Maïa Mazaurette veut promouvoir une sexualité libre et joyeuse - C lhebdo 18 janvier 2020

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Maïa Mazaurette est une chroniqueuse et autrice qui aborde les questions de sexualité de manière ouverte et décomplexée. Voici les principaux éléments concernant sa vision d'une sexualité libre et joyeuse :
Une approche positive de la sexualité
Maïa Mazaurette cherche à promouvoir une vision positive et décomplexée de la sexualité. Elle souhaite que l'on puisse en parler aussi librement que d'autres sujets comme la cuisine par exemple.
Casser les stéréotypes
Son ambition est de casser les stéréotypes liés à la sexualité, notamment en ce qui concerne le plaisir féminin. Elle veut repenser la façon dont on aborde la sexualité dans la société.
Utilisation de l'humour
Elle utilise beaucoup l'humour dans son approche, pour dédramatiser le sujet et le rendre plus accessible. Elle prend souvent le contrepied des conseils sexuels habituels.
Vocabulaire adapté
Maïa Mazaurette insiste sur l'importance de choisir les bons mots pour parler de sexualité, en évitant à la fois le vocabulaire trop scientifique, grossier ou enfantin.
Ouverture d'esprit
Elle prône une vision ouverte de la sexualité, où chacun peut trouver son bonheur à sa manière, sans jugement, tant que tout se fait dans le consentement mutuel. En résumé, Maïa Mazaurette milite pour une sexualité décomplexée, joyeuse et épanouissante, abordée sans tabous ni préjugés, dans le respect de chacun.
Transcript
00:00C'est l'hebdo, la suite, avec toute la bande et un sujet qui passionne, qui intéresse tout le monde, absolument tout le monde et pas seulement autour de cette table.
00:08Je suis sûr que chez vous aussi, ça va vous intéresser.
00:11Comment vivre une sexualité épanouie, une sexualité libérée, une sexualité joyeuse ?
00:17Une femme explore depuis des années les pratiques, les fantasmes autour de la question.
00:21Elle s'attaque aussi aux idées reçues et elle nous accompagne dans la recherche du plaisir, dans des livres passionnants.
00:28Le sexe, selon Maya, est sortir du trou, lever la tête de couverture et on va comprendre pourquoi.
00:36Elle est chroniqueuse pour le journal Le Monde, Maya Mazorette est l'invitée de la suite de ce libre d'eau.
00:46Bonsoir Maya et bienvenue, ravie de vous recevoir.
00:51Comment vous présentez ? Sexperte ?
00:54Oui, c'est ça, c'est un espèce de néologisme bizarre où il y a sexe et il y a experte.
00:59Et puis c'est vrai que ça fait 15 ans maintenant que je fais ce métier, donc je lis des statistiques, je parle aux gens, je lis des livres.
01:04Oui, oui, oui, oui, et donc j'ai fini par accepter que j'étais effectivement une sexperte.
01:09Et pour donner un point de comparaison, vous vous comparez à un critique gastronomique ?
01:13Oui, tout à fait, bien sûr, mais parce qu'il y a des choses à savoir, parce qu'effectivement,
01:18Ah là là, mais j'aimerais tellement, non, non, mais vous plaisantez, mais moi, je ne plaisante pas du tout.
01:21J'aimerais bien sûr qu'il y ait des barèmes comme ça, une espèce de guide avec du sexe 3 étoiles, 5 étoiles, non, ce serait chouette.
01:28C'est vrai, ce serait pas mal, puisque de toute façon, 3 étoiles, c'est le maximum.
01:32C'est vrai ?
01:33Bah, le guide Michelin, oui, vous avez rendu votre troisième étoile.
01:37Parlez pas comme ça.
01:39Non, mais le guide Michelin, c'est 3 étoiles.
01:41Oui, oui, c'est vrai, absolument.
01:435 étoiles, ça n'existe pas.
01:44Ah bon ?
01:45Sur TripAdvisor.
01:46Oui.
01:47Ah d'accord, oui.
01:48Je plaisante, mais en l'occurrence, vous parlez de sexe de manière à la fois joyeuse, à la fois décomplexée, à la fois accessible,
01:56et dans un espace qui est assez particulier, le journal Le Monde, c'est le dernier endroit où on s'attendrait à lire des chroniques sur ces questions-là.
02:04Oui, et ça fait 4 ans et demi que je fais ça pour eux, et j'étais vraiment absolument ravie de commencer à travailler pour Le Monde, parce que...
02:09Jean-Michel y a travaillé.
02:11Bah voilà.
02:11Mais il écrivait sur autre chose.
02:12J'écrivais sur autre chose, mais je ne suis pas étonné qu'au Monde, on parle aussi de sexe.
02:17Oui.
02:18Bah non ?
02:18Oui, ceci dit, ce n'est pas évident. Je travaille aussi pour le Temps en Suisse, et ils ont eu quelques lecteurs électrices qui ont envoyé des lettres pour dire qu'il ne fallait pas parler de sexe,
02:24parce que le sexe n'était pas un sujet légitime.
02:26Et en l'occurrence, effectivement, dans le quotidien, on parle de transport, de parentalité, de gastronomie. Pourquoi est-ce qu'on ne parlerait pas de sexe avec le même naturel que les autres sujets ?
02:36Il y a beaucoup d'humour dans vos chroniques, et c'est une manière de dédramatiser la question.
02:41Je crois que c'est ma personnalité, en fait.
02:43C'est ça ?
02:43Moi, ça m'amuse profondément, donc je ne vais pas essayer de faire semblant d'être une personne sinistre.
02:46Non, parce que pour beaucoup, le sexe, ça peut être une question honteuse, ça peut être une question qui embarrasse, ça peut être aussi une question sérieuse.
02:53Beaucoup font l'amour sans rigoler.
02:56Et l'humour peut aussi être une manière, finalement, d'éviter les questions.
02:58Visiblement pas, Émilie.
02:59Des fois.
03:01En train de faire l'amour.
03:02C'est vrai.
03:03Et on voit aussi que l'humour peut être utilisé pour évacuer des questions qui, des fois, sont un petit peu sérieuses dans la sexualité.
03:08Donc, c'est une question d'équilibre à conserver entre, des fois, des faits, des choses plus philosophiques, économiques, sociologiques.
03:14Et puis, effectivement, un peu de sens de l'humour pour faire passer la pilule.
03:17Oui, et puis, les questions très techniques, en l'occurrence, ou des questions, justement, qui permettent d'accompagner vos lecteurs dans la recherche du plaisir.
03:25Et ça passe par apprendre à solliciter les testicules.
03:28Ça passe par des réflexions plus philosophiques.
03:30Vous venez de le dire à l'instant, quand vous vous demandez, par exemple, si le désir sexuel peut se passer de transgression.
03:37Exactement, et c'est vachement intéressant ce que vous disiez sur les questions techniques, parce qu'on a l'impression, en sexualité, que, des fois,
03:42s'il y a une bonne alchimie, ça va suffire.
03:44S'il y a de l'amour, la nature va se charger de tout.
03:47Non, bien sûr qu'il y a des choses à savoir.
03:48Et bien sûr que moi, ça m'intéresse de parler de technique.
03:50Et vous répondez donc à des questions que beaucoup de gens se posent, secrètement ou pas.
03:55Et pourtant, vous faites un aveu.
03:57Vous n'avez aucune vérité transcendantale sur le sexe.
04:00Non, surtout pas.
04:01Surtout pas, parce que souvent, en fait, la sexualité, c'est un sujet qui rend les gens tellement vulnérables qu'ils ont besoin d'entendre une espèce de vérité.
04:07Comme ça, qu'ils tomberaient du ciel.
04:08Alors non, même en étant sexperte, je n'ai pas la vérité.
04:11Mais par contre, j'ai la chance de pouvoir, à travers mon travail, me poser plein de questions, d'écouter des réponses différentes
04:16et puis d'essayer de proposer quelque chose, moi, que je défends là dans les livres, qui est une sexualité lumineuse, solaire, joyeuse.
04:22Joyeuse, ludique aussi.
04:24Quand on est sexperte et que c'est son métier, est-ce qu'il n'y a pas aussi une pression, je ne sais pas, avec vos conjoints, les hommes que vous rencontrez ?
04:30Personne n'a moins de succès sexuel qu'une sexperte.
04:33Non, mais personne ne veut coucher avec une sexperte.
04:35On est absolument d'accord.
04:37Voilà, ma catharsis, c'est d'écrire des livres.
04:39Non, mais on n'y fera pas une seconde.
04:41En l'occurrence, c'est vrai que quand vous parlez de complexe, Maïa, vous attaquez par exemple à l'une des plus vieilles idées reçues sur le sexe
04:49et qui complexe autant d'hommes qu'il y a d'hommes sur la planète et c'est d'ailleurs la taille moyenne d'un pénis en érection, par exemple.
04:57Tout à fait, on peut en parler ?
04:59Bien évidemment.
05:00Alors, selon le King's College de Londres de 2015, le pénis en érection fait 13,5 centimètres, au repos, 9,6 centimètres.
05:08Donc, je pense que ça va décomplexer plein de personnes qui nous écoutent en ce moment.
05:11Parce qu'on imagine toujours une canette de Pékin, ce n'est pas ça.
05:15J'étais en train de faire un geste un peu...
05:18Très expressif en tout cas et qui permet de comprendre.
05:20Non, mais surtout quand on le rapporte à la profondeur d'un vagin, par exemple.
05:24Alors exactement, plutôt entre 10 et 12 centimètres pour la profondeur d'un vagin.
05:27Mais il faudrait aussi se poser la question de la taille du clitoris, dont on ne parle jamais.
05:30Donc, c'est aussi avec les pieds du clitoris, 12 centimètres et puis pour la partie émergée, 0,7 centimètres.
05:37Donc, le petit bouton qu'on voit, c'est vraiment l'arbre qui cache la forêt.
05:41Oui, ou l'iceberg, ou je ne sais pas quelle métaphore on pourrait employer.
05:46Le bouton qui cache les racines.
05:47Mais il y a un titre de chronique qui va intéresser beaucoup, beaucoup, beaucoup de lecteurs et de lectrices également.
05:55C'est « Comment faire jouir une femme ? ».
05:57Vous dites que c'est une science qui est quasiment exacte.
05:59C'est-à-dire que moi, je m'appuie sur des scientifiques, en l'occurrence,
06:03qui ont été demandés à des femmes à quel point elles ont des orgasmes selon les différentes pratiques qui sont faites.
06:07Donc, le fait que, par exemple, une stimulation purement vaginale, une pénétration basique,
06:12ne fait jouir qu'une minorité de femmes, entre 25 et 30 % des femmes selon les sondages,
06:16ça, on sait depuis un moment.
06:17Mais par contre, si on cumule une pénétration vaginale, une stimulation du clitoris
06:21et puis le fait de s'embrasser et d'être bien ensemble, alors là, on monte à 86 %,
06:25c'est-à-dire que les femmes rattrapent les scores des hommes.
06:28Alors, pourquoi est-ce que la pénétration reste la norme dans les relations hétérosexuelles, par exemple ?
06:34Parce que je pense qu'on a beaucoup confondu le rapport reproductif et le rapport sexuel.
06:39Et d'ailleurs, c'est marrant parce que quand on parle de la fameuse révolution sexuelle de la génération de mes parents,
06:44c'est plutôt une révolution de la reproduction.
06:46Donc, alors qu'on n'essaye plus forcément de faire des bébés,
06:48on continue d'utiliser un espèce de rapport sexuel comme ça, unique,
06:52qui est celui qui sert à faire des enfants, et il n'y a aucune raison.
06:54Maya, est-ce que ce n'est pas aussi qu'on s'intéresse depuis très peu de temps finalement aux plaisirs féminins ?
06:58Ce n'est pas une question qui était sur la table ?
07:00Absolument, je suis complètement d'accord avec ça, mais il y a aussi une question de plaisir masculin.
07:05Bien sûr, c'est plus facile de faire jouer une femme autrement,
07:06mais il y a aussi des choses qui donnent plus de plaisir aux hommes que la pénétration purement vaginale,
07:10et ça non plus, on n'en parle pas.
07:11Il n'y a pas un rapport de domination, justement, avec la pénétration, quand même ?
07:14Alors, ça dépend comment est-ce qu'on visualise la pénétration,
07:16parce que souvent, on associe le fait de recevoir un pénis
07:19avec le fait d'être soumise, passive, réceptive,
07:23et puis ce n'est pas des valeurs qui font vraiment rêver,
07:25alors qu'on pourrait dire que recevoir un pénis, un doigt, peu importe,
07:29ça demande aussi de la compétence, ça demande de la musculature,
07:31ça demande de bien se connaître, ça demande de l'attention à l'autre.
07:34Donc, il y a aussi tout un discours comme ça, socialement construit,
07:36de dire que quelque part, c'est mieux d'être au-dessus.
07:38Qu'est-ce que ça veut dire exactement, être au-dessus ?
07:40Comment ça se fait qu'on parle de prendre les femmes,
07:42alors que c'est quand même toujours les hommes dans un rapport hétérosexuel qui sont pris,
07:45enfin littéralement, dans le sens du dictionnaire ?
07:47Donc, il y a plein de choses comme ça qu'on répète et qu'il faudrait déconstruire,
07:50et puis, voilà, la révolution est en marche.
07:53Et vous le faites d'ailleurs, je le disais, de manière assez éclairante et joyeuse,
07:56en comparant par exemple la pénétration au McDo du sexe.
08:00Oui, bien sûr.
08:00Ils forcent les femmes à y aller toute leur vie, même si elles n'aiment pas ça pour le coup,
08:04et les hommes se convaincent qu'ils aiment ça, évidemment.
08:08Mais en changeant de McDo pour aller au Quick...
08:11Oui, parce qu'en fait, on nous présente comme le rapport sexuel...
08:14Ça fait rire Antoine, mais...
08:15Non, c'est l'image, ça m'intéresse.
08:18C'est vrai que quand on parle du rapport sexuel, déjà, on a tendance à l'écrire au singulier,
08:22et c'est plutôt ça.
08:24Alors qu'on pourrait imaginer des masturbations partagées,
08:26alors qu'on pourrait utiliser des costumes, des sex toys, des massages,
08:29il y a plein de choses à faire.
08:30Et c'est sûr qu'ensuite, les gens viennent se plaindre d'avoir fait le tour de la sexualité,
08:35de s'ennuyer un peu en couple, mais si on fait toujours la même chose,
08:37comment ne pas s'ennuyer ?
08:38Et si on mange au McDo tous les jours, évidemment qu'on va s'ennuyer.
08:41Le répertoire érotique, ça ne se limite pas à ce qu'on peut voir sur les sites pornos
08:45et aux pratiques les plus extrêmes.
08:46Exactement, c'est-à-dire qu'il y a un petit peu une espèce d'alternative
08:49qui est très problématique, qui est soit on fait le missionnaire du samedi soir en couple,
08:53et c'est toujours le même, soit ensuite on fait des pratiques un petit peu extrêmes,
08:56soit on s'inspire de la pornographie, et on va sur des pratiques qui ne sont pas mauvaises en soi,
09:00qui sont très intéressantes, mais qui sont désagréables,
09:03et qui généralement sont désagréables pour les femmes,
09:05qui sont fondées sur la peur, la douleur, l'humiliation, la contrainte.
09:09Et je n'ai pas de problème moral par rapport à ça, par contre, ce n'est pas pour tout le monde.
09:13Peut-être que quand on est une jeune personne qui commence sa sexualité,
09:16c'est difficile d'appréhender ces émotions-là,
09:18peut-être que ce n'est pas toujours les femmes qui devraient subir ce genre de choses.
09:20Et donc, j'essaie de sortir de l'alternative entre la douleur et l'ennui,
09:24en proposant des pratiques qui ne font jamais mal et qui ne sont pas ennuyeuses.
09:27Eva ?
09:28Oui, on parlait de l'usage de la pornographie,
09:30parce que c'est vrai que c'est un débat que vous évoquez notamment dans plusieurs chroniques.
09:36L'influence du porno sur nos pratiques sexuelles,
09:38qui se mesure, figurez-vous, au nombre de décibels, si on vous en croit.
09:42Parce qu'alors que dans nos lits, de longs plages de silence sont fréquentes,
09:46et tant mieux pour les voisins d'ailleurs,
09:47dans les films porno, l'atmosphère est saturée de cris, de gémissements.
09:50D'ailleurs, le temps de parole est inverse, vous dites, à celui des débats politiques.
09:54Les femmes, écoutez bien, Jean-Michel s'exprime 2 à 8 fois plus que les hommes dans les vidéos porno.
09:58Donc, ce n'est pas comme en politique.
10:00Est-ce qu'il faut se méfier du partenaire qui crie un peu trop fort, et un peu trop ?
10:04C'est compliqué parce que tous les orgasmes, en fait, sont socialement construits.
10:07On a l'impression qu'on exprime une espèce de naturalité absolue quand on est au lit.
10:12Et ce n'est pas vrai. Et pour vous donner un petit exemple...
10:14Tout le monde simule.
10:15Alors, les deux tiers des femmes et un quart des hommes.
10:19Mais, par exemple, sur quelque chose d'aussi intangible comme ça que l'orgasme,
10:24on voit que ce n'est pas les mêmes visages qu'on fait en Occident et en Orient.
10:27Donc, en Chine, ce n'est pas les mêmes expressions faciales pendant l'orgasme.
10:30Donc, quand on parle des questions comme ça de bruit, de cris, de gémissements,
10:33on voit bien qu'évidemment, on est influencé, pas seulement par la pornographie,
10:36mais aussi par les films hollywoodiens, éventuellement par les voisins, si les murs sont fins.
10:40Donc, il y a en fait une espèce de signature à trouver pour chacun qui est
10:44« qu'est-ce qui, moi, me convient ? »
10:45Parce qu'éventuellement, c'est vrai que faire du bruit, ça peut se motiver soi-même.
10:48Oui, c'est un désir de performance aussi, non ?
10:50Oui, c'est un désir de performance, mais ça peut aussi être une libération, je pense, aux hommes
10:54qui, parfois, ont le sentiment que leur masculinité va passer par le fait d'avoir un peu la poker face,
10:59par le fait d'être très silencieux, d'être...
11:02Et de pouvoir se dire « au contraire, moi, je suis un homme et je me libère et je crie et je jouis.
11:06Oui, j'aimerais bien, moi, avoir des partenaires masculins plus expressifs. »
11:09Est-ce qu'il y a des tabous sur la sexualité encore aujourd'hui, au XXIe siècle ?
11:14Oui, la réponse est évidemment oui.
11:16Lesquels ?
11:17Je pense sur le plaisir masculin.
11:19Il y a énormément de choses qui sont à déconstruire,
11:20parce que là, on a beaucoup parlé des femmes depuis les dix dernières années.
11:23Et c'était chouette de faire un espèce de gros rattrapage en disant « oh, il y a le clitoris aussi ».
11:27Mais sur les hommes, pour qu'eux, on puisse parler de leur dignité,
11:31pour qu'ils ne soient pas toujours en train de prendre toute l'initiative.
11:33Et du coup, des fois, d'avoir l'impression d'être la personne en demande,
11:36c'est très désagréable d'être en demande.
11:38Et puis, le plaisir des hommes intérieurs avec la prostate, dont on parle très peu,
11:43qui est quelque chose qui marche très bien, qui ne demande pas des compétences formidables,
11:45c'est très facile à faire.
11:47Et ça donne aux hommes des super orgasmes qui sont plus longs, plus intenses, plus profonds.
11:51Et on est, sur les chiffres français, à 22% d'hommes et de femmes qui ont essayé.
11:56Et on se dit, s'il y a quelque chose qui marche très bien,
11:57c'est bizarre qu'il y ait autant de barrières, alors culturelles, psychologiques,
12:00des espèces de blocages comme ça, alors que ça marche.
12:03La révolution est encore à venir.
12:05Ah mais oui, mais je suis en train de la faire.
12:07Et vous aussi, d'ailleurs.
12:08Et en l'occurrence, oui, vous entraînez beaucoup de gens avec vous.
12:11Il y a aussi le tabou de la sexualité des seigneurs.
12:13On a retrouvé une archive, elle va peut-être vous amuser, regardez.
12:17Pour vous, c'est aussi bien qu'avant ?
12:18Ah oui, pourquoi pas ? C'est peut-être moins souvent.
12:23On a des fantasmes, des rêves érotiques, ça vous arrive, vous, de répéter ?
12:25Oui, oui, oui, c'est arrivé, ça.
12:28Mais ce sont des vieux souvenirs.
12:30Enfin, des souvenirs qui reviennent quand même.
12:32Et c'est ça qui vous donne un peu d'ardeur.
12:34Si je vois un film pornogé, mon dieu,
12:36là, c'est quand même, je régale la fille.
12:38C'est quand même pas dégueulasse.
12:40Ça peut aller jusqu'où, ces relations ?
12:42Ça peut aller jusqu'à la terminaison.
12:45Je ne crois pas, il faut chercher la fin, il faut la trouver.
12:48Les occasions que je peux avoir, moi, je ne les loupe pas.
12:54Il faut en profiter, il faut encore des jeunes.
12:58Ils sont drôles.
12:58Ils sont drôles, mais qu'est-ce que ça vous inspire ?
13:01Ah, plein de choses.
13:02Déjà que malheureusement, les chercheurs ont tendance
13:04à arrêter les études sexuelles à 80 ans,
13:06alors qu'il y a de plus en plus de personnes qui dépassent cet âge canonique.
13:10Et que grâce à la chimie, on peut faire l'amour de plus en plus tard.
13:13Et même sans chimie, parce qu'on n'est pas obligé de faire la pénétration.
13:16Donc, on n'a pas forcément besoin d'une érection pour un rapport sexuel.
13:19Et je pense que le défi suivant pour la sexualité senior
13:21va consister à érotiser les corps de plus de 25 ans.
13:25On ne parlera pas d'un chroniqueur littéraire.
13:28Non.
13:28Voilà, on n'en parlera pas.
13:29Mais je pense qu'on manque de représentations de femmes et d'hommes
13:33de plus de 50 ans qui soient désirables.
13:35Avoir comme ça des corps avec plein de choses qui passent,
13:37avec le fait qu'évidemment, les masses de graisse, de muscles se déplacent
13:41avec d'un seul coup, les tendons, les veines qui apparaissent,
13:43les textures de peau qui sont vraiment intéressantes, qui sont vraiment touchantes.
13:46Et ça, c'est un potentiel artistique qui est complètement sous-exploité.
13:49Ça me scandalise.
13:50Donc, j'invite les artistes, les plasticiens à s'emparer du corps des seniors
13:56pour créer une érotique dont tout le monde aura besoin dans quelques années.
14:00Alors moi, Maya, j'ai beaucoup aimé votre lettre à un jeune
14:03qui commence sa vie sexuelle.
14:04Et ce conseil, l'asexualité ne devrait pas être perçue comme un point fixe,
14:08mais comme une trajectoire.
14:09Nos envies peuvent évoluer tout au long de notre vie.
14:11Et c'est une bonne chose de savoir l'écouter.
14:13Alors, vous produisez surtout ce rappel.
14:15Tu peux t'être digne dans un monastère ou à quatre pattes,
14:18à condition d'y consentir et d'avoir réfléchi aux raisons de ton consentement.
14:23Il faut écouter ses envies et les assouvir sans honte,
14:26sans peur du jugement des autres, c'est ça ?
14:28Oui, ce qui est plus facile à dire qu'à faire, évidemment.
14:31Mais j'étais vraiment très contente de pouvoir parler comme ça
14:33à des personnes qui commencent leur vie sexuelle,
14:34parce qu'il y a un truc de passage à l'âge adulte
14:37qui est très lié à l'entrée dans la sexualité.
14:39On a l'impression que si on a fait l'amour
14:41et puis si on l'a fait de telle ou telle manière,
14:43alors à ce moment-là, quelque part, on a gagné son émancipation.
14:46Et il y a une tendance à vouloir se conformer au père,
14:50à vouloir se conformer à une performance un peu pornographique
14:52qui est très, très problématique.
14:55Et c'est vrai que dans l'éducation sexuelle,
14:57j'ai tendance à dire faire attention à soi d'abord,
14:59se demander quelles sont ses propres règles.
15:01Et c'est valable, évidemment, pendant toute la vie,
15:03parce qu'on a le sentiment, quand on est très jeune comme ça,
15:06de dire voilà, il faut passer cette étape, il faut savoir ce qu'on fait.
15:08Oui, parce qu'il y a des habitudes culturelles,
15:10il y a des choses qui se transmettent même de manière quasiment inconsciente.
15:13Tout à fait. Et j'espère qu'on ne fait pas l'amour de la même manière
15:1617 ans, 6 mois quand on commence la vie sexuelle,
15:19à 25, à 45 et à 85 ans et à 115 ans aussi.
15:22On ne cesse de s'améliorer ?
15:24Oui, normalement oui.
15:25Chez les femmes notamment, la satisfaction sexuelle augmente avec le temps.
15:28Et il y a même des booms comme ça qui apparaissent
15:30après l'âge de la retraite et de la ménopause.
15:31Donc c'est vraiment intéressant de voir qu'au moment
15:33où on voudrait dire voilà, clac, date de péremption pour les femmes,
15:36il y a aussi des femmes qui fleurissent comme ça
15:38et qui s'épanouissent incroyablement.
15:40Je trouve ça vraiment incroyable de se dire que
15:43c'est quelque chose qui nous accompagnera pendant toute notre vie.
15:45Et j'espère avec beaucoup de plaisir.
15:47Expliquez-nous, il y a le sexe selon Maya, au-delà des idées reçues,
15:50qui recueille des chroniques.
15:52Et puis il y a ce livre, Levez la tête,
15:55et qu'on peut tourner de l'autre côté, sortir du trou.
15:58Pourquoi ce principe de double couverture ?
16:01Parce qu'en fait, il y a deux textes en un.
16:04Donc dans la première moitié, sorcier du trou,
16:06je parle un peu des problèmes qui sont liés à une sexualité
16:08qui est perçue comme quasiment uniquement pénétrative aujourd'hui.
16:12Et de l'autre côté, les solutions pour faire autre chose dans sa vie sexuelle,
16:15pour trouver comme ça des alternatives un peu joyeuses
16:18plutôt que de rester dans cette chose ennui, douleur
16:20que je décrivais un peu plus tôt.
16:21Je ne suis pas un trou, par exemple, c'est la première partie.
16:25La deuxième, c'est l'émancipation
16:27et essayer de se libérer aussi de tout un tas d'imaginaires qu'on nous impose.
16:32Et c'est assez passionnant en tout cas.
16:33Maïa, vous restez avec nous tout de suite.
16:34Le plateau télé, Eva.

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