À 100 il raconte le STO et demande réparation à la France

  • le mois dernier
Erpilio, un Niçois de 100 ans, demande réparation à l'État pour avoir été déporté et forcé à travailler en Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale

Erpilio Trovati avait à peine 20 ans quand il a été emmené de force en Allemagne dans le cadre du Service du travail obligatoire (STO). Ayant pris récemment connaissance du combat d’Albert Corrieri, 102 ans, qui a lancé une procédure, le Niçois, accompagné de son petit-fils, a décidé de se joindre à la démarche.

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Transcript
00:00Si je n'observais pas ce qu'on me demandait, des représailles seraient exercées envers ma famille.
00:10J'y suis allé, parce que j'avais peur. Et là, je ne suis plus revenu.
00:16Quand j'ai reçu ces deux convocations, je n'ai pas répondu.
00:29À la troisième, on m'a remis en place de me présenter instantanément à l'hôtel scribe.
00:39On m'a rien précisé. J'ai fait des menaces, mais je ne sais pas où on allait finir.
00:46Je savais que ça se pratiquait. J'ignorais ce qui m'attendait.
00:51J'y suis allé, comme vous, vous prenez le bus, sans rien ressentir.
00:56C'était un engrenage, et il n'y avait rien à faire.
01:01J'y suis allé, parce que j'avais peur.
01:04Alors, d'un transit à un autre, je me suis retrouvé en Allemagne.
01:09En Allemagne, je suis arrivé à Oberkassel.
01:14Alors, il y a un civil allemand, et il m'a conduit à la Delta Metal,
01:22une usine qui certainement travaillait pour la défense allemande.
01:28Alors, on m'a habillé comme un déporté politique.
01:34Il y avait des machines qui tombaient en panne.
01:37Alors, j'allais où ? Je regardais.
01:40La plupart du temps, c'était un fusible qui allait sauter.
01:45Vous le remplaciez, et ça allait. Ce n'était pas des gros travaux.
01:49Quand on était en Allemagne, les Américains nous bombardaient.
01:54Je me suis trouvé deux fois à plus rien avoir, tous les jours et nuits.
02:02Les Américains, c'était les plus dangereux.
02:07Alors, étant donné que les troupes américaines approchaient de l'usine,
02:12on nous a fait quitter les lieux.
02:15On est partis de l'usine avec à peine quelques produits de nourriture
02:22à vous, Pertal.
02:24Vous y avez eu un camp de concentration.
02:27On y est resté quelques jours, et on ne nous donnait pas à manger rien.
02:31Puis, un beau jour, ils nous ont dit « Vous êtes libres, allez où vous voulez ».
02:36Et c'est là que les rances ont commencé.
02:41On ne savait pas où on allait.
02:43Je ne sais pas combien de kilomètres on a fait,
02:48et on est arrivé assez haut.
02:51Depuis un jour ou deux, la guerre avait été arrêtée.
02:57Après, les Américains avaient rassemblé tout le monde,
03:01et ils commençaient à faire des convois.
03:05Et alors, moi, arrivée à Mézières-Charlesville,
03:12on m'enlève tous les papiers allemands que j'avais.
03:17J'avais de la monnaie, on me l'a fait déposer.
03:20Elle me dit « Mais ne vous en faites pas, en arrivant chez vous,
03:24tout vous sera restribué ».
03:26Et j'attends encore aujourd'hui.
03:28On m'embarque sur un train direction Marseille.
03:33Quand j'ai vu la mer, je me suis trouvée soulagée.
03:39J'avais tout oublié.
03:41Le bilan a été positif, puisque je suis encore là.
03:46Les gens que je connais, qui étaient mes amis,
03:49ils sont morts et qui ne sont pas revenus.
03:52Alors donc, il n'y a pas à dire pour que je remercie Dieu sous l'église.
04:08Si aujourd'hui, on recherche les traces
04:14à Mézières-Charlesville,
04:16si ça a été M-Prix,
04:20ils auront retrouvé les traces.
04:22Parce que ce que je dis, je n'ai besoin de rien.
04:26Je suis rentrée en France, je n'avais pas un franc.
04:32Et avec de l'argent allemand,
04:36j'aurais pu avoir de l'argent en France.
04:39Je n'avais rien.
04:41Mais je ne constitue pas.
04:43Je suis une exception.
04:45Il y en a qui ne sont pas revenus.

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