• l’année dernière
Michel-Édouard Leclerc, président du comité stratégique des centres E.Leclerc, était l’invité de BFMTV pour évoquer la mise en place de la vente des carburants à prix coûtant dans les magasins de son enseigne et l’inflation, qui s’est maintenue à 4,9% au mois de septembre.

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Transcription
00:00 Bonsoir Michel-Edouard Leclerc. Bonsoir à tous les deux. Merci d'avoir accepté l'invitation de BFM TV.
00:05 Ce soir Gaëtan Mellin est également avec nous. Bonsoir Gaëtan. Bonsoir François.
00:08 Tu as le service éco de BFM TV. On va vous interroger. On a énormément de questions à vous poser ce soir.
00:12 Pas d'ailleurs que sur le carburant. La thématique du pouvoir d'achat étant la préoccupation des Français.
00:18 Elle le reste. D'abord, retrouvons Lisa Hadeff pour les éclaireurs. Un petit point chiffré.
00:27 Bonsoir Lisa. Concrètement, ces opérations carburant à prix coûtant, ça fait économiser combien d'euros aux Français ?
00:33 C'est quand même la question qu'on se pose. Les prix varient en fonction des stations.
00:36 Chaque enseigne va de son estimation. Pour System U qui s'engage à faire des opérations ponctuelles mais fréquentes,
00:41 les économies ne seront pas spectaculaires. C'est plutôt vrai. Regardez. Prenons Leclerc et Carrefour.
00:46 Moins 2 à 6 centimes par litre d'essence. Pour les automobilistes, ça représente sur un plein entre 1 à 2 euros.
00:53 C'est mieux que rien mais pas encore suffisant pour compenser la hausse des prix dans la totalité.
00:59 Parce que les marges ne représentent pas une si grosse part du prix final du carburant.
01:03 C'est pour ça que les opérations à prix coûtant sont moins avantageuses pour les consommateurs que la vente à perte par exemple.
01:09 Souvenez-vous, avec la vente à perte, Olivier Véran, le porte-parole du gouvernement,
01:13 était allé jusqu'à avancer la possibilité d'une baisse de 47 centimes par litre d'essence. On en est encore loin avec la vente à prix coûtant.
01:20 Où en est-on du prix des carburants aujourd'hui ?
01:22 Aujourd'hui, c'est une moyenne, je le précise tout de même. Le sandplon 98 est à 1,897 euros le litre.
01:29 Le sandplon 95, 1,941 euros. Et le gazole, 1,941 euros également.
01:34 Je rappelle que ce sont des moyennes et ça peut évoluer en fonction des stations et des endroits.
01:38 Merci beaucoup, merci Isa.
01:40 Michel-Edouard Leclerc, quel premier bilan faites-vous de cette opération prix coûtant sur le carburant ?
01:46 Elle est nouvelle dans la mesure où désormais elle est quotidienne au moins jusqu'à la fin de cette année chez Leclerc et peut-être également chez Carrefour.
01:53 Premier bilan chez Leclerc alors.
01:54 Écoutez, ça démarre. Ce n'est pas une émission de télé. Il y a une prod' avant.
02:00 C'est-à-dire que quand vous démarrez comme ça, c'est de la Saint-Michel à la Saint-Sylvestre.
02:06 On fait une opération prix coûtant. Mais il y en a qui partent avec des cuves pleines et d'autres avec des cuves vides.
02:11 Et comme on doit pour revendre tenir compte du prix d'achat, on n'est pas encore complètement homogène.
02:17 Mais gros succès, vous l'avez dit.
02:19 Et c'est vrai que beaucoup de détracteurs de ce genre d'opération nous disent "c'est peu, c'est peu".
02:26 Mais le peu surtout, c'est beaucoup.
02:29 C'est mieux que rien pour le consommateur.
02:31 Oui. Par exemple, par rapport aux chiffres qu'on nous donnait à l'instant, nous on est quand même 10 sentiments en dessous de ça.
02:37 Quand Total dit qu'il bloque à 1,98, 1,99, on est 10 centimes en dessous, même 14 centimes en dessous.
02:45 Je parle de Leclerc, mais j'ai l'élégance de parler aussi d'intermarché, de système U, Carrefour.
02:50 On est bien en dessous.
02:52 Donc aujourd'hui, ces petits centimes, il faut savoir qu'on vend...
02:56 Quelques euros au maximum sur un plan.
02:58 Rien que Leclerc, on vend plus de 6 milliards de litres de carburant.
03:05 Chaque centime, vous voyez ce que ça coûte.
03:08 On est une coopérative, on n'a pas de centre de profit cumulé.
03:12 Ce sont les propriétaires de chaque magasin qui quelquefois font 20, 30% de leur chiffre d'affaires en carburant.
03:19 On va y revenir sur ce que ça vous coûte à vous, Leclerc.
03:22 Comment expliquer justement la différence de prix entre telle et telle enseigne, et surtout par rapport aux stations Total,
03:28 vous le disiez, qui finalement sont proches des 2 euros, vous en êtes assez loin finalement,
03:33 parce que 10 centimes, c'est quand même beaucoup, surtout sur un plan.
03:36 Comment on l'explique ?
03:38 D'abord, pour vendre moins cher, il faut de la volonté.
03:40 Il y a des gens qui ne cherchent pas à vendre moins cher.
03:42 Il y a des gens qui ont des positions de station-service, mais aussi des marques,
03:46 qui ne cherchent pas à vendre moins cher.
03:48 Monoprix ne cherche pas à discounter, quand Lidl essaye au contraire de discounter.
03:54 Donc vous voyez, il y a d'abord la volonté.
03:56 Est-ce que concrètement, pour parler de très concrètement,
03:58 dans mon enseigne, on va être les moins chers.
03:59 Est-ce qu'à l'échelle de chaque magasin, le directeur du magasin Leclerc va chaque jour regarder ce qui se fait autour,
04:04 et puis non pas il va s'aligner, il va proposer un prix légèrement en deçà de ce que les concurrents,
04:10 encore une fois, aux alentours, font ?
04:12 Est-ce que ça se passe comme ça chez Leclerc ?
04:13 C'est ma fierté, qui suis d'origine universitaire, d'avoir découvert chez des gens de terrain,
04:19 on appelle ça du carrelage chez nous,
04:21 une capacité de jouer avec la big data, avec les informations, tous les jours.
04:27 Un directeur de magasin, un chef de rayon, reçoit une masse d'informations,
04:30 il réagit à son environnement immédiat, il reçoit des préconisations nationales,
04:35 on est abonné à des tas de panels qui nous disent comment réagir,
04:38 et la force, c'est cette réactivité extraordinaire.
04:42 Par exemple, s'il y a un intermarché ou un Lidl qui est à côté du Leclerc, est moins cher,
04:46 mais dans l'heure qui suit, jusqu'au débat national, en disant "mais vous avez mal acheté les gars !"
04:51 Mais comment expliquer que vous puissiez le faire et que d'autres prétendent ne pas pouvoir le faire ?
04:57 Alors ça c'est un truc que mon père et ma mère, parce que ma mère est cofondatrice,
05:01 ça porte le nom d'Edouard Leclerc, mais je suis le fils de ma mère aussi,
05:04 mes parents ont compris un truc, c'est que l'ennemi du commerçant, c'est l'individualisme.
05:08 Il y a une confusion entre l'individualisme et l'indépendance.
05:11 Donc mes parents prônent l'indépendance, ils ne veulent pas être cotés en bourse,
05:15 ce sont des entreprises familiales qui sont regroupées chez Intermarché, System U, Intersport aussi, Leclerc.
05:21 Et donc en fait, on partage les frais de publicité, les frais logistiques, les frais informatiques,
05:28 et du coup, on travaille tous les uns pour les autres.
05:31 Tous les centres Leclerc travaillent pour leurs magasins, mais ils travaillent aussi pour la collectivité.
05:36 Donc ça nous fait, on est 700 magasins, c'est souvent des coupes, ça fait 1400 cadres supérieurs
05:42 qui sont là en train de… c'est une task force formidable.
05:47 Michel-Edouard Leclerc, est-ce que tous les magasins Leclerc de ce pays pratiquent aujourd'hui l'opération prix-coûtant ?
05:53 J'ai vu que ce n'était pas le cas.
05:55 Ce que vous voyez, c'est que les prix ne sont pas les mêmes.
05:58 C'est-à-dire qu'il n'y a pas de centre Leclerc qui ne veut pas pratiquer le prix-coûtant,
06:02 mais il y a des centres Leclerc qui sont apprévisionnés par des dépôts,
06:07 mais nous n'avons pas de dépôts par exemple dans la région de Toulousaine,
06:10 donc ça vient par train, donc il y a un coût supérieur.
06:13 Et puis autour du Rhin, selon l'opposition, c'est par barge que les carburants circulent.
06:20 Et donc il y a une différence de prix, d'abord parce que la concurrence n'est pas la même,
06:25 mais parce que les coûts de transport sont différents et donc les prix ne sont pas homogènes.
06:29 Ensuite, on ne reconstitue pas son stock en même temps.
06:34 Par exemple, le centre Leclerc de Bois-d'Arcy à côté de Versailles,
06:38 c'est une des plus grosses stations de France, 30% du chiffre d'affaires d'un immense hypermarché,
06:42 c'est la plus grosse station à servir.
06:43 Son stock, c'est tous les jours, voire toutes les heures, qu'il y a des camions qui viennent l'approvisionner.
06:48 Le Leclerc ou le Sistému qui est en zone semi-rurale, il met plus de temps.
06:52 Donc quand il y a de l'inflation, par exemple, il est moins cher, il vend plus,
06:58 et au moment où il rachète, il est plus cher que son concurrent.
07:01 Donc ce qu'il faut faire, ce qu'il faut retenir, ce n'est pas la pub des uns et des autres,
07:05 il faut comparer, il faut comparer tout le temps.
07:08 Alors, on évoquait il y a quelques instants le gain de cette opération pour le consommateur,
07:12 ce gain est relatif, c'est au mieux quelques euros sur un plein, c'est mieux que rien.
07:16 Parlons aussi de ce que ça vous coûte à vous, les distributeurs,
07:19 parce que vous Michel-Édouard Leclerc, traditionnellement, on a l'habitude,
07:21 vous êtes un habitué des médias, vous vous placez toujours du côté du consommateur de pouvoir d'achat,
07:26 vous n'en restez pas moins, un commerçant, il faut faire du chiffre, en quelque sorte.
07:29 Faire une opération à prix coûtant tous les jours, au moins, je dis bien au moins,
07:33 jusqu'à la fin de cette année, c'est ce que vous avez dit, ça ne vous fait pas un peu mal ?
07:37 On a balisé, quand on a pris la décision, on était réunis,
07:42 tous les responsables des coopératives régionales des centres Leclerc,
07:46 on a dit oui, on a dit non, on a voté.
07:49 Et finalement, vous dites oui, mais ça vous coûte combien ?
07:52 On a dit oui, je veux vous dire, on a dit oui, parce que, en fait,
07:56 je ne veux pas faire de la publicité, mais aujourd'hui, on a dit oui sur tous les autres produits aussi.
08:01 Il y a 30% d'écart de prix entre un Leclerc et un Monoprix ou un Franprix.
08:06 C'est un pari qu'on a fait, c'est-à-dire qu'au départ, on part avec le risque de ne pas gagner d'argent,
08:13 mais le nombre de clients qui viennent faire ces courses,
08:18 il y a 800 000 clients depuis le début de l'année qui viennent en plus chez nous,
08:22 automatiquement, il y a un rééquilibrage qui se fait.
08:25 Ce sont les bases communiquantes ?
08:27 On a fait des profits là, et du coup, on les remet dans les prix pour essayer de rester en leader du marché.
08:35 C'est pour ça qu'on fait un carton.
08:37 Mais Michel-Hégor Leclerc, votre pari, c'est finalement d'attirer davantage d'automobilistes
08:41 avec un carburant moins cher que vos concurrents,
08:43 pour que ces automobilistes s'arrêtent chez vous et fassent leurs courses dans vos magasins.
08:48 C'est aussi ça le pari que vous faites ?
08:50 Depuis la création du premier carrefour en France en 1964,
08:54 le fonctionnement d'un hypermarché, ça marche avec l'auto.
09:00 Il y a des bus, dans certaines municipalités c'est bien organisé,
09:04 mais l'hypermarché c'est un modèle qui marche avec la voiture.
09:07 On verra demain si c'est ça le modèle, on s'adaptera.
09:10 Pour nous, ce n'est pas simplement un prix d'appel ou un prix coûtant,
09:14 c'est un service qui est incontournable pour nos consommateurs.
09:18 D'ailleurs, ça posera le même problème pour les bornes électriques,
09:21 c'est pour ça qu'on fonce sur les bornes électriques.
09:23 Les gens, à partir du moment où ils viennent en voiture,
09:26 ils viendront avec leur nouvelle voiture, qui est aujourd'hui plutôt hybride,
09:29 demain électrique, les petites Zoé, les Spring.
09:32 On parle de l'essence là, mais dans deux ans on parlera du prix de l'électricité.
09:36 Le chiffre que vous ne faites pas ces prochaines semaines aux stations-services,
09:40 est-ce que vous comptez le faire, le compenser à la caisse, dans les supermarchés,
09:45 peut-être même en augmentant les prix de certains produits ?
09:49 On voit mal comment vous pourriez faire différemment.
09:52 Ma parole vaut ce qu'elle vaut, mais non, en ce moment,
09:56 je vais vous dire des choses plus politiques,
09:59 en ce moment, nous craignons, nous sentons dans nos clients,
10:03 une vraie tension sociale, une vraie frustration,
10:08 une appréciation que tout augmente,
10:10 et que le discours public ne les accompagne pas.
10:13 On est d'accord que pendant le Covid, l'État a fait son job,
10:17 chômage partiel, il y a eu beaucoup de choses, et les emplois.
10:20 Vous nous dites qu'on n'augmentera pas les prix.
10:22 Et je vous dis aujourd'hui que notre utilité sociale principale,
10:27 ça va être de maintenir le rythme de la croissance de la consommation,
10:31 en dépend bien sûr nos entreprises familiales,
10:34 nous sommes aussi des petits capitalistes, etc.,
10:37 mais en même temps, pour la croissance française, c'est nécessaire.
10:40 Et c'est la raison pour laquelle, aujourd'hui, Dominique Schocher de System U,
10:44 Biro de Lidl, vous les recevez ici,
10:47 on se tacle, mais ce n'est pas simplement un sport,
10:51 on n'est pas Nadal, Federer,
10:53 c'est parce que nous pensons aujourd'hui que le prix,
10:57 l'accessibilité aux choses, est devenu un facteur de frustration,
11:01 de déclassement, quand c'est trop cher.
11:03 Le pouvoir d'achat, Michel-Edouard Leclerc,
11:06 les différents acteurs sur cette thématique sont-ils logés à la même enseigne ?
11:11 On se pose la question parce que vous, distributeur,
11:13 êtes régulièrement convoqué par les pouvoirs publics
11:16 qui, on en parlait sur le carburant, semblent plutôt impuissants,
11:20 mais est-ce qu'il n'y a pas moyen de demander à d'autres ?
11:23 Je pense par exemple au raffineur, sur le carburant,
11:26 puis après on passera au rayon.
11:27 Dans la table ronde qu'avait réunie Mme Borne, la Première Ministre,
11:32 effectivement, les pouvoirs publics se sont engagés à demander au raffineur
11:36 un effort, que ce soit en termes de prix de vente pour leur réseau,
11:40 leur propre réseau, à leur marque, ou dans les conditions d'achat
11:43 qu'ils nous font. Et donc, je voyais dans la presse financière
11:48 que Total va annoncer ses dividendes et ses répartitions de dividendes demain.
11:53 Je trouve que ça aurait été bien que les pouvoirs publics,
11:56 qui nous demandent de faire des opérations pour préserver les finances de l'État
12:01 et qu'on prenne sur nos marges, je trouve que j'aurais trouvé ça bien
12:04 que Total, par exemple, fasse une remise aux petits pompistes de zones rurales.
12:08 Après tout, ça ne serait pas des masses considérables,
12:11 ne serait-ce que pour préserver l'écart avec nous, avec les plus grandes surfaces.
12:14 Vous lancez un appel à Total, là, ce soir, en quelque sorte.
12:16 Selon vous, les raffineurs n'en font pas assez. Ils en ont sous le coude
12:20 et ils ne lâchent pas suffisamment pour venir en aide, justement, aux automobilistes.
12:24 Les raffineurs, mais comme le reste des grandes entreprises internationales,
12:29 se cachent derrière, d'ailleurs, ce côté international, pour ne pas être transparents.
12:34 Et au fond, quand on les écoute, ils perdent tous de l'argent.
12:38 Pourtant, un des impôts qui a le plus augmenté l'année dernière,
12:42 c'est l'impôt sur les sociétés, +20%.
12:44 C'est Gabriel Attal qui le disait avant de devenir ministre de l'Éducation.
12:47 Et puis là, si vous regardez, on a une revue spécialisée dans le monde de la distribution
12:52 qui s'appelle LSA, Libre Service Actualité.
12:54 Il y a 50 entreprises dans les 75 citées par Bruno Le Maire
13:00 mais qui sortent des résultats exceptionnels.
13:03 Ils devraient être sur ce plateau pour dire "ça marche, on va participer".
13:06 On va reparler d'ailleurs des négociations entre industriels et distributeurs.
13:10 Je parlais des pouvoirs publics sur le carburant, je reprécise tout de même l'aide
13:13 annoncée par Emmanuel Macron, cette nouvelle aide de 100 euros pour les travailleurs véhiculiers
13:16 qui sont sous le plafond de ressources.
13:19 Et ça c'est important qu'on maintienne ce genre de dispositif.
13:23 Parce que le ciblage, ça fait faire des économies,
13:27 mais le ciblage aujourd'hui, c'est essentiel à une catégorie de population de plus en plus pauvre
13:31 qui ne fait pas l'ensemble de la population française,
13:34 mais qui rame énormément.
13:36 Sur les prix dans les grandes surfaces, en particulier l'alimentaire,
13:40 les nouveaux chiffres de l'INSEE sont les suivants.
13:43 Les prix des produits alimentaires ont progressé de 9,6% entre septembre 2022 et septembre 2023.
13:48 Ils avaient bondi de 11,2% sur un an au mois d'août.
13:52 Donc les prix continuent d'augmenter, mais un petit peu moins vite.
13:57 Bruno Le Maire disait néanmoins hier soir "on ne retrouvera pas les prix d'avant".
14:02 Il n'est pas le seul à le dire, tout le monde le dit depuis des mois.
14:05 Bruno Le Maire, Michel-Édouard Leclerc, dit aussi que non, les Français ne s'appauvrissent pas.
14:10 Alors il a des chiffres comme preuve à l'appui, mais on le sait bien, il y a les chiffres et puis il y a le sentiment des Français.
14:16 Oui, je pense que justement quand on fait de la politique, il y a les chiffres, mais il y a aussi les émotions.
14:22 Il y a ce sentiment de déclassement qui est très fort dans la société française.
14:26 Quand vos enfants veulent avoir un iPhone et que c'est inaccessible.
14:33 Toutes les dépenses contraintes liées justement à l'abonnement aux séries, au Netflix et tout ça,
14:38 aujourd'hui, celui qui n'a pas, il est dans sa classe, il est déclassé.
14:43 Les Français se sont recentrés sur l'alimentaire, ils abandonnent aujourd'hui d'autres achats comme les vêtements.
14:48 Les vêtements, c'est une catastrophe.
14:50 On a une chute de la consommation de vêtements, le bricolage aussi est en très forte baisse.
14:54 Quand vous parlez de déclassement social, c'est-à-dire qu'aujourd'hui, on a des Français qui ne peuvent plus acheter des marques nationales
15:01 et qui sont obligés d'acheter soit des marques distributeurs, soit des marques à petit prix.
15:07 C'est ce que vous voulez dire ?
15:08 Alors ça, c'est très fort parce que je veux vous dire, même nous, notre marque de distributeurs qui s'appelle EcoPlus,
15:13 on ne la mettait pas sur nos drives parce que justement, on se disait qu'il fallait être plus premium, etc.
15:22 Aujourd'hui, c'est plus 40% des ventes, la marque EcoPlus.
15:26 Chez nos concurrents, c'est pareil, les marques au premier prix, les ventes remplacent les grandes marques nationales.
15:33 Les grandes marques nationales qui prennent une baffe d'ailleurs, parce qu'elles ont tellement augmenté qu'aujourd'hui, elles sont boudées.
15:39 Après, ce qui est intéressant aussi, c'est de voir que, par exemple, la viande, les consommateurs achètent moins de viande,
15:46 mais surtout, ils en font un ingrédient et non plus un plat principal.
15:50 C'est-à-dire qu'on va faire des pâtes à la bolognaise, mais on ne va pas faire du steak.
15:54 Et on voit, on peut dire dégradation, déclinaison.
15:58 On voit aujourd'hui que la perception du prix amène les consommateurs à revisiter leur mode de consommation.
16:04 Alors, ce n'est pas que pour le plus mauvais non plus, et ce n'est pas parce qu'il y a aussi cette notion de sobriété, éviter la surconsommation.
16:10 Ce sont des thèmes prégnants de notre société aussi en même temps.
16:14 Mais enfin, l'inflation…
16:15 Est-ce que vous diriez que les politiques sont un peu déconnectés finalement de la réalité ?
16:19 Ils se cachent derrière les chiffres, en fait, tout simplement parce que Bruno Le Maire, le ministre de l'Économie, faisait référence au niveau d'épargne, qui n'a jamais été aussi élevé.
16:26 Donc, effectivement, il y a certains Français qui épargnent au lieu de consommer.
16:29 Mais est-ce que vous diriez que, finalement, cette classe politique, elle ne voit pas ce qui se passe autour d'elle ?
16:34 Je me fais prendre des beignes à chaque fois que je vais à l'Assemblée nationale, donc je ne m'y précipite pas.
16:40 Mais c'est vrai quand même que quand ils parlent, ils ne parlent pas aux gens.
16:44 C'est par exemple quand vous voyez… Alors, il n'y a pas que les hommes politiques, les parlementaires.
16:49 Vous avez vu, au 1er avril de l'année prochaine, on va limiter les promos sur les produits d'entretien, les protections menstruelles, Always…
16:57 C'est la loi des trosailles.
16:58 Non mais pour qui ? Au profit de qui ? C'est cette idée qu'il faut limiter les promos sur des produits qui sont essentiels.
17:06 Là, vous restez poli, Michel-Édouard Leclerc. Est-ce que vous me permettez de rebondir ? J'avais prévu de le faire.
17:10 De toute façon, on rappelle que vous réclamez un moratoire sur cette loi qui s'appelle des trosailles, qui limite les promotions de certains produits, d'hygiène notamment.
17:17 Elle doit entrer en vigueur en mars 2024. Elle doit entrer en vigueur en mars prochain.
17:21 Pour l'instant, vous n'êtes pas entendu. Vous avez eu des mots… Vous y êtes allé fort cette semaine à l'encontre de la présidente de l'Assemblée nationale,
17:29 qui ne veut pas, elle, revenir sur cette loi. Vous dites que ces politiques sont d'une certaine manière déconnectées.
17:33 Vous avez dit qu'il n'y a que les cons qui ne changent pas d'avis.
17:35 Oui. Je n'ai pas été très poli et je m'en excuse publiquement. Je n'avais pas entendu que le propos était personnalisé.
17:41 Donc, je visais ce que vous voulez.
17:43 Vous ne visiez pas Yael Brown-Pivet.
17:44 Non, non. Moi, je suis le fils de ma mère. Je ne personnalise pas. Et je suis désolé. Je n'avais pas à lui parler comme ça.
17:51 Donc, si elle peut entendre ses excuses publiques, je veux…
17:54 Néanmoins, vous persistez sur le fond du message.
17:57 Sur le fond du message, aujourd'hui, alors que justement les dépenses liées à la santé, le dentiste, le médecin, les petites choses de la vie,
18:08 on n'y va plus, on ne prend plus de rendez-vous. Mais même le savon, les produits de protection périodiques…
18:15 Chez Leclerc, c'est manifeste.
18:17 Ah bah oui, ah bah oui, oui, oui. Et c'est incroyable. Vous vous rappelez qu'au début du Covid, tout le monde s'était précipité pour acheter du PQ, du salopin,
18:28 je dis n'importe quoi, enfin tous les produits de… Aujourd'hui, ce sont des produits, on va nous interdire de faire, on va limiter nos capacités promotionnelles.
18:36 Alors, le pire, c'est que ça vient en suivi d'une loi qui était faite pour protéger les agriculteurs. Mais enfin, ça déconne.
18:45 Vous voyez, vous me regardez comme ça parce qu'il y a le rythme de l'émission, mais comprenez que quand ça se passe chez vous, dans votre magasin,
18:52 il n'y a pas un chef de rayon, il n'y a pas un salarié, il n'y a pas un caissier ou une caissière qui est capable d'expliquer pourquoi à un client.
18:58 Donc, c'est normal qu'on réagisse, nous, sur le terrain en disant aux députés, mais s'il vous plaît…
19:04 Michel-Edouard Leclerc, les distributeurs ont été entendus par les députés lors de la commission économique à l'Assemblée nationale.
19:13 Vous n'y étiez pas. Vous étiez représenté par Philippe Michaud, qui est coprésident des magasins Leclerc.
19:19 Et le moins qu'on puisse dire, c'est que les députés n'ont pas été tendres avec les distributeurs.
19:23 Ils vous tiennent pour responsable d'une partie de l'augmentation des prix.
19:28 Et ils ont plutôt pris la défense des industriels. Ça vous choque ?
19:32 Mais oui, mais c'est très choquant. C'est-à-dire qu'on peut comprendre. Après tout, on est une corporation. Il y en a d'autres.
19:40 Le politique… Je ne suis pas un libéral outrancier, et donc il faut réguler.
19:45 Mais quand même, toutes ces lois qui pouvaient faire sens dans la période de déflation, et on a eu 20 ans de déflation en France,
19:52 donc ça faisait sens quand le président de la République, par exemple, Arringis, pour lancer les états généraux de l'alimentation, disait
19:59 « il faut préserver l'agriculture française, les PME françaises… »
20:03 Là, c'est une loi qui va préserver les revenus des industriels. Des gros industriels.
20:07 Des multinationales, parce qu'il n'y a pas de transparence. Vous voyez, moi, je suis breton, je suis fier de l'être, je suis marin plus que terrien,
20:15 mais enfin, le paysan breton, je suis d'accord de respecter la loi et de faire ce qu'il faut pour qu'il puisse avoir de meilleurs revenus,
20:23 aller vers des modes de production plus bio… Donc OK. Mais quand c'est Procter, quand c'est Unilever, quand c'est Nestlé,
20:32 vous savez qu'on nous oblige à prendre une marge de 10% sur du chocolat qu'on ne produit pas en France, sur Côte d'Or, sur Nestlé, sur Kinder.
20:41 On nous oblige à prendre des marges de 10% sur l'évian, sur de la badoit. Mais pourquoi ? Dites-moi comment ça arrive ?
20:47 Vous n'avez aucune marge de manœuvre sur cela, précisément, parce qu'initialement, c'est fait pour protéger les agriculteurs.
20:53 Voilà. Et alors, dites-moi par quel mécanisme ?
20:56 Sur le café, on ne voit plus trop le lard.
20:58 Je veux bien passer pour l'agiter du bocal, mais au moins qu'on me réponde sur le fond et pas simplement que je fasse ma pub ou ma provoque.
21:07 Dans la réalité des choses, il n'y a aucun lien. Il y avait des lobbies derrière.
21:11 Alors je n'accuse pas l'ensemble des parlementaires d'être des lobbymêmes, mais quand même, s'ils n'ont pas la réponse,
21:20 s'ils voient que ça ne va pas à l'agriculture, au moins qu'on change le dispositif.
21:25 Et ma proposition, elle est très claire, qu'on supprime ces obligations de margé sur des produits dont l'agriculture française ne bénéficie pas.
21:35 Sur la loi.
21:36 Sur les entreprises françaises. Et d'ailleurs, avouez qu'il y a un truc.
21:39 Il y a 15 jours, on nous demandait de vendre de l'essence à perte, et là, on nous oblige en même temps,
21:45 et on maintient cette obligation de prendre une marge de 10% sur l'évian.
21:47 On n'est toujours pas revenu de cette idée de la vente à perte.
21:50 Non mais vous voyez l'incohérence ?
21:53 Je suis désolé, j'ai l'air comme ça de faire du populisme, d'agiter la population contre des députés,
21:59 mais il y a quand même des députés qui vont se dire à un moment donné que ça manque de cohérence, que il n'y a pas de...
22:04 Les députés, justement, ils vont être appelés à voter sur un projet de loi pour avancer la date des négociations entre les distributeurs
22:10 et les 75 plus grands industriels, l'objectif étant que quand il y a des baisses de prix de gros,
22:16 elles soient répercutées plus vite en rayon.
22:18 Écoutez ce qu'en dit le représentant des grands industriels à propos du résultat supposé.
22:23 Aujourd'hui, on a une situation qui est plus contrastée.
22:28 Donc il y a des marchés qui sont en train de baisser, il y a des matières premières qui sont en train de baisser.
22:32 Là, effectivement, ces cours à la baisse seront répercutés.
22:35 Il y en a d'autres qui continuent à augmenter.
22:37 Le sucre, le cacao, tout ce qui est par exemple aussi dans d'autres domaines, le plastique recyclé, le transport.
22:42 Donc il y aura un mix.
22:43 Après, plus fondamentalement, on a un problème en France, c'est que quand il y a des hausses,
22:47 on n'arrive pas à les répercuter, nous, industriels.
22:49 Quand il y a des baisses, on est réticent à les rendre.
22:51 Donc effectivement, il y a une forme de rigidité du marché contre lesquelles il faut se bagarrer
22:55 et pour laquelle en fait cette loi est plutôt une bonne chose.
22:57 On est moyennement rassuré là, Michel-Edouard Leclerc.
22:59 Est-ce que d'après vous 2024 sera vraiment, peut vraiment être l'année du changement à propos des prix en rayon ?
23:05 Ça va être très difficile.
23:07 Il faut ramener l'inflation alimentaire dans la moyenne de l'inflation française.
23:10 Attention, moi je ne vous annonce pas des baisses.
23:12 Il n'y a personne qui nous annonce des baisses.
23:14 Aucun fournisseur ne nous annonce des baisses.
23:16 C'est-à-dire qu'il vous propose encore d'augmenter certains prix ?
23:18 C'est ça.
23:19 Comme quoi par exemple ?
23:20 En fait, je suis très content que Bruno Le Maire, Olivia Grégoire mettent un projet de loi
23:26 et que nous donnent le prétexte de renégocier.
23:29 Et cette fois-ci, on ne va pas essayer de se faire avoir comme l'année dernière.
23:32 On ne va pas écouter simplement "c'est la guerre en Ukraine, il n'y a plus de tournesol, il n'y a plus de moutarde, etc."
23:37 Donc je peux vous dire que nos acheteurs, hommes et femmes, aujourd'hui, ils ont mis le turbo et ils vont aller à la castagne.
23:43 Mais vous ne promettez rien.
23:44 Par contre, comme l'a demandé le président de la République à tous les acteurs, on protège les agriculteurs français,
23:49 on sanctuarise la matière agricole française, je ne...
23:53 PME française, pareil, mais quand même avec les multinationales.
23:57 Il ne s'agit pas de faire de l'anti-industrialisme.
24:00 Bien sûr qu'ils ont des coûts énormes.
24:02 Chacun doit prendre sa part, c'est ce que vous dites.
24:04 On peut étaler les surcoûts d'une année.
24:08 Quand on fait un investissement, on l'amortit sur 10 ans, on l'amortit sur 2 ans.
24:12 Là, il y a eu la crise du Covid.
24:14 Des boîtes comme Nestlé, comme Procter & Young, Unilever, Mondeless, toutes ces boîtes-là peuvent...
24:18 Vous citez celle citée par Bruno Le Maire.
24:21 Oui, oui.
24:22 Est-ce que vous craignez toujours une révolte sociale ?
24:24 Oui, oui. Moi, je pense que...
24:26 Le terme est fort, quand même.
24:27 C'est vous qui le prononcez, mais moi, je me rappelle...
24:32 Enfin, je suis du pays des bonnets rouges, où on a trouvé des pauvres,
24:36 mais aussi des familles propriétaires, des garagistes, des transporteurs
24:41 qui disaient leur désarroi face à la difficulté de faire face.
24:46 Les Gilets jaunes, vous savez, j'ai vécu ça au rond-point.
24:50 Ce n'est pas forcément chez Leclerc, c'était au rond-point.
24:52 Mais on avait la famille de nos salariés aussi, qui était sur les ronds-points.
24:57 Et donc, moi, je dis que derrière l'inflation, qui est un impôt national aujourd'hui,
25:03 même à 4 ou 5 %, c'est un impôt pour les Français.
25:06 Les salaires ne suivent pas tous de cette manière-là.
25:09 Je pense que c'est un enjeu politique.
25:13 C'est un enjeu politique, et la démocratie peut y perdre énormément de capacité de survie.
25:19 Michel-Édouard Leclerc et Gaëtan, restez encore quelques minutes avec nous,
25:22 parce que je suis absolument certain que la mise au point,
25:25 avec un G de cette semaine, de Karine de Ménonville va vous intéresser.
25:28 On reparle de la difficulté de vivre, à commencer par celle de se nourrir.
25:32 C'est donc la mise au point de Karine tout de suite.
25:34 Karine, c'est à toi.
25:38 La mise au point de cette semaine est un constat.
25:40 Le 26 septembre 1985, souvenez-vous, il y a quasiment 38 ans, jour pour jour,
25:45 Coluche lance une petite idée, celle d'une cantine gratuite.
25:49 Ça va s'appeler les Restos du Cœur, et il déclare
25:52 « J'en ai marre de voir les pauvres crever de faim dans le pays de la bouffe ».
25:55 Pour cette première campagne, il y a eu 8 millions de repas qui ont été servis.
25:59 Cette année, en 2023, cette petite idée qui n'était pas appelée à durer,
26:04 il y a eu 170 millions de repas qui ont été servis, et on n'est que fin septembre.
26:10 Ce n'est pas la seule association à tirer la sonnette d'alarme.
26:13 Selon l'INSEE, aujourd'hui, il y a 15 % de la population française,
26:17 c'est-à-dire plus de 9 millions de Français qui vivent sous le seuil de pauvreté.
26:22 Plus grave encore, un Français sur trois déclare ne pas manger à sa faim.
26:27 Alors pourquoi on en parle ce soir ?
26:29 Bien évidemment, il y a l'anniversaire de cet appel de Coluche, mais il n'y a pas que ça.
26:32 Il y a le gouvernement qui a présenté il y a quelques jours un plan anti-pauvreté
26:36 qui était vraiment appelé par les associations depuis le mois de janvier.
26:39 Il a été rebaptisé "Pacte des Solidarités", ça pique peut-être un peu moins l'oreille,
26:44 c'est peut-être un peu plus sexy que "Plan anti-pauvreté".
26:47 Le résultat, c'est que les associations sont complètement déçues.
26:50 Elles parlent d'effet d'annonce, aucun chiffrage, un plan déconnecté, c'est dur.
26:55 Mais regardez ce qu'a dit Henriette Steinberg, c'est la secrétaire générale du Secours populaire.
27:00 Elle a décrété "Entre les annonces et la réalité, il y a un fossé qui ne cesse de s'élargir.
27:06 Je ne suis pas sortie de cette réunion en ayant l'impression qu'on vivait sur la même planète.
27:13 Je suis sidérée". Ce sont ces mots.
27:16 Bruno Le Maire, on l'a dit il y a quelques minutes, il récuse toute idée d'un appauvrissement des Français.
27:22 Il a dit "Le PIB, il augmente".
27:24 Le PIB peut augmenter, la création de richesse peut augmenter en France et les gens peuvent s'appauvrir.
27:30 Tout ça, c'est une question de répartition.
27:33 Aujourd'hui, les associations évoquent 4 millions de personnes qui sont complètement dépendantes de l'aide alimentaire.
27:40 C'est-à-dire que ces 4 millions de personnes ne mangeraient pas si les associations n'existaient pas.
27:45 Et tenez-vous bien, c'est un chiffre qui a triplé en 10 ans.
27:49 Ce n'est pas rien.
27:50 Et moi, je pense qu'aujourd'hui, on peut parler d'une violence alimentaire qui est devenue complètement intolérable.
27:55 Se nourrir, ça ne peut pas être, ça ne doit pas être une angoisse au quotidien en France.
28:00 On le rappelle quand même, au cas où on aurait oublié, on est une grande nation industrialisée,
28:04 on a une agriculture puissante, on est tout de même la 7e puissance économique mondiale.
28:09 Alors pourquoi ce n'est pas une priorité nationale ?
28:12 C'est une question qu'on peut se poser parce que crever de faim en France aujourd'hui, franchement, c'est inacceptable.
28:17 Merci beaucoup.
28:18 Merci Karine.
28:19 Michel-Edouard Leclerc, "violence alimentaire intolérable" disait à l'instant.
28:22 Karine, il y a de quoi avoir envie de se révolter finalement, de rebondir sur vos propos précédents.
28:26 Émotionnellement, ça me touche.
28:29 D'ailleurs, l'un des rôles que j'ai à mon âge dans les centres Leclerc,
28:34 c'est d'être super influenceur plutôt que décideur technique.
28:39 Et voyez-vous, on est devenu le premier contributeur des banques alimentaires
28:45 avec 23 millions de plats à peu près, enfin de repas, c'est notre contribution.
28:51 Je crois que Carrefour, c'est presque pareil.
28:53 La fondation Carrefour, c'est 20 à 23 millions.
28:55 Donc la distribution est très, je cite que deux groupes, je ne connais pas les autres.
28:59 Et donc la distribution est encore sur ce front-là très présente.
29:04 Donc la question de l'accessibilité de l'alimentation est un problème qui se pose aujourd'hui avec urgence.
29:10 Mais vous voyez, demain, ce qui va se passer, je le fais très vite,
29:14 mais ça va coûter plus cher de produire plus vertueux sur le plan de l'environnement,
29:19 tout la décarbonation, la fin des pesticides, etc.
29:23 Donc le combat pour l'accessibilité du bon, du meilleur, du mieux,
29:28 suppose qu'il va y avoir une inflation qui va continuer.
29:31 Et c'est pour ça qu'il faut que nos hommes politiques, mais aussi que le patronat,
29:35 que les décideurs banquiers, les décideurs privés et publics,
29:39 fassent de la lutte contre l'inflation une cause nationale.
29:43 Parce que c'est par le prix qu'on pourra avoir accès ou pas.
29:48 En tout cas, c'est mon utilité sociale.
29:51 - Michel-Edouard Leclerc, un dernier mot.
29:53 On arrive à octobre, les achats de Noël vont commencer.
29:57 Est-ce que vous pouvez nous dire si, oui ou non,
30:00 les jouets de Noël seront plus chers ou moins chers que l'an dernier ?
30:05 - Très rapidement, Michel-Edouard Leclerc.
30:07 - Je pense qu'on a fait des bons achats.
30:09 On a profité d'une négociation serrée avec les transporteurs sur la zone ado-pacifique,
30:20 parce qu'il y a beaucoup de jouets qui se font en Asie.
30:23 Et oui, je pense que pour le coup, là, si ce n'est des baisses,
30:27 il y aura des bons prix sur les jouets.
30:29 On les a achetés il y a un an, c'est au moment où le coup du transport,
30:32 où M. Sahadeh nous a écoutés et le prix des conteneurs a descendu.
30:36 Mais autrement, attention, baisse de l'inflation n'est pas baisse des prix.
30:40 - Ça, je crois qu'on l'a bien compris.
30:42 Et surtout au quotidien, les Français consommateurs, nous, nous le remarquons.
30:46 Merci, Michel-Edouard Leclerc d'avoir accepté l'invitation de Weekend 3D.

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