À Paris, Saint-Ouen (93) ou Malakoff (92), nous avons rencontré les riverains les plus exposés au périphérique. Ils craignent les conséquences d'un passage de 70 km/h à 50 km/h, que la mairie vante pourtant comme une mesure pour les soulager de la pollution atmosphérique et sonore.
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00:00Regardez, ils ne pouvaient pas rester manger ici avec la pollution et le bruit, ils ne pouvaient pas.
00:04C'est pas possible.
00:08Vous entendez, quand on s'ennuie, on lui traite d'argent.
00:10Vous n'avez pas de solution pour réduire le bruit ?
00:12Oui, non.
00:13C'est wou, wou, wou, wou, wou, wou, wou, wou.
00:15Bien sûr, c'est parce que nous sommes pauvres.
00:17Si j'avais l'argent, je serais partie peut-être en province,
00:20ou en banlieue, m'acheter une maison.
00:23On supporte ça.
00:27Les policiers pompiers, les ambulances.
00:30Si la nuit, on n'y va jamais, jamais.
00:33Cinquante, c'est encore pire.
00:35C'est de la connerie, vous allez voir.
00:37Ça va être une grosse connerie, ça.
00:39Selon la mairie de Paris, 500 000 riverains du périphérique
00:42subissent la pollution sonore, atmosphérique et visuelle,
00:46de cette rocade de 35 kilomètres.
00:48Un axe qui concentre 1,2 million de déplacements chaque jour.
00:51La municipalité parisienne propose d'y réduire la vitesse
00:54de 70 kilomètres heure à 50 kilomètres heure
00:57dès le 1er octobre.
00:59Nous, on a rencontré les riverains du périphérique
01:01dans trois lieux.
01:02Porte de Bagnolet, dans le 20e arrondissement,
01:05Porte des Poissonniers, dans le 18e,
01:07et au sud de la capitale, près de la porte de Venves,
01:10à Malakoff.
01:11Et ce qu'on a cherché à comprendre,
01:13c'est comment on construit sa vie face au pot d'échappement
01:16et au klaxon.
01:22Début 1991 que j'habite là.
01:25C'est pas facile, c'est très dur à vivre,
01:27on n'a pas les moyens qu'il faut.
01:29Donc on est obligé de rester dans les appartements.
01:32Voici la cité Piton-du-Vernois, dans le 20e.
01:35Un quartier en pleine rénovation urbaine,
01:37collé au périph.
01:39Christine habite dans ce bâtiment.
01:41Une barre vouée à la destruction depuis plusieurs années,
01:44mais où elle doit rester le temps qu'on lui propose
01:46un nouveau logement social qui lui convienne.
02:15J'ai quatre enfants.
02:17Je les ai tous élevés ici.
02:18Tout au début, quand ils étaient petits,
02:20ils étaient toujours enrhumés,
02:22et j'allais toujours à Teno avec eux dans la nuit.
02:24Et moi-même, j'étais quelqu'un qui n'était jamais enrhumé,
02:27mais maintenant, je suis obligée de porter aussi un masque,
02:30parce que je m'enrhume vite.
02:31Mais bien sûr, la poussière fait beaucoup de choses.
02:33À tout moment, je suis obligée de nettoyer.
02:35Là, il n'y a même pas une semaine.
02:37Allez, il faut nettoyer chaque fois.
02:39Des difficultés que partagent d'autres riverains du périphérique.
02:42Je suis ici depuis que j'ai huit ans.
02:44J'ai grandi avec le périph'.
02:45J'ai grandi avec le bruit du périph'.
02:47En journée, on est plutôt habitués,
02:48à part quand il y a des accidents et les klaxons.
02:50La nuit, c'est un peu plus dérangeant.
02:52Le bruit perpétuel, on finit par s'habituer.
02:53À un moment donné, on ne prête plus attention.
02:55Et puis, ce n'est pas comme si on avait le choix.
02:58À 40 ans, je ne me retrouve même pas un an exposée au périph'
03:01avec des acouphènes.
03:02C'est vraiment insupportable.
03:04Je peux vous dire que c'est vraiment...
03:06Psychologiquement, ce n'est pas facile.
03:08J'ai toujours été là.
03:10Depuis 50 ans, il y a quelques jours.
03:12Et donc, le périph', vous le voyez tous les jours ?
03:14Tous les jours.
03:15Jour et nuit.
03:16Je suis venu à le périph'.
03:19Il n'a pas oublié.
03:21Parce que c'est le 14 juillet.
03:22Nous, ici, rien.
03:24On ne s'importe.
03:25Je l'ouvre comme pas beaucoup.
03:28On peut aider, on peut discuter.
03:30Malgré les promesses de la mairie, avec les 50 km heure,
03:33les voisins du périph' sont mitigés.
03:36Ça fera du bien aux gens.
03:38À peine on se couche, on a trop de bruit,
03:41de sirènes, de police, de pompiers.
03:44Vous entendez vous-même.
03:46Rares sont les heures où il n'y a pas de bouchons.
03:48Si on arrive à 50, il y aura encore plus de bouchons,
03:50plus de caissons, plus de bruit.
03:52Ça va être compliqué.
03:53S'il y a plus de bouchons, plus d'émissions,
03:55je pense que ça va être chaotique.
03:56Honnêtement, je pense que ça va être chaotique.
03:58Est-ce que ça va changer quelque chose ? Je ne sais pas.
04:00Je ne vois pas où est-ce qu'elle sera la différence,
04:02en tout cas, pour tout ce qui est sonore,
04:04sonorisation et tout ça.
04:06Ça va encore peut-être être plus pénible,
04:08parce qu'il y aura des klaxonnements,
04:09ça ne va pas rouler assez vite.
04:10Même réticence chez Omar,
04:12qui a une vue plongeante sur le périph'
04:14dans le 18e arrondissement.
04:16La pollution, c'est quoi ?
04:18Si les voitures sont à l'arrêt,
04:19elles dégagent encore plus.
04:20C'est encore pire.
04:21Vous pensez que ça va créer plus de bouchons ?
04:23Bien sûr, plus de bouchons, plus de pollution.
04:25Ça, c'est de la connerie.
04:27C'est la plus grosse connerie qu'elle va encore nous faire.
04:29La municipalité n'a pas mené d'études d'impact
04:31avant d'annoncer l'abaissement de la vitesse
04:33au 1er octobre.
04:35Mais elle affirme qu'un gain de 2 à 3 décibels la nuit
04:38pourrait être obtenu à 50 km heure.
04:40Quant à la réduction de la pollution atmosphérique
04:42à 50 km heure,
04:44les études scientifiques restent contradictoires
04:46et n'ont jamais étudié ce scénario urbain
04:48en particulier.
04:50Mais malgré cette misance aux abords du périph',
04:53c'est encore là que de nombreux logements neufs
04:55ont été construits récemment, pour les parisiens.
04:57Là aussi où on risque le plus de développer
04:59de l'asthme, des maladies chroniques
05:01et une réduction des capacités pulmonaires.