Romane Dicko : « Trois ans qui tombent à l’eau »
Programmée pour le titre, Romane Dicko a vu la machine s'enrayer en demi-finale, ne lui permettant que de renouveler son bail en bronze pour l'olympiade à venir.
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00:00Musique
00:20Beaucoup, beaucoup de déceptions, je suis dégoûtée, c'était tellement pas pour ça que j'étais venue aujourd'hui.
00:26J'ai l'impression que ces trois ans qui sont partis un peu à l'eau, c'est très compliqué, c'est dur.
00:32Après, j'ai envie de dire que c'est la dureté du sport, du sport de haut niveau, mais très très dur, très très dur.
00:38Je n'ai pas revu le match forcément encore, mais c'est vrai, il m'a dit que je n'étais pas comme d'hab.
00:42Je n'ai pas le sur-recul encore assez, mais en vrai, pourquoi j'ai perdu, ce n'est même pas la raison que j'ai perdu, c'est tout.
00:49Et ouais, j'échoue en demi-finale, je me remobilise, mais très compliqué encore, très compliqué.
00:56Comment je me suis remobilisée ? J'ai envie de dire que l'histoire se répète.
01:00Mes partenaires, mes coachs qui viennent me voir, Romane, me disent qu'il ne faut pas que tu aies de regrets.
01:04J'en ai marre d'entendre ça, mais il fallait se remobiliser.
01:08Trois ans après, l'histoire était la même. En plus, en bas de trois, je fais un bon match, donc vraiment, je suis dégoûtée de ma demi.
01:14Mais j'ai envie de dire que le public était tellement là, on fire, tellement là pour nous.
01:18Merci encore vraiment au public, c'était incroyable et je ne pouvais rien leur offrir.
01:24Ils ont tellement donné aujourd'hui, c'était un cadeau incroyable que je devais leur rendre, même si ce n'était pas à l'heure que je leur apporte aujourd'hui.
01:30Je leur apporterai mes médailles de bronze et j'espère qu'ils sont quand même contents.
01:33Mentalement, pour moi, j'étais prête, j'ai fait tout le taf.
01:36J'étais bien ce matin, j'étais bien cet après-midi, je n'ai pas senti une pression.
01:39Pour moi, j'allais en grand slam. Vraiment, je ne mettais pas de pression par rapport à ça.
01:43Je voulais juste faire ma compétition, comme les compétitions que je fais à chaque fois, j'ai envie de gagner.
01:49Sauf que là, c'était les Jeux et j'ai échoué, c'est tout.
01:52Oui, il y a encore un titre à chercher pour la France après ce qui a été dit aujourd'hui.
01:55Mais l'heure par équipe, il n'a pas la même saveur que l'heure individuelle.
01:58Et pour l'heure individuelle, il faudra attendre au moins encore quatre ans.
02:01C'est dur, mais c'est comme ça.
02:03Je suis encore dans la compétition, je ne suis pas dans l'analyse.
02:08Je ne pourrais pas répondre à ça.
02:10Elle a fait son match, après elle gagne les Jeux.
02:13C'est peut-être son jour, il n'est pas le mien aujourd'hui, c'est dur, mais c'est la journoise du sport.
02:16Non, je suis dégoûtée.
02:18Les larmes, ça fait trois heures que je pleure, mais ce ne sont que des larmes de dégoût.
02:24Je suis déçue.
02:26Pour moi, je devais gagner aujourd'hui, parce que j'avais toutes les armes.
02:29Je n'ai pas réussi à le faire, donc je suis juste dégoûtée.
02:35Je suis dégue.
02:37Il n'y a aucune qui a passé les demi chez les filles, alors que pour moi, on a la meilleure équipe au monde.
02:42Je pense que toutes les filles diront la même chose, on est toutes dégue.
02:45Le judo, c'est un des seuls sports où tout a basculé en une seconde.
02:50Ça a basculé pour toutes les filles.
02:53Je pense qu'on a vraiment encore plus envie de demain de ramener un titre olympique,
02:57pour qu'on rentre au moins à un de ces Jeux avec une médaille d'or autour du cou, même si ce n'est pas en individuel.
03:01Je n'étais pas dans ça, je n'étais pas dans les calculs, en tout cas pas de manière consciente.
03:05J'étais vraiment juste en train de me dire « Romane, il y a une place en finale qui t'attend.
03:09Il faut que tu te battes, il faut que tu donnes. »
03:11Et ce n'est pas passé.
03:13Mais je n'ai vraiment pas pensé aux filles, parce que ça allait encore plus me plomber, je pense,
03:17dans le sens où aucune de nous arrivait à réussir à aller en finale.
03:21L'histoire se répète, j'ai envie de dire.
03:23Mais j'étais dans mon match, en tout cas, et je n'ai pas pensé à l'équipe,
03:27qui a malheureusement échoué tout le temps en demi aussi.
03:29Que dire, Teddy, le grand patron, incroyable.
03:32Après Tokyo, beaucoup, je pense, l'avaient enterré.
03:34En tout cas, je ne pensais pas qu'il pouvait gagner à Paris.
03:36Il a montré que c'était lui le boss.
03:38Chapeau, honnêtement, chapeau.
03:40On ne s'est pas beaucoup croisés, parce qu'on combattait quasiment en même temps.
03:43Mais on s'est vus après, il m'a dit « Romane, t'es jeune. »
03:45J'ai dit « Mais Teddy, toi c'était t'es jeune quand t'as gagné. »
03:47T'es jeune, ça ne veut rien dire.
03:49Mais oui, on a échangé un peu.
03:51J'attends qu'il finisse tous ces trucs-là pour aller encore lui parler.
03:53Mais écoute, Teddy, ça restera le grand frère, ça reste le patron,
03:57ça reste l'ancien, j'ai envie de dire, même s'il est encore jeune aussi.
04:01Et oui, je pense qu'on va encore beaucoup échanger, parce qu'il faut que je prenne des conseils.
04:05Même s'il n'a qu'un seul bronze.
04:07Au début, j'en ai eu déjà deux, j'en ai marre d'avoir le bronze.
04:09J'espère, rendez-vous à L.A. et à Brisbane pour deux titres.