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Un médicament antirétroviral innovant, développé par le géant américain Gilead à partir de la molécule lenacapavir, pourrait changer la donne contre le sida. Il a permis d’éviter toute infection chez des femmes de 16 à 25 ans dans plusieurs pays.

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Transcription
00:00Professeur Yazdan Yazdanpana, bonjour, vous êtes directeur de l'ANRS maladies infectieuses
00:05émergentes, chercheur à l'INSERM et chef du service maladies infectieuses et tropicales
00:09à l'hôpital Bichat à Paris.
00:11Et si le monde venait enfin à bout du SIDA ? L'espoir n'a peut-être jamais été
00:17aussi grand qu'aujourd'hui, après la 25ème conférence internationale sur le SIDA qui
00:20vient d'avoir lieu à Munich, et où a été présenté un traitement préventif qui pourrait
00:25changer la donne ? C'est peut-être un tournant historique ?
00:29Oui, effectivement, c'est un tournant important dans la lutte contre le VIH.
00:35Vous savez, on a fait beaucoup de progrès, déjà depuis des années, maintenant on a
00:38des traitements pour les patients malades, c'est une maladie, certes chronique, mais
00:43une maladie où on meurt beaucoup moins, avec les traitements, on a réussi aussi à diminuer
00:49le nombre d'infections, mais malgré tout, aujourd'hui, il y a quand même 40 millions
00:54de personnes dans le monde qui vivent avec le VIH, 40 millions qui vivent avec le VIH,
00:591,3 million de nouvelles infections en 2023, donc un, il faut implémenter encore mieux
01:06ce qu'on a déjà, et d'autre part, il faut chercher d'autres outils, d'autres techniques,
01:12et là, il y a eu pendant cette conférence ce traitement qu'on appelle toujours PrEP,
01:16la prévention.
01:17Alors la fameuse PrEP que l'on connaît depuis, je crois, 2015 en France, qui est autorisée
01:23depuis 9 ans maintenant en France, mais c'est incomprimé par jour, là ce qui est révolutionnaire
01:28c'est que c'est deux injections par an seulement.
01:30Absolument, donc on connaît ce traitement PrEP, c'était soit des traitements qu'on
01:35prenait tous les jours, soit, ça c'était les chercheurs notamment, qui étaient financés
01:39par la NRS, où il y avait un traitement intermittent, mais toujours par voie orale, et là, c'est
01:44deux injections par an, une injection tous les 6 mois, et dans une étude qui a été
01:49réalisée en Afrique du Sud et en Ouganda, on voit qu'avec ce traitement, alors dans
01:54l'étude, c'est une efficacité de 100%, mais une efficacité de 100% n'existe pas.
01:58Là c'est parce que c'est une étude, mais en tout cas c'est une efficacité très
02:02importante, donc effectivement c'est une avancée majeure, parce que le fait que c'est
02:06deux fois par an, une injection tous les 6 mois, ça permet une adhérence au traitement
02:13meilleure qu'un traitement tous les jours.
02:16Cette étude, c'était sur 5000 jeunes femmes, c'est ça, Ougandaises et Sud-Africaines,
02:21et effectivement zéro contamination.
02:23On peut dire que c'est presque un vaccin en fait, ce fameux vaccin que les chercheurs
02:29espèrent depuis 40 ans ?
02:30Alors, effectivement, c'est un débat qu'on a entre nous, c'est presque un vaccin,
02:36mais ce n'est pas un vaccin, parce qu'un vaccin, vous faites une injection, par exemple
02:41pour la grippe, une fois tous les ans, mais après vous ne faites plus rien.
02:44Ici, il faut quand même suivre les personnes qui ont reçu pour voir s'il n'y a pas
02:50d'infection, si c'est bien toléré, etc.
02:53Donc, c'est un peu différent, mais effectivement, aujourd'hui, la recherche contre le vaccin,
02:56quand on continue, parce qu'il faut continuer, devient plus compliquée.
02:59L'autre sujet très important, parce que je le précise, c'est que, bien sûr, il
03:05y a d'autres études pour essayer d'évaluer l'efficacité de ce traitement deux fois
03:09par an, mais le combat commence pour l'accessibilité de ce traitement pour tous et le prix de
03:15ce traitement.
03:16Alors, justement, c'est un traitement préventif qui est développé par un laboratoire qui
03:21est un géant du domaine de la santé, c'est l'américain Gilead, qui, ce traitement
03:26coûte pour l'instant 40 000 dollars par an et par personne, mais les experts disent
03:33qu'il pourrait tomber à 40 dollars si le laboratoire voulait l'ouvrir au générique.
03:38C'est ça ? Vous l'appelez aussi à permettre l'accès à ce traitement au plus grand nombre ?
03:42Je pense que c'est le combat qu'il faut qu'on commence aujourd'hui de manière
03:45très rapide, très importante, tous les communautaires, les médecins, les décideurs, pour essayer
03:51de baisser le prix et le rendre accessible.
03:54Attention toutefois, aujourd'hui, ce traitement est utilisé aussi pour traiter les gens,
03:59pas pour prévenir, mais pour traiter dans les lignes de traitement très tardifs.
04:03C'est pour ça que le prix est très cher.
04:05Donc, ce n'est pas seulement un traitement préventif ?
04:07C'est aussi un traitement curatif, ça veut dire pour traiter les gens, les gens qui
04:10ont beaucoup de résistance.
04:11Donc, le coût est cher, le coût que vous avez donné de 40 000 aux Etats-Unis, on l'a
04:16déjà en disponibilité en France aussi, mais aujourd'hui, pour prévenir beaucoup
04:22de personnes, il faut, un, diminuer fortement, alors vous avez parlé de 40 euros ou 40 dollars,
04:30en tout cas, ils ont commencé à travailler avec les génériqueurs pour essayer d'avoir
04:34ce traitement pour tout le monde.
04:36Et vous sentez une bonne volonté de la part du laboratoire ? C'est toujours un combat
04:39?
04:40C'est toujours un combat.
04:41Il y a une campagne de pression qui est lancée notamment par des ONG, par des scientifiques
04:45comme vous.
04:46C'est dû à quoi pour le grand public ? Est-ce que vous pouvez expliquer ? Les gens
04:50se disent, les grands laboratoires ne pensent qu'à leur profit, est-ce que c'est aussi
04:54simple que ça ?
04:55Je pense qu'il est important aussi que l'innovation existe et l'innovation existe notamment grâce
05:01aux laboratoires.
05:02Après, c'est notre mission et je le dis, et cette conférence, c'est aussi très particulier
05:08parce que vous n'avez pas que les scientifiques, vous avez les communautaires et vous avez
05:12même les décideurs.
05:14La conférence a été ouverte par le chancelier allemand.
05:16C'est assez particulier, assez unique.
05:19Il faut que l'ensemble, nous, nous avons cette mission pour essayer de diminuer, même
05:24le journaliste je dirais, le coût de ce traitement, le rendre accessible parce que c'est un outil
05:29remarquable.
05:30Il y a eu une autre bonne nouvelle à cette conférence internationale sur le sida, il
05:36semblerait qu'un septième patient est guéri du VIH après une grève de moelle osseuse.
05:42Il a été opéré, je crois, en Allemagne.
05:44Là aussi, c'est un motif d'espoir, même si évidemment, c'est à beaucoup moins grande
05:48échelle que ce traitement dont on parle.
05:51Est-ce que l'objectif d'éradication de la pandémie en 2030, c'est ça, objectif
05:56fixé au niveau international, est-ce qu'il est atteignable ?
05:58Alors, il faut faire attention parce que c'est l'éradication de la transmission
06:03qu'on vise.
06:04Ça veut dire qu'on veut qu'il n'y ait plus de nouvelles infections.
06:08Aujourd'hui, vous l'avez dit au début, il y a près de 40 millions de personnes qui
06:13vivent avec le VIH.
06:14Ils vont continuer à vivre avec le VIH après 2030.
06:18Par contre, c'est important et la NRS, l'Inserm, les universités, les hôpitaux
06:24continuent à travailler pour essayer, pas seulement prévenir, mais aussi guérir.
06:30D'où ces cas de guérison.
06:33On a eu l'année dernière, je ne sais pas si vous vous rappelez, le patient de Genève,
06:38donc un patient qui était suivi à Genève avec des études scientifiques en
06:43collaboration avec l'Institut Pasteur, l'Institut Conchain, l'Inserm à Paris.
06:47Et en fait, 7 patients sont guéris du VIH.
06:53L'ensemble de ces patients étaient greffés de moelle.
06:56On ne peut pas greffer tout le monde parce que la greffe, la transplantation, c'est
07:00quelque chose d'extrêmement dangereux et lourd.
07:03Du coup, par contre, ces 7 personnes nous apprennent beaucoup de choses sur
07:09comment éventuellement on peut approcher la guérison du VIH.
07:13Et sur l'objectif, vous dites qu'il y a un bon espoir aujourd'hui de l'atteindre.
07:18Je pense qu'il faut toujours fixer des objectifs pour essayer de les approcher le
07:22plus possible. Sans objectifs, on n'arrivera pas.
07:252030, on va continuer à baisser la transmission, y compris en France, du
07:31VIH. Je ne suis pas sûr qu'on arrivera en 2030, mais il faut garder le cap.
07:34Ça dépendra évidemment des pouvoirs publics dans les pays concernés, de
07:39l'accès à ces traitements qui seraient permis aux populations les plus concernées,
07:45qui sont aussi souvent les plus discriminées.
07:48Les femmes, les gays, les pauvres en général.
07:50Voilà, effectivement, finalement, l'arrêt de transmission du VIH passe pas
07:59seulement par les traitements, par l'implémentation des traitements, par
08:02l'implémentation des outils qu'on a.
08:05Et ça, c'est un phénomène sociétal qui va au-delà de technique et de prix.
08:10Vous avez dit, c'est aussi la stigmatisation.
08:13C'est aussi la lutte pour le droit des personnes.
08:15Vous parliez de la France. Quelle est la situation chez nous?
08:18En France, on a baissé le nombre des transmissions, mais ce n'est pas assez.
08:23On avait encore, en 2023, entre 4000 et 5000 nouvelles infections.
08:28Donc, il faut continuer les efforts pour, surtout, mieux dépister la maladie.
08:33Est-ce qu'il y a un relâchement aussi, peut-être, au niveau des comportements,
08:37où les Français restent très conscients du risque?
08:42Je pense que le fait que c'est une maladie qui ne tue plus a eu un impact.
08:48Mais il faut surtout se faire dépister.
08:51Et on a maintenant des outils de prévention pour essayer de lutter contre cette maladie.
08:56Un tout dernier mot, professeur Yazdan Yazdanpahana, sur le Covid.
09:00Dans cette période de JO, il y a eu une crainte de recrudescence pendant la quinzaine olympique.
09:05Est-ce que vous avez un premier bilan des premiers chiffres?
09:09Alors, il est évident que quand il y a rassemblement, il y a un risque.
09:14Mais le risque ne veut pas dire qu'il y aura quelque chose.
09:18On est quand même à des niveaux, ça a augmenté en mai, en juin.
09:21Après, ça s'est stabilisé, ça a diminué.
09:24Là, les derniers chiffres de Santé publique France montrent que pour l'instant, il y a toujours une stabilité.
09:31Il y a un risque, mais il ne faut pas oublier qu'on est vacciné.
09:33Il faut encore plus se faire vacciner, notamment les personnes âgées ou des personnes fragiles.
09:40On a des traitements, donc on va faire face.
09:44Il y a une surveillance accrue de Covid, de l'ensemble des infections transmissibles par Santé publique France, par la DGS, etc.
09:51On survit de près et je pense qu'il faut continuer à vivre quand même.
09:55Merci beaucoup, Yazdan Yazdanpahana, infectiologue, directeur de la NRS Maladies infectieuses émergentes.

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