Dans son édito du 08/08/2024, Jérôme Béglé revient sur les alliances politique après les législatives.
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00:00Depuis l'avènement d'un Vème République en 1958,
00:02le système politique a été placé sous le signe du bipartisme.
00:06Il y avait les gaullistes et les anti-gaullistes, la droite et le PS.
00:09Même quand la droite se divisait entre RPR et UDF,
00:12ces deux partis bâtissaient préventivement un programme commun.
00:15Ils n'avaient qu'un seul adversaire commun, les socialistes et les communistes.
00:18Chacun savait que sa cure d'opposition lui permettait de regagner le pouvoir
00:22à la présidentielle ou aux législatives suivantes.
00:24La montée du Front National d'abord a entériné la naissance du tripartisme.
00:29L'élection d'Emmanuel Macron a d'abord placé sous le signe du « en même temps »,
00:33c'est-à-dire un peu à droite et un peu à gauche,
00:35a achevé de structurer trois blocs, une gauche radicale,
00:39un centrisme qui se veut pragmatique et une droite radicale.
00:42Et voilà qu'on leur demande maintenant de travailler ensemble.
00:45Les ennemis ancestraux devraient en quelques jours
00:47se mettre d'accord autour d'une table et construire une coalition.
00:50Avant que ce n'ait pas naturel,
00:52surtout lorsque notre Constitution repose sur le fait majoritaire,
00:55tout pour ceux ou celui qui gagne les élections
00:57et la portion congrue pour les autres,
00:59les coalitions à l'allemande ou à l'italienne
01:01ne sont pas du tout, mais pas du tout dans les habitudes et les mœurs françaises.
01:05Mais est-ce que finalement les électeurs ne sont pas un petit peu plus ouverts
01:08que le personnel politique à tel rapprochement ?
01:10C'est ce qu'on essaie de vous faire croire.
01:12Mais souvenez-vous des ministres d'ouverture de François Mitterrand,
01:15puis de Nicolas Sarkozy.
01:16Les électeurs avaient détesté, ils l'avaient fait savoir.
01:19Les alliances ou les désistements pour les dernières législatives
01:21ont souvent été perçues par les électeurs comme par les médias
01:24comme des tripatouillages.
01:25Même localement, dans les exécutifs locaux,
01:28les électeurs ne plébiscitent pas toujours,
01:30même pas souvent ces rapprochements.
01:31Vous avez voté contre quelqu'un,
01:33et voilà que quelques jours plus tard,
01:34ce quelqu'un travaille avec l'équipe que vous avez choisie.
01:37En France, ce n'est pas naturel et encore moins habituel.
01:40Surtout si vous n'avez pas annoncé la couleur avant.
01:43Regardez l'embarras des républicains aujourd'hui.
01:45Eric Ciotti et quelques-uns sont partis du côté du RN,
01:48et Laurent Wauquiez et quelques autres
01:49se rapprochent du président de la République.
01:51Alors qu'il y a deux mois, trois mois,
01:53chacun jurait ses grands dieux
01:54que le parti conserverait son indépendance.
01:57Bref, la coalition voulue par Emmanuel Macron
01:59ne sera pas une sinecure,
02:01non seulement parce que pas grand monde n'en veut,
02:03mais aussi parce que ce serait une totale
02:04révolution culturelle dans notre pays.
02:07Avant de parler de pragmatisme ou de respect
02:09du résultat des élections,
02:11les leaders politiques et même les électeurs
02:13s'échangeront des dents d'oiseaux
02:14et se traiteront d'arrivistes ou de traîtres.
02:16Et les électeurs ne leur donneront pas forcément tort.
02:19Notre immaturité politique et institutionnelle
02:21est encore à ce prix.
02:24Sous-titrage Société Radio-Canada