• il y a 4 mois
Où en est-on dans les négociations pour former le prochain gouvernement fédéral ? Pierre Fagnart, journaliste, et David Coppi, journaliste au pôle Pouvoirs, répondent à cette question dans cette vidéo.

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Transcription
00:00Toujours pas de fumée blanche, au gouvernement fédéral, Bardo Heaver, le leader de la N-VA, a été nommé formateur par le roi.
00:06Depuis, il multiplie les rencontres et réunions pour tenter de mettre sur pied une majorité,
00:11une majorité avec la N-VA, évidemment, le CDNV, Voreut, l'EMR et les engagés.
00:17Et pourtant, ça coince encore un petit peu, on vous en parle dans un instant.
00:22Le soir.
00:23Repensons notre quotidien.
00:25Pour savoir quels sont les points d'accord et les points de discorde, on reçoit en studio David Coppi, journaliste au Pôle Pouvoir. Bonjour David.
00:31Bonjour.
00:32Le formateur Bardo Heaver a donc rendez-vous chez le roi ce jeudi pour rendre compte de sa mission.
00:37Il y était déjà lundi.
00:38Ça veut dire qu'il y a un petit coup de pression vis-à-vis de la mise en place de l'Arizona. Il est temps que ça avance, là.
00:43Oui, il y a un coup de pression parce qu'il est rare qu'après une mission, après avoir fait rapport intermédiaire, comme on dit, au palais royal,
00:52on redonne à l'informateur, au formateur, ça dépend le nom qu'on lui donne, ça a eu tous les noms dans l'histoire politique des mineurs.
01:00Mais ici, en l'occurrence, Bardo Heaver est formateur.
01:03On donne trois jours en général, on travaille au moins une semaine. Trois jours, c'est vraiment peu, c'est
01:09en effet un coup de pression pour...
01:12C'est une demande de Bardo Heaver, manifestement, pour mettre la pression sur ses possibles partenaires pour enfin décrocher, si vous voulez,
01:20une première note globale de synthèse où chacun peut se retrouver et sur la base de laquelle, alors,
01:26il peut débuter des négociations en bonne et due forme pour tenter de rédiger ce qui sera plus tard,
01:32on ne sait pas trop quand encore, un accord de gouvernement.
01:34On va y revenir évidemment dans un instant, mais c'est bien ça l'idée. Là, on est toujours au moment de la première étape, presque.
01:41C'est une première étape quand même importante parce que c'est la note de Bardo Heaver, ce qu'ils appellent ça les supernotas.
01:48Alors, dans nos articles, on reprend ça, le terme. C'est quand même une note d'une trentaine de pages qui est toute socio-économique,
02:00mais qui reprend tout le champ socio-économique, c'est-à-dire, on va du social au fiscal, en passant par le budgétaire,
02:07chômage, le sort des allocataires sociaux, la fiscalité, les impôts, etc. Donc, c'est quand même une note très importante.
02:16C'est une note de base, mais ce n'est pas une note à casser, c'est quand même un vrai point de départ possible.
02:23Alors, il s'est passé beaucoup de choses depuis le 9 juin. On n'a pas pu tout réexpliquer déjà en vidéo et en podcast.
02:28Là, on va prendre un petit peu le temps de revenir sur l'ensemble de la séquence.
02:31Et d'abord, les protagonistes. Là, Bardo Heaver, il réunit qui autour de la table ?
02:36Après les élections du 9 juin, en tirant un peu les leçons de tout ça, ce qui est possible et ce qui est peut-être envisageable aussi,
02:44on parle souvent du signal de l'électeur. L'un dans l'autre, Bardo Heaver a pris la main.
02:49Assez logiquement, il a quand même réalisé un beau score en Flandre. Il est passé devant le Vlaensbelang alors qu'en campagne électorale,
02:57souvenez-vous, en Flandre, on disait « le Belang va gagner de ça ». Donc, la NV a gagné.
03:01Enfin, elle est première, elle est devant le Belang. Donc, il y avait une logique absolue que Bardo Heaver prenne la main.
03:09Et donc, il tente de réunir ce qu'ils appellent une coalition Arizona. Arizona, au fait, je ne sais pas trop. Enfin, je ne sais plus.
03:19– À cause du drapeau de l'État américain. – À cause du drapeau de l'État américain, avec les différentes couleurs.
03:23Donc, NVA, c'est DNV Évoreut, pour les trois partis flamands. NVA, c'est DNV Évoreut. Et côté francophone, l'EMR,
03:30qui a gagné les élections avec fracas, dirons-nous, au sud du pays. L'EMR et les engagés. Voilà.
03:37– Cette coalition, l'Arizona, c'est un peu la seule qui est valable, qui est viable, en tout cas, au niveau des chiffres.
03:42Il y en a d'autres, mais ce seraient des majorités vraiment trop fragiles.
03:45– C'est des majorités trop fragiles. Mais alors, si vous voulez, donc l'Arizona, c'est un peu celle...
03:51En Belgique, c'est toujours très compliqué parce que les coalitions, il faut faire des coalitions de chaque côté,
03:55francophone, néerlandophone, et puis il faut réunir tout le monde. Mais c'est celle qui paraît, disons, un tout petit peu logique,
04:01si vous voulez, un peu sortie des urnes. Mais on extrapole un peu parce que rien n'est sorti des urnes en termes de coalition.
04:08Les gens ne se prononcent pas pour des coalitions. Donc voilà. Mais enfin bon. Donc elle a sa logique, en effet, politique,
04:13tirée des élections du 9 juin. Et elle réunit 80 sièges à la Chambre sur 150. Donc elle a une majorité.
04:21Et au fond, de façon réaliste, il y en a une seule autre majorité qui serait envisageable. C'est la tripartite traditionnelle.
04:30Donc les familles chrétiennes démocrates, libérales et socialistes. Et elle fait aussi 81 sièges. Mais je veux dire,
04:39c'est une majorité alternative qui n'est pas impossible. Parce qu'en Belgique, je veux dire, après, si la crise devait durer 500 jours,
04:46après, on peut tout réenvisager. Et pourquoi pas la tripartite ? Mais on n'en est pas là du tout. L'idée première, on en est là.
04:54Mais je pense qu'on va quand même en rester là. Avec Bardoé, qui a très envie de réussir et très envie, visiblement, de s'installer au 16.
05:03On est parti pour l'Arizona.
05:05Là, maintenant qu'on sait qui sont les protagonistes, de qui on parle, est-ce qu'on sait de quoi ils ont parlé ?
05:12Vous avez évoqué cette note avec beaucoup de socio-économique. Ça va des matières extrêmement larges.
05:17On en sait un peu plus sur les points précis dont ils ont pu discuter ?
05:21En plus, on a pu arracher quand même des bribes dans la presse flamande et puis nous-mêmes, enfin, voilà.
05:27Mais disons qu'il y a toute une série de... Les derniers points d'achoppement ou de tension ont très, semble-t-il, surtout au volet fiscal, à la réforme fiscale.
05:38Parce qu'en effet, l'équipe arizonaise envisage ce qu'on appelle une réforme fiscale, parce que la Vivaldi avait échoué à faire une réforme fiscale.
05:46Ça avait été un des points faibles de la législature Vivaldi. Donc c'est une réforme fiscale. Elle aura une ampleur de 8,5 milliards d'euros,
05:56mais avec 5,5 milliards de recettes nouvelles. Donc en fait, dans la réforme fiscale, des taxes...
06:03— Des nouvelles taxes. — Des nouvelles taxes, celles sur les comptes-titres, des taxes sur les plus-values, sur le carburant professionnel,
06:10sur la TVA qui passerait de 6 à 9 %. Bon, bref. Donc une réforme fiscale de 8,5 milliards d'euros, dont l'intérêt fiscalement pour les gens serait qu'à terme,
06:21à l'échéance 2029, elle aboutirait à ce qu'on appelle un cut fiscal, c'est-à-dire à une baisse de la fiscalité pour les citoyens et les entreprises,
06:31globalement de 3 milliards d'euros, à l'échéance 2029. Mais ça, c'est un peu un schéma... C'est le schéma qu'il y a sur la table, mais c'est aussi le schéma
06:42qui a été refusé et qui n'a pas permis à Bardewev de dire lundi au roi « Ben voilà, Sire, j'y suis, je tiens ma note, je tiens ma réforme fiscale globalement,
06:54on peut continuer, je peux projeter un vrai gouvernement ». Donc il n'en est pas allé. Il a eu 3 jours, justement, parce que parmi les partenaires,
07:01notamment entre Emmer et Vohreuth, mais le CDNV aussi dans le match, parce qu'on n'oublie pas que le ministre des Finances de la Vivaldi, c'était Van Petteghem,
07:12qui est là, autour de la table, avec le CDNV, et qui a, si vous voulez, reproposé, en quelque sorte, reproduit le projet de réforme fiscale qu'il avait soumis sous la Vivaldi,
07:24qui avait échoué et qui avait fait se lever les boucliers côté maire. Enfin, je vous passe les détails. Donc il y a beaucoup de tensions encore, mais on en est là.
07:32Alors il y a d'autres domaines, bien sûr, sur lesquels il n'y a pas encore d'accord définitif, mais où les 5 formations politiques semblent pouvoir se rejoindre pas trop compliquées,
07:41parfois sur des sujets très craquants et compliqués, socialement importants, par exemple la limitation dans le temps des allocations de chômage.
07:52Ce n'est pas encore écrit noir sur blanc, mais on s'assemble parti pour. Limitation après 2 ans, avec des conditions ensuite, peut-être une sorte de période intermédiaire,
08:02mais enfin, quand même, limitation dans le temps des allocations de chômage, ce qui est quand même un fait neuf, ce qui serait quand même quelque chose de tout à fait nouveau en Belgique.
08:09Là, si on voulait un petit peu caricaturer la situation, par rapport aux notes fournies par Bardo-Weaver, on pourrait dire que ce qui a coincé, c'est que Vohreuth voulait plus de garantie de gauche
08:19dans un texte qui était vu comme extrêmement à droite.
08:21Je pense que la partie est plus compliquée que ça, mais en effet, un des éléments importants dans ce match, c'est le fait que Vohreuth, qui est la formation qui, dans cette équipe Arizona,
08:37représente le parti de gauche, ce sont les socialistes flamands, il a besoin de résultats. Enfin, c'est un peu comme tout le monde, ils ont besoin de trophées, si vous voulez.
08:45Et puis, indépendamment du fait que ces parties-là plaident pour ces politiques-là. Voilà. C'est pas seulement des trophées médiatiques ou de communication.
08:54Et en effet, Vohreuth insiste, semble-t-il, sur le fait d'aller chercher un peu d'argent, si vous voulez, du côté du capital, d'une façon ou d'une autre,
09:03imposer les plus-values, élargir l'assiette pour ce qui concerne la taxe sur les comptes-titres qui existent déjà. Voilà, une série d'éléments que Vohreuth veut décrocher pour avoir son mot à dire,
09:15pour avoir tiré son épingle du jeu, quoi.
09:19C'est de notre sur le socio-économique.
09:21Oui, et c'est plus compliqué que cela. Parce qu'au fond, on est un peu aussi tributaire de ce qui sort en termes de communication politique.
09:28Alors on se sert de ça, on a bien raison, c'est notre matériel, et puis on va quand même chercher, on essaie de recouper, etc.
09:35Mais je pense que les choses sont quand même un peu plus compliquées.
09:38Juste, on va revenir sur les fuites et la communication dans un instant. Juste avant ça, cette note sur le socio-économique, c'est la pilule, entre guillemets, à faire avaler aux partenaires,
09:47sous-entendu, une fois qu'il y aura un accord sur cette première note, tout le reste, ça va rouler, ou il va y avoir encore d'autres problèmes en vue ?
09:54Disons que si les cinq partenaires sont d'accord sur la note socio-économique, c'est quand même la grosse base pour constituer...
10:00C'est un sérieux pas en avant.
10:01Un sérieux pas en avant pour constituer une Arizona. Mais, il reste un os, quand même, un gros os, c'est l'institutionnel.
10:10Est-ce qu'on parle de l'NVA, quand même ?
10:11Voilà. On parle de l'NVA, qui est quand même partie, qui a, je veux dire, des prétentions communautaires importantes, sans parler de ces statuts qui sont indépendantistes.
10:21L'article 1 des statuts de la NVA appelle, je pense, à une république de Flandre, donc voilà.
10:26Mais bon, indépendamment de ça, ça, c'est un peu, disons, avant les élections, je dirais.
10:33Donc oui, la note socio-économique, c'est un point de départ. Après, il y a le reste, et notamment l'institutionnel.
10:39Et là, c'est du côté de l'homme qui gère un peu le dossier institutionnel. Jusqu'à présent, c'est Sander Lowndes, qui est un député NVA.
10:49Et jusqu'à présent, rien ne filtre véritablement. On a quelques éléments, ouais, que du côté flamand, du côté NVA, la volonté de régionaliser totalement la politique scientifique,
11:01régionaliser Belliris, une série d'autres compétences qui retourneraient, qui iraient aux régions, enfin, dont les régions s'empareraient.
11:10Mais ce sont des bribes d'informations, mais... Bon, tirées à bonne source, mais ce sont des bribes d'informations.
11:17Mais tout ça pour vous dire qu'après le socio-économique, il y a l'institutionnel. Et donc, on n'imagine pas, comme vous le disiez, que la NVA...
11:23Parce qu'en fait, la NVA, c'est qu'elle n'aura pas une grande réforme de l'État. Parce que pour faire une grande réforme de l'État, d'abord, les francophones ne veulent pas, fondamentalement.
11:32Et puis, il faut une majorité des deux tiers à la chambre. Et ça, elle n'existe pas. Je veux dire, on voit mal le PTB, les socialistes apporter leur voix gentiment à une réforme de l'État,
11:43qui aurait été confectionnée même sans eux. Enfin, bon, les deux tiers n'existent pas. Et donc, il va falloir slalomer, inventer des trucs, si vous voulez.
11:53On va dire qu'on va simplifier l'État fédéral, rationaliser les pouvoirs. À certains égards, ce sera légitime et vrai. À d'autres égards, ce sera du langage pour masquer des transferts de compétences plus idéologiques.
12:07Mais ce dossier-là n'a pas encore fait l'objet, d'après ce qu'on entend, d'échanges entre les cinq partenaires. Or, là, ça risque de chauffer.
12:17— Une dernière petite chose, et ça rejoint ce que vous venez de dire. Vous savez quoi de ce qu'on sait, en tout cas, parce qu'on sait peu de choses, mais vous savez quoi de l'ambiance entre partenaires ?
12:25On a vu notamment peu de fuites, en tout cas très peu de fuites, côté francophone. — Très peu de fuites côté francophone. Bon, je devrais me replonger un peu sur l'information des gouvernements précédents.
12:35Je crois que les travaux, les négociations ont toujours été plus ou moins masquées, je pense. Voilà. Après, on n'est qu'au début aussi. On n'est pas encore dans les négociations pour confectionner un accord de gouvernement,
12:46puisqu'on est toujours sur les notes de départ. Donc c'est assez logique qu'il y ait peu de retours. L'ambiance, c'est... Je pense qu'après le 9 juin, il y a une sorte d'enthousiasme, un élan d'enthousiasme,
13:03par exemple, au sud du pays, sous l'effet de la victoire du MR. Le MR et les engagés ont formé très vite un gouvernement wallonie. Je veux dire, l'idée que le centre droit devait s'imposer était là,
13:15sous nos yeux. C'était évident, etc. Et on est parti un peu dans cet esprit-là, je pense, sur le fédéral, alors que l'équation est beaucoup moins claire, finalement. Et en effet, certains négociateurs me disaient la note numéro 1 de travail de vert était quand même très enlevée à droite. Pour simplifier, disons à droite, la note numéro 2 était un peu moins à droite.
13:38La note numéro 3 était encore moins à droite. La carte est véritablement au centre. Enfin, voilà, pour vous dire un peu que le jeu est plus compliqué qu'au départ. Mais on est parti, tous ces partis, quand même sur l'enthousiasme à droite, en tout cas, de faire une coalition enfin alternative aux partis socialistes, enfin alternative aux partis écologistes, vous voyez. Et puis alors, après, une fois, évidemment, qu'on est devant les soucis et devant la nécessité de faire un accord de gouvernement, tout se complique un peu, quoi.
14:08Merci beaucoup, David. On suivra ça, évidemment, avec attention à travers vos articles, à travers vos articles des collègues du Pôle Pouvoir à retrouver dans le journal, sur notre site et sur notre application.

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