Le 13/14 présenté par Céline Asselot, reçoit aujourd'hui mercred 19 juin 2024, Antoine et Angel Page à l'occasion de la sortie prochaine du documentaire "Toubib" (28 août 2024). Pendant 12 ans, Antoine Page, réalisateur, a suivi son frère, Angel Page, désormais médecin généraliste, dans son parcours d'étudiant en médecine.
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00:00Au début du film, c'est un bachelier qui se lance à la sortie du lycée dans une grande
00:03aventure, faire médecine et qu'on voit un petit peu intimidé faire son entrée à la
00:08faculté.
00:09A la fin du film, c'est un médecin généraliste installé à Marseille, très impliqué dans
00:13la médecine sociale.
00:14Et entre les deux, il y a eu 12 ans d'études, des heures et des heures de révision, des
00:18stages, des erreurs et des apprentissages parfois douloureux.
00:22Le documentaire « Toubib » raconte en un peu plus d'une heure et demie la formation
00:25d'un jeune médecin.
00:26C'est vous qui l'avez réalisé ?
00:28Bonjour Antoine Page, et l'étudiant que l'on suit dans ce film, c'est votre petit
00:32frère Angèle Page.
00:33Bonjour à vous aussi.
00:34Bonjour.
00:35Et merci à tous les deux d'être venus nous parler de ce projet familial.
00:37J'ai d'abord évidemment la curiosité de vous demander, Antoine Page, d'où vous est
00:41venue cette idée ? Est-ce que vous auriez filmé les années d'études de votre frère,
00:45quel que soit le secteur, ou est-ce que c'est la médecine qui vous a donné cette envie ?
00:49Exactement, c'est plutôt ce que vous disiez au départ.
00:52En fait, c'est venu très spontanément, j'ai l'impression, tu me diras si ce n'est pas
00:57ça, mais que c'est venu même la veille de sa rentrée en première année.
01:00Je lui ai proposé ça, j'ai dit il y a un truc à te proposer, est-ce que ça te dit
01:03que je filme tout ton cursus à venir ? Sans aucune garantie évidemment à ce moment-là
01:08qu'il réussisse médecine, c'est quand même ultra sélectif et évidemment sans aucune
01:11pression de ma part.
01:12Mais on s'entendait bien, tu connaissais mon travail, j'avais totalement confiance,
01:17je me disais que c'est aussi une manière qu'on continue d'être en contact sur le
01:20temps long.
01:21On n'avait aucune idée du temps que ça allait prendre du reste.
01:23Oui, vous avez choisi sans doute la filière la plus longue sur le film qui s'étend sur
01:27le plus d'années.
01:28Est-ce que vous avez dit oui tout de suite, Angèle ?
01:30Instantanément, j'ai l'impression qu'il n'y a même pas eu vraiment de discussion
01:33sur la forme que ça prendrait, comment on s'organiserait, etc.
01:36Ça a été, je pense, dès la première minute, très spontanée.
01:40Moi, j'avais aucun doute, c'est une question qu'on nous pose de temps en temps, j'avais
01:43aucun doute que de toute façon on irait jusqu'au bout, quoi qu'il se passe, que je continue
01:47médecine, que j'arrête médecine, etc.
01:49Et puis j'avais aucun doute aussi, toi Antoine, que tu pousserais jusqu'au bout pour qu'on
01:54arrive à la fin du projet, quoi qu'il en soit.
01:56Mais est-ce que vous vous êtes rendu compte à ce moment-là du projet dans lequel vous
01:58vous engagez ? Je parle du film et de médecine en même temps, parce que c'est difficile
02:02de pallier les deux.
02:03Alors médecine, certainement pas, quoi ! Avant de commencer la première année, j'avais
02:08aucune idée de ce que c'était la médecine, donc absolument pas.
02:11Et puis pour la question du film, je dirais non plus, effectivement, parce que ça a été
02:16long et assez intense, et puis il y a eu quand même un peu d'organisationnés, des trucs
02:19comme ça qui prenaient un tout petit peu de temps, quoi.
02:23Non, je pense que je ne prenais pas du tout la mesure du truc, ni non plus de l'intimité
02:27que ça représenterait à la fin.
02:29Parce que c'est vrai que c'est un portrait très intime, vous filmez beaucoup votre frère,
02:33vous ne le lâchez pas, finalement, Antoine Page.
02:35Est-ce que c'était ça que vous vouliez faire au début ? C'était vraiment se focaliser
02:40sur une histoire, pour raconter la grande histoire, évidemment, bien sûr.
02:43Alors, moi je ne suis pas partisan de l'écriture de documentaires, par exemple.
02:46Ce n'est pas quelque chose...
02:47J'essaye de m'écarter de ça, c'est-à-dire que je pars en ayant des fantasmes, des idées,
02:52mais relativement vierges et en étant prêt à repenser complètement les films en cours
02:55de route.
02:56Qui plus est, un film sur 12 ans, c'est très difficile d'être dogmatique et de se dire
03:00ça va être ça du début à la fin, il va se passer ça, ça, ça.
03:02Surtout quand on filme quelqu'un de 18 ans, en fait.
03:04Donc tout peut se passer.
03:05Moi j'adore ça.
03:06Et j'adore devoir reprendre différemment, enfin repenser complètement ma démarche
03:10et tout ça.
03:11Et donc, au départ, qu'est-ce que je voulais ? Je savais que ce serait un film sur le temps
03:14long.
03:15Ce qui est vraiment passionnant, c'est quand même des enjeux de cinéma, c'est topique
03:17ça.
03:18Je savais que c'est génial à traiter, quel que soit le sujet, de toute manière.
03:21Donc je savais que ça allait se dérouler sur plusieurs années.
03:24Je ne pensais pas que ce serait si intime.
03:27Ça, c'est mon frangin qui a impulsé ça.
03:29Donc moi j'essaye d'abonder, de trouver des formes, en fait, à ce qui se passe.
03:32Et c'est surtout au moment où il se retrouve, lui, à faire une année d'Erasmus à Sofia,
03:37tout seul, où là je lui propose d'éventuellement parler via les webcams, je ne suis pas derrière.
03:43Donc lui, il s'est approprié cette idée, il en a fait un journal intime.
03:46Et donc moi, je découvre ça très tardivement et c'est ça qui polarise un peu le montage.
03:51Je compose à partir de ça.
03:52Quand vous voyez le film aujourd'hui, Angèle Pache, vous vous dites quoi ? Parce que justement,
03:57comme c'est intime, ça peut être un peu gênant de se voir et de se voir avec le recul
04:00des années.
04:01A l'époque, vous étiez tout jeune à la sortie du lycée.
04:04Oui, c'est intense de se regarder pendant une heure cinquante à l'image, il n'y a
04:11pas trop de débat.
04:12Pour être parfaitement honnête, c'est assez fascinant aussi de pouvoir avoir accès
04:18à ça, d'avoir un retour, une vision extérieure de ce qu'on est, un point de vue, en fait,
04:24d'une heure et demie.
04:25C'est à la fois vous et pas totalement vous, peut-être ?
04:27C'est une vision de moi-même qui est basée sur des images réelles, c'est-à-dire de
04:32documentaires sans que rien n'ait été tourné.
04:34Tout est pris sur le vif, quoi qu'il en soit, c'est vraiment la méthode d'Antoine.
04:38Mais pour autant, ça reste un point de vue sur ce que je suis, donc oui, c'est très
04:44intense.
04:45Il n'y a pas de débat.
04:46Alors, c'est intense et on voit que ce que vous faites aussi, c'est long, c'est douloureux,
04:50surtout les premières années où il faut ingurgiter un nombre incroyable de connaissances.
04:54Je vous propose qu'on écoute un extrait du film.
04:56Alors, on est en première année, juste avant les examens de la fin de première année.
05:01Je suis parti comme un fou, en fait, j'ai fait mes trois premiers jours, j'ai vraiment
05:05fait 14 heures par jour et puis à faire qu'une seule matière pendant trois jours.
05:09J'ai cru que j'allais devenir fou, quoi.
05:12Notre méthode de travail, en fait, j'imagine que c'est la mienne, mais ça doit être
05:15celle de tout le monde.
05:16Il n'y a pas de méthode de travail, c'est d'apprendre.
05:18On te donne un cours, tu l'apprends par cœur et puis tu le sais par cœur, mais tu le revois
05:24quand même par cœur encore.
05:25Même si tu le sais par cœur, de toute façon, tu as un concours, donc tu le revois par cœur,
05:29tu le sais de mieux en mieux.
05:30Tu le revois, tu le revois, tu le revois.
05:32Alors là, on vous entend, mais quand on vous voit, on voit les cernes aussi qui s'affichent
05:36bien à ce moment-là de votre cursus.
05:39Quel regard vous portez sur cette période ?
05:41Eh bien, il y a le regard que je portais avant de voir le film, puis il y a le regard que
05:45je porte maintenant.
05:46Avant de voir le film, je racontais que la première année de médecine, c'était probablement
05:49celle où j'avais pris le plus de plaisir parce qu'on apprend des connaissances assez
05:55brutes de physiologie, anatomie, etc. dont j'ai des très bons souvenirs.
05:59Et j'ai moi-même redécouvert un peu ce que je disais pendant cette période-là.
06:02Vous avez un peu oublié, un peu occulté la douleur que ça avait été ?
06:06Oui, la douleur que ça a été.
06:08Ça m'est un peu revenu à l'esprit.
06:09Votre frère s'en souvient bien, visiblement, Antoine Page, vous avez l'air de dire que
06:14vous, vous en étiez bien rendu compte que c'était difficile à ce moment-là.
06:17On a assisté à un déclin, même physique.
06:19On les voit évoluer les étudiants en médecine de la première année, c'est sûr.
06:23Moi, ma mère.
06:24En fait, il y a peu de gens qui assistent à ça, c'est pour ça.
06:27Plutôt les parents, en fait, qui assistent à ça.
06:28Ce serait un sujet en soi, d'ailleurs, j'y repensais.
06:31Ça tombe bien, ce n'est pas un sujet en soi, peut-être de documentaire, mais comme
06:34c'est un projet familial, on avait aussi envie d'entendre votre maman.
06:38Bonjour, Catherine Page.
06:39Bonjour.
06:40Merci d'être avec nous.
06:41Un mot d'ailleurs, d'abord sur ce que disaient vos fils à l'instant.
06:44Est-ce que vous aussi, vous avez assisté au cours de ces douze années ou peut-être
06:48une partie de ces douze années à un déclin physique de votre jeune fils ?
06:54Oui, un déclin physique, oui, mais il était enfermé dans sa chambre toute la journée
06:59et je ne me suis pas rendue compte vraiment de la difficulté et des affres par lesquelles
07:04il passait.
07:05Je m'en suis rendue compte en voyant le film.
07:08Donc le film, ça sert aussi à ça, à avoir un autre point de vue.
07:11Vous étiez inquiète quand il vous a annoncé qu'il voulait faire médecine ?
07:14Je n'étais pas emballée du tout.
07:18Pas parce que c'était difficile, mais parce que son père était médecin, son père était
07:23mort et j'avais peur qu'il courre après quelque chose et qu'il ne soit pas à la
07:27hauteur.
07:28Ça, ça m'a vraiment posé problème.
07:29Et puis quand il a passé sa première année et qu'il a été bien placé et donc qu'il
07:35a été meilleur que son père, j'ai laissé tomber, je me suis dit, voilà, ça roule.
07:39C'est la fierté aujourd'hui qui domine ?
07:43Oui, c'est surtout le plaisir de voir qu'il fait quelque chose qui lui plaît et qu'il
07:50le fait d'une façon qui moi me plaît.
07:52Catherine Page, une dernière question sur ce film.
07:55Vous l'avez regardé, c'est un film de famille, mais en même temps qui est destiné
07:59au grand public.
08:00Vous l'avez regardé avec quel regard ?
08:02J'étais très émue au départ.
08:06Je pensais être très émue pendant tout le film.
08:08Et en fait, il ne m'a pas du tout fait l'effet que j'imaginais.
08:11Je me suis vite intéressée au parcours d'un jeune homme qui devient un homme, qui se pose
08:17des questions et qui avance.
08:19Donc, je me suis intéressée au sujet plus que je ne l'imaginais.
08:23Merci beaucoup d'avoir été avec nous dans cette discussion, Catherine Page.
08:27Je crois que vos fils se demandaient bien ce que vous alliez dire sur cette aventure
08:31collective.
08:32Je voudrais que vous parliez d'un mot sur cette vocation, Angèle Page, parce que votre
08:37maman racontait que ça vous est venu aussi parce que vous avez vu votre père médecin.
08:42À quel moment on se dit « Ok, j'y vais, je m'engage, je sais que c'est dur, je l'ai
08:46vu, mais c'est ça que je veux faire ».
08:49Aucune idée.
08:50Moi, je ne sais pas si j'ai fait médecine par vocation ou pas.
08:52J'ai fait médecine parce que j'ai décidé de faire médecine très probablement dû à
08:56mon père, mais à cette époque, je n'en avais pas la moindre idée.
08:58J'ai fait médecine comme ça.
09:01En tout cas, c'est comme ça que je le vois maintenant.
09:03Et après, ça ne s'est pas trop mal passé.
09:07Globalement, moi, dans les études, je n'ai pas trop souffert.
09:10D'autres souffrent plus que je n'ai souffert, en tout cas des études de médecine, des
09:14rapports hiérarchiques, de la difficulté que ça peut représenter, des études de bûcher
09:18toute la journée, etc.
09:19Moi, ça n'a pas été, je trouve, quand même trop dur.
09:23D'ailleurs, ce n'est pas comme ça que je le raconte dans le film, globalement, si ce
09:25n'est la première année.
09:26Et ça m'a intéressé, en fait, globalement.
09:29C'est ça qui s'est passé assez rapidement.
09:31Antoine Page, est-ce que lorsque vous avez monté ce film, vous avez eu aussi en tête
09:36l'idée que de futurs étudiants en médecine pourraient le voir ?
09:40Est-ce que vous vous êtes dit qu'il faut qu'on raconte quelque chose qui soit réaliste
09:45mais peut-être qui ne fasse pas trop peur non plus ?
09:47Moi, j'essaye forcément, quel que soit le sujet, d'universaliser au maximum.
09:52Ma mère dit qu'il était meilleur que notre père.
09:55C'est vrai qu'il a fini cinquième en première année.
09:57Oui, il prouvait de la classe.
09:58Ça ne m'intéresse pas trop.
09:59Ce qui m'a intéressé petit à petit, c'est qu'il s'est vraiment interrogé sur sa
10:02manière d'exercer.
10:03Et ça, c'est universel.
10:04C'est pour ça que le film parle plutôt de ça, de questionnements, d'interrogations,
10:08d'évolutions, de quelqu'un qui choisit d'être le plus humaniste possible dans son
10:12domaine.
10:13C'est vrai que partant de là, je pense que ça peut toucher des étudiants en médecine
10:18mais plus largement, j'espère que des jeunes qui s'interrogent peuvent aussi s'identifier
10:24ou ça peut rentrer dans leurs préoccupations.
10:26Je rencontre quand même pas mal d'étudiants en médecine aux projections avant-premières
10:30et tout ça.
10:31Et surtout, je leur demandais, j'espère que ça ne vous dissuade pas.
10:33On ne sait jamais, parce que c'est vrai que c'est difficile la première année et tout ça.
10:36Mais en fait, pas du tout.
10:37Parce que j'ai l'impression que ce que le film montre, c'est qu'il y a énormément
10:40de possibilités, j'imagine, d'exercer et de trouver sa voie au sein de la médecine.
10:44Est-ce qu'il y a un truc intéressant au-delà, évidemment, de ce qu'on a dit, les heures
10:47et les heures de travail, la négation que cela demande ?
10:50C'est aussi, ça arrive un peu plus au milieu du film, évidemment, puisqu'on suit votre
10:54parcours, c'est la relation avec le patient, avec les premiers patients que vous rencontrez
10:58dans les hôpitaux, dans les cabinets de généralistes et puis à domicile aussi lorsque
11:03vous faites des tournées.
11:05Ça, c'était intéressant pour vous, Antoine Page, de mettre la caméra un petit peu dans
11:11cette relation si intime, elle aussi.
11:14Très.
11:15Très.
11:16Parce qu'il aurait pu choisir d'être chirurgien, il y a des gens qui m'ont demandé s'il avait
11:18fait une sorte de cahuzac, par exemple, problématique pour greffer les cheveux.
11:23Là, il choisit assez rapidement de s'orienter vers la médecine générale et ça, c'est passionnant
11:28pour des spectateurs aussi, parce que la médecine, c'est quand même très, très technique.
11:31Quand on parle uniquement médecine, on décroche.
11:34Moi, je décroche le premier spectateur aussi.
11:35Et là, tout d'un coup, quand on voit une succession de patients et plus le film avance,
11:40au début, c'est vraiment sur lui.
11:41Et puis, vous avez vu, petit à petit, ça glisse vers les patients de plus en plus.
11:44Ce qui est le propre du cursus, c'est qu'au début, ils ne sont pas confrontés aux patients.
11:48Et ça, ça m'intéressait parce que là, c'est vraiment une approche humaine.
11:52Donc, nous, on arrive à se projeter à travers les différents patients, leurs angoisses et
11:56tout ça.
11:57Donc, j'étais content de ça.
11:58Oui, c'est sûr.
11:59C'est plus facile pour moi à faire passer qu'ils soient en médecine générale et qu'ils
12:03s'intéressent aux patients.
12:04C'est quand même le propre des médecins généralistes.
12:05On a le sentiment, dans le film, enfin, on vous voit grandir, évidemment, mûrir, ranger
12:10le page.
12:11Mais on vous voit aussi sortir de vous-même presque, aller justement à la rencontre de
12:15ces patients.
12:16Et puis, vous dites voilà, moi, je veux être médecin généraliste parce que c'est ça
12:18qui m'intéresse.
12:19Est-ce que c'est ça que vous aviez en tête dès le début ou est-ce que c'est le parcours
12:22finalement qui vous y a mené ?
12:23Et bien, manifestement, je l'avais en tête dès le début.
12:27Pour quelles raisons ? J'ai du mal à y répondre, mais quand même, j'ai l'impression globalement
12:33que c'est ce qui m'a intéressé assez rapidement.
12:36Et puis, c'est encore ce qui, dans la pratique que j'ai aujourd'hui, qu'on a dans l'endroit
12:42où je travaille, qui est encore au centre de la démarche, c'est-à-dire la relation
12:46avec les gens globalement.
12:47On entend aussi vos questionnements sur la place de la médecine dans la société.
12:52Et je voudrais vous faire écouter un autre extrait du film, là, qui se situe plutôt
12:56à la fin de vos études.
12:57Notre taf, la santé, la santé physique, ça va, ça marche.
13:01Il y a des hostos, il y a des méga-pôles techniques, il y a un matos pas possible et
13:05tout ça, ça marche.
13:06Mais si on voulait avoir une meilleure santé, c'est des politiques sociales de santé qu'il
13:09faudrait.
13:10Les pauvres sont plus malades, tu vois, il n'y a pas de débat sur cette question-là.
13:14Il y a un cynisme parce qu'à la fois, ça se sait, mais à la fois, ça ne se dit pas
13:18non plus.
13:19Les facteurs sociaux de santé, ce n'est pas un truc qu'on apprend.
13:22La réponse, Angèle Passe, ça a été de s'engager dans une médecine sociale.
13:26C'était ça, vous vous êtes dit il faut que j'aille vers ça pour répondre à ces
13:29questions-là.
13:30Ce n'est pas aussi raisonné que ça, c'était moi dans le développement de ma pensée au
13:36travers des années.
13:37J'ai quand même commencé à me dire il y a des endroits où c'est plus utile de bosser
13:41que d'autres.
13:42Ça a commencé comme ça.
13:43Et puis c'est après, j'ai eu la chance de tomber dans un endroit où je travaille
13:46actuellement, le château en santé, qui est assez incroyable et où j'ai appris un peu
13:51à rationaliser un peu plus cette pensée, qu'à Marseille, et disons à s'attaquer
13:58un peu plus à la question des inégalités sociales de santé et comment la santé est
14:02impactée par l'environnement social dans lequel on est.
14:05C'était ça aussi, j'imagine, la toile de fond, Antoine Pache, du film, c'était de
14:11faire un portrait intime, bien sûr, mais aussi un état des lieux peut-être du système
14:15de santé.
14:16Oui, c'est ce qu'au final le film montre.
14:19C'est vrai que je ne le savais pas vraiment au début parce que je n'avais aucune notion
14:21de ce qu'il se passait d'avoir autant de stages, j'ai fait peut-être une quinzaine
14:24de stages, et puis c'est vrai que le château en santé fonctionne complètement différemment
14:29de l'hôpital.
14:30C'était assez passionnant.
14:31Moi, je découvre, je suis le premier spectateur de tout ça.
14:32Vous avez été obligé de suivre les choix de votre frère, le film aurait pu prendre
14:36mille directions différentes.
14:37Un dernier mot peut-être justement sur la spécificité de la structure dans laquelle
14:40vous travaillez ?
14:41Un dernier mot, c'est complexe, on pourrait en parler des heures.
14:45Non, une spécificité rapide, c'est qu'on a tendance à essayer de s'intéresser à
14:50la globalité des éléments qui vont impacter la santé de quelqu'un.
14:54Ce qui correspond à beaucoup plus que la médecine qu'on considère actuellement.
14:57Le logement, les études, l'éducation, le taf, les revenus, etc.
15:02On pourrait en faire un documentaire.
15:04Voilà, un nouveau projet pour votre frère peut-être.
15:07Dernière question, parce que c'est vraiment une question de curiosité, combien d'heures
15:11vous avez tourné, combien d'heures vous avez visionné pour arriver à ce résultat ?
15:14Je dirais 350.
15:16350 pour une heure ?
15:18Une heure cinquante, six mois de montage.
15:21Gros travail, gros travail des deux côtés de la caméra pour faire ce film qui s'appelle
15:27« Tout Bib », 12 ans dans la vie d'un étudiant en médecine qui va sortir dans les salles
15:32à la fin du mois d'août.
15:33Mais il y a des séances en avant-première un peu partout en France, dès ce soir à
15:36Paris je crois.
15:37Où est-ce qu'on peut trouver les infos ?
15:38Sur le site de la maison du directeur.
15:40Voilà, lamaisondudirecteur.fr si je ne me trompe pas.
15:43Merci à tous les deux, Antoine et Angèle Page d'être passées dans le studio du 13-14.