Découvrez mon avis sur le film ""Le Fil" de Daniel Auteuil
Résumé :
Depuis qu’il a fait innocenter un meurtrier récidiviste, Maître Jean Monier ne prend plus de dossiers criminels. La rencontre avec Nicolas Milik, père de famille accusé du meurtre de sa femme, le touche et fait vaciller ses certitudes. Convaincu de l’innocence de son client, il est prêt à tout pour lui faire gagner son procès aux assises, retrouvant ainsi le sens de sa vocation.
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Résumé :
Depuis qu’il a fait innocenter un meurtrier récidiviste, Maître Jean Monier ne prend plus de dossiers criminels. La rencontre avec Nicolas Milik, père de famille accusé du meurtre de sa femme, le touche et fait vaciller ses certitudes. Convaincu de l’innocence de son client, il est prêt à tout pour lui faire gagner son procès aux assises, retrouvant ainsi le sens de sa vocation.
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Court métrageTranscription
00:00Et moi qui pensais que tous les films de procès allaient être fadés sans intérêt après Anatomie d'une chute.
00:08Bonjour à tous, aujourd'hui on parle du film Le Fil de Daniel Auteuil.
00:12Jean-Milic, un père de famille, est accusé du meurtre de sa femme,
00:15mais, convaincu par son innocence, son avocat, maître Jean Monnier, est prêt à tout pour innocenter son client.
00:21C'est donc qu'un film de procès, après Anatomie d'une chute, Saint-Omer, le procès Goldman,
00:25mon crime, les chèvres, le procès du chien, et j'en passe, c'est un genre qui est assez prolifique en ce moment.
00:30Et pour tout vous dire, pour le coup, bah j'étais pas incroyablement emballé.
00:34Ça faisait un peu film d'une autre époque en fait.
00:37C'est réalisé par Daniel Auteuil, Bebel pour les intimes,
00:40et bah sur le papier c'est l'histoire d'un bon père de famille et de son loyal avocat
00:44qui, envers et contre tous, vont se battre pour faire éclater la vérité.
00:48Mais en fait, le film a bien plus à offrir que la vision un peu caricaturale que j'en avais avant la séance,
00:53et je dirais même que c'est un très bon, voire un excellent film.
00:56Le gros intérêt du film, c'est son dénouement, c'est l'issue du procès, comment tout ça, ça va se terminer.
01:02Malheureusement, vous imaginez bien, c'est pas simple de vous en parler sans spoiler.
01:06C'est vraiment le genre de film qu'il est compliqué d'aborder en critique,
01:09parce qu'on peut pas du tout parler du cœur du film.
01:11Donc là, je vais vous en dire le moins possible, juste assez pour que vous puissiez voir si le film il peut vous plaire aussi,
01:17et je développerai un peu plus en section spoilers.
01:19C'est donc un film qui mise beaucoup sur sa conclusion, et là, c'est plutôt réussi.
01:23Elle est particulièrement saisissante, la fin de l'histoire, elle nous fait comme un électrochoc,
01:28et ce qui est vraiment intéressant aussi, c'est que ce dénouement, il est particulièrement bien mis en scène.
01:33Les révélations, elles se font pas d'un seul coup, mais ça va vraiment crescendo.
01:37On a une révélation, on a le temps de douter, de se poser des questions,
01:41puis on a une nouvelle révélation, et ainsi de suite, c'est vraiment pas mal foutu.
01:45Et donc, le film, par sa conclusion, c'est vraiment un film surprenant, qui pose pas mal d'interrogations,
01:50et nous pousse même à nous remettre en question.
01:52Et voilà, je vais m'arrêter là pour la partie conclusion, c'est un peu ce que je pouvais vous dire sans trop vous en révéler.
01:57Maintenant, sur le film un peu dans son entièreté, on pourrait dire que c'est un film qui est très bien écrit,
02:02qui est bien interprété, mais qui est assez moyennement réalisé peut-être.
02:06C'est bien écrit, je vais commencer par ça, dans sa révélation finale,
02:10mais aussi dans ses personnages, dans ses répliques, il y a une intelligence et une fluidité d'écriture.
02:15Je vous donne un petit exemple.
02:16Au tout début, l'avocat, qui est joué par Daniel Otteuil, le personnage principal,
02:20discute avec l'un de ses amis slash client, et à la fin de la discussion, le client lui demande
02:25« Eh au fait, ça avance mon petit problème de TVA ? »
02:28Et l'avocat lui répond « Ouais, ouais, je m'en occupe sur le coup. »
02:31Et l'autre, il lui répond « Ah, merci maître ! »
02:33Et il lui sort une grosse enveloppe d'argent liquide pour le payer.
02:36C'est super intelligent, je trouve, ce genre de scène, parce qu'en un dialogue rigolo,
02:40eh ben, on a tout ce dont on a besoin pour connaître la situation de l'avocat à ce moment précis.
02:44Il gère des affaires plutôt administratives, un problème de TVA,
02:47donc il n'est pas forcément sur du pénal.
02:50Il ne défend pas que des honnêtes citoyens.
02:52Là, son boulot, ça a surtout l'air d'aider des clients un peu friqués
02:56à détourner la législation pour s'en mettre un max plein les fouilles.
02:59Donc, on a tout ce dont on a besoin de savoir dans une scène qui est super rapide et en plus super drôle.
03:04Je disais aussi que c'était plutôt bien interprété.
03:07Daniel Otteuil et Grégory Gadebois font vraiment bien le taf, on voit qu'ils sont investis.
03:11Mais, il y a un mais, malheureusement, la mise en scène ne leur permet pas vraiment de briller.
03:15Si je compare Anatomie d'une chute, dans Anatomie d'une chute,
03:18chacun des personnages principaux avait vraiment des longues tirades
03:21où ils avaient l'occasion d'être mis en valeur.
03:23Ils se déplaçaient dans la salle d'audience, ils faisaient des grands gestes.
03:26La caméra, elle bougeait aussi beaucoup, elle tournait autour d'eux, ils étaient grave iconisés.
03:30Ici, la mise en scène, elle est beaucoup plus sobre.
03:32On est vraiment sur des plans fixes, les comédiens bougent très peu,
03:35les répliques, elles sont assez courtes,
03:37et on est sur du champ contre champ, vraiment ce cadre plus classique.
03:40Ce choix de réalisation très sobre, il était sûrement voulu.
03:44Là où Anatomie d'une chute se voulait vraiment rocambolesque,
03:48avec notamment cet avocat général, quand c'est des caisses,
03:51là, on mise beaucoup plus sur un style réaliste.
03:55Donc, l'idée c'est d'avoir pas trop de fioritures.
03:57Il y a aussi du grain à l'image pour faire un petit peu film d'archives.
04:01C'est moche du coup, mais ça marche, ça fait réaliste.
04:04Les décors sont très moches aussi, notamment la salle de procès.
04:08Donc, c'est pas très agréable à l'oeil,
04:10mais c'est vrai que ça marche, ça fait réaliste.
04:12Je fais une petite aparté sur les décors quand même.
04:14Ce que j'ai trouvé fascinant, c'est le cadre dans lequel on met l'accusé.
04:19T'as vraiment l'impression qu'il est dans un aquarium, en fait,
04:21qu'on va lui jeter de la nourriture là par le haut pour pas qu'il nous morde.
04:24J'en reviens à ce choix de réalisation très réaliste.
04:27Il fonctionne.
04:27Il fonctionne dans le sens où on croit à l'histoire qu'on nous présente,
04:30ça paraît crédible.
04:31Pas forcément l'entièreté des révélations finales,
04:33enfin, dans la façon dont elles sont amenées,
04:35mais en tout cas, le déroulé du procès,
04:37ben ouais, on y croit.
04:39C'est moche, mais c'est crédible.
04:42Le problème, c'est qu'on est quand même dans une fiction,
04:44et là, ça manque quand même peut-être un petit peu de romanesque quand même,
04:47de style dans la réalisation, de dynamisme.
04:51Ça crée quelques longueurs, forcément.
04:52Il y a une petite partie du film où on peut perdre un petit peu de l'intérêt,
04:55ce qui est dommage.
04:57Tout ça parce que ça va manquer de quelques mouvements de caméra,
05:00de jolis plans,
05:01et je pense qu'on aurait pu le faire
05:04sans que ça porte préjudice au fond.
05:06Au contraire, la réalisation,
05:08les mouvements que tu peux faire avec ta caméra,
05:10les choses comme ça, ça peut rajouter de la densité à l'œuvre,
05:12si tu le fais pas de manière gratuite,
05:14mais que tu le fais en cohérence avec ce que tu essayes de raconter.
05:16Du côté du rythme aussi,
05:18il y a quelques digressions dans l'histoire.
05:20C'est jamais trop long, c'est pas gênant,
05:22mais ça apporte vraiment rien. Je sais pas pourquoi ils ont foutu ça là.
05:24J'en viens maintenant au fond.
05:26Moi, ce qui m'a fasciné dans ce film-là,
05:28c'est un peu la même chose que dans Anatomie d'une chute.
05:30C'est vraiment la question de la vérité.
05:32Personne cherche vraiment à savoir
05:34ce qui s'est passé cette nuit-là,
05:36à qui a tué cette femme. En fait, chaque partie cherche
05:38à présenter l'hypothèse la plus crédible.
05:40Qu'elle soit vraie ou non, on s'en fout.
05:42Et c'est ouf. Tous les éléments sont vraiment
05:44présentés sous ce prisme-là.
05:46Peu importe si c'est vrai ou pas,
05:48il faut que ça soit crédible.
05:50D'ailleurs, le film est globalement
05:52assez critique à l'égard du système judiciaire.
05:54La conduite du procès,
05:56les conditions de détention,
05:58c'est des choses qui sont pas mal questionnées.
06:00La plupart du temps, ce qui est intéressant,
06:02c'est que c'est fait de manière assez subtile.
06:04Je vous donne un exemple, à la fin du procès,
06:06après 3 ans de bataille judiciaire,
06:08l'avocat et son client attendent enfin le verdict.
06:10Ils sont dans la cour du tribunal,
06:12et à ce moment, il y a l'avocat qui dit à son client
06:14« Eh, vous avez vu ? C'est la première fois qu'on se voit à l'air libre. »
06:16Rien qu'avec cette petite phrase,
06:18on se pose des questions. On sent vraiment l'étouffement,
06:20la difficulté des conditions de détention.
06:22Et enfin, pour conclure cette partie non-spoiler,
06:24il faut qu'on parle de la question de la conviction.
06:26La conviction, c'est vraiment un truc qui est au centre du film.
06:28L'avocat, il est persuadé de l'innocence
06:30de son client. Il y croit pour de vrai.
06:32Et donc, ce film, c'est surtout
06:34l'histoire d'un homme qui va tout donner
06:36pour ses convictions.
06:38Ça, parfois, au prix d'importants sacrifices.
06:40Parce que ça lui fait pas peur, il en a déjà fait
06:42et s'il le faut, il en refera, mais toujours
06:44le poids levé. Je m'égare.
06:46Donc, Le Fil, c'est un film
06:48super intéressant. Il y a un dénouement
06:50qui est saisissant, qui est très bien scénarisé.
06:52C'est aussi un film de procès
06:54qui fait pas mal réfléchir,
06:56que ce soit sur le système judiciaire,
06:58mais aussi sur nos schémas mentaux et nos convictions.
07:00Donc, allez le voir.
07:02Je vous jure, vous en aurez pour votre argent.
07:04A la fin de la séance, je vous jure,
07:06vous vous dites un truc un peu du genre, bah oui, je suis content.
07:08Enfin, je suis content. J'ai bien fait
07:10d'aller voir ce film. Et maintenant,
07:12j'aimerais vous parler de quelques petits détails.
07:14Mais pour ça, je vais devoir vous révéler
07:16toute l'intrigue. Donc, si vous avez pas vu
07:18le film, et bah, arrêtez-vous là.
07:20Allez le voir, il en vaut la peine.
07:22Et pour tous les autres, spoiler !
07:26Pour commencer, je vous récapitule
07:28vite fait l'intrigue. Je simplifie
07:30certains détails pour que ce soit un peu plus clair.
07:32Grosso modo, un père de famille
07:34est accusé du meurtre de sa femme,
07:36mais il va se faire défendre par
07:38maître Jean Monnier, qui, lui, est persuadé
07:40de l'innocence de son client. Ça, vous le savez déjà.
07:42Il en est persuadé
07:44parce que le client n'avait pas de mobile.
07:46Il n'y avait pas d'héritage. S'il
07:48divorçait, il avait la garde de ses enfants,
07:50parce que sa femme avait un problème d'alcoolisme.
07:52Et le meurtre, on savait
07:54qu'il avait été prémédité, donc c'était pas
07:56un coup de colère, une dispute qui avait mal tourné,
07:58c'était pas possible. Il va donc faire toute sa défense
08:00là-dessus, sur le fait qu'il n'y a pas de mobile,
08:02et en face, l'argumentation de l'accusation,
08:04elle va être beaucoup plus factuelle. On a retrouvé
08:06sous les ongles de la victime un fil de laine
08:08et du sang, donc fil de laine, double titre,
08:10et ce fil qui appartenait
08:12à la veste de l'accusé, donc ça sera
08:14une preuve qu'il y a eu conflit entre les deux.
08:16Il y a un procès, qui va durer 3 ans,
08:18arrive ensuite le moment tant
08:20attendu des délibérations,
08:22et le jury déclare l'accusé
08:24coupable. A ce moment, on se dit
08:26euh... ok.
08:28Le message du film, c'est de nous dire
08:30bon bah, tu peux te battre aussi fort
08:32que tu peux, tu contrôles pas tout,
08:34tu peux rêver, mais pas trop fort, tu peux
08:36creuser, mais tu trouveras pas toujours de l'or,
08:38c'est un peu frustrant comme fin,
08:40mais bah, c'est logique
08:42que ça soit frustrant, parce que le message
08:44du film, c'est typiquement de nous dire que la vie
08:46est frustrante, hein. Alors, tu t'attendais
08:48à autre chose, hein ? Eh bah c'est pas toi
08:50qui décide, ma pauvre Lucette. Sauf que
08:52vous vous en doutez, en fait, c'est pas vraiment
08:54la fin. L'avocat court voir son client
08:56avant qu'il rejoigne sa cellule,
08:58et lui dit, faut pas vous en faire,
09:00on va se battre, on va faire appel, on va continuer.
09:02Et là, son client lui répond,
09:04oh non, je suis fatigué,
09:06j'en peux plus, il faut que je tourne
09:08la page, et puis, il faut que je vous dise un secret,
09:10j'ai vraiment tué ma femme.
09:12Et donc là, putain de chamboulement ! Est-ce que
09:14du coup, il l'a vraiment tuée ? Est-ce qu'il dit c'est la vérité ?
09:16Est-ce que, au fil de ces 3 ans
09:18de bataille judiciaire, il s'est un peu
09:20auto-convaincu qu'il l'avait tuée alors que c'est pas le cas ?
09:22Ou alors, est-ce qu'il veut juste vraiment
09:24tourner la page, purger sa peine,
09:26et faire cesser ses enfers judiciaires
09:28à lui et à ses enfants ? Donc là, tu te dis
09:30que finalement, le message du film, c'est plus un truc
09:32du genre, bah la vérité, finalement, elle est insaisissable,
09:34on peut jamais savoir. Mais,
09:36c'est pas fini ! Parce que, en rentrant
09:38chez lui, l'avocat est pris à partie
09:40par une des jurées, qui lui dit
09:42que tous les jurés étaient de son côté,
09:44que tous croyaient en l'innocence du père,
09:46mais c'est la juge qui a usé de son influence
09:48et de son pouvoir de manipulation
09:50pour faire tourner les voies dans l'autre sens.
09:52Et donc là, tu te dis, mais putain, en fait,
09:54le message du film, c'est que le système
09:56judiciaire, et ben, c'est juste un jeu
09:58de dupe, et que notre façon de rendre
10:00la justice, finalement, et ben, elle est
10:02très très partiale. Et là, en plus, tu peux
10:04assez rapidement faire des parallèles
10:06système juridique et système politique,
10:08parce que la cour,
10:10elle fonctionne comme notre démocratie,
10:12avec un système de vote, mais qui
10:14est visiblement et facilement manipulable.
10:16Mais je m'arrête là, j'en dis pas plus.
10:18Sauf qu'en fait, et ben, c'est toujours pas fini.
10:20Trois ans après, Jean-Mélic est de nouveau
10:22mis en examen, et il demande à voir
10:24son ancien avocat. Et là,
10:26il lui dit toute la vérité. Comme ça
10:28se passait pas très très bien avec sa femme,
10:30il se sentait très très seul.
10:32Et donc, il a commencé à
10:34violer ses filles. Qui, au moment
10:36des faits, devait avoir entre
10:387 et 10 ans, un truc comme ça.
10:40Et sa femme l'apprend, et donc, il la zigouille.
10:42Il allait bien immobile,
10:44hein, fin de compte. Et là, c'est bien fini.
10:46Allez, générique, prends tes yeux pour pleurer
10:48et casse-toi du cinéma. Bon,
10:50c'est un hasard du calendrier, un hasard
10:52malheureux, hein. Mais forcément, le film
10:54fait énormément penser à l'affaire Mazan
10:56qui se déroule en ce moment, dont je suis assez
10:58sûr qu'on va en faire aussi un film un jour, d'ailleurs.
11:00Si l'affaire Mazan, elle, défrait autant la chronique,
11:02et ben, c'est parce qu'on se rend compte que
11:04derrière chaque homme, aussi respectable qu'il
11:06soit, ou aussi mignon soit-il avec sa petite
11:08chemise, et ben, peut se cacher un
11:10monstre capable de violer une femme
11:12dans le coma. Et donc, faut peut-être
11:14qu'on arrête de penser les violences sexistes et sexuelles
11:16comme des faits isolés, qui viendraient
11:18d'un malade mental, un détraqué sexuel.
11:20Non, en fait, c'est
11:22qu'on a bel et bien une société qui
11:24entretient une certaine culture du viol.
11:26Et ben là, on est un petit peu sur la même idée,
11:28parce que personne, pendant le procès, n'a
11:30imaginé une seule seconde que derrière ce bon
11:32père de famille, bien brave, hein, comme ça,
11:34se cachait un connard incestueux.
11:36Donc, ben, ouvrons nos yeux face
11:38aux violences sexuelles. Le viol, le harcèlement,
11:40les violences, sont des choses qui sont
11:42encore trop banalisées, qui se passent
11:44beaucoup plus souvent qu'on ne le pense,
11:46dont on mesure encore trop peu l'ampleur,
11:48et il faut que ça change. Vous vous souvenez,
11:50j'ai aussi dit avant que le film, il était
11:52très critique vis-à-vis du système judiciaire.
11:54Ben, c'est d'autant plus vrai dans son
11:56final, parce que le fait que l'accusé
11:58ait été déclaré coupable, ça semble être
12:00un heureux hasard, plutôt qu'autre chose.
12:02En tout cas, personne n'avait vu venir son
12:04mobile. Enfin, personne,
12:06on n'en sait trop rien. Si ça se trouve,
12:08l'avocate générale qui s'occupe de l'accusation,
12:10elle avait des doutes,
12:12mais comme je vous le disais,
12:14c'est pas la vérité qui importe. Peut-être que
12:16l'histoire de l'inceste, même si c'était la
12:18vraie histoire, elle était trop peu crédible
12:20pour être défendue. Et donc, stratégiquement
12:22parlant, il fallait plaider autre chose,
12:24quelque chose de peut-être pas vrai, mais de
12:26plus crédible. Et je vous disais aussi qu'il y avait quand même
12:28une critique du système carcéral, des conditions
12:30de détention, et c'est vrai qu'elle est là.
12:32Mais du coup, elle est grave
12:34perturbante. Parce que le film
12:36n'arrête pas de te faire des allusions sur la violence,
12:38des conditions de détention.
12:40Il y a clairement un détenu qui meurt
12:42parce qu'il n'a pas été soigné.
12:44En même temps, il n'y a pas
12:46d'injustice. Enfin, il faut soigner les
12:48détenus, c'est pas ce que je dis. Mais toutes les personnes
12:50qui étaient détenues, elles étaient bel et bien
12:52coupables. Du coup, ça fait réfléchir.
12:54Tu ne sais pas trop quoi en penser, finalement.
12:56Ça te tiraille un peu.
12:58Et j'aime bien les films
13:00qui font ça. J'en viens au twist final.
13:02Comme je vous le disais, j'ai vraiment
13:04beaucoup apprécié la façon dont il est mis en scène.
13:06Tu n'as pas une révélation à la fin,
13:08mais tu en as plusieurs qui arrivent. Et à chaque fois, ça te
13:10fait vraiment te faire des hypothèses.
13:12Tu prends un coup de massue, tu réfléchis,
13:14puis tu as encore un autre élément. C'est vraiment
13:16hyper satisfaisant quand tu regardes le film.
13:18Mais sinon, la révélation
13:20ultime, la dernière,
13:22on ne la voit pas du tout venir, c'est clair.
13:24Mais il y a une raison à ça.
13:26C'est que la question du mobile de l'accusé,
13:28elle n'est pas du tout creusée.
13:30Je sais, il insiste beaucoup sur cette histoire
13:32de fils de laine, mais la question
13:34de réel mobile de la part de l'accusé,
13:36ce n'est jamais vraiment remis en question.
13:38D'ailleurs, on peut un peu y lire une confrontation
13:40science dure contre science sociale.
13:42On a choisi d'accorder beaucoup d'importance aux éléments
13:44factuels, là ce fameux fil de laine,
13:46mais la psychologie de l'accusé,
13:48elle n'a pas du tout été creusée, alors que
13:50peut-être, si on avait insisté à ce niveau-là,
13:52on aurait pu avoir des éléments. Bref, à la toute fin,
13:54on se dit que c'est quand même
13:56un peu malhonnête comme procédé. On fait tout
13:58un film pour nous montrer qu'il n'avait aucun mobile,
14:00pour juste à la fin nous dire, eh ben si !
14:02Il en avait un ! Sur le moment,
14:04il y a de quoi se sentir un petit peu floué,
14:06mais après, c'est logique, parce que c'est
14:08vraiment le message du film. Le film, il veut
14:10nous dire deux trucs. La première,
14:12c'est que c'est super facile de s'autoconvaincre
14:14de quelque chose et de faire vraiment
14:16l'extraction de tout le reste. Et la deuxième,
14:18c'est ce que je disais pour la Fermazan, des gens bien
14:20sous tout rapport peuvent être également des monstres,
14:22alors que pourtant, on leur donnerait le bon Dieu
14:24sans confession. À ce titre, le film
14:26rappelle aussi le cas de l'abbé Pierre.
14:28Il est décidément, et malheureusement,
14:30un trait d'actualité, ce film. Donc,
14:32c'est assez logique dans ce qu'il essaie de nous dire, qu'il est
14:34totalement occulté la recherche de mobile.
14:36Mais, c'est quand même un peu dommage qu'il prenne
14:38pas plus de risques. Pour préserver
14:40son twist, eh ben, on parle assez
14:42peu des enfants, des relations avec sa
14:44femme. Le film aurait peut-être
14:46pu être quand même un peu plus téméraire, nous en montrer
14:48davantage. Alors si, c'est ça, peut-être
14:50qu'il se grillait. Mais s'il ne se grillait pas,
14:52eh ben ça devenait le film parfait ! Petite remarque
14:54en passant. Oui, je vous mets ça là, parce que
14:56je ne sais pas quoi en faire. J'ai pas du
14:58tout compris le délire autour des
15:00Toreadors. Qu'est-ce que ça apporte
15:02au film ? Si jamais vous avez une
15:04explication, je veux bien. Et je termine
15:06avec la thématique centrale du film, la question
15:08de la conviction. Bah, c'est traité de manière
15:10super intéressante et originale.
15:12Parce que, d'habitude, le message dans les films,
15:14c'est plutôt, va au bout de tes rêves,
15:16bats-toi pour ce que tu crois. Là,
15:18au contraire, on nous dit, bah attention, notre champ
15:20de vision, il est biaisé. C'est super
15:22facile de s'auto-convaincre d'un truc en regardant qu'une
15:24partie des faits, c'est ce qui nous intéresse.
15:26À ce titre, ça me fait un peu penser aux réseaux sociaux, qui vont
15:28t'enfermer dans une bulle de pensée de personnes qui
15:30pensent comme toi. Et donc, tu t'auto-perçoites
15:32de trucs, mais ce que tu prends pour vrai,
15:34eh ben finalement, c'est juste un tout petit film
15:36de la pelote de laine qu'est la vérité.
15:38Pour en venir au film, bah là, l'avocat,
15:40il avait la conviction que son client
15:42était innocent. Mais cette conviction, elle
15:44n'était pas basée sur des éléments factuels.
15:46Enfin, il n'y avait pas,
15:48il n'y avait pas de preuve tangible pour ça.
15:50Alors, pourquoi il était tant convaincu de l'innocence
15:52de son client ? Eh ben, tout simplement, parce qu'il
15:54en avait besoin. 15 ans avant,
15:56il a fait innocenter un meurtrier multirécidiviste,
15:58et donc, là, il avait
16:00besoin de sauver un innocent. C'était sa façon
16:02de s'expier, de se pardonner, de se repentir.
16:04Et donc, inconsciemment,
16:06il a occulté tout ce qui pouvait aller dans le sens
16:08de la culpabilité, ou un minima de la
16:10malhonnêteté de son client. Et je pense vraiment qu'inconsciemment,
16:12on fait un peu tout ça. On va adapter
16:14nos convictions pour qu'elles aillent dans le sens qui nous
16:16arrangent. Donc, ça vaut toujours le coup d'essayer de garder
16:18une petite part de doute, et d'essayer
16:20de prendre un petit peu de recul, faire un petit
16:22pas de côté de temps en temps. Et je m'arrête
16:24là pour le fil. Alors, je suis content parce que
16:26j'ai vu ce film. Avant, j'ai vu Emilia Perez.
16:28Donc, là, j'ai enchaîné deux petites pépites.
16:30Le prochain film que je vais voir, ce sera sûrement Jour de
16:32Colère. Donc, j'espère qu'on va continuer
16:34dans cette bonne lancée. Merci beaucoup d'avoir regardé
16:36cette vidéo. J'espère qu'elle vous a intéressé.
16:38Si vous avez vu le film, n'hésitez pas
16:40à mettre votre avis en commentaire. Allez
16:42au cinéma, et mangez des pizzas !
16:48Salut !