François-Xavier Bourmaud, journaliste au service politique, analyse les difficultés qui se présentent au nouveau Premier ministre dans la constitution de son gouvernement
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00:00Ça prend toujours un peu de temps la nomination d'un gouvernement
00:02parce que c'est un mécano assez complexe avec plusieurs critères à respecter.
00:07Il y a des critères de parité, il y a des critères de diversité,
00:10il y a des équilibres territoriaux à respecter, il y a des égaux à pafroisser.
00:13Et puis surtout, avec Michel Barnier, il y a une grande nouveauté,
00:16c'est qu'il va falloir trouver des équilibres politiques.
00:18Jusqu'à présent, le Premier ministre était issu de la majorité.
00:22Là, c'est l'inverse.
00:22C'est le Premier ministre qui doit créer cette majorité
00:25dans une Assemblée nationale qui est totalement dispersée
00:28et éclatée en trois blocs principaux.
00:30Il y a une difficulté qui s'ajoute pour Michel Barnier
00:32à la formation de son gouvernement,
00:34c'est le fait que Les Républicains
00:35aient bien loin d'être la première force à l'Assemblée nationale.
00:38Ils n'ont que 47 députés et il ne faut pas donner non plus l'impression
00:41d'avoir un gouvernement qui serait uniquement Les Républicains.
00:44Autre difficulté pour Michel Barnier,
00:46il doit aussi donner un gage de renouvellement.
00:48Or, la majorité présidentielle sortante, l'ex-majorité présidentielle,
00:53le camp d'Emmanuel Macron, est la deuxième force à l'Assemblée nationale.
00:56Et pourtant, il ne va pas falloir qu'il y ait trop de ministres macronistes
00:59dans ce gouvernement.
01:00Donc, ces équilibres-là, ils sont extrêmement compliqués à bâtir.
01:03Il va falloir donner une vraie image de cohabitation dans ce nouvel exécutif.
01:07Michel Barnier lui-même, d'ailleurs, a expliqué
01:09qu'il ne s'agissait pas d'un remaniement,
01:11mais bel et bien d'un nouveau gouvernement.
01:13La grande question pour le gouvernement de Michel Barnier,
01:15c'est de savoir s'il va durer.
01:17Avec une première épreuve qui se présente au début octobre,
01:19l'examen du budget à l'Assemblée nationale.
01:21Le budget, c'est le texte qui définit l'appartenance
01:24à la majorité ou à l'opposition.
01:26L'ERN va voter contre, le Nouveau Front populaire va voter contre.
01:29Et pour faire passer son budget, Michel Barnier devrait être obligé
01:33de passer par l'article 49.3.
01:35L'article 49.3 qui, s'il l'utilise, va ouvrir la voie au dépôt
01:38d'une motion de censure.
01:38La motion de censure, si on calcule d'un strict point de vue mathématique,
01:42l'ERN plus le Nouveau Front populaire,
01:44le gouvernement de Michel Barnier peut tomber dès l'examen du budget.
01:48Mais il y a une subtilité dans cette histoire,
01:50c'est de savoir si l'ERN va accepter de mêler ses voix
01:53au Nouveau Front populaire et inversement.
01:55C'est dans cette interstice que peut se glisser Michel Barnier
01:58pour espérer faire passer son premier budget
02:01avec l'abstention bienveillante du RN
02:04qui déciderait de ne pas le censurer pour son premier texte.
02:06La ligne politique du gouvernement de Michel Barnier,
02:09elle sera donnée par la composition de son gouvernement.
02:11Mais il y a déjà une feuille de route qui a été donnée par Emmanuel Macron
02:15lors de sa dernière intervention télévisée le 23 juillet dernier.
02:18La feuille de route, elle est claire, on ne touche pas aux acquis des réformes
02:21des deux premiers quinquennats,
02:22des sept premières années d'Emmanuel Macron à l'Élysée.
02:25A savoir, on ne touche pas à la réforme des retraites,
02:27on ne touche pas non plus à ce que le président de la République
02:30considère comme ses acquis qui sont la réindustrialisation
02:33et l'attractivité du territoire.
02:35Donc il y a ces lignes rouges qui ont été posées.
02:37Et pour le reste, c'est plus de fermeté, plus de sécurité,
02:40plus de justice, plus de démocratie et mieux vivre de son travail.
02:44C'est dans ce cadre-là que Michel Barnier va devoir construire
02:47ses propositions politiques, son programme politique.
02:50Avec une certitude déjà, c'est que ça va pencher très à droite.