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00:00Le premier jour que je suis allée, les gens regardaient au marché à Mokolo.
00:04Les gens sortaient de leur boutique pour venir voir la femme taxiwoman.
00:08Et mon nom est devenu la taxi Lady Alox.
00:11Quand vous entrez dans mon taxi, c'est tellement une découverte que vous faites.
00:15Les gens parlent tellement, les regards sur moi sont abasourdissants.
00:19Les gens passent, ils ouvrent la bouche.
00:21Ils me demandent que tu t'en sors, tu fais ça comment.
00:24Je ne gère pas tout cela.
00:26Je dirais que je suis pleinement satisfaite de ce que je fais.
00:30J'étais étudiante, j'ai fait un parcours normal après ma licence en sciences économiques.
00:41Il n'y avait pas le travail.
00:43Je me suis lancée dans l'entrepreneuriat en tant que cosméticienne.
00:47J'ai fait plusieurs formations dans le secteur de la cosmétique, la beauté.
00:51J'avais même tout une industrie, j'avais importé les machines.
00:55Et tout, tout, tout, tout, ça a commencé à bien donner.
00:58Lorsque le coronavirus est venu, tout a basculé.
01:01Les frontières ont été fermées, tout a été fermé.
01:05J'ai fermé, j'ai vendu toutes les choses.
01:08Et c'est comme ça que je deviens chauffeur personnel de ma maman.
01:11À force de conduire, tellement les gens appréciaient ma conduite.
01:14Tout le monde appréciait.
01:16Quelle que soit la personne que je conduis, elle va vraiment sortir avec la félicitation.
01:20Et au bout de cela, quand ma maman déménage, à force de chercher le travail,
01:26elle ne trouve pas.
01:27Je dis à mon frère que bon, puisque je suis tellement courageuse,
01:30je peux conduire même le taxi comme ça.
01:32Il me dit qu'il n'y a pas de femme.
01:34Toi aussi, tu exagères avec ton courage.
01:36Et c'est comme ça qu'un jour, je m'aide en priant.
01:39Et je dis à Dieu que toi-même vois la situation.
01:41Avec un enfant à main, il faut nourrir.
01:44Il faut envoyer à l'école, il faut faire ceci, donc.
01:47Quand je descends ici, c'est un mardi soir
01:50où je vois un rencontre sur Monsieur Ndoya
01:53qui me fait confiance.
01:54Il me dit que tu es courageuse pour faire le taxi.
01:57Il n'y a pas de femme.
01:59Tu vas supporter.
02:00Le lendemain, il me dit qu'à 12 heures,
02:03quand j'arrive à 12 heures, il me donne les clés de sa voiture.
02:06Il me dit que vas-y.
02:08Il me dit que tu dois rapporter la recette et mettre le carburant.
02:11Je dis sans souci.
02:15J'ai toujours eu ce courage-là.
02:17J'aime l'adrénaline en fait.
02:19J'aime bien les sensations fortes.
02:22Je vais dire que je suis passionnée par la conduite.
02:25J'aime bien conduire et quand je fais mes zigzags
02:28comme je connais les faire, les dépassements,
02:30je suis pleinement rassasiée de ça.
02:33Et aussi, c'est rentable.
02:34C'est très, très rentable.
02:36Parce que si je fais 5 000 la journée,
02:38j'ai 150 000 au mois.
02:40Ça me nourrit.
02:41Et pour le loyer, on ne paie pas le loyer
02:43parce qu'on vit dans la maison familiale.
02:45Donc je suis très bien, j'en suis bien.
02:47Je nourris les bouches qui sont dans la maison.
02:52Mon sentiment est plutôt celui de quelqu'un satisfait
02:57au niveau de la conduite.
02:59C'est encore beaucoup plus rassurant
03:02quand c'est une dame.
03:04Les femmes d'aujourd'hui ne sont pas comme celles d'avant.
03:07Les femmes d'aujourd'hui, on les retrouve un peu partout.
03:11Les hommes, surtout, sont plus intéressés.
03:14Ils disent « waouh, une femme qui se bat » et tout.
03:17Mais pour les femmes, c'est un peu difficile.
03:20Pour certaines femmes, elles ont même peur.
03:23Parfois, d'autres refusent même de monter.
03:26Je vais dire que certaines se disent
03:29« oh, ok, on va essayer »
03:31et qu'ils n'ont pas de curiosité.
03:33Elles sont satisfaites.
03:34Ils sont étonnés, en fait.
03:35D'autres se disent que la vie,
03:37t'as fait seulement pour que tu te retrouves au taxi.
03:40D'autres se disent que j'ai raté ma vie pour faire le taxi.
03:43Mais en fait, je ne fais pas ça pour un métier.
03:46C'est pour un temps.
03:48Le fait d'être en contact avec des personnes,
03:51c'est très agréable.
03:53Chacun te raconte peut-être ses bobos,
03:56te demande un peu de conseils,
03:58qu'est-ce que tu penses par rapport à autre chose.
04:02Maintenant, je vais dire peut-être un mauvais souvenir.
04:05Ça peut être avec un client.
04:07Quelqu'un va t'offrir un tarif
04:10et à la sortie, te donner un argent moins
04:13en disant que non, je n'ai pas proposé
04:16et voilà ce que j'ai.
04:17Ce n'est pas ça qui fait mal.
04:19Parce que quand on travaille, en fait,
04:21ce métier, tu fais les calculs.
04:23Tu calcules, genre,
04:25OK, si je prends quelle distance.
04:28Tu calcules aussi sur les pièces.
04:30Tu calcules toutes les choses, la distance.
04:33Tu calcules tout le monde.
04:35Tu passes de table à table et tu calcules.
04:37Parfois, quelqu'un peut monter et te dire peut-être,
04:40tu prends un client peut-être d'ici à Rangosui,
04:44il te dit 500 kradat.
04:47Dès que tu le portes,
04:49arrivé peut-être, il va te donner 350.
04:53Tu demandes comment mon frère,
04:55il te dit que je n'ai pas proposé.
04:59Les gens ont plus peur de monter.
05:01Ils se disent que je vais les agresser.
05:03La dernière fois, une autre a voulu prendre le dépôt.
05:05Elle me voit, elle dit que depuis
05:07quand une femme fait le taxi, jamais de la vie,
05:09qu'elle ne peut pas monter.
05:12C'est un peu ce stigma que j'endure.
05:15Et c'est plus les femmes qui refusent de monter.
05:18C'est une peine que je vais les agresser.
05:20Ou bien on veut leur préparer un coup.
05:23La dernière fois, c'est un homme, un gaillard,
05:26qui est monté dans le taxi.
05:28Il voit une femme et il dit,
05:30non, non, non, tu vas préparer un coup sur moi.
05:33C'est un peu juste la seule difficulté.
05:36Mais sinon, c'est très cool.
05:39C'est un fait que j'apprécie très bien
05:41parce que j'aime d'abord conduire.
05:43Je vais dans tous les quartiers,
05:45mais je suis certaine que je ne pars pas.
05:47Comme en Guissard,
05:49Konengui, ce sont les endroits
05:51où je travaille généralement,
05:53Mimboman, je ne pars pas là-bas.
05:55Mais sinon, à part là-bas,
05:57Bosco, je ne pars pas.
05:59Ce sont les zones, je vais dire,
06:01les quartiers difficiles,
06:03où c'est un peu trop fréquent.
06:05Il y a trop de trucs manquants.
06:07On peut te prendre en embuscade.
06:09Je travaille vraiment
06:11avec mon instinct et le Seigneur.
06:15Un petit peu de temps.
06:17Lorsque les portes vont s'ouvrir,
06:19je vais là-bas et je vais aussi
06:21accélérer là-bas par la crasse.
06:23Je suis toujours nourrie
06:25d'avoir une société de transport.
06:27Mais cela, ça vient avec le temps
06:29parce qu'il faut un capital énorme
06:31puisque l'entretien de la voiture
06:33coûte très cher.
06:35Je dirais à toute personne
06:37qui voudrait faire quelque chose
06:39que ne l'écoutez pas les autres,
06:41ne l'écoutez même pas ceux
06:43qui vous entourent.
06:45Mais quand tu fais quelque chose,
06:47tu le fais avec passion.
06:49Quand tu le mets en prière,
06:51Dieu va agir, il va freiner le chemin.
06:53Il freine toujours le chemin
06:55et qu'il prenne bien soin d'eux.