"Avortement aux États-Unis, la grande fracture" dans le cadre de l'émission "Le Monde en face"

  • il y a 2 mois
Le 23 juin 2024, France 5 a diffusé un documentaire intitulé "Avortement aux États-Unis, la grande fracture" dans le cadre de l'émission "Le Monde en face". Ce documentaire explore les conséquences de la suppression du droit fédéral à l'avortement aux États-Unis, mettant en lumière les divisions profondes que cette question suscite dans le pays. Depuis la révocation de ce droit, 14 États américains ont interdit l'avortement, illustrant un recul significatif dans ce qui était autrefois considéré comme un droit fondamental dans la première nation du monde.
Transcription
00:00:00J'appelle Amanda Zurowski à la barre. Veuillez lever la main droite, jurez de témoigner
00:00:18devant cette cour, de dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité. Je le jure.
00:00:24Veuillez vous asseoir. J'étais enceinte de 17 semaines et 6 jours. J'entamais mon deuxième
00:00:33trimestre de grossesse. J'ai ressenti du liquide couler le long de ma cuisse. Je sais maintenant
00:00:42qu'il s'agissait de mon liquide amniotique. La première chose que j'ai demandé, c'est que
00:00:48pouvons-nous faire ? Et on m'a répondu que, malheureusement, la fausse couche était
00:00:54inévitable. J'ai demandé s'il n'y avait pas quelque chose à faire et le médecin m'a répondu
00:01:00qu'en raison des lois en vigueur au Texas, il ne pouvait pas intervenir parce que le
00:01:05coeur du bébé battait encore et que provoquer l'accouchement aurait été considéré comme un
00:01:10avortement illégal. Il ne pouvait rien faire. Alors, plusieurs fois, j'ai dû faire des
00:01:24échographies pour voir si son coeur battait toujours. Je voulais l'entendre et ne pas
00:01:30l'entendre en même temps. Amanda Zuroski a dû assister à l'agonie de son futur enfant, Inutero.
00:01:42Sa grossesse n'était plus viable à quatre mois, mais elle n'a pas eu le droit à un avortement.
00:01:49La loi au Texas lui a interdit de toucher à son fœtus tant qu'il était encore vivant.
00:02:01L'affaire mobilise les médias. Trois autres femmes ont connu les mêmes préjudices avec des
00:02:09complications médicales qui, pour certaines, ont failli leur être fatales. Ensemble, elles
00:02:15attaquent le Texas en justice pour obliger leur État à suspendre sa loi anti-avortement.
00:02:21L'État sudiste sacralise la vie du fœtus presque en toutes circonstances. Il est le berceau de
00:02:29l'Amérique dite pro-vie, ultra-religieuse et radicale au pouvoir, au plus haut sommet de l'État,
00:02:36à la Cour suprême. Le 24 juin 2022, ces neuf juges ont bafoué la liberté des femmes. Ils ont
00:02:47supprimé le droit à l'avortement garanti depuis 50 ans dans tout le pays. Aucune institution
00:02:54politique aux États-Unis ne peut s'opposer à leur décision.
00:03:24Les femmes n'ont pas l'intention de vaciller. 62% des Américains soutiennent toujours l'IVG.
00:03:50Du simple bénévole aux soignants, ils sont des millions à préserver ce droit fondamental
00:03:57pour leurs concitoyennes. Leur visage incarne un sursaut, un rempart face aux idéologies radicales.
00:04:50Ce qu'ils veulent vraiment, c'est le contrôle sur la famille, le contrôle sur les femmes. Ils
00:05:02voudraient que les femmes reviennent à la maison. Ils voudraient un retour à quelque chose qui
00:05:06ressemble plus à l'âge des années 1950. La mentalité des « nationalistes » blancs-chrétiens
00:05:16A l'origine,
00:05:45c'est grâce à la bataille judiciaire d'une jeune Texane de 22 ans que les Américains n'ont pu
00:05:51connaître la liberté de l'avortement. En 1969, Norma McCorvey souhaite interrompre sa troisième
00:05:59grossesse. Mais la loi de son État lui interdit. Sous le nom d'emprunt de Jane Roe, elle se porte
00:06:07en justice contre le Texas et son avocat, Henry Wade. La Cour suprême lui donne raison. L'arrêt
00:06:16Roe contre Wade fait jurisprudence. Il légalise en 1973 l'IVG dans tout le pays, jusqu'à 22 semaines.
00:06:2450 ans plus tard, la révocation du droit national à l'avortement sonne comme une revanche.
00:06:37Au Texas.
00:07:07Dans cette partie de l'Amérique puritaine, la légalisation de l'IVG acquise en 1973 n'a
00:07:30jamais été acceptée. Ce soir, on fête ici sa disparition. Les 1200 qu'on vive sont des
00:07:48militants pro-vie. A leurs yeux, la vie est intouchable dès la conception, car elle est
00:07:54une création de Dieu. Ils vivent dans le dogme religieux, soutiennent la décision de la Cour
00:08:01suprême et la Texas Alliance for Life, l'une des plus importantes organisations pro-vie du sud
00:08:10des États-Unis. En cette soirée de gala, son président Joe Pochman déploie tous ses charmes.
00:08:19Il compte sur la générosité de ses donateurs. C'est auprès d'une femme, il y a 35 ans,
00:08:27qu'il aurait eu la révélation de son engagement pro-vie. Lorsque je travaillais à Houston,
00:08:34je sortais avec une femme qui m'a confié que lorsqu'elle était adolescente, bien plus tôt,
00:08:41elle avait avorté en secret. Elle était nonchalante, très décontractée à ce sujet,
00:08:48mais il y avait beaucoup de douleur dans son cœur. Au même moment, un de nos amis en commun nous a
00:08:55confiés, à moi et à quelques amis, en larmes, que sa petite amie avait avorté. À ce moment-là,
00:09:02je n'ai pas su quoi lui dire. Je me suis rendu compte qu'il fallait que je sorte de mon petit
00:09:07fauteuil, que je me lève du canapé et que je m'y mette pour de vrai. J'ai donc commencé à
00:09:12assister à des réunions et à m'impliquer. J'ai créé un groupe pro-vie à l'Université du Texas
00:09:18et je ne regrette rien. Joe Pochman, qui se fait appeler Dr. Pochman, est un ancien ingénieur de
00:09:27la NASA. Il est aujourd'hui un lobbyiste anti-avortement très actif. Il a facilité la
00:09:35création de la loi dite de la protection humaine, qui interdit depuis août 2022 l'IVG au Texas
00:09:41dès la conception, même en cas de viol, même en cas d'inceste.
00:10:05Les premiers chiffres montrent qu'il y a eu une forte augmentation des naissances au Texas. Au
00:10:30Texas, de très nombreuses femmes accouchent plutôt que d'avorter. Je m'en réjouis. Ces enfants
00:10:37deviendront de grands citoyens. Ils seront nos médecins, nos avocats, nos plombiers, nos
00:10:42comptables, nos travailleurs de tout type, nos femmes au foyer. Je me réjouis de voir ces bébés
00:10:49naître et devenir de grands citoyens de notre état et de notre nation. Notre objectif est de construire
00:10:58au Texas une société où personne ne se sentira obligé de recourir à l'avortement parce qu'il n'y
00:11:03a pas d'issue. Nous voulons construire une culture de la vie. C'est une expression que
00:11:11beaucoup d'entre nous aux États-Unis et probablement dans le monde entier empruntons
00:11:16au pape Jean-Paul II, qui a écrit un document très influent sur la culture de la vie.
00:11:28Il est terrible que la société attende des femmes qu'elles prennent soin d'elles-mêmes,
00:11:34qu'elles gèrent une grossesse non désirée en prenant la vie de leur propre enfant. Et je
00:11:42tiens à rappeler à tout le monde que nous savons maintenant que ce corps dans le ventre de la femme
00:11:47ne lui appartient pas. Il s'agit d'un organisme distinct. L'enfant à naître est un être distinct
00:11:55de la mère et nous ne pourrons jamais défendre une société qui accepte au nom de l'autonomie de
00:12:00la femme de supprimer la vie d'un enfant. C'est pas comme ça que ça marche. Il s'agit du droit
00:12:15des femmes. Elles ont le droit de décider de leur destin et d'accéder aux soins. Ça n'a
00:12:21personne d'autre de décider pour elles. Jordis donne tout son temps pour défendre
00:12:28la liberté de choix de l'avortement. Elle est selon l'expression américaine une pro-choix.
00:12:34Jordis habite l'un des 20 états américains qui a choisi de préserver l'accès à l'avortement.
00:12:45Dans son arbitrage du 24 juin 2022, la cour suprême a supprimé le droit fédéral à l'IVG,
00:12:52mais elle a laissé le choix à chaque état de décider de sa législation. Le pays est comme
00:13:00coupé en deux. Quinze états l'ont totalement banni, six l'ont fortement restreint. Un séisme
00:13:11pour une Américaine sur trois, soit près de 25 millions de femmes qui n'ont d'autre solution
00:13:15que de voyager pour atteindre les rives de l'Amérique libérale et trouver dans l'urgence
00:13:20une aide médicale.
00:13:41Au sud de l'Illinois, dans la petite ville de Carbondale, la clinique Alamo offre un premier
00:14:08refuge aux naufragés de l'avortement.
00:14:10« Ces gens viennent du Kentucky, ils sont probablement à trois ou quatre heures de
00:14:29là où nous sommes. »
00:14:30Sur le parking, Jordis se charge de l'accueil, bénévolement. Elle porte le gilet de l'accompagnatrice
00:14:45que l'on retrouve devant toutes les cliniques abortives pour offrir un premier réconfort
00:14:50à l'arrivée des patientes. À 69 ans, Jordis a l'expérience de la vie. Elle est mère
00:14:56de deux filles, elle a connu elle-même des IVG à deux reprises.
00:15:00« Salut les gars, bienvenue dans l'Illinois à la clinique Alamo, je suis votre vieille
00:15:09vieille escorte, d'accord ? Je suis juste là pour vous aimer et vous soutenir. Monsieur,
00:15:16si vous avez besoin d'aller aux toilettes, vous pouvez entrer et les utiliser. C'est
00:15:21bon ? Très bien, allons-y. Tu vas bien ? Oui madame, et vous ? Je vais bien. C'est
00:15:33un honneur pour moi d'être ici pour vous, les femmes. J'apprécie aussi. Merci beaucoup
00:15:39ma chérie, je m'inquiète pour vous toutes, bien plus que je ne peux vous le dire. Le
00:15:46truc qui fait sortir mon vieux corps plein d'arthrite du lit pour venir ici, c'est
00:15:50pour que ces femmes sachent qu'elles ne sont pas seules. Il y a d'autres femmes qui les
00:15:54soutiennent. Et pour juste avoir un mot gentil pour elles. C'est aussi simple que ça. Il
00:16:04s'agit d'amour et de montrer aux gens le respect qu'ils méritent, simplement parce
00:16:09qu'ils sont des êtres humains. Je crois qu'on a besoin de moi. Bienvenue dans l'Illinois à
00:16:19l'amour. Tu vas bien ma chérie ? Tu es en sécurité maintenant, d'accord ? C'est bon,
00:16:25viens avec moi, allons-y. J'ai peur. Pourquoi ? J'ai peur. Oh ma chérie, n'aie pas peur. De
00:16:33quoi as-tu peur ? De l'intervention, mais je n'ai plus le choix. En fait, c'est trop tard pour moi,
00:16:39pour la pilule abortive. Tout ira bien. L'intervention en elle-même est sûre. Il ne faut
00:16:45pas que tu t'inquiètes. C'est juste pas mal d'attente. Alors respire profondément. Tu es en
00:16:52sécurité avec nous maintenant. D'accord ? Je suis juste là pour t'aimer et te soutenir. Et te faire
00:17:00savoir que tout va bien se passer. Ça va aller. D'accord ? D'accord. Viens ma chérie. Je suis un
00:17:07peu nerveuse. Je sais bien, et je le vois dans tes yeux. Si tu as besoin de moi, je suis là,
00:17:22dehors. Tu appelles Jordis, très fort, et j'arrive. Pour tout. Je ne courrai pas. Merci
00:17:30madame. Tu es la bienvenue, ma chérie. La clinique Alamo réalise des avortements
00:17:40médicamenteux et chirurgicaux. L'affluence est forte depuis la décision de la Cour suprême. En
00:17:46moyenne, elle reçoit 30 femmes par jour, originaire à 95% de l'extérieur de l'État. Sa directrice,
00:17:58Andrea Galliegos, a grandi dans le milieu des soins obstétriques. Elle est fille de gynécologue.
00:18:03Dès l'abrogation fédérale de l'avortement, elle a dû abandonner les deux cliniques spécialisées
00:18:10dans l'IVG qu'elle possédait avec son père, au Texas et en Oklahoma. Allez-y, entrez. Je
00:18:19vous explique et après je sors. Vous pouvez mettre vos affaires là-haut, sur l'étagère,
00:18:25et déshabillez-vous à partir de la taille. Mais Andrea est une résistante. Elle est venue
00:18:33s'installer en famille dans l'Illinois, à l'automne 2022, pour voler au secours de ses
00:18:38concitoyennes, juste aux frontières de l'Amérique religieuse. Nous recevons des patients du Texas,
00:18:49de tous les États où l'avortement est interdit. Et pour beaucoup, notamment ceux qui viennent du
00:18:55Tennessee, du Kentucky et du Mississippi, nous sommes la clinique la plus proche. Tout va bien ?
00:19:05Vous n'aimez pas les aiguilles ? Je vais me débrouiller, ça va être rapide. D'accord ?
00:19:12Les patients arrivent ici épuisés, parce qu'ils ont voyagé pendant des heures. Leur voyage n'a pas
00:19:19commencé à 9h du matin, quand ils sont arrivés ici, mais quand ils sont partis de leur maison,
00:19:23et qu'ils ont conduit parfois 5h, 8h. Je viens de Memphis, et à cause des récents changements
00:19:30législatifs, l'avortement est presque totalement illégal, surtout dans les États du Sud. Il m'a
00:19:36fallu trois semaines pour arriver jusqu'ici, pour organiser le transport, mais aussi parce que j'ai
00:19:42des enfants qui vont à l'école. J'ai dû trouver le bon moment, en fonction de leur emploi du temps.
00:19:47J'ai cinq enfants. Je viens tout juste de sortir d'une relation de 11 ans avec leur père,
00:19:53et j'essaie de me débrouiller toute seule. Et je sais que ce n'est pas le bon moment d'avoir un
00:19:58nouvel enfant. Je n'en ai pas parlé à ma famille ou à qui que ce soit d'autre. Même le père ne le
00:20:06sait pas. Je sais ce qui est le mieux pour moi. J'ai deux enfants, mon plus jeune a 10 ans et je
00:20:16n'en veux pas d'autres. Mais qui sait ? Peut-être dans quelques années, je me sentirai plus solide
00:20:23que maintenant.
00:20:24Nous voyons des femmes venir se faire avorter pour différentes raisons. Ce n'est pas comme
00:20:49si elles se levaient le matin en disant « Hey, je vais juste me faire avorter ». Ce n'est pas ce
00:20:54qui se passe ici. Contrairement à ce que certaines personnes semblent penser, ce n'est pas du tout ce
00:21:00qui se passe. Ce sont là des décisions angoissantes pour ces femmes. Très angoissantes. Je ne serai pas
00:21:08en paix avec moi-même si je ne venais pas dans cette clinique au moins deux ou trois fois par
00:21:13semaine pour dire aux femmes « C'est bon. Vous avez le droit de le faire. C'est ok. Vous décidez.
00:21:21Ne sois pas trop dure envers toi-même. Tu es la bienvenue, ma chérie. Et que la paix soit avec
00:21:31toi sur le chemin du retour. D'accord ? Et je suis là si tu en as besoin, ma chérie. Tu es la bienvenue.
00:21:40Elle a décidé de ne pas avorter. Donc, c'est une décision vraiment difficile pour ce petit
00:21:54Cookie. Elle est pleine d'incertitude. Elle ne sait pas comment s'occuper de ce bébé. Vous savez,
00:22:02ce n'est pas mon rôle, ni le rôle de qui que ce soit de dire à ces femmes ce qu'elles doivent
00:22:08faire de leur corps. Nous pouvons leur donner des informations pour les aider à prendre des
00:22:15décisions. Mais les cliniques ne disent pas aux femmes de se faire avorter. Ce n'est pas le rôle
00:22:21des cliniques. Si elles changent d'avis, on les aime. On les soutient de la même façon.
00:22:27L'éducation sexuelle et la contraception ne sont toujours pas enseignées dans la plupart des
00:22:42écoles des Etats-Unis. En conséquence, le taux de grossesse non désiré est l'un des plus importants
00:22:51de l'Occident. La moitié des femmes les plus impactées par l'interdiction de l'avortement
00:22:56sont issues des communautés afro-américaines et vivent sous le seuil de pauvreté. Leur précarité
00:23:05les prive d'une assurance médicale très coûteuse aux Etats-Unis. Une entrave supplémentaire à
00:23:11l'accès à l'IVG, dont le coût est d'environ 600 dollars en moyenne, sans compter les frais
00:23:16de déplacement. Ici, je suis à environ six heures de chez moi. J'ai dû traverser deux Etats pour
00:23:23venir. J'ai dépensé environ 200 dollars en logement parce que j'ai dû dormir à l'hôtel. Et puis,
00:23:30je devrais trouver un hôtel ce soir après l'intervention. Et puis, il y a la nourriture.
00:23:34Et en plus de cela, j'ai dû prendre un congé sans sol, ce qui est un manque à gagner pour moi.
00:23:40Donc, je dirais, oui, j'ai dû dépenser à peu près 1000 dollars. Nous ne voulons pas que l'argent
00:23:48empêche qui que ce soit de venir à nous. C'est pourquoi nous avons noué de nombreux partenariats
00:23:54avec des organismes d'aide financière afin de les aider à payer toutes ces charges. Si une femme n'a
00:24:01pas suffisamment d'argent, on peut proposer la prise en charge totale de la procédure médicale,
00:24:06ou seulement une partie. Il y a toujours une solution de financement possible pour aider à
00:24:12couvrir non seulement le coût de l'intervention, mais aussi le coût du voyage.
00:24:18Après l'échographie d'aujourd'hui, on va vérifier où en est la fécondation et vérifier à combien de
00:24:24semaines vous êtes. Et une fois qu'on aura fait ça, on vous donnera la première pilule.
00:24:30Je m'inquiète toujours pour les patients qui ne peuvent pas venir jusqu'à nous.
00:24:35Qu'arrive-t-il à ces femmes? Que leur arrive-t-il physiquement, psychologiquement, émotionnellement,
00:24:42socialement ou économiquement lorsqu'elles sont forcées de rester enceintes?
00:24:51Pour moi, l'avortement est un soin de santé. C'est un droit humain fondamental que de pouvoir
00:24:57accéder aux soins de santé. Je pense qu'une grande partie des anti-avortements est très misogyne.
00:25:02C'est une attaque contre les personnes qui ont un utérus. C'est un droit humain fondamental de
00:25:14pouvoir accéder à quelque chose d'aussi important que l'avortement et les soins obstétriques.
00:25:19Vous allez prendre cette pilule maintenant et vous revenez à midi 20.
00:25:32Ça a été difficile de prendre la décision d'avorter parce que j'ai grandi dans la culture pro-vie avant tout.
00:25:42Au début, j'étais contre l'avortement. J'ai grandi dans la religion. Je n'étais pas vraiment au courant de ce qui se passait dans le monde réel, de ce que cela voulait dire.
00:25:57Maintenant, je le sais en tant qu'adulte. Je pense que l'avortement doit être libre d'accès.
00:26:04Les gens sont prisonniers de la religion. J'ai l'impression qu'une grande partie de cette loi est déterminée par le dogme religieux et je ne pense pas qu'elle devrait l'être du tout.
00:26:19Vous aimez vos familles, vos voisins, notre nation et chaque enfant, né ou non né, car vous croyez que chaque vie est sacrée, que chaque enfant est un cadeau précieux de Dieu.
00:26:36Donald Trump est sans nul doute le grand artisan de la disparition du droit à l'IVG dans la moitié de l'Amérique.
00:26:43Le milliardaire new-yorkais s'est improvisé militant pro-vie à des fins purement électoralistes.
00:26:59Il a su séduire l'électorat religieux du pays, qui représente un quart des suffrages.
00:27:05Comme ses prédécesseurs républicains, il a épousé la doctrine ultra-conservatrice appelée la majorité morale.
00:27:15Inventée dans les années 80 par un pasteur télévangéliste, Jerry Falwell, la majorité morale veut fusionner politique et religion.
00:27:35Elle prône le retour à des valeurs traditionnelles familiales. Elle dénonce le divorce, l'homosexualité et s'oppose avec virulence à l'avortement.
00:28:05Un discours extrémiste dont Ronald Reagan est le premier président républicain à s'être emparé pour accéder au pouvoir.
00:28:3540 ans plus tard, Donald Trump n'a pas changé de stratégie. Il parvient à rafler 80% du vote évangélique. Une première pour un président américain.
00:28:55Poussé par les lobbies extrémistes qui l'ont porté au pouvoir, Donald Trump commence son travail de sape. Il donne à la Cour suprême, la plus haute institution du pays, chargée de trancher les grands débats de société, sa nouvelle couleur conservatrice.
00:29:25En avril 2017, il nomme Neil Gorsuch, un juge opposé au remboursement de la contraception.
00:29:45En juillet 2018, Donald Trump désigne Brett Kavanaugh, un adversaire du mariage homosexuel. Puis, en 2020, Donald Trump n'attend pas le résultat des présidentielles comme c'est l'usage pour nommer un nouveau juge, conforme à la couleur politique.
00:30:13Battu par Joe Biden, il a réussi à placer Amy Connett Barrett, 45 jours avant la fin de son mandat. Une mère de 7 enfants, proche d'un mouvement religieux radical. La haute magistrate est une pro-vie convaincue. Elle est contre le mariage gay, contre la contraception.
00:30:41La majorité de la Cour suprême a basculé. Désormais, 6 de ses 9 membres sont des fondamentalistes anti-avortement, nommés à vie leur décision en force de loi.
00:31:078 mois avant de revenir sur le droit à l'avortement en juin 2022, la Cour suprême de Donald Trump montre déjà son nouveau visage. Alors que l'avortement est encore légal jusqu'à 22 semaines sur tout le territoire, elle permet au gouverneur pro-vie Greg Abbott de passer au Texas une loi très restrictive.
00:31:29En septembre 2021, en rupture avec le droit fédéral, il signe la loi SB8 qui interdit l'IVG après 6 semaines. À un stade où la plupart des femmes ne savent pas encore qu'elles sont enceintes.
00:31:59Deux ans plus tard, 6 Texans se révoltent. Aucune d'entre elles n'a eu le droit à une IVG. Alors que leur grossesse était condamnée et qu'elle était devenue un danger pour certaines d'entre elles.
00:32:19Devant les médias du pays, elles poursuivent le Texas en justice pour faire tomber la loi anti-avortement SB8. Pendant deux jours, trois plaignantes sont entendues par un tribunal civil.
00:32:49Le juge dit qu'il n'a pas d'options car la loi anti-avortement de Texas l'a prohibie. J'ai l'impression d'être abandonnée.
00:33:17J'ai l'impression d'être abandonnée.
00:33:33Samantha s'écroule, hantée par le souvenir d'avoir vu mourir son bébé dans ses bras. Le diagnostic était pourtant sans appel. À 5 mois de grossesse, la malformation crânienne de son foetus ne lui laissait aucune chance de survie.
00:33:55Mais l'interdiction de l'IVG au Texas a laissé Samantha dans le dénuement. Ni elle, ni son compagnon n'avaient l'argent pour voyager dans un état libéral. Samantha a été forcée de donner naissance à une petite fille qui n'a survécu que 4 heures.
00:34:25Elisabeth Wheeler fait aussi partie des 6 plaignantes victimes de la loi anti-avortement SB8. À 18 semaines de grossesse, Elisabeth a subitement perdu son liquide amniotique, puis elle a frôlé la septicémie, chez elle, seule, avec son mari.
00:34:49« Lorsque le liquide s'est déversé sur mes mains, j'ai immédiatement crié parce que j'ai compris que je perdais les os. Je suis donc allée aux urgences. Un médecin est arrivé et m'a dit « Ok, vous avez perdu les os, mais le col de l'utérus est encore fermé. Tout ce que nous pouvons faire maintenant, c'est espérer et prier pour que les choses s'améliorent. »
00:35:15« Je lui ai dit « Vous savez, je ne suis pas croyante, mais je suppose que je dois prier maintenant, n'est-ce pas ? »
00:35:27Elle me dit alors « Vous avez deux options. Vous pouvez choisir de poursuivre votre grossesse, mais vous devez savoir que vous vous exposez à une infection. Et si votre bébé survit, il est très probable qu'il aura d'horribles séquelles qui auront un impact direct sur son développement. Il se peut qu'il ne vive pas très longtemps. »
00:35:56Elle me dit que l'autre option est de procéder à une induction. Le mot « avortement » n'était pas utilisé et je pense que c'est à cause de l'hôpital où je me trouvais. Ils étaient peut-être, je pense, prudents quant à l'utilisation du terme « avortement ». Dans ce que j'étais en train de vivre, je n'ai jamais entendu ce mot.
00:36:19Mais quand on parle d'induction, il s'agit bien d'un avortement. Et pendant ce temps, mon médecin se met à pleurer. Elle me regarde et me dit « Je suis désolée, je ne peux pas vous toucher. Je ne peux rien faire. »
00:36:33Elle me dit que l'administration ne la croyait pas quand elle leur expliquait que j'étais malade parce que lors de mon admission, j'avais opté pour les antibiotiques afin d'éviter toute infection future. Alors elle m'a dit que la seule façon pour moi d'obtenir de l'aide, c'était de revenir suffisamment malade. Par exemple, quand je ferais une septicémie.
00:37:03Je suis passée d'un lit d'hôpital à mon propre lit, dans mon propre environnement. Mais j'ai du mal à réaliser que mon bébé bouge, qu'il est toujours vivant, mais qu'il est en train de mourir. Je n'arrive pas à croire ce que je suis en train de vivre.
00:37:31Comment suis-je arrivée là ? Et l'une des consignes que nous avions était de vérifier ma fièvre toutes les deux heures. Parce que si elle atteignait les 40 degrés, c'est qu'il fallait aller à l'hôpital.
00:37:46Une autre consigne était d'attendre que mes pertes deviennent jaunes, mais pas un jaune léger. Ça devait être un jaune vif, vraiment vif. Et il devait avoir une odeur si nauséabonde que lorsque vous la sentiez ou que vous la ronifliez, vous aviez envie de vomir.
00:38:06Il n'y avait rien de pire pour moi en tant que mari que d'espérer que ma femme tombe malade. Car si elle tombait malade, cela voulait dire que nous pouvions aller à l'hôpital pour la faire soigner. Chaque fois que nous prenions sa température et qu'elle était normale, d'une certaine façon, c'était une mauvaise nouvelle.
00:38:26Et c'est arrivé. Des pertes jaunes. J'ai regardé. J'ai senti et j'ai presque vomi. Et je lui ai dit « James, c'est en train d'arriver ». Nous nous sommes serrés dans les bras en se disant « Merci, merci ».
00:38:47Et c'est un moment d'exaltation, de célébration. Et pourtant, c'est le plus horrible moment de notre vie. Parce que nous sommes enfin heureux de pouvoir sortir de cette épreuve.
00:39:02Elisabeth a pu finalement avorter. Mais une fois seulement, que son foetus ne donnait plus signe de vie. Pour le moment, elle se refuse à tout nouveau projet d'enfantement. Elle ne se sent pas en sécurité chez elle, au Texas.
00:39:24En théorie, elle aurait dû bénéficier de l'exception prévue par la loi anti-avortement SB8, qui autorise l'IVG uniquement dans le cas où la grossesse devient un danger pour la santé de la mère.
00:39:38Une notion médicale vague, trop imprécise pour les gynécologues, effrayée par la criminalisation de leurs pratiques. Comme tous ses collègues au Texas, le docteur Karsan travaille sous la menace de lourdes sanctions en cas d'avortement illégal.
00:40:02Les sanctions sont tellement lourdes. 99 ans de prison, la perte du droit d'exercer la médecine et une amende de 100 000 dollars. Ils essayent d'intimider le corps médical avec la sévérité des sanctions, vous savez. En les incitant à se taire et à ne plus agir.
00:40:25Damla est une professionnelle reconnue de la santé reproductive. Elle est membre du collège américain des gynécologues et dirige son propre cabinet privé au sein de l'hôpital de la femme à Houston. Elle fait partie des deux seuls médecins à se faire entrendre au Texas, à se joindre à la plainte des victimes de la loi SB8.
00:40:56Dans votre expérience, est-ce que l'avortement est dangereux?
00:41:02Au Texas, oui. Notre taux de mort est abysmal. C'est l'un des pires dans le pays. Et les États-Unis sont les pires dans le monde. J'ai peur que ça devienne pire.
00:41:19Et après que la loi SB8 a eu l'effet, avez-vous offert des avortements pour les conditions médicales listées dans l'exhibit 1?
00:41:27Je n'ai pas.
00:41:29Eh bien, ça a augmenté, ça a amplifié la peur et la reluctance à offrir à un patient un avortement, même si je pensais qu'il pourrait passer les exceptions dans la loi.
00:41:44Au-delà de la loi SB8, avez-vous peur des lois civiques?
00:41:48Oui.
00:41:55Mais c'est difficile, je veux dire, de demander aux médecins de prendre des risques énormes pour sauver leur patiente, pour défendre leur sécurité. Je pense que c'est injuste. Je pense que nous devrions être soutenus.
00:42:17Il n'y a pas d'exception à la loi, et il y a des cas où un patient est à la porte de mort, et je sais qu'il y a des exceptions.
00:42:25J'ai rencontré quelques personnes qui étaient sur le point de mourir. Je suis donc sûre qu'il existe des cas dont nous n'avons pas l'intention.
00:42:47Je vois les admissions aux urgences, et vous savez, certaines femmes n'en sortent pas. Je sais qu'il y a des décès. Ce n'est qu'une question de temps pour qu'ils soient révélés. Vous savez, quand on est mort, on se fait moins entendre.
00:43:18C'est une question de temps pour qu'on se fait moins entendre. Vous savez, quand on est mort, on se fait moins entendre. Vous savez, quand on est mort, on se fait moins entendre.
00:43:24C'est une question de temps pour qu'on se fait moins entendre. Vous savez, quand on est mort, on se fait moins entendre.
00:43:48Mais le procureur de l'Etat a fait appel, conforté par un mémoire déposé par les lobbies pro-vie de Joe Pochman et de la Texas Alliance for Life. La décision finale de la cour est reportée à l'été 2024.
00:44:02Les grossesses de ces femmes se sont déroulées dans des conditions difficiles. Elles étaient sur le point de perdre leur bébé, mais elles ont failli perdre la vie aussi parce qu'elles ont été mal soignées par leurs gynécologues.
00:44:21J'ai été très attentif et cela me brise le cœur d'avoir découvert ce qu'elles ont enduré. Mais cela m'a fait aussi comprendre que notre loi est vraiment bien conçue, avec beaucoup de soins et d'attention.
00:44:37Bien sûr, cette loi doit être efficace et dissuasive. Et l'objectif est d'empêcher les avortements. Alors comment faire face aux problèmes des femmes qui vont se faire avorter hors de l'Etat ?
00:44:49Il y en a probablement environ 4000 qui ont quitté l'Etat pour se rendre dans des Etats voisins. Nous ne savons pas exactement où, mais quel désespoir peut pousser ces femmes à partir ?
00:45:07Je suis en train d'envoyer ma fille à l'emploi pour un avortement.
00:45:12Ok, combien de temps a votre fille ?
00:45:1315 ans.
00:45:14Et elle a-t-elle eu une histoire d'avortement ectopique ?
00:45:17Non, madame. C'est la première fois que je l'ai connu.
00:45:22Vous regardez l'avortement médical avec la pilule, c'est vrai ?
00:45:26Oui, madame.
00:45:27Ok, le coût de l'avortement est de 550 dollars, mais j'ai de l'aide financière pour les habitants d'états voisins, si vous voulez voir si vous êtes qualifiés.
00:45:34Ok.
00:45:36Il y a peut-être des protestants à l'extérieur de la facilité, mais ils ne sont pas associés.
00:45:40Gardez vos fenêtres ouvertes, ignorez-les, conduisez dans le parking, puis venez à l'intérieur de la salle d'entrée pour faire un vérificatif, d'accord ?
00:45:47D'accord.
00:45:49Aux portes du Texas et de l'Oklahoma, le Colorado est un autre état-refuge pour les femmes privées de droit à l'avortement chez elles.
00:45:57L'IVG y est restée possible à tous les stades de la grossesse.
00:46:03Galvanisée par la composition de la Cour suprême, les pro-vie du Colorado sont à l'intérieur de l'avortement.
00:46:11Galvanisée par la composition de la Cour suprême, les pro-vie du Colorado sont à l'attaque, comme ils le sont sur toutes les terres de l'Amérique libérale.
00:46:42Kevin affirme avoir eu une révélation divine dans les montagnes du Colorado.
00:46:48Une rédemption pour cet ancien accro à la méthamphétamine qui s'est trouvé un nouveau chemin.
00:46:54Il fait du prosélytisme pour dissuader ses concitoyennes d'interrompre leur grossesse.
00:47:00Kevin fait partie d'un groupe de pro-vie qui fait le siège du planning familial de la ville de Fort Collins.
00:47:13Bonjour.
00:47:15Comment ça va ?
00:47:17Bien.
00:47:19Et vous ?
00:47:21Bien.
00:47:23Et vous ?
00:47:25Bien.
00:47:28Comment ça va ?
00:47:30Oui, ça va.
00:47:33Voici Sherry, notre chef intrépide.
00:47:36Je ne suis pas chef.
00:47:39Sherry a sept enfants. Elle vient ici deux fois par semaine depuis près de dix ans.
00:47:44Onze ans maintenant.
00:47:46Onze ans.
00:47:58Les militants anti-avortement se sont regroupés au sein d'un collectif baptisé 40 jours de prière.
00:48:05En symbole des 40 jours de sermons continus, professés deux fois par an au pied des murs du centre de soins.
00:48:28Bonjour. J'ai un cadeau pour vous. On est là pour vous aider.
00:48:33En pratique, Kevin et ses camarades tentent d'intercepter les femmes dès leur arrivée au planning familial.
00:48:40Sans jamais franchir cette ligne jaune.
00:48:43Le Colorado a promulgué une loi qui empêche les militants pro-vie d'approcher les centres d'avortement à moins de 200 mètres.
00:48:50Bonjour.
00:48:52Comment allez-vous ? J'ai un cadeau pour vous.
00:48:54Merci.
00:48:55Et il y en a un de plus. Vous venez pour un test de grossesse ?
00:48:57Non, pour ma contraception.
00:48:59Ah, pour la contraception. Permettez-moi de vous donner autre chose.
00:49:02C'est vraiment très sain.
00:49:04Comment élever des enfants, la contraception naturelle et ça.
00:49:11Et ceci.
00:49:15La plupart des contraceptifs sont cancérigènes.
00:49:18Ils peuvent provoquer un avortement précoce.
00:49:20Si vous avez des questions, dans ce petit paquet rose là, il y a mon numéro de téléphone.
00:49:24Je serais heureux de vous donner plus d'informations.
00:49:26Ok ? Merci.
00:49:28Au revoir.
00:49:29Dieu vous bénisse.
00:49:30Elle était toute mignonne.
00:49:34Une personne sur cinq s'arrête et prend une rose.
00:49:37Nous avons eu beaucoup plus de bébés sauvés depuis que nous avons commencé à donner des roses.
00:49:41Parce que c'est un signe de bonne volonté.
00:49:43Beaucoup de filles ne peuvent pas résister à une rose.
00:49:45On a même mis de l'eau bénite dans les petits flacons.
00:49:49On a mis un modèle de fœtus et une fiche qui expliquent le développement du bébé.
00:49:53De la conception jusqu'à la fin.
00:49:55Il y a un tract évangélique là-dedans.
00:49:59Et il y a mon propre témoignage. Et mon histoire personnelle.
00:50:05Non, elle a déjà dit quelque chose.
00:50:07Elle a déjà dit quelque chose.
00:50:10Non, elle a déjà eu une rose, elle.
00:50:12Dieu vous bénisse. Nous vous aimons.
00:50:14Bonne journée.
00:50:17Nous sommes avec vous. Vous êtes précieuses et belles.
00:50:21Elle pleure.
00:50:22Des larmes coulaient sur son visage.
00:50:24Elle essuyait des larmes.
00:50:27Tenez, ce sont des informations pour vous.
00:50:30Je pense que l'avortement, c'est loin des yeux, loin du cœur.
00:50:34Les gens ne se posent pas trop de questions quand ils viennent se faire l'avortement.
00:50:37Ils ne se disent pas que c'est pas bien.
00:50:39Parce qu'ils ne savent pas ce qu'il en est.
00:50:41Si vous ne pouvez pas voir à quoi ressemble un avortement,
00:50:44si ça se passe derrière des portes fermées,
00:50:46les gens ne se rendent pas compte.
00:50:49Vous voulez que je vous montre la photo ?
00:50:51Regardez.
00:50:52Là, nous sommes à 21 semaines.
00:50:54Et derrière les murs de cette clinique,
00:50:56la réalité, c'est qu'ils pratiquent l'avortement jusqu'à 19 semaines.
00:51:00C'est donc seulement deux semaines plutôt que ça.
00:51:03Et ils veulent vous dire que ce n'est pas un être vivant ?
00:51:06Bien sûr que c'est un être qui vit.
00:51:10Vous êtes sûre que c'est une vraie photo, ça ?
00:51:13Oui, bien sûr, c'est une vraie photographie.
00:51:17Comme toutes ces photos d'enfants qui ont été sauvés de l'avortement.
00:51:24Nous n'avons pas pu vérifier l'authenticité de ces photos.
00:51:27Mais nous avons pu les voir.
00:51:30Nous n'avons pas pu vérifier l'authenticité de ces photos.
00:51:33Comme celle de ces enfants,
00:51:35que Kevin prétend avoir sauvés, comme il le dit.
00:51:38Malgré notre insistance,
00:51:40il nous a été impossible de rencontrer une seule des mères
00:51:43qui leur ait dit je suis aidé d'avorter.
00:51:49Nous pouvons vous aider !
00:51:55Vous avez vu où ils partaient ?
00:51:57Il y en a un à l'arrière.
00:52:08Si vous êtes venu ce matin pour un ultrasound,
00:52:11nous avons des freins, des freins,
00:52:14des tests pré-avortés,
00:52:16du soutien confidentiel.
00:52:21Si vous êtes ici pour l'avortement,
00:52:24l'amour de ma vie a eu un avortement
00:52:26et cela l'a haunté pour le reste de sa vie.
00:52:29Et vous vous êtes éloigné de ce lieu sombre et mauvais.
00:52:32Vous n'avez jamais regardé en arrière.
00:52:34Vous n'avez jamais eu de regrets.
00:52:36En fait, vous célébrez ce jour pour le reste de votre vie.
00:52:40Chaque fois qu'elle pose ses petits bras autour de votre nez
00:52:43et vous appuie, vous êtes fatigué,
00:52:45et vous dites je vous aime,
00:52:47vous célébrez le jour que vous avez quitté Planned Parenthood.
00:52:50Je ne souhaiterais pas cette douleur et le regret.
00:52:54Les femmes sont trop vies et bien rôdées pour culpabiliser les femmes.
00:52:58Et elles ne s'arrêtent pas là.
00:53:00Kevin fait aussi la promotion de témoignages de femmes
00:53:03sur un site internet baptisé Conçus dans le viol.
00:53:09À l'âge de 12 ans, je marchais dans la rue et j'étais droguée.
00:53:13J'ai été brutalement violée par deux hommes.
00:53:17On m'a emmenée à l'hôpital
00:53:19et le médecin m'a dit que j'étais enceinte à la suite du viol.
00:53:22J'ai demandé au médecin si j'avortais, est-ce que j'oublierais le viol ?
00:53:26Est-ce que j'oublierais toute la douleur et la souffrance ?
00:53:29Et il m'a dit non.
00:53:31Je me suis alors demandé pourquoi je devais tuer mon bébé ?
00:53:34Pourquoi devrais-je condamner mon bébé à la peine de mort ?
00:53:38À l'âge de 17 ans,
00:53:40après avoir vécu une situation d'abus sexuel dans ma famille,
00:53:43j'ai enfanté à la suite d'un viol incestueux.
00:53:47J'ai été élevée dans l'église,
00:53:49j'ai vécu un retour à la foi
00:53:51et j'ai compris qu'il s'agissait d'une vie.
00:53:53Et j'ai compris à 17 ans
00:53:55que je ne pouvais pas prendre la vie de cet enfant.
00:53:58Ce n'est pas la faute de l'enfant,
00:54:00ce n'était pas ma faute
00:54:02et je ne voulais pas tuer mon bébé.
00:54:04J'ai donc choisi de garder mon bébé.
00:54:07Il a maintenant 3 ans.
00:54:09Pour être tout à fait honnête,
00:54:11il y a des jours où je ne me souviens même pas
00:54:13de la façon dont il a été conçu.
00:54:15C'est de la propagande vicieuse.
00:54:17Les femmes qui ont été violées
00:54:19ou qui ont subi un abus sexuel,
00:54:21elles sont terrifiées à l'idée d'être enceintes.
00:54:24C'est un poison qui est en elles.
00:54:26C'est un parasite.
00:54:28Elles veulent mettre fin à leur grossesse
00:54:30et quand elles le font,
00:54:32elles sont soulagées et heureuses.
00:54:34Pour eux, la vie de la femme ne vaut rien.
00:54:36Elle ne vaut rien.
00:54:38Elle n'est qu'une couveuse pour faire d'autres bébés.
00:54:40C'est donc du bétail.
00:54:42On élève des femmes comme on élève des vaches
00:54:44selon leur philosophie, d'accord ?
00:54:46Les vaches sont là pour faire plus de vaches.
00:54:48Donc il y a plus de vaches.
00:54:50Pour les femmes, c'est pareil.
00:54:52Mais alors, oubliez la liberté des femmes.
00:55:12C'est du fanatisme religieux.
00:55:14Le mouvement anti-avortement aux États-Unis
00:55:16est dominé par les catholiques et les nationalistes,
00:55:18les suprémacistes blancs,
00:55:20les chrétiens évangéliques.
00:55:24C'est un mouvement fasciste.
00:55:26Il n'existe pas de dépasse sur l'avortement avec eux.
00:55:28C'est une guerre civile.
00:55:30Et leur camp utilise des balles et des bombes.
00:55:34Ils font des menaces de mort.
00:55:36À une heure de route,
00:55:38dans la ville de Boulder,
00:55:40le docteur Hearn fait son métier de gynécologue,
00:55:42barricadé dans sa clinique.
00:55:48Il est une des cibles privilégiées des pro-vie.
00:55:50L'un des derniers médecins américains
00:55:52à pratiquer des avortements
00:55:54jusqu'au terme de la grossesse
00:55:56pour des anomalies fétales incurables.
00:55:58C'est le premier avortement
00:56:00que le médecin américain
00:56:02a fait depuis le début de sa vie.
00:56:04Pour des anomalies fétales incurables.
00:56:10Toujours en activité à 88 ans,
00:56:12Warren Hearn est plus que jamais mobilisé
00:56:14depuis la décision de la Cour suprême.
00:56:18Il est une figure médicale et politique
00:56:20de la lutte pour la liberté des femmes aux Etats-Unis.
00:56:26Un médecin pro-avortement
00:56:28qui a dû affronter à plusieurs reprises
00:56:30le fanatisme religieux.
00:56:34En 1988,
00:56:36cinq coups de feu ont été tirés
00:56:38sur la façade de mon bureau.
00:56:40Une rafale.
00:56:42Un membre de mon personnel a échappé
00:56:44de peu à la mort.
00:56:46Ils essayaient de me tuer.
00:56:48C'est un terrible signe d'hostilité.
00:56:50Après, j'ai installé des fenêtres par balles.
00:56:52Puis j'ai tenu une conférence de presse
00:56:54et j'ai proposé une récompense de 5000 dollars
00:56:56pour toute information conduisant
00:56:58à l'arrestation et à la condamnation du tireur.
00:57:00Le docteur Hearn
00:57:02travaille derrière des vitres blindées
00:57:04et des sas de sécurité.
00:57:06Il nous a interdit de filmer son personnel
00:57:08pour ne pas risquer de le mettre en danger.
00:57:16En 1988,
00:57:18des fanatiques d'un mouvement appelé
00:57:20Operation Rescue
00:57:22bloquent l'accès à la clinique
00:57:24du docteur Hearn.
00:57:26Ils sont dirigés
00:57:28par un ancien vendeur de voitures
00:57:30qui prône le harcèlement
00:57:32de toute personne liée à l'avortement.
00:57:46Randall Terry,
00:57:48le dirigeant de Operation Rescue,
00:57:50était devant ma clinique
00:57:52avec ses partisans
00:57:54et ils ont prié
00:57:56pour mon exécution.
00:57:58Et j'étais sûr que j'allais être assassiné.
00:58:00Alors j'ai commencé à dormir
00:58:02avec un fusil près de mon lit.
00:58:06En 1991,
00:58:08c'est un autre médecin
00:58:10spécialisé dans les avortements tardifs,
00:58:12un ami du docteur Hearn,
00:58:14le docteur George Thiller,
00:58:16qui est ciblé.
00:58:20À Wichita, au Kansas,
00:58:22Operation Rescue déploie
00:58:24pendant six semaines
00:58:2625 000 extrémistes anti-avortement
00:58:28devant sa clinique
00:58:30pour empêcher ses patientes
00:58:32de toute intervention médicale.
00:58:52Le harcèlement sera fatal aux médecins.
00:58:54Après avoir survécu
00:58:56à un attentat à la bombe,
00:58:58à des tirs reçus à beau pourtant.
00:59:00George Thiller
00:59:02finit par perdre la vie en 2009.
00:59:04Il est mort.
00:59:06Il est mort.
00:59:08Il est mort.
00:59:10Il est mort.
00:59:12Il est mort.
00:59:14Il est mort.
00:59:16Il est mort.
00:59:18Il est mort.
00:59:20George Thiller
00:59:22finit par perdre la vie en 2009.
00:59:24Assassiné par un fondamentaliste
00:59:26pro-vie,
00:59:28sympathisant d'Operation Rescue.
00:59:34Il a été exécuté dans l'église
00:59:36où le gynécologue chrétien
00:59:38faisait le service à la messe,
00:59:40comme sacristin.
00:59:46Nous avons passé du temps ensemble.
00:59:48C'est horrible.
00:59:50Je veux dire une perte terrible pour sa famille.
00:59:52Et je veux dire, c'est juste un scandale.
00:59:54Il s'agit d'un assassinat politique.
00:59:56Et cela me dérange que mes collègues médecins
00:59:58n'aient parfois pas compris
01:00:00qu'il s'agissait d'un assassinat politique.
01:00:02Ils disent qu'il est décédé.
01:00:04Il n'est pas décédé.
01:00:06Il a été assassiné.
01:00:08Et c'est comme ça pour tous les médecins
01:00:10qui pratiquent des avortements aux Etats-Unis.
01:00:12Tous les médecins.
01:00:14Quand je gare ma voiture,
01:00:16j'ai beaucoup d'argent.
01:00:18Quand je sors de ma voiture,
01:00:20je peux aller directement au bureau
01:00:22au lieu de traverser le parking à pied.
01:00:24Parce que dans ce parking,
01:00:26je suis une cible idéale pour un sniper.
01:00:28Et moi, je fais tout ce que je peux
01:00:30pour ne pas être exposé au tir.
01:00:32Lorsque je gare ma voiture,
01:00:34je prépare toujours mes clés
01:00:36pour ne pas avoir à les chercher.
01:00:38Quand je suis chez moi le soir,
01:00:40je ferme les stores.
01:00:42Nous ne pouvons pas laisser les stores ouverts la nuit
01:00:44parce qu'il y a des médecins par la fenêtre.
01:00:52Un tel évangéliste et fanatique religieux
01:00:54a déclaré,
01:00:56nous ne pouvons pas autoriser l'avortement
01:00:58sinon il n'y aura pas assez de personnes
01:01:00pour faire la guerre et payer les impôts.
01:01:02C'est à cela que les femmes servent.
01:01:04C'est la vision républicaine.
01:01:06C'est la politique des républicains.
01:01:08Et avec leur Cour suprême radicale,
01:01:10ensemble,
01:01:12ils veulent nous donner
01:01:14une théocratie chrétienne fasciste.
01:01:16C'est leur plan.
01:01:38Lors de la déclaration de l'indépendance,
01:01:40ils ont invoqué notre Créateur
01:01:42quatre fois.
01:01:44Parce qu'en Amérique,
01:01:46nous ne pouvons pas
01:01:48adorer le gouvernement,
01:01:50nous adorons Dieu.
01:01:52Dans Dieu nous avons confiance.
01:01:54Et c'est pourquoi nous proclamons
01:01:56que nous sommes une nation sous Dieu.
01:02:08Du Colorado à l'Illinois,
01:02:10les pro-vie ne relâchent pas la pression.
01:02:12Ils ont le vent en poupe.
01:02:14Leur mentor,
01:02:16Donald Trump, est de retour.
01:02:18Il est bien placé dans les sondages
01:02:20pour la prochaine élection présidentielle.
01:02:22Une menace
01:02:24pour le droit à l'avortement
01:02:26qui pourrait, cette fois,
01:02:28disparaître sur tout le territoire.
01:02:30Bonjour, vous avez reçu ce prospectus
01:02:32à votre arrivée ?
01:02:34On peut se parler une seconde ?
01:02:36On a plein d'aides gratuites à vous proposer.
01:02:40Face à l'Amérique de l'obscurantisme,
01:02:42l'Amérique de la liberté
01:02:44n'a pas l'intention d'abdiquer.
01:02:46Partout, elle se bat
01:02:48pour préserver la dignité de ses concitoyennes
01:02:50et les droits de la personne.
01:02:54Comme dans la ville de Carbondale
01:02:56où est installée
01:02:58la clinique refuge d'Andrea Gallegos.
01:03:02Ce matin, elle reçoit la visite surprise
01:03:04de la maire, inquiète
01:03:06pour la sécurité de ses patientes.
01:03:10J'étais en train de participer
01:03:12à une réunion
01:03:14quand quelqu'un m'a dit qu'il avait vu des personnes
01:03:16qui essayaient d'empêcher les patientes
01:03:18d'accéder à la clinique.
01:03:20J'ai décidé de venir voir moi-même
01:03:22ce qu'il se passait.
01:03:24Parce que ce n'est pas quelque chose que j'approuve, vraiment.
01:03:26Caroline Hervé
01:03:28est à l'origine d'une loi
01:03:30obligeant les manifestants
01:03:32à rester à bonne distance
01:03:34d'un centre de soins.
01:03:36Chrétienne et pratiquante,
01:03:38l'élue reste perplexe
01:03:40devant les arguments
01:03:42des pro-vie de sa ville.
01:03:44Ils m'ont dit
01:03:46qu'ils voulaient aider
01:03:48les personnes qui souhaitaient avorter.
01:03:50Ma réponse a été
01:03:52de leur demander
01:03:54quel type d'aide offrez-vous ?
01:03:56Ils disent
01:03:58nous aidons à payer ceci et cela.
01:04:00Allez-vous les aider pendant 18 ans
01:04:02jusqu'à ce que l'enfant devienne adulte ?
01:04:04Non, ils ne feront jamais ça.
01:04:06Et puis ces manifestants sont rémunérés.
01:04:08En tout cas, certains d'entre eux le sont.
01:04:10Je ne dis pas qu'ils ne croient pas à ce qu'ils font
01:04:12ou qu'ils y croient probablement.
01:04:14Mais certains sont là
01:04:16parce qu'ils sont payés pour.
01:04:18Carbondale a toujours été
01:04:20une enclave libérale.
01:04:22Son université s'est fait connaître
01:04:24dans les années 70
01:04:26pour ses positions anti-militaristes
01:04:28pendant la guerre du Vietnam.
01:04:30La ville est aujourd'hui
01:04:32au service des femmes
01:04:34et des libertés fondamentales.
01:04:38Une autre clinique abortive
01:04:40est venue s'y installer.
01:04:42Et un planning familial
01:04:44bien d'étrangers
01:04:46et un planning familial
01:04:48vient d'être inauguré.
01:04:50L'image d'une Amérique plurielle
01:04:54qui cultive la tolérance
01:04:56comme une vertu
01:04:58contre toutes les formes
01:05:00de fanatisme.
01:05:04Je suis chrétienne, je crois en Dieu.
01:05:06Mais je pense
01:05:08qu'il s'agit d'une décision personnelle.
01:05:10Tout comme il est personnel
01:05:12de dire qu'on est chrétien, qu'on croit en Dieu.
01:05:14Et si vous choisissez d'avorter
01:05:16ou d'avoir recours à d'autres formes de soins,
01:05:18cela vous regarde.
01:05:20C'est votre opinion personnelle
01:05:22et c'est entre vous et votre Dieu.
01:05:24Et personne d'autre n'a besoin d'être impliqué là-dedans.
01:05:44Nous, les femmes, sommes des créatures résilientes.
01:05:46C'est assez difficile.
01:05:48Désormais, nous avons l'opportunité
01:05:50de contrôler nos propres corps.
01:05:56Nous pouvons faire des choses incroyables.
01:06:00Vous êtes tous prêts pour ce déjeuner ?
01:06:14Non.
01:06:20D'accord.
01:06:28Vous allez bien ?
01:06:30Bien.
01:06:40Vous voulez utiliser la salle de bain ?
01:06:42Non ?
01:06:44D'accord.
01:06:50D'accord.
01:06:52On dirait que tout le monde est prêt.
01:06:58C'est l'heure de voir le vent.
01:07:06Vous allez bien.
01:07:08Salut.
01:07:10Salut, bébé.
01:07:12Bienvenue à Illinois & Alamo.

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