L'extrême droite, c'est quoi ? Réponse par l'histoire

  • il y a 2 semaines
Le Rassemblement national a raté son pari de rafler la majorité absolue à l’Assemblée nationale lors des élections législatives de 2024. Ce parti n’en est pas moins, désormais, le plus puissant de France… Retour ses ses origines avec notre journaliste François Reynaert, aussi connu sous le nom d’ « Oncle Obs ».

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00:00Le Rassemblement National est désormais le premier parti de France, c'est un parti d'extrême droite.
00:05On va interroger l'histoire pour comprendre ce qu'est l'extrême droite.
00:09Première partie, le nationalisme.
00:12Le FN et le RN ont un adjectif en commun, c'est l'adjectif national.
00:16Seulement, le vrai adjectif qui leur correspondrait, c'est nationaliste.
00:19National, nation, au départ, c'est une idée de gauche, c'est une idée de la Révolution française.
00:25La nation, c'est le peuple français qui se dresse contre le roi au moment de la Révolution française,
00:30le roi appuyé par les nobles et les prêtres.
00:33La notion de nation est une notion à gauche pendant tout le XIXe siècle,
00:38puisqu'elle combat les puissants, elle combat les rois.
00:40Au cours du XIXe siècle, une partie de la gauche, socialiste, devient internationaliste.
00:45Elle dit la grande question, c'est la question ouvrière et les ouvriers du monde entier doivent s'unir.
00:49Et de son côté, l'extrême droite devient nationaliste,
00:53c'est-à-dire qu'elle prend l'idéologie nationale et en fait une autre idéologie, une idéologie haineuse.
00:59La nation, le principe national, c'est un principe inclusif.
01:03Tout le peuple est ensemble et il fait la démocratie et il contrôle son destin.
01:08Le nationalisme, c'est une idéologie exclusive qui est fondée sur la haine.
01:12Dans le nationalisme, il y a les ennemis étrangers, les Allemands qu'il faut combattre,
01:16les Anglais qui sont l'ennemi héréditaire et des ennemis intérieurs.
01:19L'ennemi intérieur principal pour les nationalistes de l'extrême droite de la fin du XIXe siècle, ce sont les Juifs.
01:25Tous ces courants sont unis par l'antisémitisme. Pourquoi ?
01:28Parce que ces gens pensent que les Juifs représentent un éternel étranger.
01:32Au moment de l'affaire Dreyfus, ça éclate.
01:34Dreyfus, c'est un officier français innocent qui est accusé d'avoir trahi avec l'Allemagne.
01:39Mais l'extrême droite nationaliste pense qu'il est coupable puisqu'il est Juif.
01:43Donc par définition, il est coupable.
01:44Cet antisémitisme se déchaîne, en particulier au moment du Front populaire contre Léon Blum qui est Juif.
01:49Et puis arrive pour l'extrême droite nationaliste ce qu'ils appellent la divine surprise en 1940,
01:54la défaite de la France parce qu'elle met au pouvoir Pétain qui partage leurs idées
01:58et qui va faire de la France un pays gouverné par l'idéologie nationaliste,
02:02c'est-à-dire culte du chef, c'est-à-dire haine des étrangers,
02:06c'est-à-dire redressement grâce à l'ordre moral de l'Église catholique et c'est-à-dire, bien sûr, l'antisémitisme.
02:12Comme cette idéologie et comme Pétain sont arrivés au pouvoir grâce à l'armée d'occupation
02:16et dans la collaboration avec les nazis,
02:18eh bien ce système s'effondre en 1944 au moment de la libération de notre pays.
02:23Deuxième partie, la naissance du Front national.
02:26Après la guerre, l'extrême droite va ressortir d'une manière inattendue.
02:29En 1953, il y a un papetier inconnu qui s'appelle Pierre Poujade qui lutte contre les impôts.
02:35Il dit qu'il y en a marre du fisc, qu'on nous écrase, les petits commerçants, etc.
02:39Mais ce Pierre Poujade, il a aussi des tendances à l'extrême droite
02:41parce qu'il rêve d'un chef fort qui redresse la France
02:44et il rêve, là aussi, de se débarrasser des métecs.
02:47En 1956, il réussit à créer un groupe parlementaire aux élections
02:51et dans ce groupe parlementaire, il y a un député qui s'appelle Jean-Marie Le Pen.
02:55Seulement, à cette époque, la grande affaire, c'est la guerre d'Algérie.
02:57Alors évidemment, l'extrême droite est favorable à l'Algérie française.
03:01Le général de Gaulle, il pense qu'il va garder l'Algérie française.
03:03Seulement, en 1962, le général de Gaulle accepte l'indépendance de l'Algérie.
03:08Donc, cette nouvelle extrême droite, elle continue à se refaire,
03:12y compris dans la haine du gaullisme.
03:14Et en 1972, il y a un nouveau parti qui est créé qui s'appelle le Front National.
03:19Dans les fondateurs, il y a deux anciens Waffen-SS, des collabos pendant la guerre.
03:23Il y a des anciens membres de l'OAS.
03:26C'est une organisation terroriste qui posait des bombes
03:28pour lutter contre la volonté de l'Algérie de devenir indépendante.
03:32Et puis, il y a celui qui devient le chef du Front National,
03:35l'ancien député Jean-Marie Le Pen.
03:37Pendant très longtemps, il dirige un petit groupuscule.
03:40Ça ne représente presque rien aux élections.
03:41Il a moins de 1% des voix.
03:43Mais dans les années 80, il commence à grossir sur une question particulière qui est l'immigration.
03:48Il dit que tous les soucis de la France, ça vient de l'immigration.
03:51S'il y a du chômage en France, c'est parce que les Algériens, les Marocains viennent manger nos emplois.
03:56Donc, il réussit à prospérer un petit peu là-dessus.
03:58Il prospère tellement qu'en 2002, il arrive même à être au second tour des élections.
04:02Mais il n'obtient que 17% des voix.
04:04Seulement, il y a un gros problème avec Jean-Marie Le Pen.
04:06C'est que c'est une espèce de grenade dégoupillée.
04:09Il adore choquer.
04:10La plus célèbre, c'est en 1987.
04:12On l'interroge sur la Seconde Guerre mondiale, les chambres à gaz et il dit
04:15Je crois que c'est un point de détail de l'histoire de la Deuxième Guerre mondiale.
04:196 millions de morts dans des camps de concentration.
04:21Et il y a un monsieur qui appelle ça un détail.
04:23Donc là, tout le monde dit que Le Pen, c'est un horrible personnage.
04:27Il est infréquentable.
04:28Et dans les années 2000, les gens, même dans son parti, n'en peuvent plus.
04:32Ils disent avec lui, on n'arrivera jamais à accéder au pouvoir.
04:35Il faut trouver autre chose.
04:36Troisième partie, le Rassemblement national.
04:38Alors en 2011, pour se débarrasser de Jean-Marie Le Pen,
04:41il y a un congrès, un quasi coup d'État qui est fait par sa fille, Marine Le Pen.
04:46Elle était avec lui, elle ne veut plus de lui parce qu'elle pense
04:48qu'avec le vieux Le Pen, on n'arrivera jamais au pouvoir.
04:51C'est la stratégie qu'on appelle la dédiabolisation.
04:54On est respectable, on est gentil.
04:56En 2018, elle rebâtit son parti, le Rassemblement national
04:59et puis elle y met bientôt à la tête Jordan Bardella,
05:02le genre idéal propre sur lui, etc.
05:04Mais en fait, derrière ces stratégies,
05:06les fondamentaux du parti sont toujours les mêmes.
05:08Bien sûr, ça reste un parti d'extrême droite.
05:10Par exemple, c'est toujours un parti nationaliste.
05:13Ils pensent que la France est supérieure à tous les pays du monde.
05:16Ils sont même systématiquement contre l'Europe
05:18ou bien ils sont évidemment contre l'ennemi intérieur qui sont les étrangers.
05:22Et elle a ajouté à ça, Marine Le Pen, un autre élément
05:25qu'on appelle le populisme qui est plus moderne.
05:27Alors le populisme, c'est l'idée que le peuple a toujours raison,
05:30que sur n'importe quelle question, on n'a qu'à poser la question au peuple,
05:33on fait un référendum et si le peuple dit ça, on fait ça.
05:37Eh bien ça, c'est contraire à la démocratie
05:39parce que la démocratie, c'est le respect de la volonté du peuple
05:43mais dans le respect des institutions qui sont protégées par des contre-pouvoirs,
05:47des grandes institutions qui sont là pour protéger le droit et la liberté.
05:51Le Conseil constitutionnel, le Conseil d'État, la Cour de cassation.
05:54Eh bien ça, le Rassemblement national avec son populisme veut le remettre en cause
05:58et ça, c'est très dangereux pour la démocratie.
06:03Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org

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