Inflation, carburant: l'interview en intégralité de Michel-Édouard Leclerc, PDG du groupe E.Leclerc

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Michel-Édouard Leclerc, président du comité stratégique des centres E.Leclerc, était l'invité de BFMTV-RMC ce lundi.

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00:00Vous êtes bien sûr RMC et BFM TV. Bonjour Michel-Édouard Leclerc, c'est la rentrée, c'est la rentrée, ça y est qui commence à s'installer, mais avec une bonne nouvelle, pour la première fois depuis 3 ans, l'inflation est redescendue sous la barre des 2%.
00:14Je vous ai tant reçu au moment où les prix montaient, j'espère que cette fois-ci vous allez vraiment nous montrer que les prix descendent. Michel-Édouard Leclerc, vous êtes bien sûr le PDG du comité exécutif des magasins Leclerc,
00:24c'est 140 000 salariés, c'est 660 magasins dans toute la France, et d'abord on va parler prix, avant de parler carburant, consommation, est-ce que oui ou non, ça y est, c'est installé, l'inflation derrière nous, est-ce que les prix vont baisser ?
00:39Alors on va tout faire pour, le taux d'inflation descend très vite là, on est à 1,8% de taux d'inflation, si vous vous rappelez les 2 années précédentes, on était monté presque à 20, 21 sur des produits de consommation courante,
00:53le mouvement est significatif, mais pas forcément perceptible pour les consommateurs qui ont été tapés au portefeuille pendant 3 ans, donc ça ne génère pas encore un rapport de confiance pour libérer la bourse, pour développer la consommation,
01:09il faut qu'on aille vraiment chercher des vraies baisses, la baisse de l'inflation n'est pas la baisse des prix, au lieu de monter de 5, de 6, de 10, ça revient à 1,8%, il y a des secteurs de baisse, par exemple la rentrée des classes c'était pas mal, franchement c'était pas mal,
01:25mais il y a beaucoup de produits alimentaires, des produits d'entretien, des produits d'hygiène-beauté qui sont beaucoup trop chers, et donc on va rentrer dans un cycle de renégociation déjà, je peux vous dire que tous mes collègues du groupe Leclerc ont part à l'attaque pour aller chercher des baisses,
01:42et des baisses significatives que les consommateurs puissent voir, ils ont vu les hausses de pâtes à 40%, il faut qu'ils voient des produits baisser de 12 à 15%, c'est évident.
01:52Oui, et encore, c'est vrai qu'on se dit que baisser de 12 à 15% ça reste quand même beaucoup plus haut qu'il y a 2 ans, ça ne redescendra pas au niveau d'il y a 2 ans.
01:59Alors vous avez reçu mes collègues de la distribution, on est tous d'accord, on est d'ailleurs au sein d'une fédération, on analyse ensemble, la fédération du commerce, la fédération de distribution.
02:06Vous analysez ensemble, mais vous ne vous mettez pas ensemble pour bloquer les baisses de prix.
02:09Ah non, on se tire des bourres, c'est Nadal fédéraire qui sera encore en forme, on revoit bien du fond de cours.
02:16Je vois, je ne sais pas qui est Nadal et qui est fédéraire, entre vous, Auchan, Carrefour, Intermarché, mais bon.
02:22Disons que Thierry Cotillard, patron d'Intermarché, monte plus au filet en ce moment avec la reprise de Casino, mais on l'attend au fond de cours pour qu'il baisse ses prix et qu'il fasse une belle opération.
02:31Faire baisser vraiment les prix, vous le disiez, on va faire en sorte de faire baisser les prix, vous nous avez parlé spontanément de l'hygiène,
02:38est-ce que si on s'arrête quand même aux produits de consommation alimentaire, est-ce que ce matin, vous pouvez dire à ceux qui nous écoutent,
02:44qui doivent nourrir des familles, qu'il y a des produits sur lesquels vraiment aujourd'hui, on peut retourner les mettre dans les caddies alors qu'on y avait renoncé ?
02:52Alors, la météo était vraiment dégueulasse, et pas qu'en Bretagne, j'insiste, pendant la période des fruits rouges et tout ça,
03:01donc on ne peut pas dire que les fruits ont été très intéressants, on verra au printemps prochain, ça je ne sais pas être prophète.
03:09Surtout les produits à marque industrielle, à grandes marques, marquettés, je pense qu'il y a toute une série de marchés, de cours internationaux qui ont baissé,
03:18donc on va pouvoir aller réclamer des baisses, le chocolat, le café, enfin le chocolat ou le café, ça n'impacte pas le revenu des petits agriculteurs français.
03:26Donc moi, pas d'état d'âme.
03:28Donc là-dessus, vous êtes prêt à mener une guerre des prix ?
03:31Oui, et on va la mener en France, et avec nos collègues allemands, avec nos collègues hollandais, aujourd'hui on est alliés, on a une société, une centrale d'achat européenne,
03:42on ne va pas laisser l'Europe avec des tarifs différents sans que les Français puissent profiter du meilleur de l'Europe.
03:48Donc sans état d'âme, malgré la pression qu'on a sur nous pour qu'on ne le fasse pas, et sans que ça ait un impact sur les revenus agricoles, nous allons aller chercher des baisses.
03:58Mais il y a quand même quelque part un producteur de chocolat qui va lui aussi, à un moment, être obligé de serrer ses prix.
04:04Je comprends bien que ça vous fasse moins d'état d'âme, parce que c'est plus loin, mais on ne peut pas non plus dire que ça va faire du bien à personne.
04:10D'abord, des Procter, des Unilever, on représente 4% de leur chiffre d'affaires.
04:14Leclerc tout seul, c'est que 4% de leur chiffre d'affaires mondial, donc on s'est associés avec les meilleurs des Allemands, les meilleurs des Pays-Bas.
04:22On a aussi des clubs d'achat et d'échange d'informations avec des Italiens, puis on a des Leclerc en Pologne, des Leclerc au Portugal.
04:30Donc nous, ce qu'on voit, par exemple, vous voyez, c'est que les consommateurs français d'Alsace vont en Allemagne, chez Aldi, chez Lidl, pas en France.
04:38Ils vont en Allemagne, chez Aldi, chez Lidl, chez Penny, pour acheter des produits d'hygiène et des produits d'entretien.
04:43Mais comment c'est possible que ces produits soient moins chers de l'autre côté de la frontière ?
04:46Parce que les fournisseurs ont filé de meilleures conditions d'achat aux distributeurs allemands qu'aux distributeurs français.
04:52Pour les mêmes produits.
04:53Donc, on va européaniser nos achats et sans complexe, parce que nous, on veut que l'Europe profite aux consommateurs.
04:58Il y a tout un mouvement chez les industriels qui plaident auprès de Bercy pour nous empêcher de faire ça, mais nous, on va continuer à le faire.
05:04Et pourquoi ils vous empêchent de faire ça ?
05:05Parce qu'on casse leurs marges, parce qu'on casse leur politique de sectorisation tarifaire.
05:11Quand vous dites on casse leurs marges, c'est les marges de qui ? C'est les marges de L'Oréal ?
05:15Oui, L'Oréal n'est pas le plus mauvais.
05:17Non, mais je veux dire de L'Oréal, de Procter & Gamble, de…
05:20Oui, oui, de Mars.
05:21Mais en quoi le gouvernement pourrait avoir intérêt à les défendre, eux, plutôt que les consommateurs ? Je ne comprends pas.
05:29Parce que l'agrobusiness en France, c'est un lobby extraordinaire.
05:32Vous recevez de temps en temps les présidents de l'ANIA, l'association nationale des industriels de l'agroalimentaire.
05:37Vous recevez les gens de Lilay, qui sont au niveau européen extrêmement puissants.
05:41Vous avez un groupe comme Mars, par exemple, qui est déjà énorme.
05:44Les chocolats, et il vient de racheter son concurrent, 38 milliards, c'est plus que le chiffre d'affaires des centres Leclerc.
05:50Donc quand on négocie avec eux, il faut le faire à plusieurs et au niveau européen.
05:54Et ça, cette force-là, je voudrais insister au-delà de la technique, cette force-là, on va la mettre au profit de baisses qu'on va aller chercher dans cette prochaine période de négociation.
06:04On veut ramener des baisses à nos clients et qu'elles soient tangibles.
06:07Pourquoi ? Parce qu'en fait, il n'y aura de perception d'un changement de pouvoir d'achat
06:13que quand on verra ces produits qui sont des marqueurs moins chers que les années précédentes.
06:18Vous dites, Michel-Édouard Leclerc, que la confiance, pour autant, n'est pas revenue.
06:21Est-ce que ça veut dire que, comme certains de vos confrères, vous parlez d'une forme de déconsommation ?
06:26Est-ce que ça veut dire que vous constatez que les gens consomment moins ?
06:31Alors, sur certains secteurs, c'est flagrant.
06:34Vous entendez sans arrêt parler de dépôts de bilan dans le textile, dans le vêtement, dans le prêt-à-porter.
06:39Et donc, toutes les marques étaient un peu dans l'entre-deux.
06:42Ni Premier Prix, ni Uniqlo, mais plutôt Esprit, ces groupes-là, tombent.
06:50Tout ce textile, c'est catastrophe.
06:52Après, franchement, il y a une baisse de la consommation en volume.
06:57Mais il y a eu la météo, il y a eu les Jeux Olympiques.
07:01C'est très difficile d'analyser.
07:03Donc, on n'avait pas des habitudes de consommation comme on a pu avoir dans des années, je dirais, plus classiques ?
07:07Je trouve qu'il y a plutôt des signes encourageants que, dans une période d'instabilité politique, d'anxiété sociale,
07:15je trouve que c'est plutôt encourageant que la consommation tienne son rang.
07:19Et d'ailleurs, toutes les statistiques qu'on nous montre, c'est beaucoup autour de l'alimentaire.
07:23Mais vous voyez, chez Leclerc, on a beaucoup ouvert.
07:26On est devenu le premier loueur de voitures.
07:29Et très discret, comme ça, on se rend compte que ce secteur se développe énormément.
07:34Les jeunes se posent la question de savoir s'ils vont vraiment acheter une voiture.
07:37Est-ce qu'il y aura une valeur de revente à une voiture ?
07:39On nous parle de l'hybride, de l'électrique.
07:41Donc, ils préfèrent louer.
07:43Louer, ça fait moins de chiffres d'affaires.
07:45Donc, c'est un marché qui se crée.
07:47Mais il existe et il n'existait pas.
07:49Les abonnements téléphoniques, le multimédia, ça explose.
07:52Donc, ce sont des charges, ce sont des dépenses qui ne vont pas sur l'alimentaire,
07:56mais qui sont aussi dans les hypermarchés.
07:59Ça veut dire aussi que vous-même, vous adaptez vos magasins
08:04pour que la consommation soit plus diverse,
08:07parce que vous vous dites qu'ils ne reviendront peut-être pas sur les produits d'avant.
08:10Par exemple, depuis le Covid, le télétravail s'est beaucoup développé.
08:15Ce qui veut dire qu'autour de la maison, du foyer, de l'appartement,
08:20on s'est rééquipé en écran, en téléphone.
08:24On vit différemment.
08:26On vend plus de bricolage pour les jardins.
08:28On vend plus de multimédia.
08:31Et donc, ces sommes qui sont dépensées là,
08:34ne sont pas forcément dépensées en alimentaire.
08:36Donc, c'est un arbitrage plus qu'une décroissance.
08:38Je crois.
08:39Alors, il y a plus de pauvres, les associations le disent,
08:41depuis 3-4 ans, il y a plus de gens qui sont...
08:45La paupérisation a atteint quand même une catégorie importante de personnes.
08:49C'est ce qui fait d'ailleurs que ces personnes mangent beaucoup de premiers prix, par exemple.
08:53Aujourd'hui, les premiers prix, ça cartonne dans les magasins.
08:57Mais il faut faire attention aux statistiques.
08:59Il y a une paupérisation d'une certaine clientèle.
09:03Mais même les bons clients ont dispersé leurs achats,
09:08équipement de la maison, équipement du foyer, loisirs.
09:11Le voyage, je vous rappelle qu'avant cet été,
09:15l'aéronautique était plombée, les voyages étaient plombés.
09:18On a fait carton plein.
09:19Leclerc est le deuxième voyagiste en France.
09:22On a véhiculé des milliers de gens sur leur destination.
09:26Les locations dans les campings, dans les mobilhomes, c'était plein.
09:30Donc vous voyez, quand on parle consommation, il faut qu'on ait un peu de recul.
09:33Et qu'on ne pense pas seulement à ce qu'il y a dans le caddie.
09:35Moi, je trouve que les comportements aujourd'hui sont encourageants
09:39pour les producteurs de ces secteurs-là.
09:41Michel-Edouard Leclerc, vous avez évoqué la question des trajets.
09:44Je voudrais qu'on parle prix du carburant.
09:47Au fond, là, pour le coup, il y a une vraie baisse des prix, net.
09:51Le pétrole a perdu 10 dollars en quelques semaines.
09:54Est-ce que vous pouvez nous dire ce matin, Michel-Edouard Leclerc,
09:57que les prix à la pompe vont baisser nettement et de manière durable ?
10:02Oui, c'est ce qu'ils le font.
10:03D'ailleurs, vos collègues l'ont remarqué dans certaines stations Leclerc.
10:05On n'est pas loin d'un 50 sur le diesel d'où on vient.
10:09Alors qu'on était autour des deux.
10:11Oui, c'est ça.
10:12Et donc, on répercute directement.
10:14Alors, je voudrais enlever une idée.
10:16Quand le prix du brut descend, ça ne fait pas descendre tout de suite
10:20le prix du gasoil ou le prix du kérosène.
10:22Il faut encore le raffiner, le transformer.
10:24Et il y a plusieurs marchés.
10:25Selon les stocks, ça peut monter ou descendre.
10:28À long terme, les courbes se rejoignent.
10:30Aujourd'hui, l'essence baisse, le gasoil baisse.
10:34J'ai l'impression que c'est quand même assez durable.
10:38Il y a du stock, nous disent les spécialistes.
10:41En tout cas, ça vieillit sacrément la pub de Total.
10:45J'ai écrit un petit peu, je l'ai taclé à M. Pouyanné.
10:48Parce que de voir des pleines pages pendant l'été en disant
10:51on vous garantit que si vous vous abonnez à nos tarifs gaz
10:56et je ne sais plus quelle autre prestation,
10:58on ne vous paierait pas l'essence plus de 1,95 euros.
11:03Franchement, on peut leur en donner de l'argent aux consommateurs
11:06pour ce prix-là.
11:07Alors là, Michel-Édouard Leclerc, je vois votre sourire.
11:12En coin, c'est un tacle à Total.
11:15Mais c'est vrai qu'au fond, Total promettait que
11:19si ça dépassait les 2 euros, il paierait la différence.
11:22C'était une manière d'échapper à une sorte d'impôt sur le super profit.
11:26Ce deal, c'est quand même le gouvernement qui s'est fait avoir.
11:29Bien sûr.
11:30Complètement. Et donc les Français.
11:32Total aurait pu baisser ses prix.
11:34Un peu plus.
11:37Il y a des stations Total Access.
11:39Je ne régle pas mes comptes derrière le comptoir.
11:41Mais Total Access est très performant.
11:43Vous le faites au micro et de manière tout à fait publique.
11:45Mais c'est vrai que ça m'épate qu'une grande boîte comme Total,
11:49et je ne fais pas partie des anti-Total,
11:51on a la chance d'avoir des dirigeants français dans une boîte internationale
11:56dont les capitaux ne sont plus si français.
11:58Et pour la souveraineté énergétique, c'est important.
12:01Mais c'est vrai que de se payer une page de publicité
12:03à l'heure où le carburant est à 1,60 et en disant
12:07si ça dépasse 1,90 on vous compensera,
12:10c'est quand même une publicité pour pas cher.
12:12Pas cher.
12:13Mais qui effectivement paraît, les 1,95 paraissent quand même extrêmement loin.
12:18En fait, ce que je voudrais dire dans ce message,
12:20c'est que si aujourd'hui les prix sont plus bas en France,
12:23c'est qu'il y a une vraie concurrence.
12:25Loyale.
12:26Une vraie concurrence entre Carrefour, Lidl, Aldi, Leclerc, Intermarché.
12:30Je peux les citer tous.
12:32Vraiment, on se marque.
12:34On se marque ville par ville.
12:35On fait des comparateurs.
12:36On les rend publics.
12:37On réagit.
12:38Mais alors, vous voyez, s'agissant d'autres segments de marché,
12:42il n'y a pas cet esprit-là.
12:44En tout cas, dans ce monde-là, effectivement, il y a une vraie transparence.
12:46Michel-Édouard Leclerc, ça peut descendre jusqu'où, le prix de l'essence ?
12:50Je ne sais pas dire.
12:51Parce que là, à certains moments, je vends de la taxe.
12:54Vous vendez que de la taxe.
12:55C'est-à-dire que oui, en effet, la part de taxe est tellement importante
12:58que quand on est en dessous des 1,50,
13:00ça veut dire que là, proportionnellement, c'est quand même considérable.
13:02Je pense que le nouveau gouvernement, la première chose qu'il va faire,
13:04ça ne va pas être de supprimer cette recette de l'État
13:07à l'heure où tout le monde l'interroge sur sa dette.
13:10Donc, je pense qu'on arrive...
13:12On ne pourra pas descendre plus bas, sauf à baisser ces fameuses taxes,
13:16mais ce n'est pas du tout d'actualité.
13:17Si ça baisse trop, vous verrez des députés pro-gouvernementaux
13:20proposer de remonter la taxe pour désendetter la France.
13:23Donc, n'entretenons pas de mythe.
13:26À 1,50, 1,55, on est bien, quoi.
13:28Il y a la question, évidemment, du coup,
13:30de la matière agricole et de la rémunération des agriculteurs.
13:35Ici, à ce micro, la semaine dernière, je recevais Arnaud Rousseau,
13:37qui est le patron de la FNSEA,
13:39qui alertait, qui disait que la colère grondait,
13:41qu'en réalité, les promesses qui avaient été faites il y a six mois
13:44lorsque les tracteurs venaient bloquer la capitale
13:48n'avaient pas été tenues
13:50et qu'ils avaient le sentiment de s'être fait avoir.
13:52Est-ce que vous-même vous assurez qu'en fait,
13:56oui, ils se sont fait un peu avoir,
13:58qu'il n'y a pas eu beaucoup de changements ?
13:59Ou est-ce que pour votre part à vous,
14:01c'est-à-dire la part de la grande distribution,
14:03vous avez en effet tenu les promesses ?
14:05Réunis ensemble, les distributeurs,
14:08aujourd'hui, il y a des expressions différentes,
14:10mais on est d'accord avec la FNSEA
14:12et avec les syndicats agricoles en général
14:15pour adapter la législation.
14:17Les industriels n'étant pas transparents,
14:19on propose, et la loi n'oblige en pas cette transparence,
14:22nous proposons qu'industriels et agriculteurs
14:25négocient d'abord.
14:27Comme ça, les agriculteurs savent à quel prix
14:30ils vendent leur lait, leur viande.
14:32Il y a une première négociation en amont
14:35et nous, on vient après avec les industriels.
14:38Les industriels pourront nous dire
14:40je ne descends pas en tout de ce prix
14:41parce que la matière première,
14:42voilà mon contrat avec l'agriculteur s'étend
14:44et ça nous permet de protéger,
14:46de créer une sorte de bouclier
14:48pour le revenu agricole.
14:49Et ça, c'est défendu par M. Rousseau,
14:51c'est défendu par Leclerc.
14:52Mais vous le faites ou vous le faites pas ?
14:54Il faut que ce soit dans la loi.
14:56Alors c'est plus difficile à faire
14:58selon les marchés agricoles
15:00de trouver la bonne périodicité.
15:02C'est assez technique, on ne va pas en parler là.
15:04Mais l'intention, je trouve, est bonne.
15:06L'intention est bonne et vous la partagez ?
15:08C'est-à-dire qu'on rappelle évidemment
15:10que ces histoires de négociation,
15:11en gros, c'est tripartite.
15:13Il n'y a pas beaucoup de tripartite.
15:15Sauf que justement, il n'y a pas de tripartite,
15:16ça devrait.
15:17En tout cas, il y a trois acteurs.
15:18Il y a le producteur qui fait la matière première
15:20agricole.
15:21Il y a l'industriel, Danone, Nestlé, je ne sais qui,
15:24qui achètent à l'agriculteur,
15:26qui transforment.
15:27Et puis au bout, il y a vous, la grande distribution,
15:29qui négociez normalement avec l'industriel.
15:32Le problème, c'est que souvent,
15:33l'agriculteur se fait avoir dans cette histoire.
15:35Et le consommateur aussi.
15:36Et pour la première fois,
15:37il demande donc à ce qu'il y ait
15:39une vraie transparence aussi
15:40sur cette première phase de négociation
15:42entre Nestlé, Danone ou Lactalis
15:45et l'agriculteur.
15:46C'est ce que les professionnels appellent
15:48de manière un peu techno,
15:49la marche en avant dans la construction du prix.
15:51On assure d'abord l'agriculteur de son prix,
15:54qu'il doit lui servir de couverture
15:55à l'augmentation de ses coûts,
15:57de ses matières premières.
15:58Là, c'est l'industriel qui,
16:00avant transformation, lui assure ça.
16:02Et nous, quand on vient négocier
16:04avec l'industriel,
16:06que ce soit Pathé, Enaf, Charal ou autres,
16:08il nous dit, ça ne vous touchez pas,
16:09on ne négocie pas.
16:10Ça a été signé, mais il le prouve.
16:13Mais qu'il le prouve et qu'il y ait cette transparence.
16:15D'ailleurs, c'est des mots,
16:16les mots que vous exprimez là
16:17sont les mêmes que ceux d'Arnaud Rousseau.
16:19Je peux témoigner qu'en tout cas,
16:20à ce micro, il tenait à peu près...
16:22Avec ce point-là, avec lui,
16:24il y a un point d'accord.
16:25Le même discours que vous.
16:26Est-ce qu'il y a encore des pénuries ?
16:27Je dois vous dire que ce matin,
16:28je recevais le message
16:30de plusieurs auditeurs sur les réseaux sociaux,
16:32dont un qui carrément posait
16:34des questions extrêmement directes,
16:36en disant, est-ce que vous pouvez demander
16:37à M. Leclerc,
16:38parce que je suis un fidèle client,
16:39pourquoi dans les rayons,
16:40il y a une pénurie du café San Marco,
16:41du gel d'eau Chouchou à Yavani
16:43et de la litière Eco+.
16:44Voyez qu'ils sont très attentifs, les auditeurs.
16:46Alors, je n'ai pas de chat,
16:47donc j'imagine que la litière,
16:48c'est pour les chats ?
16:49Oui.
16:50Non, non, je ne sais pas.
16:51Est-ce qu'il y a des pénuries ?
16:52Non, mais est-ce qu'il reste des pénuries ?
16:53Est-ce que, comme on a traversé
16:54il y a quelques années,
16:56il reste parfois des pénuries ?
16:57Ou alors, est-ce que c'est uniquement
16:58des questions de stock et d'approvisionnement ?
16:59C'est des questions, je pense,
17:00de rupture dans certains magasins.
17:02Il faut vous dire,
17:03mais je n'ose pas trop le dire,
17:04mais on cartonne, Leclerc.
17:05Ça fait quand même la quatrième année
17:08qu'on est en croissance aujourd'hui
17:10en part de marché,
17:11alors qu'on n'a pas racheté
17:13d'autres magasins en France.
17:14Donc là, évidemment, Carrefour
17:16rachetant Cora, Intermarché
17:18rachetant des casinos,
17:20eux aussi vont grandir.
17:21Mais on a beaucoup de monde
17:23dans les magasins.
17:24Il peut y avoir des ruptures.
17:26Beaucoup de Parisiens,
17:27beaucoup de gens de métropole
17:29achètent dans nos villes de province
17:30avant de rentrer le soir.
17:31Donc aujourd'hui,
17:32ça peut expliquer ces ruptures.
17:33Mais en tout cas,
17:34il faut voir qu'on vend
17:37on fait presque 50 milliards
17:39de chiffres d'affaires.
17:40On a eu un million et demi
17:42de clients supplémentaires
17:44en un an et demi.
17:45Qui ont rejoint, effectivement,
17:46les magasins Leclerc.
17:47Donc si on veut être très professionnel,
17:49il y a une gestion des flux.
17:51On n'apprend pas ça à l'école,
17:53c'est sur le terrain.
17:54Michel-Édouard Leclerc,
17:55on a appris qu'un élevage de porc
17:56s'était fait épingler
17:57en fin de semaine dernière
17:58par L214.
17:59Un élevage de porc
18:00qui fournissait notamment du jambon
18:02de la marque Leclerc.
18:04Vous avez immédiatement
18:06rompu toute relation
18:08avec cet élevage ?
18:11Oui.
18:12D'abord, Leclerc est pour
18:14des chartes bien-être animal.
18:16C'est clair.
18:17Pour vous donner une idée,
18:18on parlait des premiers prix.
18:19Sur nos premiers prix,
18:20qui ne sont pourtant pas chers,
18:22on met le Nutri-Score.
18:23C'est-à-dire, vous savez,
18:24si c'est classé de vert à rouge,
18:26c'est une première idée.
18:28On est en train de travailler
18:29au niveau européen
18:30sur un Eco-Score.
18:32On est en train de mettre
18:33où ça a été fabriqué.
18:35C'est quoi un Eco-Score ?
18:36Un Eco-Score, c'est le carbone
18:38qui a été émis.
18:39Tout ça, c'est très technique.
18:40On essaye de mettre des choses
18:41qui soient lisibles
18:42pour les consommateurs
18:43pour qu'ils fassent ces arbitrages.
18:44Dans le cas du bien-être animal,
18:47on voudrait que ce critère
18:49intègre l'une des informations
18:51pour les consommateurs.
18:53Quand je vous rappelle sur Eco-Score,
18:55ça pourrait être économique ?
18:56Non, c'est écologique.
18:57Ecologique.
18:58Le prix, c'est à nous de le faire.
18:59C'est notre responsabilité.
19:00Ce sera l'idée de savoir
19:02la traçabilité écologique.
19:03Par rapport aux interpellations,
19:05je réponds favorablement.
19:07Nous sommes pour un label
19:09qui intégrerait un cahier des charges
19:11de bien-être animal.
19:12Après, moi, j'applique en magasin.
19:14Et d'ailleurs, je le dis aujourd'hui,
19:16s'il y a des produits
19:17qui ont ce label,
19:18qu'ils prennent contact avec nous,
19:20le label souhaité par L214, l'ONG,
19:23qu'on les mette en rayon,
19:25il n'y a pas de problème.
19:26Maintenant, ce n'est quand même pas
19:28à Michel-Édouard Leclerc
19:29d'aller faire la police des élevages.
19:31Il y a un truc assez curieux
19:34dans la manière de procéder de L214.
19:37Je pense que c'est juste
19:38pour que vous me posiez la question.
19:39Mais je ne vois pas
19:40en quoi me demander mon avis à moi
19:42va faire que les éleveurs...
19:45Ça engage quand même aussi l'image même
19:48et la qualité de la consommation.
19:50Maintenant, pourquoi ne vont-ils pas
19:52dialoguer avec les éleveurs ?
19:53Et puis après tout,
19:54avec un ministre de l'Agriculture.
19:56Je ne suis pas encore
19:57ministre de l'Agriculture.
19:58On vous l'avait proposé à un moment,
20:00vous l'aviez dit,
20:01Michel-Édouard Leclerc.
20:02Donc, c'est d'accord.
20:03Deuxième chose,
20:04c'est que le bien-être animal,
20:06c'est une chose.
20:07Après, interdire la viande
20:09ou obliger les végans,
20:11c'est un autre débat de société.
20:12Et ce que vous voulez dire,
20:13c'est que L214 a quand même aussi
20:15cet objectif-là.
20:16Dans sa manière de procéder,
20:17c'est l'objectif d'arrêter la pollution.
20:19Mais vous avez donc arrêté
20:20en tout cas de vous fournir là-bas.
20:21Merci, Michel-Édouard Leclerc,
20:22d'avoir répondu à mes questions ce matin.
20:24Il est 8h52.
20:25Mais les prix baisseront.
20:27Les prix baisseront,
20:28on l'a bien compris.
20:29Vous vous y êtes engagé, on verra.
20:30Évidemment, vous pensez bien
20:31que je vous réinterrogerai là-dessus.
20:328h53 sur AMCB FMTB.

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