7 MINUTES POUR COMPRENDRE - Pourquoi Oscar Jegou et Hugo Auradou rentrent en France alors que les poursuites continuent en Argentine

  • la semaine dernière
Le parquet de Mendoza a autorisé ce mardi 3 septembre la sortie du pays à Hugo Auradou et Oscar Jegou, mis en examen pour viol aggravé et retenus en Argentine depuis presque deux mois. À l’issue d’une dernière audience, les deux joueurs du XV de France ont reçu le feu vert pour s’envoler vers la France, ce qu'ils devraient faire très rapidement.

Category

🗞
News
Transcript
00:00Avec nous Pauline Revena, la cheffe du service police-justice de BFMTV.
00:05Bonjour Pauline, merci d'être là face à Winnie Claret, journaliste RMC Sport,
00:09qui a suivi toute l'affaire depuis le début en Argentine.
00:12L'Argentine, nous nous rejoignons d'abord.
00:14Jean-Louis Bucher, vous êtes le correspondant de RFI à Buenos Aires.
00:17Merci d'être là Jean-Louis.
00:19Est-ce que vous nous confirmez que les deux joueurs du 15 de France
00:22ont désormais quitté l'Argentine ?
00:25En effet, ils sont en route vers la France maintenant.
00:28Pourquoi la justice, Jean-Louis, a accepté qu'ils rentrent en France
00:31alors que la procédure judiciaire en Argentine n'est pas éteinte ?
00:35Oui, il peut paraître surprenant que la justice ait autorisé
00:39Hugo Rado et Oscar Gégou, mis en examen, comme on le sait,
00:43pour viol avec violence en Réunion,
00:46et qu'ils aient pu rentrer en France alors même que...
00:51Alors on a des petits problèmes de liaison,
00:53et c'est Pauline Revena qui va prendre le relais.
00:56On est bien d'accord Pauline, les poursuites ne sont pas éteintes.
00:59Absolument pas, ils sont toujours mis en examen pour viol aggravé
01:02parce que ce sont des faits qui se sont déroulés en Réunion,
01:05c'est le caractère aggravant.
01:07La justice a suivi le parquet argentin,
01:09et l'accusation ne s'est pas opposée à cette décision.
01:11Donc tous les indicateurs étaient ouverts pour qu'ils puissent monter dans l'avion
01:14en direction de la France. Ils sont attendus à Roissy en fin de journée.
01:17Sans condition, leur retour en France où ils ont un contrôle judiciaire qui les a...
01:21Il y a une caution d'abord qui a dû être versée par chacun,
01:24je parle sous votre contrôle, un peu plus de 10 000 euros par joueur.
01:28Et puis il y a aussi cette obligation morale de se présenter
01:32s'ils sont convoqués au consulat d'Argentine en France.
01:35Ils peuvent être entendus en mode virtuel aussi souvent qu'il soit requis,
01:38et éventuellement voir revenir se présenter à Mendoza si cela leur est demandé.
01:43C'est peu probable à écouter Antoine Veil.
01:45Ça n'arrivera pas.
01:46On va écouter Antoine Veil.
01:49La décision qui vient d'être rendue, si on sait la décrypter, elle est innocente.
01:53On ne peut pas imaginer une seconde que la justice argentine relâche deux Français.
01:57Mais ils souhaitent aussi avoir, s'il vous plaît, une phase de régime médiatique
02:02parce que ça a été extrêmement violent, tout ce qu'ils ont eu à connaître avec leurs familles.
02:06Et ils veulent rentrer en France, prendre le temps d'être avec leurs familles,
02:09rentrer dans leur club, reprendre la compétition sportive.
02:12Et ils veulent voir comment on va gérer une phase
02:14qui est celle de l'arrivée en France.
02:16Ils veulent voir comment on va gérer une phase qui est celle de la réhabilitation médiatique.
02:20L'autorisation du retour des innocents, dit Maître Antoine Veil.
02:22Donc ça veut dire qu'il y a en quelque sorte que la procédure est...
02:25Alors pas complètement.
02:26Si je me permets de préciser ce que dit Maître Antoine Veil,
02:30il y a une audience de main, un très importante,
02:32qui la Défense va demander l'abandon des charges, en fait.
02:36Et on va voir si les poursuites continuent ou pas.
02:40Et lui, il a très bon espoir que tout tombe.
02:42Pourquoi a-t-il eu avant cette audience, avant leur départ ?
02:43C'est la procédure argentine.
02:44C'est le droit argentin.
02:45Là, il y a des indicateurs qui disent qu'il n'y a pas de risque de fuite.
02:48On les met dans l'avion, ils ont le droit de rentrer en France,
02:50mais c'est à la disposition de la justice argentine.
02:52Demain, il y a une décision pour savoir si les charges sont abandonnées.
02:55La décision doit être rendue avant le 10 septembre.
02:57Donc l'audience a lieu demain et ensuite ils délibèrent.
02:59L'audience à Mendoza ou à Buenos Aires ?
03:01L'audience est en Argentine, à Mendoza.
03:03Et c'est une décision que, évidemment, l'avocate de la plaignante a du mal à comprendre.
03:08Ces clients retournent en France en étant toujours inculpés
03:12pour des faits qui valent entre 8 et 20 ans de prison ici en Argentine.
03:17Cette décision nous paraît totalement prématurée
03:20puisque nous considérons que l'enquête n'est pas terminée.
03:25Le parquet dit que l'accusation a perdu sa force initiale.
03:30Oui, parce qu'ils estiment que ça doit avoir un impact sur l'évolution du risque concret de fuite.
03:37Maître Veil dit qu'ils ont fourni beaucoup d'éléments.
03:39Ils ont fourni de la vidéosurveillance, des textos.
03:41Ils ont donné les téléphones portables des deux joueurs
03:43et tous ces éléments ont permis de vider un peu en substance,
03:47dit Maître Veil, la force de l'accusation.
03:50L'accusation, évidemment, elle dit que c'est allé trop vite,
03:52que ça n'est ni fait ni à faire, etc.
03:54Et puis surtout, ils ont eu deux revers, si je puis dire.
03:56Ils ont demandé la récusation des deux procureurs pour manque d'objectivité.
04:00Ça leur a été refusé.
04:01Ils ont donné une extension des expertises psychologiques sur les deux accusés.
04:05Ça a été refusé aussi. Deux revers pour eux.
04:07Ça veut dire en substance que les arguments de l'accusation ne tiennent plus ou n'ont jamais tenu ?
04:13Je vous propose d'attendre demain, en tout cas.
04:15Il faut, en tout cas, attendre la décision demain, cette audience cruciale.
04:19Winnie Claret, comment ils vont, tous les deux ?
04:21Dans quel état d'esprit ils reviennent en France, là ?
04:23C'est difficile parce que depuis quelques semaines,
04:26on a senti que l'entourage d'Hugo Horadou et d'Oscar Gégo
04:29était de moins en moins prolixe sur leur état mental, sur ce qu'ils pensaient.
04:33Au début, on avait des échos de comment ils se sentaient
04:35quand ils étaient encore écroués.
04:36Leurs conditions de détention dans les geôles argentines étaient complexes.
04:39Pour deux joueurs de 21 ans, évidemment, il y avait une émotion autour de ça, une inquiétude.
04:45Depuis, on ne sait pas.
04:46Ce qu'on a vu, c'est qu'ils sont partis tous les deux,
04:48avec le sac à dos floqué de la Fédération française de rugby
04:51à l'aéroport de Buenos Aires, pour rentrer en France.
04:56Ils étaient chaperonnés par la maman d'Hugo Horadou
04:58pendant tout leur séjour en Argentine.
05:00C'était elle la garante de leur sécurité
05:03et qu'ils soient bien assignés d'abord à résidence
05:05et qu'ils restent en Argentine.
05:07On ne sait pas dans quel état mental.
05:09On imagine, parce que les avocats, comme leur club, la Fédération,
05:13on en reparlera, ont dit leur soulagement
05:15et on imagine que c'est avant tout leur soulagement.
05:17Maintenant, l'état psychologique, et ça, ça sera un élément crucial
05:20pour leur retour en France et peut-être pour leur retour sur les terrains de rugby,
05:24leur état psychologique, il reste à mesurer et surtout à encadrer.
05:28Mais ça, c'est envisageable, un retour tout de suite
05:30avec le club de La Rochelle et le club de Pau ?
05:32En tout cas, les clubs les attendent de pied ferme.
05:34Ils ont communiqué, dès qu'on a eu la décision de justice
05:36les autorisant à rentrer en France.
05:38Ils ont dit, les deux clubs, la section paloise pour Hugo Horadou
05:41et La Rochelle pour Oscar Gégou,
05:44ils ont dit leur soulagement, ils ont dit qu'on avançait
05:46vers la vérité judiciaire un petit peu plus.
05:49Ils ont toujours clamé l'innocence
05:52parce qu'ils ont toujours cru en la parole de leurs deux joueurs.
05:55Ils les attendent de pied ferme et ils ne se cachent pas
05:57les attendre aussi, les coéquipiers les attendent
06:00sur les terrains, mais on n'en est sincèrement pas là.
06:03Il y a toute une pré-saison, c'est-à-dire toute cette préparation physique
06:05avant une saison de top 14 qui va commencer ce week-end
06:07qu'ils n'ont pas faite.
06:09Donc, au-delà du psychologique, au-delà du judiciaire
06:11parce que les chances ne sont pas abandonnées.
06:13Est-ce que cette affaire a entraîné
06:17une prise de conscience ou des mises en garde
06:19sur le comportement des joueurs
06:21pendant les 3e mi-temps ?
06:23Est-ce que les choses vont changer ?
06:26Alors, on l'espère, en tout cas,
06:28beaucoup l'ont appelée de leur vœu.
06:30Il y a des états généraux et une première journée
06:32qui s'est déroulée la semaine dernière
06:34à l'invitation de la Fédération française de rugby
06:36mais aussi avec tous les acteurs, les clubs,
06:38la Ligue nationale de rugby,
06:40pour savoir comment mieux encadrer
06:42les rugbymen qui sont souvent jeunes,
06:44de plus en plus jeunes.
06:45Il y avait des dérives, franchement ?
06:47Il y avait des dérives. De toute façon, même avant l'affaire
06:49Oscar Gégouet et Ugo Roadou,
06:51on marche de cette même soirée du 6 au 7 juillet
06:53à Mendoza.
06:55Rappelons-nous, on l'a peut-être oublié
06:57vu l'importance de cette affaire-là,
06:59mais que Melvin Jaminet, joueur de Toulon,
07:01a été évincé de l'équipe de France et rentré.
07:03Pourquoi ? Parce qu'il s'était filmé
07:06en tenant des propos à caractère raciste
07:09et que cette vidéo avait fuité sur les réseaux sociaux.
07:12Donc, oui, des dérives, il y en a.
07:14Personne ne s'en cache.
07:15Les autres joueurs disent, oui, les 3e mi-temps, ça existe.
07:17Il ne faut pas qu'elles s'arrêtent.
07:19Mais, par contre, les dérives, effectivement,
07:21il faudrait les encadrer et la question est sur la table.
07:23Est-ce qu'on a des choses à dire
07:25sur la plaignante qui maintient ses accusations ?
07:27On la verra, d'ailleurs, pour la première fois en image
07:29chez nos confrères d'envoyés spéciales demain.
07:31Elle maintient, elle, strictement
07:33les accusations qu'elle a formulées
07:35dès le début de cette affaire.
07:36Oui, et elle est toujours hospitalisée
07:38parce qu'elle a fait une tentative de suicide récemment.
07:40Et dans l'extrait d'envoyé spécial
07:43qu'on a pu regarder, elle explique
07:45qu'ils l'ont brutalisé et considéré
07:48comme un morceau de viande.
07:49C'est sa version.
07:50Eux parlent d'une relation consentie.
07:52Vraiment, deux versions qui s'opposent.
07:54On verra ce que décide la justice argentine.
07:57Mais c'est des propos très forts qu'elle a tenus.
07:59Je précise juste que c'est une interview
08:02qui a été réalisée, évidemment,
08:03avant la décision de justice qu'on a prise hier.
08:06Et donc, évidemment, nous aussi,
08:09on cherche à la contacter.
08:11Son avocate explique qu'elle s'étonne
08:14quand même de la célérité de cette décision
08:17et elle maintient ses accusations.

Recommandée