Bouchet : «On se dirige vers une absence totale de débat» - Foot - LFP - Elections

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Candidat déclaré à la présidence de la LFP, Christophe Bouchet était mercredi l'invité de «L'Équipe du Soir». L'ancien président de l'Olympique de Marseille (2002-04) a apporté un éclairage sur la situation de la Ligue.

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00:00On va accueillir notre invité, c'est Christophe Boucher, ancien président de l'Olympique de Marseille,
00:04notamment, qui se porte candidat à la présidence de la LFP.
00:07On rappelle que normalement, les élections auront lieu le 10 septembre, mais certains demandent un report.
00:11Merci beaucoup, Christophe, d'être avec nous.
00:14On rappelle aussi qu'il y a quelques mois, vous aviez sorti un livre,
00:17auteur de main basse sur l'argent du foot français,
00:21et notamment, dans ce livre, vous aviez été assez critique avec les présidents de clubs,
00:26et ceux, notamment, qui soutenaient aussi Vincent Labrune.
00:29Bonsoir, Christophe, merci d'être avec nous.
00:31Alors, on rappelle, il y a Cyril Linette, également, qui s'est déclaré candidat.
00:35Vous venez de le faire.
00:37Christophe, expliquez-nous comment vous allez pouvoir être parrainé,
00:39alors que vous avez pas mal critiqué les dirigeants du foot français,
00:44et qu'ils ont forcément la main.
00:45Ça s'annonce compliqué.
00:48Alors, je ne crois pas que le sujet vienne finalement des clubs.
00:52Vous allez voir que, vous savez, alors, il faut dire rapidement
00:56que, pour être éligible au collège des indépendants, il faut deux parrainages.
01:01Ces parrainages, ils sont donnés par deux institutions.
01:04La première, c'est FootUni, c'est le syndicat regroupant les clubs de Ligue 1 et Ligue 2.
01:08Et la deuxième institution, c'est l'UAF, qui regroupe tout l'ensemble des familles,
01:14les joueurs, les éducateurs, les médecins, les arbitres, etc.
01:18Je pense que le sujet va plutôt venir de la deuxième institution,
01:23parce que ce qu'on en sait pour l'instant, c'est que FootUni donnerait ses parrainages
01:27à ceux qui le souhaiteraient, pour qu'ils puissent prouver qu'ils connaissent le football,
01:32qu'ils aient quelques connaissances et qu'ils puissent concourir à l'élection.
01:37En revanche, du côté des familles, c'est beaucoup moins souple.
01:40Et, aux informations qu'on a aujourd'hui, l'UAF ne donnerait que trois parrainages.
01:47Trois parrainages pour trois postes.
01:49Ce qui veut dire que derrière l'Assemblée générale élective,
01:51qui est élective en élective via élection,
01:54elle n'aurait pas le choix, puisqu'elle n'aurait que trois candidats pour élire à trois postes.
01:59Et dans ces trois candidats, on sait qu'il y a déjà deux, à peu près, qui sont bloqués par l'UAF,
02:03c'est-à-dire celui, le représentant proposé par la Fédération française de football, Karl Olive,
02:09et puis le poulain de l'UAF, M. Guérini.
02:13Pour le troisième, pour l'instant, on ne sait pas, mais à date, au moment où je vous parle,
02:20cette institution, ce regroupement des familles ne donnerait sans parrainage qu'à trois candidats.
02:24Ce qui fait que, grosso modo, là, on se dirige vers une absence totale de débats
02:31et l'absence totale de pouvoir, devant les présidents de clubs de Ligue 1 et de Ligue 2,
02:36faire un bilan de ce qui a été fait.
02:38Mais vous l'avez déjà fait, je crois qu'il suffit que je présente le replay de votre introduction
02:44lors de ma présentation et tout aura été dit.
02:48Et puis, là, on ne va même pas pouvoir présenter ce programme, a priori, au moment où je vous parle.
02:57– Christophe, comment vous interprétez l'omerta qu'il y a quand même dans le foot français ?
03:02Hugo l'a dit, il travaille sur le sujet, il y a beaucoup de présidents off qui critiquent La Brune.
03:07La réalité, c'est que quand on invite les présidents, il n'y en a pas un qui parle
03:10et qu'il a aussi des soutiens.
03:11Vous avez parlé de FootUni, c'est présidé par Laurent Nicolin qui est un soutien de Vincent Labrune.
03:15On a vu également le président de Reims, M. Caillot.
03:18Ça paraît très compliqué de faire tomber Vincent Labrune le 10 septembre prochain.
03:25– Ça paraît compliqué, vous avez raison, il faut être réaliste.
03:31Ça paraît compliqué parce que je doute que certains des autres candidats, Stéphane Martin, Cyril Linet
03:37ou moi-même, puissions avoir les parrainages, les deux parrainages nécessaires à l'élection.
03:42Et puis après, effectivement, il faut dire que Vincent Labrune a un talent, il faut lui accorder.
03:48Il a cette espèce de talent de gourou, maniant carottes et bâtons et qu'il y a un peu une espèce de...
03:59On sent bien qu'il y a beaucoup de crainte à la LFP, on sent bien que tout le monde est craintif.
04:05Les personnels sont craintifs, les gens de CVC sont craintifs, les autres présidents sont craintifs.
04:11Alors bon, là, timidement, il y en a quelques-uns qui commencent à dire...
04:15Quand vous voyez la catastrophe, la gestion calamiteuse et l'absence de revenus que vont avoir les clubs,
04:23effectivement, il paraît inexplicable, incroyable qu'il n'y en a pas plusieurs,
04:27enfin même plusieurs dizaines qui lèvent la main en disant mais comment on en est arrivé là ?
04:32Comment on en est arrivé là ?
04:33Parce que pour le football français, le football professionnel français,
04:38ces quatre ans de nondas ont été une catastrophe, une calamité.
04:42Toutes les affaires qui ont été gérées, Média Pro, CVC et désormais les droits télé ont été une catastrophe.
04:48Ça s'est traduit par des résultats catastrophiques.
04:51Effectivement, ça a été dit dans votre introduction, on ne sait pas trop comment d'ailleurs.
04:56Beaucoup d'opacité, beaucoup de flou, une façon de gouverner très autoritaire, très solitaire.
05:05Et on voit désormais où on en est.
05:08Vincent Labrune a été élu en septembre 2020 à la présidence de la LFP.
05:11Tidiani, vous avez une question pour Christophe Boucher.
05:13Oui, bonsoir Christophe.
05:15Moi, ma question va être sur le fond de votre démarche.
05:18Est-ce que finalement, vous avez vraiment l'ambition de peser sur cette élection ?
05:22Et ça va être compliqué, on a bien compris dans ce que vous venez de nous expliquer.
05:25Ou est-ce que le but n'est pas finalement de mettre en lumière la façon dont la Ligue est vérolée, cadenassée ?
05:32On utilisera les adjectifs que vous voulez.
05:35Mais en gros, quelle est vraiment la portée, vous, de votre action finalement ?
05:41J'allais dire les deux, mon capitaine.
05:44L'objectif, il est simple.
05:45J'ai déjà dit dans un livre au mois d'octobre une bonne partie de ce qui se passait à la LFP.
05:52J'ai bien senti auprès des présidents qu'il y avait un accueil plutôt glacial.
05:57C'est le moment de leur redire que tout ce qui s'est fait était calamiteux, et d'une,
06:03qu'on n'est pas au bout de nos surprises, qu'il y a des enquêtes qui sont aujourd'hui en cours,
06:07il y a un rapport sénatorial, il y a le parquet national financier qui instruit un dossier à ce sujet-là.
06:14Donc je pense qu'on n'est pas encore au bout de nos surprises, donc il faudra y faire attention.
06:18Et puis peut-être, moi j'ai cette naïveté-là, de croire qu'à un moment,
06:24effectivement, il y aura un réveil collectif avec des propositions claires pour les présidents.
06:30Aujourd'hui, par exemple, je vais vous donner un exemple.
06:32Il y a eu la création d'une société commerciale. Moi je suis pour cette création de société commerciale.
06:36Néanmoins, il n'y a plus aucun président qui ne siège au conseil de surveillance de cette société commerciale.
06:44Aucun président.
06:45Je pense qu'il faut redonner aussi aux présidents, aux clubs français, une certaine souveraineté,
06:51les inciter à revenir dans le jeu, les inciter...
06:56Il y a beaucoup de présidents qui ont un talent fou, qui ont des entreprises qui fonctionnent très bien,
07:01qui sont des grands chefs d'entreprise ou des grands financiers.
07:04Il faut aussi les remettre autour de la table pour qu'il y ait une façon de gouverner plus collective,
07:11plus fluide et certainement plus productive pour la LFP.
07:15– Hugo ?
07:16– Oui, bonsoir Christophe.
07:18J'avais une question, en même temps un éclaircissement à apporter,
07:22parce que l'UAF va donner trois parrainages.
07:24Il y en a un, du coup, qui va...
07:27Parce qu'on parlait du troisième, on ne savait pas trop, mais on sait,
07:29ça sera pour Vincent Labrune, parce qu'il a besoin lui aussi du parrainage.
07:33Et du coup, ça emmène ma question avec, du coup,
07:36Karl-Olive et Guérini, plus Labrune, est-ce que ça sera vraiment une élection ?
07:43Parce que ces deux adversaires-là,
07:45je ne les ai pas entendus contester la gestion passée de la LFP.
07:50– D'abord, j'ai cru comprendre que tant que M. Olive que M. Guérini
07:55n'étaient pas candidats à la présidence.
07:57Donc déjà, ça ne sera pas un vent de contestation pour Vincent Labrune.
08:02Mais je crois que vous avez résumé très bien la situation.
08:05La seule question qu'on peut se poser, la vraie seule question du soir,
08:08c'est est-ce qu'il y aura vraiment une élection ?
08:09Puisque on se dirige, mais les choses peuvent changer, sait-on jamais.
08:15On se dirige ce soir vers trois candidats
08:19qui auront le double parrainage obligatoire pour trois postes.
08:23Donc évidemment, vous avez répondu dans votre question,
08:28vous avez donné la réponse dans votre question,
08:30c'est qu'effectivement, on peut s'interroger
08:33sur le processus démocratique et électoral de la LFP.
08:37Il faut signaler, alors peut-être que les uns et les autres vont se demander,
08:41mais comment ça se fait que ça se passe comme ça désormais ?
08:45Parce qu'il faut dire aussi que les statuts ont changé
08:47sous le mandat de Vincent Labrune.
08:49Les statuts ont été adaptés.
08:52Avant, il y avait cinq indépendants.
08:54Les indépendants, c'est ce collège dans lequel,
08:56habituellement, historiquement, on puise le président.
09:00Avant, ils étaient cinq.
09:01Donc effectivement, chacun, il pouvait y avoir une espèce de pluralité
09:05et un vote un peu plus large.
09:07Aujourd'hui, comme il n'y a plus que trois personnes,
09:10les familles veulent absolument garder un poulain, ce qui paraît logique.
09:14La FFF veut garder le sien, ce qui paraît logique aussi.
09:17Donc il ne reste plus qu'un poste.
09:19Ce poste-là, on imagine bien que ce sera une négociation,
09:24à mon avis, pas très serrée, mais une négociation entre l'UAF,
09:27donc les familles, les entraîneurs et les joueurs,
09:29et d'un côté, et de l'autre côté, les clubs professionnels de l'autre.
09:33Mais je voudrais ajouter quand même que je pense qu'il faut que chacun
09:38soit bien conscient d'une part et méfiant d'autre part.
09:43Si jamais le parrainage était donné au seul Vincent Labrune,
09:49ça voudrait dire que les familles donnent quitus à Vincent Labrune
09:54de la gestion des quatre années précédentes
09:57et qu'ils ne pourront plus se cacher derrière leurs petits doigts
10:00dans les années futures pour dire qu'on ne savait pas.
10:03Puisque là, comme vous l'avez bien résumé en introduction,
10:07on sait tout ce qui se passe, enfin on sait,
10:09on voit bien les résultats de toutes les politiques
10:12qui ont été menées à la LFP dans différents secteurs
10:15et notamment sur le plan économique avec Médiapro, avec CVC
10:19et enfin avec ce résultat catastrophique des droits TV
10:24où on est passé, vous l'avez dit, d'un milliard à moins de 500 millions.
10:28– Dernière question avec Bernard Lions qui est en plateau avec nous.
10:30– J'ai fait une question beaucoup plus courte que votre réponse,
10:33mais qu'est-ce qu'un roman ?
10:34– Oh Bernard, c'est bas !
10:37– Comme disait Marcel Aimé, l'humour et la politesse du désespoir.
10:40Juste une chose, est-ce que vous n'avez pas l'impression
10:43que cette espèce de prise de conscience, enfin, des dirigeants
10:47et des présidents de clubs, elle est trop tardive
10:49et que l'histoire est jouée ?
10:52Et le rebond à cette question-là, c'est,
10:55quand on a vu ce qui s'est passé avec Médiapro,
10:58CVC où tu vends, moi j'ai jamais vu ça dans n'importe quel contrat,
11:0213% de tes droits à vie, je ne savais même pas que c'était légal,
11:07plus la faillite des droits TV.
11:09Vous, en tant qu'ancien président de l'OM,
11:12quel regard vous portez sur le football dans les cinq prochaines années ?
11:15Est-ce que vous pensez qu'on peut assister à une faillite générale,
11:17pour être assez clair ?
11:21– Alors, d'abord la question, elle est longue, Bernard.
11:24Ensuite…
11:25– Parce que je lui ai dit, je m'adapte, je m'adapte.
11:30– Ça fait un partout.
11:33Ensuite, je suis désolé Bernard, elle demande une réponse un peu longue.
11:36Les présidents de clubs n'ont pas compris,
11:39depuis quelques années, depuis dix ans on va dire,
11:42que le foot était passé, que le foot pro en général,
11:45dans le monde entier, était une donnée essentielle pour les médias,
11:49à une donnée prépondérante.
11:51C'est-à-dire qu'avant, il vous fallait absolument du football.
11:54Et les chaînes, Canal+, TF1 avec l'équipe de France, M6,
11:58étaient prêts à perdre de l'argent pour avoir du football,
12:01parce que c'était le moyen le plus sûr d'avoir des téléspectateurs.
12:07Aujourd'hui, le football, il est dans une immense bulle de divertissement
12:11et il est en concurrence et il n'est plus essentiel pour les chaînes.
12:15Il n'est pas devenu accessoire,
12:17mais il est simplement devenu prépondérant.
12:20Et les chaînes, elles n'ont plus besoin de cette exclusivité,
12:22donc elles n'ont plus envie de payer cher.
12:25Donc, le prix que vous connaissez aujourd'hui du football français,
12:29c'est à peu près son prix normal.
12:31La question qui peut être posée désormais, c'est comment on va plus loin ?
12:36Comment on augmente ces 500 millions ?
12:39Ces 500 millions, on les augmente en recréant un produit exclusif,
12:43en recréant une envie, en réincarnant le football,
12:47en racontant des histoires, en ayant un jeu plus fluide,
12:50en ayant des acteurs qui se montrent, des joueurs qui parlent,
12:53des histoires qui s'écrivent.
12:57On a besoin de ça.
12:58C'est ce que font aujourd'hui les plateformes avec le sport,
13:00c'est de donner de la chair, de l'incarnation,
13:03des anecdotes, des histoires pour qu'enfin le football,
13:06pour que le sport se réveille.
13:08Ça a bien fonctionné dans certains sports,
13:10il n'y a pas de raison que ça ne fonctionne pas dans le football.
13:12Et puis, il faut aussi que chacun des membres de l'administration,
13:16il faut faire revivre ces instances.
13:18Ces instances, elles sont aujourd'hui éteintes.
13:20Elles sont, on le voit bien, vous l'avez dit en introduction,
13:24on ne sait plus ce qui se passe à l'AFP,
13:27il n'y a plus de comité marketing,
13:31les présidents ne sont plus dans la société commerciale.
13:34Donc, il faut revitaliser, il faut redonner de l'énergie et du sens à tout ça.
13:38Merci beaucoup Christophe Boucher d'avoir été notre invité.
13:41On rappelle donc que Christophe Boucher se porte candidat à la présidence de la LFP.
13:45On parle d'une élection le 10 septembre, c'est vrai qu'en entendant tout ça,
13:47on se demande en quoi le terme élection est encore...
13:49Elle peut être repoussée, ce n'est pas encore perdu.
13:52Il faut souhaiter qu'elle soit repoussée.
13:55Les pro-Labrunes ne veulent pas qu'elle soit repoussée
13:57et les anti-Labrunes veulent qu'elle soit repoussée.

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