• il y a 2 mois

Category

🗞
News
Transcription
00:00Ça y est, Chloé Martin, l'EPR de Flamanville a vraiment démarré.
00:03Et oui, hier a eu lieu la toute première fission nucléaire du réacteur, après 12 ans de retard.
00:07Un démarrage historique, disent certains, un démarrage politique, rétorque Greenpeace.
00:12Et Nécroosley, bonjour.
00:14Bonjour.
00:14Vous êtes consultant en sûreté nucléaire pour l'ONG, membre de l'ACLI, au site Flamanville, la commission locale d'information.
00:20Vous n'énoncez hier un faux démarrage ou un démarrage politique, pourquoi ?
00:24Parce que cet EPR, normalement, on aurait dû d'abord le mettre en bonne condition, en condition normale d'un réacteur, avant de démarrer.
00:32Finalement, on sait qu'il y a de nombreuses anomalies, des choses à changer.
00:36Et alors, finalement, on a fait des dérogations, y compris des dérogations sur ce qu'on appelle les RGE, les règles générales d'exploitation.
00:43On a modifié, on a fait des dérogations pour permettre de démarrer.
00:46C'est-à-dire que la pression politique est tellement forte pour démarrer ce réacteur, avec tant de retard,
00:51que, finalement, on s'autorise à démarrer ce réacteur, alors qu'il n'est pas du tout dans les conditions optimales.
00:57Je prendrai un exemple, pendant ces essais, en juillet, on s'est aperçu qu'il y avait des détecteurs qui servent à détecter la pression dans les circuits qui ont une grande importance.
01:06Sur 4, il y en avait 2 en panne, il a été décidé de démarrer, malgré qu'on a besoin de ces 4 détecteurs, théoriquement.
01:13Et puis, on s'est autorisé à dire, on va faire un cycle et on verra après.
01:16Donc, pour nous, c'est vrai qu'on voit qu'il y a une pression politique importante pour démarrer ce réacteur, alors qu'il n'est pas du tout dans les conditions optimales.
01:24— On sacrifie la sûreté nucléaire pour vous ?
01:26— Pour nous, le problème, il est que la France a un vrai problème avec ses capacités, ses compétences sur la fabrication, la mise en place de ce réacteur.
01:35En même temps, on a des annonces politiques. On dit qu'on va faire d'autres opères. On va faire 3 paires d'opères, dont celui de Penly.
01:42On dit qu'on va refaire une usine de lait, qu'on va refaire une usine de mox, etc., alors qu'on est en situation financière catastrophique.
01:49EDF a une dette considérable et qu'en même temps, on a perdu les capacités technologiques, capacités techniques, en particulier en ingénierie,
01:58pour être capable de faire cela correctement. L'EPR, c'est révélateur de l'état dans lequel notre industrie était.
02:05Moi, je crois simplement qu'aujourd'hui, nous n'avons pas amélioré les choses. Et donc finalement, on va démarrer par principe,
02:11parce qu'évidemment, ça a tellement traîné, cette histoire, et avec tellement de problèmes. Mais rassurez-nous, on n'est pas au bout de l'histoire.
02:19Ce feuilleton va continuer.
02:20— C'est quand même une étape importante, la plus importante, dit même le PDG de l'EDF, Luc Rémond. C'est le début de la production nucléaire.
02:29C'est quand même une étape symbolique.
02:31— C'est une étape symbolique au sens où, évidemment, la fission a démarré. Simplement, on n'en est qu'à... On va dire qu'on va aller vers 0,2% de la puissance.
02:40Donc c'est vraiment extrêmement minime. Et donc il va falloir passer de nombreux paliers tout d'abord avant d'aller sur le réseau.
02:47Donc pour le moment, on produit de la fission. On ne produit pas d'électrons. Donc j'ai vu à tort dans de nombreuses communications de personnes
02:56se vantant du démarrage que ça y est, il y a des électrons. Non, on n'a pas produit d'électricité.
03:01Il va falloir encore plusieurs mois avant de pouvoir avoir de la production électrique.
03:06Et ensuite, il faudra à nouveau de nombreux mois, voire années, avant de rentrer directement sur le prix du marché.
03:13La liberté de vente de l'électricité sur le marché nécessite de passer par toutes ces phases.
03:19Et là, rappelons-nous simplement, le dernier réacteur nucléaire qui a démarré en France à 6 vaux, entre l'autorisation de divergence,
03:27là où on en est aujourd'hui pour Flamanville, et la mise sur le marché de l'électricité, il a fallu 4 ans et demi.
03:33– C'était dans la fin des années 2000, 97 pour le premier et 2002 pour la mise en place.
03:40Est-ce que depuis, on n'a pas justement progressé ? Qu'est-ce qu'on prévoit dans les délais pour la mise en place ?
03:45– Il y a quelque chose de surprenant en matière nucléaire, c'est qu'on est inversement proportionnel
03:49à ce qui se passe souvent dans l'industrie. Dans l'industrie, plus on en fait, plus on va vite, et moins ça coûte cher.
03:53Dans le nucléaire, on a fait exactement l'inverse. Et donc, a priori, on est sur cette pente-là.
03:59Et je ne vois pas ce qui va véritablement changer. Donc, voilà, d'abord, on va voir comment ça va finir, cette histoire d'EPR.
04:07Moi, je gage que dans quelques semaines, on sera à nouveau à la CLI pour discuter des nombreux problèmes techniques,
04:13et pourquoi, à nouveau, le réacteur est déjà à l'arrêt.
04:15– 7h50, vous êtes sur France Bleu, Cotentin, notre invité, le consultant en sûreté nucléaire pour l'ONG Greenpeace.
04:22Et on vous pose la question ce matin, à vous qui nous écoutez.
04:25Bonnes ou mauvaises nouvelles, selon vous, cette mise en place de l'EPR de Flamanville, ce démarrage ?
04:30Vous nous appelez maintenant au 02.33.23.13.23.
04:33– Il y aura de toute façon un arrêt d'ici un an et demi pour un premier arrêt de fonctionnement,
04:37après le premier cycle de fonctionnement, pour recharger l'EPR,
04:40avec aussi le changement du couvercle de la cuve qu'il faudra changer.
04:44Ça aussi, c'est quelque chose que vous dénoncez à Greenpeace ?
04:46– Alors, il reste évidemment cette question du couvercle, c'est-à-dire que celui qui était en remplacement est fini,
04:52il a été validé, il est entreposé à Châlons-sur-Saône et il aurait pu parfaitement être monté.
04:56Là, on voit une chose qui nous paraît, nous, un non-sens complet,
05:00c'est-à-dire qu'on va irradier, on va transformer le couvercle,
05:03c'est une très très grosse pièce métallique, ça pèse des tonnes,
05:06et qui va être transformé en déchet nucléaire, alors que finalement, on aurait dû le changer avant.
05:10Là aussi, on voit bien que d'un côté, on est très en retard, mais de l'autre côté, on précipite ce démarrage.
05:15Donc on a ce couvercle, on va avoir aussi ces histoires de détecteurs qui vont être à remplacer,
05:21on va avoir évidemment à ausculter l'ensemble des assemblages de combustibles,
05:27puisqu'on sait qu'à Taishan, en Chine, ça ne se passe quand même pas très bien,
05:31puisqu'on ne fonctionne pas à 100%, parce que justement de la dégradation du combustible,
05:36donc il va falloir faire tout cela, il va falloir aussi regarder d'où on en sera dans ces études
05:42de modification du fond de la cuve, puisque vous savez probablement qu'il y a aussi ce problème très important.
05:49Il y a un déséquilibre hydraulique dans la cuve, c'est le mouvement d'eau,
05:55et qui crée évidemment des problèmes aussi neutroniques, donc cela c'est aussi valable à Taishan d'ailleurs,
06:03et donc actuellement est à l'étude un système très complexe de manière à rectifier ces mouvements d'eau dans la cuve.
06:09Là aussi, c'est un gros défaut technologique, et qui actuellement, ça ne fonctionne pas.
06:14Mais Yannick Rousselet, il y a quand même quelques bons aspects de ce démarrage.
06:17David Marguerite, le président de l'agglomération du Cotentin, parle d'une manne financière importante,
06:2130 à 35 millions par an, ça permet de financer la santé, les logements, ça, ça peut être positif quand même.
06:29Alors évidemment, on pourrait dire que c'est positif, simplement je pense que tout le monde sera d'accord
06:33pour dire qu'on a quand même souffert ici d'une mono-industrie qui a évidemment développé un certain type d'industrie,
06:38mais qui a probablement empêché beaucoup plus de diversification.
06:42Simplement, rappelons-nous que le réacteur, théoriquement, ce n'est pas simplement pour une région,
06:47c'est fait pour, à la base, c'est fait pour faire de l'électricité et de l'énergie.
06:51Et quand j'entends tous ces arguments sur la taxe professionnelle,
06:55ça me semble réellement très décalé par rapport à l'objectif.
06:58Quand même, on ne fait pas un réacteur pour faire travailler des gens,
07:01sinon on pourrait faire l'espèce de chantier éternel qui ne servirait à rien.
07:05Aujourd'hui, ce réacteur, c'est là pour de l'électricité.
07:08Aujourd'hui, nous n'en avons pas besoin.
07:10Le prix de l'électricité, récemment, a été très très très faible, voire négatif.
07:15Donc, on n'a pas besoin de cela en tant qu'énergie aujourd'hui.
07:18Donc, évidemment, j'entends cet argument que tous ces gens qui sont pressés d'avoir cette taxe professionnelle
07:23sont, eux, de leur côté satisfaits.
07:25– Merci Anne-Yves Rousselet d'avoir été avec nous ce matin.
07:27Je rappelle que vous êtes consultant en sûreté nucléaire pour l'ONG Greenpeace.
07:31Merci d'avoir été avec nous, bonne journée.

Recommandations