Chaque vendredi, zoom sur un sujet qui fait l'actualité à l’étranger. Aujourd'hui, Nicolas Tonev s'intéresse à la décision de l'Allemagne de rétablir le contrôle aux frontières dès lundi.
Retrouvez "Chronique de l'étranger" sur : http://www.europe1.fr/emissions/chronique-de-letranger
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00:00Mais d'abord, comme chaque vendredi, l'enquête de la rédaction d'Europe 1, nous partons en Allemagne.
00:04Cette semaine, Berlin en effet a provoqué un séisme politique en annonçant le rétablissement à partir de lundi
00:10des contrôles à ses frontières avec ses neuf pays voisins.
00:12L'Allemagne n'en peut plus de l'immigration massive, qu'elle soit légale ou clandestine.
00:17Bonjour Nicolas Tonev.
00:18Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:19Nicolas, grand reporter en Europe 1, en quoi concrètement vont consister ces mesures de contrôles renforcées aux frontières ?
00:25Alors, ce sont des contrôles migratoires aléatoires.
00:28En clair, quand un policier considère une personne voulant entrer dans le pays comme suspect,
00:32eh bien, il vérifie son identité et il peut procéder à un refus d'entrée.
00:36C'est le cas depuis octobre 2023 aux frontières avec la Pologne, la République tchèque, l'Autriche et la Suisse.
00:42La décision avait été prise pour faire face à l'afflux des demandeurs d'asile
00:45et elle aurait permis de refouler 30 000 migrants en un an.
00:49Et en ce qui concerne lundi, Berlin justifie cette fois l'élargissement des contrôles par la nécessité d'augmenter,
00:54je cite, la sécurité intérieure contre le terrorisme islamiste et la criminalité.
00:59Et les pays concernés sont donc cette fois le Luxembourg, les Pays-Bas, la Belgique, le Danemark et bien sûr la France.
01:04C'est le contre-pied total de la politique d'accueil qui avait été mise en place par Angela Merkel en 2015.
01:10Comment on explique ce revirement ?
01:12Eh bien, par l'exaspération contre l'immigration massive.
01:15Souvenez-vous, en 2015, Angela Merkel décide d'accueillir 1 600 000 migrants en quelques mois.
01:21Le pays a commencé à douter très vite.
01:23Dès 2016, il y a eu un choc lors du Nouvel An avec des agressions commises dans différentes villes contre près de 1 200 femmes.
01:30La moitié des suspects étaient en Allemagne depuis moins d'un an.
01:33Et depuis, les attaques au couteau se succèdent.
01:35Il y en a eu une en juin dernier, commise par un afghan, mort d'un policier.
01:39Et puis ce choc, le 23 août dernier, trois personnes tuées au couteau par un Syrien en situation irrégulière.
01:46L'attentat a été revendiqué par l'État islamiste.
01:48Il y a eu les gros scolaires des Allemands et, bien sûr, de Laff-Scholz, le chancelier venu rendre hommage aux victimes.
01:53Il s'agit de terrorisme, d'un terrorisme contre nous tous, qui menace notre vie, notre cohésion, notre mode de vie.
02:01C'est aussi ce que veulent toujours ceux qui planifient et exécutent de tels attentats.
02:05C'est quelque chose que nous n'accepterons jamais et que nous ne tolérerons jamais.
02:09Alors là, du coup, la décision de contrôle aux frontières arrive juste après ces propos.
02:14Scholz a bataillé pour la faire passer, car la mesure a établi un lien entre insécurité et immigration à contrôler.
02:20C'est une décision qui répond donc au ras-le-bol des Allemands face aux fameux multiculti des années mercaines.
02:25Le multiculti, multiculturalisme, un principe de plusieurs cultures qui cohabitent.
02:29La décision répond aussi au ras-le-bol face à la pression islamiste.
02:32Le 1er septembre dernier, les élections régionales en Thuringe ont vu la victoire de l'AFD, l'extrême droite allemande qui réclame la remigration,
02:40c'est-à-dire le départ des étrangers réguliers, irréguliers et même d'Allemands d'origine étrangère.
02:44Ce que l'on voit aussi, Nicolas Tonev, c'est que cette décision tend les relations de Berlin avec Bruxelles et les pays voisins.
02:51Absolument, je vous propose d'écouter Nancy Faeser, la ministre de l'Intérieur, lors de l'annonce des contrôles.
02:56En attendant que la réforme du système d'asile européen permette une bonne protection des frontières extérieures de l'Union Européenne,
03:02nous devons contrôler plus fermement nos frontières nationales.
03:06Voilà, vous l'entendez, la dénonciation d'une politique migratoire européenne trop molle, inefficace, donc un tacle à l'égard de Bruxelles,
03:13qui demande en retour à Berlin que les mesures restent proportionnées et exceptionnelles.
03:17Mais il faut savoir aussi que la Cour de justice européenne peut, dans le cas des étrangers en situation irrégulière,
03:23refuser les refoulements et désavouer l'Allemagne, comme ce fut le cas pour la France dans la crise de l'Anpe 12h l'année dernière, et c'était aussi en septembre.
03:30Enquête Europe 1, signé Nicolas Tonev. Merci beaucoup Nicolas pour votre travail.