L'épisode se déroule à Madagascar et explore les difficultés de transport et de commerce dans les régions reculées de l'île, en se concentrant sur deux ressources précieuses : les saphirs et le bois.
Les pistes des saphirs
Le documentaire suit des chercheurs de saphirs dans la région d'Ilakaka, au sud de l'île :
Il montre les conditions de travail dangereuses dans les mines artisanales
Les difficultés pour acheminer le matériel et les pierres sur des pistes impraticables
Le commerce informel des pierres précieuses dans des conditions précaires
Le trafic de bois précieux
L'épisode s'intéresse également à l'exploitation illégale du bois de rose dans les forêts du nord-est de Madagascar :
Il met en lumière les défis logistiques pour extraire ce bois des forêts denses
Il montre le transport périlleux des grumes sur des pistes et rivières dangereuses
Il évoque les enjeux environnementaux liés à cette exploitation non durable
Les conditions de transport extrêmes
Le documentaire illustre les difficultés de déplacement à Madagascar :
Des pistes boueuses et accidentées que seuls des 4x4 ou des camions peuvent emprunter
Des ponts de fortune faits de troncs d'arbres pour traverser les rivières
L'isolement de certaines régions pendant la saison des pluies
En conclusion, cet épisode offre un aperçu saisissant des défis logistiques et humains liés à l'exploitation des ressources naturelles dans les régions isolées de Madagascar, tout en soulevant des questions sur la durabilité de ces pratiques.
Les pistes des saphirs
Le documentaire suit des chercheurs de saphirs dans la région d'Ilakaka, au sud de l'île :
Il montre les conditions de travail dangereuses dans les mines artisanales
Les difficultés pour acheminer le matériel et les pierres sur des pistes impraticables
Le commerce informel des pierres précieuses dans des conditions précaires
Le trafic de bois précieux
L'épisode s'intéresse également à l'exploitation illégale du bois de rose dans les forêts du nord-est de Madagascar :
Il met en lumière les défis logistiques pour extraire ce bois des forêts denses
Il montre le transport périlleux des grumes sur des pistes et rivières dangereuses
Il évoque les enjeux environnementaux liés à cette exploitation non durable
Les conditions de transport extrêmes
Le documentaire illustre les difficultés de déplacement à Madagascar :
Des pistes boueuses et accidentées que seuls des 4x4 ou des camions peuvent emprunter
Des ponts de fortune faits de troncs d'arbres pour traverser les rivières
L'isolement de certaines régions pendant la saison des pluies
En conclusion, cet épisode offre un aperçu saisissant des défis logistiques et humains liés à l'exploitation des ressources naturelles dans les régions isolées de Madagascar, tout en soulevant des questions sur la durabilité de ces pratiques.
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VoyagesTranscription
00:00...
00:21...
00:37Musique douce
00:39...
00:45Dans la journée, le soleil tape fort à Madagascar.
00:48...
00:50Pour éviter ces morsures, la vie commence très tôt à Marentrec.
00:55...
01:05Dès 6h du matin, il n'y a plus aucune place de libre
01:09dans le taxi-brousse de Stéphane.
01:11...
01:14Melina !
01:17Isolem, Melina !
01:19Toutes les semaines, il fait le trajet jusqu'à Tamatav,
01:22la 2e ville du pays.
01:23Sur cette route chaotique,
01:26les suspensions sont mises à rude épreuve.
01:28Chaque kilo compte.
01:30Stéphane prend un supplément pour les bagages trop lourds.
01:34...
01:37Tout est bon, allez en voiture !
01:40S'entasser à l'arrière du pick-up relève du casse-tête chinois.
01:44Il reste combien de places ?
01:46On va s'arranger.
01:48Tout le monde va réussir à monter si on s'organise.
01:51De toute façon, il y en a qui descendent à la prochaine ville.
01:54Vous allez vous serrer un peu ?
01:56Dans mon carter gris, c'est 15 personnes.
02:00Et on a plus que ça.
02:01Peut-être 19 ou 20 comme ça.
02:05J'en ai besoin.
02:06Comme ça, il y a un petit peu de patinage, tout ça.
02:09On tire.
02:11On prend une corde et on tire. Les clients, ils tirent.
02:15Et de bras, ils vont en avoir besoin.
02:19Seuls des 4-4 peuvent emprunter la nationale 5,
02:22l'une des plus difficiles de Madagascar.
02:25Les 20 passagers ne sont pas au bout de leur peine.
02:28...
02:33Dès la sortie du village, la route annonce la couleur.
02:36...
02:50Ca fait un petit peu de secours, ça.
02:52Ah, je n'ai plus de truc.
02:54Ah, horrible.
02:57Ca, c'est le mode 4-4.
03:00J'aime bien.
03:02J'aime bien voir mon 4-4 qui patine.
03:04C'est comme que j'aime ma femme
03:07et que j'aime mon métier.
03:11Mince, j'ai glissé.
03:14Vous avez senti ?
03:15Je vais accélérer. Vous allez la sentir, la route.
03:18...
03:22Ca, ça secoue à l'arrière.
03:24...
03:31Pour avoir droit au confort de cette banquette hors d'âge,
03:34ces passagers ont payé un supplément.
03:36Ils sont un peu moins secoués,
03:38mais c'est la même punition qu'à l'arrière.
03:41Tous sont malades.
03:45J'ai mal au coeur, j'ai mal au ventre.
03:47Faut que j'aille aux toilettes.
03:49...
03:58Une heure de secousse plus tard, la route fait ses premières victimes.
04:03Il ne supporte pas.
04:05Il a envie de vomir.
04:06Il ne supporte pas le voyage. Il veut descendre.
04:10...
04:18250 km de pistes les attendent.
04:21...
04:25Située dans l'océan Indien,
04:27l'île de Madagascar est presque aussi grande que la France,
04:30mais son réseau routier date de la colonisation française.
04:34A certains endroits, cela fait presque 60 ans
04:37que les routes ne sont plus entretenues,
04:40comme la National 5, qui relie Tamatav à Marentrec.
04:43Oh !
04:44Je sens qu'on va bien s'amuser. La voiture va danser.
04:48Mais où est ce câble ?
04:49...
04:54...
04:56Oh, ça danse comme ça, le pont.
04:58...
05:04J'en ai marre de cette route. On n'arrivera jamais. J'en peux plus.
05:09...
05:11La National, ou plutôt la piste,
05:13est bordée de paysages à couper le souffle.
05:16Mais ces images de cartes postales sont menacées.
05:19La forêt est pillée de ses arbres précieux,
05:22et plus particulièrement le bois de rose.
05:25On sait que c'est illégal, que c'est du vol.
05:28...
05:31Mais il faut bien gagner sa vie.
05:339 jours de voyage sont nécessaires pour apporter un seul de ces troncs.
05:38Certains pèsent dans les 500 kg.
05:40...
05:43Le tronc arrive à très grande vitesse.
05:45S'il nous tombe dessus, c'est la mort assurée.
05:47...
05:50C'est gagné ! On est toujours en vie !
05:53Après la montagne, ils doivent affronter les rapides.
05:57...
05:58La puissance du courant a tué plus d'un transporteur de bois.
06:02...
06:03A l'autre bout du pays,
06:05une autre richesse attire les plus misérables, le saphir.
06:09On n'a pas de lit, on n'a qu'une seule marmite.
06:12Et on ne gagne pas un sou.
06:15...
06:16Des milliers d'hommes creusent la terre avec le même rêve.
06:20Ramène un saphir, qu'on soit milliardaires !
06:23La promesse d'une vie meilleure
06:25se trouve peut-être sous leurs pieds, à 30 m sous terre.
06:28...
06:30On risque notre vie tous les jours pour des pierres.
06:33...
06:35Beaucoup d'entre eux ne verront jamais la couleur d'un saphir.
06:39...
06:44Attention, ça s'écroule ! Tu vas nous tuer !
06:46...
06:48...
06:50Perdu au milieu de l'une des dernières forêts primaires
06:53de Madagascar, le petit village de Tenra.
06:56Le premier commerce se trouve à une journée de pirogue.
07:00Mais pour ses habitants, ce n'est pas très grave.
07:04Ici, les gens vivent en autarcie,
07:07d'agriculture, de pêche et de chasse.
07:10L'argent sert seulement à acheter des outils,
07:13des vêtements ou des cartouches.
07:15Le problème est surtout d'en gagner sans prendre de risques.
07:19Ca va être une grande aventure.
07:21Ce sera très difficile. Il faut bien se préparer.
07:24C'est épuisant.
07:27On doit traverser la rivière,
07:29escalader des rochers et marcher en forêt.
07:32N'oubliez pas la nourriture.
07:34Sans elle, on ne pourra pas survivre dans la forêt.
07:39Préparez bien vos bagages, les gars.
07:42Robert, 39 ans,
07:45est l'un des rares hommes du village à avoir déjà eu un travail.
07:49Il était garde forestier.
07:51Il protégeait la forêt des pilleurs de bois précieux.
07:55Mais il y a 4 ans, il a été licencié.
07:58Alors le garde s'est reconverti en contrebandier de bois de rose,
08:02un arbre rare, très apprécié des Chinois.
08:05Quand on a entendu dire que le bois de rose se vendait bien,
08:08à un bon prix,
08:11on s'est mis à en couper pour pouvoir gagner notre vie.
08:209 jours de marche les attendent.
08:239 jours pendant lesquels ils vont devoir jouer à cache-cache
08:27avec les gendarmes.
08:29Cet arbre est tellement exploité
08:31qu'il n'en reste presque plus sur l'île.
08:34Depuis 3 ans, il est intégré dans la forêt.
08:36Depuis 3 ans, il est interdit d'en couper.
08:40Allez, on met le turbo, les gars !
08:57Tout mon corps travaille, les bras comme les jambes.
09:02Ca demande beaucoup d'énergie.
09:06Allez, poussez plus fort ! Poussez !
09:13Le trafic de bois de rose n'a pas attiré dans la région
09:17que des contrebandiers.
09:19Des voyous sillonnent maintenant la forêt.
09:24Cette route est dangereuse.
09:27Il y a des attaques de voyageurs.
09:30Il peut s'y passer n'importe quoi, mais c'est le seul passage.
09:34Les autorités locales
09:37n'ont jamais voulu construire une route pour les voitures.
09:41Elles voulaient empêcher le trafic du bois de rose de se développer.
09:51Faites attention.
09:54Avec 50 kg sur les épaules, pieds nus,
09:58c'est une petite falaise qu'ils doivent maintenant escalader.
10:01Musique intrigante
10:05...
10:32...
10:38Après 2 jours de marche harassante,
10:42le groupe croise d'autres trafiquants.
10:45Robert est inquiet.
10:47Il a peur qu'ils aient coupé les derniers arbres du coin.
10:51Tu penses que nous allons encore trouver du bois de rose ?
10:55Pour en trouver, il ne faut pas s'enfoncer trop loin dans la forêt ?
10:58Bon, on va chercher. Bonne route et bon vent.
11:02C'est à nous de nous mettre au boulot.
11:05On sait tous que c'est illégal, que c'est du vol,
11:08mais il faut bien que l'on gagne notre vie.
11:11Ici, tout coûte cher. Envoyer les enfants à l'école,
11:15les nourrir, payer des médicaments.
11:18Cris de joie
11:21...
11:23Ils chantent
11:25...
11:28Demain, ils espèrent tous tomber sur un immense arbre de bois de rose.
11:33...
11:35...
11:37...
11:39...
11:41...
11:43Dans cette partie de l'île, les plages sont paradisiaques,
11:47mais virges de touristes.
11:49Les touropérateurs ne prennent pas le risque
11:52d'amener leurs clients sur cette route,
11:54fatigante, voire dangereuse.
11:57...
12:00Comme ce pont rafistolé, mais jamais réparé.
12:03...
12:09Ca, on ne peut pas passer,
12:11parce que ça, c'est déjà cassé.
12:14Le banderoulement, c'est plus bon.
12:16Donc, on va prendre la déviation, là.
12:19J'ai déjà tombé. J'ai monté.
12:21Et tout de suite, il a coulé.
12:23Le derrière de mon 4x4, c'était dans l'eau.
12:27Et le capot, c'était en haut.
12:30Ca, c'est pourri.
12:32Stéphane ne préfère pas tenter le diable.
12:35Il contourne le pont en passant par la rivière.
12:38...
12:40Pour éviter l'enlisement, tous les passagers descendent.
12:44...
12:46...
12:50Il faut faire des ordres aux clients,
12:53parce que c'est pas assuré.
12:56...
13:14J'en peux plus de ce voyage. Je suis crevée.
13:17...
13:19Selon les autorités, la route n'est pas entretenue
13:23afin de ralentir le trafic de bois précieux.
13:26Si la route était plate,
13:28les contrebandiers passeraient avec de gros camions.
13:31Un moyen de lutte efficace,
13:33mais qui ralentit toute l'économie de la région.
13:36Chaque pont est une épreuve.
13:39Le pont, c'est pas rassuré.
13:41Ils ont déjà réparé, mais c'est pas...
13:44Ils ont pas fait la bonne réparation.
13:45Et quand tu montes en haut, ça danse comme ça, le pont.
13:49C'est dangereux. Tu prends un peu de risques, là, avec.
13:59Des véhicules prennent le risque de passer
14:02sous le regard moqueur de Stéphane.
14:04Je sens qu'on va bien s'amuser. La voiture va danser.
14:08Stéphane préfère prendre le bac.
14:10C'est moins dangereux, selon lui.
14:13Moi, je ne monte pas sur ce pont.
14:16Lors d'un précédent passage,
14:19une planche du pont a cédé sous l'une de ses roues.
14:22Le choc a fait tomber un passager qui s'est grièvement blessé.
14:26Depuis, il préfère traverser sur ce bac de fortune.
14:30Mais à la moindre faute de conduite,
14:33le système ne pardonne pas.
14:35Oh ! Vous avez envie que je tombe à l'eau, ou quoi ?
14:40Stéphane n'a pas mis assez de puissance pour monter sur le radeau.
14:49Punaise ! Tous les bagages à l'arrière vont être trempés.
14:55Faut que tu recules !
14:58Mais je suis déjà trop avancé.
15:01Et merde ! C'est cuit. On va vraiment être en retard.
15:06Le moteur est noyé.
15:10Le voyage se termine à la fin du mois d'août.
15:14Le voyage est terminé.
15:16Le voyage est terminé.
15:18Le voyage est terminé.
15:20Le voyage est terminé.
15:22Le voyage est terminé.
15:24Le voyage est terminé.
15:26Le voyage est terminé.
15:28Le voyage semble compromis.
15:32Stéphane ne sait pas comment il va sortir sa voiture de là.
15:44Au coeur de la forêt,
15:47après 6 jours de recherche,
15:50Robert et ses hommes ont trouvé leur trésor.
15:53S'ils réussissent à ramener cet arbre de bois de rose,
15:56ils sont tranquilles financièrement pour 4 ou 6 mois.
16:01Un tronc pour apporter jusqu'à 4 000 euros.
16:05On va le faire tomber dans quelle direction ? Par là ?
16:10Il y a beaucoup d'arbres ici.
16:12Ca va être compliqué, mais on va faire comme ça.
16:17Ces arbres ont une croissance très lente.
16:21Ils mettent au moins 100 ans à se développer.
16:24En observant bien cet arbre,
16:27je peux dire qu'il a entre 50 et 60 ans.
16:33Au coeur de l'arbre, on tombe sur la partie rose.
16:37Si on arrive vite sur le rose,
16:39ça veut dire que l'arbre est bon.
16:45Attention, il ne va pas tarder à tomber.
16:49Encore quelques coups de hache.
16:51Une heure pour abattre ce géant qui vaut de l'or.
16:59Mais celui-ci va leur jouer un mauvais tour.
17:03On a un petit souci. Il n'est pas tombé.
17:06Il est coincé dans les branches des autres arbres.
17:09Il faut trouver un moyen de le dégager.
17:12Pour le faire tomber, ils n'ont que seule solution.
17:16Couper les arbres sur lesquels il repose.
17:19Chaque année à Madagascar,
17:22pour 100 000 arbres de bois précieux abattus,
17:25ce sont plus de 500 000 autres qui sont sacrifiés.
17:29Nous, on veut juste cet arbre de bois de rose.
17:33Mais pour cela, on doit en abattre une dizaine,
17:36voire une vingtaine en plus.
17:38Tout ce qui le coince.
17:42La tâche est titanesque. Robert décide de changer de tactique.
17:49On va couper le tronc à cette hauteur.
17:53Comme ça, l'autre partie va tomber toute seule.
17:59La taille est haute.
18:02Les coups de hache sont moins puissants.
18:06L'argent que ce tronc représente a maintenant un goût de sueur.
18:13Allez, on se relaie.
18:16Il faut s'entraider.
18:17Ça va prendre pas mal de temps.
18:23Pendant des heures, les hommes se passent le manche.
18:27Ils pèsent de plus en plus lourd.
18:31La chaleur est étouffante.
18:37Sa hache bricolée n'a pas tenu le choc.
18:41Il souffle.
18:47La lame a glissé le long du manche et a tapé fort mes doigts.
18:52J'ai mal, mais ça va aller.
18:54Parfois, la lame sort du manche et tape la tête ou les jambes.
18:58Si on se blesse gravement, on n'a pas de médicament ou de pansement.
19:02On se soigne avec la résine du bois de rose
19:05que l'on passe sur la plaie, puis on la pence avec l'écorce.
19:09Après 4 heures de travail, la 1re partie du tronc cède.
19:14Mais Lassim est resté prisonnier des autres arbres.
19:18Il tente de la tirer pour la faire tomber.
19:216 heures d'effort plus tard, Robert décide d'abandonner.
19:26Sans l'autre partie du tronc, l'arbre n'est pas rentable.
19:31Allez, c'est fini.
19:34C'est fini.
19:37C'est fini.
19:40C'est fini.
19:43C'est fini.
19:46C'est fini.
19:50On remballe.
19:57Leur rêve d'argent reste à terre.
20:01Ils vont devoir repartir à la chasse au bois de rose.
20:05Autant dire la quête du Graal, tellement l'arbre est devenu rare.
20:10Au kilomètre 110, le taxi-brousse de Stéphane
20:14s'est transformé en radeau de la méduse.
20:17Il patauge dans l'eau depuis des heures.
20:21Il ne peut pas compter sur une dépanneuse.
20:24Il n'y en a pas dans la région.
20:27Et aucun 4x4 ne pointe à l'horizon.
20:31Les passagers s'impatientent.
20:34On va déjà remonter la voiture.
20:36Pour la suite du voyage, on verra.
20:39Ils veulent repartir au plus vite.
20:42Stéphane a une solution.
20:44Il faut tirer.
20:45Venez tous, on a besoin de bras.
20:50Allez, tirez, tirez.
20:58Sans dire un mot, sans s'énerver,
21:02comme une fatalité de la route ou d'un dieu,
21:05une vingtaine de bras tentent de remplacer la machine.
21:09L'effort est vain.
21:11Rempli d'eau, la voiture pèse des tonnes.
21:13On n'est jamais sûr de rien. Tout dépend de la route.
21:17On n'a pas le choix. Il faut attendre et faire confiance au chauffeur.
21:22Après 2 heures d'effort, la chance se présente.
21:26Encore faut-il que le pont résiste au passage de ce 4x4.
21:44Le chauffeur, compréhensif, a laissé Stéphane à la manœuvre.
21:49Ça se présente comment ? Je recule ?
22:05Allez, poussez, poussez !
22:14Arrêtez-la, arrêtez-la !
22:33Dans ces coins reculés, les garagistes sont rares.
22:37Stéphane a appris la mécanique au fur et à mesure de ses pannes.
22:40Il faut sortir toute l'eau du moteur,
22:44mais j'ai peur pour la boîte de vitesse.
22:47On va démonter ça et ça, et on va tout sécher.
22:52Au 1er essai, c'est de l'eau qui sort du moteur.
22:59C'est bon, on va mettre le contact, Stéphane.
23:03Ça y est, c'est du gasoil qui sort. J'arrête ?
23:07Ouais, ouais, c'est bon, c'est bon.
23:10Maintenant, Stéphane va emprunter le pont.
23:13Pour lui, qui est très croyant,
23:16la main du divin ne peut pas frapper 2 fois.
23:19Tu n'as pas peur que le pont s'écroule ?
23:22C'est ça, c'est les dieux qui décident.
23:25Mais s'il m'en fait tomber de là,
23:28il va pas me faire tomber sur le pont.
23:30Ta voiture n'est pas trop lourde ?
23:34Même si c'est lourd, je vais essayer.
23:37Si tu tombes du pont, c'est pas pareil.
23:40Si je tombe du pont, tant pis, c'est les dieux qui décident.
24:01Ça va ?
24:03...
24:28Cette fois-ci, le ciel a fait preuve de clémence.
24:31De l'autre côté du pont, personne n'en veut à Stéphane.
24:36C'était son destin.
24:38La foi porte les malgaches et leur donne aussi le sourire.
24:42...
24:49L'accident leur a fait perdre 5 heures.
24:52Maintenant, Stéphane espère que l'eau n'a pas trop endommagé le moteur,
24:57qu'il tiendra jusqu'au bout du voyage.
24:59Mais sinon, il va devoir rembourser tout le monde.
25:04...
25:12Après 10 jours de recherche, Robert et ses hommes
25:15n'ont trouvé aucun arbre de bois de rose, ou alors pas assez gros.
25:19À court de vivre, ils sont obligés de rentrer,
25:23mais pas les mains vides.
25:25Il y a quelques mois, l'armée avait donné la chasse aux contrebandiers.
25:29La bande avait dû abandonner un tronc.
25:32Nous allons chercher un tronc que nous avons caché dans la forêt.
25:36Le bois est déjà prêt, nous l'avons abattu il y a quelques temps.
25:40Ils comptaient en ramener plusieurs,
25:43mais celui-ci leur apportera de quoi tenir plusieurs mois.
25:47Nous sommes venus nombreux pour le sortir de là,
25:51parce qu'il est assez gros.
25:54Le tronc pèse près de 400 kg.
25:57Le plus important quand on transporte du bois
26:01est de bien calculer la longueur de sa corde.
26:04...
26:08Il faut faire attention.
26:10Avec une corde trop courte, on est trop près du bois,
26:13et en le déplaçant, on risque de se faire mal.
26:16Il faut 2 personnes de chaque côté, un au milieu et un autre derrière.
26:20...
26:24Ajustez vos cordes, on doit être bien en parallèle,
26:26sinon le bois bouge dans tous les sens.
26:30...
26:35Je n'ai pas envie que le tronc me fasse tomber.
26:38Moi, je le laisse filer.
26:40...
26:44Ils vont le traîner sur 30 km jusqu'à la rivière.
26:48Un des risques de cette descente infernale,
26:51que la corde s'enroule autour de leurs jambes quand ils la lâchent.
26:55...
26:59Attention, le tronc a failli m'écraser.
27:02Tu as lâché la corde trop tôt.
27:04...
27:08Dans la descente, on peut recevoir le tronc en pleine figure,
27:12et avec la vitesse, c'est la mort assurée.
27:15C'est arrivé à un copain.
27:18Il a été touché dans le dos,
27:21et malheureusement, il est mort.
27:23En cas de décès, on veille le mort au camp,
27:27puis on plie le cadavre en deux pour le faire rentrer dans un sac de riz
27:31et on le ramène au village.
27:33Les gars, n'allez pas trop vite !
27:36...
27:38Il faut 2 personnes, une de chaque côté.
27:41Impossible de savoir combien d'hommes meurent chaque année
27:45en allant couper du bois précieux.
27:47Selon Robert, il y aurait 3 accidents mortels par an.
27:50...
28:02Sur cette partie, nous devons porter le bois dans l'eau.
28:05A certains endroits, la rivière est profonde.
28:08Si le bois se coince dans les rochers, c'est épuisant de l'en sortir.
28:12Les gars doivent plonger pour le décoincer.
28:14...
28:25...
28:43...
29:05Il faudrait connaître une formule magique pour porter ce tronc.
29:09...
29:12Cette chute d'eau marque la fin de la montagne.
29:16Les hommes sont arrivés au tiers de leur parcours.
29:19...
29:25C'est gagné ! On est toujours en vie !
29:28...
29:32Épuisés, ils vont passer la nuit ici,
29:35sans même pouvoir enfiler de vêtements secs.
29:38Tous endurent beaucoup de souffrance pour la même raison.
29:42C'est très dur physiquement.
29:45Mais quand je pense à l'argent, ça me motive.
29:48Les autres boulots dans la région ne payent pas autant.
29:51...
29:58Malgré une nuit passée dans l'humidité,
30:01Robert et ses hommes n'ont rien perdu de leur vaillance.
30:03...
30:1630 heures d'effort pour atteindre la rivière.
30:19Le transport n'est pas fini.
30:21Ils doivent maintenant affronter les rapides.
30:24Ces trafiquants de bois
30:26ne sont pas les seuls travailleurs de l'extrême.
30:29D'autres prennent encore plus de risques.
30:31...
30:34L'île possède de nombreuses richesses,
30:37comme les épices, la vanille, le bois précieux.
30:41Mais une nouvelle ressource fait rêver beaucoup de malgaches.
30:45Ils l'ont découverte il y a seulement 10 ans.
30:48En l'exploitant, certains sont devenus extrêmement riches.
30:52D'autres n'ont trouvé que misère et mort.
30:55Tout est une question de chance pour découvrir un saphir.
30:59...
31:04Les mines se trouvent dans le sud de l'île, à Ilakak.
31:08Une région désertique,
31:10traversée par une rivière devenue boueuse,
31:13souillée par les mineurs.
31:15En la traversant,
31:17notre chauffeur s'est fait surprendre par un trou.
31:21Il faut qu'on le sorte de là,
31:23parce que si jamais il continue à pleuvoir,
31:26la voiture va être engloutie.
31:27...
31:33Sans visibilité, impossible de savoir où attacher le câble.
31:37...
31:51Allez, vas-y, tire !
31:52...
32:02Ensoa, la ville minière, a vu le jour en quelques mois.
32:06Attirée par le mythe de l'argent facile,
32:09plus de 10 000 personnes s'y entassent dans la plus grande misère.
32:13La plupart des pierres trouvées se vendent seulement quelques euros,
32:17mais un gros saphir, très pur, peut rapporter plus de 5 000 euros,
32:20soit 40 fois le salaire de base sur l'île.
32:24...
32:28L'argent ne reste jamais très longtemps dans la poche des mineurs.
32:32...
32:35Paco et Massy sont frères.
32:37Il y a 3 ans, ils étaient encore paysans.
32:40Ils ont quitté leur vie de misère,
32:42avec l'espoir de gagner assez d'argent pour acheter une grande maison.
32:46Mais pour l'instant, leur seule fortune se résume à cette cabane.
32:50Les deux familles se partagent 5 m2.
32:53Ils y vivent à 7, avec femme et enfant.
32:56...
32:58On a mis ce rideau, comme ça, chaque famille a son intimité.
33:01...
33:03On n'a pas de lit, on n'a qu'une seule marmite,
33:06un seul bol, une seule soupière, une seule cuvette.
33:10Et ça, c'est le seul drap que nous avons pour tout le monde.
33:14On n'a pas un sou.
33:16Son salaire ne suffit pas.
33:17Parfois, il n'est même pas payé.
33:21...
33:23Mais on ne partira pas
33:25tant que Dieu ne nous aura pas donné un gros saphir.
33:29...
33:31Les 2 frères travaillent pour un homme qui possède sa propre mine.
33:35Il les paye moins de 2 euros par jour.
33:38S'ils trouvent une pierre, ils reçoivent un pourcentage sur la vente.
33:42...
33:44...
33:48On commence à travailler dès 7h du matin.
33:52On fait une pause vers 14h,
33:55mais chaque jour, on doit sortir au moins 25 sacs de sable.
33:59Parfois, on creuse jusqu'à minuit.
34:02Et quand on rentre à la maison, on s'écroule, épuisé.
34:06...
34:08Les Malgaches racontent que l'enfer se trouve
34:11au plus profond des entrailles de la Terre.
34:14Pour ces hommes, il se situe à moins 30 m.
34:18...
34:38Les 2 frères et 2 autres ouvriers
34:40évoluent dans des galeries d'à peine 60 cm de haut.
34:45...
34:53Allez, vas-y, creuse. Creuse encore.
34:56...
35:07La pierre est vraiment dure, ici.
35:09...
35:17Là, c'est bien. Je sens que je vais la casser, cette pierre.
35:21...
35:24Ma baramine n'est plus assez pointue,
35:27mais je continue quand même.
35:30Il faut que je remplisse ces sacs de gravier.
35:33...
35:42Le filon est bon.
35:44Si on ne trouve rien, c'est parce que Dieu ne veut pas.
35:48Il ne nous reste plus qu'à l'implorer.
35:51Ce trou à rats est un four pour les hommes.
35:54Il fait 40 degrés en permanence.
35:57La chaleur pompe rapidement la force des esclaves du safir.
36:01Et qu'est-ce que c'est lourd !
36:05Pour avancer, on est obligés de baisser la tête.
36:09...
36:13Être mineur, c'est aussi être un peu contorsionniste.
36:17...
36:23...
36:31Il y a beaucoup de morts dans les mines.
36:35Ce travail est épuisant, très dangereux.
36:40Un grand nombre d'entre nous meurent
36:43dans l'effondrement de leurs galeries,
36:46mais aussi par manque d'air.
36:49Ca commence à devenir pénible, ici.
36:52A 30 m sous terre, l'oxygène se fait rare.
36:56Aucun patron de mine n'a les moyens
36:59de se payer une machine à ventiler.
37:02Pour avoir de l'air frais, les mineurs ont dû jouer d'ingéniosité.
37:06Le système est archaïque, mais il fonctionne.
37:09Et surtout, il ne coûte presque rien.
37:12...
37:19Dans la mine de Bakoy Massi, le tuyau ne mesure que 25 m.
37:24Il n'arrive pas jusqu'à la galerie où il travaille.
37:28Qu'est-ce qui se passe avec le tuyau d'air ?
37:32Il fait chaud, ici.
37:35Beaucoup trop chaud.
37:38C'est dur de travailler comme ça.
37:42J'ai soif.
37:45...
37:47Eh, là-haut ! Envoyez-nous de l'eau !
37:53C'est le dernier sac ?
37:57Oui, vas-y, tire !
38:00Ce dernier chargement a bien failli leur coûter la vie.
38:04...
38:13Attention, ça s'écroule !
38:16Tu vas nous tuer !
38:20Il faut vite consolider avec ces morceaux de bois.
38:23...
38:49Une vie de danger pour moins de 2 euros par jour.
38:52...
38:59Stéphane, le taxi-brousse, est à mi-parcours.
39:03Son 4x4 semble tenir le coup,
39:06même après avoir passé 3 heures dans l'eau.
39:10Le moteur ne montre aucun signe de faiblesse.
39:14Il ménage son vieux diesel.
39:17A la moindre complication, il s'allège
39:19pour éviter de tirer sur la mécanique.
39:23...
39:26...
39:33...
39:42...
39:50...
39:56...
40:07...
40:11J'en ai marre de cette route.
40:13On n'arrivera jamais, j'en peux plus.
40:16...
40:21Cette fois, le bateau est moderne.
40:24L'Etat n'entretient pas les routes,
40:26mais la traversée en bac est gratuite, ou presque.
40:29Pour se faire un peu d'argent,
40:31le bâtelier revend tous les mois le gasoil réservé à son bateau.
40:35Quand il n'en a plus,
40:37il se serre directement dans le réservoir des automobilistes.
40:41...
40:48...
40:54...
41:00Attends-toi là-bas, j'arrive pour te taxer.
41:03...
41:08...
41:16Si tu ne donnes pas, tu ne peux pas partir.
41:19...
41:26Avant d'arriver à Tamatave,
41:28Stéphane doit encore emprunter 7 bacs comme celui-ci.
41:31Et la plupart pratiquent ce racket.
41:33...
41:39Le voyage est épuisant.
41:42Interminable.
41:44...
41:50Il y a un souci, mes amis.
41:52Une demi-douzaine de voitures sont arrêtées.
41:55Un arbre est tombé au milieu de la route.
41:59Du moins, on lui a un peu aidé.
42:01Il y a quelqu'un qui l'a coupé.
42:04C'est pas tombé comme ça.
42:06Ils ont coupé l'arbre.
42:08Peut-être qu'ils vont faire un petit pirogue.
42:11Ça bloque la route.
42:14Des hommes ont voulu voler cet arbre pour en faire une pirogue.
42:18Ils ont dû être surpris et l'ont abandonné.
42:22Stéphane est préoccupé.
42:24S'il reste bloqué ici,
42:26il devra payer l'hébergement à ses passagers.
42:29Il prend la direction des opérations.
42:31On n'a même pas une hache pour couper cet arbre.
42:35Il faut creuser. On va passer sous l'arbre.
42:38Vu la hauteur de certains véhicules,
42:41il va falloir creuser profond.
42:44Allez, les gars, on se relaie.
42:47...
42:53Je commence à fatiguer.
42:56...
43:02Envoyez l'alcool.
43:04Il n'en a pas. Il y a beaucoup de boulot, tu sais.
43:08Cela fait 2 heures qu'ils creusent.
43:11La mission semble impossible.
43:14La Providence va venir de ses nouveaux arrivants.
43:17Maintenant, ça va aller vite.
43:19Le bois de pirogue est tendre.
43:21...
43:30J'ai pas prévu de mourir, aujourd'hui.
43:32...
43:57Allez, bon voyage. J'espère que tu vas arriver demain.
44:01Stéphane arrivera à Tamatave avec un jour et demi de retard.
44:06Cette fois-ci, les passagers vont se montrer compréhensifs
44:10en ne lui demandant aucune indemnité.
44:16Dernière étape pour Robert et ses hommes.
44:20Et c'est peut-être la plus dangereuse.
44:23La descente des rapides.
44:25Le tronc est attaché à des chambres à air.
44:27Dirige ce radeau de fortune.
44:30Si l'un d'eux tombe à l'eau, 400 kg de bois de rose leur tombent dessus.
44:35Le pilote, c'est Jeannot.
44:37Moi, je suis un pro.
44:39Je connais la rivière par coeur.
44:42Je ne la crains pas.
44:44La force du courant a tué plus d'un transporteur de bois.
44:48Mais moi, j'ai un don inné. Je maîtrise la nature.
44:51...
45:12Passés les premiers rapides,
45:14Jeannot se débarrasse de son copilote.
45:17Il ne le trouve pas assez efficace.
45:21...
45:32C'est ma spécialité, de descendre les rapides sur des chambres à air.
45:37Je suis expert en transport pneumatique.
45:41...
45:54Le radeau est quasiment incontrôlable.
45:56...
46:14Un rocher a brisé sa perche.
46:17...
46:22Il va devoir ralentir sa descente avec les mains.
46:24...
46:48Quand les eaux se calment,
46:50Jeannot se cherche un nouveau gouvernail.
46:55Il faut que je reste concentré sur mon objectif.
47:00Je dois livrer le chargement.
47:03...
47:07La descente a duré 5 heures.
47:10...
47:21Maintenant, d'autres hommes vont convoyer le bois jusqu'à la mer.
47:27...
47:33Une fois le tronc glissé au fond de cette pirogue,
47:36ils n'ont plus qu'à le cacher.
47:39...
47:42On installe nos bagages dessus.
47:45Comme ça, personne ne voit ce que l'on transporte.
47:49Il ne faut surtout pas se faire prendre par la police.
47:54...
47:57Ce commerce met en péril les forêts malgaches.
48:00Le gouvernement lutte
48:02contre les trafiquants avec des moyens dérisoires.
48:05Dernièrement, 3 000 rondins de bois de rose
48:08ont été saisis dans la région.
48:10...
48:14Musique rythmée
48:17...
48:47...