• il y a 4 mois
Angel avait 18 ans lorsqu’il s’est lancé dans le long parcours des études de médecine. Aujourd’hui, il est médecin généraliste au Chateau en Santé à Marseille. Entre temps, 12 ans se sont écoulées. Des années de doutes, d’évolutions, de prises de conscience et de travail qui sont documentées dans le film Toubib, réalisé par son frère, Antoine.

Angel Page raconte comme il a vécu cette immersion dans son intimité et se confie également sur le choix de la médecine sociale, qu’il exerce maintenant au sein d’un centre communautaire. Allez… Action !

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Transcription
00:00Le film est assez intimiste, ça a été une possibilité d'avoir quelqu'un qui vient constater un truc qui est très secret habituellement.
00:06A l'hosto, il y a soit des patients, soit des soignants, et c'est tout, quoi.
00:16Les études de médecine, c'est long, quoi.
00:18Est-ce que le fait d'être filmé pendant 12 ans, c'était long ? Non, je pense pas.
00:22Après, c'était plutôt un plaisir, la chance d'avoir quelqu'un de différent dans un parcours qui est souvent assez isolé.
00:31Ça a été, disons, une possibilité d'aborder les choses différemment,
00:33possibilité d'en parler à quelqu'un qui n'est pas dedans,
00:35et la possibilité aussi d'avoir quelqu'un qui vient constater un truc qui est très secret habituellement.
00:43Non, non, loin de moi l'idée de me comparer.
00:49Je pense que c'est un film qui est très intéressant,
00:51parce qu'il y a beaucoup de choses qui se passent dans le film,
00:53et je pense qu'il y a beaucoup de choses qui se passent dans le film,
00:55et je pense qu'il y a beaucoup de choses qui se passent dans le film,
00:58Le film est assez intimiste,
01:00il parle de choses très intimes de mon quotidien,
01:02de l'expérience de vie qu'on a eu avec Antoine,
01:04de notre père, de trucs comme ça.
01:06Ça aurait pu être des trucs qui mettaient vraiment en difficulté,
01:08ou en porte-à-faux émotionnellement,
01:10mais ce n'est pas le cas.
01:11La démarche d'Antoine, la manière dont il réalise,
01:13et dont il respecte vraiment le sujet,
01:15le personnage principal auquel il s'intéresse,
01:17a toujours fait que moi je me suis senti très protégé vis-à-vis de ça.
01:23Je ne sais pas, c'est les gens qui le diront.
01:25J'ai l'impression que pour le moment, ça touche plutôt les gens
01:27qui sont dans un parcours de médecine,
01:29et que ça marche plutôt bien.
01:30Il y a aussi des bons retours de la part des médecins.
01:32Je pense aussi que ça aurait marché quoi que je fasse.
01:34C'est plus que sur la médecine,
01:36c'est quand même sur le développement d'une personne
01:38autour du travail d'entre 20 et 30 ans.
01:40Au moment où vraiment on se construit autour du taf.
01:45Je ne sais pas si mes idées ont changé.
01:47Elles se sont plus construites ou affinées.
01:49Moi depuis le début j'avais envie de faire de la clinique,
01:51depuis le début j'avais envie d'être médecin généraliste.
01:53J'ai plutôt toujours été dans cette démarche-là
01:55d'un taf plutôt d'écoute, plutôt qu'un taf de technicien.
01:58Petit à petit, dans le travail et dans les années,
02:00je pense que je suis arrivé à un endroit
02:02où je n'imaginais pas que j'arriverais.
02:04On est tous dans un parcours comme ça en médecine.
02:09Ça m'a fait le même effet que sur une photo.
02:11Je regarde une photo avec plusieurs personnes,
02:12on se cherche du regard.
02:13Sauf que là, c'est à peu près le même truc,
02:14mais pendant deux heures.
02:19En première année, je me trouve assez présomptueux
02:20dans ce que je dis, sur ce que je pense être la médecine
02:22à ce moment-là.
02:26Je trouve le métier de médecin génial, oui.
02:28Je trouve que c'est un métier vraiment fascinant.
02:29Et ce que je trouve merveilleux dans ce taf,
02:31plutôt que le savoir ou les diagnostics ou la pratique,
02:34c'est plutôt la relation que ça entraîne avec les gens
02:36et ce qu'on peut développer avec ça.
02:41Je travaille au Château en Santé,
02:42qui est un centre de santé communautaire.
02:44C'est une association de santé.
02:45Il y a cinq médecins, deux médiateurs,
02:47deux orthophonistes, deux gestionnaires,
02:49une infirmière, un infirmier.
02:50Ça veut dire conjugale et familiale, une éduque,
02:52deux travailleuses sociales.
02:53Ce qui fait qu'on est beaucoup
02:54et ce qui permet d'avoir des points de vue très différents
02:56sur la santé des gens
02:57et les problèmes que les gens expérimentent.
02:59C'est une pratique d'une médecine plus globale
03:01que ce qu'on conçoit habituellement.
03:02C'est-à-dire avec vraiment un effort fait
03:05pour s'intéresser à tout ce qui sont les déterminants
03:07de la santé de quelqu'un.
03:08Le logement, le travail, la thune, la famille,
03:11le parcours de vie.
03:16J'ai assez rapidement pensé qu'il y avait quand même
03:18des endroits dans lesquels on avait plus besoin que d'autres.
03:20C'est plus utile d'être médecin.
03:21Certaines communautés pour lesquelles c'est plus utile,
03:23certaines populations pour lesquelles c'est plus utile.
03:25La précarité, quand même, c'est quelque chose
03:27qui à un moment donné m'avait marqué.
03:28Puis en arrivant au Château,
03:29quand j'ai commencé à bosser là-bas,
03:30je me suis aperçu que la santé communautaire,
03:32c'était bien au-delà de la question de la précarité
03:34ou quoi que ce soit.
03:35C'est une manière de concevoir la santé
03:37qui touche tout le monde.
03:42La pratique collective du travail,
03:43sur l'autogestion, l'horizontalité,
03:45le fait qu'il n'y ait pas de patron.
03:48Ben non.
03:49Non, parce que je n'ai pas de maladie.
03:51Je serais malade, je n'en aurais rien de quoi.
03:56Ben oui, c'est assez classique.
04:02J'avoue, j'ai trouvé ça assez enthousiasmant
04:03en termes de pratique, le Covid.
04:05C'était une espèce de remise à zéro
04:07tout ce qu'on faisait auparavant.
04:08D'autres normes, d'autres codes, d'autres manières
04:10de voir les gens en consultation ou de ne pas les voir.
04:13C'était un peu une rediscussion,
04:14une recollectivisation,
04:15de comment suivre les gens
04:16et comment faire de la médecine
04:17que j'ai trouvé assez fun.
04:22Ah ben, à Marseille maintenant.
04:26Je suis vraiment quelqu'un de très peu guerrier.
04:28Je pense que je n'en ai absolument pas.

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