• 2 months ago
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00:00:00Tu m'as dit je t'aime, je t'ai dit attends,
00:00:28j'allais dire prends-moi, tu m'as dit va-t'en.
00:00:58Tu m'as dit je t'aime, je t'ai dit va-t'en.
00:01:28C'était vers 1912.
00:01:30Jules, étranger à Paris, avait demandé à Jim, qu'il connaissait à peine,
00:01:33de le faire entrer au bal des Kadzars.
00:01:35Jim lui avait procuré une carte et l'avait amené chez le costumier.
00:01:38C'est pendant que Jules fouillait doucement parmi les étoppes
00:01:40et se choisissait un simple costume d'esclave
00:01:42que n'acquit l'amitié de Jim pour Jules.
00:01:44Elle grandit pendant le bal, où Jules fut tranquille,
00:01:46avec des yeux comme des boules, plein d'humour et de tendresse.
00:01:49Le lendemain, ils eurent leur première vraie conversation,
00:01:52puis ils se virent tous les jours.
00:01:53Chacun enseignait à l'autre, jusque tard dans la nuit,
00:01:55sa langue et sa littérature.
00:01:57Ils se montraient leurs poèmes et les traduisaient ensemble.
00:02:00Ils avaient aussi en commun une relative indifférence envers l'argent
00:02:03et ils causaient sans hâte, aucun des deux n'ayant jamais trouvé un auditeur si attentif.
00:02:07Jules n'avait pas de femme dans sa vie parisienne et il en souhaitait une.
00:02:10Jim en avait plusieurs.
00:02:12Il lui fit rencontrer une jeune musicienne.
00:02:14Le début semblait favorable.
00:02:15Jules fut un peu amoureux une semaine et elle aussi.
00:02:17Puis ce fut un joli bout de femme désinvolte
00:02:19qui tenait le coup dans les cafés mieux que les poètes jusqu'à 6 heures du matin.
00:02:22Une autre fois, ce fut une jolie veuve toute blonde.
00:02:24Une heure des sorties à trois,
00:02:25elle déconcertait Jules qu'elle trouvait gentille mais ballot
00:02:28et amena pour lui une amie placide, mais Jules la trouva placide.
00:02:31Enfin, malgré l'avis de Jim,
00:02:33Jules prit contact avec des professionnels, mais sans y trouver satisfaction.
00:02:42Allez au boulot.
00:02:55Il n'y a plus de peinture.
00:02:56Salope, on va encore dire que les anarchistes n'ont pas d'orthographe.
00:03:01Sauvez-moi, c'est Merlin qui me poursuit.
00:03:03Il est plus costaud que vous, courons tous les trois.
00:03:07Pouvez-vous me donner à coucher pour cette nuit ?
00:03:09Je m'appelle Thérèse.
00:03:10Comment donc Thérèse ?
00:03:11Dormir chez moi ce n'est pas possible, je suis attendu ailleurs.
00:03:13Gilbert ?
00:03:14Gilbert, oui.
00:03:15Mais c'est Jules.
00:03:16Qui c'est Jules ?
00:03:17C'est moi.
00:03:18C'est Thérèse.
00:03:19C'est Thérèse.
00:03:20C'est Thérèse.
00:03:21C'est Thérèse.
00:03:22C'est Jules.
00:03:23Qui c'est Jules ?
00:03:24C'est moi.
00:03:25Et vous ?
00:03:26Jim.
00:03:27Jim et Jules alors ?
00:03:28Mais non, Jules et Jim.
00:03:53Qu'est-ce que c'est ?
00:03:55C'est mieux qu'une pendule.
00:03:56Quand le sable sera en bas, je dois m'endormir.
00:04:15Vous dormirez ici et moi là.
00:04:17Oui, c'est ça.
00:04:19Vous avez des cigarettes ?
00:04:20Oui, naturellement.
00:04:23C'est vous, Jim ?
00:04:24Non, Jules.
00:04:26Vous êtes gentil, Jules.
00:04:31Je vais vous faire la locomotive à vapeur.
00:04:53Dans dix minutes, il fait jour.
00:04:54Jim, pour une fois, tu pourrais rester dormir ici, à côté de moi.
00:04:57Non, Gilbert.
00:04:59Si je reste, j'aurai l'impression d'en t'abandonner en ne restant pas demain.
00:05:02Et si je reste demain, nous serons en ménage, donc quasiment mariés.
00:05:06N'est-ce pas contraire à nos conventions ?
00:05:08Quel raisonneur tu fais.
00:05:09Il y a aussi Judex qui n'aime pas rester seul à la maison.
00:05:12Et puis la nuit est terminée, le jour se lève.
00:05:14Tiens, imagine que je suis un ouvrier qui part pour son chantier.
00:05:18Frippouille, tu vas rentrer dormir chez toi jusqu'à midi, je le sais.
00:05:43Oui, là-bas.
00:05:44Oui.
00:05:45Oui, là-bas.
00:05:46Oui.
00:05:50Mais non, tenez.
00:05:51Mais non.
00:05:52C'est des Shakespeare.
00:05:54Mais non, je connais sa phrase.
00:05:56C'est une phrase de Jules.
00:05:57Mais si.
00:05:58Jules.
00:05:59Oui, oui.
00:06:00C'était Shakespeare, je vous assure.
00:06:02Mais si.
00:06:04C'était un autre type qui s'appelait aussi Shakespeare.
00:06:11Tu peux me donner une cigarette ?
00:06:12Oui, bien sûr.
00:06:16Vous plaisez beaucoup à moi.
00:06:17Oui, si.
00:06:21Tu peux me donner à coucher pour la nuit, ma belle Thérèse ?
00:06:25T'es l'idiot.
00:06:33Non, laissez, Jules.
00:06:35Une de perdue, dix de retrouvée.
00:06:38Avec Thérèse, ce n'était pas l'amour, elle était à la foi.
00:06:42Ma jeune mère et ma fille, attentifs, bien.
00:06:46Je n'ai pas de chance avec les parisiens.
00:06:48Il y a heureusement des filles dans mon pays.
00:06:51Je n'ai qu'une, Lucie.
00:06:53J'ai demandé sa main, elle a refusé.
00:06:56Je vais retourner la voir.
00:06:58Je m'étais donné six mois.
00:07:00Il y a encore une autre, Brigitte, la voici.
00:07:03Il y a encore une autre, Elga, que j'aimerais peut-être, si je n'aimais pas Lucie.
00:07:09Elle est comme ça.
00:07:10Tenez.
00:07:16Et sur la table ronde, Jules esquissa à grand trait un visage de femme.
00:07:22Jim voulut acheter la table, mais ce fut impossible.
00:07:24Le patron du café ne voulait lui vendre que ses douze tables à la fois.
00:07:31Un verre.
00:07:33C'est Jim, un ami français.
00:07:35Bonjour.
00:07:36Voilà.
00:07:37Bonjour.
00:07:38Merci.
00:07:40Bonjour madame.
00:07:41Bonjour.
00:07:42Je crois que nous nous sommes déjà rencontrés.
00:07:43Naturellement.
00:07:44Vos cheveux.
00:07:45Une amie.
00:07:46Asseyez-vous.
00:07:47Merci.
00:07:51Jim avait demandé...
00:07:53Pierre.
00:07:54L'ami de peintre et de sculpteur.
00:07:57Il connaît tous ceux qui seront célèbres dans dix ans.
00:08:05Celle-là est plus exotique.
00:08:07Elle ressemble un peu à une statue.
00:08:09Un cas.
00:08:10Celle-là, c'est une statue qui a un peu le style roman.
00:08:13D'ailleurs, elle est grêlée par la pluie parce que je l'ai trouvée au fond d'un jardin.
00:08:17Il a dû pleuvoir dessus une bonne génération.
00:08:20Celle-là, très pathétique.
00:08:26On a l'impression d'une figure en putréfaction.
00:08:29D'ailleurs, c'est très curieux de voir la pierre traitée d'une façon aussi flasque.
00:08:33Celle-là, je l'aime beaucoup.
00:08:34Les lèvres sont très belles.
00:08:36Elles sont un peu dédaigneuses.
00:08:37Les yeux sont aussi très beaux.
00:08:42Nous aimerions revoir la précédente, s'il vous plaît.
00:08:48D'ailleurs, j'en ai pris un détail encore de plus près.
00:08:50Cette reproduction montrait un visage de femme grossièrement sculptée,
00:08:53exprimant un sourire tranquille et un sourire douloureux.
00:08:57Celle-là, je l'aime beaucoup.
00:08:59Cette reproduction montrait un visage de femme grossièrement sculptée,
00:09:01exprimant un sourire tranquille qui les saisit.
00:09:04La statue récemment exhumée se trouvait dans un musée en plein air sur une île de l'Adriatique.
00:09:08Ayant résolu d'aller la voir ensemble, ils partirent aussitôt.
00:09:11Ils s'étaient fait faire de clairs costumes pareils.
00:09:20Ils restèrent une heure avec la statue.
00:09:22Elle dépassait encore leur espérance.
00:09:23Ils tournèrent très vite autour d'elle en silence.
00:09:25Ils n'en reparlèrent que le lendemain.
00:09:27Avait-il jamais rencontré ce sourire?
00:09:29Jamais.
00:09:30Que ferait-il s'il le rencontrait un jour?
00:09:32Il le suivrait.
00:09:34Jules et Jim rentrèrent chez eux, pleins de la révélation reçue.
00:09:38Paris les reprit doucement.
00:09:44Bien.
00:09:46Vous êtes un gentleman, Jim.
00:09:55C'est bien.
00:09:57Et votre livre s'avance?
00:09:59J'ai pas mal travaillé, oui.
00:10:02Je crois qu'il sera assez... assez autobiographique.
00:10:06Notre amitié y jouera un rôle important.
00:10:09Je voudrais bien vous en lire un passage.
00:10:10Avec plaisir.
00:10:19Jacques et Julien ne se quittaient plus.
00:10:21Le dernier roman de Julien avait eu du succès.
00:10:23Il y décrivait dans une atmosphère de contes de fées
00:10:25des femmes qu'il avait connues avant le temps de Jacques
00:10:27et même de Lucienne.
00:10:29Jacques était fier pour Julien.
00:10:31On les surnommait Don Quichotte et Sancho Panza
00:10:33et les gens du quartier leur prétèrent bientôt à leur insu des mœurs spéciales.
00:10:36Ils mangeaient ensemble dans de petits bistrots.
00:10:38Les cigares étaient leurs dépenses.
00:10:40Chacun choisissait le meilleur pour l'autre.
00:10:42C'est vraiment très beau.
00:10:44Si vous me le laissez, je voudrais le traduire en allemand.
00:10:49Et maintenant, à la douche.
00:10:54J'ai reçu une lettre de mon coussin.
00:10:56Il m'annonce un arrivage des filles qui étudiaient à Munich avec lui.
00:11:00Une berlinoise, une hollandaise, une française.
00:11:03Elle vient dîner chez moi demain.
00:11:06Je compte sur vous.
00:11:14La troisième Catherine, la française, avait le sourire de la statue de Lille.
00:11:17Son nez, sa bouche, son menton, son front
00:11:20étaient la fierté d'une province qu'elle avait incarnée enfant lors d'une fête religieuse.
00:11:24Cela commençait comme un rêve.
00:11:26En vertu de mes pleins pouvoirs donateurs,
00:11:28je propose que pour abolir une fois pour toutes les messieurs, madame, mademoiselle et jérémie,
00:11:35on boit fraternité avec mon vin favori Nusperger, attendez.
00:11:39Pour éviter les gestes traditionnels d'entremêler nos bras,
00:11:43les pieds des viveurs se toucheront sous la table.
00:11:48Ce qui fut fait. Entraînés par sa joie, Jules ôta vite les siens.
00:11:52Ceux de Jim restèrent un moment à côté à un pied de Catherine,
00:11:54qui la première écarta doucement le sien.
00:11:58Un sourire heureux et timide errait sur les lèvres de Jules,
00:12:01disant aux autres qu'ils étaient dans son cœur.
00:12:04Pendant un mois, Jules disparut.
00:12:06Il voyait Catherine tous les jours seule pour son compte,
00:12:08mais c'est naturellement au gymnase que les deux amies se retrouvèrent.
00:12:11C'est peut-être mieux pour cet homme de ne pas se marier.
00:12:16Venez passer la soirée avec Catherine et moi, vous voulez?
00:12:19D'accord.
00:12:23J'ai tellement parlé de vous.
00:12:25Catherine est très impatiente de vous connaître davantage.
00:12:29Mais pas cela, Jim, n'est-ce pas?
00:12:38Ah, voilà.
00:12:40Bonjour, M. Jim.
00:12:46Il faut prononcer Jim à l'anglaise avec un « de » devant.
00:12:53Non, Jim, ce ne lui ressemble pas.
00:13:03Qu'est-ce que vous pensez de notre ami Thomas?
00:13:06Pouvons-nous sortir avec lui?
00:13:09Pas mal, pas mal du tout.
00:13:11Un ombre de moustache, peut-être.
00:13:16Et maintenant, l'épreuve de la rue.
00:13:29Pardon, monsieur,
00:13:30vous auriez-vous me donner du feu, s'il vous plaît?
00:13:46Merci, monsieur.
00:13:51Catherine était contente du succès de sa ruse.
00:13:53Jim et Jules étaient émus comme par un symbole qu'ils ne comprenaient pas.
00:13:56Ou bien je rêve ou alors il pleut.
00:13:58C'est peut-être les deux.
00:14:08Alors s'il pleut, partons au bord de la mer?
00:14:11On part demain.
00:14:14Le terrain me paraît excellent. Je propose une course de vitesse.
00:14:17Au premier qui arrive au bout de la passerelle.
00:14:21Attention, prêts.
00:14:24Un, deux, haut.
00:14:44Thomas, vous avez triché.
00:14:46Mais j'ai gagné.
00:14:47Thomas gagne toujours.
00:14:48Il parle trois langues, nage comme un poisson.
00:14:51Est-ce que Thomas sait faire les pieds au mur?
00:14:53Vous lui apprendrez.
00:14:56Monsieur Jim, voulez-vous venir demain chez moi,
00:14:59m'aider à porter mes bagages à la gare?
00:15:04Quel mélange cette Catherine.
00:15:06Elle est d'origine aristocratique par son père,
00:15:08populaire par sa mère.
00:15:09Son père descend d'une vieille famille,
00:15:11sa mère était anglaise.
00:15:13Grâce à cela, elle ignore la moyenne
00:15:16et elle enseigne à ceux qui la regardent.
00:15:18Qu'enseigne-t-elle?
00:15:19Shakespeare.
00:15:23Jim la considérait tellement comme un jule,
00:15:25qu'il n'essayait pas de s'en faire une idée nette.
00:15:27Le sourire tranquille revenait de lui-même
00:15:29se poser sur la bouche de Catherine.
00:15:30Il lui était naturel, il l'exprimait toute.
00:15:37Bonjour Catherine.
00:15:38Bonjour, je suis presque prête,
00:15:39j'ai plus que ma robe à passer.
00:15:40Chapeau, je mets sur...
00:15:42On emporte ta bicyclette?
00:15:44Oui.
00:15:52Ta valise aussi?
00:15:54Oui.
00:15:57Que faites-vous?
00:15:58Je vais brûler des mensonges.
00:16:01Donnez-moi du feu.
00:16:11Oh Jim!
00:16:13Oh mon Dieu!
00:16:15Ne bougez pas, ne bougez pas.
00:16:24C'est fini.
00:16:28Ça va?
00:16:29Oui.
00:16:30Pas trop de mal?
00:16:31Passez-moi ma robe, là-bas au pied du lit.
00:16:33Oui.
00:16:35Vous avez un balai?
00:16:36Oui, sous votre nez.
00:17:00Vous pouvez m'aider?
00:17:05Oui.
00:17:12Voilà.
00:17:14Merci.
00:17:21On emporte ça aussi.
00:17:24Qu'est-ce que c'est?
00:17:25Du vitriol, pour les yeux des hommes menteurs.
00:17:28Mais le flacon va se casser dans la valise,
00:17:30vous allez brûler tout votre linge,
00:17:31du reste on peut acheter du vitriol partout.
00:17:33C'est vrai?
00:17:34Oui.
00:17:36Ce ne sera pas la même bouteille?
00:17:38J'avais juré de ne me servir que de celle-là.
00:17:53Chapeau.
00:18:04Chapeau.
00:18:05Merci.
00:18:06Bon.
00:18:13Il dure chercher longtemps le long de la côte
00:18:15avant de trouver à louer la maison rêvée,
00:18:17trop grande mais isolée, un peu solennelle,
00:18:19blanche dehors et dedans, sans meubles.
00:18:22Jules!
00:18:24Oui?
00:18:25Bien dormi?
00:18:26Oui.
00:18:27Tu as dormi?
00:18:28Oui.
00:18:29Tu as dormi?
00:18:30Oui.
00:18:31Tu as dormi?
00:18:32Oui.
00:18:33Bien dormi?
00:18:34Très bien.
00:18:35J'ai mes réveillés?
00:18:37Je ne sais pas.
00:18:38Jim!
00:18:40Jim!
00:18:43Comment vont les autres?
00:18:44Les autres vont bien.
00:18:48Oh, il fait beau.
00:18:50Allez, dépêchez-vous, on va à la plage.
00:18:56Venez, Jim.
00:18:58Partons à la recherche du dernier signe de civilisation.
00:19:01Un morceau de Tinson.
00:19:10Des chaussures.
00:19:12Une boîte.
00:19:20Voilà.
00:19:22Une côte.
00:19:23Attention derrière.
00:19:24Vite.
00:19:27Oh!
00:19:31Oh, Catherine, regardez.
00:19:32Oui?
00:19:33Oh!
00:19:38Oh!
00:19:39Attention à sa descente.
00:19:40Oui, oui.
00:19:42Ah!
00:19:52Un morceau de porcelaine.
00:19:55Un casque.
00:19:56Un bicot.
00:20:02Oh!
00:20:03Voici une cigarette.
00:20:04En clair.
00:20:05Les enfants, je crois bien qu'on est perdus.
00:20:11Allons, il faut monter dans un arbre.
00:20:14Allez, allez.
00:20:18La mesure.
00:20:19Oui!
00:20:20Oui!
00:20:23Approvez-vous de vouloir épouser Catherine?
00:20:26Répondez-moi franchement.
00:20:28Elle était faite pour avoir un mari et des enfants.
00:20:30Je crains qu'elle ne soit jamais heureuse sur cette terre.
00:20:34Elle est une apparition pour tous, peut-être pas une femme pour soi tout seul.
00:20:38Allez, il faut continuer.
00:20:39Non.
00:20:40Mais oui.
00:20:41Cette fois-ci, je ne bouge plus, j'abandonne.
00:20:51Allez, les enfants d'arbre.
00:20:53Dépasse.
00:21:10Allons-y, les enfants.
00:21:13Dépasse.
00:21:15Dépasse.
00:21:17Dépasse.
00:21:19Allez, les enfants.
00:21:20Dépasse.
00:21:46Enfin, je viens de lire un livre qui me plaît.
00:21:48Un homme.
00:21:49C'est un Allemand.
00:21:50Ose dire tout haut ce que je pense tout bas.
00:21:53Le ciel que nous voyons est une boule creuse, pas plus grande que ça.
00:21:59Nous marchons debout, la tête vers le centre.
00:22:03L'attraction tire vers l'extérieur, sous nos pieds, vers la croûte solide dans laquelle cette bulle est enfermée.
00:22:22Quelle épaisseur a cette croûte et qu'y a-t-il au-delà?
00:22:24Allez-y voir qu'y a-t-il au-delà. Ce n'est pas une question à poser entre gentlemen.
00:22:33Catherine, donnez-moi votre réponse demain.
00:22:35Si c'est non, je répéterai ma demande chaque année le jour de votre anniversaire.
00:22:41Vous n'avez pas connu beaucoup de femmes.
00:22:43Moi, de mon côté, j'ai connu beaucoup d'hommes.
00:22:45Ça fera une moyenne.
00:22:46Peut-être pourrons-nous former un couple honnête.
00:23:02J'ai demandé à Catherine de m'épouser et elle a presque dit oui.
00:23:21À 15 ans, j'étais amoureuse de Napoléon.
00:23:23Je rêvais que je le rencontrais dans un ascenseur.
00:23:26Il me faisait un enfant et je ne le revoyais jamais.
00:23:30Pauvre Napoléon.
00:23:32On m'avait appris, petite fille, notre père qui quête aux cieux.
00:23:36Et moi, j'avais compris notre père qui quête aux cieux.
00:23:38J'imaginais mon père déguisé en bedot barbu, faisant la quête devant le paradis.
00:23:45En principe, je viens de raconter une chose drôle.
00:23:48En tout cas, amusante.
00:23:50Vous pourriez, je ne sais pas moi, sourire.
00:23:53Oh là là, là là, là là.
00:24:00Est-ce que quelqu'un ici accepterait de me gratter le dos?
00:24:05Gratte-toi le suel de Grattra.
00:24:08Quoi?
00:24:09Gratte-toi le suel de Grattra.
00:24:11Tiens.
00:24:16Avant de vous connaître tous les deux, je ne riais jamais.
00:24:19Je faisais des têtes comme ça.
00:24:22Oh.
00:24:25Oh.
00:24:28Mais c'est fini. Plus jamais ça. Maintenant, c'est comme ça.
00:24:37C'est vrai?
00:24:38Oui.
00:24:41Oh, il pleut.
00:24:43Venez voir.
00:24:45Bonne nuit de Paris. Rentrons à Paris, s'il vous plaît.
00:24:48Demain soir, on sera à Paris.
00:25:14Catherine, Jules.
00:25:16Bonjour.
00:25:17Ça y est, j'ai signé avec mon éditeur.
00:25:19Voilà, ça c'est pour Catherine.
00:25:21Merci.
00:25:22Ça c'est pour vous deux.
00:25:24Oh, c'est beau.
00:25:25Formidable.
00:25:26Là, il y a un carton.
00:25:27Qu'est-ce que c'est?
00:25:28C'est une petite main pour se gratter le dos.
00:25:31C'est très pratique.
00:25:33Voilà.
00:25:36Manon.
00:25:39Je vous emmène au théâtre. J'ai pris trois places pour ce soir.
00:25:44Je vous emmène au théâtre.
00:25:45Nouvelle pièce. Pendant que je suis loin.
00:25:47Bravo.
00:25:49Le théâtre est à neuf heures.
00:25:51Quand le sable sera en bas, il faudra nous habiller.
00:25:56Jim vit souvent ses amis. Il se plaisait avec eux.
00:25:59Le grand lit mérovingien était inauguré officieusement.
00:26:01Les deux oreillers de Jules étaient maintenant côte à côte sur son lit,
00:26:04et ce lit sentait bon.
00:26:05Catherine en bellissait et reprenait racine dans la vie.
00:26:15Malgré tout, cette fille me plaît.
00:26:17Elle veut être libre.
00:26:19Elle invente sa vie à chaque instant.
00:26:21Jim n'a pas l'air enchanté.
00:26:23Non. Franchement, non.
00:26:24C'est une pièce confuse et complaisante.
00:26:26Encore un de ces types qui prétendent peindre le vice pour mieux montrer la vertu.
00:26:29On ne sait pas à quelle époque ça se passe, ni dans quel milieu.
00:26:32Le théâtre n'a pas expliqué si l'héroïne est vierge ou non.
00:26:35Ça n'a aucune importance.
00:26:37C'est une pièce qui a été faite.
00:26:39Le théâtre n'a pas expliqué si l'héroïne est vierge ou non.
00:26:42Ça n'a aucune importance.
00:26:44Cela n'aurait aucune importance si le conflit était purement sentimental,
00:26:47mais puisque l'auteur précise que le héros est impuissant,
00:26:49que son frère est homosexuel et que sa belle-sœur est infomagne,
00:26:51il nous doit des précisions physiques sur l'héroïne.
00:26:53C'est logique, non?
00:26:54Non. Et puis d'abord, vous ne pensez qu'à ça.
00:26:56Parfaitement, madame. On ne pense qu'à ça, et vous nous y aidez.
00:26:59Pas de psychologie ce soir, Jules.
00:27:01Ce n'est pas de la psychologie, c'est de la métaphysique.
00:27:04Dans le couple, l'important, c'est la fidélité de la femme,
00:27:10qui a écrit « La femme est naturelle, donc abominable » ?
00:27:14C'est Baudelaire, mais il parlait des femmes d'un certain monde, d'une certaine société.
00:27:17Mais pas du tout. Il parlait de la femme en général.
00:27:20Ce qu'il dit de la jeune fille, c'est magnifique, épouvantable,
00:27:24monstre, assassin de l'art, dite saute, dite salope,
00:27:27la plus grande imbécilité unie avec la plus grande dépravation.
00:27:31Pour l'instant, je n'ai pas fini.
00:27:33Et c'est si admirable.
00:27:35J'ai toujours été étonné qu'on laisse entrer les femmes dans l'église.
00:27:40Quelles conversations peuvent-elles avoir avec Dieu ?
00:27:45Vous êtes deux idiots.
00:27:47Moi, je n'ai rien dit, et je n'approuve pas forcément ce que dit Jules à deux heures du matin.
00:27:53Alors, protestez.
00:27:55Je proteste.
00:27:58Le plongeant de Catherine se grava dans les yeux de Jim,
00:28:01au point qu'il en fit le lendemain un dessin, lui qui ne dessinait pas.
00:28:04Un éclair d'admiration jaillit en lui,
00:28:06tandis qu'il envoya à Catherine, par la pensée, un baiser invisible.
00:28:09Il était tranquille, il nageait mentalement avec elle
00:28:12et gardait son souffle pour bien effrayer Jules.
00:28:14Catherine ! Catherine ! Catherine, pourquoi ?
00:28:17Catherine, par là, venez.
00:28:20Catherine, tu es fou.
00:28:23Catherine, par là, venez.
00:28:25Catherine, tu es fou.
00:28:27Par là, Catherine. Prends ma main.
00:28:35Catherine, tu es fou.
00:28:39Le chapeau de Catherine suivait tout seul le fil de l'eau.
00:28:43Jules était pâle, silencieux, moins sûr de lui et plus beau.
00:28:46Catherine était avec son sourire inchangé,
00:28:48comme un jeune général modeste après sa campagne d'Italie.
00:28:51Ils ne parlèrent pas du plongeant.
00:28:55Je suis arrivé.
00:28:57S'il vous plaît, M. Jim.
00:28:59Non, Jim tout court.
00:29:01Jim tout court.
00:29:03Je désire avoir un entretien avec vous.
00:29:06Je vous en prie.
00:29:08Jim tout court.
00:29:10Jim tout court.
00:29:12Je désire avoir un entretien avec vous et vous demander un conseil.
00:29:15Voulez-vous m'attendre demain à 7 h dans la première salle de notre café ?
00:29:19Oui. Catherine veut vous parler.
00:29:22Entendu. J'y serai à 7 h.
00:29:35Merci.
00:29:39Vous plaisantez ?
00:29:41Je ne plaisante jamais.
00:29:43D'ailleurs, je n'ai pas d'humour.
00:29:45Non ?
00:29:46Je vous assure.
00:29:48Bien sûr, je connais des gens qui ont de l'humour,
00:29:50des amis de ma femme, des collègues de bureau.
00:29:52Mais moi-même, personnellement, je n'ai pas d'humour.
00:29:55Venez, Alphonse, on s'en va.
00:29:57Jim était arrivé en retard au café, comme souvent, par optimisme.
00:30:00Il était mécontent de lui et craignait de n'être pas le premier au rendez-vous.
00:30:04Jim pensait qu'il allait être le premier.
00:30:07Jim pensait, une fille comme elle peut parfaitement être venue
00:30:10et repartir à 7 h et une minute ne me trouvant pas.
00:30:13Une femme comme elle peut avoir traversé rapidement cette salle
00:30:15sans m'apercevoir derrière mon journal et avoir filé illico.
00:30:18Il se répéta, une femme comme elle, une femme comme elle,
00:30:21mais comment est-elle donc ?
00:30:23Et pour la première fois, il se mit à penser à Catherine directement.
00:30:26Garçon !
00:30:30Un autre café, s'il vous plaît.
00:30:32Très bien.
00:30:34Garçon, c'est l'hiver.
00:31:04Un autre café, s'il vous plaît.
00:31:27Allô ?
00:31:28Allô, Jim ? J'ai vous réveillé ?
00:31:30Nous partons dans mon pays, Catherine et moi, pour nous marier.
00:31:34Vous m'excuserez auprès de Catherine, je suis arrivé en retard à notre rendez-vous.
00:31:37J'ai attendu jusqu'à 8 h moins 10.
00:31:39Elle est plus optimiste que vous, c'est la question du temps.
00:31:42Elle était chez les coiffeurs.
00:31:44Elle a dû arriver au café à 8 h.
00:31:47Si j'avais pu supposer qu'elle puisse encore venir, j'aurais attendu jusqu'à minuit.
00:31:56Allô, Jim ? Je suis très contente.
00:31:59Vous savez, Jules va m'apprendre la boxe française.
00:32:02Avec une pointe d'accent autrichien.
00:32:04Moi, je n'ai plus d'accent.
00:32:06Mon prononciation est excellente.
00:32:08Laissez-moi vous dire.
00:32:10Allons enfants de la patrie.
00:32:12Le jour de gloire est arrivé.
00:32:14Contre nous de la tyrannie.
00:32:16L'étendard sanglant est levé.
00:32:18Entendez-vous dans nos campagnes.
00:32:20Mugir ces féroces soldats.
00:32:22Qui viennent jusque dans nos bras.
00:32:24Égorger nos fils et nos compagnes.
00:32:26Aux armes, citoyens.
00:32:28Formez vos bataillons.
00:32:30Marchons, marchons, qu'un son impur.
00:32:32À preuve, nos sillons.
00:32:34Nous entrerons dans la carrière.
00:32:37Et quand nos aînés ne seront plus.
00:32:39Nous y trouverons leur poussière.
00:32:42Et la trace de leur vertu puisse.
00:32:45Quelques jours après, la guerre éclatait.
00:32:47Jules et Jim furent mobilisés chacun dans l'armée de son pays.
00:32:50Et ils restèrent longtemps sans nouvelles l'un de l'autre.
00:33:30La guerre s'éternisait et l'on s'installait dans la guerre.
00:33:57Au début, ce n'était qu'un combat à mener.
00:33:59Mais peu à peu, une vie normale s'était organisée,
00:34:01rythmée par les saisons.
00:34:02Une vie normale avec ses temps morts, sa routine,
00:34:04ses pauses et même ses distractions.
00:34:16Jim, dans les tranchées, recevait des colis de Gilbert.
00:34:19Plusieurs fois, il lui annonça sa venue en permission.
00:34:21Plusieurs fois, les permissions furent annulées.
00:34:24Enfin, au printemps 1916, il vint passer une semaine à Paris.
00:34:28On n'épouse pas une femme pour la remercier de vous envoyer des colis.
00:34:31On est très bien comme ça, je t'assure.
00:34:33Comme tu voudras, mais j'ai quand même la conviction que nous vieillirons ensemble.
00:34:36Comment va ton ami Jules ?
00:34:37Il a épousé Catherine, mais depuis, je n'ai aucune nouvelle.
00:34:40Tu sais, Gilbert, parfois dans les tranchées, j'ai peur de tuer Jules.
00:34:51Catherine, mon amie, je pense à toi sans arrêt.
00:35:00Pas à ta sœur, à qui je ne crois plus,
00:35:03mais à ton corps, tes jambes, tes jambes.
00:35:07Je pense aussi à ton peau et à notre fils.
00:35:12Je n'ai plus de colis.
00:35:13Je ne sais pas comment te le envoyer.
00:35:17Je suis envoyé à la frontière russe.
00:35:21Ça va être difficile.
00:35:24Mais je préfère le faire, sinon je vais vivre dans la peur de te tuer.
00:35:30Mon amie, je te kisse les lèvres.
00:36:20Le pays de Jules avait perdu la guerre.
00:36:35Le pays de Jim l'avait gagnée.
00:36:37Mais la vraie victoire, c'est qu'ils étaient en vie l'un et l'autre.
00:36:39Ils se le firent savoir par un pays neutre et leur correspondance reprit normalement.
00:36:43Catherine et Jules habitaient un chalet près du Rhin.
00:36:46Une petite fille, Sabine, était née.
00:36:48Jim écrivit à Jules, « Que pensez-vous?
00:36:50Dois-je me marier aussi?
00:36:51Dois-je avoir des enfants? »
00:36:53Jules répondit, « Venez et vous jugerez. »
00:36:56Catherine ajouta une ligne d'invitation.
00:36:58Jim partit.
00:36:59C'était un tel événement qu'il le retardait.
00:37:02Il flâna le long du Rhin et s'arrêta dans plusieurs villes.
00:37:05Un grand quotidien de Paris publiait ses articles sur l'Allemagne d'après-guerre.
00:37:09Il voulait revoir les lieux où il s'était battu le plus durement.
00:37:16Dans certains endroits, le terrain avait été tellement bombardé
00:37:18qu'il n'y avait plus que du fer dans le sol
00:37:20et que des champs entiers étaient devenus incultivables.
00:37:23Alors on en faisait des cimetières que Jim parcourait
00:37:25en cherchant sur les croix les noms de ses camarades disparus,
00:37:28des cimetières que déjà l'on faisait visiter aux enfants des écoles.
00:37:46Catherine attendait Jim au portillon de la petite gare avec sa fille,
00:37:50son regard chanté de fantaisie et d'audace contenue.
00:38:04Bonjour Jim.
00:38:05Bonjour Catherine.
00:38:06Voilà Sabine.
00:38:07Bonjour Sabine.
00:38:08Bonjour Monsieur Jim.
00:38:11Venez, Jules est impatient de vous revoir.
00:38:14Sa voix grave allait avec le reste.
00:38:16Jim eut l'impression qu'elle arrivait au rendez-vous du café avec un gros retard
00:38:19et qu'elle s'était vêtue pour lui.
00:38:21Elle emmena Jim à leur chalet rustique au milieu des sapins près d'une prairie en pente.
00:38:44Comment vont les autres?
00:38:56Comment vont les autres, vous savez.
00:39:05Vous n'avez pas changé.
00:39:06Je n'ai pas changé.
00:39:07Bref, personne n'a changé.
00:39:15Asseyez-vous.
00:39:18Viens Sabine.
00:39:45Non, merci.
00:39:47Tu en veux?
00:39:48Un peu, oui.
00:39:53Cigarette?
00:39:54Merci.
00:39:55Non, monsieur, je ne fume plus.
00:39:56Ne fume pas.
00:39:57Depuis que j'aime les plantes.
00:40:07Ah non, je passe.
00:40:15C'est normal, il est une heure vingt.
00:40:19Et alors?
00:40:21Les anges passent toujours à vingt de chaque heure.
00:40:24Ah oui?
00:40:25Pareil.
00:40:26Je ne le savais pas.
00:40:28Moi non plus.
00:40:29Si, si.
00:40:37À vingt et aussi à moins vingt.
00:40:45Alors, crapule, vous avez gagné la guerre.
00:40:49Voyez-vous, Jules, je préférais avoir gagné ceci.
00:40:55Vous devez avoir faim.
00:40:56Allons nous mettre à table.
00:40:59Après le déjeuner, je vous ferai visiter la maison.
00:41:07Jimmy ici, Jules là et Sabine à côté de moi.
00:41:15Votre nouveau roman?
00:41:16Pas encore terminé.
00:41:18A cause de ces sacrés articles.
00:41:20Je suis obligé d'y penser toute la semaine
00:41:22et de les écrire dans la nuit du vendredi au samedi
00:41:24pour les envoyer par avion.
00:41:26Et vous?
00:41:27On m'a commandé un livre sur les libellules.
00:41:30J'écris le texte et je me charge des photos.
00:41:32Catherine fait les dessins et les graphiques.
00:41:35Même Sabine participe parce qu'elle m'accompagne dans les marais.
00:41:40Je vais faire construire une mare artificielle dans les jardins.
00:41:44Et un jour, peut-être, j'irai rentrer à la littérature
00:41:47avec un roman d'amour
00:41:49dont le personnage serait des insectes.
00:41:54J'ai une mauvaise tendance à trop me spécialiser.
00:41:57J'envis l'ouverture de votre éventail, Jim.
00:42:03Oh, moi, je suis un raté.
00:42:05Le peu que je sais, je le tiens à mon professeur Albert Sorel.
00:42:08Que voulez-vous devenir, me demanda-t-il?
00:42:10Diplomate.
00:42:11Avez-vous une grosse fortune?
00:42:12Non.
00:42:13Pouvez-vous, avec quelque apparence de légitimité,
00:42:15ajouter à votre patronyme un nom célèbre ou illustre?
00:42:17Non.
00:42:18Eh bien, renoncez à la diplomatie.
00:42:20Mais alors, que dois-je devenir?
00:42:22Un curieux.
00:42:23Ce n'est pas un métier, ce n'est pas encore un métier.
00:42:27Voyagez, écrivez, traduisez.
00:42:29Apprenez à vivre partout.
00:42:31Commencez tout de suite.
00:42:33L'avenir est aux curieux de profession.
00:42:35Les Français sont restés trop longtemps enfermés derrière leurs frontières.
00:42:38Vous trouverez toujours quelques journaux pour payer vos escapades.
00:42:44Jules pense que vous avez une grande carrière devant vous.
00:42:47Moi aussi.
00:42:48Mais j'ajoute, pas forcément spectaculaire.
00:42:53C'est ici que Jules travaille et dort.
00:42:56Notre vie est organisée comme celle d'un couvent.
00:42:59Jules écrit ses livres,
00:43:01chasse ses insectes et toutes ses bestioles.
00:43:04Mathilde, que vous avez vue, est la fille d'un fermier voisin.
00:43:07Elle m'aide à m'occuper du ménage et de sa bine.
00:43:13Ma chambre.
00:43:19Mais c'est Jules.
00:43:20Oui. Le père de Jules aimait tellement Mozart qu'un jour il avait déguisé Jules en Mozart.
00:43:27Voilà le balcon.
00:43:35Là-bas, c'est l'auberge où vous coucherez ce soir.
00:43:37Jules vous y conduira tout à l'heure.
00:43:41Jules !
00:44:04Allez, allez.
00:44:34Jules !
00:44:53Jules et Jim reprirent leurs grandes conversations interrompues.
00:44:55Ils se racontèrent leurs guerres.
00:44:57Jules évitait de parler de sa vie familiale.
00:44:59Catherine le traitait avec gentillesse et sévérité.
00:45:01Mais Jim eut l'impression que tout n'allait pas très bien.
00:45:13Au lit marin, la puce a faim.
00:45:16Il était une fois une puce.
00:45:19Une puce très gentille.
00:45:24Bonsoir, Sabine.
00:45:25Bonsoir, Jim. A demain matin.
00:45:27Bonsoir.
00:45:29Bonsoir, Jules.
00:45:31Je viens vous parler.
00:45:37Comment trouvez-vous Catherine ?
00:45:39Il me semble que le mariage et la maternité lui ont réussi.
00:45:42Je la trouve un peu moins cigale, un peu plus fourmi.
00:45:48Mais fayez-vous.
00:45:50Elle fait régner l'ordre et l'harmonie dans notre maison, c'est vrai.
00:45:53Mais quand tout va trop bien,
00:45:55il lui arrive d'être mécontente.
00:45:57Elle change d'allure et cravache tout en gestes et en paroles.
00:46:01Je l'ai toujours pensé, c'est aussi Napoléon.
00:46:04Elle professe que le monde est riche,
00:46:07qu'elle en peut parfois tricher un peu.
00:46:10Elle en demande d'avance, pardon, bon Dieu, sûr de l'obtenir.
00:46:16Jim, j'ai peur qu'elle nous quitte.
00:46:20C'est impossible.
00:46:22Non, non, elle l'a déjà fait.
00:46:24Pendant six mois, j'ai cru qu'elle ne reviendrait pas.
00:46:27Je la sens de nouveau prête à partir.
00:46:30Vous savez, Jim, elle n'est plus tout à fait ma femme.
00:46:33Elle a eu des amants, trois hommes à connaissance.
00:46:36Un à la veille de notre mariage, un adieu à sa vie de garçon.
00:46:40Et une vengeance contre quelque chose que j'ai fait et que j'ignore.
00:46:47Je ne suis pas l'homme qu'il lui faut.
00:46:49Elle n'est pas femme à la supporter.
00:46:52De mon côté, j'ai maintenant l'habitude qu'elle me soit parfois infidèle.
00:46:56Mais je ne supporterai pas qu'elle s'en aille.
00:47:00Aurélien Albert.
00:47:02Ah oui, le chanteur qui avait découvert la statue.
00:47:05Justement, souvenez-vous, c'est lui qui nous l'a fait connaître.
00:47:08Il a été blessé à la guerre.
00:47:10Il est en convalescence dans un village voisin.
00:47:13Catherine l'a encouragée, lui a donné de l'espoir.
00:47:17C'est un homme entier.
00:47:19C'est un homme entier.
00:47:21Il s'est ouvert à moi.
00:47:23Il veut l'épouser et prendre Osie la petite.
00:47:26Je ne lui en veux pas.
00:47:29Je n'en veux ni à elle, ni à Albert.
00:47:32Je renonce peu à peu à elle.
00:47:36A ce que j'ai attendu sur terre.
00:47:39Elle ne vous quittera pas parce que c'est ce qu'elle aime en vous, votre côté moine bouddhique.
00:47:44Elle est d'habitude douce et généreuse.
00:47:47Mais quand elle croit qu'on ne l'apprécie pas suffisamment, elle devient terrible.
00:47:53Et passe alors d'un extrême à l'autre avec des attaques prusquées.
00:47:59Écoutez les chants de la courtilière.
00:48:02C'est une espèce de tope.
00:48:06De sa chambre d'auberge, Jim pouvait voir le chalet.
00:48:09Ainsi Catherine était là-bas, reine radieuse du foyer, prête à s'envoler.
00:48:13Jim ne fut pas surpris. Il se rappela les erreurs de Jules avec Thérèse, avec Lucie, avec toutes.
00:48:18Il savait Catherine terriblement précise.
00:48:20Jim eut une grande tristesse pour Jules, pourtant il ne pouvait juger Catherine.
00:48:24Elle avait pu sauter dans les hommes comme elle avait sauté dans la Seine.
00:48:27Une menace planait sur la maison.
00:48:30Une seconde semaine commença.
00:48:33Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
00:49:04Jim, j'aurais besoin de vous parler tout à l'heure. Vous serez libre?
00:49:09Bien sûr.
00:49:10Bien.
00:49:12Mathilde, come and see me.
00:49:16Remarquez bien que les mots ne peuvent pas avoir la même valeur puisqu'ils n'ont pas le même sexe.
00:49:23Nous disons en allemand le guerre, le mort, le lune.
00:49:28Le guerre, le mort, le lune.
00:49:31Alors que soleil et amour sont du sexe féminin.
00:49:35La soleil, la amour.
00:49:40La vie neutre.
00:49:42La vie neutre, c'est très joli et surtout très logique.
00:49:52En France aussi, plus la guerre durait, plus les robes devenaient courtes.
00:49:55Chaque perdition, c'était un motif des scènes de ménage.
00:49:58Les soldats avaient le sentiment d'être bafoués.
00:50:00En fait, la raison en était que le tissu devenait de plus en plus rare.
00:50:03C'est comme dans les villes, les femmes se sont fait couper les cheveux pour pouvoir travailler dans les usines à cause des machines et des courroies.
00:50:09Tenez, Jim, il serait temps que vous commenciez à apprécier la bière allemande.
00:50:13Jim est comme moi. Il est français. Il se fout de la bière allemande.
00:50:16Pas du tout.
00:50:17Comment? Mais le vignoble français est l'un des plus variés d'Europe, du monde même.
00:50:22Il y a, je ne sais pas moi, les Bordeaux, Château Lafitte, Château Margaux, Château Ikem, Château Frontenac, Saint-Emilion, Saint-Julien, Entre-Deux-Mers, Jean-Pas, c'est des meilleurs.
00:50:31Il y a aussi, attendez, le Clos-Vougeot, les Bourgognes, le Romanais, le Chambertin, le Beaune, le Pommard, le Chablis, le Montrachet, le Volnais.
00:50:39Et puis les Beaujolais, le Pouilly-Fuissé, le Pouilly-Loché, le Moulin-Avent, le Fleury, le Morgon, le Brouilly, le Saint-Amour.
00:50:46Tous les eux fixés sur l'obus qui descendait lentement l'escalier. Plus que trois marches, plus que deux marches, tous à plein ventre.
00:50:54Rattrapez-moi.
00:51:17Que voulez-vous savoir ?
00:51:18Rien, je veux vous écouter.
00:51:20Pour me juger ?
00:51:22Tu m'en gardes.
00:51:26Je ne veux rien vous dire. Je veux vous questionner.
00:51:30Soit.
00:51:31Ma question sera, racontez-vous, Jim.
00:51:35Bien, mais quoi ?
00:51:36Peu importe, racontez. Droit devant vous, Jim.
00:51:40Jim commença, il était une fois deux jeunes filles.
00:51:44Jim commença, il était une fois deux jeunes gens.
00:51:46Et il décrivit sans les nommer, Jules et lui-même, leur amitié, leur vie à Paris avant l'arrivée d'une certaine jeune femme, comment elle leur apparut et ce qui s'en suivit.
00:51:53Il raconta même le « Pas celle-là, Jim ».
00:51:56Ici, Jim ne put s'empêcher de dire son propre nom.
00:51:58Leur sortie à Troyes, leur séjour au bord de la mer.
00:52:01Catherine put voir que Jim se rappelait ce qui la concernait comme s'il y était encore.
00:52:05Elle discuta quelques détails pour le principe et en ajouta d'autres.
00:52:08Jim décrivit leur rendez-vous manqué au café.
00:52:10Il raconta eux trois vus par lui.
00:52:12Il dit les trésors cachés en Jules et comment il avait pressenti dès le début que Jules ne pourrait pas garder Catherine.
00:52:18M'auriez-vous raconté tout cela au café ?
00:52:20Oui.
00:52:22Continuez.
00:52:23Il n'y a plus rien à dire.
00:52:26Il y a eu la guerre.
00:52:28Ma joie de retrouver Jules, votre apparition à la gare.
00:52:31Les jours de bonheur que je viens de passer près de vous.
00:52:34Ce que j'ai vu, ce que j'ai appris, ce que j'ai deviné.
00:52:37Ces nuages qui s'annoncent.
00:52:39Je veux parler d'Albert.
00:52:41Êtes-vous avec Jules contre moi ?
00:52:43Pas plus que lui-même.
00:52:46Je vais reprendre toute l'histoire comme Jules l'est vécue moi-même.
00:52:49C'est la générosité, l'innocence, la vulnérabilité de Jules qui m'ont éblouie et conquise.
00:52:56Un tel contraste avec les autres hommes.
00:52:59Je pensais le guérir par la joie des crises où il perd des pieds,
00:53:02mais j'ai compris que ces crises sont une partie de lui-même.
00:53:06Le bonheur, car nous avons été heureux,
00:53:08mais on ne s'est pas installés et nous nous sommes retrouvés face à face, non mêlés.
00:53:16Sa famille a été un véritable calvaire pour moi.
00:53:19La veille du mariage, au cours d'une réception,
00:53:22la mère de Jules a commis un impair qui m'a blessée à fond.
00:53:25Jules s'y est associé par sa passivité.
00:53:27Je l'ai puni en reprenant à l'instant pour quelques heures un ancien amant.
00:53:31Harold.
00:53:33Oui, amant.
00:53:35Ainsi j'ai pu me marier avec Jules, quitte.
00:53:37En recommençant à zéro.
00:53:40Heureusement, sa famille est allée habiter le Nord, je ne sais pas où.
00:53:44La guerre éclate, départ de Jules vers l'Est.
00:53:48Il m'écrit des lettres d'amour fougueuses, admirables.
00:53:53De loin je l'aimais davantage, je lui refis une auréole.
00:53:56Notre dernier malentendu, notre véritable rupture date de sa première permission.
00:54:00Je me suis sentie entre les bras d'un étranger.
00:54:02Il est reparti.
00:54:03Sabine est née neuf mois plus tard.
00:54:05Elle ne ressemble pas beaucoup à Jules.
00:54:07Croyez ce que vous voulez, elle est de lui.
00:54:09Mais je lui ai dit, je t'ai donné une petite fille, c'est assez pour moi.
00:54:13Ce chapitre est clos, faisons chambre à part.
00:54:15Je reprends ma liberté.
00:54:16Vous vous rappelez notre jeune ami Fortunio ?
00:54:18Oui.
00:54:20Il était là, libre comme l'air, moi aussi.
00:54:23Il a été un gentil partenaire.
00:54:24Quelle vacances !
00:54:26Mais il était trop jeune, ce n'était pas sérieux.
00:54:30Et un beau jour à ma surprise.
00:54:33L'indulgence, le loisir de Jules m'ont manqué.
00:54:37Ma fille m'attirait comme un aimant, je n'étais pas dans mon chemin.
00:54:40Je suis partie.
00:54:42Je ne suis rentrée ici que depuis trois mois.
00:54:47Jules, comme Marie, est fini pour moi.
00:54:50Ne vous désolez pas pour lui.
00:54:51Je lui accorde encore des distractions qui lui suffisent.
00:54:55Après, il y a Albert.
00:54:57Il m'a parlé de cette statue que vous avez aimée à Trents...
00:54:59et à laquelle il paraît que je ressemble.
00:55:01J'ai flirté avec lui.
00:55:02Il a des côtés bizarres, mais il a l'autorité naturelle qu'il manque à Jules.
00:55:06Il veut que je quitte tout, que je l'épouse.
00:55:08Il prendrait la fille et la mère.
00:55:10J'ai beaucoup d'amitié pour lui, mais pas plus jusqu'ici.
00:55:13D'ailleurs, il vient demain déjeuner avec nous, je veux bien voir.
00:55:16Vous m'avez bien écoutée.
00:55:17Je parlais plus que vous.
00:55:18Je ne prétends pas avoir tout dit, pas plus que vous tout à l'heure.
00:55:21Peut-être ai-je eu d'autres amants, c'est mon affaire.
00:55:24Je n'ai parlé que de ce dont vous avez parlé vous-même.
00:55:27Je vous comprends, Catherine.
00:55:28Je ne veux pas qu'on me comprenne.
00:55:30Il fait presque jour, maintenant.
00:55:32Jim désirait Catherine, mais il enfouissait ce désir plus que jamais auparavant.
00:55:36Il ne fallait pas qu'elle parte.
00:55:37Dans quelle proportion Jim allait-il agir pour Jules ?
00:55:40Dans quelle proportion pour lui-même ?
00:55:41Il ne le saurait jamais.
00:55:51Elle faisait peut-être, Jim était loin d'en être certain, ce qu'il fallait pour le séduire.
00:55:55C'était insaisissable.
00:55:56Catherine ne dévoilait ses buts qu'en les atteignant.
00:56:00C'est ce qu'il fallait.
00:56:12Bonjour, Sabine.
00:56:13Bonjour, Albert.
00:56:14Ça va ?
00:56:15Oui.
00:56:16Comment va ta maman ?
00:56:17Bien.
00:56:26Bonjour, Albert.
00:56:27Bonjour.
00:56:28Vous aussi, vous avez sacrifié vos moustaches ?
00:56:30Oui, j'ai fait comme tout le monde.
00:56:32Mais je ne me plais pas ainsi.
00:56:33J'ai l'impression d'être tout nu.
00:56:34Je vais la laisser repousser.
00:56:36Albert a été blessé à la guerre ?
00:56:38Dans les tranchées ?
00:56:40Maintenant, ça va tout à fait.
00:56:41Mais quand je me suis réveillé et que j'ai vu le chirurgien fouiller dans mon crâne,
00:56:45j'ai pensé à Oscar Wilde.
00:56:46Mon Dieu, épargnez-moi les douleurs physiques, les douleurs morales.
00:56:49Je m'en charge.
00:56:51C'est qui est révoltante dans la guerre ?
00:56:53C'est qu'elle prive l'homme de son compas individuel ?
00:56:56Oui, c'est vrai, mais je crois qu'il peut quand même, en marge de la guerre, mener la sienne.
00:57:01Je pense à cet artilleur que j'ai connu à l'hôpital.
00:57:04En revenant de permission, il a rencontré une jeune fille dans le train.
00:57:08Ils se sont parlé entre Nice et Marseille.
00:57:10En sautant sur le quai de la gare, il lui a donné son adresse.
00:57:13Et bien pendant deux ans, tous les jours, il lui a écrit frénétiquement depuis les tranchées,
00:57:17sur du papier d'emballage, la lueur des bougies,
00:57:20même quand les obus pleuvaient, des lettres de plus en plus intimes.
00:57:23Au début, il commençait « Chère Mademoiselle » et terminait par « Mes hommages respectueux ».
00:57:28A la troisième lettre, il l'appelait « Ma petite fée » et lui demandait une photographie.
00:57:32Puis ce fut « Ma fée adorable ».
00:57:34Puis « Je vous baisse les mains ».
00:57:36Puis « Je vous baisse le front ».
00:57:38Plus tard, il lui détaille la photographie qu'elle lui a envoyée
00:57:41et lui parle de sa poitrine qu'il a cru deviner sous le peignoir.
00:57:44Et bientôt, il passe au tutoiement.
00:57:46« Je t'aime terriblement ».
00:57:48Un jour, il écrit à la mère de cette jeune fille pour lui demander sa main.
00:57:52Il devient son fiancé officiel sans jamais l'avoir revue.
00:57:55La guerre continue et les lettres deviennent toujours plus intimes.
00:57:59« Je m'empare de toi, mon amour ».
00:58:01« Je prends tes seins adorables ».
00:58:03« Je te presse absolument nue contre moi ».
00:58:06Lorsqu'elle répond un peu froidement à une de ses lettres,
00:58:09il s'emporte et l'apprit de ne pas faire la coquette parce qu'il peut mourir d'un jour à l'autre.
00:58:12Et il dit vrai.
00:58:14Voyez-vous, Jules, pour comprendre cet extraordinaire dépucelage par correspondance,
00:58:18il faut avoir connu toute la violence de la guerre des tranchées.
00:58:21Cette espèce de folie collective et cette présence de la mort minute par minute.
00:58:25Voilà donc un homme qui, tout en participant à la grande guerre,
00:58:28a su mener sa petite guerre parallèle, son combat individuel,
00:58:32et conquérir totalement une femme par la persuasion à distance.
00:58:36Quand il est arrivé à l'hôpital, il était comme vous, blessé à la tête.
00:58:40Mais il n'a pas eu votre chance.
00:58:42Il est mort après la préparation, la veille même de l'armistice.
00:58:45Dans sa dernière lettre à sa fiancée inconnue, il écrivait
00:58:50Tes seins sont les seuls obus que j'aime.
00:58:53Je vous montrerai une série de photos que j'ai de lui.
00:58:56En les regardant vite, on croit le voir bouger.
00:58:58C'est une belle histoire, Jim.
00:59:00Quand il était à la guerre, Jules aussi m'envoyait des lettres très belles.
00:59:03Bonjour, Albert. Vous avez terminé ma chanson?
00:59:06Montez, on va travailler ensemble.
00:59:12Albert, Albert, Albert!
00:59:16Albert, voilà.
00:59:18Merci, Céline.
00:59:32Le balancement du rocking chair nous conduit au plaisir de la chair.
00:59:37Et cette chanson?
00:59:39Ça commence à être au point.
00:59:41Oui, c'est vrai, hein, Albert. On y va?
00:59:45À mon avis, c'est beaucoup trop beau pour eux, mais tant pis.
00:59:48Tant que je ne m'éloigne pas sans public.
00:59:55Elle avait des bagues à chaque doigt
00:59:58Des tas de bracelets autour des poignets
01:00:01Et puis elle chantait avec une voix
01:00:04Qui cite au mangelard
01:00:07Elle avait des yeux, des yeux
01:00:11Elle avait des yeux, des yeux
01:00:14Qui me fascinaient, qui me fascinaient
01:00:17Il y avait l'ovale de son visage pâle
01:00:20De femme fatale, qui me fut fatale
01:00:23De femme fatale, qui me fut fatale
01:00:26On s'est connu, on s'est reconnu
01:00:29On s'est perdu de vue, on s'est perdu de vue
01:00:32On s'est retrouvé, on s'est réchauffé
01:00:35Puis on s'est séparé
01:00:38La vie, je l'ai revue un soir
01:00:41Aïe, aïe, aïe, ça fait déjà un fameux bail
01:00:44Ça fait déjà un fameux bail
01:00:47Au son des banjos, je l'ai reconnu
01:00:50Ce curieux sourire qui m'avait tant plu
01:00:53Sa voix si fatale, son beau visage pâle
01:00:55M'émure plus que jamais
01:00:57Je me suis saoulée en l'écoutant
01:01:00L'alcool fait oublier le temps
01:01:02Je me suis réveillée en sautant
01:01:05Des baisers sur mon front brûlant
01:01:07Des baisers sur mon front brûlant
01:01:10On s'est connu, on s'est reconnu
01:01:13On s'est perdu de vue, on s'est perdu de vue
01:01:15On s'est retrouvé, on s'est séparé
01:01:17Puis on s'est réchauffé
01:01:19Chacun pour soi est reparti
01:01:22Dans le tourbillon de la vie
01:01:24Je l'ai revue un soir, ah là là
01:01:27Elle est retombée dans mes bras
01:01:29Elle est retombée dans mes bras
01:01:32Quand on s'est connu, quand on s'est reconnu
01:01:35Pourquoi se perdre de vue, se reperdre de vue
01:01:37Quand on s'est retrouvé, quand on s'est réchauffé
01:01:39Pourquoi se séparer ?
01:01:42Alors tous deux, on est repartis
01:01:44Dans le tourbillon de la vie
01:01:46On a continué à tourner
01:01:49Tous les deux enlacés
01:01:51Tous les deux enlacés
01:01:53Tous les deux enlacés
01:02:00Différente envers chacun des trois,
01:02:02Catherine ne pouvait jouer juste pour les trois à la fois.
01:02:04Tant pis.
01:02:05Jim se sentait de trop.
01:02:07Il ne pouvait admirer Catherine sans réserve que seule.
01:02:09En société, elle devenait pour lui relative.
01:02:28Bonsoir.
01:02:29Bonsoir.
01:02:31Notre affection ne fait que naître.
01:02:33C'est tranquille comme un nouveau-né.
01:02:36Vous avez aimé Jim.
01:02:38Pour de bon, je la sens.
01:02:40Pourquoi ne l'avez-vous pas épousé ?
01:02:42Ça n'est pas arrivé.
01:02:43Comment est-elle ?
01:02:44Raisonnable et patiente.
01:02:46Elle dit qu'elle m'attendra toujours.
01:02:48Elle s'appelle Gilbert.
01:02:49Vous l'aimez encore et elle vous aime ?
01:02:52Ne faites pas souffrir, Jim.
01:02:55Il y a au moins un besoin d'aventure et de risque.
01:02:59Et puis, il y a du nouveau.
01:03:04Je vous admire, Catherine.
01:03:06J'ai pris goût à vous voir.
01:03:08Je crains d'oublier Jules.
01:03:10Il ne faut pas l'oublier.
01:03:12Il faut le prévenir.
01:03:22Catherine, traduction.
01:03:28Pas mal.
01:03:30Bien que les mondiaux et mondiaux soient ajoutés.
01:03:33Bonne nuit.
01:03:34Si vous rencontrez les autres, dites-le à mes amitiés.
01:03:37Jules, je voudrais lire les affinités électives ce soir.
01:03:39Tu peux me les prêter ?
01:03:40Je l'ai justement prêté à Jim.
01:03:42Tant pis.
01:03:44Bonsoir, Jim.
01:03:45Bonsoir.
01:03:48Je vous la porterai demain.
01:03:49Merci.
01:03:54Allô ?
01:03:56Pardonnez-moi un instant.
01:03:59Jim, vous devez venir immédiatement.
01:04:04Merci.
01:04:07Allô ?
01:04:28Laissez-moi la voir.
01:04:30Je veux dire, si vous l'aimez,
01:04:32cessez de penser que je suis un obstacle.
01:04:58Sous-titrage ST' 501
01:05:28Sous-titrage ST' 501
01:05:58Sous-titrage ST' 501
01:06:29J'ai demandé à Jim de venir vivre tout à fait à la maison.
01:06:32Il habitera la petite chambre.
01:06:35Viens.
01:06:39Attention, Jim.
01:06:41Attention à elle et à vous.
01:06:58Sous-titrage ST' 501
01:07:28Je vais en chercher d'autres dans ma chambre.
01:07:32D'armoire, je te ferai ta valise.
01:07:35Je crois que ça va à peu près.
01:07:38En tout cas, cette partie, par là, c'est un fatras.
01:07:41Mais on ne peut pas faire autrement.
01:07:43Qu'est-ce qu'il y a là-derrière ?
01:07:45La chambre de Sabine et de Mathilde.
01:07:47Ah, oui.
01:07:54Le lit n'est pas trop mauvais.
01:07:56Viens t'asseoir près de moi.
01:08:03J'ai toujours aimé ta nuque.
01:08:05Le seul morceau de toi que je pouvais regarder sans être vu.
01:08:09Tiens.
01:08:27Et Jules ?
01:08:29Ils nous aiment tous les deux.
01:08:31Il ne sera pas surpris.
01:08:33Et il souffrira moins ainsi.
01:08:35Nous l'aimerons et nous le respecterons.
01:08:42Dans le village au fond de la vallée,
01:08:44le trio est en train de s'entraîner.
01:08:46Jules est en train de s'entraîner.
01:08:48Mathilde est en train de s'entraîner.
01:08:50Jules est en train de s'entraîner.
01:08:52Mathilde est en train de s'entraîner.
01:08:54Dans le village au fond de la vallée,
01:08:56le trio était connu sous le nom de Les Trois Fous,
01:08:58mais à part ça, bien vu.
01:09:00Quand elle l'a pris, Catherine inventa un jeu,
01:09:02l'idiot du village.
01:09:03Le village, c'était la table.
01:09:05L'idiot, c'était chacun son tour.
01:09:07Sabine, surtout, déchaînait les fous rires.
01:09:24...
01:09:41Catherine avait dit,
01:09:43on n'aime tout à fait qu'un moment,
01:09:45mais pour elle, ce moment revenait toujours.
01:09:47La vie était vraiment des vacances.
01:09:49Jamais Jules et Jim n'avaient manié d'aussi gros dominos.
01:09:52Le temps passait.
01:09:54Le bonheur se raconte mal.
01:09:56Il s'use aussi sans qu'on n'en perçoive l'usure.
01:09:59Un dimanche, Catherine décida de séduire Jules.
01:10:02Pendant que Jim lisait un livre au rez-de-chaussée,
01:10:04elle fit monter Jules dans sa chambre.
01:10:06Non, non, non, disait Jules.
01:10:08Si, si, si, disait Catherine.
01:10:10...
01:10:36Jim avait beau se dire qu'il n'avait pas le droit d'être jaloux,
01:10:39il constatait qu'il l'était quand même.
01:10:41Catherine s'en aperçut et ne renouvela pas cette fête ou cette expérience.
01:10:46Ils firent tous les quatre à pied une promenade autour d'un lac
01:10:49caché dans la brume au fond d'un vallon humide et gras.
01:10:52L'harmonie entre eux était complète.
01:10:54Catherine est une courte migraine.
01:10:56Jim, après de grandes fatigues, en avait de pires.
01:10:58Il pensait, si nous avions des enfants ensemble,
01:11:00ils seraient grands, minces et ils auraient des migraines.
01:11:03Ils descendirent sur le bord du lac et jouèrent avec des cailloux blancs.
01:11:06Catherine leur en fit lancer jusqu'à épuisement.
01:11:08Elle et Jules apprirent à faire des ricochets.
01:11:11Le ciel était tout prêt.
01:11:13...
01:11:24La présence de Jim à Paris devenait nécessaire.
01:11:27Son journal le réclamait.
01:11:29Le départ eût été déchirant pour eux,
01:11:31sans la certitude qu'ils se retrouveraient bientôt intacts tels qu'ils se quittaient.
01:11:34Ils avaient eu un mois gravé en eux
01:11:36par les petites choses parfaites qu'ils avaient vécues ensemble.
01:11:40Quand le train démarra, ils agitèrent longuement et doucement leurs mains.
01:11:43Jules leur avait donné une sorte de bénédiction,
01:11:45avait embrassé Jim qui lui confiait Catherine en partant,
01:11:48car il voulait se marier et avoir des enfants.
01:11:55...
01:11:59Jules est d'accord pour divorcer vite.
01:12:01Je vais épouser Catherine.
01:12:05Je veux avoir des enfants d'elle.
01:12:08Jules me trouvera du travail dans son pays.
01:12:11J'ai traduit en ce moment une pièce qu'on joue à Vienne
01:12:13et qu'on va monter ici.
01:12:18Où vas-tu?
01:12:19Je rentre à la maison.
01:12:20Je vais avec toi.
01:12:21Non, je t'assure, je préfère.
01:12:29Bonjour, Jim.
01:12:31Thérèse!
01:12:32La locomotive!
01:12:34Bonjour, Thérèse.
01:12:35Ça va, comment va le...
01:12:36Quinze jours de bonheur,
01:12:37mais j'ai trompé pour pouvoir lui acheter une grosse pipe en écume sculptée.
01:12:39La tête de Versailles, j'ai Torrix, son rêve.
01:12:41Il l'a su, j'alloue plus confiance.
01:12:42Moins souple et trois semaines.
01:12:43On m'appelle la sequestrée de Cholet.
01:12:45D'abord flattée, je deviens enragée.
01:12:46Par la fenêtre, je me carapate avec l'échelle d'un patron bâtiment que j'ai dû.
01:12:48On se met en ménage, mais j'ai la bougeotte.
01:12:50Un type me promet la fortune.
01:12:51Je le suis et je file avec lui jusqu'au coeur où j'entre dans une maison.
01:12:54Salut, Jim.
01:12:55Bonjour, ça va?
01:12:56Ton copain?
01:12:57Ça va bien, merci.
01:12:58Je rencontre un Anglais qui veut me sauver.
01:13:00J'habite avec lui et ses filles une villa au bord de la mer Rouge,
01:13:02avec un tennis et des chevaux.
01:13:04Là, je reçois une aide de mon village.
01:13:05Jim, bonjour.
01:13:06Bonjour, Gaby, comment vas-tu?
01:13:07Tu es à Paris?
01:13:08Non, il n'est pas venu.
01:13:09Ah, dommage.
01:13:10Je lâche tout et j'arrive au village.
01:13:11Attends pour Ferrand pour le mariage.
01:13:12Alors là, je l'épouse.
01:13:14Salut, Jim.
01:13:15Bonjour, comment va ton copain?
01:13:16Ça va, très bien.
01:13:17Tu es toujours avec la même fille?
01:13:18Toujours, oui.
01:13:19Très bien, hein?
01:13:20Salut.
01:13:23C'est une histoire.
01:13:24Mon mari que je viens d'abandonner divorce.
01:13:25Alors, finalement, mon entrepreneur enfin convaincu m'épouse.
01:13:28Nous formons un ménage parfait mais sans enfants.
01:13:30C'est le seul homme que je ne peux pas tromper
01:13:32parce qu'il ne m'en laisse ni le temps ni les forces.
01:13:34Enfin, j'écris mes mémoires dans l'édition européenne du Sunday Time Magazine.
01:13:38Et voilà.
01:13:39Voici mon mari.
01:13:43Bonjour, monsieur.
01:13:44Et vous, Jim?
01:13:45Moi, je vais me marier.
01:13:46Non.
01:13:47Si.
01:13:49Au revoir, Thérèse.
01:13:50Au revoir, Jim.
01:13:51Au revoir, monsieur.
01:13:54Tiens, bonjour.
01:13:55Salut, Jim.
01:13:56Comment va Jules?
01:13:57Ça va.
01:14:00Intéressante, hein?
01:14:01Elle s'appelle Denise.
01:14:03C'est pas la peine de lui parler, elle te répondrait pas.
01:14:06D'ailleurs, elle ne parle jamais.
01:14:08Elle n'est pas idiote, elle est creuse.
01:14:10C'est creux là-dedans.
01:14:12C'est la chose.
01:14:14Une belle chose.
01:14:15Oui, un bel objet.
01:14:17C'est le sexe.
01:14:18Le sexe à l'état pur.
01:14:20Au revoir.
01:14:21Au revoir.
01:14:23Allez, Denise, dis au revoir au monsieur.
01:14:25Monsieur.
01:14:26Au revoir, mademoiselle.
01:14:31Catherine passa l'hiver au chalet devant des feux de bois.
01:14:33Elle était la fiancée de Jim, confiée à Jules.
01:14:36Elle demandait chaque jour à Jules,
01:14:38crois-tu que Jim m'aime?
01:14:42Écoute, Gilbert.
01:14:44Tu comprends, dès que Catherine a envie de faire une chose,
01:14:47dans la mesure où elle croit ne pas nuire à autrui,
01:14:50d'ailleurs, elle peut se tromper.
01:14:52Elle le fait pour son plaisir et pour en tirer la leçon.
01:14:55Elle espère arriver ainsi un jour à la sagesse.
01:14:58Ça peut durer longtemps.
01:15:00Ne sois pas mesquine, Gilbert.
01:15:03Je ne suis pas mesquine, je suis jalouse.
01:15:08Je savais depuis longtemps que ça devait finir comme ça.
01:15:13Oh, Jim, ne pars pas demain.
01:15:15Elle va t'avoir toute la vie.
01:15:17Donne-moi encore huit jours.
01:15:19Jim ne pouvait pas plus quitter Gilbert
01:15:21que Catherine ne pouvait quitter Jules.
01:15:23Il fallait que Jules ne souffre pas, ni Gilbert.
01:15:26Ils étaient les fruits différents du passé,
01:15:28se faisaient pendants et contrepoids.
01:15:30Dis à Jules que j'ai revu Thérèse, mariée et femme de lettres.
01:15:34Je dois de nouveau retarder mon retour,
01:15:36mais bientôt je serai libre, prête à te retrouver.
01:15:39Je fais encore quelques menus à Dieu.
01:15:43Quelques menus à Dieu.
01:15:50Tu crois que Jim m'aime?
01:15:56Bonjour, Jules.
01:15:58Bonsoir.
01:15:59Qu'est-ce qu'il se passe?
01:16:01Pourquoi Catherine n'est-elle pas venue m'attendre?
01:16:04Elle n'était pas très contente de vos lettres.
01:16:06Vous y parliez trop de votre travail, de vos adieux.
01:16:08Catherine n'aime pas les absences.
01:16:10La vôtre a été trop longue.
01:16:11Quand elle a le moindre doute,
01:16:13elle fait toujours plus que l'autre n'a pu faire.
01:16:15Mais elle nous attend au chalet.
01:16:17Certainement.
01:16:29Catherine?
01:16:31Catherine?
01:16:38Catherine?
01:16:48Je ne voulais pas vous le dire.
01:16:50Elle est partie hier matin, sans explication.
01:16:54J'espérais qu'elle reviendrait avant votre arrivée.
01:16:58Vous ne l'êtes pas inquiet?
01:17:00Voulez-vous dire qu'il lui soit arrivé quelque chose?
01:17:03Non.
01:17:07Je pense seulement qu'elle est en train de commettre l'irréparable.
01:17:11Je vous l'ai dit, votre lettre n'a pas fait bonne impression.
01:17:15C'est une dérèse mariée et femme de lettres.
01:17:18J'ai fait encore quelques menus à Dieu.
01:17:21Non, non, Jim.
01:17:22Vous le savez, Catherine fait toutes les choses à fond, une par une.
01:17:26Elle est une force de la nature qui s'exprime par des cataclysmes.
01:17:30Elle vit dans toutes les circonstances au milieu des acclartes
01:17:33et de son harmonie guidée par le sentiment de son innocence.
01:17:36Vous parlez d'elle comme d'une reine.
01:17:38Mais c'est une reine, Jim.
01:17:40Je vous parle franchement.
01:17:42Catherine n'est pas spécialement belle,
01:17:44ni intelligente, ni sincère,
01:17:46mais c'est une vraie femme.
01:17:48Et c'est cette femme que nous aimons.
01:17:50C'est d'elle que tous les hommes désirent.
01:17:54Pourquoi Catherine s'y réclamait,
01:17:56a-t-elle malgré tout fait à nous deux le cadeau de sa présence?
01:18:00Parce que nous lui prétions une complète attention comme à une reine.
01:18:04Je peux vous l'avouer, Jules, j'ai failli ne pas revenir de Paris.
01:18:07Je savais que cela ne serait jamais aussi bien entre nous.
01:18:10Même notre amitié en souffre.
01:18:13Par moments, je suis jaloux de vous, de vos années de bonheur avec elle.
01:18:16Et parfois même, je vous déteste de ne pas être jaloux de moi.
01:18:19Vous croyez cela, Jules?
01:18:21Je suis prêt à tout.
01:18:23Vous n'êtes pas père de Catherine tout à fait.
01:18:25Et vous serez comme moi,
01:18:27quand elle reviendra, parce qu'elle revient toujours.
01:18:30Écoutez-moi, Jules, aidez-moi, je vais repartir.
01:18:33Vous lui direz que vous êtes allé m'attendre à la gare
01:18:35et que vous ne m'avez pas trouvé.
01:18:37Je suis décidé, c'est la seule solution.
01:18:40Ah oui, oui, c'est ça.
01:18:42Je suis allé à la gare et vous n'étiez pas là.
01:18:54Bonjour.
01:18:56Eh bien, qu'est-ce que vous avez?
01:19:04Tu viens d'arriver.
01:19:06Tu viens d'arriver.
01:19:09Voilà, tu es mon Jim, je suis ta Catherine, tout est bien.
01:19:12Seulement dans tes lettres, tu me parlais beaucoup de tes affaires,
01:19:15j'ai les miennes aussi.
01:19:17Tu me parlais de tes adieux à tes amours.
01:19:19Moi aussi, je suis allé dire adieu à mes amours.
01:19:22Tu vas me tenir dans tes bras toute la nuit, mais pas plus.
01:19:26Nous voulons avoir un enfant ensemble, n'est-ce pas, Jim?
01:19:29Eh bien, si tu m'en donnais un maintenant,
01:19:31je ne serais pas si lé de toi.
01:19:33Tu comprends, Jim?
01:19:36Jim, il le fallait.
01:19:38Tu aimes Albert?
01:19:40Non.
01:19:41Et lui, il t'aime?
01:19:43Oui. Jim, crois-moi,
01:19:45c'est la seule façon d'installer quelque chose de bien entre nous.
01:19:48Albert égale Gilbert.
01:19:51Tu ne dis rien.
01:19:53Nous devons partir de zéro.
01:19:55Repartir de zéro et payer comptant,
01:19:57c'était pour Catherine la base de son credo.
01:20:00Ils étaient là, tremblants et chastes.
01:20:02Catherine s'endormit et Jim, dans la nuit, gardait les yeux ouverts.
01:20:05Alors il comprit qu'elle l'aimait comme il l'aimait
01:20:07et qu'une force unique les tirait l'un vers l'autre.
01:20:09Une fois de plus, ils planèrent très haut comme de grands oiseaux rapaces.
01:20:13Chastes, il dure le rester jusqu'à ce que Catherine eût la certitude
01:20:16qu'elle ne portait pas un enfant d'Albert.
01:20:18Cette retenue qu'il s'imposait les exalta.
01:20:20Il ne se quittait pas, il ne trichait pas.
01:20:22La terre promise était en vue.
01:20:31Lorsque le moment vint enfin de commencer l'enfant,
01:20:33ils s'aperçurent que Catherine n'était pas enceinte.
01:20:35Ils allaient revoir un spécialiste qui leur dit qu'il fallait savoir attendre
01:20:38et que nombre de couples ne sont féconds qu'après des mois.
01:20:49Qu'est-ce qu'il y a ?
01:20:50Je veux dormir seule cette nuit. Va dans ta chambre.
01:20:53Mais pourquoi ?
01:20:54C'est comme ça.
01:20:55Explique-toi.
01:20:56Il n'y a rien à expliquer.
01:20:58Je resterai à côté de toi, comme ça, sagement.
01:21:01Ce n'est pas vrai.
01:21:02Et puis je n'ai rien à faire de ta sagesse.
01:21:04Je suis dégoûtée.
01:21:05C'est un cauchemar quand le soir arrive.
01:21:07Je pense à cet enfant que nous n'aurons jamais.
01:21:09J'ai l'impression de passer un examen.
01:21:11Je ne peux plus le supporter.
01:21:13Mais on s'aime, Catherine. Il n'y a que ça qui compte.
01:21:15Non.
01:21:16Parce que je compte aussi.
01:21:17Et moi, je t'aime moins.
01:21:19Alors essayons honnêtement de nous passer l'un de l'autre.
01:21:22Si nous rompons et que je m'aperçois après que je t'aime,
01:21:25c'est mon risque.
01:21:26Allez, va rejoindre Gilbert, puisqu'elle t'écrit tous les jours.
01:21:29Tu es injuste, Catherine.
01:21:31Sans doute.
01:21:32Mais je n'ai pas de coeur.
01:21:34C'est pourquoi je ne t'aime pas.
01:21:36Et que je n'aimerais jamais personne.
01:21:38Et puis, j'ai 32 ans.
01:21:40Et toi, 29.
01:21:41À 40 ans, tu voudras une femme.
01:21:43J'en aurais 43, tu en prendras une de 25.
01:21:45Et moi, je me retrouverais toute seule, comme une idiote.
01:21:49Tu as peut-être raison, Catherine.
01:21:51Je vais partir demain.
01:21:52Séparons-nous pour trois mois.
01:21:54Tu souffres.
01:21:56Eh bien, moi, je ne souffre plus.
01:21:58Parce qu'il ne faut pas souffrir tous les deux à la fois.
01:22:01Quand tu cesseras, moi, je m'y mettrai.
01:22:08Jules.
01:22:11Je te dérange ?
01:22:20Je n'en peux plus.
01:22:22Tu nous as entendus, nous disputer ?
01:22:24Non, je vais travailler.
01:22:26Je ne peux plus le supporter.
01:22:28Je deviens folle.
01:22:30Enfin, il part demain. Bon débarras.
01:22:33Ne sois pas injuste, Catherine.
01:22:35Tu sais qu'il t'aime.
01:22:37Je ne sais plus.
01:22:39Vraiment, je ne sais plus.
01:22:42Il m'a mentie.
01:22:44Il n'a pas osé rompre avec Gilbert.
01:22:46Il ne sait pas lui-même ce qu'il pense.
01:22:48Tu l'aimes, tu ne l'aimes pas, tu finiras bien par l'aimer.
01:22:52Ce n'est tout de même pas ma faute si nous n'avons pas d'enfant ensemble.
01:22:55Tu as une cigarette ?
01:22:57Tu veux ?
01:23:08Merci.
01:23:10Tu veux que je lui parle ?
01:23:12Non, surtout pas.
01:23:14Je suis moitié avec lui, moitié contre lui.
01:23:17Mais je veux qu'il parle.
01:23:19Nous avons décidé de nous séparer pendant trois mois.
01:23:22Qu'en penses-tu ?
01:23:25Je ne sais pas, c'est peut-être une bonne idée.
01:23:28Tu ne veux pas me dire ce que tu penses ?
01:23:32Au fond, je sais très bien que tu me méprises.
01:23:35Non, Catherine.
01:23:37Je ne te méprise jamais.
01:23:42Je t'aimerai toujours.
01:23:44Quoi qu'il arrive.
01:23:47Je t'aimerai toujours.
01:23:49Quoi que tu fasses.
01:23:51Quoi qu'il arrive.
01:23:53Oh, Jules, c'est vrai.
01:23:59Moi aussi, je t'aime.
01:24:05On a été vraiment heureux, tous les deux, hein ?
01:24:08Mais nous sommes heureux.
01:24:10Enfin, moi.
01:24:12Je le suis.
01:24:14C'est vrai.
01:24:18Oui, on restera toujours ensemble.
01:24:20Tous les deux.
01:24:22Comme des petits vieux.
01:24:24Avec Sabine et les petits-enfants de Sabine.
01:24:34Garde-moi près de toi.
01:24:37Je ne veux pas retourner avec lui avant son départ.
01:24:41Alors reste ici.
01:24:43Je vais aller dormir en bas.
01:25:01Ma petite Catherine.
01:25:04Tu me fais penser souvent...
01:25:08à une pièce chinoise que j'ai vue avant la guerre.
01:25:12Au lever du rideau,
01:25:14l'empereur se penche vers le public
01:25:17et lui confie...
01:25:19Vous voyez en moi les plus malheureux des hommes.
01:25:23Parce que j'ai deux épouses.
01:25:25La première épouse
01:25:27et la seconde épouse.
01:25:42Elle est là.
01:25:56Ainsi pour Jules, leur amour entrait dans le relatif
01:25:59tandis que le sien à lui était absolu.
01:26:02Le lendemain matin, Jim quitta la maison.
01:26:05Catherine voulait une fois de plus l'accompagner jusqu'à la gare.
01:26:08Le reste de la rue, qui n'était pas au courant,
01:26:11sentit que Jim n'était pas d'accord avec leur reine.
01:26:14Son départ était donc normal.
01:26:39On ne voit déjà plus la maison.
01:26:49Les horaires des trains venaient d'être modifiés pour la saison d'automne.
01:26:52Il n'y avait aucun départ avant le lendemain.
01:27:02Dans les chambres d'hôtels, on sent toujours en faute.
01:27:05Je ne suis peut-être pas très morale,
01:27:07mais je n'ai pas le goût du clandestin.
01:27:09Toi, si.
01:27:10Ne me dis pas le contraire, je ne te croirai pas.
01:27:24Jim pensait aux enfants qu'il aurait pu avoir avec Catherine.
01:27:27Il les imaginait plus beaux les uns que les autres.
01:27:29Une grande maison pleine.
01:27:31Il se disait aussi,
01:27:33« Si nous n'avons pas d'enfants, Catherine reprendra ses aventures. »
01:27:37Ils ne se parlèrent plus, et c'est dans cette chambre d'hôtel, triste et froide,
01:27:40qu'ils se prirent encore une fois, sans savoir pourquoi,
01:27:42pour mettre un point final, peut-être.
01:27:44C'était comme un enterrement, ou comme s'ils étaient déjà morts.
01:28:04Le lendemain, Catherine mena Jim au train,
01:28:06mais ils n'agitèrent pas leur mouchoir.
01:28:08Ils se séparaient la gorge serrée, pourtant rien ne les y forçait.
01:28:12Jim pensa une fois de plus que tout était fini.
01:28:34Voilà ton inhalation. Il y avait une lettre aussi.
01:28:37Merci.
01:28:43Je crois être enceinte. Viens, Catherine.
01:28:46Gilbert, donne-moi du papier à lettres, s'il te plaît.
01:28:49Catherine, je suis au lit, malade, hors d'état de me lever.
01:28:52Je n'ai pas non plus envie d'aller te voir,
01:28:54enceinte, probablement d'un autre,
01:28:56car ce n'est pas notre pitoyable histoire.
01:28:58Je n'ai pas le choix.
01:29:00Le plus fort n'a pas réussi.
01:29:03Tu as raison. Je ne crois pas un mot de cette histoire de maladie.
01:29:07Je vais lui écrire tout de suite et lui dire que tu veux le voir.
01:29:11Chère malade imaginaire, venez nous voir de que possible.
01:29:15Catherine attend une lettre de vous.
01:29:17Écrivez très court, car ses yeux sont fatigués.
01:29:20Elle ne peut lire que les grosses écritures.
01:29:23Je vous laisse.
01:29:25Catherine croit que je n'étais pas vraiment malade.
01:29:28Moi, je me demande si elle attend vraiment un enfant.
01:29:31De toute façon, j'ai peu de chance d'en être le père.
01:29:34Bien des raisons justifient mes doutes.
01:29:36Notre passé, Albert et tout le reste.
01:29:38Puisque tu sors, tu peux me brosser cette lettre, s'il te plaît?
01:29:42Bien sûr.
01:29:44Merci.
01:29:56Tiens, il y a une lettre pour toi.
01:30:00Je m'en vais, je vais être en retard.
01:30:02A tout à l'heure.
01:30:07Je t'aime, Jim.
01:30:09Il y a tant de choses sur la Terre que nous ne comprenons pas.
01:30:11Et tant de choses incroyables qui sont vraies.
01:30:13Je suis enfin féconde.
01:30:15Remercions Dieu, Jim. Prosterne-toi.
01:30:17Je suis sûr, absolument sûr que c'est toi le père.
01:30:20Je te supplie de me croire.
01:30:22Ton amour est une partie de ma vie.
01:30:24Crois-moi, Jim, crois-moi.
01:30:26Ce papier est ta peau, cet encre est mon sang.
01:30:29J'appuie fort pour qu'il entre.
01:30:31Réponds-moi vite.
01:30:43Gilbert!
01:30:48Mon amour, je te crois, je crois en toi.
01:30:50Je me prépare à partir vers toi.
01:30:52Quand je rencontre un morceau de bon en moi,
01:30:54je sais qu'il vient de toi.
01:30:56Ils s'étaient promis jadis de ne jamais plus se téléphoner,
01:30:58craignant d'entendre leur voix sans pouvoir se toucher.
01:31:01Leurs lettres étaient trois jours en route.
01:31:03Ils échangeaient un dialogue de sourds.
01:31:05Bien des raisons éteignent mes doutes.
01:31:07Notre passé, Albert et tout le reste.
01:31:10Je ne penserai plus à vous pour que vous ne pensiez plus à moi.
01:31:13A présent, vous me dégoûtez.
01:31:15Et j'ai tort, car rien ne doit dégoûter.
01:31:22Jim, ta grande lettre bouleverse tout.
01:31:24Ce matin, je me suis dit, dans deux jours, il sera là, lui,
01:31:27et pas une pauvre lettre.
01:31:29Rassemblons vite nos duretés d'avant-hier.
01:31:31Or, elles ne viennent pas.
01:31:33Jim, viens quand tu peux, mais peu bientôt.
01:31:35Arrive, même tard dans la nuit.
01:31:37Enfin, Jim reçut une lettre de Jules.
01:31:39Votre petit enfant s'est éteint.
01:31:41Au tiers de sa vie prénatale,
01:31:43Catherine décide de sauver le silence entre vous.
01:31:46Ainsi, à eux deux, il n'avait rien créé.
01:31:48Jim pensait,
01:31:50qu'il était beau de vouloir redécouvrir les lois humaines,
01:31:52mais que cela doit être pratique de se conformer aux règles existantes.
01:31:55Nous avons joué avec les sources de la vie, et nous avons perdu.
01:32:08Oh, non !
01:32:10Oh, c'est pas vrai !
01:32:14C'est pas croyable !
01:32:16Vous avez définitivement abandonné le chalet ?
01:32:18Oui, nous préférons vivre en France maintenant.
01:32:20Nous avons loué un vieux moulin sur les bois de la Seine.
01:32:23Jules, il faut absolument qu'on se voie.
01:32:25Faites-moi plaisir, venez chez moi demain.
01:32:27Bon.
01:32:29Je vous en prie, parlez-moi de Catherine.
01:32:31Longtemps, j'ai craint ce suicide.
01:32:34Elle avait acheté un revolver.
01:32:36Elle disait un télémor du suicide,
01:32:39comme on dit un télémor du choléra.
01:32:43Elle se tenait répliée comme une veuve,
01:32:45elle ressemblait à une convalescente.
01:32:47Elle se déplaçait au ralenti avec le sourire d'une morte.
01:32:54Gilbert, je te présente mon ami Jules.
01:32:56Bonjour.
01:32:58Bonjour, monsieur.
01:32:59Jim m'a tellement parlé de vous que j'ai l'impression de très bien vous connaître.
01:33:07Catherine, c'est elle que vous êtes venue me voir ?
01:33:09Oui.
01:33:10Elle vous invite à une promenade en voiture.
01:33:12J'aimerais que vous acceptiez.
01:33:14Et peut-être madame...
01:33:15Non, elle n'accepterait pas.
01:33:16Moi, je viendrai.
01:33:18Je dois partir maintenant.
01:33:21Ah non, Jules, vous ne pouvez pas porter un tel chapeau.
01:33:23En tout cas, pas en France.
01:33:25Tenez, prenez le mien.
01:33:27Bon.
01:33:31Bonjour.
01:33:32Bonjour.
01:33:33Venez, c'est là-bas.
01:33:45Elle est de très bonne humeur, ce matin.
01:33:47Surtout, ne la heurtez pas.
01:33:49Moi ?
01:33:51C'est magnifique, ici.
01:33:53Regardez la voiture de Catherine.
01:33:56Venez.
01:34:01Catherine.
01:34:05Bonjour.
01:34:06Voilà, c'est Jim.
01:34:07Bonjour.
01:34:09Bonjour, voilà, c'est Jim.
01:34:11Bonjour.
01:34:26Catherine était souriante, mais elle avait son air des soirs de manigance.
01:34:29Elle prit son pyjama blanc et en fit un paquet entouré d'un petit ruban qu'elle noua bien comme il faut.
01:34:35Jim se demanda quel rôle jouerait le pyjama, puis il oublia.
01:34:38Ils partirent en promenade.
01:35:04Ouh, ce que j'ai faim, si on allait dîner là.
01:35:35Diable, Albert, que faites-vous là ?
01:35:37Je prends le frais.
01:35:40Bonjour.
01:35:41Bonjour, Albert.
01:35:42D'ailleurs, j'habite ici.
01:35:45Vous dînez avec nous ?
01:35:46Volontiers, ici, tout de suite.
01:35:48Vous avez peut-être envie d'un rendez-vous galant ?
01:35:50Peut-être.
01:36:04Bonsoir.
01:36:12Bonsoir.
01:36:24Donnez-moi mon petit paquet.
01:36:26Bonne nuit.
01:36:27A vous.
01:36:35Trop bien joué. Deuxième coup de théâtre et remploi du pyjama blanc.
01:36:38Je ne m'y attendais pas.
01:36:40Je m'étonne qu'elle n'ait pas choisi un homme nouveau pour lui confier ce rôle.
01:36:43Albert lui a déjà tant servi.
01:36:45Pourquoi ? Albert n'était pas fait pour ce soir.
01:36:47On laisse louer la voiture.
01:36:50La Maxime et Catherine sont dans un couple. Il faut que l'un d'eux soit fidèle à l'autre.
01:36:55Viens.
01:36:56Je dois rentrer.
01:36:58Vous avez vu que je n'habite plus seul.
01:37:00Je vais épouser Gilbert.
01:37:02Vous êtes plus raisonnable que moi, Jim.
01:37:04Vous avez compris qu'avec Catherine, c'est bien fini quand c'est fini.
01:37:08Je crois que Gilbert sera une bonne épouse. Elle est très belle.
01:37:24Jim reconnaît au loin l'appel rythmé de la voiture de Catherine.
01:37:27D'abord, il ne vire rien, puis il aperçut l'automobile roulant parmi les arbres sur le terre plein,
01:37:32errant sur la place déserte, frôlant les bancs et les arbres comme un cheval sans cavalier,
01:37:36comme un vaisseau fantôme.
01:37:58Jim.
01:38:00Quelle nuit j'ai passée. Je n'avais rien à faire là.
01:38:03Cette vie, cet esprit étaient morts pour moi.
01:38:06C'était un désert, Jim, à en mourir. Je parlais de toi, je te cherchais.
01:38:11Alors viens tout de suite.
01:38:14Viens te coucher à côté de moi. Embrasse-moi.
01:38:18Catherine, j'ai quelque chose de long à te raconter.
01:38:22Tu me laisses au-dessus de la tight, à ton épaule.
01:38:25Je te l'offre.
01:38:27Tu me l'offres.
01:38:29Je te l'offre.
01:38:31Tu me laisses au-dessus de la tight, à ton épaule.
01:38:34Tu me laisses au-dessus de la tight, à ton épaule.
01:38:37Tu me laisses au-dessus de la tight, à ton épaule.
01:38:40Je te l'offre.
01:38:42Raconte.
01:38:48J'ai trouvé dans un roman que tu m'as prêté un passage marqué par toi.
01:38:53Il y a sur un bateau une femme
01:38:55qui se donne en pensée à un passager qu'elle ne connaît pas.
01:38:59Cela m'a frappé comme une confession.
01:39:02C'est ta façon d'explorer l'univers.
01:39:05J'ai aussi cette curiosité éclair.
01:39:07Peut-être que tout le monde l'a.
01:39:09Mais moi, je la domine pour toi et je ne suis pas sûr que tu la domines pour moi.
01:39:15Je pense comme toi qu'en amour, le couple n'est pas l'idéal.
01:39:21Il suffit de regarder autour de nous.
01:39:24Tu as voulu construire quelque chose de mieux
01:39:27en refusant l'hypocrisie, la résignation.
01:39:31Tu as voulu inventer l'amour.
01:39:36Mais les pionniers doivent être humbles et sans égoïsme.
01:39:40Non, il faut regarder les choses en face, Catherine.
01:39:43Nous avons échoué. Nous avons tout raté.
01:39:49Tu as voulu me changer, m'adapter à toi.
01:39:52De mon côté, j'ai porté la détresse autour de moi en voulant t'apporter la joie.
01:39:58Cette promesse que j'ai faite à Gilbert de vieillir ensemble
01:40:01n'a aucune valeur puisque je peux la reculer à l'infini.
01:40:04C'est comme un faux billet.
01:40:07Je n'ai plus d'espoir de mariage avec toi.
01:40:10Il faut que tu le saches, Catherine.
01:40:12Je vais épouser Gilbert.
01:40:14Elle et moi, nous pouvons encore avoir des enfants.
01:40:18La belle histoire, Jim.
01:40:23Et moi, Jim ?
01:40:25Et moi ?
01:40:28Et les petits que j'aurais voulu avoir ?
01:40:31Tu n'en as pas voulu, Jim.
01:40:33Si, Catherine, si.
01:40:37Ils auraient été beaux, Jim.
01:40:49Tu vas mourir.
01:40:51Tu me dégoutes.
01:40:53Je vais te tuer, Jim.
01:41:00Tu es lâche. Tu as peur.
01:41:06Tu as peur.
01:41:08Tu as peur.
01:41:10Tu as peur.
01:41:12Tu as peur.
01:41:14Tu as peur.
01:41:16Tu as peur.
01:41:18Tu as peur.
01:41:20Tu as peur.
01:41:22Tu as peur.
01:41:24Tu as peur.
01:41:26Tu as peur.
01:41:28Tu as peur.
01:41:30Tu as peur.
01:41:32Tu as peur.
01:41:34Tu as peur.
01:41:47Tu as peur.
01:41:50Tu as peur.
01:41:54Tu as peur.
01:42:04Je suis très heureux de vous présenter, au nom de Pathé Journal, les deux équipes
01:42:12de football association.
01:42:13Voici l'équipe autrichienne.
01:42:15Et maintenant, les Français.
01:42:20Jim était heureux de retrouver Jules et de s'apercevoir que son cœur ne battait plus
01:42:25en revoyant Catherine.
01:42:26Elle, de son côté, évitait de les laisser seules et proposait une promenade en voiture.
01:42:30Jim accepta.
01:42:31Quel serait le programme ?
01:42:33Catherine jouait avec la rapidité de sa voiture et commettait d'imperceptibles imprudences.
01:42:37Il y avait une atmosphère d'attente, comme celle de la promenade en forêt avant la rencontre
01:42:41avec Albert.
01:42:42Ils s'arrêtèrent près d'une guinguette au bord de l'eau.
01:42:44Maintenant, si on commence à prêler des livres ?
01:42:48Oui, c'est incroyable.
01:42:50Vous avez été pour Catherine facile à prendre et difficile à garder.
01:43:03Votre amour tombait à zéro et le remontait à 100 avec celui de Catherine.
01:43:09Moi, je n'ai jamais connu vos zéros ni vos cents.
01:43:13Monsieur Jim, j'ai quelque chose à vous dire.
01:43:16Voulez-vous m'accompagner ?
01:43:24Jules, regarde-nous bien.
01:43:32Jules n'aurait plus cette peur qu'il éprouvait depuis le premier jour.
01:43:54D'abord que Catherine le trompe, puis seulement qu'elle meurt, puisque c'était fait.
01:43:57On retrouva les corps accrochés dans les roseaux.
01:44:01Le cercueil de Jim était encore plus grand que nature.
01:44:04Celui de Catherine, un écrin à côté.
01:44:06Il ne laissait rien d'eux.
01:44:08Lui, Jules, avait sa fille.
01:44:11Catherine avait-elle aimé la lutte pour la lutte ?
01:44:13Non.
01:44:14Mais elle en avait étourdi Jules jusqu'à la nausée.
01:44:17Un soulagement l'envahissait.
01:44:23L'amitié de Jules et Jim n'avait pas eu d'équivalent en amour.
01:44:26Ils prenaient ensemble un plaisir total à des riens.
01:44:28Ils constataient leur divergence avec tendresse.
01:44:30Dès le début de leur amitié, on les avait surnommés Don Quichotte et Sanschoupensa.
01:44:58Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
01:45:28Les cendres furent recueillies dans des urnes
01:45:30et rangées dans un casier que l'on sait là.
01:45:33Seules Jules les eut mêlées.
01:45:35Catherine avait toujours souhaité qu'on jeta les siennes dans le vent
01:45:38du haut d'une colline, mais ce n'était pas permis.
01:45:58Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org