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Il n’y a pas loin de la procrastination au pourrissement et du pourrissement au dégout. Et c’est celui ressenti par nombre d’électeurs face à ce président qui renâcle à tirer les conséquences de sa défaite aux législatives.

L'édito Politique dans le 7/9 par Patrick Cohen (7h43 - 28 Août 2024)
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Transcription
00:00L'édito politique Patrick Cohen, le climat politique entre en zone dangereuse !
00:04Oui, il n'y a pas loin de la procrastination au pourrissement, et du pourrissement au dégoût,
00:10et c'est celui ressenti par nombre d'électeurs face à ce président qui renâcle à tirer
00:14les conséquences de sa défaite aux législatives.
00:16On le répète, l'expression d'une aspiration au changement a été massive, et le fait
00:21que rien n'ait encore changé depuis un mois et demi est logiquement regardé comme
00:25une anomalie démocratique, premier danger.
00:27Les leaders de gauche dénoncent un coup de force, mais c'est une posture, ils cherchent
00:31à mobiliser la rue, ils ont leur part de responsabilité, on l'a dit, dans la paralysie
00:35actuelle, et ils savent bien qu'il n'y a pas eu de coup de force, que la constitution
00:38permet d'agir ainsi, que face à une situation inédite, absolument inédite depuis le début
00:44de la Ve République, il n'y a ni règle ni jurisprudence, seul un article 8, le président
00:49nomme le premier ministre, point final.
00:51Mais s'agissant de la décision présidentielle de ne pas appeler à gouverner la coalition
00:55la plus nombreuse de l'Assemblée, la question n'est pas celle de sa légalité, mais de
00:59sa légitimité.
01:00Quelle est la part des électeurs de gauche aujourd'hui à considérer cette décision
01:05comme légitime ? Combien ont été convaincus par le communiqué Éliséen et pensent qu'Emmanuel
01:10Macron est dans son rôle en continuant de distribuer les cartes ? Combien se sont dit
01:13que ce n'est plus tout à fait la démocratie, deuxième danger et deuxième flot de carburant
01:19pour d'actuels et futurs colères ?
01:21Mais Patrick, vous nous disiez hier que la nomination de Lucie Castex était une hypothèse
01:25stérile.
01:26Oui, à l'échec, oui, sûrement, c'est ce que nous dit l'arithmétique parlementaire,
01:30mais pour prendre le contre-pied de mon édito d'hier, l'arithmétique, ce n'est pas de
01:34la politique.
01:35Et Emmanuel Macron a encore une fois oublié de faire de la politique, c'est-à-dire accompagner
01:39l'opinion, anticiper ses réactions, expliquer ce qu'on fait et pourquoi on le fait, manifester
01:44de la compréhension à l'égard des Français qui attendent que leur vote soit pris en compte,
01:48cesser d'apparaître comme le démurge dont tout procède dans le secret de l'Elysée,
01:52bref, d'une façon ou d'une autre, rendre le pouvoir aux électeurs.
01:56Faire de la politique, en l'occurrence, aurait conduit à nommer Lucie Castex en posant une
02:00condition qu'elle demande une cession extraordinaire du Parlement, puisque c'est une prérogative
02:06du Premier ministre, pour y engager sans délai la responsabilité de son gouvernement et
02:11ne rien entreprendre sans se soumettre au vote des députés.
02:14Tout le monde, alors, aurait été fixé et un échec à l'Assemblée aurait libéré
02:19une partie des forces de gauche, aujourd'hui sous tutelle du NFP, pour aller tenter autre
02:24chose.
02:25Au lieu de ça, l'épisode ne laissera, à tort ou à raison, que des regrets et de l'amertume,
02:30et encore des questions sur l'oiseau rare qu'Emmanuel Macron pourrait installer à
02:33Matignon.
02:34Et justement, vous avez un pronostic ? Non, pas de pronostic politique, jamais, mais c'est
02:38l'occasion de saluer la mémoire d'un homme de France Inter dont le métier a été pendant
02:42plus de 30 ans de faire des pronostics et de faire vivre les courses de chevaux, Gérard
02:47Schirmann, qui vient de disparaître à 88 ans, sa voix de bronze, je l'ai encore dans
02:52l'oreille, était celle du tiercé, aux côtés de Lionel Ovadia, sur ses antennes d'Inter
02:57et Info.
02:58Schirmann prétendait qu'il ne misait pas un franc sur ses propres pronos.
03:02Expertise et lucidité donc ! Nous, on se contentera de commenter le résultat des
03:07courses s'il y a, un jour prochain enfin, un cheval gagnant à Matignon.

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