À l'occasion de la rentrée scolaire, Nicole Belloubet, ministre démissionnaire de l'Education nationale et de la jeunesse, revient sur les différents sujets de la rentrée et l'attente d'un nouveau gouvernement.
Retrouvez tous les entretiens de 8h20 sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien
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00:00Et avec Léa Salamé, nous recevons ce matin, dans le Grand Entretien, la ministre démissionnaire
00:05de l'Éducation Nationale.
00:06Questions et réactions au 01 45 24 7000 et sur l'application France Inter.
00:13Nicole Belloubet, bonjour, et bienvenue, il est de coutume en chaque rentrée scolaire
00:18de recevoir au micro de France Inter le ou la ministre de l'Éducation Nationale, coutume
00:25que nous maintenons ce matin, mais reconnaissez tout de même qu'il y a une forme d'incongruité
00:30à vous recevoir alors que vous êtes démissionnaire et que vous expédiez les affaires courantes.
00:37La situation pour vous, et plus généralement, est un poil baroque, non ?
00:42Juste avant de répondre à votre question, permettez-moi simplement de souhaiter une
00:46excellente rentrée à nos 12 millions d'élèves, à leurs parents, à nos professeurs et à
00:52l'ensemble de la communauté éducative.
00:55C'est fait et c'est nécessaire, je crois.
00:57Situation baroque, oui et non.
01:00Évidemment, nous sommes dans l'attente de la nomination d'un nouveau gouvernement
01:04et donc j'exerce mes fonctions de la manière qu'il s'y est pour la gestion des affaires
01:09courantes.
01:10Mais vous savez, franchement, je suis à ma tâche depuis plusieurs jours, plusieurs semaines
01:19bien sûr, mais plusieurs jours pour préparer cette rentrée scolaire.
01:22Les services de l'éducation nationale travaillent, les services académiques aussi et nous devons
01:27aujourd'hui accueillir nos 12 millions d'élèves.
01:29C'est quelque chose qui est incontournable.
01:31Donc nous sommes là.
01:32Et justement, vous êtes là aussi parce qu'il y a beaucoup de réformes qui ont été annoncées
01:36ces dernières semaines, ces derniers mois pour cette rentrée et on voulait savoir avec
01:40vous si ces réformes vont entrer en application ou si elles seront suspendues.
01:45On va venir réforme après réforme.
01:47Mais d'abord pour commencer, parce qu'il y a de l'incertitude, vous le savez, il y a
01:51de l'incertitude des parents d'élèves, des enseignants, des élèves eux-mêmes, notamment
01:55sur le brevet.
01:56Ils ne savent pas s'il y aura un brevet.
01:57On va y venir.
01:58Mais d'abord, s'il faut le brevet pour rentrer au lycée, on va y venir.
02:05Mais Emmanuel Macron a pris un engagement à l'été 2023.
02:08Il y aura un professeur dans chaque classe, avait-il dit.
02:12Cet engagement est-il tenu ce matin ? Y a-t-il ce matin un professeur dans chaque classe
02:16en France ?
02:17Nous faisons vraiment tout pour qu'il y ait un professeur devant chaque classe.
02:22Et très honnêtement, il y a énormément de situations qui sont complètement résolues.
02:27Je n'exclus pas que quelques cas ponctuels, soit parce qu'un professeur est malade depuis
02:33hier, soit parce que nous avons eu sur des disciplines très techniques une difficulté
02:38à recruter.
02:39Je n'exclus pas qu'ici et là, il y ait quelques professeurs absents.
02:42Mais dans l'immense majorité des situations, les professeurs sont là et c'est heureux.
02:47Vous avez remonté déjà des chiffres ?
02:48Oui bien sûr, nous les avons.
02:50Vous savez, nous travaillons depuis plusieurs mois, et je le redis, je salue toutes les
02:53équipes académiques et du ministère qui travaille, nous avons depuis des mois préparé
02:58cette rentrée.
02:59Et donc je suis en mesure de dire que dans l'immense majorité des cas, nous avons des
03:02professeurs devant les classes.
03:03Dimanche, Sophie Vénétité, la secrétaire générale du SNEF et FSU, disait au manque
03:08de professeurs, il n'y aura pas un professeur devant chaque classe à la rentrée, c'est
03:12une certitude.
03:13Elle le redit ce matin, elle évoquait plusieurs milliers de postes non pourvus lors des concours
03:21de recrutement de juin dernier, qui s'ajoutent aux postes non pourvus des années précédentes.
03:27Elle évoque 3000 postes non pourvus.
03:30Est-ce que c'est un chiffre que vous confirmez ou que vous démentez ?
03:33Je pense qu'il y a une petite confusion.
03:35Effectivement, il y a eu 3000 postes prévus pour les concours qui n'ont pas été pourvus.
03:41Mais depuis, nous avons travaillé et nous avons recruté, parfois depuis le 1er juin,
03:46des personnels contractuels qui ont suivi, pour certains d'entre eux, une formation
03:50qui leur permet d'être aujourd'hui armés devant les classes.
03:53Donc cette manière de répéter tout le temps « il y a 3000 postes non pourvus », elle
03:58ne veut rien dire.
03:59Elle se situe par rapport aux postes qui étaient prévus pour les concours et qui effectivement
04:04n'ont pas recruté.
04:05Mais aujourd'hui, nous avons évidemment comblé ces déficits.
04:09Vous redemandez ce matin que cette question du recrutement reste une priorité du prochain gouvernement.
04:14Renforcer l'attractivité du métier de professeur, et vous le savez, ça passe par la reconnaissance
04:20et ça passe par le salaire.
04:22Absolument.
04:23C'est vraiment pour moi la priorité des priorités du prochain ministre de l'Éducation
04:28nationale.
04:29La formation à la fois initiale, c'est-à-dire liée au recrutement, et la formation continue.
04:34Parce qu'on ne peut pas vivre 40 ans en étant professeur sans avoir des formations
04:39continues.
04:40Et donc pour moi, ces deux éléments sont indissociables, je le redis ici, et c'est
04:44une priorité absolue.
04:45Vous avez raison, l'attractivité c'est un point essentiel.
04:47D'autres pays d'Europe sont dans la même situation que nous, je le dis simplement
04:51par point de comparaison.
04:53Mais avoir proposé un concours à Bac plus 3, suivi de deux années de formation qui
04:59étaient rémunérées, qui sont professionnalisées, entre rémunérées à 1400 et 1800 euros,
05:04cela me semblait-il contribuer à l'attractivité.
05:06J'imagine que le prochain gouvernement reprendra ce dossier.
05:09Il y a une petite discordance, c'est un détail mais important, sur le budget 2025 de l'Éducation
05:14nationale.
05:15Il y aura un nouveau gouvernement qui va écrire un nouveau budget.
05:17Mais à l'heure où nous parlons, Gabriel Attal, démissionnaire, a affirmé dans ses
05:21lettres de plafond qu'il y aurait une augmentation de 900 millions du budget de l'Éducation
05:28nationale en 2025 par rapport à 2024.
05:30Mais vous, dans votre conférence de presse, on croit qu'il n'y aura pas d'augmentation
05:35ni de baisse.
05:36Je ne vais pas détailler ici devant vous des choses très techniques sur lesquelles
05:39nos auditeurs seraient perdus.
05:41Ce n'est pas l'objet.
05:42Je dis simplement que de mon point de vue, le budget de l'Éducation nationale doit
05:46être sanctuarisé parce que c'est un budget essentiellement de masse salariale, que cette
05:50masse salariale grossit chaque année, ce qui est bien logique avec les augmentations, etc.
05:56Et donc, nous avons besoin de moyens pour mener les politiques qui sont les nôtres
06:00et pour faire de l'Éducation nationale cette première priorité qui a été revendiquée
06:04par le Président de la République.
06:05Nicolas Demorand sur les réformes annoncées par votre prédécesseur Gabriel Attal et
06:10qui sont censées entrer en vigueur en cette rentrée, il y a de l'incertitude, Léa
06:16le disait il y a quelques instants.
06:17Il y a aussi des certitudes.
06:18Oui, mais on va commencer par lever les incertitudes.
06:21Les élèves, les parents pensent que l'obtention du brevet devient obligatoire pour le passage
06:27au lycée.
06:28Vous avez semblé revenir sur ce sujet lors de votre conférence de presse mardi dernier.
06:35Que répondez-vous à l'inquiétude, à l'angoisse des parents et des élèves ? Le brevet est-il
06:41obligatoire ou non pour entrer au lycée ?
06:44À ce stade, pas du tout.
06:46Je le redis clairement, les textes qui avaient été envisagés ont été gelés.
06:51Donc, au moment où je vous parle, le brevet n'est pas du tout obligatoire pour entrer
06:55au lycée.
06:56Et je pense, mais le prochain gouvernement le décidera, qu'il serait un peu tard aujourd'hui
07:03pour modifier cette situation pour un brevet qui va se passer dans quelques mois.
07:07Vous espérez que cette mesure annoncée par Gabriel Attal n'entre pas en vigueur sur
07:14cette année ?
07:15Il appartiendra au prochain gouvernement de décider ce qu'il en sera, mais cette année
07:18cela me semble un peu tard.
07:19Par ailleurs, cette année, je le redis ici, nous avons préparé des textes qui devraient
07:25être, eux, en revanche, qui devraient pouvoir être pris, qui modifient les modes de calcul
07:30du brevet, notamment en donnant un peu plus d'importance aux épreuves terminales qui
07:34compteront pour 60% de la note finale.
07:37Donc, à ce stade, ce que vous pouvez nous dire, c'est qu'un jeune, un élève qui
07:42n'a pas le brevet pourra quand même passer au lycée ?
07:45Je pense que ce sera le cas pour la rentrée prochaine, absolument.
07:48Autre réforme censée entrer en vigueur cette rentrée, les groupes de niveaux voulus par
07:52Gabriel Attal ?
07:53Non, les groupes de besoins.
07:54Vous appelez ça les groupes de besoins ?
07:55Non, mais ce n'est pas la même chose.
07:56Oui, enfin, ce n'est pas la même chose, mais c'est quand même un groupe à effectifs
07:59réduits avec des élèves en difficulté.
08:01Ce qui importe, moi je l'ai toujours dit, ce qui importe, c'est que nous aidions nos
08:06élèves dans l'apprentissage des matières fondamentales, les autres également, mais
08:10dans l'apprentissage des fondamentaux.
08:11Pour cela, tous les dispositifs que nous pouvons prendre pour aider les élèves, pour répondre
08:18à leurs besoins, sont des dispositifs pertinents.
08:20C'est la raison pour laquelle j'ai laissé un peu de pragmatisme aux établissements.
08:24Je leur ai dit, nous vous donnons des moyens, il y a en l'occurrence plus de 1500 postes
08:30qui ont été donnés, nous vous donnons des moyens et vous mettez en place des dispositifs
08:34pour prendre en charge les besoins des élèves.
08:37Et ces groupes qui sont constitués pourront l'être un peu différemment selon les établissements.
08:41Nous avons nous donné un schéma, mais si chaque établissement, en fonction de sa situation,
08:47le met en place de la manière qui lui convient, c'est tout à fait respectable.
08:50L'organisation choisie par les collèges varie beaucoup, vous le dites vous-même.
08:5320% des collèges ont reçu des postes supplémentaires, les autres doivent bricoler, disent-ils,
08:57en supprimant des options ou des demi-groupes en sciences.
09:00Il y a des situations très différentes et bricoler n'est pas toujours le mot, mais
09:04enfin, je l'entends.
09:05C'est ce qu'on a entendu dans certains reportages.
09:09Vous, ces groupes de besoins, vous les trouvez utiles ?
09:13Moi, je trouve que ce qui est utile, Mme Salamé, je le redis ici, c'est tout ce qui peut répondre
09:18aux besoins de nos élèves.
09:19Aujourd'hui, dans les classes, bien plus qu'à mon époque, ou même peut-être à
09:24la vôtre, les besoins des élèves sont différents.
09:27Nous prenons en charge des élèves extrêmement différents.
09:29Il faut pouvoir répondre à ces besoins différenciés.
09:32C'est donc des traitements différents dans des situations, mais qui ne doivent pas remettre
09:37en cause l'hétérogénéité.
09:38Et c'est évidemment des professeurs formés à la pédagogie différenciée.
09:41Nicole Belloubet, l'uniforme à l'école, vous n'en étiez pas une grande fan.
09:47C'est votre interprétation, mais vous aviez parlé de Faribault il y a quelques années.
09:54Seuls 90 établissements sur 50 000 vont finalement tester l'uniforme.
10:00Ça fait 0,13% des élèves.
10:03C'est cher également.
10:06Le Parisien, ce matin, donne le prix des uniformes pour différents établissements.
10:11130 000 euros à Levallois, 120 000 à Rueil-Malmaison, 70 000 à Besan.
10:16Beaucoup d'argent.
10:17Ils ne seraient pas mieux employés ailleurs.
10:18Nous avions fixé une somme de 200 euros par uniforme et par élève, prise en charge à
10:23moitié par l'État, moitié par les collectivités territoriales.
10:26Nous avons voulu expérimenter cela.
10:30Nous avions dit que nous aurions 100 établissements expérimentateurs.
10:33Il y en a 90.
10:35Cette expérimentation sera évaluée.
10:37Elle est intéressante sur le climat scolaire, sur l'égalité entre les jeunes.
10:41Je trouve que cela méritait vraiment d'être mise en œuvre.
10:45On va passer au Standard Inter.
10:47Nous attend Marc de Versailles.
10:49Bonjour Marc, bienvenue.
10:51Bonjour.
10:52On vous écoute ?
10:53Oui, voilà.
10:54Déjà, je voudrais saluer Mme Belloubet parce qu'elle m'écoute parler depuis un bon moment.
11:01On vous entend très mal Marc, on va essayer de vous rappeler parce que la ligne est vraiment
11:05de très mauvaise qualité.
11:07Passons à Bernard de Carcassonne.
11:10Bienvenue Bernard, bonjour.
11:12Bonjour, un chaleureux bonjour pour France Inter.
11:15Bonjour Madame la Ministre.
11:16Bonjour Monsieur.
11:17Voilà, j'aimerais soulever un problème.
11:20L'éducation nationale en France a une particularité, c'est devenue une machine à évaluer.
11:26Nous sommes dans ce pays obsédés par les évaluations, à tel point qu'on en oublie
11:32la mission principale qui est celle de transmettre des savoirs et surtout de donner du plaisir
11:38dans le fait d'apprendre.
11:40Alors, je suis étonné parce que j'ai une carrière qui me permet de porter ce jugement.
11:44Pendant des années, j'ai vu des élèves en lycée rentrer dans ma classe, beaucoup
11:50les larmes aux yeux quand il y avait eu des résultats d'un contrôle de maths ou alors
11:55stressés complètement avant d'aller à des contrôles de mathématiques, parfois de physique.
12:00Il ne s'agit pas d'opposer les matières, mais il s'agit de regarder cette réalité
12:04en face et de comprendre qu'on ne peut pas avoir de bons résultats avec des élèves
12:10quand on les stresse à ce point, quand on leur met une pression terrible.
12:14Ce n'est pas le rôle de l'éducation nationale.
12:16Si on veut faire la machine uniquement comme étant une grosse machine à évaluer, chemin
12:23qu'on a pris puisqu'on évalue même les tout petits maintenant, ça tourne au ridicule.
12:28Il faut remettre l'accent sur la transmission et le bonheur du savoir.
12:33Merci, merci Bernard.
12:36Transmission, bonheur du savoir et d'apprendre, Nicole Béloubet ?
12:40Oui, ce sont des mots que je partage, je parle du bien-être des élèves à l'école,
12:46pour autant je ne suis pas certaine que les évaluations, si on les présente comme des
12:52moments qui sont aussi peut-être des moments d'apprentissage, je ne suis pas certaine
12:57que les évaluations telles qu'elles sont conçues contribuent au stress de nos élèves.
13:02Je voudrais juste ici dire que ces évaluations pour moi ce sont des outils pédagogiques,
13:07c'est-à-dire que les professeurs évaluent leurs élèves dans les activités courantes,
13:12mais les évaluations nationales leur donnent des points de repère, des points de comparaison,
13:17leur permettent de mieux mettre en place les apprentissages dont les élèves ont besoin.
13:20Je les considère plutôt comme des outils qui servent aux enseignants.
13:24Autre expérimentation en cette rentrée, Nicole Béloubet, la pause numérique, comme
13:30vous le plaît, les portables, pause numérique expérimentée dans 200 collèges.
13:34D'abord, peut-être que vous pouvez nous expliquer comment ça va se passer, c'est-à-dire
13:38que les collégiens vont arriver et devoir déposer leur portable à l'entrée, le
13:43reprendre ? Pour ceux qui en ont, oui.
13:44Pour ceux qui en ont.
13:45L'idée n'est-ce pas que nous avons, il faut repartir du point de départ, l'idée
13:48que nous avons ça part de la question du harcèlement essentiellement, et on s'est
13:53aperçu que beaucoup de phénomènes de harcèlement venaient de l'utilisation du téléphone
13:57portable, y compris dans les établissements scolaires, bien que théoriquement ça soit
14:02interdit.
14:03Donc, nous nous sommes dit, avec les départements, puisque ce sont nos partenaires dans cette
14:09expérimentation, nous nous sommes dit qu'interdire l'usage de ces téléphones portables pendant
14:16les cours, bien sûr, mais aussi pendant les espaces entre les cours, à la récréation,
14:22ce pouvait être pertinent.
14:23Donc, l'idée, c'est que les élèves déposent leur téléphone portable quand ils
14:26en ont, en arrivant, peut-être certains viendront sans d'ailleurs, et que ces téléphones
14:31portables puissent être conservés, soit dans des casiers, soit dans des cartables
14:35qui seront laissés à la responsabilité de nos enseignants ou des personnels de vie
14:40scolaire.
14:41Il y a plusieurs schémas possibles, c'est la raison pour laquelle nous l'expérimentons
14:45pendant un certain temps.
14:46Question de Peggy, sur l'application Nanterre, sur cette question du portable.
14:50Bonjour, je suis enseignante ou en collège, et je me permets de rappeler que l'utilisation
14:53du portable est déjà interdite au collège et dans les écoles depuis la rentrée 2018.
14:57Mais alors, où est la nouveauté, vous demande-t-elle ? L'interdiction d'apporter un téléphone
15:00au collège ? Mais comment vérifier que les élèves n'en ont pas, puisqu'il est
15:03interdit de fouiller dans les cartables ?
15:05Non, mais absolument.
15:06Bien sûr qu'il y a déjà un texte qui l'interdit, ce que je dis, c'est que nous
15:09voulons effectivement que ces téléphones ne circulent pas pendant les espaces interstitiels
15:15des cours, et même pendant les cours.
15:16Et donc, nous demanderons ce dépôt de téléphone, et puis évidemment, s'ils le gardent dans
15:21le sac.
15:22C'est-à-dire, s'ils le gardent dans le sac, et si les enseignants ou les personnels
15:27de vie scolaire l'aperçoivent, et bien ils demanderont qu'il soit redéposé.
15:30Un mot sur la laïcité, on sait que le nombre d'atteintes à la laïcité à la rentrée
15:35dernière avait connu un bond après l'interdiction de la BAIA.
15:40Quels sont les derniers chiffres dont vous disposez ? Quant aux élèves radicalisés,
15:46Gabriel Attal avait promis des structures particulières, où sont-elles ?
15:49Vous parlez de deux choses différentes, n'est-ce pas ? Sur la question de la laïcité,
15:54vous le savez, l'école, ça doit être un lieu neutre, et c'est précisément cette
15:58neutralité qui permet la vie en commun, et la vie en commun apaisée.
16:02C'est la raison pour laquelle, vous le savez, face à la montée des atteintes à la laïcité,
16:09qui a eu lieu notamment en début d'année dernière, depuis cela a diminué, les faits
16:15antisémites ont augmenté, mais les atteintes à la laïcité stricto sensu n'ont pas augmenté.
16:21Nous avons mis en place toute une série de dispositifs que je ne reprends pas devant
16:24vous, notamment toutes les équipes qui interviennent auprès des établissements, etc.
16:29En tout cas, c'est tolérance zéro, et c'est absolument essentiel de faire cela.
16:33Sur la deuxième question que vous évoquez sur les élèves radicalisés, il y avait
16:39des textes qui étaient en préparation, qui sont prêts d'ailleurs, mais qui n'ont
16:43pas été adoptés, puisque nous sommes passés en affaire courante.
16:47Les cours d'empathie voulus par Gabriel Attal, on en est où ?
16:49Une expérimentation a eu lieu l'année dernière, et cela s'est généralisé dès cette année,
16:55parce que là aussi, nous considérons que c'est une manière d'apaiser le climat scolaire.
17:00Il y a des dispositifs, des kits empathiques qui sont donnés aux enseignants, des formations
17:06qui se déroulent.
17:07Je trouve que c'est vraiment intéressant, pour aller vers ce bien-être, d'en parler
17:11notre auditeur.
17:12Catherine nous appelle de Bordeaux.
17:13Bienvenue Catherine.
17:14Oui, merci.
17:15Bonjour Madame la Ministre.
17:16Bonjour à tous.
17:17Je voulais évoquer le problème de la formation des maîtres, et en particulier, les personnes
17:24qui, pour différentes raisons, ont choisi de se reconvertir dans le métier de l'enseignement
17:29pour devenir professeure des écoles.
17:31C'est le cas de notre fils, il a passé le concours et a été reçu au mois de juin.
17:35Il se retrouve ce matin devant une classe de CE1, CE2, sans aucune formation.
17:41Aucune préparation, si ce n'est deux jours de préparation à l'Institut de formation,
17:48et la bonne volonté des enseignants qu'il a pu rencontrer.
17:52Voilà.
17:53Que pensez-vous faire dans ce domaine ? Qu'en pensez-vous ?
17:55Merci Catherine.
17:56J'ajoute plusieurs questions d'auditeurs sur l'application d'Inter.
18:01Brigitte, ma fille, est contractuelle, a été embauchée au mois de juin.
18:05Elle n'a eu que deux jours de formation.
18:07Je trouve ça scandaleux.
18:09Caroline, vous dites que certains professeurs vacataires ont été formés.
18:13Combien de temps a duré cette formation ?
18:15Quid de celles et ceux qui ne l'ont pas suivie ?
18:19Je crois qu'aujourd'hui, il faut reconnaître qu'il y a plusieurs manières
18:23d'entrer dans le métier d'enseignant, ou en tout cas, plusieurs étapes.
18:26Comme dans beaucoup de carrières, aujourd'hui, on ne rentre plus forcément à 23 ans
18:30pour en sortir à 60 et quelques années.
18:33Il y a des gens qui entrent en milieu de carrière,
18:35et c'est très heureux pour l'éducation nationale,
18:37puisque ça fait une palette d'expérience.
18:39Tous ces personnels-là doivent être formés, bien entendu.
18:42Ce que je dis est incantatoire, mais pas seulement,
18:46puisqu'il y a des formations qui ont eu lieu.
18:49On l'a rappelé, pour les personnels contractuels qui ont été recrutés
18:52depuis le mois de juin, en principe, c'était au moins une semaine de formation.
18:55Je crois qu'il faut repenser ces débuts de carrière enseignantes
19:00lorsque nous entrons après une expérience professionnelle.
19:03C'est un point essentiel.
19:04Question de Charles, sur l'appli d'Inter.
19:05Bonjour, bientôt cinq ministres différents en deux ans. Est-ce sérieux ?
19:09On n'inflige pas ça à une entreprise ?
19:11Je crois que l'éducation nationale a besoin de continuité, de stabilité.
19:17C'est une institution du temps long,
19:19ce qui ne veut pas dire qu'elle ne supporte pas les évolutions,
19:22mais c'est vrai que c'est une institution qui, aujourd'hui,
19:25aurait besoin de stabilité et de continuité.
19:27Jean-Michel Blanquer vous a envoyé son livre, non ?
19:29Pas encore, mais je suis sûre qu'il va le faire.
19:31Et on l'a reçu, c'est ses mémoires de cinq ans en Macronier,
19:34et il déplore le turnover des ministres de l'éducation.
19:36Le Président aurait...
19:37Lui, il est resté quand même cinq ans.
19:40Il a marqué, d'ailleurs, sa réforme pour le lycée,
19:43le dédoublement des classes, de CP aux grandes sections, au CE1.
19:46Il a marqué son temps.
19:47Il regrette, d'ailleurs, dans son livre,
19:49qu'Emmanuel Macron ne vante pas davantage son bilan.
19:53C'est excessif.
19:54Moi, d'ailleurs, cet après-midi,
19:56je vais explicitement dans une école maternelle,
19:59en éducation prioritaire,
20:01où il y a des dédoublements,
20:02pour montrer que c'est quelque chose qui réussit.
20:05Et qu'il faut, évidemment,
20:06prolonger avec, toujours pareil,
20:08la nécessité d'un enseignement adapté.
20:11Emmanuel Macron avait, pendant la campagne présidentielle 2022,
20:15regretté, notamment, la sortie des maths du tronc commun,
20:19expliqué qu'il y avait des problèmes avec la réforme du lycée,
20:22expliqué également que Parcoursup, c'était peut-être pas génial.
20:26Il y a eu des progrès dans tout cela.
20:28À la fois, les maths qui vont devenir une épreuve en fin de première,
20:32le Parcoursup qui ne cesse de s'améliorer.
20:34Donc, tout cela évolue positivement.
20:36Vous êtes ministre de l'Éducation nationale, Nicole Belloubet,
20:39depuis six mois, sept.
20:41Vous aimeriez le rester dans un futur gouvernement ?
20:44Je vais vous répondre ce à quoi vous vous attendez.
20:46C'est-à-dire que ce n'est pas moi qui choisis le casting du futur.
20:48Mais vous, votre envie ?
20:50Je vous dis les choses comme je les pense.
20:52Je crois que l'Éducation nationale a besoin de stabilité,
20:55a besoin de temps long, et a besoin d'une implication forte.
20:58Moi, ou un autre, ou une autre.
21:00Et la France, elle a besoin d'un Premier ministre, maintenant ?
21:02Ça fait 56 jours.
21:04Eh bien, nous travaillons, je crois, avec beaucoup de sérieux.
21:07L'actuel gouvernement des missionnaires travaille avec beaucoup de sérieux.
21:10Bien entendu, un nouveau gouvernement est nécessaire.
21:12Vous venez de la gauche. Est-ce qu'il y a un profil de gauche ?
21:15Vous pensez qu'à l'aune des résultats des législatives,
21:18il doit être choisi ?
21:20Il me semblait qu'à l'aune des résultats des législatives,
21:23il était important d'avoir quelqu'un
21:25qui puisse rassembler autour de l'arc républicain,
21:28être en capacité de constituer cet arc républicain.
21:31Et donc, effectivement, quelqu'un de centre-gauche
21:33me semblait pouvoir être dans cette situation.
21:35Les remarques Caseneuve ?
21:37Je ne sais pas. Ce n'est pas moi qui nomme le Premier ministre.
21:39Nicole Belloubet, dans son dernier livre,
21:41La Citadelle, que vous allez bientôt recevoir,
21:43Jean-Michel Blanquer, estime qu'il y a un risque
21:46que le macronisme ne laisse que peu de traces
21:50dans l'histoire du pays. Je le cite.
21:52Quelle sera l'anthropologie du macronisme ?
21:55De sémi-entrentenaires, technocrates ou intrigants,
21:59les yeux rivés sur les sondages et les écrans
22:02pour piloter à vue sans culture, sans vision et sans valeur ?
22:06Point d'interrogation, c'est ce qu'il se demande.
22:08Comment recevez-vous ces mots ?
22:10Moi, je pense qu'il va rester,
22:14et j'espère que cela continuera, des traces.
22:16Si je regarde l'éducation, je pense, par exemple,
22:19au refus de toutes les assignations.
22:22C'est quelque chose qui est permanent,
22:24qu'Emmanuel Macron, depuis le début,
22:26milite pour qu'on lutte contre toutes sortes d'assignations
22:30sociales, culturelles, scolaires,
22:33et c'est ce que nous essayons de faire.
22:35Encore une fois, le dédoublement des classes, par exemple,
22:37y contribue, mais aussi tout le travail que nous souhaitons faire
22:40sur l'éducation culturelle, etc.
22:42Donc, je crois que ce refus des assignations,
22:45cela porte aussi la trace de Macron.
22:48C'était le leitmotiv de sa campagne de 2017,
22:50refuser l'assignation à résidence.
22:52Est-ce que vous pensez que...
22:54Oui, à toute forme de résidence, on va dire ça comme ça.
22:58Vous avez l'impression que, huit ans après, c'est réussi ?
23:01Nous luttons. Nous luttons pour faire de cela une réalité.
23:05Eh bien, merci beaucoup, Nicole Velloubet,
23:07d'avoir été à notre micro ce matin.
23:09Je ne sais pas si on doit vous dire à bientôt,
23:11comme ministre de l'Éducation, ou pas.
23:13On verra.
23:14Ministre des Missionnaires, donc, de l'Éducation nationale.
23:17Merci encore. Il est 8h40.
23:19Merci à vous et bonne rentrée à tous.