Guadeloupe (1991) : Ça commençait à chauffer.

Emmanuel Abété

Guadeloupe (1991) : Ça commençait à chauffer.  Mail : emmanuelabete@outlook.fr  Emmanuel Abété  #guadeloupe #guyane #martinique

Transcript

00:00Ça, il n'est pas question, il n'est pas question que j'aille nulle part, je suis né ici, je reste ici, je resterai ici.

00:05Pas question. Non, non, non, ça je ne veux pas. Je suis fier d'être ici, là, je ne veux pas d'aller quelque part. Ça, pas question.

00:16On n'a rien ici, on n'a rien du tout. Rien, rien, rien, rien, rien.

00:19Nous, on n'a pas de terrain pour jouer au foot. On va jouer au foot dans l'école,

00:23inutile de balancer, de sortir. On va jouer au foot sur un petit terrain qu'il y a, sur le terrain des Alventis.

00:28Là, c'est encore pire. Vous voyez ? On n'a rien ici. Rien du tout.

00:34Mais, il n'y a pas d'endroit pour les jeunes, il n'y a pas d'endroit pour les enfants, il n'y a pas de salle bibliothèque.

00:40Il n'y a rien, on n'a rien, rien, rien. Ça, on peut dire qu'il n'y a rien ici. Rien du tout.

00:49Laurent, comme il dit, il n'y a rien du tout, peut-être.

00:53C'est moi, je ne trouve pas que c'est vrai. S'il veut qu'il y ait quelque chose, il n'a qu'à le faire.

00:57Il peut aider aussi. On a besoin beaucoup d'aide ici, à Boissart.

01:02Et puis, il fait partie de l'équipe de football, je crois. Mais c'est quand même quelque chose, une équipe de football.

01:08Et puis, pour avoir un terrain de football, il aurait fallu voir ça avec la municipalité des Abîmes. Et ce n'est pas facile.

01:16Et pendant que j'y suis, j'espère qu'ils vont m'entendre, on a besoin d'eux pour poursuivre ce qu'on fait maintenant à Boissart.

01:22Il y a déjà quelque chose, mais ce n'est pas suffisant. On ne peut pas y arriver tout seul. Il faut qu'on ait des gens pour nous aider.

01:30Moi, je suis une fille, il y a des trucs de danse, tout ça. Ce n'est pas suffisant pour les filles. Il faut autre chose aussi.

01:39Il y a les jeunes, la plupart, ce sont que des jeunes qui manifestent leur mécontentement.

01:44Mais vis-à-vis des vieux, eux, ils s'en foutent vraiment de nous, de savoir ce qu'on veut.

01:48Pour eux, ce qui serait bon pour nous, c'est que nous nous sentions entre nous.

01:53Et puis, ils voient que c'est le contraire qui se passe entre nous, justement.

01:57Nous sommes toujours là et puis ça, ça les énerve un petit peu entre les vieux.

02:03Et je trouve qu'il n'y a pas de contact, vraiment, de contact entre jeunes et vieux par ici.

02:08Mais justement, c'est ça qui est vrai. Mais il n'y a pas qu'à tient à écouter leur morale.

02:13Parce que leur moral, il n'y a qu'à dire qu'on est trop vieux, mais tu vois bien ça.

02:16Et peut-être que c'est ça qui a gagné le service.

02:19Bidonville ? Non, ici, il n'y a pas vraiment de bidonville.

02:23Parce qu'au sein d'ici, nous, les jeunes au sein, on vit très bien ici.

02:26Par rapport aux jeunes de Pointe-à-Pitre, les jeunes du quartier, par exemple, de Bergevin.

02:33Nous, on vit très bien parce que nous sommes très solidaires entre nous.

02:37Dès qu'il y a quelque chose par ici, tous les jeunes sont là. Nous sommes très solidaires parmi nous aussi.

02:41Ici, je trouve que c'est un petit peu trop délaissé par les gens d'ailleurs.

02:44On pense qu'on est considérés comme les gens du bidonville.

02:48Et pourtant, on mène la même vie que tout le monde.

02:51Partout où on passe, il y a toujours la délinquance. Ça existe un peu partout.

02:55Mais il y en a qui insistent sur Boissard comme si pour nous, on était vraiment des gens pas possibles.

03:04Il n'y a pas de différences. Mais nous, quand on est au sein de Boissard, nous sommes tranquilles dans le quartier.

03:09C'est toujours les étrangers qui viennent foutre la merde dans ce quartier.

03:11C'est toujours les étrangers qui viennent foutre la merde dans ce quartier.

03:13Et là, il y a des quartiers qui ne sont pas bons. Nous, on ne va pas penser à ça.

03:16Nous, on ne va pas penser à ça.

03:18Nous, quand on est chez eux, on parle avec eux.

03:20Alors nous, on s'habitue à ça.

03:22Dans le quartier, il n'y a que des putes.

03:25Tout le monde sait qu'à Chemin Neuf-Karine, ça a toujours existé.

03:28Il y a des putes, mais en plus, ce ne sont pas des putes qui sont du quartier.

03:32Ce ne sont pas des jeunes du quartier, ce sont des jeunes du pays.

03:34Tout le monde le savent.

03:36Mais au moins, ne pas tellement se brancher, se mettre vraiment l'objectif sur ce genre de truc.

03:43Il y a des trucs mieux, des trucs plus importants pour l'avenir de nos enfants et des petits jeunes du quartier

03:50qui sont capables de faire autre chose que de voir ce genre d'image à Athénée,

03:55parce que c'est décourageant, même pour nous qui sommes des gens qui sont déjà à l'huile.

03:58Oui, oui, je suis d'accord.

03:59Lorsqu'il y a quelque chose de mauvais, c'est Boissart, le quartier de Boissart, le ghetto comme on dit, le bidonville même.

04:06Alors moi, je n'y suis pas pour, du tout. Je trouve que ce n'est pas bon ce qu'ils font.

04:10C'est une mauvaise publicité pour Boissart, je n'aime pas.

04:13À la radio, à la télévision, le Front Sentier, les journaux, ce n'est pas bien.

04:18Je ne trouve pas que c'est bien ce qu'ils font.

04:20Et surtout que ce n'est pas comme ça.

04:23On n'a pas décidé Boissart, on n'a pas décidé d'être comme ça.

04:26Je suis fière d'être ici.

04:27Et puis la réputation qu'ils nous donnent là, moi je suis fière de cette réputation.

04:31Je leur fais voir que malgré ça, nous sommes toujours là.

04:34Et ce n'est pas eux qui vont nous chasser d'ici, je ne crois pas.

04:37Ils ne sont pas encore assez forts en parlant leurs paroles indécents pour nous chasser d'ici.

04:42Je pense qu'à ce niveau, ils sont légers. Moi, je dis qu'ils sont perdants à ce niveau.

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