Fiscalité, sécurité, référendums... Le groupe de Gabriel Attal met son «pacte d’action» sur la table

  • il y a 3 mois

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00:0019h19 sur Europe 1, nous accueillons dans le studio d'Europe 1, Raphaël Stainville, journaliste au JDD, bonsoir.
00:07Bonsoir Thomas.
00:07Et Paul Melun, essayiste, merci d'être avec nous ce soir.
00:10Bonsoir, bonsoir.
00:10Bonsoir.
00:11On va se demander si le cri de Gabriel Attal au milieu de l'été sera entendu.
00:15Le premier ministre sortant a mis sur la table un pacte d'action pour espérer rallier à lui des formations en vue d'une vaste coalition.
00:24Toutefois, il ne prévoit pas de grande rupture avec la politique que le locataire de Matignon a entamé jusqu'ici.
00:33En plein cœur de l'été, est-ce que cette initiative risque de passer complètement inaperçue ?
00:38Je ne sais même pas si c'est la question qu'il faut absolument se poser.
00:41Bien sûr qu'il y a le risque de passer totalement au travers et sous le radar médiatique alors que les JO écrasent un peu toute la vie politique.
00:51Mais à la vérité, ça paraît surtout comme un geste un peu désespéré d'Emmanuel Macron de se maintenir au gouvernement et à Matignon
01:01quand Emmanuel Macron, dans la manière dont il esquisse le futur portrait du futur locataire de Matignon,
01:10dit toute autre chose que ce qu'Emmanuel Attal veut bien dire aux Français.
01:17J'ai l'impression qu'Emmanuel Macron veut se préparer à une cohabitation soft, c'est-à-dire qu'il veut malgré tout un changement.
01:24Et ça passe bien évidemment par un changement de personne.
01:27Et donc c'est pour ça que je pense que c'est à la fois responsable de la part du Premier ministre que de montrer qu'il essaye de faire bouger les lignes
01:34et de s'ouvrir un petit peu à droite et à gauche. Pour autant, je pense que c'est une tentative qui est vouée à l'échec.
01:40Alors le Premier ministre qui préside le groupe Ensemble pour la République a listé ses priorités dans un document de cinq pages en vue d'un pacte d'action pour les Français.
01:50C'est autour d'Ensemble pour la République que doit se constituer une coalition ?
01:54Écoutez, il y a deux façons de répondre à cette question. Il y a une façon sur la forme et une façon sur le fond.
01:59La réflexion sur la forme, c'est-à-dire la stratégie politique, qu'en somme odeau, donne plutôt raison à ce que veut faire Gabriel Attal.
02:06C'est-à-dire qu'aujourd'hui, nous avons une tripartisation de la vie politique. C'est la grande révolution de ces élections législatives.
02:11Il y a une gauche, le Nouveau Front Populaire, qui serait légitime, selon moi, au plan démocratique à proposer un nom de Premier ministre.
02:18Mais si tôt Emmanuel Macron nommerait par exemple Lucie Castex, si tôt elle serait renversée puisque le Rassemblement National et également Ensemble censurerait immédiatement son gouvernement.
02:28Donc, ça veut bien dire qu'aujourd'hui, là où les macronistes, paradoxalement, sont en position de force, et Gabriel Attal au premier chef,
02:34c'est que ce sont les seuls qui peuvent réellement essayer, sur le fondement de ce pacte législatif, d'exercer, je dirais, le pouvoir, ou en tout cas de continuer de l'exercer.
02:44Le Rassemblement National ne peut pas faire de majorité. Le Nouveau Front Populaire ne peut pas faire de majorité.
02:48Donc, ils sont obligés de s'organiser. C'est le travail de Gabriel Attal.
02:53Ensuite, sur le fond, avec quelle idéologie, avec quel programme, avec quelle proposition, c'est là que c'est difficile.
03:00Et je rejoins un peu ce que disait Raphaël, c'est-à-dire que sur quelle base programmatique, sur quel axiome idéologique peuvent-ils se rejoindre ?
03:07Je vois que dans les propositions, on évoque notamment la construction européenne, mais aussi en même temps, comme dirait l'autre, la sécurité,
03:14mais en même temps, des problématiques de justice sociale, mais en même temps, on nous dit qu'il y aura peut-être un référendum par an.
03:19On fait une sorte de patchwork de mesures, de gloubi-boulga, où on essaie de faire rentrer un peu des ronds dans des carrés,
03:26de faire rentrer des idées de gauche avec des idées de droite, etc. Il va falloir quand même une sacrée synthèse.
03:32Là, on est en train d'envisager, il faut se rendre compte de ce qu'on fait, on est en train d'envisager une forme de super-macronisme,
03:37de macronisme tome 2. Il y a eu le tome 1 en 2017, où on a réuni la social-démocratie déjà et l'ex-UDF, ou en tout cas la droite orléaniste.
03:45Aujourd'hui, il va falloir aller chercher encore plus loin. Il va falloir aller chercher Laurent Wauquiez et des gens qui sont restés au Parti socialiste
03:50par conviction face à Emmanuel Macron. Donc, ce sera un tour de force très important, mais c'est le seul chemin qui vaille pour que, effectivement,
03:57le camp présidentiel reste aux affaires.
03:59Alors, listons-les quand même pour nos auditeurs. Parmi ces propositions, la priorité du groupe de Gabriel Attal pour une hypothétique convergence,
04:06le rapprochement du salaire net du brut, la stabilité fiscale, la simplification pour les entreprises, le versement automatique des aides sociales,
04:14la réforme de l'assurance chômage, sans dire laquelle, le nucléaire, les énergies renouvelables, le leasing social, lutter contre la délinquance des mineurs,
04:23un plan laïcité à l'école, un référendum par an, de la décentralisation, de la fracture sociale...
04:29Bon, il y a quand même beaucoup de mesures qui étaient déjà portées par le gouvernement sortant, finalement. Est-ce qu'on peut faire du neuf avec du vieux ?
04:36Non, mais c'est très exactement ce que Paul Melun a expliqué, c'est qu'on est là dans le patchwork.
04:42Il y a un certain nombre de mesures qui étaient déjà portées par le précédent. Je crois que c'était l'assurance chômage.
04:47Il ne manquait plus que le décret d'application pour qu'elle rentre en vigueur.
04:52Donc, ça paraît quand même problématique de proposer pour partie la même chose, agrémentée de quelques nouveautés,
05:00à commencer par cette proposition d'un référendum par an, parce que les Français ont voté très exactement l'inverse.
05:07Le premier tour des législatives, c'était d'abord une défaite du macronisme, avant d'être une victoire hypothétique du RN, c'était une défaite du macronisme.
05:17De proposer finalement aujourd'hui un macronisme élargi, quand on avait quasiment commenté la mort ou l'agonie et en même temps l'isme, ça paraît, je pense, compliqué.
05:31Et c'est vrai que Paul Melun explique que c'est un super macronisme qui est proposé là, mais est-ce qu'il est capable de rallier à lui Laurent Wauquiez,
05:38qui a réfuté toute coalition, le Nouveau Front Populaire, qui a imposé sa candidate à Matignon ?
05:45Je vais me risquer un pronostic, je pense que ce n'est pas impossible.
05:49Je pense que ce n'est pas impossible qu'ils arrivent justement sur le fondement d'un pacte législatif, c'est le bon mot,
05:54comment dirais-je, de rendre inoffensif, en tout cas pour un temps et sur certains textes, la droite.
05:59Laurent Wauquiez a dit qu'il serait constructif et que sur certains textes, il pourrait éventuellement travailler avec le gouvernement.
06:05Il faut qu'il négocie la même chose avec la gauche, en tout cas avec la gauche dite de gouvernement.
06:09Pas avec les insoumis qui refuseront ce pacte-là, mais avec les autres.
06:12Et ça, c'est faisable. Et ça, mis bout à bout, ça peut faire non pas une majorité absolue,
06:17mais une peut-être confortable majorité relative, ce qui serait quand même un sacré tour de force.
06:21Maintenant, là où il faut quand même se dire juste une chose, une alerte démocratique,
06:25c'est que là, on est en train quand même, mine de rien, comme ça, avec ses stratégies et ses courbinades ziones,
06:30de renouer avec une forme de rupture démocratique, une rupture avec la souveraineté populaire.
06:35Un peu, moi je trouve, la comparaison avec le référendum de 2005 n'est pas complètement absurde.
06:39C'est-à-dire que les Français se sont prononcés très massivement pour un programme de rupture,
06:44que ce soit en votant pour le Nouveau Front Populaire ou que ce soit en votant pour le Rassemblement National,
06:48et ils vont se retrouver avec une réédition de tout ce pourquoi ils se sont déplacés aussi massivement aux urnes.
06:55Et ça, c'est dangereux, parce que si jamais vous n'écoutez pas la souveraineté populaire,
06:59que vous n'êtes pas observateur de cette souveraineté populaire,
07:02la Ve République, et plus généralement d'ailleurs une démocratie, ne fonctionnera pas bien.
07:06Et l'esprit de la Ve République, c'est pour ça que pour moi une des rares bonnes nouvelles de ce pacte législatif,
07:10c'est le recours au référendum tous les ans, mais j'y suis très favorable.
07:12Je serais même favorable à plus de référendums, y compris au niveau local.
07:15Mais en tout cas, ça je pense que c'est un bon signal.
07:17Mais c'est précisément ce risque de rupture avec le peuple qui est très très important aujourd'hui
07:24et qui pourrait mettre le dernier clou dans le cercueil du macronisme.
07:27Raphaël Stainville, vous avez immédiatement parlé d'Emmanuel Macron qui espère une cohabitation soft.
07:32C'est-à-dire que le chemin pour arriver à une telle convergence souhaitée par Gabriel Attal, il passe par Brégançon en ce moment ?
07:37En tout cas, j'imagine que le Président aujourd'hui met à profit cette retraite ou ces vacances
07:48pour réfléchir au profil de son futur Premier Ministre.
07:52Je disais en préambule qu'il me semblait difficile de pouvoir maintenir Gabriel Attal à ce poste
07:59sans craindre finalement que les Français aient vraiment l'impression d'avoir été floués dans leur vote.
08:06Pour autant, ça n'exclut pas que quelqu'un puisse se détacher venu de ce camp central présidentiel
08:16peut-être moins politique que les autres, mais qui puisse plaire à la droite et à la gauche.
08:21Ça c'est une possibilité, mais en aucun cas je pense que ça ne sera un copier-coller de ce qui existait jusqu'à présent.
08:29Une rupture demandée par les Français. On se demande si elle est envisageable et si elle doit se grouper autour d'ensemble pour la République.
08:37On continue ensemble, Paul Melun, Raphaël Stainville, à débattre.
08:41Et on se demande aussi jusqu'où vont déraper les comptes de la Présidence de la République
08:45puisque les magistrats financiers de la Cour des comptes ont alerté sur le budget et le trou dans le budget de l'Elysée
08:53dans un instant juste après toute l'actualité à 19h28 sur Europe.

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