Le sommet du pouvoir décortiqué : Jean-Michel Blanquer est l’invité du 9 septembre
Après plusieurs mois d’intensité et de cohésion autour du sport, la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques s’est déroulée dimanche 8 septembre au Stade de France. Invité des 4 vérités, Jean-Michel Blanquer a félicité une « cérémonie magnifique » et salue « une grande réussite ». En tant qu’ex-ministre de l’Éducation nationale sous le gouvernement d’Emmanuel Macron, l’homme politique a eu, dans son périmètre, le ministère des Sports. Il parle d’une « synergie » entre les deux compétences et souligne sa perspective, déjà, à l’époque, de laisser un legs de ces Jeux Olympiques pour les élèves français. « C’est important que ces Jeux Olympiques produisent un élan positif pour la population. »
Après deux longs mois d’atermoiements, Emmanuel Macron a fini par nommer, le mercredi 4 septembre, Michel Barnier en tant que premier Ministre. Le locataire de Matignon n'a, lui, en revanche, pas encore constitué son nouveau gouvernement. Après Nicole Belloubet, qui occupera le poste important de ministre de l’Éducation nationale ? Jean-Michel Blanquer accorde en tout cas toute sa confiance à Michel Barnier, un « homme aux parcours très estimable » selon lui, qui saura prétendre à gérer la « situation très difficile » dans laquelle la France se trouve actuellement, entre manifestations et pouvoir très fragilisé.
Lors de la passation de pouvoir, le 6 septembre, Gabriel Attal, Premier ministre sortant, a demandé à Michel Barnier de « continuer de faire de l’école une priorité absolue. » Par la suite, son successeur a confirmé que l’école « resterait bien la priorité du Gouvernement ». Pour Jean-Michel Blanquer, la France, comme Singapour, qu’il cite en exemple, doit bel et bien faire partie de ces pays qui investissent « massivement » dans l’éducation.
Jean-Michel Blanquer dénonce une trop grande concentration du pouvoir sur Emmanuel Macron
Dans La citadelle, publié aux éditions Albin Michel, Jean-Michel Blanquer raconte les coulisses du pouvoir, et notamment celles de ses cinq ans passés au ministère de l’Éducation nationale. Il y dévoile aussi une certaine amertume à l’égard du président de la République. Mais il défend, dans les 4 vérités, qu’il a seulement cherché, dans cet ouvrage, à évoquer une sorte de « déclin » entre le premier et le deuxième quinquennat. Quant au cas Attal, il considère que le jeune ministre a été à son poste de façon « trop éphémère » pour qu’il soit possible de juger ses compétences.
Lorsqu’il était ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer a connu une telle ascension dans le système Macron qu’il a vite été considéré comme un des hommes clefs du pouvoir, jusqu’à se faire surnommer « le vice-président » par la presse. Puis, finalement, assez rapidement, une forme de désamour est née entre le Chef de l’État et son ministre. L’invité politique l’explique par la volonté d’Emmanuel Macron qu'il se présente aux élections régionales d’Ile-de-France. Une volonté que Jean-Michel Blanquer, jugeant qu’il ne s’agissait pas là d’une priorité, n’a pas exécutée. « Je pense qu’il a vécu ça comme une forme de non-loyauté », analyse aujourd'hui notre invité politique. « Ce qui ne l’était pas », développe-t-il. Mais qui explique sans doute sa disgrâce aux yeux du président.
Dans son livre, Jean-Michel Blanquer met en avant ce qui serait, selon lui, une forme de trop grande concentration et personnalisation du pouvoir autour d'Emmanuel Macron. Pour l’homme politique, la bascule vers ce pouvoir autocratique a eu lieu lors de la crise du COVID, en 2020, lorsqu’il s’agissait, pour le président de la République, de se mêler « même de sujets très personnels ». Simplement, quand la crise sanitaire était terminée, il eut été temps d'exploiter les thèmes de « l’ouverture » et de la « bienveillance » prônés pendant la campagne de 2017. « Or, ça n’a pas été fait (…) Je pense que chacun en voit les conséquences », argue le chercheur en droit, qui assure vouloir, aussi, en décortiquer les causes dans son livre.
Après plusieurs mois d’intensité et de cohésion autour du sport, la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques s’est déroulée dimanche 8 septembre au Stade de France. Invité des 4 vérités, Jean-Michel Blanquer a félicité une « cérémonie magnifique » et salue « une grande réussite ». En tant qu’ex-ministre de l’Éducation nationale sous le gouvernement d’Emmanuel Macron, l’homme politique a eu, dans son périmètre, le ministère des Sports. Il parle d’une « synergie » entre les deux compétences et souligne sa perspective, déjà, à l’époque, de laisser un legs de ces Jeux Olympiques pour les élèves français. « C’est important que ces Jeux Olympiques produisent un élan positif pour la population. »
Après deux longs mois d’atermoiements, Emmanuel Macron a fini par nommer, le mercredi 4 septembre, Michel Barnier en tant que premier Ministre. Le locataire de Matignon n'a, lui, en revanche, pas encore constitué son nouveau gouvernement. Après Nicole Belloubet, qui occupera le poste important de ministre de l’Éducation nationale ? Jean-Michel Blanquer accorde en tout cas toute sa confiance à Michel Barnier, un « homme aux parcours très estimable » selon lui, qui saura prétendre à gérer la « situation très difficile » dans laquelle la France se trouve actuellement, entre manifestations et pouvoir très fragilisé.
Lors de la passation de pouvoir, le 6 septembre, Gabriel Attal, Premier ministre sortant, a demandé à Michel Barnier de « continuer de faire de l’école une priorité absolue. » Par la suite, son successeur a confirmé que l’école « resterait bien la priorité du Gouvernement ». Pour Jean-Michel Blanquer, la France, comme Singapour, qu’il cite en exemple, doit bel et bien faire partie de ces pays qui investissent « massivement » dans l’éducation.
Jean-Michel Blanquer dénonce une trop grande concentration du pouvoir sur Emmanuel Macron
Dans La citadelle, publié aux éditions Albin Michel, Jean-Michel Blanquer raconte les coulisses du pouvoir, et notamment celles de ses cinq ans passés au ministère de l’Éducation nationale. Il y dévoile aussi une certaine amertume à l’égard du président de la République. Mais il défend, dans les 4 vérités, qu’il a seulement cherché, dans cet ouvrage, à évoquer une sorte de « déclin » entre le premier et le deuxième quinquennat. Quant au cas Attal, il considère que le jeune ministre a été à son poste de façon « trop éphémère » pour qu’il soit possible de juger ses compétences.
Lorsqu’il était ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer a connu une telle ascension dans le système Macron qu’il a vite été considéré comme un des hommes clefs du pouvoir, jusqu’à se faire surnommer « le vice-président » par la presse. Puis, finalement, assez rapidement, une forme de désamour est née entre le Chef de l’État et son ministre. L’invité politique l’explique par la volonté d’Emmanuel Macron qu'il se présente aux élections régionales d’Ile-de-France. Une volonté que Jean-Michel Blanquer, jugeant qu’il ne s’agissait pas là d’une priorité, n’a pas exécutée. « Je pense qu’il a vécu ça comme une forme de non-loyauté », analyse aujourd'hui notre invité politique. « Ce qui ne l’était pas », développe-t-il. Mais qui explique sans doute sa disgrâce aux yeux du président.
Dans son livre, Jean-Michel Blanquer met en avant ce qui serait, selon lui, une forme de trop grande concentration et personnalisation du pouvoir autour d'Emmanuel Macron. Pour l’homme politique, la bascule vers ce pouvoir autocratique a eu lieu lors de la crise du COVID, en 2020, lorsqu’il s’agissait, pour le président de la République, de se mêler « même de sujets très personnels ». Simplement, quand la crise sanitaire était terminée, il eut été temps d'exploiter les thèmes de « l’ouverture » et de la « bienveillance » prônés pendant la campagne de 2017. « Or, ça n’a pas été fait (…) Je pense que chacun en voit les conséquences », argue le chercheur en droit, qui assure vouloir, aussi, en décortiquer les causes dans son livre.
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TVTranscription
00:00Et vous recevez ce matin Jean-Michel Blanquer, ancien ministre de l'Education nationale.
00:05Bienvenue dans les 4V, Jean-Michel Blanquer.
00:10Vous publiez ces jours La Citadelle aux éditions Albin Michel.
00:14Vous racontez les coulisses du pouvoir, les coulisses de vos 5 ans passés au ministère de l'Education nationale.
00:20On va y venir bien sûr dans un instant.
00:22Mais d'abord un mot sur la fin de Paris 2024.
00:25Ça y est, la page est tournée.
00:27La cérémonie de clôture des Jeux paralympiques s'est déroulée hier soir.
00:30Qu'est-ce que vous retenez de ces Jeux olympiques et de ces Jeux paralympiques ?
00:34D'abord c'est une réussite magnifique.
00:36Je crois que tout le monde le dit et c'est vrai.
00:38Y compris les Jeux paralympiques qui envoient un message magnifique.
00:41J'ai beaucoup aimé la cérémonie d'ouverture et l'ensemble.
00:44Parce que non seulement il y avait les mêmes qualités que pour les Jeux olympiques,
00:47mais il y avait en plus cette simplicité et puis ce message qui a été magnifique de bout en bout.
00:52C'est vraiment une grande réussite et c'est évidemment la démonstration
00:55que la France est capable du meilleur quand elle est unie.
00:58C'est un très bon message.
00:59Pendant une partie des cinq ans où vous étiez au ministère de l'Education nationale,
01:02pendant deux ans environ, vous avez eu l'espoir également dans votre périmètre ministériel.
01:07C'est quoi l'héritage de ces Jeux olympiques et paralympiques ?
01:10Pour les enfants, pour l'Education nationale ?
01:12C'était une très bonne chose d'avoir l'Education nationale avec les sports.
01:15Il y avait Roxana Maracineanu comme ministre déléguée.
01:18Avec l'ensemble des partenaires, je pense aux fédérations en particulier,
01:21puis à Tony Estanguet pour la préparation des Jeux,
01:24nous pouvions faire des synergies entre nos différentes compétences.
01:26Et notamment, nous avons veillé tout particulièrement à ce qu'il y ait un leg des Jeux olympiques pour les élèves.
01:32C'est notamment l'opération 30 minutes d'activité physique par jour
01:36qui concerne maintenant beaucoup d'élèves à l'école primaire.
01:38J'espère qu'elle va, avec l'élan des Jeux olympiques,
01:40désormais concerner tous les élèves de l'école primaire en particulier.
01:44Mais c'est un message aussi pour tous les enfants et adolescents
01:47et pour la population qui dit qu'on a besoin de bouger 30 minutes par jour.
01:50Vous savez, à l'école, il y a des messages de santé publique qui sont fondamentaux.
01:53Il y a le message de comment se nourrir, le message de l'action, de bouger son corps,
01:59et puis le message de la non-addiction, la non-addiction aux écrans et à toutes les choses qui font du mal.
02:04Ces trois messages sont essentiels, ça va de pair avec les savoirs fondamentaux,
02:09mais c'est très important que les Jeux olympiques ne soient pas seulement un moment de joie collective,
02:15bien sûr ça l'est, mais c'est aussi l'élan positif que ça produit pour la population.
02:19On ne sait pas encore qui sera l'un de vos successeurs au ministère de l'Éducation nationale
02:23dans le futur gouvernement Barnier.
02:25La nomination de ce nouveau Premier ministre, est-ce qu'elle vous a surprise ?
02:28Qu'est-ce que vous pensez de Michel Barnier, Premier ministre ?
02:30Je pense du bien de l'homme, je pense que c'est un homme qui a un parcours très estimable
02:35et chacun sait qu'on est dans une situation très difficile.
02:38Plusieurs personnes pouvaient prétendre à cela, Michel Barnier en fait partie.
02:43Ce qui compte maintenant c'est qu'il réussisse, puisque sa réussite sera la réussite de la France.
02:47Donc pour moi c'est ma seule idée, elle est celle-là, il faut que la France réussisse.
02:51Lors de la passation de pouvoir, Gabriel Attal a demandé à Michel Barnier, je cite,
02:55de continuer de faire de l'école une priorité absolue. Est-ce que ça vous rassure ?
03:00C'est important de le dire en tout cas et c'est surtout important de le faire.
03:03Vous savez on parle beaucoup des questions budgétaires à juste titre,
03:07l'équilibre des comptes publics est un enjeu majeur.
03:09Il y a des sujets sur lesquels on peut faire de très fortes économies en France,
03:12j'en parle d'ailleurs dans le livre, mais l'éducation n'en fait pas partie.
03:16Au contraire les pays qui vont bien sont les pays qui investissent dans l'éducation.
03:20Prenez Singapour qui est premier dans les classements internationaux,
03:23qui est considéré comme un bon modèle de gestion.
03:25Ils ont investi massivement dans l'éducation, j'ai toujours plaidé pour cela.
03:29La dépense publique doit être maîtrisée et il y a des sujets, encore une fois je les identifie,
03:35qui eux peuvent permettre de faire des économies.
03:37Alors dans votre livre vous avez la dendure notamment contre Emmanuel Macron.
03:41Aussi un petit peu contre Gabriel Attal, qui a été ministre de l'éducation avant d'être Premier ministre.
03:46Comment vous jugez finalement son bilan en matière d'éducation nationale ?
03:50Lui qui avait dit qu'il emporterait l'éducation à Matignon.
03:53Je n'ai pas la dendure, justement il faut lire le livre pour bien le voir.
03:59C'est qu'au contraire je raconte chronologiquement comment les choses se sont passées.
04:02Il y a des choses très bonnes dans le bilan, notamment du premier quinquennat.
04:05Ce que je raconte c'est une forme de déclin entre le premier et le second quinquennat.
04:09Et je crois que chacun peut le voir.
04:11Et le bilan en matière d'éducation de Gabriel Attal, vous le jugez comment ?
04:14Il a été beaucoup trop peu de temps à l'éducation pour qu'on puisse dire quelque chose là-dessus.
04:18Je pense qu'il y a eu des annonces.
04:20Ces annonces aujourd'hui il faut regarder où elles en sont.
04:23Mais ça a été un ministre de l'éducation assez éphémère quand même.
04:26Si Michel Barnier, question courte, réponse courte, vous appelait pour participer au gouvernement, ça vous intéresse ou pas ?
04:31Non, je ne suis pas candidat à ça aujourd'hui.
04:34Je suis heureux dans ce que je fais, par contre je suis en soutien comme vous l'avez entendu.
04:38Mais là où je suis, je n'ai pas besoin de retourner au gouvernement.
04:41Alors justement, vous avez vécu de l'intérieur ce qu'on appelle les coulisses du pouvoir,
04:46la façon dont Emmanuel Macron gère le pouvoir.
04:49Vous avez été qualifié même à un moment de vice-président.
04:52C'était à la une de nos confrères Dupont.
04:54C'était en 2018.
04:56Et puis ensuite il y a eu une forme de désamour.
04:58Comment vous l'expliquez et à cause de quoi ?
05:01Alors c'est évidemment toujours un peu complexe et subtil et c'est pour ça qu'il y a un livre.
05:06Mais j'ai eu la chance d'avoir quatre années exceptionnelles,
05:12comme rarement sous la Ve République, c'est-à-dire faire vraiment un duo avec le Président de la République
05:17et le Premier ministre aussi bien sûr,
05:19qui consistait à réformer l'éducation nationale, à avoir le temps pour le faire.
05:23Il faut cinq ans, il faut même plus que cela.
05:25Il faut une dizaine d'années pour qu'on réussisse à planter les graines nécessaires pour le futur.
05:29Ce que nous avons fait par exemple pour l'école primaire,
05:31et là aussi j'en donne une démonstration,
05:33peu de gens le savent, mais c'est mesuré par les évaluations,
05:36le niveau de l'école primaire en France est en train de remonter.
05:39Nous sommes le seul pays qui a progressé avec le Portugal pendant la crise sanitaire,
05:43parce que non seulement nous avons peu fermé les écoles,
05:46mais en plus toute une série de mesures,
05:48on pense au dédoublement des classes souvent, mais il y en a eu bien d'autres,
05:51notamment en matière de formation des professeurs,
05:53ont permis le début de ce rebond.
05:55Mais l'éducation nationale c'est un sujet de long terme.
05:57Mais qu'est-ce qui explique, si j'ose dire, votre disgrâce politique ?
05:59Qu'est-ce qui fait qu'à un moment...
06:00Alors il y a un fait qui a joué un rôle dans la relation,
06:02lorsque je n'ai pas trouvé pertinent d'aller me présenter aux élections régionales en Ile-de-France,
06:07parce qu'à cette époque on était en pleine crise sanitaire,
06:10et ça ne me paraissait pas du tout une bonne chose de faire autre chose
06:13que mon métier de ministre de l'éducation nationale à ce moment-là,
06:16donc de faire deux choses en même temps.
06:18Le Président aurait souhaité que je le fasse,
06:20et je pense qu'il a vu ça comme une forme de non-loyauté,
06:23ce que ça n'était pas du tout.
06:25On voit que dans votre livre vous décrivez très bien aussi
06:27la façon dont les différents acteurs du pouvoir agissent parfois en coulisses.
06:32Vous mettez en avance qu'il serait une trop grande concentration et personnalisation du pouvoir.
06:37Est-ce que ça a été ça dès le début du premier quinquennat d'Emmanuel Macron,
06:40ou est-ce qu'il y a un moment clé qui fait changer les choses ?
06:42On parle notamment de la crise du Covid.
06:44Oui, il y a une forme de bascule.
06:45Alors d'abord, tout pouvoir, dans tout pays et dans toute situation,
06:48Montesquieu le disait déjà, c'est un problème philosophique de toujours,
06:53c'était vrai déjà sous la Grèce antique,
06:55tout pouvoir avec la durée court le risque de l'enfermement,
06:58d'où le titre du livre, l'enfermement en citadelle au bout d'un moment.
07:00Ce risque, tout pouvoir le court, même quand vous êtes ministre, vous le courez.
07:04Donc il faut sans arrêt se prémunir contre ça.
07:06Et oui, il y a un effet de bascule, et en effet la crise sanitaire joue un rôle.
07:10Pourquoi ?
07:11Parce que pendant la crise sanitaire, il était très légitime que le Président
07:14se mette à concentrer énormément de pouvoir.
07:16Souvenez-vous, il fallait se mêler même de sujets de la vie personnelle,
07:19ce qui est toujours très grave, mais qui était indispensable à ce moment-là.
07:22Simplement, une fois que la crise a été terminée,
07:25il était largement temps de reprendre la promesse de 2017,
07:28qui était celle de la participation, de l'ouverture, de la bienveillance aussi d'ailleurs,
07:32qui faisait partie des grands thèmes de 2017.
07:34Tout ça, c'est un petit peu perdu en route,
07:36et je pense que chacun en voit les conséquences, j'essaye d'en expliquer les causes.
07:40Quand vous voyez et que vous connaissez la façon de Manuel Macron de gouverner,
07:44est-ce que vous croyez qu'il est aujourd'hui capable de partager le pouvoir
07:47avec son nouveau Premier ministre Michel Barnier ?
07:49Son entourage, l'entourage de Manuel Macron, parle d'une coexistence exigeante,
07:53pas question de parler de cohabitation.
07:55Il est capable de partager le pouvoir ?
07:57Ce n'est pas sa première tendance, mais on le sait, tout le monde le sait,
08:00lui le premier d'ailleurs, mais là, c'est nécessité fait loi.
08:03Les élections législatives ont donné le résultat qu'elles ont donné,
08:06les circonstances, nous les connaissons tous.
08:08L'article 20 de la Constitution prévoit que c'est le Premier ministre qui gouverne,
08:12le gouvernement dirige la politique de la nation,
08:14donc là, on est clairement dans ce moment politique-là,
08:17dans une lecture de la Constitution, où il y a pleine application de l'article 20
08:20et donc Michel Barnier doit pouvoir gouverner avec les mains libres.
08:23Il y a un personnage absolument stratégique autour d'Emmanuel Macron
08:26que le grand public ne connaît pas forcément, c'est le secrétaire général de l'Élysée,
08:29Alexis Kohler, vous en parlez, vous jugez qu'il a finalement trop de pouvoir,
08:33pourquoi ce rôle est exagéré d'après vous ?
08:35Ça rejoint le point précédent, on a besoin auprès du décideur,
08:39d'une personne avec ce profil, chaque ministre a son directeur de cabinet,
08:43le Président de la République a le secrétaire général,
08:45c'est tout à fait normal que ce rôle existe et c'est un rôle de la plus haute importance.
08:49Les Français ne le voient que le jour de la lecture de la composition du gouvernement.
08:54Mais on a le même sujet que précédemment, c'est-à-dire qu'au bout d'un certain temps,
08:59il y a un effet d'enfermement, d'autant plus que dans ce rôle-là,
09:04vous êtes en train de garder la maison, si je puis dire,
09:06pendant que le chef de l'État est sur tous les terrains.
09:09Donc je pense que le système doit respirer,
09:12donc ce n'est pas une critique de la personne, Alexis Colère a de grandes qualités,
09:16mais c'est la critique de la logique,
09:19et la logique c'est celle malheureusement d'un enfermement en citadelle,
09:23et c'est pour ça qu'il faut être attentif, c'est un enjeu démocratique,
09:27je citais Montesquieu tout à l'heure,
09:29mais lorsqu'il théorise la séparation des pouvoirs, il parle de ces choses-là,
09:33c'est-à-dire le fait qu'il faut…
09:34Vous avez dit qu'on parlait d'immense gâchis quand même,
09:36en partie pour Emmanuel Macron, vous dites qu'il a fait beaucoup de bonnes choses,
09:39mais vous parlez d'immense gâchis, c'est un mot extrêmement fort.
09:41Dans mon domaine, s'il vous plaît, il y a beaucoup de bonnes choses qui ont été faites,
09:44évidemment je l'affirme et je le démontre avec des chiffres,
09:46j'ai parlé de l'école primaire il y a un instant,
09:48mais prenons le devoir fait au collège par exemple,
09:50ou prenons les sujets que nous abordions tout à l'heure,
09:53prenez le quart d'heure lecture par exemple, c'est une réalité pour les enfants,
09:57je ne vais pas les énumérer tous, beaucoup de choses sont bien faites,
10:00mais à un moment donné, par exemple l'instabilité ministérielle
10:04qui a suivi mon ministère fait que le président de la République a battu deux records,
10:08le record de longévité d'un ministre de l'éducation nationale avec votre serviteur,
10:12et ensuite un record d'instabilité avec cinq ministres, et on va encore en changer là.
10:16Eh bien, ça c'est indépendamment des qualités des personnes,
10:20c'est évidemment un gâchis, tout simplement parce qu'il est important de garder une ligne droite
10:25et de ne pas s'enfermer sur le pouvoir de quelques-uns.
10:28Merci beaucoup Jean-Michel Blanquer d'être venu au 4V ce matin,
10:30je rappelle le titre de votre ouvrage, La citadelle au cœur du gouvernement,
10:33c'est aux éditions Albin Michel.
10:35Merci à vous.