• il y a 3 mois
Marathonienne, malvoyante, doyenne de la délégation française à 59 ans lors des jeux paralympiques de Paris
Rosa Murcia Ganfloff est passée tout près de la médaille.
Arrivée 4ème le 8 septembre dernier en terminant le marathon en 3 heures et 13 minutes.

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Transcription
00:00Des Paralympiques sont-ils des super-héros ? On vous pose cette question, vous nous appelez
00:18au 04-67-58-6000.
00:19Et oui, pourquoi on vous la pose cette question ? Et bien parce que c'est une expression
00:23qui a été utilisée par Teddy Riner, notre judoka multimédaillé, et Marie-José Perret
00:29qu'ils étaient tous les deux invités dans le matinal d'RTL et ils ont dit, voilà,
00:34les athlètes, les para-athlètes sont des super-héros, ils ont même dit, ce sont des
00:37Avengers.
00:38Appelez-nous donc pour nous dire ce que vous en pensez.
00:41Vous avez voté aussi sur l'appli ici, on vous donnera le résultat tout à l'heure.
00:45Notre invitée, la bitéroise Rosa Murcia Gangloff, marathonnée de malvoyante, qui
00:49est passée tout près de la médaille au JO de Paris.
00:52Oui, elle est arrivée quatrième le 8 septembre dernier.
00:55Bonjour Rosa Murcia Gangloff.
00:57Bonjour.
00:58Vous en pensez quoi ? Les athlètes des paralympiques sont des super-héros ou des sportifs comme
01:02les autres ? Vous l'avez prise comment cette phrase ?
01:05Je l'ai prise avec un grand compliment parce que tout simplement, peut-être que certaines
01:11personnes l'interprètent mal, mais ce que voulaient dire Marie-Jo ou Teddy Riner, c'était
01:17simplement pour dire que les valides se battent contre l'effort, contre la fatigue, contre
01:23eux-mêmes.
01:24Et nous les handisports, on se bat de la même façon, sauf qu'en plus on se bat contre
01:30la maladie, la pathologie.
01:31Donc pour eux, c'est quelque chose d'extraordinaire, pour eux c'est inconcevable, parce qu'ils
01:39sont valides.
01:40Nous on est handisports, et puis il faut l'accepter, on est handicapés, et il faut
01:44vivre avec.
01:45Et puis ce n'est pas une honte, ça fait partie de nous-mêmes, de notre vie.
01:48J'ai envie de dire que vous êtes bien placée pour le savoir, parce que vous étiez valide
01:54et aujourd'hui vous êtes malvoyante.
01:56Vous avez connu les deux finalement, et vous savez précisément ce que ça demande comme
02:00effort supplémentaire.
02:02Oui, moi je me rappelle quand j'étais encore valide, et j'ai commencé un petit peu à
02:06devenir handicapée, parce que je refusais de l'être, je refusais vraiment de l'être,
02:11et jusqu'au jour où je me suis dit « de toute manière c'est comme ça, il faut savoir
02:16l'accepter », et j'ai reconnu que j'étais handicapée.
02:21Bon ben voilà, ça fait partie de ma vie, en fait on est toujours vivant, on a notre
02:26pathologie, notre problème de santé, mais on est toujours vivant.
02:29Donc c'est vrai qu'on a vu la différence quand on est valide et handicapé, et c'est
02:36vrai que c'est plus difficile avec le handicap parce que si je n'ai pas de guide, je ne
02:39peux pas courir, ce n'est pas possible.
02:41Donc vous avez besoin d'un guide.
02:46Est-ce qu'on peut aller jusqu'à dire que c'est une force le handicap ? Est-ce que
02:50le handicap peut devenir une force ?
02:52Non, ce n'est pas une force, c'est que ça fait partie de soi-même, ça fait partie
02:59de notre vie, et on se bat avec cette maladie, donc on le fait à notre niveau.
03:06Effectivement, en handisport, il y a moins de densité par rapport au valide, mais croyez-moi
03:11que…
03:12Oui, ça a l'air quand même bien dense, de ce qu'on a vu en tout cas.
03:17Exactement, mais ce n'est pas évident, ce n'est pas facile parce qu'on se bat
03:21avec cet handicap en plus, c'est ce que voulaient dire Teddy Riner et Marie-Jo Perrecq.
03:25Ce n'est pas histoire de dire qu'on a un truc en plus ou un truc en moins, mais on
03:29se bat avec ces deux choses-là, en plus d'être valide.
03:32Donc voilà, l'interprétation c'est à chacun, chacun donne son avis, mais pour
03:35moi c'est au contraire un très très grand compliment.
03:38On va accueillir Chantal qui a appelé, Chantal qui appelle de Montferrier-sur-Lez et qui
03:46veut s'adresser à Rosa Murcia-Gangloff.
03:49Bonjour Chantal.
03:50Bonjour.
03:51On vous écoute.
03:52Oui, je suis entièrement d'accord avec ce que vient de dire l'athlète.
03:57Rosa Murcia-Gangloff.
04:00Pour moi, ce sont de super héros, parce qu'il faut qu'ils se battent beaucoup plus que
04:06les autres pour réussir.
04:08Déjà, il a fallu qu'ils puissent rentrer dans un club pour pouvoir faire du sport,
04:12et quand on est handicapé, il y a déjà une réticence du club pour prendre une personne
04:21handicapée.
04:22Et après, il faut se battre pour pouvoir réussir, il faut prouver à tout le monde
04:27qu'on est encore plus capable que les autres, parce que c'est ça le handicap.
04:31Oui, je le sais, j'ai un fils handicapé.
04:35Il faut se battre pour prouver qu'on peut autant que les autres.
04:40Donc, ce sont de super héros, parce qu'il faut qu'ils se battent plus que les autres.
04:44Merci Chantal.
04:45Rosa Murcia-Gangloff, justement, est-ce que vous attendez quelque chose d'un changement
04:50mais sociétal de ces paralympiques ?
04:53J'espère qu'il y aura une continuité derrière, que les athlètes ou en général l'être humain
05:02puissent accepter qu'il y ait des handicapés, malheureusement ils n'ont pas demandé à
05:07l'être, que ce soit des accidents de la vie ou des accidents de naissance, et qu'en
05:12fait on est des êtres humains comme tout le monde, sauf qu'on a ce problème-là que
05:17personne n'a demandé.
05:18Donc, j'espère que la société regardera les handicapés autre que un phénomène très
05:26étrange.
05:27Les athlètes des paralympiques sont-ils des super héros ? Vous nous appelez 0467 58 6000
05:32pour interpeller notamment notre invitée Rosa Murcia-Gangloff.
05:36Vous allez défiler demain à Paris sur les Champs-Elysées, j'imagine que ça va être
05:40un grand moment aussi, d'autant que vous êtes fatigué quand même, non ? Dans quel
05:45état physique vous êtes aujourd'hui ?
05:47En général, que ce soit chez les handisports ou les valides, on a toujours l'effet qui
05:52se coule des championnats.
05:53On imagine bien, oui.
05:54Et on est en train de décompresser, donc c'est vrai qu'il y a une accumulation de fatigue
05:59derrière, le stress et tout ce qui va avec, mais c'est que du bonheur, il ne faut pas
06:03oublier qu'on est quand même vivant, on est encore vivant quoi qu'il arrive.
06:06Donc la fatigue elle est là, donc c'est un choix, on le sait.
06:09En fait, on a l'habitude d'avoir ce phénomène après chaque grande compétition, donc ça
06:14fait partie de soi, ça fait partie de sa vie, ça fait partie de notre… de l'entraînement,
06:20voilà.
06:21Sur les Champs-Elysées demain, pour le coup valide et par athlète aussi, ça c'est important,
06:28est-ce que vous espérez, comme certains, qu'il y ait des Jeux olympiques et paralympiques
06:34en même temps ? Que ça ne fasse plus la différence ?
06:37Le problème c'est que ça demande plus de travail, c'est compliqué.
06:42Au niveau de l'organisation, oui.
06:44Au niveau de l'organisation, au niveau de beaucoup de choses, mais ce qu'il ne faut
06:47pas qu'on oublie, c'est que c'est la première fois, en moins de 15 jours après
06:51les Jeux, on a les Jeux Paras, et ça c'est extraordinaire, il y a encore en 2012, on
06:57en parlait encore un peu, mais jusqu'à présent on ne parlait pas du tout de l'handisport,
07:01donc c'est vrai qu'on n'a pas à se plaindre.
07:04On a déjà fait un grand pas.
07:06Exactement.
07:07Et la parade de demain, ça je trouve que c'est extraordinaire, parce qu'habituellement
07:11ce sont les médaillés qui font un défilé, là, quel que soit médaillé ou pas médaillé,
07:18je ne sais pas de qui vient l'idée, mais c'est une idée extraordinaire parce qu'on
07:22mérite tous de défiler, parce qu'on a tous fait notre possible, tout simplement.
07:28Le plus important c'est de participer, justement, votre quatrième place pour vous, elle est
07:31savoureuse ou c'est un échec, comment vous le vivez ?
07:34Non, ce n'est pas un échec, elle est savoureuse, ce n'est pas un échec, parce que quand on
07:39prend le départ, on ne va pas dire que le plus important c'est d'y participer, une
07:44fois qu'on y est, il faut aller chercher devant, mais non, quatrième, ce n'est pas
07:52le cinquantième, c'est quatrième, ce sont des jeux, ce n'est pas une chambre d'une autre
07:57quartier.
07:58Ça ne se fait peut-être pas de rappeler l'âge des dames, mais quand même, 59 ans,
08:01vous êtes la doyenne de la délégation française, c'est quand même juste énorme de faire
08:05un marathon 59 ans, non ?
08:07Il n'y a pas d'âge, vous savez, à partir du moment qu'on a encore la possibilité,
08:12bon, à la différence de l'handisport, il y a moins de densité, mais quand même, il
08:15faut y aller, il faut dire ce qui est vrai, donc il faut y aller, mais moi j'ai l'avantage
08:20de faire attention à tout ce que je fais, j'ai l'avantage d'avoir encore de la condition
08:24physique qui n'est pas, tout le monde n'est pas à la même enseigne, malheureusement,
08:28mais moi, tant que je peux courir, et tant que je peux performer, il n'y a rien qui m'arrêtera.
08:32Il n'y a rien, parce que je suis partie pour 2028.
08:35Voilà, j'allais vous poser la question, nous avons Gilles à nos côtés, votre mari,
08:41qui vous accompagne, vous avez deux guides en fait, c'est ça ?
08:44Oui, c'est ça.
08:452028, oui, c'est parti.
08:47Mon cerveau, là, je suis en train de me digérer.
08:49Vos guides sont d'accord, je veux dire, parce qu'il faut suivre.
08:53Voilà, mais ça fait partie de ma vie, c'est l'athlète, le sport, ça fait toujours partie
08:59de ma vie, depuis l'âge de 14 ans, donc vous voyez, je ne vois pas, même après mes grossesses,
09:04j'ai continué à courir, donc je ne me vois pas m'arrêter, et le jour où je ne pourrai
09:09plus courir, j'irai me balader avec des bâtons et marcher beaucoup, parce que ça fait partie
09:13de ma vie.
09:14Donc il n'y a pas d'âge.
09:15Quand on peut, il faut y aller.
09:16Quand on ne peut plus, on fera autre, autre, autre, tout simplement.
09:18Eh bien, rendez-vous en 2028 à Los Angeles, alors, Rosa Murcia Gangloff, on vous voit
09:23demain et lundi, c'est au conseil départemental que tous les athlètes, paras et valides, sont
09:29de l'héros.

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