• il y a 3 mois
Comment garantir à tout le monde un accès digne à une alimentation de qualité, bonne pour la santé et
l’environnement ? Mais aussi assurer une juste rémunération à celles et ceux qui produisent les denrées dont
nous avons besoin pour vivre ?
C’est pour répondre à ces questions que la Délégation du Secours Catholique-Caritas France de l’Hérault organise ce mardi une journée de rencontres et de conférences sur le thème de la malbouffe.
C'est toute la journée au Centre Epidaure du Campus ICM, avenue des apothicaires à Montpellier.
L'entrée est libre et gratuite.
Le Secours Catholique présentera à cette occasion les résultats d'un rapport intitulé "L'injuste prix de notre alimentation. Quels coûts pour la société et la planète ?"
On en parle avec Jean-Marie Brugeron, Président du Secours catholique 34.

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Transcription
00:00Donnez-nous votre avis au 04 67 58 6000, vous prenez la parole tous les matins à 8h15.
00:05Et je vous donnerai le résultat dans 5 minutes, on vous donne 3 choix de réponses,
00:09parce que les produits sont de qualité, sont trop chers, parce qu'on ne cuisine plus ou parce qu'on a pris de mauvaises habitudes.
00:15C'est assez partagé, mais il y a quand même une petite tendance qui se dégage.
00:18Et notre invité aujourd'hui, Jean-Marie Brugeron, président du Secours Catholique de l'Hérault.
00:24Bonjour Jean-Marie Brugeron. Bonjour.
00:25Le Secours Catholique qui s'intéresse à l'alimentation, tiens donc, c'est nouveau ça ou pas ?
00:31Oui, ça peut paraître un petit peu étonnant, mais je crois qu'il faut quand même dire que le Secours Catholique s'intéresse à l'alimentation depuis longtemps.
00:36Et il s'intéresse surtout à l'alimentation de qualité.
00:41Vous savez, Jean-Rodin, notre fondateur, disait que la table, c'était plus important que ce qu'on mettait dessus.
00:45Effectivement, puisque ça favorisait l'échange.
00:47Ensuite, on a développé des plans d'accès à la nourriture de qualité à travers nos épiceries.
00:53Et donc, aujourd'hui, on s'intéresse, avec des partenaires qui sont le CIVAM, Paysans Solidaires et la Fédération des Diabétiques, à cette question de l'alimentation.
01:01Et alors, vous organisez aujourd'hui, mardi 17 septembre, ça commence dans trois quart d'heure, à 9h, au centre Epidore à Montpellier,
01:08une journée de réflexion et d'échange autour du thème, l'injuste prix, dites-vous, l'injuste prix de notre alimentation.
01:15Quel coût pour la société et la planète ?
01:17Oui, on organise ce colloque aujourd'hui à Epidore.
01:19Epidore, c'est le centre de prévention de l'ICM, du Centre de lutte contre le cancer de Montpellier.
01:23Et donc, on a fait un partenariat avec eux sur ce sujet.
01:28Et donc, participeront à ce colloque un certain nombre d'experts, de médecins et de spécialistes,
01:33pour nous aider à réfléchir à cette question, à partir du rapport que nous produisons aujourd'hui, au plan national, sur ce coût.
01:39Et on va expliquer pourquoi on a voulu travailler ce coût caché de l'alimentation.
01:44Alors, c'est ça qui est intéressant, si c'est l'étude que vous publiez ce jour, au niveau national, le Secours catholique français,
01:51étude dans laquelle vous vous rendez compte qu'on se rend compte, quand on la décrypte un peu,
01:55en fait, qu'on marche sur la tête en termes d'alimentation dans ce pays.
01:59Oui, on marche sur la tête, vous avez raison, et il ne faut pas que ça continue.
02:03Et donc, nous, nous souhaitons agir à notre niveau pour qu'il y ait une prise de conscience de ces questions-là.
02:08On marche sur la tête, pourquoi ?
02:09Puisqu'aujourd'hui, il y a 8 millions de personnes en France qui ont des difficultés pour accéder à une nourriture de qualité, qui sont la précarité alimentaire.
02:18Elles ont ces difficultés parce que, vous reconnaissez, cette nourriture de qualité, elle coûte trop cher ?
02:23Elle coûte bien sûr trop cher.
02:26Mais aussi parce que souvent, elles n'ont pas accès, parce que leur environnement ne leur permet pas d'y accéder aussi.
02:32Il y a aussi cette question-là, c'est-à-dire quand vous êtes en ville, quand vous n'avez pas la possibilité d'aller sur ce type de marché.
02:38Et puis alors, autre question aussi, c'est qu'aujourd'hui, vous avez le diabète qui a augmenté de façon très importante.
02:43En 20 ans, le diabète a augmenté de 180%.
02:46À cause de l'industrie agroalimentaire ?
02:49Effectivement, c'est une des causes qui est pointée.
02:52Et ensuite, vous avez également le fait que cette agriculture aujourd'hui, telle que nous l'avons, a des effets néfastes sur la planète.
03:01Je ne vais pas vous parler de l'eau, je ne vais pas vous parler des oiseaux dans les champs qui ont diminué en 20 ans, là aussi, de 36%.
03:06Donc, tout ça est un tout.
03:08Et donc, nous avons voulu, nous, voir ce qu'il y avait à la conjonction de ces trois problématiques.
03:13La problématique de l'accès de tous à une nourriture de qualité, la santé et la protection de l'environnement.
03:19Et nous pensons qu'il ne faut pas opposer sur ces questions des acteurs de cette filière.
03:23On ne va pas opposer les agriculteurs et les consommateurs.
03:25C'est pour ça qu'on veut les mettre autour du thème.
03:27C'est souvent le problème, on l'a vu notamment chez les agricoles du début d'année,
03:30où les agriculteurs voulaient défendre un modèle parce qu'ils ont besoin de gagner leur vie aussi.
03:35Bien sûr, et c'est légitime.
03:37Mais on s'aperçoit aujourd'hui que les agriculteurs sont eux-mêmes en précarité.
03:41Il y a 18% des agriculteurs qui aujourd'hui sont sous le seuil de précarité.
03:45Donc, je veux dire, on voit bien que ce système ne fonctionne pas.
03:48Mais là où ça devient quelque chose, et c'est ce que produit, ce que notre rapport indique,
03:55c'est qu'on consacre beaucoup d'argent...
03:57On va y revenir.
03:59On va revenir aux sommes que vous présentez dans cette étude.
04:01Avant ça, on va rappeler nos auditeurs.
04:03Ce qu'ils veulent intervenir, c'est vraiment maintenant qu'il faut appeler François.
04:05Oui, 04-67-58-6000.
04:07Pourquoi mange-t-on de plus en plus mal ?
04:09Venez témoigner sur votre quotidien, le rapport que vous avez avec la nourriture notamment.
04:13Alors, Jean-Marie Brugeron, les sommes pharaoniques que vous présentez dans cette étude,
04:17vous dites, pardon, 19...
04:20Alors, MM, c'est milliards ou c'est millions ?
04:22C'est des milliards.
04:2319 milliards d'euros, oui, pour compenser et réparer les impacts du système alimentaire.
04:28C'est-à-dire quoi ? C'est toutes les maladies qu'il y a derrière ?
04:30Oui, c'est bien sûr des impacts qui sont sur la santé.
04:33Il y a 12 milliards d'impacts qui ont été chiffrés sur la santé.
04:36Il y a des impacts écologiques et puis il y a aussi des impacts sociaux.
04:39Mais il y a aussi tout un tas d'impacts qu'on n'a pas chiffrés
04:42parce qu'ils ne sont pas chiffrables.
04:44Comment vous allez chiffrer le malaise paysan
04:46et les fractures que vous avez dans la société ?
04:48Ça, c'est un réel problème.
04:49Comment vous allez chiffrer aussi la défiance politique que ça produit ?
04:55Autre chiffre que vous avancez, Jean-Marie Brugeron,
04:57dans cette étude nationale du secours catholique.
04:59C'est-à-dire 19 milliards pour réparer les dégâts, si j'ai bien compris,
05:01mais 48 milliards pour les entretenir d'une certaine manière.
05:05Parce que ces 48 milliards, c'est pour entretenir
05:07un système qui est néfaste pour tout le monde.
05:09Et ce chiffre est particulièrement intéressant
05:11parce qu'il nous permet de voir qu'il y a des leviers possibles.
05:14C'est-à-dire qu'aujourd'hui, nous consacrons en France
05:1648 milliards à maintenir ce système-là.
05:19Et curieusement, et moi c'est ce qui m'a frappé dans cette étude,
05:23c'est que dans ces sommes-là,
05:25il y a une partie beaucoup plus importante,
05:29il y a 59% qui sont à la main de l'État français.
05:31Parce que quelquefois...
05:33— Donc c'est pas l'Europe la faute ?
05:35— Oui, quelquefois on dit c'est la PAC, c'est l'Europe.
05:37C'est pas uniquement la PAC et l'Europe.
05:39La PAC et l'Europe, ça représente 21 et quelques pourcents.
05:41Par contre, à la main de l'État français,
05:43il y a presque 60%.
05:45C'est-à-dire, c'est quoi ?
05:47Ce sont des exonérations fiscales,
05:49ce sont des exonérations de cotisations sociales, etc.
05:53— Comme ça a été encore décidé au printemps.
05:55— Oui, donc on voit bien qu'on peut agir.
05:57On a des leviers.
05:59Donc nous ce qu'on propose finalement,
06:01c'est qu'on se mette autour d'une table, tous,
06:03c'est pour ça qu'aujourd'hui on est avec les agriculteurs du CIVEM,
06:05pour dire qu'est-ce qu'on fait pour essayer de changer ce système
06:07qui ne va pas bien.
06:09— Oui, en fait ce que vous dites, Jean-Marie Brugeron,
06:11ce que prône le secours catholique,
06:13c'est un changement total de notre système alimentaire.
06:15Mais basé sur quoi en fait ?
06:17— On sait très bien que tout ça va demander du temps.
06:19Et que ce que nous proposons là,
06:21ça ne va pas pouvoir se faire dans les jours.
06:23Mais nous souhaitons
06:25qu'il y ait une véritable politique alimentaire
06:27qui soit mise en place
06:29au niveau de l'État français.
06:31Une politique alimentaire
06:33qui prendra en compte à la fois
06:35ce souci de l'accès de tous à l'alimentation,
06:37le souci de la santé
06:39et le souci de la protection de l'environnement.
06:41— On ne sait pas qui seront les prochains ministres concernés.
06:43On est toujours dans l'attente d'un gouvernement.
06:45On a l'impression que le souci de ce futur gouvernement,
06:47ça va plus être de savoir
06:49s'il va être censuré que de se préoccuper
06:51de la santé des Français, non ?
06:54— Oui, on sait bien qu'il y a beaucoup de préoccupations
06:56et que ça ne va pas se faire comme ça.
06:58Mais on souhaite aujourd'hui témoigner
07:00qu'on peut faire autre chose et qu'on peut agir autrement.
07:02C'est ce que font nos équipes
07:04lorsqu'elles participent à la caisse alimentaire à Montpellier
07:06ou à d'autres expérimentations
07:08sur le territoire.
07:10On peut agir autrement
07:12au regard de l'alimentation pour permettre
07:14à des personnes d'avoir accès
07:16dans des conditions économiques acceptables
07:18à ces denrées de qualité.
07:20— On va donner le résultat de notre sondage.
07:22Vous êtes, je rafraîchis ma page,
07:24252 à avoir voté.
07:26Vous répondez, tiens, à égalité.
07:2837% parce qu'on ne cuisine plus.
07:30Bon, ça oui, c'est évident.
07:3237% parce que les produits de qualité sont trop chers.
07:34Et 26%
07:36parce qu'on a pris aussi
07:38de mauvaises habitudes. On en revient
07:40aux grandes idées que vous avez développées
07:42il y a un instant. Jean-Marie Brugeron,
07:44les résultats de ce sondage ne vous surprend pas, j'imagine.
07:46— Non, je crois que c'est ce que nous disent
07:48nos bénévoles et les personnes que nous accueillons
07:50dans nos centres. Cette question
07:52de l'alimentation, d'une part, est importante
07:54parce qu'elle est importante pour tout le monde
07:56et elle a des aspects économiques
07:58et des aspects santé. Donc
08:00c'est clair, je crois que les auditeurs ont
08:02bien vu quel était l'enjeu de l'alimentation
08:04et nous, au Secours Catholique, aujourd'hui, on veut témoigner
08:06qu'on peut agir autrement. Et c'est ce que nous faisons
08:08avec nos équipes de bénévoles. Donc
08:10venez nous rejoindre au Secours Catholique
08:12pour travailler avec nous sur ces sujets
08:14parce qu'ils sont passionnants et il y a un travail immense.
08:16— Et si ces questions vous intéressent, vous pouvez vous rendre aujourd'hui
08:18au Centre Epidor, avenu des Apothicaires à Montpellier
08:20à l'occasion de cette grande journée
08:22que vous organisez avec des scientifiques, des associations
08:24pour réfléchir à l'alimentation de demain.
08:26Merci beaucoup Jean-Marie. — Merci.

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