Les gens de dublin-(The Dead)

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Réalisé par John Huston, c'est son dernier film avant sa mort.
Adaptation de la nouvelle "Les Morts" (The Dead) de James Joyce, extraite du recueil "Les Gens de Dublin" (Dubliners).
Le film se déroule à Dublin en 1904, lors d'une soirée de l'Épiphanie chez les demoiselles Morkan.
Acteurs principaux : Anjelica Huston (fille du réalisateur) dans le rôle de Gretta Conroy et Donal McCann dans celui de Gabriel Conroy.
Genre : Drame
Durée : 83 minutes
Production : américano-britannique-irlandaise
Synopsis : Le film suit le déroulement de la soirée avec ses conversations, chants et danses. À la fin, Gretta évoque un souvenir douloureux d'un amour de jeunesse à son mari Gabriel.
Le film est considéré comme le testament cinématographique de John Huston.
Il a reçu des critiques positives pour son adaptation fidèle et sensible de la nouvelle de Joyce.
La mise en scène capture l'atmosphère de l'époque et les subtilités des relations entre les personnages.

C'est une œuvre intimiste qui explore les thèmes de la mémoire, du passé et des regrets, typiques de l'écriture de Joyce.
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00:02:48Je suis juste derrière vous, voulez-vous que je paie les deux boîtes ?
00:02:54Oui, merci.
00:03:05Passez devant, j'ai un mot à dire.
00:03:08D'accord, mais ne vous tardez pas.
00:03:14Quel temps épouvantable !
00:03:15J'avais hâte d'arriver.
00:03:16Moi aussi.
00:03:32Bonsoir Lily.
00:03:33Je suis gelée.
00:03:34Vous étiez dans le Galway ?
00:03:35Oui, j'étais, il faisait meilleur.
00:03:41Il y a un vestiaire pour les dames à l'étage, Miss.
00:03:43Miss Kate et Miss Julia vous y attendent.
00:03:45Merci Lily.
00:03:46Nous nous verrons plus tard, donc.
00:03:47Parfait.
00:03:48Miss Furlong, Miss O'Callaghan et Miss Higgins vont monter, Miss Kate.
00:03:51Vous n'avez pas vu mon neveu Lily ?
00:03:53Non, Miss Kate.
00:03:54Où se cache Gabriel ?
00:03:55Je prie le ciel pour le voir arriver avant Freddy Mullins.
00:03:59Oh, Miss O'Callaghan, c'est une joie que vous ayez pu venir.
00:04:03Et vous, Miss Furlong.
00:04:05Bonsoir.
00:04:08Mais quelle surprise !
00:04:09Vous savez, Mary Jane va être ravie de voir ensemble ses trois élèves.
00:04:12Oh, venez entrer, je vous en prie.
00:04:13Mais oui, Mary Jane, j'apporte un cadeau de Noël pour elle.
00:04:15Oh, oui bien sûr, vous avez manqué une leçon.
00:04:18Vous n'êtes plus en Angleterre ?
00:04:20Merveilleusement.
00:04:21Parfait, Mary Jane devrait monter dans une minute, je ne vous cacherai pas qu'elle surveille loin.
00:04:32Lily, moi je monte, surveille l'eau des légumes, qu'elle ne déborde pas.
00:04:36Mais je dois ouvrir la porte, je n'entendrai pas sonner depuis la cuisine.
00:04:39Bonsoir, Mr. Kerrigan.
00:04:40Bonsoir, Miss Morgan, j'aimerais vous présenter un ami, Eamon Bergen.
00:04:43Je suis très heureuse, Mr. Bergen.
00:04:44Merci d'être venu.
00:04:45Tout plaisir est pour moi.
00:04:49Bon, tu n'auras qu'à descendre par moments et remonter très vite, faire ce que je t'ai dit.
00:04:52Il faut dresser la table, Miss.
00:04:54Fais de ton mieux.
00:04:55Je vais essayer, mais...
00:04:58Bonsoir.
00:04:59Bonsoir.
00:05:02Miss Kate, Miss Julia Morgan, puis-je vous présenter Mr. Eamon Bergen.
00:05:05Enchanté.
00:05:06Et Mr. Joseph Kerrigan, qui ont eu la gentillesse de nous escorter ici ce soir.
00:05:10Enchantée.
00:05:11Vous savez, c'est toujours une joie de rencontrer les amis des élèves de Miss Jane.
00:05:14Merci de nous recevoir.
00:05:15Croyons notre saint-sacre gratitude.
00:05:16Oh, mais on me semble vous avoir vu l'an dernier, Mr. Kerrigan.
00:05:19Julia, ne te rappelles-tu pas, Mr. Kerrigan, qui est venu l'an dernier ?
00:05:22Oui, bien sûr, bien sûr.
00:05:24Voyons, désirez-vous rejoindre les danseurs d'abord ou prendre des rafraîchissements ?
00:05:28Les danseurs, s'il vous plaît.
00:05:29Ça nous réchauffera.
00:05:30Oui, bien sûr, après ce trajet dans le froid.
00:05:32Oh, Miss O'Callaghan.
00:05:33Qui est-il encore, Lily ?
00:05:34Ça va aussi.
00:05:35C'est rien que Mr. Brown.
00:05:36Comment, je ne vous suffis donc pas ?
00:05:41Je suis persuadée que Freddy est cuit.
00:05:43Oh, j'en suis persuadée.
00:05:44Et quand il est cuit, il est si difficile à manipuler.
00:05:47Tu veux dire impossible ?
00:05:48Oh, mon Dieu, quelle pénible situation.
00:05:50Mais calme.
00:05:51C'est bien la saison des cadeaux, si je ne m'abuse.
00:05:54Puisque c'est la fête de l'épiphanie.
00:05:56Les trois rois, l'étoile à l'orient.
00:05:58Ce paquet devrait contenir de l'or, de l'encens ou de la myrrhe, n'est-ce pas ?
00:06:02Il s'en dégage, il est vrai, un délicieux parfum.
00:06:04C'est du savon, une spécialité de toilette d'une boutique de Bond Street.
00:06:07Quelle charmante attention.
00:06:08Allons bon de la myrrhe venue de l'ombre de West End, Miss Julia.
00:06:12Oh, c'est ravissant.
00:06:13Merci, Dan, merci.
00:06:15Comment allez-vous ?
00:06:16A vrai dire, je me sens très dépité.
00:06:17Et pourquoi, pourquoi ?
00:06:18De découvrir que vous avez attendu plus impatiemment que la mienne l'arrivée d'un autre.
00:06:22Nous sommes inquiets pour Freddy.
00:06:24Mais il a fait vœu d'abstinence.
00:06:25En êtes-vous sûre ?
00:06:26Évidemment, Madame Samer l'a fait jurer au réveillon.
00:06:28C'est bizarre qu'elle n'ait rien dit à ce propos alors qu'elle est arrivée depuis une grande heure.
00:06:32Il a peut-être succombé.
00:06:33Oh, s'il boit toujours, je compte sur vous pour intervenir.
00:06:36Évidemment.
00:06:39Je suis prêt à vous parier que le voici.
00:06:43Ah, Miss Greta, Miss Kate et Miss Julia pensaient que vous n'arriveriez jamais.
00:06:46Bonsoir, Mister Conroy.
00:06:47Bonsoir, Lili.
00:06:48Je vous crois volontiers, mais savent-elles bien que mon épouse exige trois pleines heures pour se préparer ?
00:06:57Qui est-ce, s'il vous plaît, Lili ?
00:06:59Miss Greta et Mister Conroy.
00:07:00Oh, Dieu soit loué que voici.
00:07:02Vous devez être morts de frais du soir.
00:07:04Oh, tant qu'est-ce qu'il y a ?
00:07:06Et Gabrielle est avec vous ?
00:07:07Oh, oui.
00:07:08J'arrive, tant qu'est-ce. J'arrive comme une lettre à l'imposte. Je monte.
00:07:11Votre mari a une si belle voix, Greta.
00:07:13Oui, c'est un vrai bariton.
00:07:14Vas-y, mâchez.
00:07:17Lèche-t-il toujours, Mister Conroy ?
00:07:18Hélas, Lili, j'ai peur que nous ne soyons partis pour la nuit.
00:07:24Quoi, Lili ? Vous allez toujours à l'école ?
00:07:26Ah non, Mister Conroy, fini l'école depuis un an.
00:07:28Grand Dieu.
00:07:29Il me semble qu'hier encore, vous jouiez à la poupée sur les marches du Pérou.
00:07:34Et maintenant, j'imagine, vous pensez déjà à vous marier un jour ou l'autre.
00:07:38Ces messieurs d'aujourd'hui sont de beaux parleurs qui ne pensent qu'à vous tromper.
00:07:42Au fait, Lili, c'est le moment des étrennes.
00:07:44Oh non, Mister Conroy. Vous êtes trop gentil.
00:07:47Mais voyons, c'est Noël.
00:07:48Ah non, vraiment, Mister Conroy.
00:07:50Joyeux Noël.
00:08:05On frissonne en entendant cette musique surgit d'un esprit tourmenté.
00:08:13Nous avons une chambre au Grécham.
00:08:15C'est la première fois que je descends à l'hôtel en quatre ans.
00:08:18Vous ne pouviez mieux faire, c'est le meilleur hôtel de la ville.
00:08:21Seriez-vous inquiète pour les enfants, Gretta ?
00:08:23Non, je ne suis pas inquiète pour les enfants.
00:08:25Je ne suis pas inquiète pour les enfants.
00:08:27Je ne suis pas inquiète pour les enfants.
00:08:29Je ne suis pas inquiète pour les enfants.
00:08:31Je ne suis pas inquiète pour les enfants.
00:08:33Vous n'êtes pas inquiète pour les enfants, Gretta ?
00:08:35Oh, pour une nuit.
00:08:36D'ailleurs, Bessie s'en occupe.
00:08:39Oh, mais bien sûr.
00:08:41Quelle tranquillité c'est de pouvoir compter sur une jeune fille comme celle-là.
00:08:44Alors que Lili, j'ignore quelle mouche l'a piqué,
00:08:47mais elle n'est plus du tout la fille qu'elle était.
00:08:50Oh, le voici, embusqué dans le couloir.
00:08:52Comme un petit garçon qui atteint de bons sacs, là.
00:08:54Quelles sont vos nouvelles, mon cher Gabriel ?
00:08:56C'est son allocution, il y pense depuis des jours.
00:08:58Il n'endort plus, il a des boules versées.
00:09:00Oh, tata, il s'en est toujours tiré à merveille par le passé.
00:09:02Parfait, mon petit Gabriel, ne vous en faites pas.
00:09:04Je pense que vous apprécierez un bon verre de pot.
00:09:07Ah, s'il vous plaît, oui.
00:09:08Vous savez, le froid est mordant dehors.
00:09:11Gretta a bien dit que vous n'entreriez pas en flac à Monkston.
00:09:14Ah non, merci.
00:09:15Nous l'avons fait l'an dernier et ça nous a suffit, n'est-ce pas ?
00:09:17Les vitres s'entrechoquaient tout le long du chemin
00:09:19et le vent d'Estie s'est mis à souffler dès que nous avons passé Merion.
00:09:22Vraiment exécrable.
00:09:23Mais vous savez, Gretta, elle,
00:09:25elle parcourrait valentier cette distance à pied dans l'année.
00:09:27Oh, n'y faites pas attention, t'inquiète.
00:09:30Monsieur exige que son fils Tom fasse des haltères
00:09:32et lui protège les yeux avec des abajours verts.
00:09:34Il force Eva, sa fille, à manger du porridge
00:09:37alors que la pauvre l'a en horreur.
00:09:39Mais vous ne devinez pas ce qu'il me fait porter en hiver.
00:09:42Des caoutchoucs, c'est la dernière.
00:09:44Si tout qu'il fait humide, il veut à toute force que je porte mes caoutchoucs.
00:09:48Ce soir même, il voulait me les faire porter, mais j'ai refusé.
00:09:51Dans ces conditions, pourquoi pas un scaphandre ?
00:09:56Alors là, il va loin.
00:09:57Qu'est-ce que c'est que des caoutchoucs, Gabrielle ?
00:09:59Oh, franchement, Julia.
00:10:01Tu ne sais pas ce que sont des caoutchoucs ?
00:10:03Non.
00:10:04On les met par-dessus ses... ses bottines, n'est-ce pas, Gretta ?
00:10:07Oui, c'est du guttapercha.
00:10:09Nous en possédons chacun une paire.
00:10:11Gabrielle dit qu'on en voit au pied de tout le monde sur le continent.
00:10:13Oh, sur le continent.
00:10:18Mais où va-t-elle ?
00:10:20Julia !
00:10:21Et voilà, j'arrive.
00:10:22C'est froidit, Kate.
00:10:24Aidez-moi, Gabrielle.
00:10:25Descendez voir s'il va bien.
00:10:26Ne le laissez pas monter, s'il vous fait l'effet d'être cuit.
00:10:30Il est saoul, j'en suis persuadée.
00:10:32Toute la nuit, nous avons prié pour ne pas le voir arriver ici,
00:10:35sous l'empire de la boisson.
00:10:37C'est un tel soulagement que Gabrielle soit ici.
00:10:40Je me sens toujours bien mieux lorsqu'il est parmi nous.
00:10:43Oh, je vous salue.
00:10:44Je vous salue aussi.
00:10:45Je vois que vous êtes une charmante Gabrielle.
00:10:48Mr. et Mrs. Conroy.
00:10:51Oh, Mrs. Conroy.
00:10:52J'aimerais vous présenter Mr. Barton Darcy.
00:10:55Oh, le célèbre ténor.
00:10:57Accordez-vous cette danse, s'il vous plaît.
00:10:58J'en serai très honorée.
00:11:03Savez-vous que j'ai eu la chance d'assister à votre dernier concert au Vieux Concert Hall ?
00:11:07Franchement, la scène n'est pas celle que je préfère.
00:11:09Elle manque un peu d'acoustique.
00:11:11Il faut produire deux fois l'effort pour le même résultat.
00:11:15Vous remarquez quelque chose bientôt ?
00:11:17Oui, c'est vrai.
00:11:19S'il vous plaît.
00:11:42Un peu de fermeté, Freddy, voyons.
00:11:44Je vais bien.
00:11:45Est-ce que ma mère est là ?
00:11:47Oui, oui.
00:11:50Est-ce que j'ai l'air correct ?
00:11:52Un peu décoiffé.
00:12:16Voilà, vous êtes prêt pour la revue.
00:12:19Oui, si vous voulez bien m'excuser.
00:12:21Voyez-vous, je n'ai jamais pu me soulager en ma présence d'autrui.
00:12:25Autrement, je me serais engagé dans l'armée.
00:12:27Enfant déjà...
00:12:28Je comprends, Freddy, je comprends.
00:12:30La même chose était vraie de mon père avant moi.
00:12:32Lorsqu'il allait aux courses, il attendait toujours que le départ fût donné pour gagner les toilettes publiques.
00:12:37Et quand la distance était courte, il ratait l'arrivée.
00:12:46Il n'est pas trop mal, dites.
00:12:48Non, non, non, c'est à peine si ça se voit.
00:12:50C'est terrible, vous ne trouvez pas ?
00:12:52Après que sa mère lui ait fait jurer abstinence le jour de l'an.
00:12:55Ce serait déjà merveilleux qu'il ait tenu six jours.
00:12:59Dites-moi, quelle était cette ravissante valse que vous avez jouée ?
00:13:02Elle est belle, n'est-ce pas ?
00:13:03C'est une mélodie de Moors.
00:13:05Ah oui, j'ai cru la reconnaître.
00:13:06Il n'y a aucun doute pour moi, c'est le plus grand compositeur irlandais.
00:13:10Veuillez Dieu me pardonner, ordre du docteur.
00:13:12Oh non, Mr. Brown, je pense que le docteur ne vous a rien ordonné de ce genre.
00:13:16Je ressemble à la célèbre Mrs. Cassidy qui prétendant disait
00:13:19Mary Grimes, si je ne le prends pas, obligez-moi à le prendre, car je sens que j'en ai besoin.
00:13:26Je suppose qu'aucun de vous deux, messieurs, ne connaît le nom du gagnant de la course de Punchin's Town.
00:13:38Bonsoir, Mrs. Malins.
00:13:40Bonsoir, Mrs. Malins.
00:13:42Comment allez-vous ?
00:13:43Très bien, merci, Mr. Conroy.
00:13:45Très bien.
00:13:46Vise-vous, portez quelque chose.
00:13:48Non, je n'ai besoin de rien.
00:13:52Mon pauvre Freddy est arrivé ?
00:13:54Oui.
00:13:56Et alors ?
00:13:58Il va bien ?
00:14:00Il va presque bien.
00:14:01Si mal que ça.
00:14:03Je ne dois pas le quitter des yeux une minute.
00:14:07Deux messieurs et trois demoiselles.
00:14:09Et Mr. Duffy et Mr. Hagan ?
00:14:11Mr. Hagan, je vous confie Miss Power.
00:14:13Miss Furlong, puis-je vous trouver un cavalier ?
00:14:15Mr. Duffy ?
00:14:16Voilà qui est réglé.
00:14:17Trois demoiselles.
00:14:19Oh, Miss Daly, vous êtes vraiment si gentille d'avoir joué les deux dernières danses.
00:14:22Mais puisque nous manquons de dames, ce soir, soyez la troisième, je vous en prie.
00:14:26Je pense que vous avez dû vous faire à la Via Glasgow, non ?
00:14:28Évidemment.
00:14:30Vous savez, ma fille a une maison ravissante juste à l'entrée de la ville, au terminus du tramway.
00:14:37Oh, c'est une telle joie d'être sans cesse, d'être avec les enfants.
00:14:41Quel âge ont-ils maintenant ?
00:14:42Le petit Bert va sur ses sept ans, et Carrel a dépassé ses quatre ans et demi.
00:14:48Oh, les enfants sont merveilleux à cet âge.
00:14:51Et vous le savez ?
00:14:52Que oui.
00:14:54Et leurs parents m'ont donné une chambrette,
00:14:56ont réchaussé la fenêtre ouvrant sur le jardin,
00:15:00de sorte que je n'ai pas à monter d'escalier.
00:15:04Avez-vous entendu la dernière de ce bon vieux schnappant de Galahaire et de son frère ?
00:15:09Non, qu'est-ce qu'ils ont vu bien faire, ces deux-là ?
00:15:11Eh bien, voici.
00:15:12Leur mère a quitté, pour les voir, sa firme de Sligo.
00:15:15Elle a apporté avec elle une espèce de panier.
00:15:19Et elle l'a posé dans la cuisine, sur la table,
00:15:22et quand Galahaire s'est amené, il n'y avait personne.
00:15:26Il a cru que le panier bougeait, et puis alors...
00:15:28Pensez-vous ce qu'il y avait dedans ?
00:15:30Il n'y avait pas la moindre idée.
00:15:31Vous savez, la truie, elle avait mis bas la semaine précédente,
00:15:35et c'était le petit dernier de la portée.
00:15:37Et comme ils sont célibataires et sans enfants,
00:15:40elle leur avait apporté un petit cochon pour leur temps de compagnie,
00:15:43pour que le plus jeune s'occupe au lieu de faire des cochonneries.
00:15:48Et puis, tous les ans, Mangeandre nous offre à tous
00:15:51deux grandes semaines de vacances, à l'hôtel, dans les Highlands,
00:15:55pour que lui puisse aller à la pêche.
00:15:58Oh, ça lui, la pêche, c'est son idée.
00:16:01Il fabrique ses appâts,
00:16:03et puis un jour, figurez-vous qu'il a eu un poisson.
00:16:07Oh, le poisson, c'est un poisson.
00:16:10C'est un poisson.
00:16:12C'est un poisson.
00:16:14C'est un poisson.
00:16:16Oh, le plus grand et le plus beau poisson que vous ayez vu.
00:16:20Et le patron de l'hôtel l'a poché pour le dîner.
00:16:23Ah oui, comme c'est curieux.
00:16:25Je crois que le patron a dit que c'était...
00:16:27Je crois que je vais aller vous chercher.
00:16:29Une espèce de truie.
00:16:31Pour compagnon.
00:16:33Votre mère vous a demandé, il serait temps d'y aller.
00:16:36Dans la vallée de la mort, pénétrèrent les 600 héros.
00:16:47Oh, oui.
00:17:08Bonsoir, maman.
00:17:10Où étais-tu ?
00:17:12Nous avions prévu de prendre le thé au Shelborn.
00:17:15Après, j'ai été retenu.
00:17:18Qu'est-ce qui t'a retenu ?
00:17:21Une réunion de mon comité.
00:17:23Un comité ? Où ça ?
00:17:25Au Mulligan Pub ?
00:17:27S'il vous plaît, écoutez-moi tous.
00:17:30Que notre chère Mary Jane a réuni tant de jeunes et talentueux élèves ici ce soir.
00:17:35J'espère que toutes se joindront à moi pour lui demander...
00:17:37de nous faire une brève démonstration de son merveilleux talent à elle.
00:17:41Oh, Mary Jane, bravo.
00:17:45C'est une remarquable pianiste.
00:17:47Oui, une virtuose.
00:17:48Beaucoup de talent. Vous l'avez entendu jouer au Schubert ?
00:17:50Schumann.
00:17:51Elle tient l'ordre quelque part, n'est-ce pas, Gabriel ?
00:17:54Oui, Alick Turnbull.
00:17:55Je te le disais.
00:17:56Rapprochons-nous des bouteilles.
00:18:02Silence.
00:18:14Silence.
00:18:44Silence.
00:19:14Silence.
00:19:45Silence.
00:19:57Remarquable. Bien.
00:20:01Merci.
00:20:02Merci beaucoup.
00:20:06Merci, Julie.
00:20:07Et maintenant, je vous annonce un régal.
00:20:11Mr. Grace, voulez-vous bien nous ensorceler une fois de plus ?
00:20:19Pardonnez-moi, il faut que je m'exécute.
00:20:24Merci, Kate, merci.
00:20:29Mes très chers amis, je comptais dire ce soir pour vous un texte plutôt comique.
00:20:36Mais, étant tombé récemment sur quelque chose,
00:20:40j'ai préféré vous en faire profiter aussi.
00:20:43Cela s'intitule
00:20:45Veux briser.
00:20:51Il était tard hier soir,
00:20:54et le chien s'est mis à parler de vous.
00:20:57Et la péquasse parlait de vous au fond des marécages,
00:21:01car c'est vous qui êtes l'oiseau perdu dans les bois.
00:21:05Hélas ! Et puissiez-vous ne jamais trouver de compagnon,
00:21:10jusqu'à ce que vous m'ayez trouvé.
00:21:13Vous m'avez fait une promesse, et c'était un mensonge,
00:21:17que vous paraîtriez devant moi, là où les moutons s'assemblent en troupeau.
00:21:22J'ai poussé pour vous un sifflement étroit sans cri,
00:21:26et je n'y ai pourtant rien trouvé
00:21:29qu'un pauvre agnelet.
00:21:32Vous m'aviez promis une chose difficile à découvrir,
00:21:37un beau vaisseau d'or sous l'argent de son mât,
00:21:41douze villes, avec chacune un marché
00:21:45et un beau palais blanc sur le rivage de la mer.
00:21:51Vous m'aviez promis une chose qui n'est pas possible,
00:21:56de me donner des gants taillés dans la peau d'un poisson,
00:22:00de me donner souliers de peau d'oiseau
00:22:03et un costume de la soie la plus coûteuse d'Irlande.
00:22:09Ma mère m'a donné l'ordre de ne vous point parler,
00:22:13aujourd'hui, ni demain,
00:22:17ni même le dimanche.
00:22:21Le moment était mal choisi pour cette prudence maternelle.
00:22:26Après le passage du voleur,
00:22:28hélas, il est bien trop tard pour fermer la porte,
00:22:33vous êtes venu m'enlever tout.
00:22:37Vous m'avez pris le levant,
00:22:39vous m'avez pris le couchant,
00:22:43vous m'avez pris ce qui est devant moi
00:22:46et ce qui est derrière moi.
00:22:50Vous avez pris la lune,
00:22:53vous avez pris le soleil, ma lumière
00:22:58et surtout, ma pire frayeur,
00:23:03c'est que vous m'ayez pris Dieu en même temps.
00:23:15C'est une traduction du gaélique par Lady Gregory.
00:23:20Par Lady Gregory.
00:23:22C'est très étrange.
00:23:24Oh, mais beau aussi.
00:23:25Vous n'avez jamais rien entendu de semblable.
00:23:27Très mystérieux.
00:23:29Que l'amour est beau quand vous le dites.
00:23:31J'ai trouvé ça bon et fort.
00:23:33Ce fut ravissant.
00:23:34Quelle merveilleuse chanson à écrire.
00:23:46Oui, les liquides chinois seront prêts dans une demi-heure, Miss Kate.
00:23:49Fort bien.
00:23:50Et même, j'ai remplacé les serviettes de toilette.
00:23:53Parfait, Lily.
00:23:56Alors, revenons à la danse.
00:23:58Maintenant, les lanciers.
00:23:59Oui.
00:24:03J'ai là une personne qui sera la cavalière idéale.
00:24:06Miss Ivors, vous connaissez mon neveu.
00:24:08Il n'a pas cessé d'aller au pas depuis qu'il a franchi le seuil.
00:24:11Je me fie à vous pour lui faire mal et le stimuler avec la jambe.
00:24:14Elle serait plus qu'heureuse.
00:24:15Je crois qu'un galop lui ferait du bien.
00:24:19J'ai justement une question à vous poser.
00:24:23A moi ? Quelle question ?
00:24:25Qui est JC ?
00:24:27J'ai découvert que vous écriviez pour le Daily Express.
00:24:31Est-ce que vous n'avez pas honte ?
00:24:33Et pourquoi devrais-je avoir honte ?
00:24:35Parce que moi, j'ai honte pour vous à l'idée que vous écriviez pour un torchon britannique.
00:24:39Je n'aurais pas cru que vous fussiez pro-British.
00:24:41Qu'est-ce que ça veut dire, pro-British ?
00:24:43Mais c'est une personne qui se tourne vers l'Angleterre pour être sauvée
00:24:46au lieu de ne se reposer que sur nos propres forces.
00:25:17J'aime beaucoup votre taille.
00:25:18Moi, votre beauté.
00:25:19Pourquoi ne pas vous joindre à nous dans les îles d'Aran l'été prochain ?
00:25:23Nous comptons y rester tout un mois.
00:25:25Cela pourrait être merveilleux.
00:25:27J'adore l'Atlantique.
00:25:29Il faut y venir.
00:25:31Mr Clancy, lui, y viendra.
00:25:33Mr Kilkelly.
00:25:34Kathleen Kearney.
00:25:36Et puis, pensez à votre femme.
00:25:38Elle pourrait vous accompagner.
00:25:40Elle vient de cette partie du monde.
00:25:43Du Connaught, ça ?
00:25:44Sa famille, oui.
00:25:45Si vous viendrez, on peut y compter.
00:25:47Non, à vrai dire, j'ai déjà pris des dispositions.
00:25:49Ah oui ?
00:25:50Oui, je vais tous les ans faire de la bicyclette avec des amis.
00:25:53Mais où ça ?
00:25:54En France, en Belgique, mais cette fois peut-être en Allemagne.
00:25:56Pourquoi aller en France ou en Belgique plutôt que visiter votre pays ?
00:26:00Pour ne pas perdre le contact avec les langues.
00:26:02Et par amour du changement.
00:26:04Mais ne devriez-vous pas vous faire un devoir de garder le contact avec le Gaelic ?
00:26:08Oh non, s'il faut en venir là, pardon, le Gaelic n'est pas ma langue.
00:26:11Mais votre pays, il faut le visiter aussi car vous ignorez tout de vos concitoyens.
00:26:14De votre propre pays ?
00:26:15Si vous voulez savoir, j'en ai par-dessus la tête.
00:26:17De mon propre pays, par-dessus la tête.
00:26:19Pourquoi ?
00:26:24Pourquoi ?
00:26:27Évidemment, vous restez sans voix.
00:26:30Pro-British.
00:26:45C'est quoi ça ?
00:26:48Je ne vois seulement pas.
00:26:52Mais comme d'un...
00:26:53Je ne dis seulement pas, vous êtes aussi jolie que vous.
00:26:59Ne me veuillez plus.
00:27:00Laissez-moi.
00:27:01Non, vous êtes très cruel.
00:27:15Les chers amis ici.
00:27:16Mes très chers amis.
00:27:17Nous sommes réunis ici.
00:27:19Pour quoi ?
00:27:20C'était morning, je ne connais pas.
00:27:22Je ne risquerai pas...
00:27:24Gabriel, sans quête, je voudrais que tu acceptes de découper l'oie ce soir.
00:27:28Miss Daly découpera le jambon et je trancherai le pudding.
00:27:31Très bien.
00:27:32Pourquoi avoir interrompu la danse ?
00:27:33Pour une querelle avec Molly Ivers ?
00:27:35Aucune querelle.
00:27:36Prétend-elle le contraire ?
00:27:38J'aimerais décider.
00:27:39Mr Darcy a chanté.
00:27:40Il est plein de vanité, je crois.
00:27:42Il n'y a pas eu de querelle.
00:27:43Sinon, elle voulait m'entraîner faire du tourisme dans l'ouest de l'Irlande et j'ai refusé.
00:27:46Gabriel, allons-y.
00:27:47J'aimerais tant revoir Galway.
00:27:50Vas-y si tu veux, toi.
00:27:53Écoutez, mes chers amis.
00:27:55Ma sœur, Miss Julia Morgan,
00:27:57a prêt bien le jambon et le pudding.
00:28:00C'est ce qu'elle veut.
00:28:01C'est ce qu'elle veut.
00:28:02C'est ce qu'elle veut.
00:28:03C'est ce qu'elle veut.
00:28:04C'est ce qu'elle veut.
00:28:05C'est ce qu'elle veut.
00:28:06Miss Morgan, après bien des cajoleries,
00:28:09a consenti à nous interpréter une chanson.
00:28:12L'un de ses grands succès d'autrefois.
00:28:14A Raid for the Bride.
00:28:24Vrai accompagnement.
00:28:27Après, pour le mariage, de Belle Ligny.
00:28:37A Raid for the Bride
00:28:41In beauty behold her
00:28:46A white wreath and twilight
00:28:51A full red mother
00:28:56I envy the fair bride
00:29:02I envy the fair bride
00:29:05That softly enfolds
00:29:12Enfolds her
00:29:19Enfolds her
00:29:25And plays with the locks
00:29:30Of her beautiful hair
00:29:36A Raid for the Bride
00:29:42In beauty behold her
00:29:47A white wreath and twilight
00:29:52A full red mother
00:29:57I envy the fair bride
00:30:02That softly enfolds
00:30:10Enfolds
00:30:16Enfolds her
00:30:24And plays with the locks
00:30:29Of her beautiful hair
00:30:38Charmant !
00:30:43Bravo !
00:30:45Je faisais remarquer que...
00:30:49jamais je ne vous ai entendu si bien chanter.
00:30:53Non, non ! Je n'ai jamais entendu votre voix...
00:30:57... tellement bonne !
00:30:58Aussi bonne que ce soir !
00:31:01Alors j'espère que vous le croyez.
00:31:03C'est très vrai !
00:31:04Ma parole d'honneur, c'est la vérité.
00:31:07Je n'ai jamais entendu votre voix aussi...
00:31:11Aussi... aussi claire, aussi fraîche.
00:31:15Oh, mon Dieu.
00:31:16Jamais.
00:31:17Ah, les flagornes horribles dans la tête.
00:31:19Garde tes compliments.
00:31:21Miss Julia Morkan, ma dernière découverte.
00:31:25Mais vous savez, Brown, si vous êtes sérieux,
00:31:28vous pourriez plus mal tomber.
00:31:31Parce que c'est bien ce que j'ai dit.
00:31:33Je ne l'ai jamais entendu chanter à moitié aussi bien.
00:31:38Et c'est depuis que je viens ici.
00:31:41Et c'est vrai, c'est la vérité toute nue.
00:31:43C'est ce que je dis. Je crois que sa voix a encore fait des progrès.
00:31:47Il y a 30 ans, j'avais une assez belle voix, c'est ce qu'on peut dire.
00:31:52J'ai souvent dit à Julia qu'elle était beaucoup trop bonne pour être choriste.
00:31:56Mais elle refusait de me croire, comme d'habitude.
00:31:59D'ailleurs, elle n'a jamais voulu écouter personne au monde.
00:32:02Elle se dévouait nuit et jour, nuit et jour.
00:32:04À des 6h du matin, je l'ai vue se lever pour la messe de Noël.
00:32:07Et pourquoi, Seigneur ?
00:32:09Mais c'était pour l'honneur de Dieu, Tante Kate.
00:32:11Ne viens pas me parler de l'honneur du bon Dieu, Mary Jane.
00:32:14Moi, je n'ai guère trouvé si honorable de la part du pape
00:32:16de chasser les femmes des chœurs d'église,
00:32:18où depuis des années, elles se dévouaient corps et âme.
00:32:21Et tout ça, pour les remplacer par des bouches ou des gamins de rien du tout.
00:32:25Pfff !
00:32:26J'imagine que c'est pour servir l'église, puisque le pape le dit.
00:32:28Mais c'est cruel et injuste.
00:32:31Voyons, Tante Kate, vous faites scandale devant Mr. Brown,
00:32:33qui est du culte réformé.
00:32:35Pensez-vous !
00:32:36Oh, je ne discute pas l'infaillibilité pontificale.
00:32:40Une vieille idiote comme moi n'oserait jamais se permettre
00:32:42une profanation de ce genre.
00:32:45Mais je crois qu'il existe, comment dire,
00:32:48une vraie politesse, une gratitude et...
00:32:51Si j'étais moi, Kate, à la place de Julia,
00:32:53je dirais sans hésiter, ô père, il est ma façon de penser.
00:32:56Et puis, Tante Kate, tout le monde meurt de faim, je le vois bien.
00:33:00Avouez que quand on a très faim, on devient accuereilleur.
00:33:03Et moi aussi, c'est la soif qui me rend accuereilleur.
00:33:05Alors, il faudrait aller à la table et finir cette discussion après.
00:33:08Bien sûr, mais il faudra que ces messieurs apportent leur chaise.
00:33:25C'est une passionnée, elle a toujours été comme ça.
00:33:27Je vais y faire.
00:33:28Molly, ne me dites pas que vous partez.
00:33:30Si, je pars.
00:33:31Mais vous n'avez pas dîné.
00:33:33Je n'ai pas faim, ne vous en faites pas pour moi.
00:33:35Vous ne fussez qu'une minute, Molly, ça ne peut pas vous mettre en retard.
00:33:38Le temps d'avaler quelque chose, vous avez tellement dansé.
00:33:40Il faut que j'y aille.
00:33:41S'il le faut vraiment, permettez-moi de vous accompagner.
00:33:44Je vais assister à un meeting, je ne vais pas à la maison.
00:33:46Un meeting, mais lequel ?
00:33:48Une réunion syndicale au Liberty Hall.
00:33:51James Cornelie doit prendre la parole.
00:33:52C'est un meeting républicain, Molly.
00:33:55Vous êtes une drôle de fille, Molly.
00:33:57Vous y serez sûrement la seule femme.
00:33:59Ce ne sera pas la première fois.
00:34:01Bonne nuit à tous.
00:34:02Bonne heure de livre.
00:34:05Tout le monde est installé à table et personne pour découper ces toits.
00:34:08J'arrive, Tante Kate.
00:34:10Prêt à découper un troupeau d'oies, s'il le faut.
00:34:26Bénissez-nous, Seigneur, et bénissez ce repas fruit de votre bonté
00:34:30que nous nous apprêtons à recevoir
00:34:31par l'intercession du Christ, notre Seigneur.
00:34:33Amen.
00:34:39Miss Daly, qu'est-ce que je vous sers ?
00:34:42Du blanc ? Je vous écoute.
00:34:44Une petite tranche de blanc, en fait.
00:34:47Mr. Brown, passez-moi votre assiette, s'il vous plaît.
00:34:50Voilà, c'est pour qui, ça ?
00:34:52Ça, c'est pour vous.
00:34:54Mr. Graves, laissez-la vous.
00:34:57Je m'en vais, je l'avoue.
00:34:58Ces petites assiettes que je vois défilées
00:35:00font aiguiser mon appétit, Greta.
00:35:03Je ne peux plus attendre.
00:35:05Miss Furlong, vos préférences.
00:35:07À votre idée, Mr. Conroy.
00:35:10Je vous en prie, commencez à manger.
00:35:12Cette oie n'a pas été cuite dans l'idée de refroidir devant vous, voyons.
00:35:16Mais tout m'a l'air absolument délicieux, Miss Morkan.
00:35:20Ce n'est pas trop sec ?
00:35:22C'est une merveille, Tante Morkan.
00:35:24J'avoue qu'en général, je ne tiens pas à l'oie.
00:35:26C'est dur, mais je suis contraint de réviser tous mes jugements précédents.
00:35:32Moi, j'ai toujours préféré l'oie à la dinde.
00:35:35La dinde, à mes yeux, a le goût d'un poulet trempé dans l'eau
00:35:38et puis sans riz.
00:35:39Quand on se fait vieux, on a des goûts de plus en plus divers.
00:35:42Où est la compote ?
00:35:44Oh, il n'y en a pas, je regrette.
00:35:46Il n'y a pas de compote ?
00:35:47Je vous avais bien dit de faire de la compote.
00:35:49L'oie rôtie sans compote de pomme a toujours été assez bonne pour moi.
00:35:52Et je crois qu'on pourrait avoir moins de chance.
00:35:54C'est bien, Tante Kate.
00:35:55Défendez vos principes.
00:35:57Mais si vous et Tante Julia daignez vous asseoir pour dîner...
00:36:00Calmez-vous, j'ai bien le temps.
00:36:01Ça, c'est d'en volter partout comme des poules avec leur poussin.
00:36:04Vous en prie, ne vous en faites pas pour nous.
00:36:07Mangez et ne songez qu'à vous-même.
00:36:09Et comment faire quand vous bourdonnez partout comme un essaim d'abeilles ?
00:36:13Allons, madame, allez vous asseoir sur votre trône.
00:36:17Et proclamez-vous la reine de la paix.
00:36:23Tante Julia, asseyez-vous donc.
00:36:25Vous êtes debout depuis trop longtemps.
00:36:50Je voudrais avoir l'os pour faire un vœu, Mr. Conroy.
00:36:53Mais bien sûr.
00:36:55Depuis la taille de l'os, le vœu doit être d'importance.
00:37:06J'espère que nous avons fait le même vœu.
00:37:08Quelqu'un de vous a-t-il vu le spectacle qu'on donne au théâtre royal ?
00:37:12Oui, moi. Et d'ailleurs, quelques personnes ici le savent.
00:37:15Et qu'en aviez-vous pensé ?
00:37:17Un spectacle si beau qu'il faut renoncer à sa description.
00:37:20Mais quand vous entendez Rodolphe dans son arrière,
00:37:24qu'est-ce qu'il dit ?
00:37:26Que Dieu lui donne une amie.
00:37:27C'est bien simple. Tout y est, diva.
00:37:30Quoi ?
00:37:32Ça m'a donné la chair de poule sur les bras.
00:37:34Et quoi donc ?
00:37:36Vos menottes sont froides.
00:37:38C'est bizarre. Moi, j'ai trop chaud.
00:37:41Pourquoi n'allez-vous pas près de la cheminée pour vous réchauffer ?
00:37:44Freddy, vous avez compris de travers.
00:37:46Mais si, elle a la froide aux mains.
00:37:49C'est le titre d'une chanson.
00:37:51Une chanson ?
00:37:52Oui, tu sais ce que vous racontez.
00:37:54Expliquez-lui, j'abandonne.
00:37:56Oh, Darren.
00:37:57Ce n'est rien.
00:37:59Combien de vous y étiez hier soir ?
00:38:02Moi, c'était avant-hier, vendredi, pour la première.
00:38:04Comme la plupart d'entre nous.
00:38:06Vous avez eu de la chance.
00:38:07Hélas, pour moi, j'y suis allé hier soir.
00:38:10Bédouchi avait une indisposition et j'ai entendu chanter sa doublure.
00:38:13C'était, faut-il le dire, la chance de sa vie.
00:38:15La sorte d'événement qu'on n'ose pas espérer.
00:38:18Et bien, qu'a-t-il fait ?
00:38:19Comment s'en est-il tiré ?
00:38:21Ce n'était pas sa voix, qui est moyenne.
00:38:22Un peu frêle et incertaine dans l'aigu, peut-être.
00:38:25Quoi donc ?
00:38:26Sa diction, qu'on pourrait dire,
00:38:27aussi artistique que celle d'un crieur de foire.
00:38:30Une vraie voix de maquinon.
00:38:32C'était affreux, et ce, pour interpréter les plus jolies perles
00:38:35qu'on ait jamais vues tomber de la plume d'un compositeur.
00:38:38Pardon, à l'exception de Verdi.
00:38:40J'ai entendu dire qu'il avait des mœurs au moins douteuses.
00:38:44Oh, j'irais jusqu'à dire plus que douteuses.
00:38:47Mais quel génie et quel respect le petit peuple avait pour lui.
00:38:51Quand il fut mourant, on couvrait la chaussée de paille devant chez lui
00:38:53afin qu'il ne fût pas gêné par le bruit des acclages.
00:38:56Pensez-vous que cela se passerait en Irlande ?
00:38:59Oh, certainement pas.
00:39:01Il se serait fait ruiner par une femme, ainsi que ce pauvre Parnell.
00:39:04Bon, ça suffit.
00:39:05Je vous en prie, messieurs, oublions le sujet.
00:39:07Navrig, Navrig.
00:39:08Apprenez à garder ces discussions pour vos comités politiques.
00:39:11Dites-moi, Mr Darcy, comment avez-vous trouvé les autres rôles ?
00:39:15Je dois dire que Mme Desvraux possède un timbre ravissant.
00:39:19Une belle homogénéité de temps.
00:39:21Comment puis-je dire ?
00:39:23C'est une embrocation.
00:39:25Oh !
00:39:26Devient pas pour rien une vedette du contralto.
00:39:29J'espère ne pas me ridiculiser aux yeux des experts que vous êtes,
00:39:31mais savez-vous que j'ai trouvé son style d'émission un peu vulgaire ?
00:39:37Ah, avez-vous vu le spectacle de la gaieté ?
00:39:43Parce qu'il s'est produit un nègre chanteur
00:39:46dans la seconde partie qui a, d'après moi,
00:39:49une voix de ténor la plus belle que j'ai entendue.
00:39:53Pas possible.
00:39:55Mais si.
00:39:59L'avez-vous entendue ?
00:40:01Parce que je serais curieux d'avoir votre opinion.
00:40:05Je crois que c'est une grande voix.
00:40:07Pour trouver les bonnes choses, faites confiance à Teddy.
00:40:11Pourquoi n'aurait-il pas une voix, après tout ?
00:40:14Est-ce parce que tu es réservé aux blancs ?
00:40:17Pourquoi cette insistance à toujours m'appeler Teddy ?
00:40:22Je m'appelle... Freddy !
00:40:25Et vous le savez ?
00:40:27Théodore Alfred Malins,
00:40:29pourquoi ne pas commencer par le commencement ?
00:40:31Théodore Teddy.
00:40:33Oh, c'est...
00:40:37Vous savez, une de mes élèves m'a offert un billet pour Mignon.
00:40:41C'était beau, mais cette soirée m'a fait penser à la pauvre Georgina Burns.
00:40:46Burns...
00:40:48Oui, je m'en rappelle, une jeune écossaise, une soprano.
00:40:52Elle est morte très jeune, je crois.
00:40:53Oui, je n'étais qu'une fillette.
00:40:56Une pneumonie,
00:40:57contractée pour n'avoir pris nulle précaution après chanter.
00:40:59Oh, oui, c'est affreux.
00:41:02Affreux.
00:41:03Moi, j'ai des souvenirs plus vieux que cela.
00:41:06L'âge d'or du Belcanto,
00:41:09quand d'Italie, les troupes d'opéra venaient se produire à Dublin.
00:41:12Tijens, Almada de Muruska,
00:41:14Campanini, Ravelli,
00:41:16Giulini, Aramburro,
00:41:18Le Grand Trébellim...
00:41:20Oh, fallait les entendre.
00:41:23C'était bien à l'âge d'or quand on pouvait entendre chanter dans la bonne ville de Dublin.
00:41:27Le poulailler du vieux théâtre royal était bondé, soirée après soirée.
00:41:32Oui, oui.
00:41:33Et d'ailleurs, je me souviens d'une occasion
00:41:36où un jeune ténor italien a été cinq fois bissé dans
00:41:40S'il faut mourir, que ce soit en héros.
00:41:42Et il a réussi un contre-hutte cinq fois de suite.
00:41:46Il n'y a que vous pour vous rappeler ainsi les contre-huttes mystérieuses.
00:41:51Et aussi, bien sûr, quand une prima donna faisait un triomphe,
00:41:55les enthousiastes du poulailler déclaient les chevaux de sa voiture
00:41:59et les voilà partis pour la traîner de la porte du théâtre
00:42:02jusqu'à son hôtel à force de bras.
00:42:04Ah, Dieu, c'était le bon temps.
00:42:06Pourquoi ne donne-t-on plus les grands opéras aujourd'hui d'Innora,
00:42:10Lucrezia,
00:42:12parce qu'on n'a plus les voix nécessaires pour les chanter ?
00:42:14Je prétends moins qu'on chante aujourd'hui aussi bien que naguère.
00:42:18Mais où ?
00:42:18À Londres, Paris, Milan.
00:42:22Je pense que Caruso, par exemple, doit être aussi fort, sinon meilleur,
00:42:25que tous les hommes que vous avez cités.
00:42:26C'est possible, toutefois, permettez que j'en doute.
00:42:28Je donnerais tout pour entendre chanter Caruso.
00:42:32Pour moi, il n'existait qu'un seul ténor qui me plaise, du moins.
00:42:38Oh, je suppose que vous ignorez tout de lui.
00:42:40Et qui était-ce, Miss Morkan ?
00:42:44Il s'appelait Parkinson.
00:42:48Entendre sa voix était un plaisir suprême.
00:42:53Je trouvais alors qu'il avait la plus étonnante voix de ténor
00:42:56qui fit jamais vibrer corde vocale.
00:43:01Je crois n'en avoir jamais entendu parler.
00:43:03C'est bizarre, Darcy.
00:43:06Cependant, Miss Morkan a raison.
00:43:08Je connais, quant à moi, ce bon Parkinson.
00:43:11Quoique je n'ai jamais eu le plaisir de l'entendre chanter.
00:43:16C'était pour moi le plus suave et mélodieux des ténors anglais.
00:43:31Excusez-moi, Miss Creta. Le pouding est prêt à être servi.
00:44:02Oh, c'est super !
00:44:07Puis-je féliciter les chefs ?
00:44:10C'est Andulia qui l'a préparé toute seule.
00:44:13Miss Morkan, c'est une oeuvre d'art.
00:44:16Il a l'air délicieux.
00:44:18J'avais peur qu'il ne soit pas assez brun.
00:44:21Et moi, j'espère que vous me trouverez assez brun,
00:44:24car avant d'être blanc, j'étais tout brun.
00:44:28Pourriez-vous me passer le céleri, s'il vous plaît ?
00:44:32Merci.
00:44:34Le docteur a dit que je devais en prendre absolument pour mon sang.
00:44:38Mais tu attendras après le pouding.
00:44:41Je voulais quelque chose pour changer le goût que j'ai dans la bouche.
00:44:44Est-ce que Freddy vous a dit qu'il partait pour Bel-Rey la semaine prochaine ?
00:44:48Vraiment ? Pour faire retraite ?
00:44:51Je me suis laissé dire que l'air y est reboratif.
00:44:54Et les moines ne réclament jamais un pénis à leurs hôtes.
00:44:57Ce sont des moines hospitaliers.
00:44:59Il y a des hôteries là-bas, mais le rêve...
00:45:05On peut aller s'installer là-bas,
00:45:08prendre pension comme à l'hôtel, vivre sur l'habitant,
00:45:11et repartir sans bourse déliée.
00:45:15La plupart font l'aumône à leurs hôtes avant de repartir.
00:45:18J'aimerais pouvoir dire que notre église en fait autant.
00:45:21Les moines observent la règle du silence et se lèvent à 2h du matin.
00:45:24Et puis aussi, ils dorment dans un cercueil.
00:45:27Pourquoi ça ?
00:45:29Parce que c'est la règle de l'ordre.
00:45:32Oui, mais pourquoi ?
00:45:34Parce que c'est la règle et c'est tout.
00:45:36Il faut bien qu'une logique préside.
00:45:38Oui, vous savez, la doctrine qui est...
00:45:41Aux yeux de l'église.
00:45:43Chacun de nous peut faire pénitence pour autrui.
00:45:46C'est bien ce que le Père Aurore m'a expliqué.
00:45:50Oui.
00:45:52De cette manière, on obtient des indulgences.
00:45:55Comprenez-vous ? La rémission des péchés.
00:45:58Oui.
00:46:00Et c'est pourquoi les moines essaient de...
00:46:06de commencer tous les péchés
00:46:10commis par toutes les créatures
00:46:14du monde extérieur.
00:46:18Et leurs péchés aussi.
00:46:21Vous me dites...
00:46:24qu'ils s'attachent à nous sauver la mise à tous.
00:46:27Mais c'est-à-dire qu'au jugement dernier.
00:46:30C'est ça.
00:46:32Le jour du jugement.
00:46:34Y compris les agnostiques, les athées, les...
00:46:37les paysans et ainsi que vous les nommiez si bien
00:46:40les adeptes du culte réformé.
00:46:43Et puis...
00:46:45Je crois, oui.
00:46:47Eh bien, voilà une idée que j'approuve pleinement.
00:46:50Faudrait être idiot pour refuser.
00:46:52C'est une espèce d'assurance gratuite.
00:46:56Mais...
00:46:58Mais un lit confortable et un bon matelas,
00:47:01c'est bien mieux qu'un cercueil, enfin.
00:47:03Ce sont des hommes très bons, les moines.
00:47:06Très pieux.
00:47:08C'est afin de se rappeler la mort qu'ils couchent dans leur cercueil.
00:47:19Gabrielle, le bouquet.
00:47:23Très tard, je vous sers quelque chose.
00:47:26Porte-le, chéri, ma chère.
00:47:28M. Darcy.
00:47:30Non, merci, je prendrai un verre.
00:47:32J'estime. Ah oui, merci, c'est gentil.
00:47:34Un verre de chéri.
00:47:36Non, je pense que...
00:47:38Oui, ah bon.
00:47:40Oui.
00:47:42Attention.
00:47:44Mesdames et messieurs,
00:47:46ce n'est pas la première fois
00:47:49que nous nous réunissons dans cette maison hospitalière
00:47:52comme bénéficiaires et,
00:47:54peut-être ferais-je mieux de dire victimes,
00:47:57de l'hospitalité
00:47:59de certaines dames de notre connaissance.
00:48:04À vrai dire,
00:48:06nulle tradition ne fait plus honneur à notre pays
00:48:09que sa débordante hospitalité.
00:48:11Certains seront tentés d'y voir un défaut,
00:48:14mais alors, c'est un défaut princier.
00:48:19Mesdames et messieurs,
00:48:21nous vivons dans un monde sceptique,
00:48:23et, si vous me passez l'expression,
00:48:25un monde que la pensée tourmente,
00:48:28dans lequel les valeurs du passé sont dépréciées.
00:48:31Mais je me réjouis de voir
00:48:33que sous ce toit, du moins,
00:48:35l'esprit de la bonne vieille hospitalité irlandaise,
00:48:38chaleureuse et courtoise,
00:48:40est toujours vivant en chacun de nous.
00:48:43Aussi dirais-je, longue vie à la coutume.
00:48:46Oui, bravo.
00:48:49Cependant,
00:48:53dans les réunions telles que celles-ci,
00:48:56des idées tristes viennent aussi à mon esprit.
00:49:00Je songe au passé, à la jeunesse enfuie,
00:49:03que sais-je,
00:49:05aux amis absents qui me manquent ici, ce soir.
00:49:10Mais nous traitons avec les vivants.
00:49:15Il ne faut pas sombrer dans la morosité moralisatrice
00:49:18tout ce temps que nous sommes.
00:49:20Nous avons des devoirs vivants, des affections vivantes
00:49:23qui réclament à bon droit
00:49:25tous les efforts dont nous sommes capables.
00:49:29Nous voici donc réunis,
00:49:31échappant pour un temps au train-train quotidien,
00:49:36dans un esprit de convivialité véritable,
00:49:39dans ce qu'on appelle l'esprit de camaraderie,
00:49:42en tant qu'hôtes et invités de...
00:49:45Comment les appellerais-je ?
00:49:49Les Trois Grâces du monde musical de Blinois.
00:49:55Mais que dit Gabriel ?
00:49:57J'aimerais le savoir.
00:49:59Que nous sommes les Trois Grâces, comme Julia.
00:50:04Très chers amis, je ne tenterai pas de m'attribuer
00:50:07le rôle de Paris, le berger qu'a chanté Homer
00:50:10pour choisir la plus belle.
00:50:12Tâche écrasante qui dépasse mes modestes capacités.
00:50:15Car en les voyant l'une après l'autre,
00:50:18que ce soit notre hôtesse en personne,
00:50:21dont le bon cœur, dont le trop bon cœur,
00:50:24est devenu proverbial chez tous ceux qui la connaissent,
00:50:29ou sa sœur,
00:50:31qui semble posséder la jeunesse éternelle,
00:50:34et dont le chant aura été une surprise
00:50:37et une révélation pour nous tous ici ce soir,
00:50:40ou quand je me tourne
00:50:42vers celle qui est notre hôtesse la plus jeune,
00:50:45talentueuse, enjouée,
00:50:48dure au travail et le modèle des nièces.
00:50:52Je dois avouer que je ne sais pas à laquelle des trois
00:50:55je devrais remettre le prix.
00:50:57Portons donc un toast à toutes les trois.
00:51:02Levons nos verres à leur santé, à leur bonheur,
00:51:05et souhaitons leur longue vie et prospérité.
00:51:08Puissent-elles occuper longtemps encore
00:51:12la position qu'elles ont fièrement conquise
00:51:15dans leur profession,
00:51:17et la position d'honneur et d'affection
00:51:20qu'elles occupent dans nos cœurs.
00:51:33Ce sont de merveilleuses hôtesses,
00:51:36ce sont de merveilleuses hôtesses,
00:51:40ce sont de merveilleuses hôtesses,
00:51:45ce que personne n'ira
00:51:49à moins d'être un goujat,
00:51:52à moins d'être un goujat,
00:51:56ce sont de merveilleuses hôtesses,
00:51:59ce sont de merveilleuses hôtesses,
00:52:03ce sont de merveilleuses hôtesses.
00:52:09Ce que personne n'ira.
00:52:39Ça mord quand même après la chaleur.
00:52:41Nos lits seront bien glacés ce soir.
00:52:43Ça vaudrait le goût de se marier rien que pour avoir chaud.
00:52:49Merveilleuse soirée, je me suis beaucoup amusé.
00:52:52Merci, ma chère Kate,
00:52:54tu ne l'aurais pas été succulent comme vous.
00:52:58Merci pour votre charmante soirée.
00:53:00Ma grand-mère a un vieux jardinier
00:53:02qui a dit en novembre qu'il avait fait froid cet hiver.
00:53:05Quand savait-il ?
00:53:07L'almana.
00:53:09Il dit que les baies du Hou ont rougi très vite
00:53:11et qu'il y en avait en abondance.
00:53:13Ça veut dire qu'un rudiver s'annonce.
00:53:15Et puis, les oiseaux.
00:53:17Je sais que les grives et les litornes ont migré très tôt cette année.
00:53:21Seriez-vous ornithologue, en plus ?
00:53:24En amateur.
00:53:25Je suppose que c'est mon métier
00:53:27qui me pousse vers les autres créatures chantantes.
00:53:30Et puis, les plus beaux de tous les chanteurs sont les oiseaux.
00:53:33Songez un peu à la fauvette ou au pinceau.
00:53:37Et en Italie, j'ai entendu des oiseaux merveilleux.
00:53:41Le rossignol, avant tout.
00:53:44On croirait entendre une ode de Mr. Keith.
00:53:47Du tout, non.
00:53:50Bonsoir, bonsoir.
00:53:56J'ai voulu vous en parler tout au long de la soirée
00:53:59et j'ai oublié à chaque fois.
00:54:01Avez-vous déjà noté toutes les copies d'examen ?
00:54:04Veuillez me les faire parvenir aussi vite que possible
00:54:07car je voudrais poster les résultats au début du trimestre.
00:54:10Vous les aurez mardi matin.
00:54:12Oh, merci, mon vieux.
00:54:14C'est toujours un joie de vous voir.
00:54:16Nous sommes reconnaissants de votre hospitalité.
00:54:19Ce fait vraiment un festin.
00:54:21Encore meilleur que l'an dernier.
00:54:23J'étais là, moi, l'an dernier.
00:54:25Ça nous a fait plaisir.
00:54:27Quand repartez-vous pour l'Écosse ?
00:54:29Lundi prochain. Je ne voyage pas le jour du Seigneur.
00:54:32C'est un plaisir de revenir nous voir en Irlande.
00:54:34Peut-être bien quand mon gendre décidera de nous emmener à la pêche.
00:54:37Car en août, les moustiques sont atroces dans les Highlands.
00:54:41Freddy, allez chercher une chaise.
00:54:43De cette manière, le pauvre Freddy vous reverra bientôt.
00:54:46Dans le fond, là-bas.
00:54:48Excusez-moi, mesdames.
00:54:50Au revoir.
00:54:52Bonsoir, Freddy.
00:54:54Il faut reconnaître qu'il n'a pas fait trop mauvaise figure cette année.
00:54:58Oh, non.
00:55:00La fermeté d'un pilier fiché en terre, cher Mr. Conroy.
00:55:04Un vigoureux jeune homme.
00:55:08Non, mais tout va bien.
00:55:10J'aimerais tant pouvoir en dire autant de mon Freddy.
00:55:13Freddy, cherchez une voiture. Je m'occupe de votre...
00:55:16J'y vais de ce pas.
00:55:18Je ne peux m'empêcher de penser à vous deux, enfin.
00:55:21Qui auraient pu alors s'aviser d'une telle différence ?
00:55:27Vous me rendriez un service, Mr. Conroy ?
00:55:30Pourriez-vous le surveiller un peu pour moi ?
00:55:32Comptez sur moi, Mrs. Mullins.
00:55:34Il va attirer toutes les voitures de place de Dublin.
00:55:37Je crains que Freddy ne puisse jamais se marier.
00:55:44C'est l'heure de rentrer, Mr. Brown.
00:55:48Mr. Brown, réveillez-vous.
00:55:51C'est l'heure du départ.
00:56:00Allez.
00:56:17J'en ai un. J'ai trouvé une voiture.
00:56:20Vous pourrez déposer Mr. Brown en chemin, n'est-ce pas ?
00:56:23Je demande à ma mère.
00:56:26Est-ce d'accord ?
00:56:27Brown a déjà fait la même chose pour moi dans les mêmes circonstances ?
00:56:31Ça nous contraint à faire un grand détour.
00:56:34J'ai très mal aux jambes.
00:56:36Cependant, mère, je lui dois bien ça.
00:56:38J'aimerais que tu cesses de fréquenter.
00:56:45Reste à les Brown d'abord.
00:56:47Je ne veux pas recevoir des coups de pied au cours des opérations.
00:56:50Vincent Munster Road, Jonathan Bourne.
00:56:53Et ensuite, tout droit sur...
00:56:56Excusez-moi, monsieur, mais comment qu'on y va, vous dites ?
00:56:59Vous ne connaissez pas Ratmine ?
00:57:01Non, ni l'autre endroit non plus.
00:57:03Vous n'êtes pas de Dublin, c'est ça ?
00:57:05Vous venez de l'ouest de l'Irlande.
00:57:07Vous avez raison, mon prince, des îles d'Aran.
00:57:09Et vous, vous connaissez un peu Dublin ?
00:57:11Ou Beaux-Antilles ? C'est un signe bouddhiste ?
00:57:14J'ai mal au dos.
00:57:16Je connais mal. Et à vrai dire, je suis même pas coché.
00:57:19Un coup de main que je donne à mon beauf
00:57:21qui aurait bien besoin de quelques soupes pour Noël.
00:57:24Si vous voulez savoir, je m'étais perdu quand vous m'avez sifflé.
00:57:29Ça va, mère, vous êtes bien installée ?
00:57:31Non, pas du tout.
00:57:33Je voudrais bien un coussin sous mes genoux.
00:57:35Je rentre en chercher un.
00:57:37Ce n'est pas la lapin, il y en a plein là-dedans.
00:57:39Mets-en un autre sous mon pied, là.
00:57:41C'est avec l'autorisation du coché.
00:57:43Ces coussins ont dû avoir des vertes et des pas mûrs.
00:57:46Coché, faites le tour du parc.
00:57:48Tenez votre langue, Brown, en présence de ma mère.
00:57:51Où est-il ?
00:57:54Vous savez où vous êtes, oui ou non ?
00:57:57Seriez-vous allé jusqu'à Trinity College ?
00:58:00Trinity College ? Je pense bien que oui.
00:58:04Vous allez foncer droit vers l'église
00:58:07et là, je vous indiquerai le chemin.
00:58:10Allons aussi vite que possible jusqu'à Trinity College.
00:58:19Vous oubliez vos machins de truc-chose, Mr Conroy.
00:58:22Mais, caoutchouc, Lily, caoutchouc.
00:58:27Mais où est-donc disparue mon épouse ?
00:58:29Je n'en sais rien.
00:58:31Greta ?
00:58:33Greta ?
01:03:19Il tournait en rond tout le temps afin d'entraîner la meule.
01:03:23Et voilà qu'un jour, le vieux monsieur décide d'aller en voiture
01:03:27comme les gens de qualité assistés aux défilés militaires dans le parc.
01:03:31Alors, il se met sur son 31, coiffé de son plus beau haut de forme
01:03:35et cravaté de soie, il se met en roue.
01:03:38Et tout se passe à merveille, mais pas jusqu'au bout.
01:03:41Ils arrivèrent devant la statue et là...
01:03:45Voilà que Johnny s'est pris-t-il du cheval sur lequel le roi Billy est assis
01:03:50ou bien se crut-il ramené à la fabrique.
01:03:54Toujours est-il qu'il se mit à tourner en roue autour de la statue.
01:03:58Et le vieux monsieur maudissait le cheval et s'indignait de ne pas pouvoir l'arrêter.
01:04:02« Johnny, Johnny ! » disait-il.
01:04:04« Mais quelle mouche le pique, l'animal ! »
01:04:07« Quelle attitude extraordinaire ! »
01:04:11Il lui fallut descendre de voiture et...
01:04:14et reconduire Johnny à la maison.
01:04:41Bonsoir. Numéro de chambre ?
01:04:4414.
01:04:51Par ici.
01:05:11Tu as l'air fatiguée.
01:05:13Je le suis un peu.
01:05:15Tu n'es pas malade, au moins.
01:05:17Non, fatiguée, c'est tout.
01:05:19Ah, Freddy Mullins.
01:05:21Pauvre Freddy Mullins.
01:05:23Bien quoi ?
01:05:25Je ne sais pas. Le pauvre type.
01:05:27Si j'avais une mère pareille, je me serais mis à boire, moi aussi.
01:05:31Oh, non. Tu as trop le sens, c'est vrai.
01:05:34Je ne sais pas.
01:05:37Dis-moi ce qu'il y a.
01:05:39Dis-le-moi, je crois savoir ce qui se passe.
01:05:42J'ai raison.
01:05:46Je pense à ce que Barthel d'Arcy a chanté.
01:05:49Pourquoi cette chanson devrait-elle te faire pleurer ?
01:05:53Parce que je pense à une personne qui...
01:05:56Je ne sais pas.
01:05:58Je ne sais pas.
01:06:00Je ne sais pas.
01:06:02Je ne sais pas.
01:06:05Parce que je pense à une personne qui la chantait il y a très longtemps.
01:06:09Et qui était cette personne, d'il y a longtemps ?
01:06:12C'était une personne que je connaissais à Galway,
01:06:15quand j'habitais chez ma grand-mère.
01:06:17Un homme que tu aimais ?
01:06:21C'était un jeune garçon que je connaissais.
01:06:24Michael Fury.
01:06:28Il chantait cette chanson, la fille d'Ogrim.
01:06:32Il était très délicat.
01:06:37Je le revois si bien.
01:06:41Ses yeux qu'il avait,
01:06:44profonds et noirs.
01:06:47Et une expression.
01:06:51Une expression.
01:06:54Ainsi, tu es belle et bien amoureuse.
01:06:57Je sortais avec lui pour des promenades à Galway.
01:07:01C'est pour ça que tu voulais aller passer tes vacances dans les îles ?
01:07:04Pourquoi faire ?
01:07:06Est-ce que je sais ? Peut-être pour le voir.
01:07:10Non.
01:07:13Il est mort. Il avait seulement 17 ans.
01:07:17C'est terrible, je trouve, de mourir si jeune.
01:07:22Que faisait-il ?
01:07:24Employé de l'usine à gaz.
01:07:31J'imagine que tu l'aimais,
01:07:33Michael Fury.
01:07:37Je me sentais bien avec lui à l'époque.
01:07:43Quelle maladie causa sa mort si jeune ?
01:07:47Tuberculose ?
01:07:49Je crois qu'il est mort pour moi.
01:07:55L'hiver était froid.
01:07:57L'hiver était froid.
01:08:00Et pourtant, n'en était qu'au début.
01:08:03Je devais quitter ma grand-mère, chez qui j'habitais,
01:08:05pour un couvent de Dublin.
01:08:08Et lui, il était malade chez lui, à Galway.
01:08:12Il ne voulait pas sortir.
01:08:15Alors, sa famille d'Otterard a reçu une lettre.
01:08:20Une des périssées a vu deuil, ou un mot de ce genre-là.
01:08:24Je n'ai jamais su, en fait.
01:08:28Le pauvre garçon.
01:08:31Il avait beaucoup d'affection pour moi.
01:08:34Il se conduisait si gentiment.
01:08:38Nous nous promenions ensemble, tu sais, Gabrielle.
01:08:42Comme on fait à la campagne.
01:08:46Il voulait étudier le chant, mais il y avait sa santé.
01:08:51Il avait une belle voix.
01:08:53Pauvre Michael Fury.
01:08:58Alors ?
01:09:01Ensuite ?
01:09:05Quand le moment est arrivé pour moi de quitter Galway pour le couvent,
01:09:10il allait encore plus mal.
01:09:13On ne m'a pas laissé le voir.
01:09:16Je lui ai envoyé une lettre,
01:09:18disant que je partais pour Dublin,
01:09:20et que je reviendrai en été le voir.
01:09:23J'espérais qu'il irait mieux à ce moment-là.
01:09:28Et puis, la veille de mon départ,
01:09:30j'étais chez ma grand-mère, je faisais les valises dans ma chambre.
01:09:34J'ai entendu des petits cailloux qui crépitaient contre la fenêtre.
01:09:39La vitre était si mouillée que je ne voyais rien.
01:09:42Je me suis lancée dans l'escalier,
01:09:44je me suis glissée par la porte de derrière au jardin.
01:09:49Je l'ai vue, le pauvre Fury, tout au bout du jardin.
01:09:53Tout frissonnant.
01:09:58Tu ne lui as pas dit de repartir ?
01:10:01Je l'ai imploré de bien vouloir repartir tout de suite.
01:10:04Je lui ai dit qu'il allait attraper la mort sous la pluie.
01:10:08Mais il m'a dit qu'il n'avait guère envie de vivre.
01:10:12Je revois ses yeux, c'est bien, c'est bien.
01:10:18Mais est-ce qu'il est reparti ?
01:10:22Oui.
01:10:24Oui.
01:10:26Il est rentré chez lui.
01:10:29Je n'étais pas au couvent depuis une semaine qu'il est mort.
01:10:35Il a été enterré à Outer Hard, où sa famille habitait.
01:10:43J'ai appris ça, qu'il était mort.
01:10:53Qu'est-ce qu'il a fait ?
01:11:23Dommage.
01:11:45Quel pauvre rôle j'aurais joué dans ta vie !
01:11:49C'est presque comme si je n'étais pas ton mari.
01:11:52Tu n'as jamais vécu ensemble, en époux.
01:11:56À quoi ressemblais-tu en ce temps-là ?
01:12:18Pour moi, ton visage a gardé sa beauté.
01:12:22Mais ce n'est plus celui pour lequel Michael Fury brava la mort.
01:12:28Pourquoi ce tourbillon d'émotion qui m'envahit ?
01:12:32Où a-t-il pris naissance ?
01:12:35Pendant le trajet en fiacre ?
01:12:37Dans son absence de réaction quand je lui ai baisé la main ?
01:12:41Pendant la réception chez mes tantes, dans l'imbécilité de mon discours ?
01:12:46Le vin, la danse, la musique ?
01:12:50Pauvre tante Julia.
01:12:53Cette expression égarée qu'elle avait en chantant, après pour le mariage.
01:13:00Bientôt, elle sera, elle aussi, une ombre,
01:13:02rejoignant l'ombre de Patrice Morkan et de son cheval.
01:13:14Bientôt, peut-être, j'irai m'asseoir dans ce même salon, tout vêtu de noir.
01:13:19Les stores seront tirés et je me fouillerai l'esprit à la recherche de paroles de consolation.
01:13:26Et je n'en trouverai que de boiteuses et inutiles.
01:13:31Oui, oui, cela va arriver bientôt.
01:13:42Oui, les journaux ont raison qui annoncent chutes de neige sur l'ensemble du pays.
01:13:48La neige tombe partout, sur les sombres plaines du centre, sur les collines sans arbres.
01:13:55Elle tombe, feutrée, sur les tourbières d'Allen,
01:13:58et plus loin vers l'ouest, feutrée,
01:14:01elle tombe sur les vagues obscures et tumultueuses du Shannon.
01:14:07L'un après l'autre, nous deviendrons tous des ombres.
01:14:11Mieux vaut passer audacieusement dans l'autre monde,
01:14:14sous l'empire glorieux d'une passion,
01:14:16que de s'estomper et se faner tristement avec l'âge.
01:14:21Combien de temps as-tu enfermé dans le secret de ton cœur,
01:14:24l'image des yeux de ton amant,
01:14:26lorsqu'il t'a dit qu'il ne voulait pas vivre ?
01:14:31C'est un sentiment qu'aucune femme ne m'a jamais inspiré à moi,
01:14:35mais je sais que ce sentiment doit être l'amour.
01:14:38Songe à la multitude de ceux qui furent depuis l'origine des temps.
01:14:45Et moi, aussi passager qu'eux,
01:14:47mais façant moi aussi peu à peu pour me fondre dans leur grisaille.
01:14:52Comme tout ce qui m'entoure,
01:14:54ce monde massif lui-même, qu'ils ont bâti pour y vivre,
01:14:58décline peu à peu et se dissout.
01:15:03La neige tombe,
01:15:05elle tombe sur le cimetière solitaire où Michael Fury est enterré.
01:15:10Frêles chutent à travers tout l'univers
01:15:13et chutent, frêles,
01:15:15comme la descente de leur fin dernière.
01:15:19Surtout les vivants
01:15:21et les morts.

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