ÉDITO - "Marine Le Pen se retrouve en position d'arbitre: elle a une capacité de nuisance et d'influence"

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Marine Le Pen a fait sa rentrée politique ce dimanche matin à Hénin-Beaumont. Et elle compte bien peser sur les choix du futur gouvernement.

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00:00Mathieu Croisandeau, Marine Le Pen a donc fait sa rentrée politique à Hénin-Beaumont hier matin.
00:04Est-ce qu'elle a saisi cette occasion pour clarifier sa position vis-à-vis du nouveau gouvernement ?
00:10Est-ce que c'est clair ?
00:11Un jour c'est oui, mais un jour ce sera non.
00:13En fait, elle est un peu coincée, Marine Le Pen.
00:16Côté pile, c'est patte de velours.
00:17La cheffe de pifile des députés Rassemblement National joue la carte de la responsabilité.
00:21Elle se montre conciliante en s'engageant à ne pas faire tomber a priori le gouvernement Barnier.
00:26Elle dit que ce n'est pas très raisonnable, au fond, de censurer le nouveau Premier ministre,
00:29même après son discours de politique générale.
00:31Et puis côté face, elle sort les griffes en prévenant qu'il ne s'agit pas d'un blanc-seing
00:35et en promettant, par la voix du président du RN Jordan Bardella,
00:38de mettre ce gouvernement Barnier sous surveillance.
00:40Pourquoi est-ce que, dans un premier temps, elle se montre plutôt conciliante ?
00:44D'abord parce qu'elle se retrouve, pour la première fois de sa vie politique,
00:46dans une position d'arbitre et qu'elle compte bien en profiter.
00:49Elle le fait de façon un peu plus intelligente, j'allais dire, que la gauche.
00:53La gauche dit qu'on censura, quoi qu'il arrive, tout le temps.
00:55Donc il n'y a plus d'inconnu sur ce bloc-là.
00:58Elle a dit, on verra.
01:00Du coup, elle a non seulement une capacité de nuisance, mais aussi une capacité d'influence.
01:04Ensuite, c'est un choix tactique.
01:06Marine Le Pen, elle ne veut pas apparaître comme le facteur du chaos politique.
01:10Pour elle, elle laisse ça à Emmanuel Macron, qu'elle accuse d'avoir réalisé l'exploit
01:14de rendre la France ingouvernable, et à Jean-Luc Mélenchon,
01:16coupable, selon elle, de vouloir bordéliser le pays.
01:18Enfin, parce que ça lui permet surtout de gagner du temps.
01:20Les législatives ont montré que le RN n'était pas prêt à exercer le pouvoir.
01:23Alors faire tomber les gouvernements les uns après les autres,
01:26tout de suite, au risque de provoquer une crise institutionnelle, ça ne l'arrangerait pas.
01:29Elle préfère utiliser cette trêve, qui ne dit pas son nom, j'allais dire une trêve,
01:33pour revoir son état-major, elle a d'ailleurs changé son directeur de cabinet,
01:36et puis aussi pour affiner son programme.
01:37Et puis, j'ajoute que son calendrier de rentrée, à Marine Le Pen, il est chargé.
01:41Le procès de l'affaire dit des assistants parlementaires du RN, il se profile cet automne.
01:45Ce n'est pas, évidemment, pas le meilleur moment pour jouer cette carte politique.
01:48– Mais c'est une situation qui peut durer longtemps ?
01:49– Non, ça ne durera pas forcément longtemps.
01:52D'abord parce que le naturel va vite reprendre le dessus.
01:54La modération, ce n'est pas dans l'ADN du RN, on en a eu un exemple la semaine dernière,
01:57avec la première réaction, vous vous souvenez, du député Jean-Philippe Tanguy,
02:00qui a traité Michel Barnier de fossile et d'homme le plus stupide de la Ve République.
02:03– Il s'est fait remonter les bretelles.
02:04– Exactement, j'allais le dire, avant d'aller présenter ses excuses
02:07à la demande express de la patronne.
02:09Mais surtout, pour le RN, c'est une question de survie politique, au fond.
02:12Il en va de son statut de premier opposant de France, un FN gentil,
02:16ça n'intéresse personne, disait Jean-Marie Le Pen autrefois.
02:21Le RN, il veut représenter l'alternance et pour ça,
02:24il ne peut pas être complice du système qu'il dénonce.
02:26D'ailleurs, ce week-end, Marine Le Pen a dit
02:28« non, non, je ne suis pas à l'ADRH de Emmanuel Macron, je n'ai rien à voir avec ça ».
02:30Alors, la seule question, c'est quand ?
02:32Marine Le Pen a prévenu hier qu'il y aurait une dissolution dans un an,
02:34contrairement à ce que dit Emmanuel Macron.
02:36C'est une façon de montrer qu'elle connaît déjà la fin de l'histoire.
02:38Alors, si ce n'est pas le prendant de budget,
02:40ça sera plus vraisemblablement au printemps.
02:42– Merci Mathieu, je crois qu'on a une question.
02:44Une question pour Mathieu, avec Antoine Fernandez en direct de la rédaction.
02:48Antoine ?
02:52– Oui, ce matin, j'ai une question pour Mathieu Croissando qui nous vient de Maxime.
02:56Maxime veut savoir tout simplement de combien de temps dispose
02:59Michel Barnier pour composer son gouvernement.
03:02– Alors, dans la Constitution, il n'y a pas de délai sur le papier.
03:06Michel Barnier pourrait prendre tout son temps pour composer un gouvernement.
03:09D'un point de vue politique, en revanche, ça urge,
03:11parce que le budget doit se décider maintenant,
03:14pour être discuté au Parlement à partir du 1er octobre.
03:16Il faut donc bien un ministre de l'économie.
03:18C'est une question de jour.
03:19– Il y a déjà des noms qui sortent ou pas ?
03:21– Oui, il y aura beaucoup de LR.
03:22Visiblement, chez les LR, on parle du patron des LR, Bonneau-Rotaillot,
03:26qui pourrait faire son entrée.
03:27On parle de Vincent Jambrin, vous vous souvenez,
03:29on le recevait la semaine dernière.
03:30– Le vendredi.
03:31– Voilà, le maire de l'LA Rose.
03:33Et puis, on parle aussi de ministres actuels qui se verraient bien rester
03:37et qui viennent des rangs de la droite.
03:39Donc, ça serait plutôt facile pour eux.
03:41Rachida Dadi, Catherine Vautrin, la ministre du Travail par exemple,
03:44ou Sébastien Lecornu, le ministre des Armées, se verrait bien empiler.
03:47– Merci Mathieu.
03:48Tout de suite, c'est Culture et vous, avec Lorraine.

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