• il y a 3 mois
Après des semaines de suspense, c’est finalement Michel Barnier qui a été nommé à Matignon, jeudi 5 septembre 2024, par Emmanuel Macron. Lors de sa passation de pouvoir avec Gabriel Attal, l’ancien commissaire européen de droite a promis de « davantage agir que parler » en prônant une politique d’« apaisement ». « On jugera sur les faits », réagit Laurent Jacobelli, porte-parole du RN, invité des 4 Vérités, vendredi 06 septembre 2024, sur France 2. En cas de désaccord avec la politique du nouveau Premier ministre, le député de Moselle n’exclut pas un recours à la censure. « Nous sommes une opposition résolue, ferme, mais intelligente. Certains veulent le KO dans la rue, c'est le cas de l’extrême gauche. Ce n’est pas notre objectif. Nous voulons représenter nos électeurs, mettre en avant des sujets qui sont importants : moins d’immigration, plus de sécurité, plus de pouvoir d’achat », affirme l’élu. Néanmoins, en cas de vote de confiance, il est « peu probable que nous le votions ». « On ne veut pas ajouter du KO au KO », ajoute-t-il. 






Il y a quelques jours, le RN avait menacé d’avoir recours à une motion de censure si le président de la République était amené à choisir Xavier Bertrand, pourtant du même camp politique. « Un tel Premier ministre n’était pas à la hauteur de la charge. Nous ne pouvions pas soutenir quelqu’un qui n’a cessé de déblatérer sur le Rassemblement national », estime Laurent Jacobelli. Pour François Hollande, « l'extrême droite a donné une forme de quitus » pour nommer Michel Barnier au poste de Premier ministre. « Nous sommes dans l’opposition et nous ne donnons quitus à personne. Nous serons extrêmement vigilants », répond l’invité, qui appelle au pragmatisme. « Il y a urgence à agir. Nous ne serons pas la force politique qui mène la France dans le mur en s’opposant systématiquement à tout ». 






Retraites : abroger la réforme ? 






Parmi les enjeux ? La réforme des retraites, adoptée en 2023, qui prévoit notamment le report de l’âge légal à 64 ans. Le Rassemblement national n’a cependant pas renoncé à proposer son abrogation le 31 octobre prochain, à l’Assemblée nationale. « Si l’Assemblée vote cette abrogation, il devra l’entériner », affirme Laurent Jacobelli. « Monsieur Barnier n’a pas les pleins pouvoirs. Il sera à la tête d’un gouvernement, dont on ne connaît pas encore la majorité. Tout cela est, pour l’instant, très hypothétique ». De son côté, le nouveau locataire de Matignon a assuré qu’il souhaitait « travailler avec tout le monde ». 

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00:00Voilà, et Laurent Jacobelli s'installe, bonjour à vous, qu'avez-vous pensé des premiers pas du nouveau Premier Ministre Michel Barnier, il a dit sa volonté, je le cite, d'agir plutôt que de parler et encore de ramener, je le cite toujours, de ramener de l'apaisement, qu'est-ce que vous en avez pensé ?
00:19Tout d'abord, je crois que le nouveau Premier Ministre a déclaré qu'il voulait travailler avec toutes les forces politiques, c'était notre première condition, pour ne pas avoir une censure automatique, c'est noté.
00:27Et deuxièmement, et vous l'avez souligné, il a dit agir plutôt que parler, c'est vrai qu'on sort de 7 ans de Macronie où il y a eu plein de déclarations et malheureusement très peu d'actions utiles pour le pays, vous connaissez le niveau de la dette et de la faillite, l'insécurité, l'immigration, la baisse du pouvoir d'achat, on est dans une France exsangue et donc maintenant on jugera sur les faits.
00:47Je reprends votre expression, on sort de 7 ans de Macronie, ça veut dire que pour vous, désormais le macronisme c'est fini, que le patron c'est Michel Barnier, ce n'est plus Emmanuel Macron, on ne va pas être dans une coexistence ?
00:57Nous verrons bien, en tout cas vous savez, là aussi c'est une des conditions que nous posons, on ne va pas continuer avec ce système de Macronie qui rend les Français aujourd'hui extrêmement malheureux et ils se sont prononcés les Français.
01:07Emmanuel Macron et sa politique, ils n'en veulent plus, donc nous on sera vigilants, si Monsieur Barnier reprend les mêmes thèmes, les mêmes actions, les mêmes méthodes que le Président de la République, nous, nous utiliserons tous les moyens de notre possession et notamment la censure pour l'empêcher de faire encore plus de mal aux Français.
01:21Mais à l'inverse, si Jordan Bardella a dit que vous jugeriez sur pièces, si le discours de politique générale, déjà s'il en prononce un, vous convient, vous satisfait, est-ce que vous pourriez aller jusqu'à voter la confiance à un gouvernement de Michel Barnier ?
01:34Vous savez, nous, nous sommes une opposition résolue, ferme, mais intelligente, intelligente parce que certains veulent le chaos, le chaos dans la rue, c'est le cas de l'extrême gauche qui dit on n'est pas content, donc on va détricoter notre République, on va essayer d'avoir le pouvoir par les cris, par la violence, ce n'est pas notre objectif.
01:53Nous, nous voulons représenter nos électeurs et les Français, c'est-à-dire les faire respecter et mettre en avant les sujets qui sont importants, moins d'immigration, plus de sécurité, plus de pouvoir d'achat.
02:04Par rapport à la question que je vous ai posée, si dans le discours de Michel Barnier à l'Assemblée nationale, vous trouvez des réponses aux questions que vous venez de poser, est-ce que vous pourriez voter la confiance ?
02:13C'est très théorique. D'abord, je ne suis pas sûr qu'il demande la confiance à l'Assemblée parce que ce serait risqué. C'est quand même peu probable qu'en tant que première force de l'opposition, nous le votions, mais nous verrons.
02:22Vous savez, nous avons montré, je pense, pendant toute cette période que nous étions, je crois, raisonnables. On ne veut pas maltraiter notre pays encore plus qu'il l'est.
02:30On ne veut pas rajouter du chaos au chaos. Il y a le chaos macroniste qui est le chaos des institutions, le chaos mélenchoniste qui est le chaos dans la rue. Nous, on veut être une force de stabilité, un pôle rassurant pour les Français.
02:40M. Jacobelli, on comprend en tout cas qu'il n'y aura pas de censure automatique. Pourquoi vous, finalement, accordez à Michel Barnier une sorte de bénéfice du doute, ce que vous refusiez au cas où il aurait été nommé Premier ministre, à Xavier Bertrand,
02:53qui pourtant appartient au même parti, qui aurait peu ou prou appliqué le même programme ? Est-ce qu'il n'y avait pas, pour le coup, une affaire de vengeance personnelle, puisque M. Bertrand était l'adversaire désigné de Marine Le Pen, notamment dans les Hauts-de-France ?
03:06La France est meurtrieuse aujourd'hui. Les Français sont divisés. Il y a beaucoup de violence dans notre société. Et d'avoir un Premier ministre qui exclut le Premier parti de France, qui insulte 11 millions d'électeurs, comme peut l'avoir fait Xavier Bertrand, ça aurait été rajouter de la violence à la violence.
03:20Et donc, un tel Premier ministre n'était pas à la hauteur de la charge. Clairement, nous ne pouvions pas soutenir quelqu'un qui refusait...
03:26Même s'il appliquait la même politique, M. Jacobelli.
03:28Mais comment voulez-vous que quelqu'un qui a passé sa vie à déblatérer sur le Rassemblement national puisse demain imaginer travailler d'une manière ou d'une autre, même indirecte avec nous ? Ce n'était pas possible.
03:40Travaillez-vous ?
03:41Non, non, mais l'Assemblée nationale, excusez-moi, on vote des choses, certaines ensemble, et parfois on s'oppose. Xavier Bertrand, comme M. Cazeneuve, comme tout un tas de noms qui nous avaient été proposés, détestait le Rassemblement national.
03:53François Hollande a raison de dire que vous avez donné quittus, finalement, à Emmanuel Macron pour ce gouvernement, puisqu'il y avait des noms qui vous déplaisaient et celui-là ne vous déplaisait pas.
04:01On verra bien. Celui-là ne crée pas de réaction, en tout cas. Vous savez, on est conscient, on n'a pas la majorité absolue. Nous savions que le Premier ministre qui allait être nommé ne serait pas issu des rangs du Rassemblement national.
04:11Maintenant, on est pragmatique, il faut un gouvernement à ce pays. Mais attendez, c'est le premier épisode d'une longue saga. Premier épisode, on nomme un Premier ministre. Deuxième épisode, on a un gouvernement. Troisième épisode, le budget.
04:21Si demain, puisque le nouveau Premier ministre veut parler à tout le monde, à toute la représentation nationale, si vous, M. Jacobelli, faisant un rêve, dirait certains, un cauchemar, dirait d'autres, faisant l'hypothèse qu'il vous appelle pour devenir ministre d'un tel gouvernement, qu'est-ce que vous lui répondriez ?
04:39Je lui dirais que c'est très gentil, mais que je refuse. Nous sommes dans l'opposition. Clairement, nous ne sommes pas les Républicains, nous sommes le Rassemblement national avec nos alliés d'Eric Ciotti. Nous, ce que l'on veut, c'est une politique contre l'immigration submersive très forte, beaucoup plus de sécurité, beaucoup plus de pouvoir d'achat.
04:57Il y aura beaucoup de sujets sur lesquels nous ne serons pas d'accord avec le Premier ministre. En revanche, nous voulons que nos électeurs soient respectés. Je le répète, nous sommes dans l'opposition et nous ne donnons quitus à personne. Nous serons extrêmement vigilants.
05:08Vous ne donnez pas quitus, mais en tout cas, vous ne censurez pas à priori Michel Barnier, auquel vous accordez, on l'entend ce matin, quand même quelques qualités. Est-ce que votre collègue Jean-Philippe Tanguy, qui est député du Rassemblement national comme vous, s'est un peu fait remonter les bretelles ?
05:22Parce que, je le rappelle, ses déclarations hier matin disaient-ils, Michel Barnier n'était pas nommé, il disait, je le cite, c'est un fossile de la vie politique, un des hommes politiques les plus stupides, ne comprenant rien en dehors d'une fiche.
05:36Il a parlé un peu vite, Monsieur Tanguy, il y a eu un recadrage ?
05:39Écoutez, vous savez ce que c'est que la politique, parfois on s'emporte, parfois on fait un bon mot, ça c'était hier, aujourd'hui on a un Premier ministre.
05:47Soyons pragmatiques.
05:49Vous regrettez qu'un responsable de mon parti ait dit que c'était un des hommes les plus stupides ?
05:53Chacun est responsable de ses paroles, vous savez, nous-mêmes nous nous faisons insulter à longueur de plateau, je pense que tout ça, il faut l'oublier.
05:58Aujourd'hui ce qui compte c'est l'intérêt des Français. Il y a un Premier ministre, on ne l'a pas choisi, il est là, nous ne sommes pas l'agence d'intérim d'Emmanuel Macron, ce n'est pas nous qui plaçons les gens, il est là.
06:06Il est là, il a déclaré...
06:08Mais ce n'est pas un fossile ?
06:10C'est un fossile ? Vous disiez aussi, vous, alors là c'est votre citation, vous disiez, surpris, qu'on ressorte de la naphtaline, je vous cite, tout un tas de noms qui ont participé à amener la France dans le mur.
06:20Il n'y avait pas Monsieur Barnier dans votre esprit ?
06:22Ce n'était pas lié à l'âge, c'était effectivement pour dire qu'il y avait un décalage entre la volonté des Français de changer de système, d'arrêter avec tous ceux qui depuis 40 ans amènent la France dans le mur et de voir que les noms qu'on proposait étaient des gens qui avaient déjà été ministre dans le passé et qui avaient contribué à cette déchéance.
06:38Mais il n'y avait pas Monsieur Barnier dedans ?
06:40Écoutez, moi j'aurais préféré, je vous le dis, quelqu'un d'autre que Monsieur Barnier.
06:42Une fois encore, soyons pragmatiques. La France, elle a besoin d'un gouvernement. La France, je le rappelle, elle est surendettée. Chaque jour, c'est mille agressions. Les frontières sont traversées par des migrants clandestins tous les jours. Il y a urgence à agir. Nous ne serons pas la force politique qui mène la France dans le mur en nous opposant systématiquement à tout et en faisant le chaos.
07:02Et sur les retraites, dernière question. Monsieur Jacob Eli, vous savez ce que Michel Barnier proposait lorsqu'il voulait être candidat à la présidentielle aux primaires de la droite ? La retraite à 65 ans. Emmanuel Macron tient lui aussi à sa réforme. Votre opposition constructive ira jusqu'à retirer votre projet d'abroger cette réforme ?
07:20Non, bien sûr.
07:21Quitte à faire tomber le gouvernement s'il aboutissait ?
07:23Non, pourquoi le 31 octobre, à l'Assemblée nationale, nous proposerons l'abrogation de cette réforme des retraites ? Et on verra bien si on arrive à avoir une majorité. C'est le Parlement qui décide. J'imagine que Monsieur Barnier est respectueux des institutions. Si l'Assemblée vote cette abrogation, il devra l'enteriner. Et nous verrons bien d'ailleurs si cette gauche si braillarde, si criarde, si vindicative va au bout de ses idées et vote cette proposition de loi que nous ferons.
07:47Mais la nomination de Michel Barnier plaide plutôt pour un maintien voire une consolidation de cette réforme. Vous en êtes quand même conscient ?
07:54J'en suis conscient mais je suis aussi conscient que Monsieur Barnier n'a pas les pleins pouvoirs. Aujourd'hui en France, il sera à la tête d'un gouvernement dont on ne sait pas encore quelle majorité d'ailleurs, quels seront les groupes qui le soutiennent ou ne le soutiennent pas.
08:07Donc tout cela est pour l'instant très hypothétique. Surtout il a dit qu'il allait travailler avec tout le monde. Donc nous ferons cette proposition et nous verrons bien s'il accepte le verdict du Parlement, si le Parlement décide, comme je le souhaite, comme nous le souhaitons, en finir avec cette mauvaise réforme des retraites.
08:22On vous a entendu. Merci beaucoup Laurent Jacobelli, député de La Moselle, porte-parole du Rassemblement National.

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