Tous les partis sont reçus à l'Élysée : qui sera nouveau Premier ministre ?

  • le mois dernier

Visitez notre site :
http://www.france24.com

Rejoignez nous sur Facebook
https://www.facebook.com/FRANCE24

Suivez nous sur Twitter
https://twitter.com/France24_fr#

Category

🗞
News
Transcript
00:00Dans l'actualité en France maintenant, cette semaine après les élections législatives anticipées, Emmanuel Macron a ouvert le bal des consultations politiques.
00:07Il rencontre donc à partir de ce vendredi matin les chefs de partis et de groupes parlementaires, à commencer par le Nouveau Front Populaire et Lucie Castex ce matin.
00:16Le camp présidentiel, la droite, les centristes de l'IOT et les radicaux de gauche seront eux reçus cet après-midi pour le Rassemblement National et Éric Ciotti ce sera lundi prochain.
00:26Et selon Olivier Faure, OPS, Emmanuel Macron a évoqué la nomination rapide d'un premier ministre. On en parle avec vous, Arnaud Mercier.
00:34Bonjour à vous. Vous êtes spécialiste de communication politique. Emmanuel Macron a donc acté la nécessité d'un changement politique à l'issue de ses rencontres ce matin.
00:46Le Nouveau Front Populaire, on l'a vu, a l'air satisfait de cette première consultation.
00:51Est-ce qu'on sort, selon vous, du simple exercice de communication ? Est-ce qu'il y a quelque chose qui se joue en ce moment ?
00:57Je continue à être sceptique parce que ça paraît trop beau. C'est-à-dire qu'on avait l'impression d'un système très coincé.
01:05Emmanuel Macron a différé, différé. Il a laissé entendre qu'il ne pourrait pas nommer Lucie Castex, etc.
01:15Et puis là, les gens du Nouveau Front Populaire sortent, adoptent une positive attitude. C'est le mot clé de Marine Tendelier, par exemple, pour les verts.
01:27Positive, positive. Laissant entendre, prêtant, disons, à Emmanuel Macron des propos, mais que lui n'a pas évidemment confirmés de l'autre côté.
01:35Comme quoi, par exemple, il n'y aurait plus de tabou que toutes les forces qui avaient participé au Front Républicain sont légitimes à gouverner.
01:42Ça implique donc LFI. Or, on sait que dans le parti d'Emmanuel Macron, on dit que c'est une ligne rouge infranchissable.
01:49Donc, je crois qu'il va falloir attendre pour être certain que ce qu'ont voulu dire les forces politiques qui ont été reçues de gauche est conforme à ce qu'Emmanuel Macron a bien voulu dire.
02:03Donc, pour l'heure, on reste dans de la communication pure. C'est ça que vous voulez dire ?
02:06Je pense qu'il y a des jeux de posture, effectivement. D'abord, un très important pour eux, Lucie Castex et d'autres.
02:12Vous voyez, nous sommes républicains. Nous sommes respectueux. Nous ne faisons pas, je trouve, de scandales, etc.
02:19Nous sommes très respectueux des institutions. Nous remercions, nous saluons l'attitude du président de la République.
02:26Enfin, donc, il s'achète une conduite par rapport à la radicalité des LFI.
02:30Et puis, ils disent, vous voyez, nous sommes là pour gouverner. D'ailleurs, le président de la République a laissé entendre que... Enfin, voilà.
02:38Donc, je pense que c'est quand même aussi largement un jeu de posture.
02:41Oui, c'est aussi pour montrer que le rapport de force est engagé entre le nouveau Front populaire et Emmanuel Macron.
02:46Oui, mais on pourrait l'engager de façon plus ferme. C'est ce qu'ils ont fait, par exemple, dans une lettre où il menaçait de destitution à LFI, le président de la République,
02:56s'il n'obtempérait pas pour nommer au plus vite leur candidat à Matignon.
03:01Bon. Donc là, il y a eu vraiment une volonté d'essayer d'apaiser les choses.
03:05Et peut-être que ça correspond aussi au jeu d'Emmanuel Macron, parce qu'après tout, il n'a pas intérêt.
03:10On voit que son jeu, sa posture de communication, c'est d'essayer de rester l'arbitre, même si Emmanuel Bonaparte a eu ce bon mot de dire...
03:18Bon, il se prétend l'arbitre, mais enfin, il essaye d'être un peu sélectionneur aussi.
03:22C'est-à-dire qu'il essaye un peu de faire son casting pour le gouvernement.
03:25Donc je pense que c'est aussi l'intérêt quand même d'Emmanuel Macron d'apparaître comme celui qui est ouvert à l'idée d'une alternance,
03:35puisqu'il a laissé entendre par certaines de ses propos que peut-être qu'il n'avait pas entendu le message des Français et du vote.
03:41Mais pourtant, il continue à temporiser. Il bat les records de la Ve République avec ce gouvernement démissionnaire.
03:46Et même de la IVe.
03:47Voilà. 38 jours, c'est énorme.
03:50Pourquoi cette stratégie ? C'est une manière de garder la main sur l'agenda ?
03:54Aussi peut-être de retarder son effacement au profit d'une cohabitation ?
03:58Tout ça est possible, effectivement. Ce sont des interprétations que je trouve justes.
04:03Il y a sans doute l'idée de prendre un peu de temps, de laisser décanter.
04:07Il en a pris du temps.
04:09Il en a pris du temps.
04:10Je crois qu'Emmanuel Macron a, depuis le début, depuis sa décision de dissoudre dans la précipitation, sous-estimé le bloc de gauche.
04:19Et je pense qu'il croyait encore qu'il était possible de scinder ce front populaire et de faire en sorte que les socialistes, peut-être même des écolos, se séparent.
04:34L'histoire lui a donné raison, puisqu'il y a des dissensions au sein de la gauche.
04:38Oui, mais qui sont très faibles, en réalité.
04:40Parce que quand on donne le nom de l'ancien Premier ministre de François Hollande, Bernard Cazeneuve, il ne représente plus rien au sein du Parti Socialiste.
04:47Il a même créé son propre micro-parti.
04:49Donc je pense qu'il a cru vraiment jusqu'au bout qu'il allait pouvoir les casser et essayer de refaire une alliance droite-centre et socialiste-écolo, peut-être.
04:58Et que, visiblement, ce n'est pas ça.
05:00En temporisant, justement.
05:01C'était en temporisant qu'il misait sur l'explosion de cette coalition.
05:03Voilà, exactement.
05:04Je pense qu'il a voulu se donner le temps de faire éclater le truc.
05:06Et là, on s'aperçoit qu'il a beau enfoncer des coins, ça ne marche pas.
05:10L'agenda de la semaine prochaine, l'agenda politique, est déjà extrêmement chargé.
05:14Il y a l'ouverture des Jeux paralympiques.
05:16Il y a aussi un déplacement en Serbie jeudi et vendredi pour Emmanuel Macron.
05:19On pourrait penser qu'au fond, son choix de Premier ministre est déjà enterré.
05:24Écoutez, bien malin qui est dans la tête d'Emmanuel Macron pour savoir exactement ce qu'il pense.
05:30Parce qu'il a surpris quand même à plusieurs reprises.
05:32Y compris dans cette précipitation de dissoudre quelque chose qui lui est revenu en boomerang.
05:37Et qui n'était vraiment pas une bonne opération pour lui, électorale.
05:41Donc je ne sais pas.
05:42Mais en tout état de cause, il ne peut pas continuer comme ça.
05:44Parce qu'il y a ce problème du budget.
05:46Et je crois que c'est ça, surtout, le point important.
05:49On l'a vu, le Premier ministre démissionnaire a envoyé des lettres de cadrage.
05:54Or, l'acte politique lourd d'un gouvernement, c'est de faire un budget.
05:58Donc là, il y a un moment, c'est plus possible.
06:01Le Premier ministre, encore Premier ministre, même démissionnaire, Gabriel Attal, dit
06:07c'est un gel, comme ça, ça laissera le temps à ceux qui veulent.
06:12Oui, mais il faut avoir ce temps.
06:14Parce qu'il y a des temps contraints au niveau du Parlement.
06:17Il faut déposer ça avant le 1er octobre, etc.
06:19Donc je pense que là, il a gagné le maximum de temps qu'il pouvait.
06:22Il ne peut plus.
06:23Et je pense que c'est la question du budget et la question de la constitutionnalité
06:28de ce gouvernement qui est censé gérer les affaires courantes.
06:31Mais qui se mettrait à gérer le budget qui n'est pas les affaires courantes.
06:34C'est l'acte politique lourd qui le contraint en réalité.
06:38Et pas son voyage en Serbie, par exemple.
06:40Mais Lucie Castex, a-t-elle la moindre chance d'être nommée à Matignon, selon vous ?
06:44Écoutez, on pourrait penser qu'au moment de sortir des élections, au moment où son nom est sorti,
06:51elle n'avait aucune chance.
06:53Maintenant, si on est un peu cynique, est-ce que l'intérêt d'Emmanuel Macron,
06:59ce n'est pas de la nommer et puis de voir qu'elle se prend dans les dents,
07:04avec un gouvernement et les filles, etc.
07:06Une motion de censure.
07:08Et finalement, une sorte de baptême du feu.
07:10Un peu une politique du risque tout.
07:12De dire, finalement, vu les consultations, je nomme le bloc le moins minoritaire,
07:18puisqu'il n'est pas majoritaire.
07:20Et puis, on verra bien ce qui arrivera.
07:22Et puis, s'ils se font censurer comme parce que c'est ce que disent la droite
07:25et les partis du bloc central,
07:27s'il y a le moindre ministre et les filles, nous voterons la censure.
07:31Ce qui voudrait dire qu'après...
07:34Il parie là-dessus, Emmanuel Macron ?
07:36Il peut parier là-dessus, on ne sait pas.
07:38Après tout, est-ce qu'un des premiers moyens de sortir du piège dans lequel il est lui-même,
07:43c'est-à-dire de donner le sentiment aux Français de ne pas respecter le choix des Français,
07:47puisque le choix des Français, c'est une alternance, c'est clair,
07:49entre l'ERN et le Nouveau Front Populaire.
07:52Donc, le moyen d'en sortir, c'est peut-être de faire jouer l'épreuve du feu
07:56et de montrer au Nouveau Front Populaire, qui montre les muscles,
07:59en disant qu'on est arrivé en tête et que c'est à nous de gouverner,
08:01vous voyez, vous n'êtes pas capable de gouverner.
08:03La preuve, vous avez pris une motion de censure aussitôt nommée.
08:06Peut-être que c'est ça qui traîne dans sa tête.
08:09Justement, on le voit dans tous les camps, les ambitions sont déjà tournées vers 2027.
08:14Avec une assemblée qui est à ce point fragmentée,
08:17la question qu'on peut se poser, c'est qui a réellement intérêt
08:20de prendre le risque de gouverner, finalement ?
08:22Vous avez posé la bonne question.
08:24Je pense que personne à droite n'a intérêt à jouer les supplétifs du camp macronien
08:30pour essayer de s'en sortir.
08:33Je pense qu'à gauche, ils veulent être sur leur ligne politique
08:38et pas jouer les supplétifs des macroniens.
08:41Je pense que tout parti de gauche qui prendrait une alliance avec les macroniens
08:49en situation en plus minoritaire, parce que ce serait d'abord un bloc macronien
08:53qui dominerait la coalition,
08:56s'exclude lui-même d'une candidature possible pour représenter la gauche.
09:01Je suis bien d'accord avec vous, il y a des jeux de posture
09:04et de calculs politiques par rapport à la présidentielle
09:07qui conduisent plutôt au pire et à une certaine forme de paralysie probable.
09:11Mon pronostic a toujours été depuis le début
09:14que c'est une impasse et qu'on n'en sortirait pas autrement
09:18que par un gouvernement technique du genre le gouverneur de la Banque de France
09:21ou un système à la Romano Prodi en Italie.
09:24Parce que là, les jeux de posture des uns et des autres
09:27font qu'ils ne veulent gouverner qu'à leurs conditions.
09:30D'ailleurs, souvenez-vous que le leader du Rassemblement national
09:33avait dit explicitement, si je n'ai pas la majorité absolue, je n'irai pas à Matignon.
09:37Donc le Rassemblement national aussi avait dit,
09:40on ne fait pas de trucs de briquet de broc.
09:43C'est ou bien on dirige comme on veut ou alors on ne dirige pas.
09:46On en revient à ce gouvernement technique qui a été évoqué le lendemain des législatives.
09:50Merci à Warno, spécialiste de communication politique.

Recommandée