• il y a 2 mois
En France, l'accès à l'éducation des mineurs étrangers isolés reste difficile. Lorsque leur minorité n'est pas reconnue, ils ne sont pas pris en charge par l'Aide sociale à l'enfance. Dans ce cas-là, ils déposent un recours mais doivent attendre plusieurs mois avant de passer devant le juge des enfants. Pendant ce temps, aucune solution éducative ne leur est proposée et certains se retrouvent à la rue. Pour les aider, l'association @droitalecole les reçoit toute l'année dans une école qui leur est entièrement dédiée.
Par Manon Mella, journaliste à France Inter

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Transcription
00:00Est-ce que tu as un endroit où dormir ?
00:01Non, non. Je dors dans la tente avec mes amis.
00:05Et tu viens quand même tous les jours ici à l'école ?
00:08En France ici, on dit que l'école c'est une obligation.
00:11Il faut aller à l'école.
00:12C'est bon pour la vie d'un être humain.
00:14Aujourd'hui, je vous emmène à l'école des sans-écoles.
00:17C'est une école un peu spéciale qui accueille des mineurs non accompagnés,
00:21c'est-à-dire des mineurs étrangers isolés.
00:23Il faut savoir qu'en France, ils ont beaucoup de mal à accéder à l'école.
00:27Les procédures administratives auxquelles ils sont confrontés,
00:30notamment pour faire reconnaître leur minorité, sont parfois très longues.
00:34Et ces jeunes peuvent rester jusqu'à 3 ans sans scolarité.
00:38Pour les aider, l'association Droits à l'école leur propose toutes les semaines
00:42des cours de maths et de français dispensés par des professeurs bénévoles.
00:46Ce sont des jeunes qui sont âgés entre 15 et 18 ans,
00:49qui arrivent de l'étranger, en grande majorité d'Afrique de l'Ouest.
00:53Et ce sont des jeunes qui ne sont pas encore reconnus mineurs par les départements,
00:58donc ce sont des jeunes qui ne sont pas encore pris en charge par l'aide sociale à l'enfance.
01:01Ce sont des jeunes qui ont déposé un recours auprès du juge des enfants pour être reconnus mineurs.
01:05On n'est pas une vraie école, on n'a pas pour but de remplacer l'école de la République,
01:10mais on est une passerelle pour les jeunes, pour les préparer au mieux à la vraie scolarité en France.
01:14En fait, sans droit à l'école, ils sont dans la rue et ils ne font rien.
01:17L'objectif pour ces jeunes, c'est un jour d'avoir un travail en France,
01:20une vie en France, un avenir en France, et on les aide, nous, pour arriver à cet objectif-là.
01:25Est-ce qu'on dit mot-photo ?
01:27Non.
01:28Qu'est-ce qu'on dit ?
01:29Ma photo.
01:30Voilà.
01:31C'est ici que j'ai appris à lire et écrire, et on m'a orienté au lycée.
01:34Et là, je suis en deuxième année, en formation, en CAP.
01:38Je viens de la Côte d'Ivoire, je suis venu en clandestin, je n'ai pas de famille ici.
01:41Quand tu n'es pas reconnu encore comme mineur, ce n'est pas facile d'aller à l'école.
01:46Tu vas à l'école, tu apprends à parler, tu apprends à lire, et après, tu as un diplôme, tu peux travailler.
01:52Quand tu ne vas pas à l'école, tu te retrouves seul.
01:54Mais quand tu vas à l'école, il y a toujours les gens qui ont les bras ouverts pour t'aider.
01:57En arrivant ici, je n'ai même pas prononcé les lettres alphabétiques.
02:03J'ai mis du bruit jusqu'à ce que j'arrive un peu, grâce à eux.
02:06Quand on est dans un pays, il faut que tu arrives à parler ta langue pour que tu puisses comprendre entre vous.
02:12C'est mieux pour moi-même et pour les autres.
02:16C'est des jeunes qui sont hyper motivés.
02:18De toute façon, quelque part, ils ont un peu risqué leur vie pour venir ici.
02:21Ils viennent ici pour apprendre.
02:24Et vraiment, ils en veulent.
02:25C'est-à-dire que les cours commencent à 10h, à 10h45, ils sont là.
02:28Y compris ceux qui dorment à la rue.
02:30L'année dernière, sur 80 élèves, il y en avait 60 qui étaient à la rue.
02:35C'est un vrai scandale.
02:36Jusqu'à ce que le juge décide, ils devraient être considérés comme des mineurs.
02:40Donc, ils devraient être pris en charge par l'ASE et ils devraient être scolarisés.
02:45On fait le travail parce que les politiques ne font pas le leur.
02:47Les politiques ne respectent pas les lois de la République.
02:51Moi, j'ai des remerciements.
02:53Enfin, j'en ai des larmes aux yeux, des fois, parce que j'ai vu des messages sur mon répondeur.
02:57On se dit qu'on ne fait pas les choses pour rien et que c'est utile.

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