Avec Yann Massart, fondateur de l’association Dites Je Suis Là
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00:00Nous sommes aujourd'hui le 10 septembre, c'est aujourd'hui la journée mondiale de prévention du suicide.
00:05En France, chaque année, 9000 personnes mettent fin à leur jour en se suicidant, un chiffre au-dessus de la moyenne européenne.
00:12Bonjour Yann Massard.
00:13Bonjour.
00:14Merci d'être avec nous ce matin, vous êtes le fondateur de l'association DIT, je suis là.
00:19Comment expliquer déjà qu'en France, le nombre de suicides soit plus élevé que dans le reste de l'Europe ?
00:24C'est surprenant non ?
00:27C'est comme le suicide j'ai envie de dire, c'est quelque chose qui est multifactoriel.
00:31Déjà, je pense que vous n'avez jamais vu de campagne de communication sur la prévention du suicide,
00:35c'est peut-être une des explications.
00:37Et puis après c'est à chercher aussi...
00:39Comment vous l'expliquez ça d'ailleurs ?
00:41Qu'on n'ait pas de campagne de prévention, c'est vrai ça ?
00:44Il faut encore libérer la parole autour du suicide, vous l'avez vu certainement dans vos familles, entre amis,
00:51c'est pas facile de parler de ce sujet.
00:53Pourtant il y a des ressources qui existent, les gens ont envie de s'aider les uns les autres,
00:57donc il faut leur donner les moyens d'aider.
01:00Si on ne sait pas comment aider, on ne peut pas aider.
01:02Justement Yann Massard, expliquez-nous comment on peut aider une personne, un proche,
01:06un enfant ou un ami, un collègue qui nous fait part ou pas,
01:10d'idées noires ou d'idées suicidaires ?
01:14Déjà, comme je le disais, il faut savoir ce qui se passe,
01:17il faut connaître les signes d'alerte, les signes avant-coureurs du suicide.
01:21C'est ça qu'on essaie de mettre en avant dans nos campagnes et sur notre site.
01:24L'idée, c'est quand vous avez un comportement qui change,
01:27quand vous avez des situations qui peuvent être plus à risque,
01:30il n'y a pas de checklist.
01:32C'est vraiment dans son instant, on se dit mais il y a quelque chose qui ne va pas,
01:35peut-être il a des idées de suicide.
01:37Et là justement, ça va être le moment, peut-être si on en est capable,
01:41de poser la question.
01:42Est-ce que tu penses au suicide directement ?
01:44Pour pouvoir ensuite proposer d'aller consulter quelqu'un,
01:49ne serait-ce que son médecin traitant,
01:51désamorcer la situation, donner un espace de parole.
01:55C'est important de pouvoir en parler ?
01:58Ce n'est pas un tabou, il faut dire les choses.
02:01Ce n'est pas un tabou, il y a plein de sujets qui peuvent être compliqués à aborder,
02:05le cancer, etc.
02:06Là, l'idée, c'est qu'en effet, il y a une possibilité de passage à l'acte suicidaire,
02:11mais c'est une mort qui est évitable.
02:13Vous l'avez dit, il y a 9000 décès par an,
02:15c'est trois fois plus que les accidents de la route.
02:17Je reviens dessus, vous avez déjà vu de grandes campagnes de communication
02:21sur les accidents de la route.
02:23Nous, ce qu'on veut faire, c'est vraiment donner les moyens,
02:26grâce à des radios comme vous et tous les canaux de communication possibles,
02:30pour que les gens connaissent ces signes d'alerte,
02:32sachent quoi dire, quoi faire,
02:33et qu'on n'entende plus les gens dire
02:35« je n'ai pas su justement quoi faire face à cette situation ».
02:39Est-ce qu'on a des profils plus à risque que d'autres ?
02:41Je voyais les hommes particulièrement représentés dans ces suicides.
02:46C'est très bien de parler des hommes parce qu'en effet,
02:48c'est une population qui est à risque.
02:50Il y a plus d'hommes qui se suicident,
02:53malgré qu'il y ait plus de femmes qui fassent de tentatives.
02:56Les hommes n'ont pas trop la possibilité de s'exprimer.
03:02Dans notre société, les hommes ne doivent pas pleurer encore.
03:05On est encore dans ces clichés-là.
03:07Heureusement, ça se libère un petit peu la parole.
03:11On a d'autres populations qui sont à risque.
03:14Il n'y a pas de date ou de population.
03:17Il y a surtout des histoires personnelles.
03:18On a tendance à penser que c'est les ados, on se construit,
03:20c'est un moment particulièrement compliqué,
03:22mais ça ne concerne pas seulement les jeunes, les adolescents.
03:25Tout à fait.
03:26Vous avez raison, ça concerne tout le monde.
03:28Après, on a des populations plus à risque.
03:29Vous avez cité les jeunes,
03:30c'est la deuxième cause de décès chez les jeunes.
03:32Après les accidents de la route,
03:33c'est quand même un gros sujet.
03:35Entre 25-35 ans, c'est la première cause de décès évitable.
03:38Pareil, on a un gros sujet.
03:40Et puis, vous avez d'autres populations.
03:42Je pense notamment aux agriculteurs.
03:44Je pense notamment aux personnes âgées.
03:46Ce sont des populations qui sont plus à risque.
03:48Mais dans mon exercice infirmier,
03:50avant que je sois délégué général,
03:52je rencontrais des chefs d'entreprise très bien insérés,
03:56avec une famille stable,
03:57qui étaient en épuisement professionnel,
03:59qui avaient eu des problèmes d'addiction, etc.
04:02Et tous ces facteurs peuvent aboutir à une crise critérique.
04:05Donc, personne n'est à l'abri,
04:07mais tout le monde est en capacité d'agir face à un prochain souffrance.
04:10Et cette question aussi à Caen,
04:11une campagne de prévention sur le suicide.
04:13Effectivement, grande question qu'on peut se poser.
04:15Yann Massard, un grand merci d'avoir été avec nous ce matin
04:17sur Sud Radio, fondateur de l'association dite « Je suis là ».
04:21Merci d'avoir été avec nous à l'occasion
04:23de cette Journée mondiale de prévention du suicide.