Au coeur de Paris 2024, épisode 1

  • il y a 3 mois
C’est toujours la même chose… Aux Jeux, juste avant la compétition, il est toujours question du plâtre mal essuyé, des sujets qui fâchent et de la cérémonie d’ouverture. Et puis tout le monde s’installe, à Paris comme à Tokyo, Rio ou Londres. Et dès les premières secondes, c’est l’intensité qui prend le pas sur tout le reste. Ce n’est pas tant le sport qui devient alors prépondérant que la radicalité des affrontements entre les athlètes, des jeunes hommes et femmes qui ont su gagner leur place et qui comprennent que ce n’est pas seulement leur carrière, mais littéralement, leur vie qui se joue dans la journée.

D'observation, il n'y en eut guère sur ce premier round qui vit Shirine Boukli et Luka Mkheidze tracer leur route jusqu'au podium, de même que les étonnants Yeldos Smetov et Tara Babulfath, parmi les héros de ce samedi 27 juillet qui promet une splendide huitaine de judo olympique à l'Arena Champ-de-Mars. Au cœur de Paris 2024, épisode 1, c'est maintenant dans le podcast Hajime de L'Esprit du Judo.

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Sport
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00:00Musique de la Marseillaise
00:30C'est toujours la même chose, au jeu, juste avant la compétition, il est toujours question
00:42du plâtre mal essuyé, des sujets qui fâchent et de la cérémonie d'ouverture.
00:47Et puis tout le monde s'installe, à Paris comme à Tokyo, Rio ou Londres, et dès les
00:53premières secondes, c'est l'intensité qui prend le pas sur tout le reste.
00:57Ce n'est pas tant le sport qui devient alors prépondérant que la radicalité des affrontements
01:01entre les athlètes, les jeunes hommes et femmes qui ont su gagner leur place et qui
01:06comprennent que ce n'est pas seulement leur carrière mais littéralement leur vie
01:10qui se joue dans la journée.
01:11Il est clair en effet que quoi qu'il se passe ensuite, être médaillé olympique
01:15ou mieux champion olympique, modifie à jamais votre destin.
01:19Au jeu, pas de tour de chauffe malgré quelques wild cards, si la journée est décisive pour
01:24leur vie d'après, le combat qui vient est la première étape de ce futur aléatoire.
01:28Tout se joue au présent.
01:30Paradoxalement, c'est le judo qui en sort gagnant.
01:33Les stratégies, les arbitres deviennent timides face à la détermination renforcée
01:38par la pression d'une salle acquise.
01:40Tokyo est émuette, Paris est incroyablement bruyante.
01:44Renforcée par le fan club d'élite à l'élé bleu qui vient donner de la voix sur chaque
01:48grand événement, le public connaisseur des judokas français et étrangers présents
01:52vibrent dans ce petit palais éphémère comme il ne vibre nulle part ailleurs sur
01:56la planète.
01:57On pouvait s'y attendre et même continuer à déplorer de ne pas avoir eu un espace
02:02à la mesure de l'énorme potentiel du judo pour rassembler les foules sur ces jeux,
02:07mais même les acteurs en sont surpris, comme nous l'explique l'entraîneur Séverine
02:11Vandenheide.
02:12À un moment je ne peux même pas lui parler tellement ça bout derrière et c'est impressionnant
02:16cette énergie qui se dégage du public.
02:18J'allais dire on a la chance de faire à l'Hôtel Accor Arena un grand slam tous
02:24les ans où il y a beaucoup plus de monde et j'ai jamais eu l'énergie qui se dégage
02:28aujourd'hui.
02:29C'est vraiment...
02:30J'ai jamais vu ça ! Voilà, c'est tout simplement énorme, il y en a de partout.
02:36Bien sûr ce sont les noms des représentants français qui font monter les décibels, mais
02:40pas seulement.
02:41On le verra, tout au long de la journée, le public a tout compris de cette compétition
02:44des Superligés et a eu ses favoris et favorites.
02:48Shirin Boukli, notre représentante en moins de 48 kilos, était l'une des benjamines
02:52de l'équipe trois ans plus tôt, elle l'est toujours, mais cette fois dans un rôle leader.
02:57La France attend beaucoup de ce premier jour et notamment de son côté, elle qui n'a
03:02qu'une seule adversaire à sa mesure, et même un peu plus, la japonaise Natsumi Tsunoda.
03:07Pour les spécialistes, son premier tour contre la turque Tukshi Beder était un peu piégeux.
03:12Elle s'applique à ne pas donner à sa rivale la possibilité d'accumuler les attaques
03:17sans préparation, mais ce n'est pas gagné face à une adversaire tout en vivacité qui
03:22la prive efficacement de son bras dominant.
03:24C'est finalement en passant en garde croisée que Shirin trouve la solution pour amener
03:28la turque au sol et l'y immobiliser.
03:31Le public déjà chaud en ce début de journée fait vibrer les échafaudages vertigineux
03:36du palais.
03:37Le tour suivant, contre l'accrocheuse tunisienne Oumema Bedioui, la vice-championne du monde
03:432023 fait briller son Kouchigari.
03:46Et voilà la première partie achevée.
03:48Les jeux ont un rythme singulier, intense à chaque tour, mais chaque tour est un étage
03:53de plus à l'édifice.
03:55En 3 ou 4 combats parfois, nous voici au sommet.
03:58En finale de son quart, comme c'était prévu, c'est l'invincible pieuvre japonaise
04:04Tsunoda qui l'attend.
04:06Elle n'est restée que quelques secondes sur le tapis, écartant toutes ses adversaires
04:11comme à chaque fois sur son Tomoe Nage enchaîné en Jujigatame.
04:15Redescendue en 2019 en moins de 48 kg, après tout de même une finale mondiale en moins
04:20de 52 kg, elle n'a perdu que 3 combats depuis le dernier en 2022.
04:26Réussir une grande partie contre elle, ce serait déjà une sorte de triomphe, un acte
04:31décisif.
04:32Mais il n'y aura pas de suspense.
04:34Habile à feinter son approche en simulant l'attaque de jambe, Tsunoda dans son style
04:39de tueuse japonaise à sang-froid, obtient un nouvel épon sur son mouvement favori.
04:44Shirin Boukli s'envole et retombe sur le dos.
04:46La journée est pliée.
04:48Il reste à notre représentante à aller chercher la victoire dans deux combats difficiles.
04:53D'abord la numéro 1 mondiale, l'italienne Scuto qu'elle projette sur un joli Osoto
04:58Otoshi.
04:59Puis pour le bronze, l'Espagnole Martinez Abelanda qui la dominait du temps de leurs
05:04années junior mais qu'elle a battu 5 fois de rang depuis 2020.
05:09Cette gauchère habile à repasser la jambe devant, jouant toute sa partition, tiendra
05:13deux minutes au golden score avant de se faire surprendre, épuisée par un Osotogaryen
05:19contre d'un pseudo Sutemi.
05:20La France tenait là sa première médaille olympique parisienne et c'était pour Shirin
05:27Boukli, capable de la belle journée qu'on attendait d'elle.
05:30L'entraîneur Severin Vandenend soulignait la façon dont elle avait su assumer la défaite
05:35contre la japonaise pour mieux repartir.
05:38A la sortie du match, forcément il y a de la déception parce qu'elle sait qu'elle
05:41ne sera pas championne olympique, par contre je lui disais qu'il y a une belle médaille
05:46à aller chercher et que là je lui ai laissé 10 minutes, un quart d'heure, elle pouvait
05:50sortir, crier, taper dans les murs si elle voulait mais quand je l'ai retrouvée, voilà
05:55on passait à une nouvelle compétition et on oubliait ce qui s'était passé.
05:57Donc ça elle a été capable de le faire, on est allé manger, elle a fait une sieste,
06:02on a fait vidéo, elle a rebougé et puis voilà c'était la nouvelle Shirin version
06:062.
06:07Au début de la première, il y avait l'appréhension de l'échec de Tokyo, voilà beaucoup de
06:12pression, elle passe le premier tour, après sur le second, peur de mal faire, donc voilà
06:17là je l'ai trouvée beaucoup plus libérée sur la finale de repêche et la place de 3.
06:21Il ne faut pas avoir de regrets parce que derrière elle fait une belle place de 3
06:25et c'est peut-être ça aussi qui fait qu'à un moment elle est capable de switcher, d'avoir
06:30l'écrou, vulgairement l'écrou mais d'être encore plus déterminée, de se remobiliser.
06:36Ça reste exceptionnel, médaille olympique, il n'y en a pas beaucoup, en plus à Paris,
06:42c'est une première médaille.
06:43Au début on disait oui, Shirin elle est forte, voilà elle est 3 fois championne d'Europe,
06:47elle n'a pas de médaille mondiale cette année, elle a montré qu'elle était capable
06:50d'être vice-championne du monde et quelques mois plus tard, médaille olympique, donc
06:55elle est jeune, donc j'espère que derrière, ça présage, merci beaucoup, une super carrière
07:00parce qu'elle a encore du temps devant elle, elle peut faire une, deux olympiades.
07:05Quant à Shirin Boukli, il était manifeste que cette première grande médaille olympique,
07:09après sa médaille d'argent des championnats du monde 2023, la satisfaisait pleinement.
07:13C'est fou, c'est incroyable même, je dirais, donc je suis trop fière, c'est dingue, c'est
07:19la première médaille pour l'équipe de France tout sport confondu et c'est ma première
07:23médaille olympique à moi aussi.
07:24J'ai senti que mes deux premiers combats, j'ai fait ce qu'il fallait, une attaque ça
07:28marque ou ça enchaîne et ça suffisait amplement, après elle était peut-être plus prête que
07:33moi aujourd'hui, voilà c'est respectable, elle est super forte, c'est une machine, aujourd'hui
07:37elle n'est pas trois fois championne du monde pour rien, c'est comme ça, c'est le game,
07:39et puis derrière il n'y avait plus qu'à, si je perdais c'était fini, donc j'ai su
07:44me remobiliser, je me souviens avoir vu Kylian, ça m'a marqué parce qu'il m'a dit, écoute
07:48Shirin on est venu, on a travaillé dur, aujourd'hui tu as perdu, elle a été meilleure, mais
07:53en fait on va aller chercher cette putain de médaille, c'est notre première médaille
07:55à nous deux, même à moi, donc on va aller le faire et en fait ça m'a marqué, je repense
08:00à ma famille aussi, et je me dis mais what, Shirin là, cette fille là t'as déjà pris,
08:06fais ton boulot, ton taf sur les mains et tu verras, et en fait au fur et à mesure
08:09le repêchage et la phase 3 je me suis relâchée complète j'ai l'impression, et j'ai pas réfléchi
08:13en fait finalement, je voulais marquer l'histoire de mon sport, peu importe la médaille, je
08:18me suis accrochée jusqu'au bout et je suis trop fière, je pouvais pas m'arrêter là,
08:21tu peux pas perdre, c'est pas possible, t'as déjà battu ces filles là, donc c'est impossible,
08:25j'ai ma fierté en fait, qui me parlait, qui me disait là t'es un bulldog, tu vas manger,
08:29on est à Paris, y'a ton os au milieu, t'es chez toi, c'est ton terrain, donc bon on se
08:33motive comme on peut, on a des sources de motivation profondes qui sont là, mais ouais
08:37c'était cool.
08:38C'était réglé donc, Laura appartenait à Tsunoda, la pieuvre au sang froid.
08:41C'était sans compter avec l'imprévu, toujours réjouissant que les jeux savent susciter.
08:46Le public de Paris l'avait immédiatement repéré et adopté, avec ses 18 ans, son visage
08:52encore enfantin, ses attaques de boue encore désordonnées et pleines de feu et de force,
08:57son esprit de combattante inlassable et son formidable néoisa.
09:01Avec la franco-britannique Jane Bridge sur la chaise, elle avait déjà réussi l'exploit
09:05de se qualifier pour l'événement alors qu'elle entame ses années junior, mais aussi d'attraper
09:10une médaille de bronze mondiale à Abu Dhabi.
09:12Formidable d'envie et bien driveée depuis la boîte par Jane, laquelle est bien connue
09:16du public français, elle enchaînait les exploits, sortant la combattante coréenne,
09:21l'italienne Scuto ou encore l'Ausbek Kurbonova, tandis que le public scandait son prénom.
09:26Et celle qui se dressait en demi-finale face à l'héroïne de manga Tsunoda, c'était
09:31elle, Tara Baboulfat, combattante suédoise, avec sa fraîcheur, sa candeur, son indomptable
09:37fierté.
09:38Surprise, le gameplan était bien en place et les tomo-inagés bien contrés.
09:44Enlacée au sol par l'étreinte de mort de son aîné qui tentait de lui déplier le
09:48bras à chaque fois, elle ne concédait rien, patientant, sachant proche son heure.
09:54Déjà amenée à près de trois minutes au golden score, le visage impénétrable mais
09:58sillonné de sueur de la trentenaire trahissait son problème.
10:02Elle n'y arrivait pas, cherchant des solutions ailleurs et ouvrant dans le même temps des
10:07options pour la jeune rivale encore pleine de feu qui poussait irrésistiblement la porte
10:12d'une impensable finale olympique.
10:14Avant de prendre soudain, non pas contre la règle, mais contre l'esprit du combat,
10:20une troisième pénalité fatidique.
10:22Mais que s'était-il passé ? Alors qu'elle prenait le dessus, secouant de plus en plus
10:27fort le cocotier Tsunoda, la jeune suédoise avait chassé d'une main une saisie trop
10:31faible sur sa manche pour se jeter sur la japonaise et la menacer sur un fort uchimata.
10:36L'arbitre arrêtait là finalement le combat et la plupart pensaient que Tsunoda venait
10:41de céder, que l'impensable avait eu lieu, qu'elle prenait une troisième pénalité
10:46et perdait ce combat formidable.
10:47Mais c'est la jeune Baboulphat qui était sanctionnée, à contretemps, pour ce dégagement
10:52de saisie sans garder le contrôle, ce que le règlement interdit.
10:55La scène était saisissante, marchant vers un arbitre deux fois plus grand qu'elle,
11:00la jeune guerrière suédoise le toisait sous le nez, voulait des explications, en cherchait
11:05sur le visage mal à l'aise de l'homme en noir.
11:07La leçon était limpide, ce combat était la démonstration non pas d'une erreur d'arbitrage
11:14mais de l'invalidité de toute une conception.
11:17Le judo mondial venait de se priver par l'application absurde d'un élément de règlement et contre
11:22l'esprit d'un combat exemplaire et mémorable d'une formidable histoire, d'une victoire
11:28magnifique en train de se dérouler sous ses yeux.
11:31La terreur japonaise vacillait, laissait la jeune suédoise s'élancer vers son rêve
11:37méritant ce qui était en train de lui arriver par la magnifique pression qu'elle mettait
11:41sur son aîné.
11:42Mais l'arbitre l'en a empêché, nous continuerons à le répéter tant que ce sera nécessaire,
11:47ce règlement capable de disqualifier de tel combattant à ce moment-là d'un combat
11:53ne fonctionne pas, un arbitre en charge de l'esprit du combat plutôt que de sa lettre
11:58l'aurait su.
11:59L'épilogue à l'histoire reste beau, grâce à la diplomatie du coach respecté Jenbridge,
12:05le sentiment légitime d'injustice exprimé avec trop de fougue ne se retourna pas contre
12:10la jeune suédoise qui sera autorisée tout de même à continuer d'écrire l'histoire
12:14du judo de son pays et même du continent car si elle arrache en effet la médaille
12:18de bronze à la numéro 3 mondiale, la kazakhstanaise Abouzakinova, elle sera à jamais la première
12:25médaille olympique du judo suédois et pour longtemps sans doute la plus jeune européenne
12:29couronnée des lauriers à 18 ans et 206 jours.
12:33Malmenée dans les premières minutes par l'expérience d'Abouzakinova qui joue son
12:36batout, qui cherche à lui faire baisser la tête, à la faire pénaliser, elle s'adapte
12:41et finit par l'écraser au sol sans point fort, heureusement ça finit bien.
12:46Le destin d'un jour, il semble lisible dès le matin, on le devine qu'il se dessine de
12:51victoire nette en manifestation d'autorité.
12:54Aujourd'hui chez les masculins, on le sentait venir, c'était pour Luka Mekidze, le médaillé
12:59de Tokyo.
13:00Il avait en effet marqué les trois coups sur un incroyable koichigari contre le mongol
13:05qui tentait de le relever de force selon le modèle tactique en vigueur avant de se faire
13:09transpercer par le français.
13:10Vibrant de détermination et de jus, efficace, Luka était l'homme du jour.
13:16Son second combat contre le coréen Kim Won-jin qu'il n'avait pas rencontré depuis qu'il
13:21lui avait pris la médaille de bronze olympique à Tokyo était du même niveau.
13:24Le coréen cherchant à l'intimider dès la première prise de garde se voyait pris de
13:29vitesse et enclenché en uranage d'entrée pour un waza-ari que le français allait garder
13:35jusqu'au bout.
13:36Successivement, autour de lui, les meilleurs tombaient, notamment le jeune géorgien Sardarash
13:41Billy, champion du monde en titre qu'il devait retrouver en demi-finale et l'autre tableau
13:46voyait la chute du japonais Nagayama, éternel favori déçu, pris au piège cette fois de
13:51la roublardise de l'espagnol Carigos qui mettait quatre secondes à relâcher un étranglement
13:56que l'arbitre annonçait maté et envoyait le japonais dans les limbes l'espace d'un
14:01instant, suffisant pour que ce même arbitre décide d'un hippon contesté par tout le
14:05clan japonais.
14:06Mais parfois, le destin joue des tours.
14:10La demi-finale était plus difficile contre un turc inattendu et récalcitrant à la chute
14:16qu'il fallait aller chercher loin avant de placer un katagouma salvateur.
14:20Ultra-dominateur en début de journée, soulevé par l'enthousiasme des spectateurs, Luka
14:24Nikitze semblait progressivement rattrapé par l'enjeu, la tentation du calcul, quelque
14:30chose qu'il faut éviter contre Yeldo Smetov, venu le retrouver avec décontraction en finale.
14:35Yeldo Smetov, un kazakh glorieux de 31 ans, une gloire un peu passée, champion du monde
14:43neuf ans plus tôt et déjà deux fois médaillé olympique.
14:45A Stéphane Traineau, exilé comme responsable du haut niveau dans ce lointain pays des steppes,
14:51il avait dit qu'il ne reviendrait à son meilleur niveau que pour obtenir enfin l'or
14:55olympique après l'argent de Rio et le bronze de Tokyo.
14:58L'ancien entraîneur des équipes de France l'avait d'abord ramené à sa catégorie
15:02du poids des moins de 60 kg, l'obligeant à cravacher pour reprendre un leadership perdu
15:07face à deux rivaux redoutables.
15:09Et le voici en finale de ce Paris 2024 face à l'homme du jour, le français chez lui.
15:15Mais Yeldo Smetov a aussi une histoire et il a aussi un judo formidable qui le rend très
15:20dangereux à la moindre faiblesse.
15:22C'est d'ailleurs en s'appuyant sur ses sensations qu'il était arrivé là en finale,
15:27se permettant même d'être un étonnant instrument de justice en étranglant l'étrangleur
15:32Garrigos avec une formidable vista.
15:35Dans ce dernier combat du jour, sous les yeux de Zidane, Macron, Estanguet, Odea, Castera
15:41et tous les autres, Luka Mekidze commence avec beaucoup de justesse par des attaques
15:47nettes qui finissent par faire pénaliser une fois puis deux le Kazakhstanais.
15:51Mais à mesure que le Graal brille plus fort, le français accélère les attaques, les
15:55précipite un peu, insiste sur des soutémis qui ne sont là que pour lui faire gagner
16:00quelques secondes de plus.
16:02Incontestablement une erreur contre un talent comme celui de Smetov qui contre une nouvelle
16:06tentative de soutémis du français en marquant le contrôle puis la pousser sur le dos.
16:11Un Wazaari agaçant mais objectif.
16:15L'entraîneur Daniel Fernandez n'épiloguait pas, voulant retenir le positif.
16:19C'était une journée très difficile parce qu'il était très attendu, on a une préparation
16:25dure, difficile comme toutes les préparations olympiques, il avait un tirage pas simple
16:31du tout.
16:32Du coup j'ai pas envie, comme je disais tout à l'heure, j'ai pas envie de retenir des
16:37choses négatives.
16:39Ce que je lui dis à lui, je me l'impose à moi de retenir la meilleure et de savourer
16:45même si forcément il y a des choses imparfaites, mais on verra ça plus tard.
16:51Quand on perd une finale, on est toujours forcément déçu mais je lui dis ce que je
16:55vous ai dit là, le plus vite possible de basculer, de profiter, d'apprécier ce qu'il
17:01a fait avant d'être déçu de ce qu'il n'a pas fait.
17:04Lucas en ayant réalisé une magnifique performance à Tokyo, avait aussi la lourde tâche d'ouvrir
17:10le bal notamment pour les garçons, et tout ça c'est des paramètres à gérer.
17:16Peut-on être triste d'être médaillé d'argent aux Jeux Olympiques ? Bien sûr, quand on
17:23passe si près de son rêve, quand on est à deux doigts d'être le premier champion
17:27olympique de Paris 2024 et de cette équipe de France de judo et que le destin malin semble
17:33faire miroiter toute la journée la plus belle des fins.
17:36Mais on ne peut pas se raconter trop d'histoires, les faits sont là, Lucas Megidze est médaillé
17:42d'argent des Jeux de Paris après le bronze de Tokyo, sixième combattant masculin français
17:47à obtenir plus d'une médaille olympique dans sa carrière, de quoi relativiser rapidement.
17:52Je me suis un peu précipité peut-être, c'était une attaque de trop, c'est encore ma générosité
17:59qui a pris un peu dessus, donc ça m'a encore coûté une finale, mais il y a quand même
18:05la médaille d'argent après la médaille de bronze, donc il faut voir quand même bon
18:10côté des choses.
18:11J'aimerais revenir bien sûr, parce qu'il me manque maintenant cette médaille à Dord,
18:15donc j'espère en tout cas que je serai encore en lice, il n'y a pas raison que je ne sois
18:21pas en lice, je me sens bien, physiquement ça va aussi, il y a toujours des petits bobos
18:24comme tout le monde, qui jouent au niveau des blessures, mais je suis bien entouré par
18:30le staff et je pense qu'il me reste encore des belles années à vivre dans mon sport.
18:34Je suis toujours le même Lucas, je garde les pieds sur terre je pense, en tout cas
18:39j'essaye parce que quand on fait les résultats c'est bien, mais les jours où on ne fait
18:44plus les résultats on peut retomber, très très bas et puis on peut se faire mal, donc
18:48j'essaye, quand ça marche je suis content et puis quand ça ne marche pas des fois c'est
18:54comme ça aussi, des fois il faut accepter aussi, aujourd'hui ça a marché je suis très
18:57content et puis dans les années à venir je ne sais pas comment ça va se passer, mais
19:01en tout cas je vais tout faire pour que je puisse revivre des émotions comme ça.
19:06En sortant du combat j'avais ce regret, après quand j'ai vu le public, quand j'ai vu mes
19:10proches, j'ai vu qu'ils étaient quand même fiers de moi, donc j'ai un peu oublié un
19:13petit peu cette déception, maintenant que vous m'en parlez, du coup je repense un peu
19:19que je suis passé quand même à côté d'une belle médaille d'or, après c'est comme ça,
19:23ça reste du sport et puis il me reste encore quelques années, donc pourquoi pas dans le
19:29futur il y ait une belle médaille d'or.
19:31Et il lui reste aussi le plaisir de partager la déception passée, la joie d'être médaillé
19:36en même temps que Shirin Boukli, une vraie complice, lançons à deux la campagne d'une
19:41équipe de France de judo qui a désormais deux beaux repères pour ce lycée.
19:45Lucas on est le binôme, on dit qu'on est même un couple des fois, on est là tout
19:49le temps ensemble, Lucas tu manges à quelle heure, Lucas tu vas la peser à quelle heure,
19:52on fait les contrôles de Kim et après il me met son truc dans mes sacs, moi je porte
19:55le sac, donc ouais avec Lucas on est ensemble, on est ensemble, on se parle, moi j'ai un
20:00tour d'avance sur toi, après je chante, il en a marre parce que je ne fais que chanter
20:03pour me déstresser, il n'en peut plus de m'entendre, maintenant il a acheté un nouveau
20:06casque pour enlever l'effet sonore autour, comme ça il ne m'entend plus, mais ouais
20:10avec Lucas c'est l'ambiance.
20:11Ce dimanche il fera beau et chaud et ce sera le tour de Walid Kiar, moins de 66 kilos,
20:17et d'Amandine Bouchard, moins de 52 kilos, de nous faire vibrer.
20:22Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org

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