"C’est une orientation sexuelle, pas une pathologie ou un traumatisme" : Anna Mangeot, autrice du livre "Asexuelle"

  • il y a 4 mois
L’asexualité a fait l'objet d'un sondage mené par l'IFOP, publié en février 2024. L'étude indique que 12% des Françaises et Français se définissent comme asexuel·le·s. Anna Mangeot, autrice du livre "Asexuelle: Itinéraire intime et bouleversant d'une femme qui aime sans faire l'amour", aux éditions Larousse, en fait partie. Pour Yahoo, elle parle de son expérience et revient sur les nombreuses idées reçues autour de l'asexualité, présentée par certains comme "la nouvelle dérive de l'humanité". 

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Transcript
00:00 Très souvent, on imagine que les personnes asexuelles sont des personnes qui n'ont aucune vie sociale,
00:04 aucune expérience ou alors des traumatismes,
00:07 ce sont des gens un petit peu ennuyeux, pas forcément très jolis,
00:10 ce sont des personnes qui ne veulent pas d'enfants, pas fonder de famille ou qui ne peuvent pas être en couple.
00:14 L'asexualité, c'est une orientation sexuelle, comme toutes les autres,
00:20 à la différence que nous, nous ne sommes attirés par aucun genre ou dans des circonstances très particulières.
00:25 Il y a une étude qui est sortie au sujet de la sexualité des Français
00:29 et il y était mentionné l'asexualité, à l'apostrophe asexualité,
00:33 décrétant que 12% des Français se considéraient eux-mêmes comme étant asexuels.
00:39 À la lecture de ce sondage, les médias et pas mal de gens s'en sont emparés en parlant de régression sexuelle,
00:45 du fait que du coup les Français feraient de moins en moins l'amour.
00:49 On pourrait voir l'asexualité comme une des raisons à ça, comme une nouvelle dérive de l'humanité,
00:55 alors qu'en réalité, non, je pense que c'est deux choses qui sont complètement décorrélées.
00:59 D'un côté, on a un mot qui se démocratise, des gens qui se sentent légitimes à se clamer avec fierté asexuels,
01:06 à assumer qu'ils sont au grand jour,
01:08 et d'une autre, on a, je pense, quelque chose d'assez cyclique qui vient après les années 70, 80, 90, 2000,
01:15 qui fait qu'on va vers une sexualité qui est plus lente, mais aussi peut-être plus qualitative.
01:19 Très très très souvent, on dit que mon couple ne doit pas être très heureux, n'a pas forcément d'avenir,
01:25 parce qu'une relation amoureuse sans sexualité, c'est en définitive une relation sans avenir.
01:30 Moi, ça me fait doucement rire, parce que je pense qu'au contraire,
01:33 mon amoureux et moi, on partage une intimité qui n'a pas de communes mesures,
01:38 qui est faite de tout petits gestes, tout le temps.
01:41 On est fous l'un de l'autre, on est fous de l'odeur l'un de l'autre, du contact l'un de l'autre,
01:47 et on n'a pas forcément besoin que se déploie le rapport pénétrant au sein de notre couple.
01:53 On fait l'amour de plein de façons, et pour moi, passer trois heures dans les bras,
01:57 se serrer, se caresser le dos, la nuque, les cheveux, en respirant nos odeurs mutuelles,
02:01 c'est une façon de faire l'amour.
02:02 Je pense que les comportements qui me déplaisent le plus, ou qui me blessent le plus
02:06 quand j'en viens à parler de mon asexualité, c'est tout ce qui va être un peu culpabilisant,
02:11 un peu "ah, ma pauvre, tu sais vraiment pas ce que tu rates",
02:15 "ah, mais ton mec, il doit être tellement malheureux",
02:18 "ah, mais moi, je pourrais vraiment pas être à ta place".
02:21 En fait, quelque chose qui va constamment ramener ce que je suis à quelque chose de triste.
02:27 [Générique]

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