On a laissé un manuscrit
26:59au titre encore hésitant
27:02dix ans derrière.
27:04On retrouve un roman abouti
27:07qui parcourt le monde
27:09car des pérégrinations
27:11de son auteur
27:13rencontrant un franc succès
27:15ici et là.
27:17Tout récemment encore,
27:19à Libreville,
27:21en mai 2022,
27:24fils de prélats a remporté
27:26le prix FILEGA
27:28pour l'éducation en Afrique.
27:30Dans le passé également,
27:32fils de prélats a eu à
27:34être invité dans plusieurs
27:36salons du livre,
27:37des salons d'Abidjan,
27:39de Dakar, de Brazzaville,
27:41etc.
28:08C'est un globe-trotter,
28:10ce monsieur.
28:12C'est aussi un père,
28:14un grand-père
28:16qui des fois se pose
28:18et savoure les plaisirs simples
28:20d'une existence,
28:22de tout nouveau papy,
28:24un nouvel apprentissage.
28:32Quand va-t-il donc s'arrêter,
28:34Armand Clodabanda ?
28:35Il semble que le ciel
28:37et les étoiles
28:39soient la seule limite
28:41qu'il s'autorise,
28:43qu'il reconnaisse
28:45lui, ouvrier
28:47et esclave
28:49des TIC.
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