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DB - 12-08-2024

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00:01:00...
00:01:14Les militants, les martyrs, pas les soldats !
00:01:18La guerre, non !
00:01:19Les militants, les martyrs, pas les soldats !
00:01:23La guerre, non !
00:01:25Les militants, les tracteurs, pas les soldats !
00:01:29La guerre, non !
00:01:30Mes amis, mes amis !
00:01:33Ne les écoutez pas !
00:01:35Ils mentent !
00:01:36Vous avez vu ce qu'ils ont fait des valets d'à côté ?
00:01:38Ils sont violés, détériorés.
00:01:41Des remontes-pentes, des pylônes.
00:01:44Aujourd'hui, ils ont perdu leur âme, comme toi, Vincent.
00:01:47Non !
00:01:48C'est un enjeu national qui nous dépasse !
00:01:52Rien ne justifie qu'on vole ces terres aux paysans.
00:01:54C'est certainement pas une autoroute.
00:01:55J'ai des ordres de Paris.
00:01:57Qu'est-ce que je t'ai appris à l'école, Vincent ?
00:02:00À dire non aux ordres, à juger par toi-même,
00:02:04au fond de ton cœur, à respecter la nature et les hommes ?
00:02:08Les moutons, pas les camions !
00:02:10Les moutons, pas les camions !
00:02:13Les martyrs, pas les camions !
00:02:15Les moutons, pas les camions !
00:02:17Les moutons, pas les camions !
00:02:20Les moutons, pas les camions !
00:02:23C'est un combat d'arrière-garde !
00:02:25Toi, fils de paysan, tu nous vois nous arracher nos terres,
00:02:28nos champs que nous avons gagnés, génération après génération,
00:02:31sur la montagne, sur les rochers ?
00:02:33Oui, mon argent.
00:02:35Vous voyez bien que M. le préfet, mon travail, c'est dans l'intérêt.
00:02:36Oui, M. le préfet, M. le préfet !
00:02:38Je lui ai appris à lire, moi, M. le préfet !
00:02:41Ce jour-là, j'aurais mieux fait de te mettre un bâton de dynamite
00:02:43sous ton pupitre. Fous le camp !
00:02:45Traître !
00:02:48Des capotes, les mémés dans la région. Qui est-ce ?
00:02:50Émilie Carle !
00:02:53Les moutons, pas les camions !
00:02:55Les moutons, pas les camions !
00:02:57Les moutons, pas les camions !
00:03:00Les moutons, pas les camions !
00:03:02Toujours en bataille, Émilie ?
00:03:04Les moutons, pas les camions !
00:03:05Justine !
00:03:07Tu es venue.
00:03:10Tu es venue, ma vieille Justine.
00:03:12Je te rappelle que je suis plus jeune que toi de 29 jours.
00:03:23On prend le raccourci ?
00:03:25À notre âge, tu crois que c'est raisonnable ?
00:03:28J'espère bien que non. On n'a plus le temps d'être raisonnable.
00:03:30Antoine !
00:03:31Je vous arrête là.
00:03:33Vous voulez pas que je vous remonte là-haut, Mme Carle ?
00:03:35Non.
00:03:37On va faire une petite balade dans notre enfance.
00:03:39Ça nous rajeunira.
00:03:41Tiens, Antoine. Hop là.
00:03:48Ta lettre disait « viens, j'ai besoin de toi ».
00:03:51Je suis là, Émilie.
00:03:58On croit l'avoir apprivoisée, la Camargue.
00:04:01Pourtant, quand elle vous tourne dessus...
00:04:05Tu veux dire ?
00:04:07Tout Bible a été clair. Qu'en sert-il ?
00:04:10Si vous avez des papiers à mettre en ordre...
00:04:12Des papiers... Toute une vie, quoi.
00:04:17Remarque, à notre âge, on a vécu.
00:04:20Alors mourir de ça ou d'autre chose...
00:04:23Je ne sais pas toi, mais moi...
00:04:25Je suis pour regarder ma carte d'identité.
00:04:27Je suis pas d'accord avec Mme de Nesland.
00:04:29Moi, je me sens toujours...
00:04:31Entière, toute neuve, à l'intérieur.
00:04:34Et pourtant, regarde-nous.
00:04:36Deux vieilles pommes cuites.
00:04:42Je t'ai fait un beau cadeau, ma vieille.
00:04:46Il a dormi ?
00:04:47Le silence m'a réveillé. J'ai plus l'habitude.
00:04:53T'as l'intention de déménager ?
00:04:55Tu ressors tes souvenirs d'enfance ?
00:04:57Je les envoie à Paris.
00:04:59À qui ?
00:05:01Émilie, tu me caches quelque chose.
00:05:03Je savais bien qu'ils étaient quelque part.
00:05:16Regarde, j'ai écrit dessus.
00:05:18Tant que je m'y mette, l'éditeur attend.
00:05:22Un éditeur ? Tu vas écrire un livre, un roman ?
00:05:25Oui, ma vie. Et tu seras dedans, ma vieille.
00:05:31Paris est une belle vie.
00:05:34Une vraie bataille, oui.
00:05:36Tu te souviens comment c'était dur, au début du siècle, dans les montagnes ?
00:05:40La vie, c'était dur.
00:05:42J'avais 4 ans quand, un soir d'orage, maman est morte.
00:05:46Les papas qui restaient seuls avec 6 enfants.
00:05:49Ça n'a pas été facile tous les jours.
00:05:51Je l'avais attendu comme une grande fête, ce printemps 1912.
00:05:55C'était l'année de ma communion, de mon certificat d'études
00:05:59et de mes premiers souliers neufs.
00:06:02Émilie Allais, première du canton.
00:06:07Première du canton.
00:06:12Je suis si contente pour toi, Émilie.
00:06:16Je vous félicite, jeune fille.
00:06:18Mademoiselle Timboux m'a dit votre volonté de devenir institutrice.
00:06:24Je ne peux que m'en réjouir et vous encourager.
00:06:28Ce diplôme est votre passeport pour l'école supérieure de Brionson.
00:06:37Je voudrais bien.
00:06:40Le père s'y opposera, il est veuf et...
00:06:43Où est-il, ce père ?
00:06:48Sauf votre respect, monsieur l'inspecteur.
00:06:50J'ai besoin d'Émilie au champ et à la ferme.
00:06:53Brionson, c'est trop loin et c'est trop cher.
00:06:56Le certificat d'études, ça sert à rien pour la bourrée.
00:06:59Parfaitement.
00:07:00Qu'est-ce qui nous empêche d'apprendre nos enfants ?
00:07:03Vos enfants, c'est rien pour vous.
00:07:05Votre bétail ou le taureau de commune compte.
00:07:08Je veux pas de cette ville.
00:07:10Je veux pas m'occuper des vaches et des moutons.
00:07:14Je veux savoir ce qu'il se passe dans le monde entier.
00:07:27On apprend plein de choses à l'école.
00:07:30Que les gens pensent pas tous pareil.
00:07:34Quand je serai grande, je vais l'apprendre à d'autres enfants.
00:07:37C'est pour ça que je vais être institutrice.
00:07:46Papa, laisse-moi aller à Brionson.
00:07:50Je travaillerai à la ferme le matin de bonheur avant de partir.
00:07:55Et le soir en revenant.
00:07:57Je te promets.
00:07:597 kilomètres allés, 7 kilomètres retours,
00:08:03plus les travaux d'échange, ça me semble...
00:08:05Je le ferai.
00:08:07Je le ferai.
00:08:10Alors, devant une telle détermination,
00:08:14je me fais fort de lui obtenir une bourse.
00:08:17M. Allais, ce serait criminel
00:08:20d'arrêter dans ses études une enfant si douée et si volontaire.
00:08:24Ce serait briser une vocation.
00:08:26La France en a besoin.
00:08:28Si y a une bourse, c'est d'accord.
00:08:35Elle va s'asseoir sur un banc pendant qu'on travaillera à la ferme ?
00:08:43Pardon, papa.
00:08:45C'est ni ton anniversaire, ni ton talent.
00:08:48Ils s'embrasseraient encore une fois aujourd'hui.
00:08:58Ils s'embrasseraient encore une fois aujourd'hui.
00:09:00Émilie, il est 7 heures passée.
00:09:18J'ai fait trois sacs ce matin.
00:09:24J'ai gagné la course avec le soleil papa.
00:09:29Je t'ai levé avant lui.
00:09:34Tiens, Émilie, c'est pour toi.
00:09:36Qu'est-ce que c'est ?
00:09:37C'est un cartable.
00:09:40C'est toi qui l'as fait ?
00:09:43Tiens, regarde.
00:09:45Là, c'est pour mettre tes plumes.
00:09:47Là, ton entrier.
00:09:50Et tu le mets comme ça, comme ça tu peux réviser sur la route les leçons que t'as pas pu apprendre ici.
00:09:55Merci, José.
00:09:58Je t'adore.
00:10:28À cette époque, mon père, comme beaucoup de montagnards, s'était lancé dans la contrebande.
00:10:53Mais je n'étais pas dans le secret et j'allais, sans le vouloir, déclencher un drame.
00:10:57Après, il faudra se méfier du col de l'échelle.
00:11:01Les douaniers ont repéré le passage.
00:11:03Mais par la faille des douze.
00:11:05C'est trop dangereux, tu vas dévisser, Joséphe.
00:11:08La faille des douze, c'est surtout que les bêtes vont refuser de suivre.
00:11:11Il faudrait que je retrouve le chemin de mulet qu'empruntait mon père.
00:11:15Eh oui, le chemin de mulet.
00:11:17La forêt a pris le dessus, mais je l'aurai, je l'aurai pouvoir.
00:11:26Bon, je t'en prends combien, Ernest ?
00:11:28Vingt-cinq têtes.
00:11:29Je ferai jusqu'à quarante pour moi.
00:11:33N'oublie jamais, Émilie, on s'aime à la lune montante, ce qui pousse sur la terre.
00:11:37Et à la lune descendante, ce qui pousse sur la terre.
00:11:49Allez, salut et bonne journée.
00:11:51Adieu.
00:11:54José.
00:11:57Je vais partir pour quelques jours, si quelqu'un me demande.
00:12:01Je suis monté à Granon, d'accord ?
00:12:03Et puis si on me trouve pas à Granon, tu diras que je suis chez le fromager.
00:12:07Et ainsi de suite, t'as compris ?
00:12:09Compris, père.
00:12:15Où il va ?
00:12:17En Italie.
00:12:19Quoi faire ?
00:12:21T'inquiète pas, il sera là pour la Saint-Claude.
00:12:24T'as préparé tes rubans, j'espère ? Je veux que tu sois la plus belle du village.
00:12:28J'ai même préparé les tiens.
00:12:59Vous avez connu Napoléon.
00:13:02Aujourd'hui, je suis fier, au nom de notre région, d'honorer notre premier centenaire.
00:13:28Empereur, roi, président, ministre,
00:13:55Je les ai tous vus défiler.
00:13:57Louis XVIII, Charles X, Louis Philippe, Napoléon III, Lac-Mahon, Thiers, Rizot.
00:14:05Je les ai tous vus passer. Tous.
00:14:09Très passer.
00:14:11Et moi, je suis toujours là.
00:14:13Et tant que je n'ai plus de couleur.
00:14:54Catherine.
00:14:56C'est bien aujourd'hui qu'il revient, papa.
00:14:58Tu voudrais pas qu'il manque la Saint-Claude ?
00:15:00Bah oui.
00:15:08Ça va pas ?
00:15:10José.
00:15:12Il a voulu m'embrasser.
00:15:14Hé, tu touches pas à ma soeur, toi, sinon je te casse la gueule.
00:15:28Mais t'es dingue, ça prouve que tu lui plais.
00:15:30Moi, il me plais pas.
00:15:31Oh, mais t'auras jamais d'amoureux si tu laisses.
00:15:33Mais j'en veux pas des amoureux.
00:15:34Moi, ce que je veux, c'est un scissor-trice.
00:16:03Chut.
00:16:28Nina.
00:16:30Nina.
00:16:42Mais Emilie, fais pas cette tête.
00:16:44Je fais pas la tête.
00:16:46J'ai plus envie de danser, c'est tout.
00:16:56Emilie, où tu vas ?
00:16:59Emilie, reste là.
00:17:00Papa.
00:17:01Papa.
00:17:03Papa.
00:17:07Papa.
00:17:09Papa.
00:17:11Papa.
00:17:21T'es fait, Joseph.
00:17:23Ça fait des années que je voulais te coincer.
00:17:28Il suffisait qu'on me donne du renfort.
00:17:32Bel exemple pour ta fille.
00:17:36Vous êtes devenue une belle jeune fille, Emilie.
00:17:39Vous vous souvenez de moi, votre oncle de Guiestre ?
00:17:46Contrebandier.
00:17:49Mon propre père.
00:17:54Je le croyais tellement honnête.
00:17:56Enfin, Emilie.
00:17:58Comment tu crois qu'il a réussi à nous faire vivre tous les six pendant toutes ces années ?
00:18:02Il fait de mal à personne.
00:18:04Mais enfin, ça a l'air dit par la loi.
00:18:06Mais la loi, tu sais, ça se fait et ça se défait.
00:18:09Là-bas, dans leur beau bureau à Paris, qu'est-ce tu crois qu'ils connaissent de notre vie de paysans ?
00:18:14Le père, il achète juste des moutons en Italie où c'est moins cher et il les revend ici.
00:18:17Il gagne un franc par patte.
00:18:21Pour ça, il risque de se prendre une décharge de chévrotine dans le dos.
00:18:25Tu le savais depuis longtemps ?
00:18:27Il n'a jamais voulu que je prenne le risque avec lui.
00:18:31Mais le premier voleur, c'est l'État, Emilie.
00:18:36Ils vont le mettre en prison ?
00:18:40C'est de ma faute.
00:18:43J'étais tellement contente de lui montrer mes rubans.
00:18:53Surtout, il ne faut pas le dire à Rose. Il y a Catherine.
00:18:57Emilie ! Tu as oublié que c'était le jour de lessive ?
00:19:00Mademoiselle préfère faire la belle avec ses rubans.
00:19:03Laisse-la ! Pour une fois qu'elle s'amusait.
00:19:07C'est toute l'année qu'elle s'amuse. Sur les bancs de l'école.
00:19:11Tiens, il y a ça et tant.
00:19:12Mais pour qui tu te prends, Rose ? Tu joues à nous. Commandez !
00:19:15On en a assez de tes réflexions et de tes ordres. Tu n'as rien de plus que nous ici.
00:19:20Tiens, demande au père ce qu'il en pense.
00:19:24Sans moi, vous...
00:19:25Sans toi, il aurait refait sa vie. Il serait peut-être plus heureux.
00:19:28Et nous aussi.
00:19:34J'en peux plus père. C'est elle ou c'est moi ?
00:19:58Catherine reste.
00:20:03Rose s'en va.
00:20:24Papa ?
00:20:33Parce que plus personne ne me retient.
00:21:04Papa, je voulais...
00:21:10Pardon. Je ne savais pas.
00:21:16C'est à moi de vous demander pardon, Emilie.
00:21:20Vous voyez cette chemise ? C'est celle de mon mariage.
00:21:26Je la repasse. Je la me donne chaque année à Pâques.
00:21:30Je la ressors le jour de la Saint-Claude.
00:21:34Le 15 août, elle a tout ça.
00:21:37Là, je la lave, je la remets dans sa boîte jusqu'au prochain Pâques.
00:21:43C'est celle que vous me mettrez au jour de ma mort.
00:21:52Le paysan a une chemise pour la vie.
00:21:57Le paysan a une chemise pour la vie.
00:22:02Comme vous avez un père pour la vie.
00:22:09Aujourd'hui, je découvre un accroc à ma chemise.
00:22:15Je me déçois.
00:22:20Je t'aime, papa.
00:22:24Encore plus fort à cause de l'accroc.
00:22:33Ils vont te mettre en prison ?
00:22:36Non, grâce à vous, Emilie.
00:22:39Votre oncle a été très fier d'apprendre votre réussite.
00:22:43C'est certificat. C'est un peu son diplôme.
00:22:48Puis j'ai charge de famille.
00:22:51Si je visquais les boutons, j'aurais une amende.
00:22:54Il va falloir trouver autre chose pour survivre.
00:22:57Je travaillerai double, papa.
00:23:01Pour remplacer Rose aussi.
00:23:04Remplacer Rose aussi ?
00:23:06Elle était méchante.
00:23:09Les gens ne sont pas méchants, Emilie.
00:23:12Ils sont malheureux.
00:23:14Peut-être qu'ailleurs, elle serait plus heureuse.
00:23:52Rose ne devait plus jamais revenir au village.
00:24:02Deux ans passèrent.
00:24:05Je me partageais entre les travaux des champs et les études.
00:24:12Justine, mon amie d'enfance, s'était placée comme bonne à Lyon.
00:24:19J'avais eu un été superbe.
00:24:22La récolte s'annonçait belle.
00:24:25On ne se doutait pas que les nuages s'amoncelaient dessus nos têtes.
00:24:30C'était le 3 août 1914.
00:24:40C'est pas Justine ?
00:24:43Bravo, Joseph !
00:24:46Justine !
00:24:48Emilie !
00:24:50Justine !
00:24:52Je suis contente de te voir.
00:24:55T'as fait longtemps que t'es arrivée ?
00:24:58Non, je suis venue directement.
00:25:03Allez, on va embrasser Joseph, il attend que ça.
00:25:12Bonjour, Monsieur Allais.
00:25:14Bonjour.
00:25:15Alors, c'est comment, Lyon ?
00:25:17Lyon, c'est bien, mais boniche.
00:25:19Je sais pas comment elle fait pour supporter, Rose.
00:25:22Moi, j'ai rendu mon tablier.
00:25:24Qu'est-ce que tu vas faire, maintenant ?
00:25:26Monter à Paris.
00:25:28Paris ?
00:25:29Oui.
00:25:30Tu devrais y aller, toi, faire tes études.
00:25:33Faut déjà que j'ai mon brevet supérieur.
00:25:38Catherine attend un bébé.
00:25:40Je vais tente !
00:25:41Non !
00:25:42Bah si ! Elle l'a épousée, son fromager !
00:25:45Mais arrête !
00:26:04C'est pas la cloche du feu.
00:26:07Ni une noyade.
00:26:12La guerre ? Contre qui ?
00:26:42Ordre de mobilisation générale et immédiate.
00:26:45Les feuilles de route attendent tous les hommes
00:26:48qui vont combattre pour la patrie à la mairie.
00:26:51Lambertini, Paul.
00:26:53Bornin, Ernest.
00:26:55Chalet, Gustave.
00:26:57Châtelet, Jean.
00:26:59Monnetier, Jean-Marie.
00:27:01Non, on n'y va pas !
00:27:04Non, on n'y va pas !
00:27:06Me laisse pas !
00:27:08Non !
00:27:10Non, on n'y va pas ! Je t'en supplie, Jean-Marie !
00:27:12Me laisse pas !
00:27:13On n'y va pas !
00:27:14Je t'en supplie, Jean-Marie !
00:27:15Me laisse pas !
00:27:16On n'y va pas !
00:27:17On n'y va pas !
00:27:21Me laisse pas !
00:27:24Me laisse pas !
00:27:25On n'y va pas !
00:27:26Tu veux qu'on te fusille comme déserteur ?
00:27:28Non !
00:27:32Je te confie le petit, ma Catherine.
00:27:39Ils n'ont pas le droit de te prendre à moi !
00:27:42Ils n'ont pas le droit !
00:27:46Ils n'ont pas le droit de te prendre à moi !
00:27:50Mais qu'est-ce que je vais devenir ?
00:27:52Mais qu'est-ce que je vais faire ?
00:27:56Tu prends le lait,
00:27:57tu les crèmes,
00:27:59tu fais le beurre à la baratte,
00:28:01mais tu fais pas le fromage, tu le saurais pas.
00:28:09Je t'en supplie !
00:28:40Que Dieu te protège, mon fils.
00:28:47Papa, pourquoi ils prennent Josée ?
00:28:51Vous voyez, Émilie,
00:28:53en une semaine, ils ont pris tous les hommes du village.
00:28:57Toi aussi, tu vas partir ?
00:29:02Non, lui, il est trop vieux.
00:29:09Je vais aller voir.
00:29:32Que Dieu bénisse notre patrie
00:29:35et ses enfants engagés dans un combat légitime.
00:29:39Où est-ce qu'ils vont t'envoyer ?
00:29:41Je sais pas.
00:29:42Tu reviendras quand ?
00:29:44Je sais pas.
00:29:48Le temps des pleurs et des larmes a de nouveau sonné pour notre pays.
00:29:54Josée !
00:29:55Et...
00:29:56Tiens !
00:29:57En ces moments difficiles...
00:29:59Laissez-t'elle faire ce pas de bonheur montagnard.
00:30:01Il faut réfléchir à la justice et au bon droit.
00:30:06La France est la terre chérie de Dieu.
00:30:09L'Allemagne, le royaume du diable,
00:30:12dominateur et barbare.
00:30:15Il n'est pas de devoir plus sacré, mes frères,
00:30:18que d'étriper le boche veniment.
00:30:20Tu ne tueras point.
00:30:24Dieu a bien dit, tu ne tueras point.
00:30:26Ils ont raison.
00:30:27Le Produit change d'avis.
00:30:28Il dit qu'il faut tuer maintenant.
00:30:30Nous, on respectera la volonté de Dieu.
00:30:34Vous irez en enfer, mauvais chrétien !
00:30:36Traître à la patrie !
00:30:38Allons enfants de la patrie.
00:30:42Le jour de gloire est arrivé.
00:30:46Contre nous de la tyrannie.
00:30:50Les tambours sanglants est levé.
00:30:54Les tambours sanglants est levé.
00:30:59Encampez-vous dans les campagnes.
00:31:03Mugir ces féroces soldats.
00:31:08Encore une nouvelle guerre.
00:31:12Je crois que je vais m'en aller dormir pour de bon.
00:31:16Aux armes, civils et incroyables.
00:31:20Formez vos bataillons.
00:31:23Marchons, marchons.
00:31:27Qu'un sang impur.
00:31:31À droite, au zéron.
00:31:47Catherine !
00:31:48Gascroute !
00:31:54Catherine !
00:31:57Catherine !
00:32:04Encore des vies brisées.
00:32:07Dommage, c'était un mariage d'amour.
00:32:10Ben, comme tous les mariages.
00:32:13Un mariage d'amour sans l'exception, Émilie.
00:32:17Votre mère...
00:32:20Votre mère aimait un autre garçon que moi.
00:32:23Je le savais.
00:32:26Mais les filles devaient obéir à la famille.
00:32:30Épouser le meilleur parti.
00:32:32C'était comme ça.
00:32:35Encore comme ça, souvent.
00:32:41Les premiers temps...
00:32:43ont été...
00:32:45difficiles.
00:32:47Puis les années ont passé.
00:32:49Elles ont appris à...
00:32:51nous apprécier.
00:32:54Moi, je l'ai beaucoup aimé, votre mère.
00:33:08Et...
00:33:09t'as jamais eu envie de...
00:33:13Enfin, je veux dire...
00:33:15si t'avais eu l'occasion de...
00:33:17te remarier...
00:33:19tu l'aurais fait ?
00:33:22Tu l'aurais fait ?
00:33:28La vie a couru si vite.
00:33:31Puis maintenant, y a la guerre.
00:33:34La guerre.
00:33:38On nous avait dit à l'école qu'il n'y aurait plus jamais la guerre avec le progrès.
00:33:42On nous a menti.
00:33:45Quand je serai institutrice, je mentirai jamais aux enfants.
00:33:48Ma pauvre Émilie.
00:33:50Je crois que votre rêve...
00:33:52d'être un jour institutrice...
00:33:59Nous allons maintenant vivre de peur.
00:34:03De peur et de soupe aux herbes sauvages.
00:34:07De la drouille.
00:34:09De la barbabouque.
00:34:11De la tétragonne.
00:34:13Quelques feuilles de chalabrin.
00:34:15Des feuilles de sauge.
00:34:17Et un brin de ciboulette.
00:34:20Mais attention Émilie, il va pas falloir se tromper dans les proportions.
00:34:25Père Magloire avait raison.
00:34:28Bon Dieu a encore dû se tromper dans les proportions.
00:34:31De par la faute de Dieu...
00:34:34ou bien des hommes...
00:34:38notre soupe aux herbes sauvages risque, c'est vrai, d'avoir un goût bien amer...
00:34:43dans les mois à venir.
00:34:50C'est vrai.
00:35:21Catherine !
00:35:23Catherine, ça va pas ?
00:35:25Je vais chercher la matrone.
00:35:42Qu'est-ce qu'elle fait la matrone ?
00:35:45Va voir papa.
00:35:47Il y a des choses qui ne se font pas.
00:35:51Affaire de femme.
00:35:57J'ai jamais vu une femme mieux, Émilie.
00:36:00Même pas votre mère.
00:36:08Non ! Non !
00:36:10Catherine, l'ange saudra, laisse-moi faire.
00:36:13Catherine, allons !
00:36:15Catherine, allons !
00:36:17Allons, Catherine !
00:36:20Émilie, viens m'aider, elle ne veut pas se laisser voir.
00:36:27J'ai l'impression que ça se passe pas bien, tu sais.
00:36:29L'enfant des enfants.
00:36:37Chut, laisse-toi faire Catherine.
00:36:39Mon Dieu, elle fait une hémorragie.
00:36:41Faut l'emmener à l'hôpital, vite, monsieur, vite !
00:36:44Faut qu'on prépare le traîneau, il faut la transporter, l'emmener à Briançon, vite !
00:36:47Non ! Non !
00:36:51Non !
00:37:00Jean-Marie !
00:37:02Je ne veux pas revenir, écoute-moi, Catherine.
00:37:05Va revenir, Catherine.
00:37:07Il sera là très bientôt, tu sais.
00:37:14Allez, on y va.
00:37:48Ma chère Catherine, je pense à toi tous les jours.
00:37:52Prends soin de toi et de notre enfant.
00:37:55Je t'en prie.
00:37:58Je t'en prie.
00:38:01Je t'en prie.
00:38:04Je t'en prie.
00:38:07Je t'en prie.
00:38:10Je t'en prie.
00:38:14Je t'en prie.
00:38:18Je t'en prie.
00:38:21Je t'en prie.
00:38:24Je t'en prie.
00:38:27Je t'en prie.
00:38:30Je t'en prie.
00:38:33Je t'en prie.
00:38:36Je t'en prie.
00:38:39Je t'en prie.
00:38:42Je t'en prie.
00:38:45Je t'en prie.
00:38:48Qu'est-ce que vous attendez ?
00:38:50Qu'elle revienne pour faire le travail à votre place ?
00:38:53Mais quel monstre es-tu ?
00:39:00Tu vois pas ?
00:39:02Tu vois pas que j'ai le cœur en morceaux ?
00:39:07Je vais te donner un à toi de cœur !
00:39:15Mais qu'est-ce que t'exagères ?
00:39:18C'est notre vie !
00:39:20Celle que Dieu a choisie pour nous !
00:39:23Nous n'avons pas à la juger.
00:39:28Nous n'avons pas à la juger.
00:39:49Il n'y avait plus un homme à Val-du-Près, comme aux alentours.
00:39:55Les animaux avaient été réquisitionnés.
00:39:59On se partageait un seul miole avec tout le village.
00:40:03Surtout, on tremblait de peur quand un gendarme montait jusqu'à nous.
00:40:06Pour annoncer une nouvelle mort.
00:40:09Un enfant du pays, moins d'ici.
00:40:13Mort pour quoi ?
00:40:15Mort pour qui ?
00:40:18Pour moi.
00:40:48Pour moi.
00:41:18Emilie !
00:41:28Emilie !
00:41:30Emilie !
00:41:46Emilie, c'est Josée !
00:41:48Josée !
00:41:51Apporte-moi des vêtements propres et du savon !
00:41:57Josée ! Josée, t'es revenue !
00:41:59T'es revenue, poule de vermine !
00:42:02Papa va être content, tu sais.
00:42:06T'es pas blessée, au moins ?
00:42:09Non.
00:42:10Comment c'était, là-bas ?
00:42:13J'avais jamais compris quand le curé parlait de l'enfer.
00:42:18Maintenant, je sais ce que c'est, Emilie.
00:42:23J'en reviens.
00:42:29J'ai vu le fromager au front.
00:42:35Et...
00:42:37Il avait reçu ma lettre ?
00:42:39Ton quatrième enfant ?
00:42:43Il s'est porté volontaire pour la première ligne.
00:42:50Tu peux pas savoir, Emilie.
00:42:55Il nous a mentis, tu sais.
00:42:58On se bat pas pour la patrie, mais pour des lâches qui nous envoient aux casse-pipes.
00:43:03La guerre, c'est encore plus moche que tout ce qu'on imagine.
00:43:08Rien à manger, que des biscuits piqués sur les cadavres d'en face.
00:43:13Les attaques à la baïonnette en gueulant bien fort pour oublier sa peur.
00:43:16La chiasse.
00:43:19Les copains qui gueulent à cheveux, moi, toute la nuit.
00:43:21Morts au matin parce qu'on avait même pas une goutte de flotte à leur donner.
00:43:28Emilie.
00:43:32Pourquoi je tuerais le type d'en face ?
00:43:35Pourquoi ?
00:43:38Lui aussi, il a dû laisser ses chances, sa femme, ses enfants.
00:43:46Tes bras arrachés, des ventres éclatés.
00:43:48Des milliers de types à moitié enterrés.
00:43:51Français, Allemands, tous mélangés, tous embrouillés dans cette saloperie de mort.
00:43:54J'aurais voulu qu'ils ressuscitent, Emilie.
00:43:57J'aurais voulu qu'ils ressuscitent tous.
00:44:06Si je reviens de cette guerre,
00:44:08je travaillerai doux pour que tu puisses reprendre tes études.
00:44:15Tu seras institutrice.
00:44:17Même professeur, tu promets ?
00:44:19Tu leur diras la vérité.
00:44:50Occupe-toi bien du père, petite sœur.
00:44:53Promets-moi d'aller à Paris dès que tu pourras suivre tes études.
00:44:57T'abandonnes jamais.
00:45:00Je te promets.
00:45:02Je reviendrai jamais de cette guerre, Emilie.
00:45:10Je ne savais pas si José reviendrait de cette guerre.
00:45:13Je ne savais pas non plus si je serai un jour institutrice.
00:45:16Mais j'étais sûr d'une chose.
00:45:18Si je le devenais, jamais je ne ferai chanter à mes élèves
00:45:21« Flotte, petit drapeau » ou « La Marseillaise ».
00:45:25Jamais je ne leur raconterai de belles histoires, de patriotisme,
00:45:28de grandes batailles ou d'héroïsme.
00:45:39Et la guerre s'éternise.
00:45:41Elle durait depuis presque quatre ans quand un matin,
00:45:43en 1918, comme je l'avais promis à José, je débarquais à Paris.
00:45:49Pour la première fois, j'étais loin de mes montagnes.
00:45:51J'avais l'impression que le monde m'appartenait.
00:45:54Je venais d'avoir 18 ans.
00:45:57Je me sentais libre.
00:46:01Bienvenue chez nous, mademoiselle.
00:46:13« La Marseillaise »
00:46:34Bien.
00:46:36Levez à 7 heures.
00:46:38Cours à 8 heures après la messe.
00:46:40Vous enseignerez aux petites.
00:46:41Vous surveillerez les récréations, les repas, les études du soir.
00:46:46Vous accompagnerez les demoiselles en promenade et vous surveillerez le dortoir.
00:46:50On éteint à 9 heures.
00:46:53Après, vous pourrez étudier.
00:46:55Mais à la chandelle, le gaz d'éclairage est coupé le soir.
00:47:00Combien de temps pensez-vous rester à Paris, mademoiselle Allais ?
00:47:03Je ne sais pas exactement, ma mère. Ça dépendra de mes études.
00:47:07J'espère rentrer à la Sorbonne pour être professeure.
00:47:09Joli programme.
00:47:11D'après la directrice du collège de Briançon, vous êtes très bonne élève.
00:47:16Et sérieuse, n'est-ce pas ?
00:47:19Pas de garçons à la porte de l'Institut, ni autour.
00:47:25Excusez-moi, ma mère, je vais gagner combien ?
00:47:29Rien, évidemment.
00:47:31Nous vous engageons au pair.
00:47:33Vous profiterez de nous autant que nous de vous.
00:47:36Vous serez logée.
00:47:37Nourrie.
00:47:39On s'occupera de votre trousseau.
00:47:41Une chemise de nuit et une robe de chambre, par an.
00:47:46Je t'ai fait avoir !
00:47:47J'ai pas le choix, Justine. L'important, c'est que je sois là.
00:47:50Mais tu te rends compte ?
00:47:51Moi et Emilia Allais, bientôt à la Sorbonne.
00:47:54C'est incroyable, tout ce monde dans les rues à Paris.
00:47:56J'ai l'impression d'être saoulée.
00:47:58Les gens travaillent donc jamais ici ?
00:48:00Pourquoi ?
00:48:01Enfin, ils circulent tout le temps et ils sont tous habillés en dimanche.
00:48:07Merci pour le pourboire.
00:48:08Justine, frayez plus aimable avec les clients.
00:48:13Bertrand, t'as rien de mieux à faire que de sourire aux serveuses.
00:48:15Oui, pardon.
00:48:18Au revoir, messieurs-dames, merci.
00:48:19Au revoir, messieurs-dames, merci.
00:48:25Un thé, un café avec la tarte ?
00:48:30Je m'en vais.
00:48:32J'ai mon dimanche après-midi.
00:48:33Moi, c'est jeudi.
00:48:38Merci, monsieur.
00:48:46Vous auriez les caractères de la brouillère ?
00:48:47Ah non, désolé, non.
00:48:48Bon, merci.
00:48:57Je peux vous aider, mademoiselle ?
00:49:00Vous auriez les caractères de la brouillère en occasion ?
00:49:02Vous préférez les brouillères ?
00:49:03Oui.
00:49:04Vous auriez les caractères de la brouillère en occasion ?
00:49:06Vous préférez les bons ou les mauvais caractères ?
00:49:09Celui d'un petit ramoneur savrouilleur, ça vous irait ?
00:49:12Gaston ?
00:49:14Eh oui, ça surprend, mais c'est bien le même.
00:49:17Gole de corse, gole cassé, mais corps intact.
00:49:20Désolé de t'imposer cette vision, Émilie.
00:49:22C'est vrai que je suis un vrai Picasso.
00:49:24Un quoi ?
00:49:25C'est un type qui peint des trucs bizarres, comme moi.
00:49:28Y'a plus qu'à m'encadrer, me voilà devenu une oeuvre d'art.
00:49:32Gaston, je suis si contente de te retrouver.
00:49:36Je le raconte, ça fait longtemps que t'es à Paris ?
00:49:38Ben écoute, quelques mois.
00:49:39Tiens, tu t'occupes de ma boîte, je reviens.
00:49:41D'accord.
00:49:46Ce putain d'obus.
00:49:49J'aurais préféré qu'il m'achève.
00:49:58Tu te souviens de Josée ?
00:49:59Mon frère.
00:50:00Il a été fait prisonnier.
00:50:04La guerre est terrible.
00:50:06Mais...
00:50:07L'après-guerre sera pire encore.
00:50:11Alors le peu de vie qu'il nous reste, Émilie, il faut l'éclater d'un coup.
00:50:15Et surtout arrêter de bourrer le crâne des mômes dans les écoles.
00:50:19Et moi, je vais leur ouvrir l'esprit.
00:50:20Leur apprendre à juger par eux-mêmes.
00:50:22A savoir dire non.
00:50:24Si seulement j'avais su dire non.
00:50:25Non à la guerre.
00:50:26Non au colonel qui nous a envoyés à l'abattoir.
00:50:29Non au marchand de canons.
00:50:30Non au Richard qui nous exploite.
00:50:32Et surtout...
00:50:33Surtout non au curé qui donne leur bénédiction avec leur promesse d'éternité.
00:50:39Bienvenue chez les Annars, Émilie.
00:50:57Mais mademoiselle, allez.
00:50:58Ça y est.
00:50:59L'armistice a été signé.
00:51:00Pas de cours aujourd'hui.
00:51:02La guerre est finie.
00:51:04Finie.
00:51:05Mon Dieu, merci.
00:51:09On va pouvoir défiler les produits sur les Champs-Élysées.
00:51:11Et alors mon frère va revenir ?
00:51:12Ah oui.
00:51:13Il va revenir.
00:51:14Il va revenir.
00:51:15Il va revenir.
00:51:16Il va revenir.
00:51:17Il va revenir.
00:51:18Il va revenir.
00:51:19Il va revenir.
00:51:20Il va revenir.
00:51:21Il va revenir.
00:51:22Il va revenir.
00:51:23Il va revenir.
00:51:24Il va revenir.
00:51:25Mon frère va revenir.
00:51:26Ah.
00:51:27Justement j'ai...
00:51:28Ça vient d'arriver.
00:51:29Je n'ai pas eu le temps d'ouvrir.
00:51:30Voilà.
00:51:32La guerre est finie.
00:51:34Ma chère Émilie.
00:51:36Tes colis sont arrivés complètement vides.
00:51:38Pillés.
00:51:40Avec les copains, on sent les cartons pour deviner les bonnes choses que tu avais envoyées.
00:51:44On ramasse les miettes qui restent dans les coutures des tissus.
00:51:47Et on lèche tout autour.
00:51:50Tu me verrais, Émilie.
00:51:51Je suis si maigre que là-haut, dans nos montagnes, le vent m'emporterait comme une feuille.
00:52:08Attention, attention, les dépassés.
00:52:10Attention.
00:52:11Attention.
00:52:12Les dépassés.
00:52:13Merci.
00:52:15Pour tous les soldats.
00:52:17C'est bon, c'est bon.
00:52:21Attention.
00:52:42Allez, Émilie, amuse-toi.
00:52:44Sa lettre d'atteliers, il y a deux semaines.
00:52:46La guerre est finie, ma chère.
00:52:47Je comprends.
00:52:48Fini.
00:52:50Allez.
00:52:52José Allais, ça vous dit quelque chose ?
00:52:55Non, rien du tout.
00:52:57José Allais, vous l'auriez rencontré ?
00:53:02Est-ce que tous les commandiers sont libérés aujourd'hui ?
00:53:04Oh, je ne sais pas.
00:53:06Il y en a qui me gagnent de la somme.
00:53:09José Allais, ça vous dit quelque chose ?
00:53:12Il y en a qui me gagnent de la somme.
00:53:15José Allais.
00:53:18Non, ce n'est pas ici.
00:53:19Voyez mon collègue.
00:53:21Suivons, s'il vous plaît.
00:53:23Demandez au planton.
00:53:27C'est là.
00:53:31Premier étage, bureau 147.
00:53:34L'hiver passa sans votre nouvelle de José.
00:53:37Jusqu'à ce matin de printemps en 1919, où...
00:53:42Mademoiselle Allais, on vous demande d'aller entrer.
00:53:45Votre frère...
00:53:46José ?
00:53:48José !
00:53:49Mademoiselle Allais, attendez !
00:54:04Vous êtes Émilie Allais ?
00:54:06Oui.
00:54:07Nous avons eu des nouvelles de votre frère.
00:54:09Il est où ?
00:54:16Le soldat Joséphe Allais, matricule 1224, est mort de faim et d'épuisement au camp de prisonniers d'Avène,
00:54:22le lendemain de la mort de son frère.
00:54:25Le soldat Joséphe Allais, matricule 1224, est mort de faim et d'épuisement au camp de prisonniers d'Avène,
00:54:32le 11 novembre 1918.
00:54:36Voici l'acte de décès.
00:54:42Mort de faim, 11 novembre 1918.
00:54:48Le jour de l'armistice.
00:54:50Il a été enterré sur place, en fosse commune.
00:54:55On a retrouvé sur lui ce portefeuille.
00:54:58Ce couteau.
00:55:00Et voici son matricule.
00:55:10Je suis vraiment désolé, mademoiselle.
00:55:12Je suis vraiment désolé, mademoiselle.
00:55:29José.
00:55:31Tiens.
00:55:33Ici, tes fesses portent bonheur, montagne arrière.
00:55:37Je reviendrai jamais de cette guerre, Emilie.
00:55:43Tous mélangés et tous embrouillés dans cette saloperie de mort.
00:55:51J'aurais voulu qu'ils ressuscitent, Emilie.
00:55:53J'aurais voulu qu'ils ressuscitent, tous.
00:55:58Je t'adore.
00:56:00Emilie.
00:56:02Il faut offrir ce sacrifice au bon Dieu.
00:56:06Dieu ?
00:56:09Qu'est-ce qu'il m'a offert, Dieu ?
00:56:12La vie, mademoiselle Allais.
00:56:14La vie.
00:56:15Surtout la mort, ma mère.
00:56:17La souffrance et la mort.
00:56:21La mort.
00:56:24La mort.
00:56:25Ma mère.
00:56:26La souffrance et la mort.
00:56:29Si Dieu existe, il sait pas ce qu'il fait.
00:56:31Et vous, vous ne savez plus ce que vous dites.
00:56:35Tenez.
00:56:36Pour Dieu !
00:56:55La mort.
00:56:56La mort.
00:57:25La mort.
00:57:26La mort.
00:57:27La mort.
00:57:28La mort.
00:57:29La mort.
00:57:30La mort.
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00:57:32La mort.
00:57:33La mort.
00:57:34La mort.
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00:58:09La mort.
00:58:10La mort.
00:58:11La mort.
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00:58:13La mort.
00:58:14La mort.
00:58:15La mort.
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00:58:17La mort.
00:58:18La mort.
00:58:19La mort.
00:58:20La mort.
00:58:21La mort.
00:58:22La mort.
00:58:23dans les cœurs.
00:58:24Émilie, tu vas pas te mettre à radoter tes guerres.
00:58:27T'as toujours été de l'avant.
00:58:29Papa ! Papa, ça y est ! Ça y est, j'ai ma nomination ! J'ai ma nomination ! Tu crois
00:58:42que je vais être une bonne institutrice ? La meilleure ! Merci, merci d'avoir dit
00:58:51oui un jour pour que j'aille étudier à Briançon.
00:58:53Si je vous avais été revenu, vous auriez pu rentrer à la Sorbonne, être professeur.
00:58:58Papa, depuis que je suis toute petite, ce que je voulais c'est être institutrice.
00:59:03J'y suis.
00:59:04Et pour toi et pour José, j'essaierai d'être la meilleure.
00:59:08Je vais aller préparer mes affaires.
00:59:09Là, là, je viens de ses tracs.
00:59:12Tu peux prendre mes draps du petit-lit, j'en aurais plus besoin.
00:59:14Je vais me marier à 15 ans.
00:59:17Il serait mieux de t'occuper de papa et de la maison.
00:59:19Ah, parce qu'il s'est occupé de moi, lui, toutes ces années.
00:59:22Tu parles ! Oubliez, chez la nourrice, la Marie-Rose.
00:59:25Attends, comment oses-tu dire ça ? Maman est morte avec quatre mois.
00:59:29Papa t'a mise en nourrice pour que tu sois bien.
00:59:31Et il l'a payée, cette nourrice.
00:59:33Tu sais ce que ça représentait ? Ça représentait un bon débarras.
00:59:36Toi, t'as de la chance, il t'a reprise la langue de guillestre.
00:59:39Normal, t'as toujours été sa préférée.
00:59:41De toute façon, je suis enceinte.
00:59:44Enceinte ? Et de qui ? Jacques Mercier.
00:59:47Jacques Mercier ? T'es folle.
00:59:49C'est infénéant, comme son père est violent avec ça.
00:59:51Il frappe même sa mère, les soeurs de beuverie.
00:59:53Qu'est-ce que tu connais aux hommes, toi ? Une vieille fille.
00:59:56À moins que tu caches bien ton jeu, hein.
00:59:57Au village, on dit qu'une fille qui monte à Paris, c'est forcément une traînée.
01:00:01Tu peux toujours me gifler, ça n'empêchera pas de jaser.
01:00:03Depuis que t'es revenue, tu vas plus à la messe.
01:00:05Y a que les putains qui osent pas entrer dans les églises.
01:00:06Je t'interdis de revoir ce Jacques !
01:00:08Tu te prends pour Rose ?
01:00:14Excuse-moi.
01:00:17Excuse-moi, Marie-Rose.
01:00:21Le petit, on va l'élever.
01:00:23On s'en occupera bien.
01:00:25Je reviendrai chaque semaine.
01:00:27Tu te rends compte ? Il aura deux mamans, un grand-père.
01:00:30C'est mieux que d'avoir un mauvais père.
01:00:32Te fatigue pas, là. Là, t'es déjà retenue.
01:00:35Bah, tu lui as rien dit.
01:00:43T'as donné ton consentement ?
01:00:45J'évite le déshonneur.
01:00:47Mais enfin, il vaut mieux le déshonneur que le malheur, non ?
01:00:54C'est pas vrai.
01:00:55C'est pas vrai, mais c'est le Moyen-Âge, ici.
01:00:58Le vrai déshonneur, c'est de ne pas penser au bonheur de ses filles.
01:01:02T'aurais pu m'en parler, aussi.
01:01:04J'ai quitté Paris pour toi, pour elle.
01:01:07Ah non, mais si on n'a plus besoin de moi ici, parfait.
01:01:09Parfait, je vais enfin pouvoir vivre ma vie.
01:01:11Ma vie à moi.
01:01:13Sans traîner ma famille comme un poulet.
01:01:18Et je suis pas prête de revenir, hein.
01:01:20Regarde-moi, je pars.
01:01:22Heureuse.
01:01:23Libre et heureuse.
01:01:44Je laissais mon père à son honneur,
01:01:46Marie-Rose à son futur mari,
01:01:48et je m'en allais rejoindre mon premier poste,
01:01:50bien indécidé, à ne jamais revenir.
01:01:53Mais, je me sentais seul.
01:01:56Et le cœur bien gros.
01:02:14Pardon, monsieur, pour aller à Réanon-les-Gourniers, s'il vous plaît.
01:02:22Je dois aller à Réanon-les-Gourniers.
01:02:24Il y a un car qui y va ?
01:02:26Du jour au marché, oui.
01:02:28Seulement jusqu'aux premières neiges.
01:02:30Après...
01:02:31C'est loin ?
01:02:33Je peux peut-être y aller à pied.
01:02:35Pourquoi pas sur les mains.
01:02:43Mademoiselle, là-bas, au pays,
01:02:46il y en a un qui fait le taxi.
01:02:48Merci. Au revoir.
01:02:50Au revoir.
01:02:57Doucement. Doucement.
01:03:05Allez, montez, mademoiselle.
01:03:09La valise.
01:03:11C'est loin ?
01:03:12Oh, huit kilomètres.
01:03:14On y sera dans deux heures, peut-être trois.
01:03:17Ah, vous avez de la chance.
01:03:19La semaine dernière, vous auriez brûlé vivre.
01:03:22Depuis, j'ai bricolé, j'ai rajouté une porte.
01:03:25Fermez-la.
01:03:27Et ça suffit pour nous sauver ?
01:03:31Allez, huit !
01:03:33Allez, huit !
01:03:41Taxi a basculé dans un virage.
01:03:43De côté porte.
01:03:45Il y en avait qu'une.
01:03:47Voilà, bloqué à l'intérieur.
01:03:49Avec le poids qu'il commence à prendre feu.
01:03:52C'est les cantonniers qui m'ont tiré de là.
01:03:55Alors je me suis dit, il faut une porte de chaque côté.
01:03:58Comme ça, si on bascule, on a l'autre porte.
01:04:01Allez, huit, la bienfendue.
01:04:14Huit !
01:04:17Attention, on va basculer.
01:04:19Pas de risque de basculer avec la bienfendue.
01:04:22Vous avez bien basculé la semaine dernière.
01:04:25Ça compte, c'était le vent.
01:04:28Allez, huit, la bienfendue.
01:04:30Huit !
01:04:58On est arrivé ?
01:05:00Oui, oui.
01:05:02Tenez, votre valise.
01:05:28S'il vous plaît.
01:05:31Je suis la nouvelle institutrice.
01:05:43Bonjour.
01:05:45Je suis l'institutrice.
01:05:47Vous pourriez me dire où se trouve l'école, s'il vous plaît ?
01:05:50L'école ?
01:05:52Vous pourriez me dire où se trouve l'école, s'il vous plaît ?
01:05:55L'école ?
01:05:57Ah oui, l'école.
01:06:06Où est la classe ?
01:06:08Ben là.
01:06:10Et mon logement de fonction ?
01:06:12Ben là.
01:06:23Il y a une épicerie au village ?
01:06:25Pour les courses, il faut aller à Réal.
01:06:27Bon.
01:06:31Hé, pour l'école, il faut tirer la cloche.
01:06:52Bon, je vais aller chercher la classe.
01:07:11Bonjour à tous !
01:07:13C'est l'heure de l'école les enfants.
01:07:15C'est la rentrée des classes.
01:07:17Je suis votre nouvelle institutrice. Je m'appelle Émilie Allais.
01:07:23Bonjour.
01:07:24Comment tu t'appelles ?
01:07:32Et toi, comment tu t'appelles ?
01:07:34Rentre un peu, toi. Allez, dépêche-toi.
01:07:36Bonjour. Les petites sont en âge de lire à l'école.
01:07:39C'est pas le moment. Il y a les vaches, les patates.
01:07:41Et à l'école, elles apprendront à lire, à compter.
01:07:44Moi, je veux y aller.
01:07:46Moi, je veux y aller à l'école.
01:07:48Et les patates ? Elles vont pas s'arracher toutes seules.
01:07:51Vous savez, ce qu'on apprend à l'école, ça peut servir à la ferme aussi.
01:07:55Et puis, vos enfants, plus tard, ils resteront peut-être pas ici.
01:07:58Faut leur donner de quoi se défendre dans la vie.
01:08:01Bon, de toute façon, l'école est obligatoire.
01:08:04Donne-lui l'épiceuse, qu'on ait pas d'ennuis.
01:08:07Et toi, viens m'aider à monter le foin.
01:08:13Vous allez voir, on va bien s'amuser.
01:08:15Vous êtes mes premières élèves.
01:08:23Vous connaissez les voyelles ? A, E, I, O, U ?
01:08:29Le O, par exemple, c'est tout rond.
01:08:31Ça ressemble à la Lune quand elle est pleine.
01:08:34Dites avec moi. O.
01:08:38Bon.
01:08:40Toi, qu'est-ce que tu dis au cheval ou à l'âne pour qu'il s'arrête ?
01:08:44Chez moi, pour que le cheval s'arrête, je dis O.
01:08:47Et pour qu'il repart, je dis U.
01:08:49Toi, qu'est-ce que tu lui dis pour qu'il s'arrête ?
01:08:54Et pour le faire repartir ?
01:09:13O.
01:09:35Mademoiselle !
01:09:37Bonjour. Bonjour.
01:09:39Ça n'a pas l'air d'aller, vous.
01:09:40Je suis maréchal Ferrand, itinérant.
01:09:43Ça en est sauvage, dans ce pâtelard.
01:09:45Moi, je suis venue faire la classe.
01:09:47Mon premier poste. Je m'en faisais une telle joie.
01:09:51Si c'est ça, être institutrice, autant être moine à la trappe.
01:09:53Allez, on ne va pas se laisser abattre.
01:10:01Je vous invite à déjeuner.
01:10:11Moi qui croyais apporter la bonne parole.
01:10:14J'ai toujours pensé que les instituteurs devaient faire pénétrer
01:10:16les idées de progrès dans les coins les plus reculés.
01:10:18Ah oui ? Missionnaire chez les sauvages ?
01:10:20Oui. Là, je suis servie.
01:10:22Je finirais bien par les apprivoiser.
01:10:24Ben oui.
01:10:31Tenez, Émilie, pour vous porter bonheur.
01:10:35C'est gentil.
01:10:36Merci, Rodolphe.
01:11:06C'est bon, c'est bon.
01:11:37ÉMILIE BARBARA
01:11:57Le O, c'est le touron.
01:11:58Non, c'est le U.
01:12:00Le O, c'est rond comme la lune.
01:12:02Elle l'a dit ce matin.
01:12:06Ah ah ah !
01:12:08Ah ah ah !
01:12:12Ah, dame les susuctrices !
01:12:14C'est plus dur que de leur emprunter dans la sabuse, hein !
01:12:18Dis donc, j'ai vu ton mari hier soir.
01:12:20Il avait ses chaussures à basse cul, hein !
01:12:22Oh, parle pas !
01:12:24Mouleronne, quoi ! Ramenez sur une autre fois !
01:12:26Je sais, c'est le mien, il a dû me la ramener.
01:12:28Je sais pas comment il a fait, hein !
01:12:30Ah !
01:12:31Ah bah dis donc !
01:12:32J'ai toujours pas envie de te marier, hein !
01:12:37Ah !
01:12:44Mademoiselle,
01:12:46vous pourrez faire une lettre pour moi,
01:12:48pour les chemins de fer ?
01:12:50Qu'est-ce que tu veux leur dire aux chemins de fer ?
01:12:52Je voudrais y entrer.
01:12:54La terre c'est trop dur.
01:12:56Et puis, il n'y a plus de filles à marier ici.
01:12:59Tu sais, pour entrer aux chemins de fer,
01:13:01il faut savoir lire, écrire,
01:13:03il y a un examen.
01:13:07Mais je peux t'apprendre !
01:13:10Viens demain, après la classe.
01:13:12On commencera.
01:13:13Merci, mademoiselle.
01:13:15Merci.
01:13:28Trois fois un, trois.
01:13:30Trois fois deux, six.
01:13:32Trois fois trois, neuf.
01:13:34Trois fois quatre, douze.
01:13:36Trois fois cinq, quinze.
01:13:38Trois fois six, dix-huit.
01:13:40Trois fois sept, vingt-et-un.
01:13:42Trois fois huit, vingt-quatre.
01:13:44Trois fois neuf, vingt-sept.
01:13:46Trois fois dix, trente.
01:13:48C'est très bien, les enfants.
01:13:50Allez, la classe est terminée.
01:13:52À demain.
01:13:53Au revoir, maîtresse.
01:13:55Au revoir, maîtresse.
01:13:58Au grand, maintenant !
01:14:03Bonjour, mademoiselle.
01:14:04Bonjour, Camille.
01:14:05Tiens, commence par les additions, aujourd'hui.
01:14:07Et n'oublie pas les retenues.
01:14:12Bonjour, Jules.
01:14:13Bonjour, mademoiselle.
01:14:14Bonjour, mademoiselle.
01:14:15Alors, Victor, à qui on écrit aujourd'hui ?
01:14:17Ben voilà, je viens de vendre un bout de terre à Jules.
01:14:20On s'est dit que peut-être vous pourriez nous mettre ça sur papier.
01:14:23Oui.
01:14:24On s'est dit que peut-être vous pourriez nous mettre ça sur papier.
01:14:27Pour qu'il y ait une trace, comprenez ?
01:14:29Comme ça, si les enfants reviennent...
01:14:31Ils reviendront, Jules, ils reviendront.
01:14:33Les fâcheries entre père et fils, faut pas que ça dure.
01:14:36Pas vrai, mademoiselle ?
01:14:38Ils reviendront.
01:14:39Certainement.
01:14:55Tu vas rentrer à la maison !
01:14:57Traînée !
01:14:58T'as pas à me commander, je fais ce que je veux !
01:15:02Je vais t'apprendre à faire la pute en robe !
01:15:05C'est toujours mieux que de la faire dans le lit d'un impuissant !
01:15:07Répète !
01:15:08Salope !
01:15:09Répète !
01:15:11Lâche-moi, sale pute !
01:15:13Répète !
01:15:14Lâche-moi, sale pute !
01:15:16Répète !
01:15:17Répète !
01:15:18Répète !
01:15:19Répète !
01:15:20Répète !
01:15:21Répète !
01:15:22Répète !
01:15:24Je vais tuer ton vœu !
01:15:37Papa ?
01:15:44Papa ?
01:15:54Je vous attendais, Emilie.
01:15:59J'attendais que vous reveniez.
01:16:01Et si j'étais jamais revenue ?
01:16:14D'où ça sort, cette musique ?
01:16:16J'ai reçu un colis. De Paris.
01:16:23C'est un colis ?
01:16:24Oui.
01:16:45Ah, Emilie.
01:16:46Je savais pas que t'allais revenir.
01:16:48J'ai ouvert ton colis.
01:16:50Je peux garder la robe ?
01:16:52Sacrée Justine.
01:16:54Je suis sûre qu'elle s'habille comme ça tous les jours.
01:16:56Elle a de la chance.
01:16:59Oh, t'es là, toi ?
01:17:01Bonjour, ma petite Marie.
01:17:08Je t'interdis de rentrer chez mon père !
01:17:11On réglera ça à la maison.
01:17:13La maison ? Quelle maison ?
01:17:14Y a rien à toi, ni ici, ni là-bas !
01:17:16La maison de la Draï, c'est mon père qui me l'a offert en don de linge aussi !
01:17:19Y a rien à toi, merci !
01:17:20T'es même pas capable de nourrir ta fille !
01:17:22Yvronne ! Fignon !
01:17:24T'es pas la fière, Marie-Rose.
01:17:26Un jour, toi aussi, y aura plus rien.
01:17:29Tu verras.
01:17:30C'est ça, la menace !
01:17:31Bon, Jacques, ça suffit !
01:17:34Oh, qu'est-ce que t'es triste, qu'il va faire la leçon.
01:17:40T'as pas intérêt à tarder.
01:17:43Un jour, il me tuera.
01:17:47Et ça sera mieux pour tout le monde.
01:17:52Elle est jolie, ta fille.
01:17:54Mais qu'est-ce que tu lui donnes, là ?
01:17:56Du lard trempé dans du vin, comme ça j'ai la paix.
01:17:58Non, mais tu te rends compte ?
01:18:00Et toi, tu te rends compte ?
01:18:02Entre les cris du père, les cris de l'enfant, elle est dérouillée,
01:18:04j'en ai un autre dans le tiroir, alors je lève Marie comme je veux,
01:18:06et j'en ai un autre dans le tiroir, alors je lève Marie comme je veux,
01:18:08et j'en ai un autre dans le tiroir, alors je lève Marie comme je veux,
01:18:10et j'en ai un autre dans le tiroir, alors je lève Marie comme je veux,
01:18:12et j'ai besoin de personne !
01:18:14J'ai besoin de personne !
01:18:27Il est où, maintenant, l'honneur ?
01:18:40Il est où, maintenant, l'honneur ?
01:19:10Héros, chef-lieu ?
01:19:12Montpellier !
01:19:14Héros, chef-lieu ? Montpellier !
01:19:16Montpellier !
01:19:20Le chef-lieu du Puy-de-Dôme, Valéry ?
01:19:22Euh, Brest !
01:19:24Valéry, il faudra encore réviser.
01:19:26De toute façon, j'irai jamais, c'est trop loin.
01:19:28De toute façon, j'irai jamais, c'est trop loin.
01:19:30Qu'est-ce que t'en sais ?
01:19:32Tu poseras peut-être un Auvergnat plus tard.
01:19:34Et si tu lui dis que ce chef-lieu, c'est Brest,
01:19:36ça va démarrer mal entre vous.
01:19:38Bon, pour terminer, leçon de morale.
01:19:44L'alcool...
01:19:46tue.
01:19:48C'est pas vrai.
01:19:50Pourquoi c'est pas vrai, Blaise ?
01:19:52Parce que ma mère, elle en boit tout le temps.
01:19:54Même que mon père lui a apporté un tonneau entier d'eau de vie
01:19:56pour la dégoûter,
01:19:58ça l'a pas tuée et elle a réclamé un deuxième tonneau.
01:20:00C'est la montagne qui s'écroule, maîtresse ?
01:20:02Ça ressemble à une avalanche, oui.
01:20:04Allez, tous là-bas, dans le coin.
01:20:06Vite, vite, vite, vite, vite, vite, vite ! Allez !
01:20:30Oh, putain !
01:20:56Il y a quelqu'un ?
01:20:58C'est à la maison de ma mémé !
01:21:08Il y a quelqu'un ?
01:21:10Au secours ! Au secours !
01:21:12Attention !
01:21:14Ne t'y va pas Rodolphe, ça va s'écrouler !
01:21:21Il y a quelqu'un là-dessous ?
01:21:23T'as pas trop froid ?
01:21:25Fais attention ! Le plancher ne tient pas, fais attention !
01:21:27Au secours !
01:21:28Bougez pas, on arrive !
01:21:34Ça va bébé ?
01:21:36Je suis un peu coincée, mais ça va aller.
01:21:39Ça va ?
01:21:40Il y a quelqu'un ?
01:21:41N'y inquiétez pas, on va vous sauver.
01:21:43Attention !
01:21:44Elle va bien, elle va bien.
01:21:46Attention Rodolphe, ça glisse !
01:21:48Dépêchez-vous, il y a un enfant, il est blessé !
01:21:57C'est bon, c'est bon.
01:22:28Vous devez être fatiguée mademoiselle.
01:22:30Nous sommes là maintenant, vous pouvez rentrer.
01:22:32Je veux bien, merci.
01:22:43Mademoiselle !
01:22:49J'ai pensé qu'une brique chaude...
01:22:51pour la nuit.
01:22:53C'est gentil, merci.
01:22:56Décidément, nos chemins se croisent.
01:22:59Vous êtes venu ferrer les chevaux dans la région ?
01:23:01Oui, je suis arrivé hier.
01:23:07Vous savez, votre fer à cheval...
01:23:09il m'a vraiment porté bonheur.
01:23:11J'ai réussi à les apprivoiser aux gourniers.
01:23:13Vous voyez ?
01:23:15Tant mieux, tant mieux.
01:23:19En fait, on a tous les deux un métier itinérant.
01:23:22Oui.
01:23:23Dommage que je suis trop vieux, parce que...
01:23:25vous auriez pu m'apprendre à lire.
01:23:26Trop vieux.
01:23:27Remarquez, je vous dis ça parce que...
01:23:29tôt ou tard, vous l'auriez découvert.
01:23:31Enfin, il n'y a pas d'âge pour apprendre à lire.
01:23:33Je peux vous apprendre, moi, si vous voulez.
01:23:35Je vous promets que vous saurez lire rapidement.
01:23:37Et puis, comptez aussi écrire.
01:23:39Alors, la vie vous appartiendra.
01:23:40Vous serez libre, Rodolphe, libre.
01:23:52Je crois qu'il faut que je rentre.
01:23:54Sinon, la brique sera plus chaude.

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