Avec deux guerres qui se déroulent aux portes de l’Europe et qui menacent à tout instant la paix mondiale, l'Union européenne brille par son inaction et son refus de jouer un rôle indépendant en faveur d'un arrêt des conflits.
Devant les massacres commis par l'armée israélienne à Gaza, l'Union européenne observe un silence complice, sans utiliser aucun des moyens qui lui permettraient de faire pression sur Israël.
Face à la guerre en Ukraine, l'Union européenne s'aligne sur les positions des Etats-Unis et de l'OTAN dans une stratégie aveugle qui exclut toute négociation pour parvenir à la paix.
Depuis le Parlement européen, découvrez notre entretien avec le député européen Marc BOTENGA ( La Gauche ), membre du Parti du travail de Belgique.
Devant les massacres commis par l'armée israélienne à Gaza, l'Union européenne observe un silence complice, sans utiliser aucun des moyens qui lui permettraient de faire pression sur Israël.
Face à la guerre en Ukraine, l'Union européenne s'aligne sur les positions des Etats-Unis et de l'OTAN dans une stratégie aveugle qui exclut toute négociation pour parvenir à la paix.
Depuis le Parlement européen, découvrez notre entretien avec le député européen Marc BOTENGA ( La Gauche ), membre du Parti du travail de Belgique.
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00:00— Marc Boutanga, bonjour. — Bonjour.
00:02— Vous êtes député européen du groupe La Gauche. Vous êtes membre aussi, je le rappelle, du parti du travail de Belgique.
00:08Alors on va aborder un sujet qui est au cœur de l'actualité européenne en ce début de mandat.
00:13Il s'agit de deux guerres qui se déroulent aux portes de l'Europe, en Ukraine et à Gaza, qui n'ont pas de rapport direct entre elles
00:22mais qui pèsent terriblement sur l'Europe, sur le monde entier, dans l'esprit des gens. Il y a une ambiance de guerre qui est là
00:30dans la tête de tous ceux qui nous regardent, tous ceux qui nous écoutent, et qui met également à l'épreuve l'UE.
00:36On va en parler. On va parler de cet aspect-là de la guerre. On parle beaucoup de l'Ukraine au Parlement européen.
00:41Vous en avez parlé ce matin d'ailleurs dans un débat. On va y revenir. On parle moins de Gaza pour pas dire qu'on en parle
00:48très peu et quasiment pas finalement. Juste un mot, pourquoi cette différence de traitement qui saute aux yeux quand même
00:56entre la manière dont l'Europe, on va en reparler, s'occupe de la question ukrainienne, d'une guerre en Ukraine, et ne s'occupe pas d'une guerre terrible
01:04dont s'occupent par ailleurs toutes les grandes institutions internationales, depuis le début ?
01:09Oui. Je crains que par rapport à ce qui se passe à Gaza, où on n'est plus... On ne peut pas parler des guerres. Il faut parler maintenant de génocide.
01:18La Cour internationale de justice utilise le mot. En fait, le rôle de l'UE et de nombreux pays européens est un soutien à Israël.
01:28Donc c'est ça ce qui est absolument horrible. Donc vous voyez, au moment où il y a eu l'invasion de l'Ukraine par la Russie,
01:35on a parlé qu'on ne pouvait plus faire du commerce avec la Russie, on ne pouvait plus importer du gaz de la Russie, on ne pouvait plus...
01:44Les sanctions ?
01:45Oui, les sanctions, exporter des pommes, etc. Donc il y a tous des paquets de sanctions, je pense 12-13 entre temps.
01:50Par rapport à Israël, en fait, on continue d'exporter non pas tellement les pommes, mais même des armes vers Israël, tandis que selon la Cour internationale de justice,
02:00nous avons le devoir en tant qu'UE, mais aussi en tant qu'État membre, d'arrêter ça, parce que la colonisation israélienne en elle-même a été déclarée illégale
02:11et il a été identifié un risque de génocide à Gaza. Alors vous imaginez bien que l'UE n'aime pas trop en parler, parce que quand vous jouez un rôle actif,
02:19en fait, ce n'est pas qu'elle ne fait rien vis-à-vis de ce qui se passe à Gaza ou en Palestine, c'est qu'il y a des liens extrêmement étroits avec Israël
02:26qui pourraient, au niveau du droit international d'ailleurs, mettre en difficulté, parce qu'il y a une responsabilité d'éviter, de prévenir le génocide
02:38qui incombe à tous les pays qui sont membres de la Convention pour la prévention du génocide, d'une part, et d'autre part, une complicité avec les crimes des guerres
02:46qui sont en cours, et donc ça serait évidemment très malvenu pour l'UE qu'on pointe ça.
02:52Alors encore une fois, que toutes les autres organisations internationales, à commencer par l'ONU tout simplement, depuis le début, on ne parle même pas des organisations humanitaires,
03:00y compris des organisations humanitaires officielles, et qu'on ne parle même pas des ONG, ne parlons même pas des gens qui descendent dans la rue pour dénoncer ce que vous êtes en train de dénoncer là,
03:09alors que tout le monde parle de Gaza et en parle dans les termes que vous parlez là, il y a vraiment une omerta ici.
03:16Mais moi je pense que malheureusement, l'Europe et les pays européens, par rapport à ce qui se passe à Gaza, en Palestine en général, parce qu'on voit maintenant aussi Jordanie,
03:27on voit des écoles qui sont attaquées, je pense qu'il y a vraiment eu une soumission aux États-Unis, c'est-à-dire que les États-Unis qui, en fait, offrent tout le soutien possible à Israël,
03:39que ce soit militaire, que ce soit financier, en fait, l'Union européenne s'est alignée, dès le début en fait, en disant, nous suivons cette politique et nous renonçons à une politique qui devrait être la nôtre,
03:49si on prenait au sérieux les valeurs que l'Union européenne proclame, droits internationaux, droits humains, etc., alors on devrait agir, on devrait agir en imposant un cessez-le-feu,
04:00on devrait agir par exemple en disant, voilà, nous avons aujourd'hui un partenariat, un accord d'association avec Israël, ce n'est pas faisable, ce n'est pas possible,
04:07parce que dans cet accord d'association, il écrit qu'il faut respecter les droits humains, et c'est quand même très clair pour le monde entier et les populations européennes
04:15qu'Israël aujourd'hui ne respecte pas les droits humains, c'est même un euphémisme, alors pourquoi est-ce qu'on n'agit pas ?
04:21Parce qu'on considère le soutien à Israël clairement dans l'intérêt européen et parce qu'il y a une soumission à la politique étrangère américaine.
04:30– Ça peut changer ou pas ? – Bien sûr.
04:32– Pour Gaza, on va en parler tout à l'heure.
04:34– Bien sûr que ça peut changer, pourquoi est-ce que ça peut changer ?
04:36Parce que vous avez vu que dans les pays où les mobilisations pour la Palestine, la mobilisation de solidarité ont été fortes,
04:43leurs gouvernements ont dû prendre des positions au moins au niveau des déclarations un peu différentes, je pense à la Belgique, je pense à l'Irlande, je pense à l'Espagne,
04:51donc la pression d'en bas peut faire changer les choses et en plus on voit à travers le monde aussi aux États-Unis une nouvelle génération,
04:59j'ai envie de dire une génération palestine, aux États-Unis c'est impressionnant les mobilisations et c'est déjà, on sait un peu quelque part,
05:07ça devient peut-être un peu l'équivalent de la guerre du Vietnam pour beaucoup de jeunes à cette époque-là qui sont mobilisés contre la guerre au Vietnam
05:16et aujourd'hui on voit chez la jeunesse vraiment une humanité tout simplement qui fait qu'il y a une grande mobilisation dans les pays occidentaux
05:25mais aussi dans le reste du monde qui voit que ceci ne peut pas être l'avenir du monde.
05:28Est-ce que ça arrive au Parlement européen par exemple ? Vous discutez sans arrêt avec vos collègues, quelles que soient les couleurs politiques des groupes,
05:35est-ce que vous sentez que ça bouge un peu ou pas ?
05:38Écoutez, les collègues qui sentent la pression chez eux, oui, mais c'est vraiment vraiment important, ce n'est pas une déclaration ici au Parlement européen
05:47qui les fera changer d'avis, vous savez il y a aussi des gens qui disent oui mais si vous parlez trop en faveur de la Palestine ça peut avoir un coût etc.
05:56Moi je pense que ce qui est vraiment vraiment déterminant, si vous voulez une influence sur la politique, sur les prises de position, c'est la mobilisation,
06:03ce sont les actions à tout niveau, ces étudiants qui ont occupé ou qui occupent encore leurs universités, les gens qui disent voilà moi ici je fais une déclaration,
06:13toutes ces actions-là, les grandes mobilisations que nous avons vues ou que nous voyons toujours dans différents pays européens, tout ça, ça a un impact sur la politique
06:22parce que ça montre aux politiciens, aux dirigeants, purée, la population n'est pas d'accord avec notre soutien au génocide israélien.
06:29C'est d'autant plus étonnant que s'il y a une couleur générale, une bannière générale derrière laquelle se range l'Union européenne en règle générale,
06:39c'est quand même la question des droits de l'homme, c'est quand même la question de la démocratie, c'est quand même la question de la paix
06:44qui sont quasiment les mots-clés fondateurs de l'Union européenne. Donc c'est tout à fait étonnant qu'on soit à l'encontre total de ces mots d'ordre-là
06:52et que finalement il se passe peu de choses, qu'on en parle peu et qu'on devienne, comme vous le disiez tout à l'heure, complices de ce qui se passe là-bas.
06:58En fait ce qu'on voit c'est qu'il y a un deux poids deux mesures par rapport à qui commet des crimes, par rapport à qui violent les droits humains ou le droit international.
07:07Quand ce sont des pays ou des régimes qui sont considérés comme des adversaires, des ennemis, on va les condamner fortement.
07:16Mais quand il s'agit de pays que nous soutenons, qui sont des alliés, avec qui on fait de bonnes affaires, je pense à Israël, je pense peut-être au Rwanda,
07:26à un responsable, je le rappelle, pour d'énormes quantités de morts à l'est de la République démocratique du Congo.
07:34Là, il y a un double standard, un deux poids deux mesures où on va dire qu'en fait on ne va pas sanctionner le Rwanda, on ne va pas sanctionner Israël
07:43parce qu'ils sont considérés dans notre camp. Et vous savez, ça c'est extrêmement dangereux parce qu'en fait vous êtes en train de nier l'universalité des droits humains
07:52qui devrait valoir pour tout le monde, pour les Palestiniens, pour les Congolais, pour vraiment tout le monde. Et l'Union européenne en fait est en train de perdre toute crédibilité.
08:01Quand elle se présente maintenant sur la scène mondiale en disant « nous c'est le droit international, nous c'est les droits humains », les autres pays dans le monde sourient.
08:09Sourient, dans le meilleur des cas. Mais dénoncent cette hypocrisie de l'Amérique latine à l'Afrique, à l'Asie.
08:15Vous voyez ça, que l'Union européenne est en train de perdre toute crédibilité qu'elle avait encore en ces matières-là.
08:21— On va revenir sur l'Ukraine. Vous le disiez tout à l'heure. Un débat a eu lieu ici au Parlement européen ce matin. Qu'est-ce qui bouge ?
08:28Est-ce que vous sentez là aussi des choses qui sont en train de bouger ? Parce qu'effectivement, après maintenant 2 ans et demi de guerre, on voit pas très bien
08:35d'un point de vue militaire ce qui peut changer. On voit pas très bien le soutien légitime à l'Ukraine, le soutien humanitaire.
08:44Mais soutien aussi militaire, on voit pas très bien où ça peut aller. Je pense que tous ceux qui nous regardent, tous ceux qui nous écoutent
08:51ne voient pas non plus où on peut aboutir. Et là encore, l'Union européenne n'est pas en avant, ne prêche pas la paix sur un territoire
09:01qui est un territoire très proche de l'Europe, qui est appelé – si on entend ce qui est dit au niveau de l'Union européenne –
09:08qui est appelé à rejoindre un jour l'Union européenne, avec les difficultés que ça pose.
09:13– Alors, ce qu'on voit, et c'est pas tout à fait nouveau, mais c'est intéressant, ça vient du camp militaire, en fait.
09:19Vous voyez, Mark Milley, qui était à l'époque le chef des armées des États-Unis, donc pas un grand naïf pacifiste, quoi que ce soit,
09:29lui disait, en fait, ni la Russie ni l'Ukraine ne vont réaliser, ne pourront réaliser certainement à court terme leurs objectifs par la guerre,
09:40par, disons, solutions militaires. C'est pas réaliste. Et en fait, récemment, cette semaine, il y a l'ancien chef des armées allemand,
09:49qui a dit quelque chose de très semblable. Il a dit, en fait, l'Ukraine est en train de perdre toujours du territoire.
09:57On parlait de libérer toute l'Ukraine par les armes, mais en fait, ils sont encore en train de perdre du territoire.
10:03La Russie n'arrivera pas à avoir sa zone tampon qu'elle voulait, parce que même il y a eu l'élargissement de l'OTAN avec la Finlande.
10:10Donc, il faut négocier. Et vous voyez deux militaires importants qui disent qu'il faut aller vers la diplomatie, qu'il faut aller négocier.
10:21Et est-ce que c'est réaliste ? C'est ça, la question. Mais moi, quand ça vient du camp militaire, ce message-là, j'ai espoir que ça percole ici.
10:30J'espère qu'ici, les politiciens, les dirigeants politiques que nous avons au sein de l'UE commencent à se dire « Oui, peut-être aussi ».
10:39Malheureusement, il y a deux débats. Il y a aussi l'autre débat qui dit « Est-ce qu'il ne faut pas livrer maintenant et aider et assister les Ukrainiens
10:45à utiliser ces armes, des missiles qui pourraient frapper très loin dans le territoire russe ? »
10:50– Il y en a qui le soutiennent, y compris à gauche, on va le dire, aussi.
10:53– Là, je vais reprendre l'exemple, l'interview du dirigeant militaire allemand, de l'ex-dirigeant militaire allemand, Kouyat,
11:00qui dit quelque chose de très important, je pense, qui dit qu'il faut faire ascension, parce que si on va frapper, par exemple,
11:07les installations d'alertes précoces en matière de nucléaire, qui sont là pour garantir un équilibre entre superpuissance nucléaire
11:15et pour éviter, du coup, un conflit nucléaire, si on s'attaque à ça, en fait, on rentre potentiellement dans une escalade
11:22qui peut nous porter à une troisième guerre mondiale. Et donc, ça, il faut l'éviter. Et pour ça aussi, il faut la piste diplomatique.
11:27Piste diplomatique, où partir ? En fait, vous savez que, d'ailleurs, c'est la presse américaine qui l'a révélé, qu'en avril 2022,
11:36l'Ukrainien et le Russe étaient très proches d'un accord. – Absolument. – Très, très proche d'un accord.
11:39– Je vais vous dire, il y a déjà eu des négociations. – Il y a eu des négociations ?
11:42– On n'arrive pas sur rien, la page n'est pas blanche. – Mais l'Union européenne n'a pas aidé dans ces négociations.
11:47Elle n'a pris aucune initiative. Parce que c'est ça, vous avez parlé des sanctions, vous avez parlé des armes.
11:51Mais en fait, ce qui n'a pas du tout été fait dans ces 2 ans et demi, maintenant, des guerres en Ukraine, a été de pousser de manière insistante
12:00la piste diplomatique. La Turquie l'a fait, les pays africains l'ont fait, le Vatican l'a fait, la Chine, le Brésil, etc.
12:07– La Chine a un blanc, disons. – Voilà, et donc l'idée de revenir aux négociations d'avril 2022, et de dire là, on était très proches.
12:15Pourquoi est-ce qu'on ne retourne pas à ça ? Et on arrête immédiatement les massacres, maintenant, on arrête la destruction.
12:21Parce qu'imaginez-vous, si on avait trouvé un accord à ce moment-là, et que les pays européens, plutôt que d'être réfractaires
12:28ou de suivre peut-être Washington dans le sabotage de cet accord, comme on a pu lire, si on avait joué un rôle actif pour dire
12:36« cet accord doit aboutir », alors on aurait peut-être évité 2 ans de guerre. Combien de victimes est-ce qu'on aurait pu éviter ?
12:44Combien de morts ? Combien de destructions ? Vous savez, et donc pour moi, l'Union européenne doit jouer ce rôle actif diplomatiquement.
12:52Je ne veux pas discuter, est-ce que c'est l'Union européenne, les pays européens, les Etats-Unis qui ont torpillé cet accord en avril 2022 ?
12:58– C'est ce qu'on dit. – Voilà, c'est une discussion qu'on lit dans la presse, mais moi, ce qui m'intéresse aujourd'hui, c'est que jouons ce rôle actif,
13:06jouons ce rôle diplomatique pour en terminer avec cette guerre, pour ramener la paix, pour ramener le respect pour le droit international sur notre continent.
13:14– Commission européenne nouvelle, vous sentez quelque chose dans ce domaine-là ? Il y a des indices ou rien du tout ?
13:21– Oui, il y a un énorme indice, c'est qu'Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, vient d'abolir le poste de commissaire aux affaires sociales.
13:30– C'est ça. – Et en revanche, il y aura deux commissaires, un nouveau commissaire à la défense, ça veut dire à la guerre en pratique, pour l'industrie militaire.
13:38– Et une autre commissaire qui sera chargée aussi de matière de sécurité. Donc vous voyez qu'en fait, d'une part, pour les travailleurs, il y aura l'austérité,
13:49on en a déjà discuté, il n'y aura plus vraiment de commissaire qui sera là pour pousser un agenda social, donc l'Europe sociale, elle essaye de l'enterrer,
13:58et d'autre part, il y a une militarisation très très dangereuse, il faut savoir aussi que la nouvelle haute diplomate, haute représentante aux affaires étrangères,
14:08est quelqu'un qui est très peu diplomate, pour le dire ainsi, c'est quelqu'un qui a une approche de confrontation, notamment beaucoup plus vis-à-vis par exemple
14:17d'une série de pays comme la Russie, Medellin, et donc je suis extrêmement inquiet de où va cette commission européenne sur le climat, très peu, le Green Deal, on l'a critiqué beaucoup.
14:29– On a fait le bilan, il y a quelques deux mois, on n'a rien trouvé, on a raté, on a rien vu.
14:33– Et donc nous, on a critiqué le Green Deal en disant qu'il n'était pas social, que c'était quelque chose qui faisait payer les travailleurs, etc.
14:38Mais ça ne veut pas dire qu'il ne faut aucune action climatique, il faut dire qu'il faut une action climatique complètement autre, et là j'ai l'impression que cette commission
14:45ne sera ni sociale, elle ne sera ni en faveur d'une approche juste pour le climat, mais elle va défendre fortement une militarisation et une Europe beaucoup plus guerrière.
14:59– C'est ça, c'est ça, donc la piste, une Europe diplomatique, défendue par des gens comme Villepin, on va citer les noms quand même,
15:06qui parle au nom de la France bien sûr aujourd'hui, mais qui parle aussi au nom de l'Europe, ce n'est pas du tout la piste,
15:12vous en entendez parler de ça ou pas, vous, entre députés ? Est-ce qu'il y a un autre son de cloche, j'allais dire ?
15:18– Il y en a, forcément, heureusement qu'on le porte et qu'il y a des personnes d'autres parties, parce que Dominique de Villepin ne fait pas partie de ma formation politique,
15:26mais heureusement qu'il y a effectivement des gens qui portent cette vision, parce que quand on parle autonomie européenne,
15:31soyons clairs, en matière de défense et en matière d'affaires étrangères, on doit d'abord s'affranchir des États-Unis.
15:37Et nous avons aujourd'hui Madame van der Leyen, Kaya Callas, qui sera la nouvelle haute représentante en affaires étrangères,
15:44qui sont des personnes qui, en réalité, ne veulent pas du tout s'affranchir des États-Unis, qui n'ont pas du tout…
15:49Il y a un tropisme pro-américain de ces dirigeants européens, et donc si nous voulons construire, et je le désire,
15:58une Europe non-alignée, autonome, dans le monde, qui puisse effectivement œuvrer pour le droit international, pour la paix, et pas seulement dans la rhétorique,
16:07il faut qu'on se détache de la politique étrangère américaine, qui essaie de la guerre.
16:11Parce que le deux poids deux mesures dont on parlait vis-à-vis d'Israël, vous savez, ça a toujours été le cas pour les États-Unis aussi.
16:19La guerre en Irak, est-ce qu'il y a un criminel de guerre américain, un haut responsable que l'Union européenne a voulu sanctionner ? Bien sûr que non.
16:27Donc cette soumission vis-à-vis des intérêts des États-Unis, il faut en finir, il faut accepter que nous, en tant qu'Européens, en tant que travailleurs en Europe,
16:34nous avons d'autres intérêts que la classe dirigeante américaine.
16:38– Ça va être un de vos axes d'action ici au Parlement européen pour les cinq années à venir ?
16:44– Absolument, parce que tout le monde aime bien parler d'autonomie européenne, c'est un peu un des mots, des slogans à la mode.
16:52Très bien, mais prenons ça au sérieux.
16:55Et de quel pays est-on aujourd'hui dépendant, quel pays suit-on aveuglément tellement de fois au Moyen-Orient et ailleurs ?
17:01Ce sont les États-Unis.
17:02Alors construisons effectivement une Europe complètement autre, en rupture avec celle d'aujourd'hui,
17:07mais alors aussi en rupture avec la dépendance vis-à-vis des États-Unis.
17:11– Merci beaucoup Marc Bottanglia, on vous retrouvera bien sûr tout au long de ces années de mandat
17:17pour voir comment évoluent ces points qu'on vient d'ouvrir dans la discussion.
17:21Merci Marc, au revoir. – Merci à vous.